DM poésie 1ère : qu'appelle-t-on "genres poétiques" ?

Bonsoir,
la fille d'une amie m'a contacté car elle a un DM de type bac sur la poésie ( pas encore abordée en cours) et l'une des questions sur corpus est : "à quels genres poétiques se rattachent les textes du corpus? Justifiez par des critères formels."
Qu'entendez-vous par Genres poétiques dans ce cas? j'avoue que j'ai un gros doute : s'agit-il des formes de poèmes ou des registres ( épique, lyrique...)

genre, c'est la forme, comme l'indique la demande de justification par des critères formels... (sonnet, poème en prose etc...)

Les registres, ce n'est plus au programme depuis 6 ans.

mais dans les faits, beaucoup de manuels et de collègues continuent à les utiliser (en utilisant ou non le terme de "registre") du coup, il vaut quand même mieux que les élèves sachent ce que c'est...

Une passante a écrit:mais dans les faits, beaucoup de manuels et de collègues continuent à les utiliser (en utilisant ou non le terme de "registre") du coup, il vaut quand même mieux que les élèves sachent ce que c'est...

Pfff... On ne les étudiait déjà pas quand ils étaient au programme, alors...

Donc je ne suis pas encore totalement neuneu... vu que pour moi c'était la forme. Bref, pourquoi appeler un chat un chat quand on peut l'appeler autrement... Merci pour vos réponses!

Il y a l'ouvrage de Jean-Louis JOUBERT, Genres et formes de la poésie, Armand Colin, , 2003.
La deuxième partie recense par ordre alphabétique les différents genres (mais aussi ce qu'il appelle forme et distingue du genre...(?).) les voici : acrostiche, aphorisme, aubade, audengière, baguenaude, baiser, ballade, ballette, bergerette, blason, bout-rimé, bucolique, calligramme, canso, cantate, cantilène, cantique, chanson (d'aube, de croisade, de geste, de mal-mariée, mariale, pieuse, de toile), chantefable, chant royal, complainte, comptine, congé, consolation, contrerime, débat, descort, devise, discours, dit, dizain, douzain, églogue, élégie, éloge, emblème, encomiastique, énigme, épigramme, épithalame, épitaphe, épître, épopée, , étrenne, exorcisme, fable, fatras, fatrasie, fragment, gnomique (poésie), haïku, hain-teny, héroïde, Huitain, hymne, ïambe, idylle, isopet (Ysopet), jeu-parti, lai, litanie, logogramme, madrigal, mazarinade, monostiche, motet, ode, odelette, palindrome, pantoum, paraphrase, pastourelle, poème (en prose, héroïque), proême, prosimètre, proverbe, quatrain, récit de rêve, resverie, reverdie, riqueracque, romance, rondeau, rondel, rotrouenge, satire, sextine, sirventès, sonnet, sotte chanson, stance, tenson, terza rima, thrène, triolet, valentin, vaudeville, villanelle, virelai, woï)

Attention formes et genres sont à mettre ensemble. La forme n'est pas un registre (lequel, il est vrai (ouf !) n'existe plus dans les textes ou presque (cf. une occurrence dans les programmes de première L)).

Cripure a écrit:

Une passante a écrit:mais dans les faits, beaucoup de manuels et de collègues continuent à les utiliser (en utilisant ou non le terme de "registre") du coup, il vaut quand même mieux que les élèves sachent ce que c'est...

Pfff... On ne les étudiait déjà pas quand ils étaient au programme, alors...

Pourtant la notion est tombée plusieurs fois dans les sujets de bac à cette époque.

John a écrit:

Cripure a écrit:

Une passante a écrit:mais dans les faits, beaucoup de manuels et de collègues continuent à les utiliser (en utilisant ou non le terme de "registre") du coup, il vaut quand même mieux que les élèves sachent ce que c'est...

Pfff... On ne les étudiait déjà pas quand ils étaient au programme, alors...

Pourtant la notion est tombée plusieurs fois dans les sujets de bac à cette époque.

D'ailleurs, toutes mes excuses : elle est même tombée... en 2012.
http://www.site-magister.com/sujets25.htm

Vous commenterez l'extrait du Mariage de Figaro de Beaumarchais (texte B), à partir du parcours de lecture suivant :
- en vous appuyant notamment sur la situation des personnages mais aussi sur les didascalies et l'échange des répliques, vous mettrez en évidence le caractère particulièrement mouvementé de la scène.
- en quoi cette scène repose-t-elle sur un mélange de registres ?

ah bon, on ne parle plus des registres????????

Les programmes ont été changés en 2008.

ah ben il va être temps que je me mette à la page!

Il y a même eu des recours de parents à l'oral du bac parce que certaines questions d'examinateurs comportaient le mot "registre".

mais du coup, si on veut parler du lyrique, de l'épique... on fait comment?

ben c'est la toute la nuance de la chose... on parle du lyrisme... sans dire le mot registre... (comme avant !)
C'est pas beau, ça !

arf!

John a écrit:

Cripure a écrit:

Une passante a écrit:mais dans les faits, beaucoup de manuels et de collègues continuent à les utiliser (en utilisant ou non le terme de "registre") du coup, il vaut quand même mieux que les élèves sachent ce que c'est...

Pfff... On ne les étudiait déjà pas quand ils étaient au programme, alors...

Pourtant la notion est tombée plusieurs fois dans les sujets de bac à cette époque.

Oui. Avec une baisse spectaculaire des résultats
:pas vrai: 
En fait (je ne voulais pas développer, mais bon), tu sais très bien que même avec les meilleures intentions du monde, on étudiait une notion pas délimitée, qui se déclinait en sept ou huit sortes chez les uns, quand d'autres en dénichaient, selon l'IG Jordy, une bonne quinzaine. C'était une tentative parmi d'autres de proposer des questions qui s'évaluassent objectivement, et qui ont tellement bien fonctionné que personne n'était d'accord. Les questions d'écrit sur les registres, posées gratuitement, sans mise en rapport avec le sens, étaient d'ailleurs corrigées avecune extrême indulgence, as usual, et n'avaient rigoureusement aucun intérêt.

quand d'autres en dénichaient, selon l'IG Jordy, une bonne quinzaine

Il me semble qu'il en dénombrait sept ou huit lui aussi, et qu'il fustigeait certains manuels qui eux en dénombraient 15.

mim29 a écrit:mais du coup, si on veut parler du lyrique, de l'épique... on fait comment?

Je ne sais pas... on parle de "tonalité"?
Je n'ai passé qu'un an au lycée, lors de mon stage, et je suis la discussion avec intérêt...

ben on parle de registre si on veut, et puis sinon on dit que c'est un passage lyrique, épique, etc.

Ah... le temps des registres...

je relis les documents d'accompagnement des anciens programmes :
"La notion de registre présente quelques difficultés parce qu’elle est à la fois d’usage courant et immédiat(le terme est constamment employé) et peu théorisée dans des travaux récents. (...) Cette remarque souligne une évidence : pour une part considérable de l’histoire littéraire, cette question est explicitement centrale. (...) On est donc conduit à désigner comme « registres », ces « attitudes » qui correspondent à des façons fondamentales de ressentir. (...) La notion de registre permet ainsi, avec des lycéens, une transition du connu (les registres de langue) au moins connu (les genres) et à un élément de réflexion nouveau, les registres – éléments de réflexion nouveaux, car dans l’expérience de chacun, le comique, le polémique et le didactique sont présents. Remarque corollaire : un usage assez courant consiste à envisager dans les textes leur « tonalité » ; mais la tonalité indique une inflexion dans le langage et non le mouvement subjectif profond qui y est en jeu. La notion de tonalité est donc utile, mais elle n’est pas suffisante. (...)"

Et à l'époque, ces documents (officiels) en dénombraient une bonne douzaine :
"La liste ci-dessus peut donc être reprise en distinguant,entre la seconde et la première, mais sans faire de frontières étanches entre les deux :
– en seconde, le tragique, le comique, l’épidictique(admiration ou blâme), l’épique, le fantastique, le didactique ;
– en première, le lyrique (et l’élégiaque), le polémique,le satirique (et l’ironique), le pathétique, le délibératif."

Et puis il y eut ce rapport de Jordy qui actait les difficultés liées à l'idée de registre :
ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/syst/igen/rapports/francais_seconde_03.pdf
"Une lecture attentive du programme 2001 (seconde et première) permettrait peut-être d’en recenser six : le comique, le tragique, le polémique,l’épique, le lyrique, l’élégiaque. La recension dans les manuels situerait le nombre du côtéde la douzaine. Tout y devient registre, l’ironie et le réalisme, l’élégiaque – qui en estbien un - et l’épidictique, le polémique et l’oratoire."
"En l’absence de recherche universitaire qui fasse le point, il faut admettre que ce terme, fort commode, synonyme grosse modo de tonalités, n’est jamais défini selon des critères convaincants : est- il même défini, autrement que par cet énoncé emprunté aux documents d’accompagnement : les registres seraient ces «attitudes qui correspondent à des façons fondamentales de ressentir ».
"Tout registre – nous semble-t- il - est lié à l’effet à produire et se situe au croisement d’un genre premier privilégié, de thèmes qui lui sont propres, souvent même de topoi, de procédés singuliers récurrents. Quatre critères articulés donc : un effet visé, un genre «premier », des thèmes singuliers, des procédés spécifiques. Le registre est atemporel : il parcourt la littérature et l’art universels et ne saurait donc se confondre avec un mouvement. Le réalisme n’est pas un registre,"
"Et le programme ne clarifie pas les choses en évoquant à propos de l’argumentation le registre « polémique ».

La taxinomie ne l'a finalement pas emporté !

manelle a écrit:Bonsoir,
la fille d'une amie m'a contacté car elle a un DM de type bac sur la poésie ( pas encore abordée en cours) et l'une des questions sur corpus est : "à quels genres poétiques se rattachent les textes du corpus? Justifiez par des critères formels."
Qu'entendez-vous par Genres poétiques dans ce cas? j'avoue que j'ai un gros doute : s'agit-il des formes de poèmes ou des registres ( épique, lyrique...)

Ces nomenclatures ne sont pas très intéressantes en elles-mêmes et restent floues. Elles correspondent plus à des marottes d'universitaires qu'à un usage bien établi dans la langue. Je ne parle même pas de la pratique des écrivains... Je pense qu'il est plus fécond de s'appuyer sur les critères esthétiques revendiqués par les poètes eux-mêmes. Mais bon, les registres, ça peut parfois aider...
A priori, "genre" reposerait plutôt sur des critères formels, mais ce n'est pas nécessairement le cas. Il faudrait voir les textes du corpus pour en être sûr.

John a écrit:

quand d'autres en dénichaient, selon l'IG Jordy, une bonne quinzaine

Il me semble qu'il en dénombrait sept ou huit lui aussi, et qu'il fustigeait certains manuels qui eux en dénombraient 15.

Oui, c'est ce que j'ai écrit

Dans le sujet en question au départ, est-ce que ce qu'on demande ne serait pas simplement d'identifier un sonnet, une fable ou un poème en prose?
Pour les registres, c'est drôle de voir que l'emploi abusivement techniciste du mot empêche aujourd'hui de parler de registre au sens banal....