- VinZTDoyen
La vache …J. Garric a écrit:
L’interactionnisme symbolique et la sociologie de la déviance (Becker, 1963) appliqués à l’éducation (Sembel, 2015), permettent de sortir d’une logique qui naturaliserait les comportements des élèves pour s’attacher à la façon dont l’école co-construit la déviance dans les interactions entre les enseignants et les élèves.
Le même a écrit:
À l’occasion d’une immersion de type ethnographique (Payet, 2016), j’ai réalisé des entretiens semi-directifs auprès d’enseignants (N = 51), de CPE (N = 6), de principaux (N = 3) et d’AED (N = 10), ainsi que des observations de classes (17 heures), d’espaces de vie scolaire (30 heures) et de salles des professeurs (espace de travail et de repos des enseignants dans les établissements de l’enseignement secondaire français) (30 heures).
Bon, en gros le mec (pardon l'ethnologue) a fait l'équivalent d'une semaine d'emploi du temps d'un certifié, une autre à la vie scolaire, et une troisième en salle des profs. Levi-Strauss chez les Indiens Nambikwara, c'est petit bras.
Traduction : mes chiffres sont du pipeau, mais je vais en faire des catégories générales.toujours lui a écrit:
Dans les collèges enquêtés, la comptabilisation des exclusions n’est pas fiable mais permet cependant de catégoriser les acteurs.
Bien, bien, comme je n'ai pas que ça a faire, je tente une dernière question (réthorique) en m'excusant par avance auprès de ce bel esprit : « dis, tu peux nous montrer comment tu fais, toi, pour gérer ce genre de classe ? ». En toute empathie, bien sûr.
- RendashBon génie
Comme toi, j'ai lu ce machin d'un œil amusé, jusqu'à ce que je tombe sur ça :
et peu après, ce sale hopard ajoute
Donc, non seulement c'est un charlatan, un de plus dans les siensréduk, mais en plus c'est un menteur patenté. Et on file des doctorats à des peigne-lulu dans ce genre, et on s'étonne après que la simple évocation des siensréduk à la française provoque des éclats de rires ou des vomissements chez un nombre croissant de professionnels.
l’éducation inclusive est loin de faire l’unanimité chez les enseignants (sur les 50 enquêtés, seulement 12 se positionnent dans le sens d’une école pour la réussite de tous)
et peu après, ce sale hopard ajoute
si le collège
unique est rarement ouvertement remis en cause, certains considèrent qu’un enseignement manuel serait plus adapté aux enfants des classes populaires.
Donc, non seulement c'est un charlatan, un de plus dans les siensréduk, mais en plus c'est un menteur patenté. Et on file des doctorats à des peigne-lulu dans ce genre, et on s'étonne après que la simple évocation des siensréduk à la française provoque des éclats de rires ou des vomissements chez un nombre croissant de professionnels.
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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- RendashBon génie
Ha, tiens, celle-là, elle est assez lolante :
Déjà, ça indique surtout qu'il y a de sacrés antécédents, et qu'effectivement on se tient prêt, histoire de ne pas perdre encore davantage de temps sur un cours déjà perturbé.
Ensuite, il faut surtout percuter que la vie sco' veut absolument du boulot pour les élèves exclus, et qu'il vaut donc mieux avoir anticipé et prévu quelque chose. Mais pour le savoir, ça, il faut être sur le terrain, et autrement qu'en safari de préférence
Visiblement, la CDEPPE a loupé cette étape-là, ou bien, plus probablement, son propos a été tronqué
C’est-à-dire que comme ils sont souvent exclus, ça arrive quand même et je l’ai déjà vu... le professeur qui avait déjà la fiche d’exclusion pré-remplie avec le nom d’l’élève. Donc là, quoi qu’il fasse, de toute façon il va être dehors.
(Principale collège n°2).
Déjà, ça indique surtout qu'il y a de sacrés antécédents, et qu'effectivement on se tient prêt, histoire de ne pas perdre encore davantage de temps sur un cours déjà perturbé.
Ensuite, il faut surtout percuter que la vie sco' veut absolument du boulot pour les élèves exclus, et qu'il vaut donc mieux avoir anticipé et prévu quelque chose. Mais pour le savoir, ça, il faut être sur le terrain, et autrement qu'en safari de préférence
Visiblement, la CDEPPE a loupé cette étape-là, ou bien, plus probablement, son propos a été tronqué
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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- Luigi_BGrand Maître
Ah j'avais relevé cette phrase grandiose et je l'ai oubliée dans le billet. Il faut dire que c'est un festival du début jusqu'à la fin.
Bonus :
Bonus :
effectivement, je n'étais pas préparé, je ne m'attendais pas non plus à une diffusion aussi importante. L'exclusion de cours est un sujet tabou et je l'avais oublié, enfermé dans ma thèse... je dois prendre en compte cette réalité dans la suite de la présentation de mes travaux
— juliengarric (@juliengarric) November 3, 2019
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- gauvain31Empereur
Tu as déniché un incroyable talent Luigi ! Quant aux autres néos, pas de médisances svp, vous avez probablement un futur ministre de l'EN. Son expertise sera importante dans la compréhension des grands enjeux de l'Education au 21ème siècle
Rien à voir et avec beaucoup de retard.... Félicitations à toi Luigi! Tu l'as grandement mérité (et même, tu aurais dû l'avoir depuis belle lurette )
Rien à voir et avec beaucoup de retard.... Félicitations à toi Luigi! Tu l'as grandement mérité (et même, tu aurais dû l'avoir depuis belle lurette )
- SphinxProphète
Mais c'est absolument ahurissant. Rien que les extraits que tu cites dans ton billet, c'est ahurissant, je ne sais pas quoi dire d'autre (enfin si, j'ai bien des questions sur ce qu'ingère le monsieur avant de rédiger, mais ce ne serait pas poli). Ça va d'affirmations complètement déconnectées de la réalité et fondées sur du rien (« on peut formuler l’hypothèse qu’à travers ces expériences, ils développent des compétences transférables dans des pratiques délinquantes ») (oui, on peut, on peut aussi formuler l'hypothèse qu'ils développent des compétences transférables à la pratique des claquettes et de la peinture sur spaghetti, chaipas, ça me paraît tout aussi justifiable) à des déductions logiques totalement non sequitur (traiter un élève différemment des autres, cépabien, donc traiter un élève handicapé selon les préconisations de différenciation faites par le corps médical, cépabien non plus ? Mais wtf ?) On en finit par se demander s'il a vraiment fichu les pieds dans un établissement scolaire : « des tables isolées pour les élèves justement qui seraient très agités » moi je veux bien, et je la mets où la table, dans ma petite salle de 29, sinon, oh, je ne sais pas, en perm par exemple ? Ou alors en REP non content d'avoir des classes de 12 élèves on leur fait cours dans des salles de 50 m2 ? Je suis sidérée...
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An education was a bit like a communicable sexual disease. It made you unsuitable for a lot of jobs and then you had the urge to pass it on. - Terry Pratchett, Hogfather
"- Alors, Obélix, l'Helvétie c'est comment ? - Plat."
- PrezboGrand Maître
VinZT a écrit:Le même a écrit:
À l’occasion d’une immersion de type ethnographique (Payet, 2016), j’ai réalisé des entretiens semi-directifs auprès d’enseignants (N = 51), de CPE (N = 6), de principaux (N = 3) et d’AED (N = 10), ainsi que des observations de classes (17 heures), d’espaces de vie scolaire (30 heures) et de salles des professeurs (espace de travail et de repos des enseignants dans les établissements de l’enseignement secondaire français) (30 heures).
Bon, en gros le mec (pardon l'ethnologue) a fait l'équivalent d'une semaine d'emploi du temps d'un certifié, une autre à la vie scolaire, et une troisième en salle des profs. Levi-Strauss chez les Indiens Nambikwara, c'est petit bras.
Au delà de la thèse générale sournoisement culpabilisatrice pour les enseignants, et qui aboutit à une dégueulasse inversion des responsabilités en matière de mauvaise ambiance scolaire, on peut noter le côté ridicule, mais méprisant, qu'il y a à qualifier "d'immersion de type ethnographique" une enquête dans... les collèges du centre de Marseille.
Les collégiens et les profs, ces peuplades étranges.
Je passe sur la prétention qu'il y a à écrire, je cite, Je me suis inséré dans ces établissements, participant à leur vie quotidienne jusqu’à faire « partie des meubles », après avoir passé un peu moins de trois semaines en deux ans dans trois établissements différents. Rien de nouveau, on a un type qui vient nous expliquer comment tenir une classe en n'en ayant jamais eu une en resposabilité pendant un an, et probablement en en étant incapable.
On pourraît se contenter d'en ricaner, mais ce type semble formateur dans un INSPE...
- CeladonDemi-dieu
N'en jetez plus ! C'est hallucinant.
La mise en garde de Meirieu, savoureuse. Impeccablement cornaqué, l'amateur qui ne s'attendait pas à une diffusion aussi importante... et elle le sera d'autant plus que ses élucubrations font les gorges chaudes de ceux, même pas pro, qui les lisent.
La mise en garde de Meirieu, savoureuse. Impeccablement cornaqué, l'amateur qui ne s'attendait pas à une diffusion aussi importante... et elle le sera d'autant plus que ses élucubrations font les gorges chaudes de ceux, même pas pro, qui les lisent.
- OlympiasProphète
L'article est absolument hallucinant.
- OlympiasProphète
Ah, mais il est resté 30h et c'est censé avoir valeur de vérité généraleSphinx a écrit:Mais c'est absolument ahurissant. Rien que les extraits que tu cites dans ton billet, c'est ahurissant, je ne sais pas quoi dire d'autre (enfin si, j'ai bien des questions sur ce qu'ingère le monsieur avant de rédiger, mais ce ne serait pas poli). Ça va d'affirmations complètement déconnectées de la réalité et fondées sur du rien (« on peut formuler l’hypothèse qu’à travers ces expériences, ils développent des compétences transférables dans des pratiques délinquantes ») (oui, on peut, on peut aussi formuler l'hypothèse qu'ils développent des compétences transférables à la pratique des claquettes et de la peinture sur spaghetti, chaipas, ça me paraît tout aussi justifiable) à des déductions logiques totalement non sequitur (traiter un élève différemment des autres, cépabien, donc traiter un élève handicapé selon les préconisations de différenciation faites par le corps médical, cépabien non plus ? Mais wtf ?) On en finit par se demander s'il a vraiment fichu les pieds dans un établissement scolaire : « des tables isolées pour les élèves justement qui seraient très agités » moi je veux bien, et je la mets où la table, dans ma petite salle de 29, sinon, oh, je ne sais pas, en perm par exemple ? Ou alors en REP non content d'avoir des classes de 12 élèves on leur fait cours dans des salles de 50 m2 ? Je suis sidérée...
- VinZTDoyen
30 h en salle des profs, et 30 h à la vie scolaire … 17 h seulement en classe.
Ce serait simplement risible si cette personne n'était pas formateur INSPE, avec une capacité de nuisance bien réelle. On peut en effet lui prédire un brillant avenir dans les cabinets ministériels. Sa thèse (non on ne rit pas) n'est pas encore finie que déjà Meirieu l'adoube. Il va bien sûr nous jouer le grand air de la persécution face aux réactionnaires que nous sommes. Après Levi-Strauss, il va se prendre pour Galilée.
Ce serait simplement risible si cette personne n'était pas formateur INSPE, avec une capacité de nuisance bien réelle. On peut en effet lui prédire un brillant avenir dans les cabinets ministériels. Sa thèse (non on ne rit pas) n'est pas encore finie que déjà Meirieu l'adoube. Il va bien sûr nous jouer le grand air de la persécution face aux réactionnaires que nous sommes. Après Levi-Strauss, il va se prendre pour Galilée.
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« Il ne faut pas croire tout ce qu'on voit sur Internet » Victor Hugo.
« Le con ne perd jamais son temps. Il perd celui des autres. » Frédéric Dard
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« Un économiste est un expert qui saura demain pourquoi ce qu'il avait prédit hier ne s'est pas produit aujourd'hui. » Laurence J. Peter
- AudreyOracle
Petite coquille, Luigi, et négation en trop: "Même des professeurs refusant de renvoyer les élèves expliquent ne pas vouloir que pas les élèves se retrouvent « dans les couloirs et à la vie scolaire en train de faire les cons »".
;-)
Et sinon... pfff. J'en ai marre, mais marre de voir des gugusses nous dire de loin ce qu'on devrait faire, sans avoir jamais mis eux-mêmes les mains dans le cambouis, ou depuis si longtemps qu'on ne peut que constater qu'on ne fait plus le même job qu'eux à l'époque...
;-)
Et sinon... pfff. J'en ai marre, mais marre de voir des gugusses nous dire de loin ce qu'on devrait faire, sans avoir jamais mis eux-mêmes les mains dans le cambouis, ou depuis si longtemps qu'on ne peut que constater qu'on ne fait plus le même job qu'eux à l'époque...
- JEMSGrand Maître
C'est une thèse... bon bein je vais peut-être me tourner vers les sciences de l'éduc....
- Luigi_BGrand Maître
Plutôt une publication faisant écho de l'enquête, parallèlement à la thèse en cours de rédaction.
Merci Audrey. ;-)
Merci Audrey. ;-)
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- RendashBon génie
JEMS a écrit:C'est une thèse... bon bein je vais peut-être me tourner vers les sciences de l'éduc....
Si t'as une ou deux heures à perdre, fais une sieste, plutôt :lol:
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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- OlympiasProphète
Meirieu, en voyant la déferlante, a un brin rétropédaléVinZT a écrit:30 h en salle des profs, et 30 h à la vie scolaire … 17 h seulement en classe.
Ce serait simplement risible si cette personne n'était pas formateur INSPE, avec une capacité de nuisance bien réelle. On peut en effet lui prédire un brillant avenir dans les cabinets ministériels. Sa thèse (non on ne rit pas) n'est pas encore finie que déjà Meirieu l'adoube. Il va bien sûr nous jouer le grand air de la persécution face aux réactionnaires que nous sommes. Après Levi-Strauss, il va se prendre pour Galilée.
- RendashBon génie
Philippe "Je retourne ma veste" Meirieu
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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- CeladonDemi-dieu
J'apprécie tout particulièrement le "Complétons".
- henrietteMédiateur
C'est un art où il est passé maîtreRendash a écrit:Philippe "Je retourne ma veste" Meirieu
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- PrezboGrand Maître
Moui, envoyons ces gens "prendre en compte les dimensions sociales, politiques et institutionnelles". C'est suffisamment vague pour que ça les occupe quelques années, au moins pendant ce temps ils ne casseront rien...
- LaverdureEmpereur
Je n'ai pas encore lu l'article en question mais une précision, tout de même sur deux termes qui peuvent faire grincer des dents :
-l'enquête ethnographique c'est une méthode d'étude employée en sociologie (et dans d'autres sciences sociales) qui passe par l'observation participante et suppose, entre autres, l'immersion prolongée dans la communauté étudiée. Il ne s'agit pas d'un terme qui serait dévalorisant. Le problème, ici, c'est le "prolongée" : j'ai l'impression que le doctorant en question n'a pas vraiment fait un séjour prolongé mais comme il s'agit d'un élément de travail de thèse, on peut imaginer qu'il approfondira . A titre d'exemple, quand Muriel Darmon réalise une enquête ethnographique sur les élèves de classes prépa, elle enquête deux ans (si j'ai bonne mémoire) dans un lycée (je recommande la lecture de son livre, d'ailleurs) et mène un grand nombre d'entretiens avec des étudiants et des professeurs.
-la notion de "carrière déviante" est une notion classique en sociologie de la déviance et à rattacher, entre autres, à l'analyse du sociologue Howard Becker. Comme d'autres, il cherche à expliquer le phénomène de la déviance et pose que la déviance est le résultat d'interactions : pour lui, la déviance vient de l'interaction entre celui qui commet un acte déviant et ceux qui réagissent. Il n'y a donc pas d'actes déviants par nature mais étiquetés comme tels par des groupes qui établissent et appliquent des normes et le déviant est celui qui est reconnu (et étiqueté) comme tel. La déviance n'est donc pas un état mais un processus d'où la notion de carrière déviante : un ensemble de relations sociales (et une succession d'étapes) entre l'individu qui commet un acte déviant et l'environnement ; il s'agit de comprendre comment se construit le parcours déviant d'un individu. Il ne me paraît pas inintéressant de poser l'hypothèse (et de l'interroger, bien sûr) que l'école participe à cette carrière déviante, notamment dans la mesure où elle est productrice de normes.
-l'enquête ethnographique c'est une méthode d'étude employée en sociologie (et dans d'autres sciences sociales) qui passe par l'observation participante et suppose, entre autres, l'immersion prolongée dans la communauté étudiée. Il ne s'agit pas d'un terme qui serait dévalorisant. Le problème, ici, c'est le "prolongée" : j'ai l'impression que le doctorant en question n'a pas vraiment fait un séjour prolongé mais comme il s'agit d'un élément de travail de thèse, on peut imaginer qu'il approfondira . A titre d'exemple, quand Muriel Darmon réalise une enquête ethnographique sur les élèves de classes prépa, elle enquête deux ans (si j'ai bonne mémoire) dans un lycée (je recommande la lecture de son livre, d'ailleurs) et mène un grand nombre d'entretiens avec des étudiants et des professeurs.
-la notion de "carrière déviante" est une notion classique en sociologie de la déviance et à rattacher, entre autres, à l'analyse du sociologue Howard Becker. Comme d'autres, il cherche à expliquer le phénomène de la déviance et pose que la déviance est le résultat d'interactions : pour lui, la déviance vient de l'interaction entre celui qui commet un acte déviant et ceux qui réagissent. Il n'y a donc pas d'actes déviants par nature mais étiquetés comme tels par des groupes qui établissent et appliquent des normes et le déviant est celui qui est reconnu (et étiqueté) comme tel. La déviance n'est donc pas un état mais un processus d'où la notion de carrière déviante : un ensemble de relations sociales (et une succession d'étapes) entre l'individu qui commet un acte déviant et l'environnement ; il s'agit de comprendre comment se construit le parcours déviant d'un individu. Il ne me paraît pas inintéressant de poser l'hypothèse (et de l'interroger, bien sûr) que l'école participe à cette carrière déviante, notamment dans la mesure où elle est productrice de normes.
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- Luigi_BGrand Maître
Bien sûr, ce lexique en soi n'est pas nouveau, même s'il peut apparaître bien mal choisi (les professeurs, la vie scolaire et la direction considérés comme une ethnie...), un peu comme le terme "ségrégation" qui, dans son acception sociologique, renvoie à un constat, et dans son acception usuelle renvoie à une intention.
A propos de la production de normes, j'ai plutôt l'impression en lisant l'article que l'école n'en produit précisément aucune : la réflexion sur la vie scolaire et son rôle est édifiante de ce point de vue.
A propos de la production de normes, j'ai plutôt l'impression en lisant l'article que l'école n'en produit précisément aucune : la réflexion sur la vie scolaire et son rôle est édifiante de ce point de vue.
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- LaverdureEmpereur
L'enquête ethnographique a d'abord été utilisée en anthropologie avant d'être reprise par la sociologie, notamment américaine (sur ce point, il y a un "que sais-je" pas trop mal : les 100 mots de la sociologie. Bon, l'article sur l'éthnographie a été rédigé par Agnès Van Zanten )
L'école produit des normes sinon elle ne pourrait pas considérer des élèves comme déviants qu'il faut sanctionner.
L'école produit des normes sinon elle ne pourrait pas considérer des élèves comme déviants qu'il faut sanctionner.
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- Luigi_BGrand Maître
Justement les sanctions... n'en sont pas !
C’est peut-être même l’absence de réelle pratique punitive (il faut lire la recherche de M. Garric entre les lignes) qui explique bien des difficultés de ces élèves, non pris en charge comme ils le devraient : l'enquête mentionne ainsi la vie scolaire comme « un espace hyper affectif », « protégé », « moins contraignant » : « Les personnels de vie scolaire constatent le plaisir de ces élèves à se libérer des contraintes de la classe » : « ils aiment beaucoup les CPE par exemple », « c’est trop bien en perm » ; « Ils peuvent s’y assoupir ou assister passifs à des bavardages triviaux, entourés d’adultes qui consultent leurs téléphones portables ». Même des professeurs refusant de renvoyer les élèves expliquent ne pas vouloir que les élèves se retrouvent « dans les couloirs et à la vie scolaire en train de faire les cons » : « ll suffit de faire le bordel pour être dispensé de suivre le prof qui est trop chiant pour aller faire n’importe quoi en perm ? ».
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- LaverdureEmpereur
Je parlais en général mais du point de vue de certains enseignants interrogés (je lirais plus en détail plus tard), au moins, les exclusions temporaires de cours semblent être sont considérées comme des sanctions (pour les exclus) qui permettent de pouvoir maintenir un climat propice au travail.
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- Luigi_BGrand Maître
Justement, si on en croit la question de l'enseignant cité ("ll suffit de faire le bordel pour être dispensé de suivre le prof qui est trop chiant pour aller faire n’importe quoi en perm ?"), la vraie sanction ce serait plutôt de suivre le cours.
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
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