Re: Manon Lescaut

par NLM76 Mer 1 Mar 2023 - 19:04

Il y a un poème de Verlaine, me semble-t-il. La poésie de Charles d'Orléans tourne souvent autour de cela. Voir par exemple "En regardant vers le pays de France". La prison d'Antigone ? La prison du héros de La vie est un songe ? "Le bateau ivre" ? Il me semble qu'il y a pas mal d'évasions dans Les misérables.
La grande illusion, de Renoir.

par The Paper Mer 1 Mar 2023 - 19:51

Dans les Mémoires de Vidocq, il y a des récits d'évasion qui mettent l'accent sur les stratagèmes employés (gagner la confiance des gardiens, se déguiser...).
Sur ce thème, je recommande fortement le film Luke la main froide, sublime (rien que d'en parler j'ai la musique de Lalo Schifrin qui me trotte dans la tête).

par Lord Steven Mer 1 Mar 2023 - 22:36

Sans oublier l'incontournable Papillon d'Henri Charrière - le récit d'une fausse évasion Smile

par Iphigénie Jeu 2 Mar 2023 - 8:17

La torture par l’espérance , courte nouvelle de Villiers de L’Isle-Adam ( une délicate torture de l’Inquisition: laisser croire au prisonnier qu’il peut s’échapper…)

par trompettemarine Jeu 2 Mar 2023 - 8:23

The Paper a écrit:Dans les Mémoires de Vidocq, il y a des récits d'évasion qui mettent l'accent sur les stratagèmes employés (gagner la confiance des gardiens, se déguiser...).
Sur ce thème, je recommande fortement le film Luke la main froide, sublime (rien que d'en parler j'ai la musique de Lalo Schifrin qui me trotte dans la tête).

Un film magnifique !
Pour moi, on y trouve aussi à la fin après la.mort de Paul.Newman la construction de la.figure du héros par l'aide qu'était son ami.

Le même réalisateur est à l'origine du film Brubaker (mais il.ne traite pas de l'évasion)

par trompettemarine Jeu 2 Mar 2023 - 8:34

NLM76 a écrit:C'est vrai. Et en même temps, la vie est souvent beaucoup plus invraisemblable que les romans. A cet égard, la vie de l'abbé Prévost a vraiment de quoi interpeller le lecteur - fût-il proustien, il a en l'espèce du mal à ne pas se faire un peu saintebeuvien. Quant à être un point que l'auteur aurait négligé, pourquoi pas, d'autant plus qu'on connaît des auteurs du XVIIIe siècle qui ont pu négliger ce point très concrètement dans leur propre vie... Quoi qu'il en soit, on a envie de savoir comment faisaient les Ninon de Lenclos et autres Marion Delorme.
P.S. Un nouvel article ici sur la structure de Manon Lescaut, fort discutable, et sans doute trop vite expédié ; il devrait cependant pouvoir alimenter la réflexion.

Cela remonte loin. Mais les histoires d'amour (des clichés ?)) des Illustres françaises de Challes pourraient permettre des comparaisons sur ce sujet.
Certaines héroïnes de ces histoires tombent enceinte.
Dans mon souvenir, le roman se voulait "réaliste" dans le sens où toutes les histoires sont racontées par quelqu'un qui les a vécues ou qui en a été témoin.

Pour les courageux qui veulent lire 2000 pages supplémentaires.

par Blondie Jeu 2 Mar 2023 - 9:17

J’ai lu en préparant mes cours que Prévost avait pu s’inspirer de Challe. Une des héroïnes se prénomme Manon d’ailleurs

par Tinadrad Jeu 2 Mar 2023 - 16:09

Un grand merci pour toutes ces pistes abi

!!!

par e-Wanderer Jeu 2 Mar 2023 - 18:33

Tinadrad a écrit:Bonjour à toutes et tous, je réinvestis ce fil de discussion autour de Manon pour échanger et avoir quelques avis :
J'ai pour projet de m'attarder un peu sur l'évasion de prison de DG et Manon et j'aimerais créer un groupement de textes autour de la prison/évasion. Toute ma problématique pour cette œuvre concerne les espaces et la liberté. J'ai déjà repéré Dumas et L'Histoire de ma fuite de Casanova (évasion de la prison des plombs à Venise). J'aimerais en trouver d'autres, et l'idéal serait d'y ajouter des œuvres artistiques/culturelles. Si vous avez des pistes je suis preneuse ! Merci bien !

Il y a tout le début des États et Empires du Soleil de Cyrano de Bergerac, avec deux scènes de prison et d'évasion. En plus, la deuxième fois, le héros s'échappe d'une prison de Toulouse, ça devrait parler à tes élèves (et ça permet de rappeler le rôle de Toulouse comme haut lieu du catholicisme intransigeant, alors que les campagnes (Montauban, Agenais etc.) sont gagnées par la Réforme.

par Delia Jeu 2 Mar 2023 - 21:06

NLM 76 :

Quoi qu'il en soit, on a envie de savoir comment faisaient les Ninon de Lenclos et autres Marion Delorme.

On le sait : Marion prenait de l'antimoine dont elle est morte. Ninon a eu un fils... La Voisin, célèbre empoisonneuse était surtout une avorteuse.

par Iphigénie Ven 3 Mar 2023 - 9:00

Et un certain nombre devait abandonner leur enfant après une grossesse plus ou moins cachée, non? ( enfin quand l’enfant vivait …): un simple coup d’œil aux archives montre à quel point la mortalité infantile était effroyable et les enfants d’origine inconnue fréquents et les enfants morts en nourrice dans des bleds paumés de campagne récurrents…

par Delia Ven 3 Mar 2023 - 13:52

Claudine de Tencin a abandonné le sien au baptistère de l'église Saint-Jean, d'où le prénom, Jean le Rond, donné au bébé qui devint le philosophe d'Alembert.

par Iphigénie Ven 3 Mar 2023 - 14:34

Ah oui! en effet! comment te rappelles-tu tout cela Delia? veneration

Auriez-vous un conseil de lecture cursive qui aurait bien fonctionné en parallèle de l’étude de Manon Lescaut ?

Mes collègues ont donné En attendant Bojangles qui visiblement a plu; moi carton plein pour Le magasin des suicides de Jean Teulé.

J'ai donné Le fantôme de l'opéra. Plutôt positif : seulement "plutôt" car les élèves ont trouvé le style vieillot, mais "positif" car ils ont adoré les mystères. Ils ont perçu le tragique de l'histoire mais y ont été peu sensibles. C'est surtout le passage du fantastique au rationnel qui leur a plu.

La VIe devant soi : succès garanti !

J’ai fait un extrait de La Vie devant soi dans le parcours, ils ont adoré effectivement. Je le tenterai peut-être en cursive la prochaine fois. Cette année j’ai donné Le Parfum de Suskind, la majorité des élèves a aimé, même si quelques-uns ont été un peu déstabilisés par certains passages.

NLM76 a écrit:Une phrase que je ne comprends pas, dans le 2e § de la deuxième partie, quand Grieux décrit les occupations de Manon au Bois de Boulogne : "Une partie de jeu dont elles avaient réglé les bornes fournissait aux frais de la voiture."
Quelle partie de jeu rapporte de l'argent ? Comment ?

Je lis le fil dans la perspective de mon cours. Depuis lors, tu as sans doute eu ta réponse, mais au cas où :
Manon et ses amies jouent ensemble, les pertes de chacune participant aux frais de la voiture.

Delia a écrit:Remarques en passant :
1) non, Manon ne sort pas du ruisseau, elle y est tombée. Sa naissance est commune, dit-elle. On voit en filigrane que ses parents sont soucieux d'honorabilité puisqu'ils l'envoient au couvent pour canaliser son appétit de vivre.
2) Grieux est bel et bien chevalier : l’ordre de Malte, auquel mes parents me destinaient. Ils me faisaient déjà porter la croix, avec le nom de chevalier des Grieux.

Je me suis demandé, en lisant le roman, si c'était un mensonge pour embobiner des Grieux (et faire comprendre à un homme riche qu'on aime le plaisir) ou si c'était vrai... parce qu'il n'est plus jamais question dans le roman de ses parents.
Mais c'est sans doute là une fausse interrogation ?

Sei a écrit:

NLM76 a écrit:Une phrase que je ne comprends pas, dans le 2e § de la deuxième partie, quand Grieux décrit les occupations de Manon au Bois de Boulogne : "Une partie de jeu dont elles avaient réglé les bornes fournissait aux frais de la voiture."
Quelle partie de jeu rapporte de l'argent ? Comment ?

Je lis le fil dans la perspective de mon cours. Depuis lors, tu as sans doute eu ta réponse, mais au cas où :
Manon et ses amies jouent ensemble, les pertes de chacune participant aux frais de la voiture.

Oui, merci : c'est ce que j'ai fini par comprendre.

Sei a écrit:

Delia a écrit:Remarques en passant :
1) non, Manon ne sort pas du ruisseau, elle y est tombée. Sa naissance est commune, dit-elle. On voit en filigrane que ses parents sont soucieux d'honorabilité puisqu'ils l'envoient au couvent pour canaliser son appétit de vivre.
2) Grieux est bel et bien chevalier : l’ordre de Malte, auquel mes parents me destinaient. Ils me faisaient déjà porter la croix, avec le nom de chevalier des Grieux.

Je me suis demandé, en lisant le roman, si c'était un mensonge pour embobiner des Grieux (et faire comprendre à un homme riche qu'on aime le plaisir) ou si c'était vrai... parce qu'il n'est plus jamais question dans le roman de ses parents.
Mais c'est sans doute là une fausse interrogation ?

J'ai la même que toi. Ou plutôt, j'ai beaucoup d'interrogations sur sa famille. En particulier sur le frère, prêt à se faire son proxénète. J'ai déjà évoqué le soupçon d'inceste que j'ai imaginé. J'ai aussi pensé au fait qu'il fût vraiment son frère : cela peut être autant une escroquerie que le fait de présenter à M. de G... M... Grieux comme son frère. Tout peut être mensonge dans cette affaire.

NLM76 a écrit:

Sei a écrit:

NLM76 a écrit:Une phrase que je ne comprends pas, dans le 2e § de la deuxième partie, quand Grieux décrit les occupations de Manon au Bois de Boulogne : "Une partie de jeu dont elles avaient réglé les bornes fournissait aux frais de la voiture."
Quelle partie de jeu rapporte de l'argent ? Comment ?

Je lis le fil dans la perspective de mon cours. Depuis lors, tu as sans doute eu ta réponse, mais au cas où :
Manon et ses amies jouent ensemble, les pertes de chacune participant aux frais de la voiture.

Oui, merci : c'est ce que j'ai fini par comprendre.

Sei a écrit:

Delia a écrit:Remarques en passant :
1) non, Manon ne sort pas du ruisseau, elle y est tombée. Sa naissance est commune, dit-elle. On voit en filigrane que ses parents sont soucieux d'honorabilité puisqu'ils l'envoient au couvent pour canaliser son appétit de vivre.
2) Grieux est bel et bien chevalier : l’ordre de Malte, auquel mes parents me destinaient. Ils me faisaient déjà porter la croix, avec le nom de chevalier des Grieux.

Je me suis demandé, en lisant le roman, si c'était un mensonge pour embobiner des Grieux (et faire comprendre à un homme riche qu'on aime le plaisir) ou si c'était vrai... parce qu'il n'est plus jamais question dans le roman de ses parents.
Mais c'est sans doute là une fausse interrogation ?

J'ai la même que toi. Ou plutôt, j'ai beaucoup d'interrogations sur sa famille. En particulier sur le frère, prêt à se faire son proxénète. J'ai déjà évoqué le soupçon d'inceste que j'ai imaginé. J'ai aussi pensé au fait qu'il fût vraiment son frère : cela peut être autant une escroquerie que le fait de présenter à M. de G... M... Grieux comme son frère. Tout peut être mensonge dans cette affaire.

D'autant qu'il est aussi question de faire de des Grieux son frère... (ou son cousin, à l'épisode du coche d'Amiens)

Qu'avez-vous donné comme dissertation sur Manon Lescaut ? Je pense à un sujet qui aboutirait à une question qui ressemblerait à "Dans quelle mesure ML est-il un roman tragique ?".
Qu'en pensez-vous ?

Une question ressemblant à cela est traitée dans le cahier Lire les classiques chez Bordas (p. 54-55), si cela peut t'aider. L'interêt de la formulation proposée est qu'elle fait le lien avec le parcours associé: "dans quelle mesure peut-on dire que Manon Lescaut est une tragédie qui, outre la crainte et la pitié, susicte le plaisir du lecteur?"
J'ai travaillé sur la citation de Renoncour dans "l'Avis de l'auteur" qui évoque le "plaisir d'une lecture agréable" et "l'instruction des moeurs". J'aimerais traiter aussi la citation célèbre de Montesquieu ("fripon" et "catin") mais je n'en aurai pas le temps avec tous les lundis qui disparaissent.

Bon Dieu mais c'est bien sûr ! Un roman contemporain fait écho à Manon : l'Astragale. Il s'ouvre sur une évasion : Anne, mineure incarcérée à la citadelle de Doullens (pour un braquage à main armée) saute du haut d'un mur de dix mètres et se brise l'astragale. Recueillie par un petit malfrat, elle entame avec lui une vie de galères ; braquages, prostitution, séjours en prison...
Et non, Prévost n'y est pour rien car le roman est largement autobiographique. Narration à la première personne qui fait entendre la voix de la catin. Curieusement, l'action commence en Picardie.. à 30 km d'Amiens !

@Tivinou : on peut vraiment ressentir de la pitié à la lecture de Manon Lescaut (à part pour le lecteur) ? Very Happy

Delia a écrit:Bon Dieu mais c'est bien sûr ! Un roman contemporain fait écho à Manon : l'Astragale. Il s'ouvre sur une évasion : Anne, mineure incarcérée à la citadelle de Doullens (pour un braquage à main armée) saute du haut d'un mur de dix mètres et se brise l'astragale. Recueillie par un petit malfrat, elle entame avec lui une vie de galères ; braquages, prostitution, séjours en prison...
Et non, Prévost n'y est pour rien car le roman est largement autobiographique. Narration à la première personne qui fait entendre la voix de la catin. Curieusement, l'action commence en Picardie.. à 30 km d'Amiens !

Tu l'avais du reste déjà proposé :

Delia a écrit:

Dorine a écrit:

roxanne a écrit:Je l'ai lu il y a très longtemps ( à mon âge, ça se compte en décennies) et il me semble que c'était déjà daté. Enfin, on fait plus contemporain disons.

C'est sûr, ce n'est pas une oeuvre contemporaine : je demandais juste un avis sur le roman tout en indiquant que je recherchais également une oeuvre contemporaine qui pourrait plaire aux élèves.

L'Astragale forme un bel effet miroir avec Manon. L'histoire est authentique, fortement inspirée de la vie d'Albertine Sarazin, cependant les points communs sont nombreux : délinquance des mineurs, répression par la société et force de l'amour.