CAPES Lettres 2012-2013

Par curiosité et pour information, en espérant que l'on n'y ait pas déjà fait référence, voici le sujet qui a été proposé jeudi aux candidats au CAPES de Lettres Modernes.

"Un romancier (...) ne peut donc se délivrer du mensonge qu'en exploitant les ressources multiples du mensonge. (De cette origine - accession à la vérité par le détour du mensonge - l'oeuvre tire ses contradictions et ses ambiguïtés.) Quand il donne au mensonge un corps et s'approprie son langage, ce ne peut être qu'à seule fin d'instituer un monde de vérité. Autrement dit encore, le langage romanesque n'assure sa fonction qu'en recourant aux moyens dont se sert le mensonge, et c'est même, paradoxalement, la seule fonction qu'il puisse accomplir en toute vérité. "
Louis-René des FORÊTS, Voies et détours de la fiction, Fata Morgana, 1985.

Quelqu'un connaîtrait-il le sujet proposé en LC ?

Je crois qu'il s'agit d'un sujet qui parle de l'art pour l'art mais je ne connais pas l'intitulé.
Pour ce sujet des modernes je le trouve redoutable et faussement facile:
je me demande d'ailleurs comment le comprendre, soit avec une extension très grande (autour de la mise en question de la notion de vérité, le réaliste est un illusionniste, blabla...)
soit avec un sens restreint ( centré sur le langage romanesque) ?(mais alors hyper précis et technique et propre à chaque auteur....)
Soit les deux mais alors là ça devient une thèse plus qu'une dissertation.
Bref, j'aurais été bien embêtée.


Si certains ont des idées qui décrassent les neurones, je suis preneuse....

Les sujets de dissertation au CAPES sont un peu "fourre-tout"... Je serais tenté de traiter celui-ci avec une extension très grande, ainsi que tu le dis, Iphigénie, autour de la notion de vérité(s), car il me paraît bien difficile de définir le langage romanesque. Quoi qu'il en soit, j'aurais eu du mal à déterminer les limites du sujet.

Il faut dire que de tels sujets sont loin des questions que nous abordons tous les jours dans nos classes...

En revanche, toujours impossible de trouver le moindre renseignement sur les sujets donnés en LC, que ce soit en dissertation ou en version.

iphigénie a écrit:
Pour ce sujet des modernes je le trouve redoutable et faussement facile:

C'est tout à fait ce que je me suis dit devant le sujet. Ce qui a conduit à un plan trouvé rapidement et, une fois l'intro faite, le vide total.

+ Il fallait s'appuyer sur des analyses précises d’œuvres.

C'est exact, je trouve également ce sujet faussement facile.

Bon courage pour ceux qui passent les concours!

Je suppose que Palombella parle du Capes des lettres classiques(quel est le sujet exact, d'ailleurs?) tandis que Croc parle de celui des lettres modernes

Ma foi, je le trouve facile, ce sujet — à partir du mentir-vrai d'Aragon (et de quelques autres), on pouvait bâtir un plan rigoureusement dialectique.

Et on peut très bien en parler même à des élèves de collège.
Par exemple…
http://www.lexpress.fr/culture/livre/qu-est-ce-que-le-mentir-vrai_813808.html

Abraxas a écrit:Et on peut très bien en parler même à des élèves de collège.
Par exemple…
http://www.lexpress.fr/culture/livre/qu-est-ce-que-le-mentir-vrai_813808.html

Voilà
J'ai parlé de ça en substance. Pas de ce roman, que je connaissais, mais d'autres comme celui de B. Wilkomirski (roman vendu comme (faux) témoignage) ou de Littell (Les Bienveillantes) et de Haenel (Jan Karski), incapables de se décider pour le roman, trop tentés par le vrai. Je suis partie dans un premier temps sur le soupçon de mensonge pesant sur le genre romanesque en me demandant pourquoi on en était arrivé là. A l'aide de ce genre d'exemples donc, la spécificité du genre romanesque a souvent semblé mal comprise et par les romanciers (tentés par le vrai, le vécu, le témoignage ou le trop lourd roman à clefs façon âge classique) et par les lecteurs (les Don Quichotte et Bovary) et critiques (voir la multiplication des lectures ou morales, dès les débuts du roman moderne, cf. Querelle de la Princesse de Clèves avec la fausse excuse de l'aveu invraisemblable, ou historiennes, de plus en plus fréquentes).
Puis j'ai interrogé la nécessité et les composantes du mentir-vrai, sans trop tomber dans le philosophique (les candidats ont été gênés, paraît-il, par la "vérité" du roman). Une ellipse chez Flaubert, transposition de l'omission propre au mensonge, dit mieux la désillusion qu'un récit exhaustif des lassitudes de Moreau pendant seize années etc. Me suis aussi permis de parler d'Imre Kertész, prix Nobel en 2002, qui insiste sur l'importance de la fiction dans la représentation d'Auschwitz (il lui fallait "réinventer Auschwitz dans la langue", c'est-à-dire dans un roman, miroir déformant la déportation).
Enfin, en guise de "critique" et de dépassement — les propos de Des Forêts ne valant pas à mon avis une sévère critique puisqu'ils proposaient déjà une sorte de synthèse —, j'ai tenté d'expliquer que considérer le roman uniquement sous son rapport fidèle ou faussé au réel perdait de vue quelque chose d'essentiel (à mon avis), de trop oublié peut-être dans le retour de la littérature contemporaine (Mauvigner, Jauffret...) aux faits : un roman développe avant tout une poétique interne, tient par la force d'un style faisant écart, transgression, le réel n'étant souvent qu'un prétexte.
Enfin bon, cette dissertation ne m'a servi à rien car je suis tombée malade la nuit même (gros malaise, vomissements, déshydratation...). Corps qui n'a pas pu me porter aux épreuves du deuxième jour. Heureusement que je ne tiens pas trop à ce concours et en privilégie d'autres cette année. M'enfin...

Mais ça me paraît très bien !

les propos de Des Forêts ne valant pas à mon avis une sévère critique puisqu'ils proposaient déjà une sorte de synthèse

Ma foi, je le trouve facile, ce sujet — à partir du mentir-vrai d'Aragon (et de quelques autres), on pouvait bâtir un plan rigoureusement dialectique.

voilà, c'est là que je trouve la difficulté

Iphigénie, vous imaginez les jurys plus pervers qu'ils ne sont. Nous n'avons jamais cherché à mettre les candidats en difficulté — ils s'en chargent…
Et le plan proposé ci-dessus est très efficace sans chercher midi à 14 heures. Juste ce qu'il faut.
De toute façon, l'écrit ne dépote qu'en gros — c'est l'oral qui trie en détail. Vu le nombre de candidats (à moins que ça n'ait brutalement augmenté cette année), le vrai problème sera d'éliminer les bras cassés sans éliminer trop de monde. Tous ceux qui feront correctement le boulot seront pris sans problème — ils l'nt toujours été, en tout cas depuis dix ans. Palombella, qui était au jury en LC, vous en dira autant à l'occasion.
Bref, c'était un sujet pour permettre aux candidats normaux d'assurer.

Merci de la réponse Abraxas Pour livrer toutes mes pensées (pas si perverses), c'est effectivement la première réaction que j'ai eue face à ce sujet: il permettra d'être efficace sans chercher midi à quatorze heures et de trouver de multiples références.
Mais (peut-être parce que je n'ai plus l'"esprit concours "depuis quelques lustres et que je ne suis pas vraiment concernée par les stratégies de recrutement...)) si on cherche midi à quatorze heures, c'est très vaste et très compliqué cette histoire de mensonge et vérité...D'où mon "faussement facile".
Mais vous m'aidez à contextualiser et à me recycler

Ça fait plaisir de lire certains commentaires quand on a une bonne impression d'avoir planté cette épreuve... :|

Samadhi a écrit:Ça fait plaisir de lire certains commentaires quand on a une bonne impression d'avoir planté cette épreuve... :|

Et que fallait-il faire ? S'abstenir de tout commentaire ?
Désolé…

Eurêka !!

Le sujet proposé en Lettres Classiques :

Un écrivain affirme lors d'un entretien au début du 21^ème siècle :

"L'œuvre doit être partageable, elle doit donner à partager un amour possible du monde. [...] Rompre avec le langage de l'autre et donc avec le monde, c'est ça l'art pour l'art. Il y a préciosité dès que l'art devient miroir de lui-même. Non, les arts doivent viser à une sorte de conciliation, de tractation avec le monde — et non avec les autres."

Commentez et, éventuellement, discutez ces propos en vous appuyant sur des exemples littéraires précis et variés.

Abraxas a écrit:

Samadhi a écrit:Ça fait plaisir de lire certains commentaires quand on a une bonne impression d'avoir planté cette épreuve... :|

Et que fallait-il faire ? S'abstenir de tout commentaire ?
Désolé…

Non, non, discuter sur le sujet en lui-même, bien au contraire. Juste éviter des termes comme "bras cassés" ou "candidats normaux"... Un peu de pitié, siouplé

Je ne sais pas si quelqu'un a déjà posté mais pour les résultats du capes externe de LM c'est par là :

http://publinetce2.education.fr/publinet/Servlet/PublinetServlet?_page=CHOIX_ACAD&_concours=EBE&_section=3584&_type=ADMISSIBILITE

Félicitations aux admissibles !