Prof : le plus beau métier du monde

Bonjour à tous

J'ai envie d'exprimer mon point de vue à propos du métier d'enseignant. Bien sûr, je pourrais écrire des pages et des pages mais je vais essayer de faire court et de me centrer sur les grandes lignes.

Ce métier comporte de nombreux inconvénients :
-les mutations et la souffrance qu'elles peuvent impliquer.
-Un travail qui n'a pas vraiment de début et de fin car même une fois chez soi, il y a toujours des copies à corriger, des cours, des évaluations à préparer, des bulletins à remplir, des parents à contacter, etc.
-Des instructions parfois illogiques (des "injonctions paradoxales" aussi), qui donnent trop souvent l'impression que le système marche sur la tête.
-Des manques de moyens.
- Etc., etc., etc.

Cependant, à mes yeux, enseigner est LE PLUS BEAU METIER DU MONDE :
Avoir la chance de :
-se rendre utile pour tenter d'accompagner au mieux les élèves en leur offrant notre bienveillance, notre exigence, nos encouragements, nos conseils, notre savoir, notre écoute, etc.
-lutter comme on le peut contre le déterminisme social très fort dans de nombreux établissements situés par exemple, en zone très rurale où 80% des élèves sont issus d'une CSP très défavorisée (c'est le cas de mon établissement qui se trouve à 650 km de chez moi... dur dur mais bon !).
-avoir un métier tout de même confortable dans le sens où l'on travaille au chaud, où l'on a des vacances ce qui est toujours appréciable, un salaire à mes yeux décent (c'est mon avis, on peut ne pas le partager, je comprends parfaitement) surtout par rapport au fait que l'on a des vacances dont deux mois l'été, ce qui est rare dans notre société... (j'ai travaillé des années dans le privé, c'était autre chose... et cette expérience m'aide sans doute à avoir un autre regard sur le métier).
-Voir des élèves qui s'intéressent de plus en plus à ce qu'on leur propose, les voir progresser, prendre du plaisir à apprendre (bien sûr, cela ne se fait pas en une semaine, c'est long de gagner leur confiance et leur intérêt mais c'est possible quand on ne lâche rien )
-Etc., etc.

En résumé, je pense sincèrement qu'être prof c'est EXERCER LE PLUS BEAU METIER DU MONDE (je tiens à le dire une seconde fois !) mais à une condition...

== A condition que ce soit un vrai choix, que ce soit une envie profonde animée par des convictions fortes, une volonté d'être là pour tous ces jeunes qui au fond ont envie d'apprendre même s'ils savent parfois vraiment très (trop) bien le cacher !! Homo sapiens aime apprendre mais enseigner ne consiste pas qu'à transmettre des notions, enseigner c'est offrir la possibilité aux élèves de donner du sens à ces notions, c'est être exigeant tout en les mettant en posture de réussite, c'est ne pas oublier qu'ils ont du potentiel même si on a l'impression que certains se fichent de leur scolarité ... Je ne crois pas en cela, quand on creuse on se rend souvent compte que ce n'est pas le cas...

J'aurais tant de choses à dire car je suis souvent interpellée par des discours pessimistes, négatifs, dans plusieurs établissements où j'ai enseigné. Et je le comprends car ces ressentis sont légitimes mais en même temps, l'école idéale n'existe pas. Cependant, je crois personnellement que l'on peut faire beaucoup avec peu... Le plus important à mes yeux c'est l'envie, c'est le fait de faire le choix véritable et profond d'enseigner car on sent qu'on a quelque chose à donner, une passion (la littérature pour ma part) à transmettre, non pas pour faire de chaque élève de futurs poètes mais pour leur redonner un peu confiance en eux, en autrui, en leurs capacités parfois étonnamment masquées par leur apparente désinvolture ou autres...

Ce n'est que mon point de vue (trop résumé à mon goût car j'aurais encore tant à dire) et je tiens à souligner que je comprends aussi que certains profs expriment soit une souffrance liée au travail, soit du découragement ou tout autre ressenti difficile. C'est vrai que le système n'est pas idéal (c'est rien de le dire) mais personnellement j'aime mon métier et l'enthousiasme est très communicatif vis-à-vis des élèves qui sont sensibles au fait d'avoir en face d'eux des profs désireux d'être là envers et contre tout. Ils sont jeunes, parfois peu soutenus voire pas du tout, ils sont fragiles même quand ils font les petits caïds... Ils ont besoin qu'on leur donne notre énergie, notre volonté et en général ils le rendent bien. Le prof a encore des tonnes de missions à accomplir, rien ne nous enlèvera cela et nous avons beaucoup de choses entre nos mains (savoir, volonté, énergie, enthousiasme, confiance, passion, ...). C'est une chance que de pouvoir modestement contribuer à l'avancée de certains jeunes que l'on aura eus dans nos classes... Toute victoire aussi modeste soit elle est précieuse car la jeunesse a besoin d'être accompagnée. C'est une génération qui n'a pas toujours le goût de l'effort mais tout s'apprend, heureusement !

Pour finir, je trouve aussi qu'être prof c'est accepter l'idée qu'il faut SEMER ENORMEMENT POUR RECOLTER PEU... Mais tous ces petits "peu" sont toujours une belle victoire sur le déterminisme social dévorant qui peut être combattu sans relâche, avec courage (avec le cœur)...

En espérant que vous êtes nombreux aussi à constater les aspects négatifs et très inconfortables du métier sans pour autant fermer les yeux sur les vertus de ce sacerdoce qui peut être une source d'épanouissement quand il n'est pas subi.

Bonne continuation à vous tous.

Tant d'enthousiasme, de plus en majuscules, me laisse
Par ailleurs, les mots "bienveillance", "sacerdoce", le fait de lire que les élèves "s'intéressent de plus en plus à ce qu'on leur propose"... sont pour moi inaudibles. Je ne veux tout simplement plus les entendre car ils sont corrélés à des discours béats - et officiels- sur le plaisir d'enseigner à des petits anges qui n'attendraient que nous pour apprendre, nous qui serions nimbés de l'auréole de la divine mission de l'Education.
Merci, mais non.
Ps: si tu veux bien fournir des exemples et expliquer quelle(s) matière(s) tu enseignes, à des élèves de quel niveau, etc, je pourrai me convaincre trente secondes que ton message n'est pas au mieux, un condensé le lieux communs réchauffés aux rayons d'un optimisme inquiétant , au pire de la propagande.

C'est bien payé de travailler pour le ministère?

Je dis cela amicalement car si pour motiver des candidatures tu n'a rien trouvé d'autre que ce tissu de banalités réchauffées, tu risque bien vite de te retrouver au chômage...

Blue Horizon a écrit:

En espérant que vous êtes nombreux aussi à constater les aspects négatifs et très inconfortables du métier sans pour autant fermer les yeux sur les vertus de ce sacerdoce qui peut être une source d'épanouissement quand il n'est pas subi.

Je laisse le sacerdoce aux curés.

Et sinon...

Certains se demandaient comment on pouvait voter pour le sgen ou l'unsa, voila la réponse.

ça m'a l'air d'être de la très bonne!

C'est un extrait de l'album pour enfant "Martine, (enfin) adulte, devient enseignante"???

Dans un autre genre je n'arrive pas à copier/coller la photo du film "Le plus beau métier du monde" avec Depardieu, ce n'est pourtant pas l'envie qui m'en manque!

Dans les inconvénients, tu oublies le principal devoir subir des discours comme les tiens il n'y a que chez nous que cela existe...

zigmag17 a écrit: Dans un autre genre je n'arrive pas à copier/coller la photo du film "Le plus beau métier du monde" avec Depardieu, ce n'est pourtant pas l'envie qui m'en manque!

Celle où ils échangent les anxiolytiques...ou celle de l’élève qui fait un bras d'honneur?

En fait, tout le film!!!!

A chaque fois qu'un message de ce genre surgit, je me demande depuis quand le posteur enseigne, parce qu'il s'en dégage vraiment toute la naïveté du débutant (pour ne pas écrire autre chose de plus désobligeant).

Marxou a écrit:ça m'a l'air d'être de la très bonne!

C'est un extrait de l'album pour enfant "Martine,  (enfin) adulte, devient enseignante"???

Excellent!!! J'attends le "Martine se fait inspecter", pour rire!

Je suis surpris par vos réactions quant au message de blue horizon. Notre collègue adore son travail et c'est tant mieux. Rien ne sert de jouer les blasés. Je préfère un prof passionné à un prof jamais content.
Vois avez le droit de détester votre travail, il/elle a le droit de l'adorer. Pas besoin de l'accuser de troller ou d'être l'idiot utile. Liberté d'expression hein.

Je focalise sur un mot SACERDOCE.... Mon cde a lui aussi employé ce mot .... suivi de la phrase suivante "on ne fait pas ce métier pour l'argent mais pour le sens du devoir du sacrifice..."
Tous ces mots à connotation religieuse....

Une passante a écrit:A chaque fois qu'un message de ce genre surgit, je me demande depuis quand le posteur enseigne, parce qu'il s'en dégage vraiment toute la naïveté du débutant (pour ne pas écrire autre chose de plus désobligeant).

A en croire un message qu'elle a posté avant l'été, c'est effectivement une débutante.

zigmag17 a écrit:En fait, tout le film!!!!

Ah parce que quand il fait le bras d'honneur moi je vois des étoiles dans ses yeux....

Pofekko a écrit:Je suis surpris par vos réactions quant au message de blue horizon. Notre collègue adore son travail et c'est tant mieux. Rien ne sert de jouer les blasés. Je préfère un prof passionné à un prof jamais content.
Vois avez le droit de détester votre travail, il/elle a le droit de l'adorer. Pas besoin de l'accuser de troller ou d'être l'idiot utile. Liberté d'expression hein.

Des assertions mâtinées d'expressions que chérit notre ministre, versus une réflexion basée sur une expérience personnelle: ce n'est pas la même chose. Nous sommes en droit de nous poser quelques questions.
Pour ma part, je voudrais vraiment avoir une réponse à ma précédente question: élèves? Niveaux? Types d'établissement? Matière(s)? Etc. Pour me faire un idée un peu plus objective du discours tenu.
Et aussi: entre "détester" et adorer" son travail il y a des nuances, dont une qui s'appelle certainement "être confrontés à un certain terrain" (le quotidien de notre profession). Ne mélangeons pas tout.

Pofekko a écrit:Je suis surpris par vos réactions quant au message de blue horizon. Notre collègue adore son travail et c'est tant mieux. Rien ne sert de jouer les blasés. Je préfère un prof passionné à un prof jamais content.
Vois avez le droit de détester votre travail, il/elle a le droit de l'adorer. Pas besoin de l'accuser de troller ou d'être l'idiot utile. Liberté d'expression hein.

Bien sûr, mais quand je lis "cette expérience m'aide sans doute à avoir un autre regard sur le métier" ou "c'est possible quand on ne lâche rien", je trouve que l'intolérance n'est pas forcément du côté que l'on croit...
Mon expérience en tant que prof depuis des années m'aide sûrement à avoir un autre regard sur le métier, parce qu'il est usant, précisément et décevant aussi.
Et moi j'affirme que c'est impossible, parfois ou souvent, selon l'endroit où tu te trouves, même quand on ne lâche rien.

Pofekko a écrit:Je suis surpris par vos réactions quant au message de blue horizon. Notre collègue adore son travail et c'est tant mieux. Rien ne sert de jouer les blasés. Je préfère un prof passionné à un prof jamais content.
Vois avez le droit de détester votre travail, il/elle a le droit de l'adorer. Pas besoin de l'accuser de troller ou d'être l'idiot utile. Liberté d'expression hein.

Personne ne l’empêche de parler et tu ne nous empêcheras pas de le faire, liberté d'expression ne veut pas dire approbation, faut-il le rappeler.

L'établissement où l'on exerce ainsi que les classes ont un fort impact sur notre qualité de vie. J'ai enseigné dans un lycée surnommé le caniveau et j'avoue avoir connu des périodes de découragement. Aujourd'hui, mon établissement est plus facile que le précédent et j'ai du plaisir à enseigner (bien plus qu'avant). Blue horizon est peut être dans un établissement calme?

Désolée Pofekko, mais quand je vois le plaisir de les faire progresser, j'ai des doutes. Cela existe sans doute chez les PE et pour certains élèves qui me regardent comme si je les avais sauvés. Mais c'est rare. J'ai lu aussi le reste. J'ai aussi des doutes.
40 ans que j'exerce et si les premières années et encore il y a 10 ans, un peu , beaucoup moins et de moins en moins, j'ai pu les aider, ce n'est plus tellement le cas. Chaque année, je colmate sans grand espoir et la collègue après fera comme moi et mes collègues dans les mêmes classes font de même. L'école de la bienveillance "m'a tuer". La bienveillance que l'on DOIT aux familles mais que la hiérarchie ou encore ces mêmes familles ne nous doivent pas. Cette bienveillance qui en fait n'en est pas car j'ai le sentiment de mal traiter mes élèves, de mal les traiter car je leur donne des choses impossibles à faire au vu du tout petit niveau qu'ils ont et la charette de manques avec lesquels ils arrivent. Je les maltraite car je leur fais croire qu'ils ont un bon niveau, un niveau moyen ( je note sur 22 voire 23 pour une note sur 20, je mets une note de participation, etc....) puisque c'est ainsi qu'il faut faire pour qu'ils dégagent du système au plus vite et surtout avec un papier que l'on appelle un diplôme. Oh , j'en ai encore quelques uns qui font briller mes yeux, mais à quel prix! Je précise, je suis en LEP et bientôt la fin de cette mascarade.

"Sacerdoce", tout est dit.

Je en suis pas bonne sœur.

Dans quel autre métier te sentirais-tu voué à parler de "sacerdoce épanouissant" ?

Boucher-charcutier je dirais

(Et cette fois c'est "Delicatessen" qui me vient à l'esprit)