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varia
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par varia Jeu 27 Jan 2011 - 20:35
Je recherche un texte argumentatif assez récent (19e-20e tout au plus) où les types d'arguments (logique, de valeur, ad hominem, par expérience...) seraient assez clairement apparents...
Ca semble tout simple mais je n'arrive pas à en trouver un qui me satisfasse !
Alors si vous avez ça...
ysabel
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recherche texte argumentatif Empty Re: recherche texte argumentatif

par ysabel Jeu 27 Jan 2011 - 20:58
je doute qu'on puisse trouver. Les auteurs ne nous écrivent pas des textes pour nos cours sur l'argumentation :lol!:

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« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante

« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
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recherche texte argumentatif Empty Re: recherche texte argumentatif

par varia Jeu 27 Jan 2011 - 21:04
Ben oui, j'en suis bien consciente...
Pourtant j'en avais trouvé un dans La Controverse de Valladolid (si si, j'te jure wallah) ! mais un peu trop ancien pour ce que je recherche...
Alors je me disais juste : pq pas dans un tx plus récent après tout ?
nuages
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Grand sage

recherche texte argumentatif Empty Re: recherche texte argumentatif

par nuages Jeu 27 Jan 2011 - 21:32
Je te propose cet extrait à tout hasard...




Le châtiment, qui sanctionne sans prévenir, s'appelle en effet la
vengeance. C'est une réponse quasi arithmétique que fait la société à celui qui
enfreint sa loi primordiale. Cette réponse est aussi vieille que l'homme, elle
s'appelle le talion. Qui m'a fait mal doit avoir mal, qui m'a crevé un oeil
doit devenir borgne ; qui a tué enfin doit mourir. Il s'agit d'un sentiment, et
particulièrement violent, non d'un principe. Le talion est de l'ordre de la
nature et de l'instinct, il n'est pas de l'ordre de la loi. La loi, par
définition, ne peut obéir aux mêmes règles que la nature. Si le meurtre est
dans la nature de l'homme, la loi n'est pas faite pour imiter ou reproduire
cette nature. Elle est faite pour la corriger. Or le talion se borne à ratifier
et à donner force de loi à un pur mouvement de nature. Nous avons tous connu ce
mouvement, souvent pour notre honte, et nous connaissons sa puissance : il nous vient
des forêts primitives
. A cet égard, nous autres
Français qui nous indignons, à juste titre, de voir le roi du pétrole, en
Arabie saoudite, prêcher la démocratie internationale et confier à un boucher
le soin de découper au couteau la main du voleur, nous vivons aussi dans une
sorte de Moyen Age qui n'a même pas les consolations de la foi. Nous
définissons encore la justice selon les règles d'une arithmétique grossière.
Peut-on dire du moins que cette arithmétique est exacte et que la justice, même
élémentaire, même limitée à la vengeance légale, est sauvegardée par la peine
de mort ? Il faut répondre que non.


Laissons de côté le fait que la loi du talion est
inapplicable et qu'il paraîtrait aussi excessif de punir l'incendiaire en
mettant le feu à sa maison qu'insuffisant de châtier le voleur en prélevant sur
son compte en banque une somme équivalente à son vol. Admettons qu'il soit
juste et nécessaire de compenser le meurtre de la victime par la mort du
meurtrier. Mais l'exécution capitale n'est pas simplement la mort. Elle est
aussi différente, en son essence, de la privation de vie, que le camp de
concentration l'est de la prison. Elle est un meurtre, sans doute, et qui paye
arithmétiquement le meurtre commis. Mais elle ajoute à la mort un règlement,
une préméditation publique et connue de la future victime, une organisation,
enfin, qui est par elle-même une source de souffrances morales plus terribles
que la mort. Il n'y a donc pas équivalence. Beaucoup de législations
considèrent comme plus grave le crime prémédité que le crime de pure violence.
Mais qu'est-ce donc que l'exécution capitale, sinon le plus prémédité des
meurtres auquel aucun forfait de criminel, si calculé soit-il, ne peut être
comparé ? Pour qu'il y ait équivalence, il faudrait que la peine de mort
châtiât un criminel qui aurait averti sa victime de l'époque où il lui
donnerait une mort horrible et qui, à partir de cet instant, l' aurait
séquestrée à merci pendant des mois. Un tel monstre ne se rencontre pas dans le
privé.


Là encore, lorsque nos juristes officiels parlent
de faire mourir sans faire souffrir, ils ne savent pas ce dont ils parlent et,
surtout, ils manquent d'imagination. La peur dévastatrice, dégradante, qu'on
impose pendant des mois ou des années au condamné, est une peine plus terrible
que la mort, et qui n'a pas été imposée à la victime. Même dans l'épouvante de
la violence mortelle qui lui est faite, celle-ci, la plupart du temps, est
précipitée dans la mort sans savoir ce qui lui arrive. Le temps de l'horreur
lui est compté avec la vie et l'espoir d'échapper à la folie qui s'abat sur
elle ne lui manque probablement jamais. L'horreur est, au contraire, détaillée
au condamné à mort. La torture par l'espérance alterne avec les affres du
désespoir animal. L'avocat et l'aumônier, par simple humanité, les gardiens,
pour que le condamné reste tranquille, sont unanimes à l'assurer qu'il sera
gracié. Il y croit de tout son être et puis il n'y croit plus. Il l'espère le
jour, il en désespère la nuit. A mesure que les semaines passent, l'espoir et
le désespoir grandissent et deviennent également insupportables. Selon tous les
témoins, la couleur de la peau change, la peur agit comme un acide. " Savoir qu'on va
mourir n'est rien
, dit un condamné de Fresnes. Ne pas savoir
si l'on va vivre, c'est l'épouvante et l'angoisse.
" Cartouche disait du supplice suprême : " Bah ! c'est un
mauvais quart d'heure à passer
" Mais il s' agit de
mois, non de minutes. Longtemps à l'avance, le condamné sait qu'il va être tué
et que seule peut le sauver une grâce assez semblable, pour lui, aux décrets du
ciel. Il ne peut en tout cas intervenir, plaider lui-même, ou convaincre. Tout
se passe en dehors de lui. Il n'est plus un homme, mais une chose qui attend d'
être maniée par les bourreaux. Il est maintenu dans la nécessité absolue, celle
de la matière inerte, mais avec une conscience qui est son principal ennemi.
ALBERT
CAMUS, Réflexions sur la guillotine, 1957
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par Invité Ven 28 Jan 2011 - 9:14
J'irais voir du côté de Voltaire (dico philosophique) ou bien de Hugo (ex : Discours sur la misère... très riche même s'il ne présente sans doute pas tous les types d'arguments).
Bonne journée,
A.G.
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