Des nouvelles des enseignants innovants ou comment essayer par tous les moyens de ne pas faire cours...

Je suis particulièrement émue par "De la classe bataille à la classe du 2ème type, de la désappartenance à la réappartenance" ... Voilà mon pb, je ne trouve pas assez de "phrases choc"
On lui dit que la bivalence existe?

"De la classe bataille à la classe du 2ème type, de la désappartenance à la réappartenance" ; « L’atelier de philo au service d’un autre Moi groupal »

Je n'aime pas trop l'expression "classe du deuxième type". Elle a beau être de Lévine, ça fait assez "mutant génétique" ou "rencontre extra-terrestre".

Ce qui me fait peur, par contre, c'est :

En philosophie, il n’y a pas de mauvaises, ni de bonnes réponses.

L'inégalité essentielle des races, par exemple, ça me semble une assez mauvaise réponse philosophique.

D'autre part, je dois être un incrédule, je n'arrive pas à croire à ce récit :

Par exemple, pendant les trois premiers ateliers, Christophe, élève en difficulté, jouant souvent la provocation et refusant toute aide scolaire, ne s’est pas exprimé. Il a toutefois toujours respecté le cadre. Au cours de l’atelier sur « Exister », alors que l’idée qui circule est qu’exister c’est faire quelque chose, Christophe prend la parole pour dire : « Ma grand-mère est morte, et pourtant, elle existe dans ma tête ». La meilleure élève de la classe réagit alors : « Je suis d’accord avec Christophe, je n’y avais pas pensé, c’est juste ». Depuis ce jour, l’attitude de Christophe en cours n’est plus la même : il vient demander de l’aide, ose donner une réponse, s’intéresse au cours et a sérieusement progressé.

Bref, comme toujours, je trouve qu'on fait passer le superflu (la discussion à bâtons rompus) avant le nécessaire (l'acquisition de savoirs).

John, ce que tu es négatif! Un élève vient en classe pour ETRE, pas pour apprendre quelque chose enfin! L'essentiel est qu'il se sente bien, et pas "objet" d'un savoir qui oserait s'imposer!

John a écrit:
Bref, comme toujours, je trouve qu'on fait passer le superflu (la discussion à bâtons rompus) avant le nécessaire (l'acquisition de savoirs).

Ce n'est même pas du superflu, c'est de la bêtise en tonneau qu'elle délivre à ces pauvres enfants ; après, les profs de philo. devront essayer de récupérer les dégâts en montrant que faire de la philosophie, ce n'est pas être dans l'expression spontanée de la subjectivité mais qu'il y a un moment d'aliénation nécessaire avant de retrouver la raison en soi. Ce relativisme complet est absurde; chacun donne son opinion... Et le discours critique, elle n'en a jamais entendu parler ? Puisqu'elle fait de la philo sur du temps scolaire, elle devrait être inspectée par un IPR de philo.
Au-delà même de la vacuité du contenu, c'est quand même terrible qu'on puisse s'arroger le droit de faire ce que l'on veut sous prétexte que c'est difficile de faire ce que l'on doit. Je m'imagine bien descendre dans la cour, sur mes heures d'enseignement, pour faire un footing de 30 minutes avec mes élèves sous prétexte que cela pacifie les relations... Je ne vois pas d'inconvénient à faire mon footing sur mes heures de cours, mais ce n'est pas ce pour quoi je suis payé.

Je m'imagine bien descendre dans la cour, sur mes heures d'enseignement, pour faire un footing de 30 minutes avec mes élèves

Oh, tiens, c'est une bonne idée, ça !

Je viens de lire, c'est édifiant !!

Ce n'est même pas du superflu, c'est de la bêtise en tonneau qu'elle délivre à ces pauvres enfants ; après, les profs de philo. devront essayer de récupérer les dégâts en montrant que faire de la philosophie, ce n'est pas être dans l'expression spontanée de la subjectivité mais qu'il y a un moment d'aliénation nécessaire avant de retrouver la raison en soi. Ce relativisme complet est absurde; chacun donne son opinion...

Mais enfin, c'est la base du pédagogisme ! Le "tout se vaut" ! C'est même la base des programmes Viala en français (la communication", et l'argumentation, le "tout argumentatif", plutôt que la hiérarchie stylistique des textes…). Vous brûlez ce que vous avez adoré ?

Non, allez, je blague ! Je sais bien que nous sommes entre enseignants sérieux, ici…

Ruthven, je n'avais pas capté : tu es prof de philo ?

Je m'imagine bien descendre dans la cour, sur mes heures d'enseignement, pour faire un footing de 30 minutes avec mes élèves sous prétexte que cela pacifie les relations... Je ne vois pas d'inconvénient à faire mon footing sur mes heures de cours, mais ce n'est pas ce pour quoi je suis payé.

Déjà que les profs de philo ont fort à faire pour rectifier le tir sur Rousseau, que nombre de collègues de Lettres présentent de façon réductrice ou erronée!
faire un footing sur ses heures de cours, ça me rappelle un film exécrable qu'on a porté aux nues,"Le cercle des poètes disparus", dans lequel le prof, présenté comme idéal, n'est rien d'autre qu'un démagogue manipulateur. Dans la réalité, ça ne marche pas du tout! Après 68, un collègue de philo organisait des sit-in dans la cour. Cela n'a pas duré longtemps et a très vite dégénéré, les élèves réclamant des cours, à juste titre!

J'ai cru que les premières lignes de l'article étaient ironiques... Elle est sérieuse :shock: !!! SOS !!!

C'est un florilège de périphrases iufmesques (en sous estime, moi groupal, désappartenance, réappartenance) du type de celles dont j'avais parsemé (exercice de style bien poilant à l'époque) le mémoire de 4 pages de FGP (ou comment user et abuser du néologisme, ou plutôt du barbarisme en toute impunité) qui était exigé alors. Ils ne se sont apparemment pas rendus compte que ces pages ne voulaient rien dire, à moins qu'elles n'aient pas été lues...

Elle est quand même forte, elle arrive à savoir ce qu'il y a dans l'inconscient de ses élèves !

Moi je vais faire pâte à sel, je pense, ou peinture sur soie. Mais attention, ce sera de la vraie pâte à sel ! Ce ne sera pas une imposture ! Parce que là, la philo pour ce groupe de centre de loisirs cette classe de collège, c'est de la bonne rigolade ! Sont mal barrés les élèves, s'ils s'imaginent philosopher comme ça en Term... Mais bon, laissons les s'exprimer !

Pour ma part, je fais faire la légion manipulaire à mes latinistes de quatrième dans la cour (vous verriez la tête des collègues...) : c'est un "enseignement vivant", non? Je devrais écrire un magnifique article de la même trempe que celui de notre Platonne de cabinets.

Aïe! Maintenant que j'y pense, il faudra obligatoirement que je précise que cela ne dure "que" dix minutes et que le but est de leur montrer que sans ordre ni discipline, pas de victoire possible. Cela ne sera pas politiquement correct...

Sinon, j'ai mieux : une heure de cours de français hier en quatrième sur l'organisation de la Grande Armée et sur les tactiques et stratégies napoléoniennes. Ah oui, il faudra aussi que j'explique que c'est pour que les pitchounets aient un minimum de notions pour comprendre La Bataille de Rambaud (que je leur donne à lire à la fois comme pastiche de Balzac et pour célébrer le bicentenaire d'Aspern-Essling dans un peu plus de quinze jours) : un prix Goncourt historiquement exigeant et pétri de style balzacien en quatrième, cela ne fera pas très pédagogo, je le crains, non?

Je m'en vais de ce pas plancher sur un projet qui fasse l'affaire...

Les "cours de philo" de Patrick Baranger ( président de la CDIUFM!) valaient eux aussi le détour, autrefois. Il corrigeait, en outre, des "dissertations de groupes", ce qui ,avouons-le, est plus rapide à corriger que des devoirs individuels!

Voilà qui devrait vous faire plaisir :

L’évaluation du travail des élèves

Colloque de l’IREA le 10 juin à Paris

lundi 13 avril 2009

Un colloque sur l’évaluation du travail des élèves est organisé par l’Institut de Recherches, d’études et d’animation (IREA) du SGEN-CFDT le mercredi 10 juin, au lycée Edgar Quinet, 63 rue des Martyrs, Paris 9° (métro : Pigalle).

Quatre tables rondes :
- Approches historiques
- Paroles d’acteurs
- Qu’évalue-t-on et pourquoi ?
- Défis et perspectives

Avec notamment : Antoine Prost, Anne-Marie Chartier, André Hussenet, Patrick Rayou, Jean-Michel Zakhartchouk, Eric Favey, Pierre Frackowiak et des représentants de la FCPE et de l’Union nationale des lycéens.

Inscription (5 euros) à IREA, 47-49 avenue Simon Bolivar, 4°et. 75950 Paris cedex 19

John a écrit:
Avec notamment : Antoine Prost, Anne-Marie Chartier, André Hussenet, Patrick Rayou, Jean-Michel Zakhartchouk, Eric Favey, Pierre Frackowiak et des représentants de la FCPE et de l’Union nationale des lycéens.

Que du beau monde!

C'est quoi un photolangage ?

Et dire que j'ai écrit et signé un article dans cette revue. J'ai honte!!!

le potolangage c'est prendre une photo et bavarder dessus. A l'IUFM on nous avait conseillé de faire connaissance avec nos élèves -de 2ndes! - comme ça. Ils choisissent une photo parmi un stock que nous avons soigneusement découpées dans Marie-Claire ou Paris-Match ou Voici et ils se présentent à partir de ladite photo.

Ma connerie ayant qq limites, ça je ne l'ai pas fait

John a écrit:

Avec notamment : Antoine Prost, Anne-Marie Chartier, André Hussenet, Patrick Rayou, Jean-Michel Zakhartchouk, Eric Favey, Pierre Frackowiak et des représentants de la FCPE et de l’Union nationale des lycéens.

Inscription (5 euros) à IREA, 47-49 avenue Simon Bolivar, 4°et. 75950 Paris cedex 19

J'y cours, chuis trop fan ! Vous croyez que je pourrai avoir un autographe ??? :sorciere:

Je sais que tel n'est pas forcément l'objet de ce post, mais je me revois moi, élève... Et je m'imagine dans la même situation... ... Pour vous situer les choses, au collège, je refusais de donner la profession de mes parents sous prétexte que c'était moi que les profs avaient en classe et non mes parents.
Raconter ma vie en public.... je sais, ce n'est pas tout à fait ce qu'elle dit faire, mais c'est comme ça que je l'aurais vécu, et mal, plus que mal.

c'est vrai qu'il n'est jamais trop tôt pour initier les élèves à la philosophie de comptoir, après tout ils vont bientôt pouvoir entrer dans des cafés, faut qu'ils puissent alimenter les conversations, non?

Choupie, toi au moins tu sais vendre ce projet !

minnie a écrit:Et dire que j'ai écrit et signé un article dans cette revue. J'ai honte!!!

Je ne sais si tout y est à jeter... J'avais trouvé durant mon année d'IUFM un numéro passionnant consacré à une méthode américaine d'enseignement du latin datant du début du XXème (texte de base et sa traduction à l'appui). En revanche, si on trouve aussi des délires comme celui qu'a débusqué Ruthven... argh!

Angua a écrit:Je sais que tel n'est pas forcément l'objet de ce post, mais je me revois moi, élève... Et je m'imagine dans la même situation... ... Pour vous situer les choses, au collège, je refusais de donner la profession de mes parents sous prétexte que c'était moi que les profs avaient en classe et non mes parents.
Raconter ma vie en public.... je sais, ce n'est pas tout à fait ce qu'elle dit faire, mais c'est comme ça que je l'aurais vécu, et mal, plus que mal.

Choupie, c'est tellement vrai que de toute ma carrière, qui commence à être longue, je n'ai jamais fait remplir une fiche de rentrée. Les infos qu'on y demande, nous les avons si nous voulons. Et pour le reste, j'ai toujours trouvé que c'était un procédé un peu naïf, auquel les élèves ont en général la bonté de se prêter (sauf vous, si je comprends bien) pour instaurer une relation maître-élève, je parle et vous écrivez. En gros, je fais cours dès la première seconde — je les plonge dans l'horreur immédiate (il m'est même arrivé, en BTS, de ne pas lâcher un mot, et d'écrire au tableau juste avant de commencer : "Voi qu'entrate, lasciate ogni speranza" — c'est ce qui est écrit sur la porte de l'Enfer de Dante), et je ne reviens à eux qu'en cours de première semaine ou de premier mois.