Le lycée coûte-t-il trop cher ? Nouveau rapport de la Cour des comptes

Rapport aujourd'hui.

Bon, on sait déjà que les dépenses par élève au lycée sont comparativement plus élevées que dans d'autres pays (mais pas l'Allemagne par exemple), certaines explications étant structurelles : établissements de fin de carrière, corps des agrégés, nombreuses filières et options coûteuses (suivez mon regard avec collège 2016), voie professionnelle avec ateliers et matériel, même si la voie professionnelle a été réformée brutalement pour coûter moins cher : cursus en trois ans, restructuration des filières et des concours (en voie technologique également), augmentation des effectifs. La filière générale, quant à elle, est encore trop pluridisciplinaire comparativement à nos "modèles".

Question rhétorique à réponse prévisible. Le suspense principal consiste à savoir si le rapport jugera que le lycée coûte trop cher ou beaucoup trop cher. ^^

Quelques pistes de gaspillages divers, peut-être ? AP ? TPE ?

Luigi_B a écrit:Rapport aujourd'hui.

Bon, on sait déjà que les dépenses par élève au lycée sont comparativement plus élevées que dans d'autres pays (mais pas l'Allemagne par exemple), certaines explications étant structurelles : établissements de fin de carrière, corps des agrégés, nombreuses filières et options coûteuses (suivez mon regard avec collège 2016), voie professionnelle avec ateliers et matériel, même si la voie professionnelle a été réformée brutalement pour coûter moins cher : cursus en trois ans, restructuration des filières et des concours (en voie technologique également), augmentation des effectifs. La filière générale, quant à elle, est encore trop pluridisciplinaire comparativement à nos "modèles".

Ce que les autres paient, c'est leur problème.
La France pourrait dépenser encore plus en éducation sans que ce soit fondamentalement un problème. La question est de savoir si le contribuable en a pour son argent. C'est le rapport qualité/prix qui m'inquiète, et surtout à cause du numérateur.

Les évaluations de la cour des comptes sont difficiles. En l'absence de marché, il n'y a pas de point de comparaison interne à la France pour déterminer si le prix est juste, d'où la comparaison avec l'étranger, avec tous les biais qu'elle peut comporter. Et la cour des comptes n'est pas compétente pour évaluer un dispositif pédagogique.

Il y a sans doute des reproches valables, mais d'autres sont inquiétants.
On a besoin d'une voie professionnelle sérieuse et ça implique des ateliers, ben oui, on n'a rien sans rien.
Quant au corps des agrégés, ce n'est pas tellement son existence qui me pose problème, mais le fait qu'il soit sous-employé (je parle de ses missions, pas de ses heures).

Cripure a écrit:Quelques pistes de gaspillages divers, peut-être ? AP ? TPE ?

Livrets personnels de compétences, paperasse à tous les niveaux, sans parler des révolutionnaires de cabinet qui nous pondent des réformes à l'échelle industrielle.

Je suis toujours étonné que personne ne s'indigne davantage des énormes gaspillages (du grand gâchis de vaccins de Mme Bachelot aux tablettes de NVB), et qu'on préfère s'intéresser aux dépenses structurelles. Cela dit, il y a un grand ménage à faire dans le mille-feuille administratif.

e-Wanderer a écrit:Je suis toujours étonné que personne ne s'indigne davantage des énormes gaspillages (du grand gâchis de vaccins de Mme Bachelot aux tablettes de NVB), et qu'on préfère s'intéresser aux dépenses structurelles. Cela dit, il y a un grand ménage à faire dans le mille-feuille administratif.

Les gaspillages structurels sont énormes et durables. Et eux aussi sont souvent le fruit d'un coup de comm' ministériel. NVB achète des tablettes, ça coûte cher, mais les EPI coûteront beaucoup plus cher, et tous les ans!
L'indignation est une ressource qui s'épuise plus vite encore que l'argent du contribuable. Hélas!
L'administration est inépuisable, elle.

e-Wanderer a écrit:Je suis toujours étonné que personne ne s'indigne davantage des énormes gaspillages (du grand gâchis de vaccins de Mme Bachelot aux tablettes de NVB), et qu'on préfère s'intéresser aux dépenses structurelles. Cela dit, il y a un grand ménage à faire dans le mille-feuille administratif.

Les vaccins de Mme Bachelot, c'est comme les digues : tant qu'on n'a pas de catastrophe, on a l'impression de pouvoir s'en passer. On ne conçoit leur utilité qu'au soir du jour où ils ont manqué.

De toute façon, vaccin ou tablettes, même s'il serait préférable de faire des économies, c'est cacahuète à côté des dépenses structurelles. C'est d'ailleurs à cela que servent les tablettes : faire oublier la grande misère de la structure en la décorant de deux ou trois guirlandes.

Le mille-feuille administratif, par sa nature prébendière, est à l'abri, merci pour lui.

archeboc a écrit:
Les vaccins de Mme Bachelot, c'est comme les digues : tant qu'on n'a pas de catastrophe, on a l'impression de pouvoir s'en passer. On ne conçoit leur utilité qu'au soir du jour où ils ont manqué.

Ce n'est pas tout à fait ça, l'histoire des vaccins de Mme Bachelot.

L'achat de ces vaccins était quand même très bête. La digue est un équipement de protection durable. Les vaccins sont périmés au bout de quelques mois. Rien ne justifiait un achat aussi massif. 94 millions de doses. Même s'il faut deux injections, c'est largement plus que ce qui est nécessaire pour endiguer une épidémie. Sans parler des effets secondaires des vaccins, qui peuvent dépasser le risque de la maladie elle-même, si sa prévalence est trop faible. Et je ne parlerai pas non plus des ressources qui ont manqué pour d'autres baspects de la politique de santé.
Bachelot n'a manifestement pas compris ce qu'implique la gestion des risques.

Que la cour des comptes le dise franchement : tout ce qui est service public coûte trop cher, voilà. Supprimons tous les services publics, que les gens crèvent de misère, qu'on revoie à nos portes des petites marchandes d’allumettes mourant dans le froid de l'hiver, que la France revienne au XIXe siècle. Que la cour de comptes assume son objectif et poursuive le chemin de l’Angleterre. Allez, je ne suis pas chienne, je ne demande même pas combien sont payés ses gens pour leur besogne.

egomet a écrit:L'achat de ces vaccins était quand même très bête. La digue est un équipement de protection durable. Les vaccins sont périmés au bout de quelques mois. Rien ne justifiait un achat aussi massif. 94 millions de doses. Même s'il faut deux injections,  c'est largement plus que ce qui est nécessaire pour endiguer une épidémie. Sans parler des effets secondaires des vaccins, qui peuvent dépasser le risque de la maladie elle-même,  si sa prévalence est trop faible. Et je ne parlerai pas non plus des ressources qui ont manqué pour d'autres baspects de la politique de santé.
Bachelot n'a manifestement pas compris ce qu'implique la gestion des risques.

Et elle avait des liens avec l'industrie pharmaceutique, si mes souvenirs sont exacts.

Osmie a écrit:Que la cour des comptes le dise franchement : tout ce qui est service public coûte trop cher, voilà. Supprimons tous les services publics, que les gens crèvent de misère, qu'on revoie à nos portes des petites marchandes d’allumettes mourant dans le froid de l'hiver, que la France revienne au XIXe siècle. Que la cour de comptes assume son objectif et poursuive le chemin de l’Angleterre. Allez, je ne suis pas chienne, je ne demande même pas combien sont payés ses gens pour leur besogne.

L'Angleterre n'est pas retournée au XIXe siècle que je sache.
Si un service public était privatisé, il ne cesserait pas forcément d'être rendu. Au contraire. D'ailleurs la cour des comptes n'est pas vraiment dans l'idée d'une réduction de l'Etat. C'est pas tellement sa culture.
C'est vrai que les services publics coûtent trop cher dans leur ensemble, puisqu'on est très loin d'équilibrer les comptes, ce qui conduit à payer beaucoup plus cher à l'arrivée en intérêts de la dette. Ça ne veut pas dire que tous les ministères sont correctement dotés, mais il faut faire des choix.

Maintenant, c'est vrai qu'il y a un biais lié à la fonction même de la cour des comptes et qu'on peut se demander à quoi elle sert, puisque ses avis sont purement consultatifs et que les ministres n'en ont manifestement rien à f.

ycombe a écrit:

egomet a écrit:L'achat de ces vaccins était quand même très bête. La digue est un équipement de protection durable. Les vaccins sont périmés au bout de quelques mois. Rien ne justifiait un achat aussi massif. 94 millions de doses. Même s'il faut deux injections,  c'est largement plus que ce qui est nécessaire pour endiguer une épidémie. Sans parler des effets secondaires des vaccins, qui peuvent dépasser le risque de la maladie elle-même,  si sa prévalence est trop faible. Et je ne parlerai pas non plus des ressources qui ont manqué pour d'autres baspects de la politique de santé.
Bachelot n'a manifestement pas compris ce qu'implique la gestion des risques.

Et elle avait des liens avec l'industrie pharmaceutique, si mes souvenirs sont exacts.

Présomption d'innocence, on va dire.
Cela dit, cette présomption ne s'applique qu'aux procédures pénales, pas au scrutin.

http://tempsreel.nouvelobs.com/education/20150928.OBS6680/le-lycee-coute-trop-cher-moins-d-options-moins-de-vacances-la-cour-des-comptes-a-la-solution.html

Le lycée est le prochain. Avec l'objectif affiché des recteurs bac -3/bac+3.

egomet a écrit:

Osmie a écrit:Que la cour des comptes le dise franchement : tout ce qui est service public coûte trop cher, voilà. Supprimons tous les services publics, que les gens crèvent de misère, qu'on revoie à nos portes des petites marchandes d’allumettes mourant dans le froid de l'hiver, que la France revienne au XIXe siècle. Que la cour de comptes assume son objectif et poursuive le chemin de l’Angleterre. Allez, je ne suis pas chienne, je ne demande même pas combien sont payés ses gens pour leur besogne.

L'Angleterre n'est pas retournée au XIXe siècle que je sache.
Si un service public était privatisé,  il ne cesserait pas forcément d'être rendu. Au contraire. D'ailleurs la cour des comptes n'est pas vraiment dans l'idée d'une réduction de l'Etat. C'est pas tellement sa culture.
C'est vrai que les services publics coûtent trop cher dans leur ensemble,  puisqu'on est très loin d'équilibrer les comptes, ce qui conduit à payer beaucoup plus cher à l'arrivée en intérêts de la dette. Ça ne veut pas dire que tous les ministères sont correctement dotés,  mais il faut faire des choix.

Maintenant,  c'est vrai qu'il y a un biais lié à la fonction même de la cour des comptes et qu'on peut se demander à quoi elle sert, puisque ses avis sont purement consultatifs et que les ministres n'en ont manifestement rien à f.

Tout de même ! L'Angleterre connaît une sacrée régression sociale ; mieux vaut ne pas y naître pauvre ou handicapé.
Un service public privatisé est un oxymore à mes yeux, mais ce n'est pas la peine de passer du temps à me démontrer le contraire ; on paye des impôts qui financent les services publics, cela devrait rester aussi simple que cela.

Il cesserait d'être public, c'est tout.
On peut discuter de la manière la plus efficace d'assurer l'acheminement du courrier, les transports urbains, l'approvisionnement électrique ou l'enseignement, mais les considérer purement et simplement comme services publics n'a rien d'une évidence.

Et c'est un grand sophisme que d'utiliser l'impôt pour justifier le service public. En toute logique, c'est l'inverse qui est valable.

"Le lycée coûte cher et il est peu efficace. C’est le constat, sévère, que dresse la Cour des comptes dans un rapport rendu public mardi 29 septembre. Les rapporteurs encouragent le gouvernement à réformer ce niveau d’enseignement pour lequel l’Etat dépense sans compter : 26 milliards d’euros, ont-ils chiffré. Il faut moins d’heures de cours, moins d’établissements, moins d’options et simplifier le baccalauréat, conseillent-ils."

http://www.lemonde.fr/education/article/2015/09/29/le-lycee-francais-trop-cher-mais-intouchable_4776460_1473685.html

Seikilos a écrit:"Le lycée coûte cher et il est peu efficace. C’est le constat, sévère, que dresse la Cour des comptes dans un rapport rendu public mardi 29 septembre. Les rapporteurs encouragent le gouvernement à réformer ce niveau d’enseignement pour lequel l’Etat dépense sans compter : 26 milliards d’euros, ont-ils chiffré. Il faut moins d’heures de cours, moins d’établissements, moins d’options et simplifier le baccalauréat, conseillent-ils."

http://www.lemonde.fr/education/article/2015/09/29/le-lycee-francais-trop-cher-mais-intouchable_4776460_1473685.html

Record du bac dans l'histoire de la République (77% d'une génération, mentions qui explosent) et on n'accuse le lycée d'être peu efficace ?

Faudrait savoir en effet.

Cripure a écrit:Quelques pistes de gaspillages divers, peut-être ? AP ? TPE ?

explorations, et bientôt EPI, compléments, projets divers, macramé et svt, échecs et maths...
en fait les temps inutiles sont en passe d'être plus nombreux que les temps utiles.

Record du bac dans l'histoire de la République (77% d'une génération, mentions qui explosent) et on n'accuse le lycée d'être peu efficace ?

Ben oui, c'est ce qu'ils disent : « les résultats faibles des étudiants en licence posent, indépendamment du taux de réussite au baccalauréat, la question de performance du lycée, tant en termes de niveau de connaissances et de compétences acquises par les élèves que la qualité de leur orientation » car « Il (le bac) reflète imparfaitement le niveau » des élèves et « ne joue plus de rôle essentiel dans [leur] orientation ».

A donner le bac à tous, la cours de comptes suggérerait-elle à demi-mot que le niveau baisse ? hum ? je rêve ?
ça rejoins egomet qui se soucis du rapport qualité/prix du lycée.
la fin du redoublement et le passage à l'ancienneté vont-ils arranger les choses ?

C'est vrai qu'on progresse dans la lucidité du constat par rapport à 2013 mais maintenant il faudrait se poser la question de savoir ce qui fait que le bac "reflète imparfaitement le niveau". :lol:

encore 2 ans pour avoir une idée. Après, il faudra penser à réfléchir à des propositions de solutions

La réaction du SNALC : LIEN.