[Le Monde] « Je ne connaissais rien, c’était humiliant » : le grand malaise de la culture générale

@gauvain31 : Je grossis bien entendu le trait. Je ne pense pas que la culture générale *doit* avoir une visée utilitariste, d'ailleurs.  Il n'en reste pas moins qu'elle peut être utilisée ainsi, de différentes façons. Lors du grand oral de Sciences Po, par exemple, les examinateurs titillent les candidats avec des questions-pièges qui visent moins à vérifier l'étendue de la culture du candidat qu'à évaluer sa capacité à répondre face à d'éventuelles difficultés.

Une remarque en passant :

Volubilys a écrit:Vous connaissez le roman "Papa longues jambes" de Jean Webster (la version livre, hein, pas l'horrible série télé) (oui, c'est un roman jeunesse), c'est l'histoire d'une orpheline  dans les années 20 qui obtient une bourse pour aller dans une université pour riche héritière. Le "choc des cultures" est très intéressant, et surtout la réaction et l'évolution de l'héroïne face à son ignorance.

Non, l'auteur est morte en 1916, à 40 ans, ça se passe au début du siècle mais on ne le sent absolument pas.

Spoiler:

Eh bien c'est dans ce livre que j'ai appris l'existence de Pepys, entre autres petits cailloux pour l'édification d'une culture ; et je pense que prendre ici ou là des éléments qui enrichissent peu à peu, c'est essentiel...

Erreur de ma part, l'imagerie année 20 de la série a dû me fourvoyer. En effet, le livre est de 1912... bon ça ne fait qu'une erreur de 10 ans.

La série est un massacre du livre, Judy est odieuse, moitié folle et insupportable, ses amis imbuvables...

Ascagne a écrit:@gauvain31 : Je grossis bien entendu le trait. Je ne pense pas que la culture générale *doit* avoir une visée utilitariste, d'ailleurs.  Il n'en reste pas moins qu'elle peut être utilisée ainsi, de différentes façons. Lors du grand oral de Sciences Po, par exemple, les examinateurs titillent les candidats avec des questions-pièges qui visent moins à vérifier l'étendue de la culture du candidat qu'à évaluer sa capacité à répondre face à d'éventuelles difficultés.

Une copine a été collée à l’examen d’entrée d’une grande école de journalisme avec la question « comment s’appelle le mari de Barbie? »

Klaus, non ?
Cela dit, ça explique bien des choses sur le niveau journalistique contemporain …

Oudemia a écrit:Une remarque en passant :

Volubilys a écrit:Vous connaissez le roman "Papa longues jambes" de Jean Webster (la version livre, hein, pas l'horrible série télé) (oui, c'est un roman jeunesse), c'est l'histoire d'une orpheline  dans les années 20 qui obtient une bourse pour aller dans une université pour riche héritière. Le "choc des cultures" est très intéressant, et surtout la réaction et l'évolution de l'héroïne face à son ignorance.

Non, l'auteur est morte en 1916, à 40 ans, ça se passe au début du siècle mais on ne le sent absolument pas.

Spoiler:

Eh bien c'est dans ce livre que j'ai appris l'existence de Pepys, entre autres petits cailloux pour l'édification d'une culture ; et je pense que prendre ici ou là des éléments qui enrichissent peu à peu, c'est essentiel...

Vous me donnez envie de le relire ! Emprunté au bibliobus quand j'étais en primaire (souvenirs merveilleux de cet accès aux livres que m'offrait l'école alors qu'il m'était refusé dans ma famille...) j'avais beaucoup aimé, sans comprendre que Jean était un prénom féminin (nous sommes en plein dans le thème de ce fil sur ceux qui ne viennent pas de milieux cultivés )

OVinZT a écrit:Klaus, non ?
Cela dit, ça explique bien des choses sur le niveau journalistique contemporain …

Non justement il y a un piège...

Serait-ce Ken ?

:jesors:

Bin non... 

Pendant un petit moment, les dirigeants de Mattel ont décidé que Barbie avait besoin de renouveau et devait quitter Ken (avec qui elle n’a d’ailleurs été mariée!). Ils ont décidé de la mettre en couple avec un surfeur, Glenn. 
Échec commercial (qui a duré un peu plus d’un an si je rappelle bien) et Barbie a quitté Glenn pour se remettre avec Ken. C’etait en 2002/2003 si je rappelle bien.
Il y a avait eu une tripotée d'articles la dessus.

S'il faut connaître les relations amoureuses des poupées dans le lot de la culture générale... ce n'est pas gagné.

C'est le genre de question faite non pas pour sonder des connaissances, mais la réactivité et la capacité à rebondir du candidat.
La plus connue/classique de ce petit jeu (avec la réponse attendue) :
"Pouvez-vous nous dire quelle est la largeur du Danube à Vienne ?
- Sous quel pont, Monsieur ?"

Certains concours sont plus des jeux rhétoriques que de vraies épreuves (SCPO, ENA et les écoles de journalisme qui se sont calquées dessus). Faut pas y aller en mode agrégation "si je connais pas le diamètre de l’œuf je suis recalée".

Volo' a écrit:S'il faut connaître les relations amoureuses des poupées dans le lot de la culture générale... ce n'est pas gagné.

Non je crois que c’était surtout une question pour savoir si elle avait lu la presse dans les jours précédents son oral.

Zagara a écrit:C'est le genre de question faite non pas pour sonder des connaissances, mais la réactivité et la capacité à rebondir du candidat.
La plus connue/classique de ce petit jeu (avec la réponse attendue) :
"Pouvez-vous nous dire quelle est la largeur du Danube à Vienne ?
- Sous quel pont, Monsieur ?"

Certains concours sont plus des jeux rhétoriques que de vraies épreuves (SCPO, ENA et les écoles de journalisme qui se sont calquées dessus). Faut pas y aller en mode agrégation "si je connais pas le diamètre de l’œuf je suis recalée".

Ça dépend si l'on parle d'un œuf d'hirondelle africaine ou européenne


Il peut même s'agir d'un œuf corse

Zagara a écrit:C'est le genre de question faite non pas pour sonder des connaissances, mais la réactivité et la capacité à rebondir du candidat.
La plus connue/classique de ce petit jeu (avec la réponse attendue) :
"Pouvez-vous nous dire quelle est la largeur du Danube à Vienne ?
- Sous quel pont, Monsieur ?"

Certains concours sont plus des jeux rhétoriques que de vraies épreuves (SCPO, ENA et les écoles de journalisme qui se sont calquées dessus). Faut pas y aller en mode agrégation "si je connais pas le diamètre de l’œuf je suis recalée".

Ceci explique cela : le culot sert de viatique et la construction d'une réalité parallèle de bréviaire.

On voit bien l'orientation "communication" de l'une, et "transmission" de l'autre...

Iphigénie a écrit:Même expérience.
Mais sérieux, il y a encore des vrais bourges en prépa littéraire actuellement?  ce serait encourageant , je trouve.

Oui, des filles. Et elles bifurquent après leur khâgne vers HEC filière littéraire, où elles rencontrent leur futur, qui lui est en filière éco.

Zagara a écrit:C'est le genre de question faite non pas pour sonder des connaissances, mais la réactivité et la capacité à rebondir du candidat.
La plus connue/classique de ce petit jeu (avec la réponse attendue) :
"Pouvez-vous nous dire quelle est la largeur du Danube à Vienne ?
- Sous quel pont, Monsieur ?"

Certains concours sont plus des jeux rhétoriques que de vraies épreuves (SCPO, ENA et les écoles de journalisme qui se sont calquées dessus). Faut pas y aller en mode agrégation "si je connais pas le diamètre de l’œuf je suis recalée".

Tout comme certains tests d'embauche dans les grandes entreprises. "Comment déplaceriez-vous le Mt Fuji?" Il y a un livre intéressant sur le sujet.

https://www.amazon.com/How-Would-Move-Mount-Fuji/dp/0316778494

yranoh a écrit:

Iphigénie a écrit:Même expérience.
Mais sérieux, il y a encore des vrais bourges en prépa littéraire actuellement?  ce serait encourageant , je trouve.

Oui, des filles. Et elles bifurquent après leur khâgne vers HEC filière littéraire, où elles rencontrent leur futur, qui lui est en filière éco.

Avec la ferme intention d'abattre le déterminisme qui frappe tout ce petit monde. C'est louable.

yranoh a écrit:
Oui, des filles. Et elles bifurquent après leur khâgne vers HEC filière littéraire, où elles rencontrent leur futur, qui lui est en filière éco.

Mais non, voyons : comme toutes les jeunes filles de la bonne société de l’ouest parisien, elle vont pécho au bal de l'X, où elles partent en robe longue et en service commandé pour tenter de ramener un polytechnicien dans la famille.

Ça c'est pour les petites joueuses qui n'ont pas accès aux vrais rallies.

Zagara a écrit:Ça c'est pour les petites joueuses qui n'ont pas accès aux vrais rallies.

J'étais très mal dégrossi quand j'étais jeune : jusqu'à 21 ans au moins, je pensais qu'un rallye était une course avec des bagnoles.

Si la culture générale se résume à connaître les codes, je sais où ils peuvent la mettre .

Zagara a écrit:Certains concours sont plus des jeux rhétoriques que de vraies épreuves (SCPO, ENA et les écoles de journalisme qui se sont calquées dessus). Faut pas y aller en mode agrégation "si je connais pas le diamètre de l’œuf je suis recalée".

Exactement.
Une amie qui préparait les concours d'entrée aux écoles de commerce en prépa ECS a eu droit lors d'un oral blanc à la question : "Mademoiselle, êtes-vous vierge ?". A 18 ans, une question pareille peut déstabiliser...

la réponse attendue par les colleurs:

Ah ils vont jusque là tout de même ??!!! Ce n'est plus un concours d'entrée dans une école, ça, mais du recrutement de grand-guignol !

Et la réponse définit quelle compétence?

Iphigénie a écrit:
Et la réponse définit quelle compétence?

Garder la tête froide lors des crises ; adaptabilité ; réactivité ; "finesse" (au sens de répartie).

C'est une autre manière de concevoir les concours.
Ça correspond parfaitement aux valeurs dominantes de notre société en fait : s'adapter, réagir vite et bien, efficacité, être "sorti de sa zone de confort", etc.