Conclure l'année en philo, après une réflexion sur la Vérité... Help, vos avis ?

C'est la dernière semaine de cours pour les Terminales, je dois faire encore un petit topo sur la matière et l'esprit (ce qui ne m'inspire pas plus que ça), mais j'avais envie de finir l'année par une conclusion sur la question de la Vérité (je précise que j'ai défini la notion à l'aide de petits extraits de textes, et que nous avons traité ensemble une question et étudié un texte en entier)

C'est la première fois que j'écrit tout moi-même (d'habitude, je m'inspire de manuels ou de cours, une définition par ici, un texte par-là...)

Qu'en pensez-vous ? Ce n'est pas trop maladroit ? j'ai peur que ça sonne comme moralisateur alors que je voudrais qu'elles comprennent les liens entre toutes les notions abordées (enfin, peut-être pas toutes) pour se rendre compte de l'intérêt de la philo.

(J'ai vraiment peur de leur dire des bêtises )





LA VERITE
CONCLUSION DE L’ANNEE

Mais au bout du compte, qu’est-ce que la Vérité ? Et peut-on vivre sans s’en soucier ? Nos vies sont-elles morales et justes sans Vérité ?
En ce début d’année, vous avez essayé de comprendre ce qu’était la philosophie, et pourquoi nous l’étudions en Terminale. Savez-vous aujourd’hui ce que c’est ? Et à l’aube de l’âge adulte, vivrez-vous avec ou sans philosophie ? Bien sûr, on peut vouloir vivre sans trop réfléchir, sans « prise de tête » comme disent les jeunes, mener sa vie dans son coin, et ne pas se poser de questions. Oui, mais si les questions se présentent seules à vous, alors comment réagirez-vous ? Fermerez-vous les yeux ?

Vous ne vous demandez pas chaque jour ce qu’est la Vérité. Et pourtant vous en avez l’intuition au fond de vous, et vous ne supporteriez probablement pas de vivre sans elle. Imaginons que vous assistiez à une scène. Vous êtes suffisamment proche et vous y assistez suffisamment longtemps pour observer tous les détails et les graver dans vos mémoires. Vous êtes absolument certain de la vérité du récit que vous pouvez faire de cette scène. Ce récit est conforme avec les événements qui se sont passés, et vos idées sont cohérentes.
Imaginons maintenant que lors de cette scène à laquelle vous assistez ce soit un délit ou un crime qui se déroule. Vous voyez votre chef détourner de l’argent, ou un père de famille battre son enfant. Les détails se gravent dans votre mémoire, fixe chaque geste, chaque mot, chaque circonstance. Vous ne pouvez intervenir directement, mais malgré votre envie de ne pas vous poser de questions, de ne pas avoir de problème, votre morale vous oblige à dénoncer votre chef ou ce père de famille. On vous répond alors que si vous vous trompiez, que si vous accusiez à tort, vous compromettriez gravement votre chef, le père de famille, et c’est alors que la Vérité est ce sur quoi se base la Morale. Ce serait en effet dramatique d’accuser à tort un supérieur de détourner des fonds, ou un père de famille de battre son enfant. Ce serait faire tout perdre à un responsable, risquer de priver un père de son enfant. C’est donc un conflit qui se joue en vous à propos de votre perception de la Vérité ; est-ele conforme ou non à la réalité ? Mais vous pensez savoir la Vérité, et votre conscience vous encourage légitimement à prendre ce risque.
Cependant si personne ne vous croit, et si tous s’opposent à vous pour vous affirmer, pire pour vous démontrer que vous avez tort, alors vous risquez de vaciller vers la folie.

Qui suis-je ? D’où viens-je ? Et où vais-je ? Y a-t-il une Vérité qui puisse répondre à cette question ? Peut-être réside-t-elle dans le dépassement de notre condition animale et notre faculté de raisonner et de nous interroger.

Très récemment, a circulé sur Internet une vidéo prise par une caméra de surveillance d’un magasin : on y voit une petite fille se faire renverser par une voiture ; le véhicule s’arrête, on ne sait pas ce qui se passe dans la conscience de l’automobiliste qui fait marche arrière et repasse à plusieurs reprises sur le corps sanglant de l’enfant. La vidéo montre également un certain nombre de passants (18) qui passent sans s’émouvoir, sans intervenir, sans se rendre compte qu’une petite fille est là agonisante, gisant dans son sang. Les commentaires des internautes s’indignent de l’inhumanité du conducteur, des passants… et puis un commentaire remet en doute la véracité de cette vidéo : « Ca ne peut pas être vrai. » Cela ne peut pas être vrai car contraire à l’idée cohérente que nous nous faisons de notre condition humaine. Où est la Vérité ? Dans la non-réaction des gens qui passent sans un regard pour une enfant qui agonise, dans le refus de considérer cet acte barbare comme vrai, ou dans l’œil objectif de la caméra ? La Vérité peut-elle résider dans une machine davantage que dans nos consciences ?

Demain, vous aurez votre bac et vous vous envolerez pour votre vie d’adultes. Vous serez des citoyens. Vous aurez le droit de faire valoir vos droits, et d’exercer vos devoirs, en votant, en participant à la vie sociale. Vous pouvez choisir de mener votre vie avec des œillères, ou vous pouvez choisir d’être conscient du monde qui vous entoure, d’être conscient de vous et des autres, de suivre votre morale, quitte à parfois prendre des risques (et rappelez-vous cet photo d’homme seul face aux chars ; souvenez-vous d’Antigone), vous pouvez choisir de chercher et d’apprécier la Vérité, condition sans doute nécessaire pour vivre libre.





Merci de vos avis / corrections / ajouts / suppressions...

cette photo

"L'art nous a été donné pour que nous ne mourions pas étouffés sous la vérité".
C'est mon sujet de Bac :lol:

Dr Housette a écrit:cette photo

Laquelle ?

Cripure a écrit:"L'art nous a été donné pour que nous ne mourions pas étouffés sous la vérité".
C'est mon sujet de Bac :lol:

Ah, superbe sujet ; et je viens de finir la question de l'art avec les ES !

Libellune a écrit:

Dr Housette a écrit:cette photo

Laquelle ?

Celle-là :

Libellune a écrit:d’être conscient de vous et des autres, de suivre votre morale, quitte à parfois prendre des risques (et rappelez-vous cet photo d’homme seul face aux chars ; souvenez-vous d’Antigone), vous pouvez choisir de chercher et d’apprécier la Vérité, condition sans doute nécessaire pour vivre libre.

D'ailleurs :

Libellune a écrit:conflit qui se joue en vous à propos de votre perception de la Vérité ; est-ele conforme ou non à la réalité ? Mais vous pensez savoir la Vérité, et votre conscience vous encourage légitimement à prendre ce risque.

:flower:

Souvenirs de Descartes et de Spinoza, sur le doute et la Vérité...

Oups !
Voilà ce que c'est de faire ses cours à pas d'heure...

Bon, par chance, ce n'est pas un poly que je vais leur distribuer...

Merci.

Mais à part l'ortho, pas de bourde ? de contresens ?

Spoiler:

Et bien je crois que c'est la première fois que je les sens réactives, mes Terminales !
Elles ont réagi ! Spontanément !


Début d'heure, je leur demande si elles pensent avoir compris cette année ce qu'est la philo. Deux disent oui.

Fin d'heure, je leur repose la même question : elles ont toutes dit oui (bon, une avec un peu d'hésitation...mais quand même c'est pas mal, non ?)

Je ne sais pas si c'est vrai, mais je leur ai dit que ça me faisait vraiment plaisir !

Libellune a écrit:Début d'heure, je leur demande si elles pensent avoir compris cette année ce qu'est la philo. Deux disent oui.

Fin d'heure, je leur repose la même question : elles ont toutes dit oui (bon, une avec un peu d'hésitation...mais quand même c'est pas mal, non ?)

Elles en ont, de la chance ! Et elles t'ont dit que c'était quoi ?... je me renseigne parce que moi je ne sais pas

Bon, si j'ai bien compris tu as déjà fait le cours et il s'est bien passé, c'est ça ? et ton année de philo est donc terminée (et alors il se passe quoi maintenant ? c'est les vacances ? Tu recommences quand une nouvelle année ? tu vas encore faire de la philo ?).

Le dernier cours c'est demain, sur la matière et l'esprit, mais là, ça va être ch..., je me sentais plus apte à conclure l'année à partir de la notion de Vérité.

On est loin d'être en vacances : livrets, répartition, bac... et les cours qui continuent jusqu'au 5 décembre !

Je garde la philo l'an prochain, c'est l'impératif du poste, il n'y a personne d'autres (et en plus je suis la seule certifiée de Lettres... no coment !).

Mes terminales m'ont qu'elles pensaient avoir compris ce que c'était, elles ne me l'ont pas définie ! :lol: Mais je crois qu'elles ont compris l'intérêt de réfléchir, au lieu de vivre machinalement... On est déjà dans la bonne direction, je trouve !

Libellune a écrit:Le dernier cours c'est demain, sur la matière et l'esprit, mais là, ça va être ch...

Parle-leur de trucs de bio, de réduction / émergence, de cerveau, de savoir quelle est la différence entre un cadavre et la même personne juste avant sa mort, du coma, de l'état végétatif, de trucs comme ça : normalement ça les intéressera. Et tu peux introduire l'idée de souffle de vie, des 3 types d'âmes chez Aristote, du mécanisme, etc., à partir de ça.

Oui, oui, par "vacances", je parlais d'arrêt des cours : c'est comme chez nous, les cours se terminent fin juin mais on est de bac, etc., jusqu'à mi-juillet. Note pour moi-même : il faut que j'arrête de dire que je suis en vacances quand je bosse, comme actuellement, d'ailleurs En revanche les cours qui continuent jusqu'au 5 décembre, ça fait long, je trouve : pourquoi les terminales finissent-ils si tôt par rapport aux autres ?

J'ai commencé par le souffle de vie, j'ai montré l'étymologie (ça, c'est facile, ouf !) et j'ai commencé à parler d'Aristote.
En revanche, leur parler bio, oui, ça devrait leur parler !!! (bon, au moins aux S... les ES en revanche, je ne sais pas...)

Les cours se prolongent très tard, parce que d'une, nous sommes dans un lycée qui va de la maternelle à la terminale, que de deux, il n'y a que deux regroupement de Terminales, et deux de Premières, donc il n'y a pas besoin d'arrêter les cours pour tout le monde à cause de...45 ou 50 élèves / 500.
D'ailleurs les 1ères ont cours le mardi, alors qu'ils passent l'écrit de l'EAF le mercredi, et ils arrêtent les cours le lundi d'après, alors qu'ils ont l'oral le jeudi.
Et comme nous ne corrigeons pas le bac de nos élèves, nous sommes libérés ! Par contre, on corrigera les épreuves en hémisphère nord, donc en juin-juillet... en plein milieu de l'année scolaire !