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medea1
Niveau 5

Collège : absence de références culturelles des élèves - Page 6 Empty Re: Collège : absence de références culturelles des élèves

par medea1 Lun 11 Fév 2013 - 23:12
Artémise a écrit:Cela dit j'avais été assez consternée par ce que j'entendais des camarades agrégatifs de lettres qu'on croisait souvent, nous les agrégatifs d'histoire, pour de sombres raisons d'emploi du temps et de libération des salles. J'ai découvert avec ahurissement qu'on pouvait prétendre passer le capes de lettres classiques en ignorant à peu près tout des grands classiques (du genre Montaigne, Corneille, Racine, Saint-Simon ou même Molière, "c'est vraiment trop chiant") qui n'étaient que très vaguement connus par une malheureuse anthologie.

Je veux bien que le stress du concours et la fatigue amènent à une certaine détestation temporaire de la matière en question, mais j'en croise encore régulièrement, des spécimens qui ont eu les concours ou sont en train de les passer, et ne cachent pas ne lire que de la science-fiction de base, Harry Potter et Fifty Shades of Grey. J'ai des copines, charmantes par ailleurs, prof de lettres, qui fonctionnent ainsi.

Dans pas mal de soirées pleines de profs, il est rarement possible d'échanger sur la littérature ou sur autre chose que le dernier machin hollywoodien, sous peine de passer pour le rabat-joie, l'intello pisse-vinaigre.

Alors bien sûr on n'est pas obligé de ne lire QUE des auteurs classiques dans le texte, bien sûr qu'on peut aussi aimer les grosses machines hollywoodiennes... mais quand il n'y a QUE cela, on est en droit de se poser des questions.

je confirme. N'étant pas du tout du milieu (profs), en arrivant c'est ce qui m'a le plus frappée.
Isidoria
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par Isidoria Lun 11 Fév 2013 - 23:18
A un autre niveau, mes élèves d'ici ne connaissent pas l'Equateur, par contre, ils connaissent Miami, la Colombie, et parfois l'Europe (surtout H&M)...
Mais en même temps ils sont hyper nationalistes: par exemple on travaillait sur la peine de mort, des petits groupes étaient en charge d'une thématique, et un se retrouve avec "la peine de mort en Equateur". Ils étaient très embêtés car il n'y a jamais eu la peine de mort en Equateur... parce qu'avant ça s'appelait la grande Colombie!

Je suis quand même aussi très surprise par l'absence de volonté de chercher ou de creuser des élèves (et ils sont issus de milieux très favorisés). Les Terminales ne savaient pas qu'au CDI il y avait des études sur les œuvres, les courants,... Les Secondes ne savaient pas qu'existait un dictionnaire des noms propres! En TPE, quand nous avons mis entre les mains d'un groupe qui travaillait sur Noël la Bible, ouverte au bon endroit, ils ont répondu "oh mais c'est gros, et c'est écrit tout petit".
Je me demande quand même si nous ne provoquons pas un peu ça, nous enseignants, en leur mâchant le travail? (c'est juste une question, je ne veux pas me faire lyncher...)
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User5899
Demi-dieu

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par User5899 Lun 11 Fév 2013 - 23:32
Artémise a écrit:Cela dit j'avais été assez consternée par ce que j'entendais des camarades agrégatifs de lettres qu'on croisait souvent, nous les agrégatifs d'histoire, pour de sombres raisons d'emploi du temps et de libération des salles. J'ai découvert avec ahurissement qu'on pouvait prétendre passer le capes de lettres classiques en ignorant à peu près tout des grands classiques (du genre Montaigne, Corneille, Racine, Saint-Simon ou même Molière, "c'est vraiment trop chiant") qui n'étaient que très vaguement connus par une malheureuse anthologie.

Je veux bien que le stress du concours et la fatigue amènent à une certaine détestation temporaire de la matière en question, mais j'en croise encore régulièrement, des spécimens qui ont eu les concours ou sont en train de les passer, et ne cachent pas ne lire que de la science-fiction de base, Harry Potter et Fifty Shades of Grey. J'ai des copines, charmantes par ailleurs, prof de lettres, qui fonctionnent ainsi.

Dans pas mal de soirées pleines de profs, il est rarement possible d'échanger sur la littérature ou sur autre chose que le dernier machin hollywoodien, sous peine de passer pour le rabat-joie, l'intello pisse-vinaigre.

Alors bien sûr on n'est pas obligé de ne lire QUE des auteurs classiques dans le texte, bien sûr qu'on peut aussi aimer les grosses machines hollywoodiennes... mais quand il n'y a QUE cela, on est en droit de se poser des questions.
Je ne parle littérature et musique qu'avec mes trois collègues d'histoire, titulaires de longue date eux aussi. Certains de mes collègues de lettres sont très cultivés sur un auteur célébrissime, Hélène Sabbah, et connaissent THE site culturel qui déchire sa race, Weblettres... C'est vous dire le bain culturel quand on reprend un Club des cinq le soir Rolling Eyes
Clarinette
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par Clarinette Lun 11 Fév 2013 - 23:33
Artémise a écrit:Cela dit j'avais été assez consternée par ce que j'entendais des camarades agrégatifs de lettres qu'on croisait souvent, nous les agrégatifs d'histoire, pour de sombres raisons d'emploi du temps et de libération des salles. J'ai découvert avec ahurissement qu'on pouvait prétendre passer le capes de lettres classiques en ignorant à peu près tout des grands classiques (du genre Montaigne, Corneille, Racine, Saint-Simon ou même Molière, "c'est vraiment trop chiant") qui n'étaient que très vaguement connus par une malheureuse anthologie.

Je veux bien que le stress du concours et la fatigue amènent à une certaine détestation temporaire de la matière en question, mais j'en croise encore régulièrement, des spécimens qui ont eu les concours ou sont en train de les passer, et ne cachent pas ne lire que de la science-fiction de base, Harry Potter et Fifty Shades of Grey. J'ai des copines, charmantes par ailleurs, prof de lettres, qui fonctionnent ainsi.

Dans pas mal de soirées pleines de profs, il est rarement possible d'échanger sur la littérature ou sur autre chose que le dernier machin hollywoodien, sous peine de passer pour le rabat-joie, l'intello pisse-vinaigre.

Alors bien sûr on n'est pas obligé de ne lire QUE des auteurs classiques dans le texte, bien sûr qu'on peut aussi aimer les grosses machines hollywoodiennes... mais quand il n'y a QUE cela, on est en droit de se poser des questions.
Malheureusement bien d'accord avec toi.

Tes propos me rappellent deux anecdotes : une copine certifiée d'anglais avec qui j'ai fait une partie de mes études me confiait il y a fort longtemps : "Je passerais bien l'agreg, mais rien que l'idée de lire plusieurs classiques, et en anglais, en plus, ça m'épuise !" :shock: :shock: :shock:

D'autre part, mes collègues sont manifestement collés soir après soir à leur téléviseur et en ce moment, il y a je ne sais quelle émission de radio-crochet ou équivalent, qui monopolise les conversations en salle des maîtres... Ouais, je dois être une intello chiante... No

Pour finir et en revenir à la culture de nos ados, j'étais une ado bien plus cultivée que la moyenne, venant d'une famille de médecins férus de littérature et de grande musique, donc je ne devais pas cette culture à mon mérite personnel, quoi qu'un peu quand même, car dévoreuse de bouquins, mais bref. Ce que je veux dire, c'est que pour nos élèves n'ayant pas la chance d'avoir été nourris intellectuellement par leurs parents, nous sommes les derniers remparts contre l'ignorance : c'est pour cette raison que je me refuse à étudier des œuvres de "littérature de jeunesse", que je fais écouter de la belle musique à mes élèves, que je les emmène au musée, qu'ils apprennent des poèmes de Hugo et Gautier, etc.
Bartleby
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par Bartleby Lun 11 Fév 2013 - 23:53
Artémise a écrit:

Dans pas mal de soirées pleines de profs, il est rarement possible d'échanger sur la littérature ou sur autre chose que le dernier machin hollywoodien, sous peine de passer pour le rabat-joie, l'intello pisse-vinaigre.

Il y a effectivement des soirées à fuir, mais heureusement j'ai appris à les éviter.... Quant à l'intello pisse-vinaigre, le côté rabat-joie sous prétexte qu'on parle littérature, je ne comprends même pas : avec mes amis, ces discussions-là sont précieuses, et on rigole bien en plus ! Il faut dire que je ne fréquente que des gens qui n'ont pas la télé (je ne fais pas exprès, c'est comme ça !)

Artémise, ce que tu écris à propos des nanas charmantes qui enseignent le Français (ou se préparent à le faire) et qui trouvent les classiques ch****, ça me consterne ! Dire que je vais en croiser des comme ça en salle des profs !!!!! Pour l'instant, je n'ai pas eu l'impression de rencontrer ce genre de spécimens, mais ça fait carrément peur !
Carabas
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par Carabas Mar 12 Fév 2013 - 0:02
Je passe pour une chieuse pédante parce que j'ose dire que j'aime traîner dans les musées et les expos. Pourtant, je ne me la joue pas : "avez-vous fait l'expo Dali, très chère? Nooon? Cela est fort dommâââge!"...

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User5899
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par User5899 Mar 12 Fév 2013 - 1:02
Faut s'y faire... Kevin et Thyphanye veulent la sécurité de l'emploi et ont réussi le Capes Suspect
philann
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par philann Mar 12 Fév 2013 - 6:58
Cripure a écrit:Faut s'y faire... Kevin et Thyphanye veulent la sécurité de l'emploi et ont réussi le Capes Suspect
C est exactement ça !! Mais ce qui me fait peur c est que Typhanye et Kevin ont quasiment mon âge et que je me rappelle l'étude de classiques au collège dans bahut ZEP... Ils ont dû avoir la même chose + les cours de fac...
Et le résultat final est... :shock:
Li-Li
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par Li-Li Mar 12 Fév 2013 - 7:12
Et oui, quand même les collègues vous disent "Ah tu fais Corneille, et Shakespeare, mais c'est chiant!!" faut pas de demander pourquoi les parents hurlent de voir leurs enfants lire ça, et les enfants....n'en parlons pas.
Reine Margot
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par Reine Margot Mar 12 Fév 2013 - 7:17
Johnny Guitar a écrit:J'irai un peu plus loin. Dans certaines salles de profs, ouvrir un livre est désormais perçu comme une marque de pédanterie insupportable. Je dis "pédanterie", mais je ne suis pas sûr que le mot ne donne pas lieu à contresens, et j'entends plutôt des remarques à la limite du "ouah l'autre comment il s'la joue, l'intello...". Certains collègues de français, sortis des Voltaire, Hugo, Maupassant, ne connaissent pas les grands auteurs contemporains, et s'en portent très bien. Un prof de musique est incapable de situer à quel siècle a vécu Mozart. D'autres, en histoire, ne prennent pas la peine de se tenir un tout petit peu au courant de l'actualité de l'historiographie (ne serait-ce qu'un Doc photo de temps en temps). Un peu comme si, une fois le concours en poche, un poids leur avait été enlevé, celui d'approfondir une discipline. Par contre les projets fumeux, les animations et les cochages de grilles...


une collègue d'anglais ne savait pas qui était Marivaux... :shock:

_________________
Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
Clarinette
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par Clarinette Mar 12 Fév 2013 - 7:39
Reine Margot a écrit:
Johnny Guitar a écrit:J'irai un peu plus loin. Dans certaines salles de profs, ouvrir un livre est désormais perçu comme une marque de pédanterie insupportable. Je dis "pédanterie", mais je ne suis pas sûr que le mot ne donne pas lieu à contresens, et j'entends plutôt des remarques à la limite du "ouah l'autre comment il s'la joue, l'intello...". Certains collègues de français, sortis des Voltaire, Hugo, Maupassant, ne connaissent pas les grands auteurs contemporains, et s'en portent très bien. Un prof de musique est incapable de situer à quel siècle a vécu Mozart. D'autres, en histoire, ne prennent pas la peine de se tenir un tout petit peu au courant de l'actualité de l'historiographie (ne serait-ce qu'un Doc photo de temps en temps). Un peu comme si, une fois le concours en poche, un poids leur avait été enlevé, celui d'approfondir une discipline. Par contre les projets fumeux, les animations et les cochages de grilles...


une collègue d'anglais ne savait pas qui était Marivaux... :shock:
Et Shaquespéhare, elle connaît ? Razz
JPhMM
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par JPhMM Mar 12 Fév 2013 - 7:43
Moins bien que Zadig & Voltaire.

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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke

Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
Clarinette
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par Clarinette Mar 12 Fév 2013 - 7:48
JPhMM a écrit:Moins bien que Zadig & Voltaire.
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User5899
Demi-dieu

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par User5899 Mar 12 Fév 2013 - 9:11
david79000 a écrit:Je reviens sur ce sujet.

Honnetemment, aujourd'hui, combien d'élèves consacrent un peu de leur temps à la lecture, ne serais-ce que de magazines sur l'actualité, sur les sujets importants de la société ?

Il est certain que les écrans jouent un rôle néfaste sur l'envie d'apprendre et de connaître le monde autour de soi.

Mais, les élèves ne sont que le reflet de la société que la société de consommation a voulu construire. Il n'y a plus ce lien inter-generationelle qui existait auparavant.
D'ailleurs, c'est un des traits de "nos" jeunes : le suivisme de la société adulte.
harry james
harry james
Neoprof expérimenté

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par harry james Mar 12 Fév 2013 - 10:04
Je ne suis pas d'un naturel optimiste mais s'agissant de la lecture, si j'observe mes 6èmes par exemple, je constate qu'ils lisent bien plus que moi à leur age.
Bien entendu, il s'agit de littérature jeunesse (non je ne tiens pas à relancer le sujet :lol: ) mais c'est de la lecture.
Bien sûr, ce n'est peut-être qu'une impression trompeuse.
Et je ne vous parle pas des bons élèves qui, dans un défi lecture, ont lu les 6 livres proposés alors que la classe n'a pas fini le premier!

_________________
Merdre lachez tout! Partez sur les routes!


Out of sorrow entire worlds have been built
Out of longing great wonders have been willed
[...]
Outside my window, the world has gone to war
Are you the one that I've been waiting for?
Mousse
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par Mousse Mar 12 Fév 2013 - 10:20
C'est quoi la culture, lire les grands classiques de la littérature? écouter la musique classique? C'est quand même très élitiste. Connaître le nom des arbres, des plantes, les oiseaux.......savoir fabriquer quelque-chose avec ses mains, est ce que ce n'est pas une forme de culture?
Lorsque j'étais au collège, au lycée, lire était considéré comme ne rien faire par mes parents. Je me cachais pour lire. Nous étions à la campagne, dans un tout petit village, loin de tout. Dans une ferme, il y avait beaucoup de travail,donc lire était considéré comme ne rien faire! Nous étions 4 enfants et nous avons tous fait des études supérieures. Alors quand je lis que si on n'a pas eu un minimum de culture avant le lycée c'était trop tard; c'est grave ces propos!
Est ce que vous savez d'où viennent vos élèves? On t ils le choix d'être autrement? Peut être que pour eux vous représentez un monde inaccessible. Je me souviens d'avoir été humiliée par un prof d'histoire géo car je ne savais pas situer des pays sur une carte. La honte! mais finalement avec du recul ce n'est pas moi qui était nulle mais la prof.
Encore aujourd'hui j'ai honte d'aller dans certains endroits (théâtre...) je ne me sens pas à ma place.

L'école française est élitiste car si les enfants n'ont pas accès à cette culture chez eux et bien ils ont surtout droit à beaucoup de mépris.

Pour les collègues qui ont des enfants, est ce que vous pensez que vos enfants ne sont pas cultivés? Je suis sûre que la grande majorité d'entre vous fait tout ce qu'il faut pour que vos enfants baignent dans la culture.

Mais là où il n'y a pas de livre, là où les mères regardent à longueur de temps des séries tv débiles.....ils font comment les gamins? La culture elle tombe pas du ciel.
dandelion
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par dandelion Mar 12 Fév 2013 - 10:57
Mousse a écrit:C'est quoi la culture, lire les grands classiques de la littérature? écouter la musique classique? C'est quand même très élitiste. Connaître le nom des arbres, des plantes, les oiseaux.......savoir fabriquer quelque-chose avec ses mains, est ce que ce n'est pas une forme de culture?
Lorsque j'étais au collège, au lycée, lire était considéré comme ne rien faire par mes parents. Je me cachais pour lire. Nous étions à la campagne, dans un tout petit village, loin de tout. Dans une ferme, il y avait beaucoup de travail,donc lire était considéré comme ne rien faire! Nous étions 4 enfants et nous avons tous fait des études supérieures. Alors quand je lis que si on n'a pas eu un minimum de culture avant le lycée c'était trop tard; c'est grave ces propos!
Est ce que vous savez d'où viennent vos élèves? On t ils le choix d'être autrement? Peut être que pour eux vous représentez un monde inaccessible. Je me souviens d'avoir été humiliée par un prof d'histoire géo car je ne savais pas situer des pays sur une carte. La honte! mais finalement avec du recul ce n'est pas moi qui était nulle mais la prof.
Encore aujourd'hui j'ai honte d'aller dans certains endroits (théâtre...) je ne me sens pas à ma place.

L'école française est élitiste car si les enfants n'ont pas accès à cette culture chez eux et bien ils ont surtout droit à beaucoup de mépris.

Pour les collègues qui ont des enfants, est ce que vous pensez que vos enfants ne sont pas cultivés? Je suis sûre que la grande majorité d'entre vous fait tout ce qu'il faut pour que vos enfants baignent dans la culture.

Mais là où il n'y a pas de livre, là où les mères regardent à longueur de temps des séries tv débiles.....ils font comment les gamins? La culture elle tombe pas du ciel.
Si j'ai bien compris le sujet, les collègues se plaignent surtout que des personnes supposées détentrices de savoir méprisent la culture et, alors qu'elles en ont la possibilité, ne fassent rien pour l'accroître (oui, quand on est enseignant on doit impérativement se documenter, lire, se maintenir vaguement à niveau). D'évidence, si ma culture de la littérature anglo-saxonne se résumait à ce que j'avais lu à vingt-trois ans, âge auquel j'ai eu l'agrég, ce serait passablement inquiétant (il y a d'autant plus beaucoup de matières qui ont évolué considérablement au cours des quarante dernières années, à défaut d'une formation continue décente, seule notre énergie et notre intégrité nous permettent de nous tenir à jour - pour un enseignant de langue c'est particulièrement difficile car il faut payer ses voyages).
Lire est en effet une activité oisive et ma mère était souvent punie quand on la trouvait en train de lire. C'est vrai que par contre à l'époque les personnes qui obtenaient le baccalauréat avaient une culture générale acceptable grâce à l'école (c'était déjà beaucoup moins vrai quand je l'ai passé et en prépa j'ai eu l'occasion de réfléchir à la distance qui me séparait de camarades issus de milieux plus cultivés ou ayant fait toute leur scolarité dans des établissements prestigieux).
Comme toi, comme beaucoup d'enseignants je viens d'une famille qui n'avait pas les moyens d'aller au théâtre, et je m'y sens toujours un peu intimidée (il y a quelques jours on m'a aussi demandé pourquoi je n'avais pas appris à skier Rolling Eyes ).
Elaïna
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par Elaïna Mar 12 Fév 2013 - 11:40
Mousse, je crois que personne n'a dit que la culture c'était juste la connaissance des classiques et tout le reste de la mouise.

J'ai longtemps été l'intello détestée (enfant de profs) du collège et du lycée. Sans fausse modestie, j'ai été une ado plus cultivée que la moyenne (en grande partie en puisant dans les bouquins de Claude Gagnière dont on parlait l'autre jour). Je me rappelais de mes cours d'histoire du primaire où on faisait de l'histoire bien républicaine, gratuite, laïque et obligatoire, avec des rois fainéants très très vilains et des tas de gentils révolutionnaire, des images d'Epinal en veux-tu en voilà... mais au moins je savais qui étaient Richelieu, Mazarin et Anne d'Autriche, etc... je savais qu'il y avait eu une révolution en France et même la date.

Quand on est enfant de profs de lettres, forcément, on passe de fait plus de temps de vacances dans les musées que chez Mickey. Cela dit je suis loin de n'avoir fait que ça, des musées ! J'ai couru après les marmottes dans les Alpes et grâce au scoutisme, je sais faire tout un tas de trucs amusants : culture ? savoir-faire ? compétence ?

Mon mari n'allait pas au musée au au théâtre quand il était petit, famille friquée mais pas forcément branchée culture classique. Cela n'empêche pas un vrai savoir :allez le brancher sur l'histoire des jeux vidéos, il vous expliquera le pourquoi du comment pendant des heures, il est passionné et passionnant. Il est devenu juriste et a donc, outre des capacités à écrire, une vraie capacité à s'informer, s'adapter, comprendre les enjeux. Il lit d'ailleurs bien plus que moi les journaux. Je considère donc que mon mari, qui n'ouvre quasiment jamais un roman, est quelqu'un de très cultivé mais il est évident que nous n'avons pas la même culture. D'ailleurs, quand nous discutons, il réfléchit sur l'actualité, je mets en perspective historique, sociologique... bref l'échange est possible.

Ce qui me gène profondément, c'est de voir que nombre de gamins mais aussi de jeunes professeurs, non seulement méprisent ouvertement la culture dite classique, mais n'ont pas pour autant de culture propre : rien ne sert à rien. y'a qu'à voir leurs fameuses compétences en informatique : on nous répète que les jeunes générations sont peut-être moins cultivées mais plus douées pour chercher grâce à l'informatique, or il a été prouvé que c'est faux. Beaucoup de mes élèves en fac se servent d'internet pour aller au mieux sur wikipedia, mais en général ne connaissent que facebook et youtube? Les ressources en ligne ? Connaissent pas.

Et tout est à l'avenant, comme ça. Ce qui est pointé du doigt ici, c'est le vide intersidéral qui règne chez les gosses mais aussi chez de plus en plus de jeunes adultes qui en font un étendard avec pour mantra un "ça va, faut pas s'prendre la tête". Et là, l'échange st impossible, puisque rien ne sert à rien, ce qui compte c'est de poker sur Facebook.
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User5899
Demi-dieu

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par User5899 Mar 12 Fév 2013 - 11:55
Mousse a écrit:C'est quoi la culture, lire les grands classiques de la littérature? écouter la musique classique? C'est quand même très élitiste. Connaître le nom des arbres, des plantes, les oiseaux.......savoir fabriquer quelque-chose avec ses mains, est ce que ce n'est pas une forme de culture?
Lorsque j'étais au collège, au lycée, lire était considéré comme ne rien faire par mes parents. Je me cachais pour lire. Nous étions à la campagne, dans un tout petit village, loin de tout. Dans une ferme, il y avait beaucoup de travail,donc lire était considéré comme ne rien faire! Nous étions 4 enfants et nous avons tous fait des études supérieures. Alors quand je lis que si on n'a pas eu un minimum de culture avant le lycée c'était trop tard; c'est grave ces propos!
Est ce que vous savez d'où viennent vos élèves? On t ils le choix d'être autrement? Peut être que pour eux vous représentez un monde inaccessible. Je me souviens d'avoir été humiliée par un prof d'histoire géo car je ne savais pas situer des pays sur une carte. La honte! mais finalement avec du recul ce n'est pas moi qui était nulle mais la prof.
Encore aujourd'hui j'ai honte d'aller dans certains endroits (théâtre...) je ne me sens pas à ma place.

L'école française est élitiste car si les enfants n'ont pas accès à cette culture chez eux et bien ils ont surtout droit à beaucoup de mépris.

Pour les collègues qui ont des enfants, est ce que vous pensez que vos enfants ne sont pas cultivés? Je suis sûre que la grande majorité d'entre vous fait tout ce qu'il faut pour que vos enfants baignent dans la culture.

Mais là où il n'y a pas de livre, là où les mères regardent à longueur de temps des séries tv débiles.....ils font comment les gamins? La culture elle tombe pas du ciel.
Depuis l'antiquité, déjà, lire, écrire, travailler est considéré comme "ne rien faire". Le mot "école", en grec, signifie "loisir", Cicéron réclame pour le penseur qu'on parle de son activité comme d'un otium cum dignitate, une "oisiveté non indigne", La Bruyère, au début des Caractères réclame que "lire, écrire, penser s'appe[lle] travailler". Vous le voyez, Jean-Pierre Pernaud et la FNSEA ont de dignes ancêtres.
Je suis d'accord avec vous, je l'ai écrit plus haut d'ailleurs : c'est à l'école de se préoccuper de la formation des élèves dans les domaines qu'ils ne connaissent pas. Pour cela, il faudrait déjà qu'ils soient aujourd'hui tous rompus à la lecture, ce qui est loin d'être le cas. Il faudrait ensuite que les programmes, au lieu de toujours inviter l'élève à se retourner vers des ressources, soit réellement enseigné (la transitivité du verbe latin dit bien quelque chose) et puisse ensuite réfléchir sur des données qu'il aura reçues, pas sur son petit univers, toujours incomplet. Pour moi, la culture, c'est tout ce qui nous sort du milieu de notre naissance : il est donc clair que bombarder des élèves de cités avec des textes de Rap est aussi peu culturel, pour eux, que s'en tenir à Racine dans le XVIe. Mais au-dessus de tous ces détails reste la nécessité de considérer l'école comme le préalable indispensable, et la curiosité des enfants comme la capacité à développer au mieux, et constamment.
Iphigénie
Iphigénie
Prophète

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par Iphigénie Mar 12 Fév 2013 - 13:06
On ne dira jamais assez le mal que la sociologie a fait aux milieux populaires: cette tarte à la crème selon laquelle il est impossible de s'extraire de son milieu sert de caution à toutes les paresses, les fermetures d'esprit et le refus de penser
Après, l'école ne joue pas son rôle, justement en grande partie parce qu'elle considère cette fatalité comme une excuse et non un défaut (au sens étymologique: absence du nécessaire) qu'il s'agit de combler.
C'est pas faux
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Esprit éclairé

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par C'est pas faux Mar 12 Fév 2013 - 13:08
iphigénie a écrit:On ne dira jamais assez le mal que la sociologie a fait aux milieux populaires: cette tarte à la crème selon laquelle il est impossible de s'extraire de son milieu sert de caution à toutes les paresses, les fermetures d'esprit et le refus de penser
Après, l'école ne joue pas son rôle, justement en grande partie parce qu'elle considère cette fatalité comme une excuse et non un défaut (au sens étymologique: absence du nécessaire) qu'il s'agit de combler.

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Johnny Guitar
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par Johnny Guitar Mar 12 Fév 2013 - 13:29
En fait, c'est surtout une certaine sociologie (Dubet), ou alors une interprétation particulière de la sociologie de Bourdieu qui en est responsable.
Si on lit bien ce dernier, on comprend qu'il ne souhaitait pas que ses travaux (les Héritiers, la Distinction) deviennent des prétextes pour baisser le niveau des exigences. Il voulait simplement montrer que ce que certains tenaient pour de l'inné (la haute culture) était en réalité de l'acquis, tout en défendant l'idée que l'exigence d'une démocratie devait être de proposer cet acquis à tous.
A la fin d'un film qui avait été fait sur lui, la Sociologie est un sport de combat, on le voit face à un public de jeunes gens d'une cité de banlieue, qui dénoncent son discours de bourgeois, et il répond courageusement, seul face à la salle, qu'il faut absolument lutter contre l'anti-intellectualisme, qu'il vienne "d'en haut" (nos élites scolaires actuelles) ou "d'en bas". Il brandit alors le livre d'un de ses collègues universitaire en leur enjoignant de le lire, de s'en servir, bref, de se livrer à un travail intellectuel exigeant, seule manière d'avoir une chance de se libérer. On peut juger sa posture idéaliste, mais elle ne témoigne en rien d'un éloge de la paresse et d'une culture de l'excuse.
C'est pas faux
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par C'est pas faux Mar 12 Fév 2013 - 13:42
Oui, je pense qu'Iphigénie pensait comme moi à l'interprétation qui en est faite et qui aboutit à se résigner à un hypothétique "handicap" socio-culturel.
doublecasquette
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Collège : absence de références culturelles des élèves - Page 6 Empty Re: Collège : absence de références culturelles des élèves

par doublecasquette Mar 12 Fév 2013 - 14:36
C'est pas faux a écrit:
iphigénie a écrit:On ne dira jamais assez le mal que la sociologie a fait aux milieux populaires: cette tarte à la crème selon laquelle il est impossible de s'extraire de son milieu sert de caution à toutes les paresses, les fermetures d'esprit et le refus de penser
Après, l'école ne joue pas son rôle, justement en grande partie parce qu'elle considère cette fatalité comme une excuse et non un défaut (au sens étymologique: absence du nécessaire) qu'il s'agit de combler.

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phi
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Collège : absence de références culturelles des élèves - Page 6 Empty Re: Collège : absence de références culturelles des élèves

par phi Mar 12 Fév 2013 - 14:44
doublecasquette a écrit:
C'est pas faux a écrit:
iphigénie a écrit:On ne dira jamais assez le mal que la sociologie a fait aux milieux populaires: cette tarte à la crème selon laquelle il est impossible de s'extraire de son milieu sert de caution à toutes les paresses, les fermetures d'esprit et le refus de penser
Après, l'école ne joue pas son rôle, justement en grande partie parce qu'elle considère cette fatalité comme une excuse et non un défaut (au sens étymologique: absence du nécessaire) qu'il s'agit de combler.

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+ tout ce que je peux! Et c'est en primaire que ça se comble, dans toutes les matières cheers
adelaideaugusta
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Collège : absence de références culturelles des élèves - Page 6 Empty Re: Collège : absence de références culturelles des élèves

par adelaideaugusta Mar 12 Fév 2013 - 14:50
Clarinette a écrit:
Artémise a écrit:Cela dit j'avais été assez consternée par ce que j'entendais des camarades agrégatifs de lettres qu'on croisait souvent, nous les agrégatifs d'histoire, pour de sombres raisons d'emploi du temps et de libération des salles. J'ai découvert avec ahurissement qu'on pouvait prétendre passer le capes de lettres classiques en ignorant à peu près tout des grands classiques (du genre Montaigne, Corneille, Racine, Saint-Simon ou même Molière, "c'est vraiment trop chiant") qui n'étaient que très vaguement connus par une malheureuse anthologie.

Je veux bien que le stress du concours et la fatigue amènent à une certaine détestation temporaire de la matière en question, mais j'en croise encore régulièrement, des spécimens qui ont eu les concours ou sont en train de les passer, et ne cachent pas ne lire que de la science-fiction de base, Harry Potter et Fifty Shades of Grey. J'ai des copines, charmantes par ailleurs, prof de lettres, qui fonctionnent ainsi.

Dans pas mal de soirées pleines de profs, il est rarement possible d'échanger sur la littérature ou sur autre chose que le dernier machin hollywoodien, sous peine de passer pour le rabat-joie, l'intello pisse-vinaigre.

Alors bien sûr on n'est pas obligé de ne lire QUE des auteurs classiques dans le texte, bien sûr qu'on peut aussi aimer les grosses machines hollywoodiennes... mais quand il n'y a QUE cela, on est en droit de se poser des questions.
Malheureusement bien d'accord avec toi.

Tes propos me rappellent deux anecdotes : une copine certifiée d'anglais avec qui j'ai fait une partie de mes études me confiait il y a fort longtemps : "Je passerais bien l'agreg, mais rien que l'idée de lire plusieurs classiques, et en anglais, en plus, ça m'épuise !" :shock: :shock: :shock:

D'autre part, mes collègues sont manifestement collés soir après soir à leur téléviseur et en ce moment, il y a je ne sais quelle émission de radio-crochet ou équivalent, qui monopolise les conversations en salle des maîtres... Ouais, je dois être une intello chiante... No

Pour finir et en revenir à la culture de nos ados, j'étais une ado bien plus cultivée que la moyenne, venant d'une famille de médecins férus de littérature et de grande musique, donc je ne devais pas cette culture à mon mérite personnel, quoi qu'un peu quand même, car dévoreuse de bouquins, mais bref. Ce que je veux dire, c'est que pour nos élèves n'ayant pas la chance d'avoir été nourris intellectuellement par leurs parents, nous sommes les derniers remparts contre l'ignorance : c'est pour cette raison que je me refuse à étudier des œuvres de "littérature de jeunesse", que je fais écouter de la belle musique à mes élèves, que je les emmène au musée, qu'ils apprennent des poèmes de Hugo et Gautier, etc.

veneration veneration Même dans les lycées des grandes villes, on étudie rarement une grande oeuvre classique.
Je me souviens du jour où ma petite-fille m'a dit : "On va peut-être étudier "Le Cidre" !!!(sic), et c'en est resté là.
Une autre, interrogée sur Ronsard, m'a dit : "C'est un collège"..."ah, non, c'est une rose"...Je lui ai récité "Quand vous serez bien vieille..." etc.
A part la littérature jeunesse ou Harry Potter, ils restent souvent ignorants de cette immense littérature si passionnante, si inépuisable, mais c'est dès le primaire qu'on devrait leur en donner le goût...si toutefois ils avaient appris à lire. J'en crève de tristesse...
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