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Robin
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par Robin Jeu 9 Aoû 2012 - 17:48
1) D’où vient le mot « religion » ?

a) Pour les uns, « religion » vient du latin religare qui signifie relier. La religion, c’est ce qui relie les hommes entre eux et les hommes à Dieu

b) Pour les autres, « religion » vient du latin religere qui signifie recueillir, avec l’idée d’observance et de scrupule.

Ces deux étymologies évoquent le double aspect de la religion :

a) l’aspect social : la religion est un ensemble de pratiques rituelles institutionnalisées.

b) l’aspect individuel : la piété, la foi.

2) Sacré et profane :

Les manifestations de la vie religieuse existent dans toutes les sociétés et dans toutes les civilisations. Toutes les sociétés divisent le monde entre le sacré et le profane.

Le sacré est la manifestation d’une puissance supérieure, à la fois maléfique et bénéfique, terrifiante et adorable. Il doit être abordé avec précaution, à travers des rites. Selon René Girard, le sacré a partie liée avec la violence, comme l’atteste le sacrifice. (René Girard, La violence et le sacré)

Le sacré a une dimension exceptionnelle qui ne peut apparaître que sous le fond du monde ordinaire : le profane.

3) Finitude et transcendance :

Dans le sacré se révèle une transcendance, un « tout autre » terrible et fascinant que le théologien Rudolf Otto appelle le « numineux » (du latin numen = divinité) La religion naît du sentiment qu’a l’homme de sa finitude (l’homme n’est pas éternel, il n’est pas nécessaire aurait pu ne pas être : l’homme est « contingent »). Ce sentiment s’appelle la foi.

4) Foi et raison :

a) le mot « foi » vient du latin fides qui signifie confiance. Le fidèle, celui qui a la foi, s’en remet à Dieu. La foi est une adhésion totale à quelque chose que l’on ne voit pas.

b) L’acte de foi a rapport à des vérités situées au-delà de ce que la raison peut saisir, qui sont l’objet d’une révélation et non d’une compréhension. Blaise Pascal distingue entre les vérités de la raison et les vérités du cœur. Le cœur est la faculté de percevoir intuitivement les premiers principes qui sont indémontrables. « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. »

c) Les théologiens médiévaux (Anselme de Cantorbery, Thomas d’Aquin) ont affirmé le principe d’une collaboration entre la foi et la raison, en cherchant à mettre la philosophie au service de la théologie Selon Thomas d’Aquin, la philosophie est la servante de la théologie (« Philosophia ancilla théologiae ») ; le rôle de la philosophie est d’expliquer les vérités révélées.

d) La philosophie a revendiqué son autonomie par rapport à la foi, c’est-à-dire le droit de la raison de réfléchir librement, sans être limitée ou contrainte par des dogmes religieux.

5) Les critiques de la religion

Elles se font jour essentiellement à partir du XVIIIème siècle et dénoncent, au nom de la raison, d’une part « l’absurdité » des dogmes et des miracles, d’autre part l’influence politique de la religion. Les philosophes du siècle des Lumières (Condorcet, Voltaire, Diderot…) ne sont pas obligatoirement athées, Voltaire était déiste. Ils partagent l’idéal d’une religion naturelle, sans rites, sans dogmes et sans clergé.

La religion naturelle prône un rapport immédiat à Dieu, sans l’intermédiaire d’une institution ecclésiastique, elle ne retient que le contenu moral de la religion. Au Moyen-âge, la raison était au service de la religion ; à partir du XVIIIème siècle, la religion doit rester « dans les limites de la raison » (Emmanuel Kant)

6) Les philosophies du soupçon

a) Selon Karl Marx, la religion est une idéologie consolatrice de la misère réelle de l’homme « la religion est l’opium du peuple », c’est à la fois une erreur et une illusion. Pour Marx, la religion est la réalisation rêvée de l’homme dans un au-delà imaginaire, parce que la société dans laquelle il vit ne lui permet pas de se réaliser effectivement. La transformation réelle de la société dissipera l’illusion religieuse.

b) Selon Nietzsche, la religion est l’expression d’une volonté qui n’est pas assez forte pour affirmer la vie et qui se réfugie dans les « arrière-mondes ».

c) Selon Freud, La religion est la névrose obsessionnelle de l’Humanité. Elle est née du sentiment de culpabilité provoqué par le « meurtre originel » du père de la horde primitive ; c’est aussi une illusion car elle provient de nos désirs (nous croyons en Dieu parce que nous avons besoin qu’il existe).

Toutes ces analyses cherchent à réduire le phénomène religieux à autre chose qu’à lui-même.

7) Peut-on concevoir un monde sans religion ?

Marx, Freud et Nietzsche estiment que les hommes seraient plus libres, plus forts et plus heureux dans un monde sans religion. Un tel monde est-il pensable ? L’universalité du fait religieux montre au contraire que le sentiment religieux, né de l’expérience de sa finitude est naturelle à l’homme et qu’il survit aux révolutions.

Les sociétés modernes occidentales sont des sociétés sécularisées. La religion devient un choix individuel, elle ne rythme plus, comme jadis, la vie sociale et ne détermine plus l’existence collective.

L’homme moderne est « a-religieux » (Mircéa Eliade), mais certaines de nos pratiques sociales qui nous semblent a-religieuses, sont en fait imprégnées de religieux (le culte du sport, des artistes, le culte de la personnalité…) La modernité sécularisée ne parvient pas à s’affranchir de toute religion. "L'homme croit ou bien en un Dieu vivant ou bien en une idole." (Max Scheler)
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