Re: Voyage scolaire, catastrophe de dernière minute...

Solovieï a écrit:Une collègue d'anglais a organisé l'an passé un voyage à Malte. Tout s'est génialement passé. Ils ont l'habitude de recevoir (tu m'étonnes...), les élèves n'ont jamais autant pratiqué de leur vie et tout le monde était ravi, sauf les inévitables Jean-Matéo allergiques à la glace à la fraise (mais pourquoi en a-t-il mangé, alors ?) ou les Staissie-Charlotte en crise d'angoisse parkinsonnienne à cause du téléphone interdit.

Tout comme il n'y a pas qu'en France qu'on parle français, il n'y a pas qu'au Royaume-Uni qu'on parle anglais.

Pour ma part, mon avis sur le sujet est radical : j'estime que l'école n'est pas une agence de voyages, ce n'est pas notre rôle (je dis "notre", car bien souvent une bonne part de la logistique retombe sur les épaules du professeur) que d'organiser des sorties ou des voyages, d'autant plus que les contraintes et revendications sont devenues excessives.

Quand des parents me sollicitent sur ce point, je leur réponds parfois sèchement : "Pourquoi ne pas emmener vous-même votre fils au musée, au salon du livre, en voyage, etc. ?"
S'ils n'ont pas le temps, il existe des voyages organisés pour les jeunes, des séjours de vacances, etc.

Je sais bien les arguments en faveur des voyages et sorties : lutter contre les déterminismes, ouvrir des fenêtres, etc. mais à mon sens on bascule ici dans une forme de militantisme, et je n'ai pas l'âme militante pour un sou.

J'enseigne la littérature, l'écriture, la pratique littéraire. Il est vrai que je défends une pratique littéraire ancrée dans le réel, dans l'expérience, par ailleurs accessible à tout un chacun. C'est pourquoi je suis attaché à faire sortir la littérature de la classe : projets, ateliers, spectacles, créations, concours, etc. Cela je l'apprécie et le défends. Mais pour les sorties et surtout les voyages, je ne suis pas d'accord. L'école ne peut se substituer à tout.

Tout à fait d'accord. On ne peut pas lutter contre le déterminisme social avec un seul voyage. Mieux vaut apprendre à lire et à écrire.

Pas contre le déterminisme social peut-être mais pour la culture de l'individu certainement.

Oui, mais la culture doit se trouver dans les livres. Le voyage n'est qu'un complément, sinon, on ne comprend pas ce qu'on voit.

J'en ai passé des heures et des heures à organiser des voyages de A à Z, puis à les faire avec un réveil à 4h00 du matin et un retour après minuit. Le plus souvent en mai en perdant un jour férié.

C'était il y a 15 ans. J'étais encore jeune, et "j'y croyais encore". Jamais eu aucun merci venant de l'équipe de direction ou des parents d'ailleurs. Des râleries a posteriori ou avant ou pendant, oui.

J'étais content et (un peu vainement) fier de montrer à mes élèves que je n'étais pas -que- un professeur d'anglais dans une salle de classe, mais que j'étais aussi passionné par (ici) Londres... J'étais heureux de partir quelques jours avec mes collègues géniales.

Je garde de ces années et voyages à l'étranger de bons souvenirs, des petits moments magiques, et oui, le fait d'avoir fait découvrir à des parfaits petits campagnards la Tate Modern, le Tube...

Je ne le referais plus maintenant. Trop "vieux", élèves différents, trop abîmé par les ministres qui sont passés depuis, trop de colère en moi contre les politiques et le mépris avec lequel nous sommes traités.

Tant pis pour les élèves. Maintenant, JE me préserve.

Ianna a écrit:Oui, mais la culture doit se trouver dans les livres. Le voyage n'est qu'un complément, sinon, on ne comprend pas ce qu'on voit.

Parler anglais avec une famille hôtesse, un commerçant ou un passant dans une rue en Grande-Bretagne ou en Irlande ça ne se trouve pas dans les livres.

Mais si vous ne voulez pas faire de voyage n'en faites pas. Inutile de vous justifier, c'est votre problème à vous. Les voyages c'est super pour les élèves, c'est utile et c'est une belle expérience pour les profs qui ont choisi d'en faire. Oui, c'est du boulot, mais on en retire suffisamment de gratifications pour ne pas se sentir sacrifiés ou exploités. C'est un arbitrage, comme tant d'autres dans l'éducation. J'adore les voyages, certains stages de théâtres et de cinéma, certains projets, mais je n'oblige personne à faire comme moi. Par contre je refuse désormais d'être professeur principal ou les heures supplémentaires.

Clecle78 a écrit:Mais si vous ne voulez pas faire de voyage n'en faites pas. Inutile de vous justifier, c'est votre problème à vous. Les voyages c'est super pour les élèves, c'est utile et c'est une belle expérience pour les profs qui ont choisi d'en faire. Oui, c'est du boulot, mais on en retire suffisamment de gratifications pour ne pas se sentir sacrifiés ou exploités. C'est un arbitrage, comme tant d'autres dans l'éducation. J'adore les voyages, certains stages de théâtres et de cinéma, certains projets mais je n'oblige personne à faire comme moi. Par contre je refuse désormais d'être professeur principal ou les heures supplémentaires.

J'aurais pu écrire exactement le même message.

Clecle78 a écrit:Mais si vous ne voulez pas faire de voyage n'en faites pas. Inutile de vous justifier, c'est votre problème à vous. Les voyages c'est super pour les élèves, c'est utile et c'est une belle expérience pour les profs qui ont choisi d'en faire. Oui, c'est du boulot, mais on en retire suffisamment de gratifications pour ne pas se sentir sacrifiés ou exploités. C'est un arbitrage, comme tant d'autres dans l'éducation. J'adore les voyages, certains stages de théâtres et de cinéma, certains projets mais je n'oblige personne à faire comme moi. Par contre je refuse désormais d'être professeur principal ou les heures supplémentaires.

Bonsoir Clecle, je suis tout à fait d'accord avec ton message. Le mien, plus haut, disait pourquoi je ne voulais plus en faire. C'est un chouïa différent.

Oui, je comprends parfaitement. De toutes façons il y a bien assez de candidats à ces voyages pour ne pas aller ennuyer ceux qui ne souhaitent pas partir.

Je suis d'accord avec vous @Clecle78 et @Panta Rhei. Elève j'avais participé à des voyages scolaires et j'avais adoré ça, mais je crois pas qu'on avait été trop relou, ni nos parents, pendant, avant ou après (on avait tous adoré, vraiment). En tant que prof, j'ai accompagné les mobilités Erasmus, et franchement c'est beaucoup de travail, et les parents qui ne nous disent pas un merci ni même daignent nous dire bonjour quand on leur ramène leurs gamins un vendredi soir à 23h devant le lycée, et qu'on a attendu les dit parents dans le froid (mi décembre) 25 minutes (alors que l'heure d'arrivée était prévue depuis le début), voire nous engueulent... Et les élèves aussi infects avant ou après le voyage... J'accompagne encore les collègues qui me le demandent en sortie et parfois en voyage (parce que j'ai pas de contraintes familiales / personnelles et que ça me sort -moi aussi j'en ai grand besoin- de la classe), mais je n'organise rien... D'ailleurs la semaine prochaine j'ai une sortie organisée, imposée et obligatoire avec une classe de terrible, une sortie, même pas un voyage, et j'appréhende déjà le tout tellement c'est la classe de la mort...

J'aimerais bien savoir avec quels voyagistes vous deviez partir.
Nous revenons de Rome avec VEFE, il a fallu batailler ferme pour tout organiser (c'est nous qui avons trouvé le bus, visites annulées), mais nous n'avons pas eu de problème de familles d'accueil.

Il me semble que ma collègue d'italien est partie à Rome avec Place voyages, comme celles d'espagnol, et tout c'est toujours bien passé. En anglais nous préferons PGTrips qui s'occupe également du bus, des visites et des familles d'accueil, y compris une année où les ferries étaient en grève à Douvres et qu'il avait fallu trouver des familles d'accueil en urgence pour le soir même, car il était impossible de rentrer en France. En cas d'annulation de visite (en raison de mauvais temps par exemple) ou de problème avec les familles, il ont un correspondant local chargé de trouver une solution de remplacement.

VGEL pour nous et nous avons été satisfaits. Pas trop chers et très à l'écoute.

Chez nous ça passe par l'intendance donc nous n'avons plus aucun droit de regard sur l'organisme ou le transporteur.

C'est étrange : mon intendant fait un appel d'offre, certes, mais choisit ensuite avec nous le voyagiste (et pas forcément le moins cher, cela dépend des prestations sur place).

Oui nous aussi si plusieurs voyagistes répondent, les collègues choisissent avec le gestionnaire.

Stered a écrit:C'est étrange : mon intendant fait un appel d'offre, certes, mais choisit ensuite avec nous le voyagiste (et pas forcément le moins cher, cela dépend des prestations sur place).

Spoiler:

ce n'est pas étrange c'est la règle des appels d'offres
On y fixe les règles de choix du fournisseur en amont ;puis on choisit parmi les propositions et ce n'est pas forcément le moins disant qui est retenu.
Souvent les critères retiennent le mieux disant cad celui qui offre les meilleures prestations au meilleur prix.

Stered a écrit:C'est étrange : mon intendant fait un appel d'offre, certes, mais choisit ensuite avec nous le voyagiste (et pas forcément le moins cher, cela dépend des prestations sur place).

Je ne sais pas si c'est étrange mais c'est ce qu'on nous impose depuis plusieurs années (très gros établissement avec de nombreux voyages et sorties tout au long de l'année). Nous rédigeons des fiches très détaillées sur ce que nous souhaitons avant de les communiquer à l'intendance.

Oui mais ça n'empêche pas d'être consulté pour le choix tout de même ! Évidemment le chef et l'intendant ont le dernier mot mais on en discute auparavant.

Clecle78 a écrit:Oui mais ça n'empêche pas d'être consulté pour le choix tout de même ! Évidemment le chef et l'intendant ont le dernier mot mais on en discute auparavant.

Le dernier voyage que j'ai organisé remonte à quelques années donc je ne me souviens plus exactement comment ça s'était passé, mais notre droit de veto était très limité.

Je pense que ça dépend du chef et de l'intendant. Ici, vraiment,on a comparé les devis. On a choisi l'organisme local que connaissait bien notre intendante mais on nous a quand même demandé ce qu'on en pensait.

Clecle78 a écrit:Je pense que ça dépend du chef et de l'intendant. Ici vraiment bon a comparé les devis. On a choisi l'organisme local que connaissait bien notre intendante mais on nous a quand même demandé ce qu'on en pensait.

Oui, nous avions un intendant pas commode et anti-voyages (il est parti à la retraite) et la taille de l'établissement doit jouer (au moins six voyages à l'étranger cette année, sans compter les séjours sportifs ou voyages scolaires en France).

Chez nous une bonne dizaine de voyages et pas moins de 17 dans mon précédent établissement !

Tu dois être dans un très gros établissement, nous ne faisons qu'un voyage à l'étranger par an en raison du coût des places adultes qui revient à l'établissement. Petit établissement (environ 350 élèves), petit budget...

On a près de 1500 élèves et plus de 2000 dans mon précédent lycée

Comme chez nous, ce qui fait qu'il y a toujours des élèves en voyage.