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Lefteris
Esprit sacré

classes (collège) difficiles... lassitude, doute, déprime - Page 2 Empty Re: classes (collège) difficiles... lassitude, doute, déprime

par Lefteris Lun 11 Fév 2013 - 21:13
Dinosaura a écrit:Voilà, ce soir, je voulais faire part de mon ras-le-bol et de mes doutes. Je crois que vraiment je rame avec mes classes, que je n'arrive pas à me faire obéir, à me faire respecter, et ça me bouffe au plus profond de moi-même.
Je viens ici chercher des conseils pour mieux gérer mes classes. Mais peut-être que je suis une prof au rabais, et qu'il vaudrait mieux que je cherche une reconversion pale

Je pourrais faire un compte-rendu de tous les incidents qui pourrissent mes cours, mais j'ai peur d'être identifiée, alors je m'en tiendrai à un seul d'entre eux, un qui m'a marquée et m'a blessée aujourd'hui. Une gamine de 5e ouvre la fenêtre, sans que je lui aie demandé de le faire (et ce problème des élèves qui ouvrent la fenêtre sans mon autorisation est récurrent), je lui dis de la fermer. 5 min plus tard, elle l'a rouvert !! Vive l'autorité !... Dois-je mettre des retenues à tous ceux qui s'"amusent" à ouvrir la fenêtre ? Dois-je faire un rapport sur cette gamine ?

Dernière question, comment gérez-vous les bavardages permanents, ceux qui empêchent de pouvoir faire cours et vous font sentir minable ? C'est le cas de cette classe, où il n'y a pas de vraie tête de classe, mais plein de petits emm... inintéressés par le cours et qui se croient au café du commerce. Autant vous dire que les relations dans cette classe sont exécrables, et que je hais faire cours à cette classe.

Mais de manière générale, le fait de me voir galérer dans tous les cours (à plus ou moins grand degré certes) me renvoie une image très négative de moi-même et influe sur mon moral...

Pensez-vous que je doive sérieusement me remettre en question sur ma façon de faire, voire penser à faire autre chose ? Ou est-ce que ce sont des conditions d'enseignement vraiment dures, et que je suis perfectible ?

Merci de m'avoir lue.
J'ai une classe comme ça (4ème) , et crois moi les dix professeurs ne les supportent plus, il sont presque tous comme ça, c'est très dur à gérer, c'st plutôt de la survie en milieu hostile. Tu n'y es pour rien, ils sont mal élevés, il n'y a rien à en tirer, ils sont devenus très durs, et voient bien que les risques sont limités, qu'ils sont les maîtres ou presque. Tu te focalises sur une insolence, ça part dans tous les sens. Ils coupent la parole sans arrêt, soit en s'apostrophant, soit en t'interpellant ou en commentant chaque mot : ça ouvre les fenêtres, un autre se lève fermer, ça ré-ouvre. Tu te tournes, il y a une histoire de trousse. les rares fois où ils s'intéressent, ils crient s'ils ne sont pas interrogés, ou parlent à travers la classe. Tu les "mets en activité" (rédaction par exemple, ils refusent, font semblant, seuls deux ou trois travaillent) . Ils passent l'heure retournés vers d'autres élèves, vautrés contre les murs . Ceux qui sont au fond appellent les autres "eh, eh ! machin!". Quand un élève parle, une moquerie fuse, c'est 5 minutes de commentaires, avec les commentaires du commentaire. 2/3 n'ont pas de matériel
Il est impossible de faire un cours normal : cours dialogué, travail autonome, questionnaire, ils te mettent sur les rotules, et c'est comme ça dans toutes les matières. Nous, nous en parlons, et la direction nous en a déjà viré deux (tu imagines donc pour en arriver là sur une classe).
Pour ma part, je tente le cours, mais quand ça ne marche pas, c'est -à-dire la plupart du temps, je met mets dans leur dos et je projette le cours. Là, je viens de taper une lecture analytique, avec les mots clefs en gras, les points de grammaire . S'ils se taisent, j'explique , je leur dis ce qu'il faut noter. S'ils ne se taisent pas , je me tais et j'annonce une interro . Et je me balade avec les fiches de colle et d'exclusion . J'ai des périodes tranquilles, ma méthode permet au moins au trois élèves d'avoir un cours, mais ça redémarre à la moindre occasion . Impossible d'aller en salle info , au CDI : ils mettent TOUT échec. Devant un écran, tu ne peux même plus leur parler, ils sont comme autistes , et dès que tu as le dos tourné, ils sont sur fessebouc ou un site de showbiz.

Donc pour résumer
: ils ne quittent pas la salle, je ne leur tourne pas le dos (la dernière fois que je l'ai fait , une minute, j'ai entendu un grand vacarme, un élève en avait tomber un autre qui se balançait) , je me mets dans leur dos, et je tape beaucoup à l'ordi pour projeter et j'évalue beaucoup^(ou comme dans les légions : par décimation, tirage au sort) .
Désormais, je ne commence plus le cours tant qu'un élève a un manteau sur le dos et que je vois une trousse sur la table. Ca prend dix minute s'il le faut , mais il arrive un moment ou je dis : "quand la trotteuse sera en haut, le premier qui a encore son manteau parle est exclu avec un devoir noté et collé", et je le fais.

C'est de la garderie où il faut survivre, ne culpabilise pas, tu n'y es pour rien. Pour la plupart d'entre eux, les carottes sont cuites. Tu les reçois comme ça, il repartiront identiques, et pareil partout. Ne culpabilise pas, c'est le collège unique, c'st infernal. Un collègue qui vient d'un lycée me dit qu'il a cru atterrir sur une autre planète, il se dit 3 fois plus crevé...

L'autre jour, j'en ai fait changer un de place pendu par les épaules , ça les a soufflés, j'ai eu la paix. Tu vois ce qu'ils respectent n hein... ( et [modéré] regrettaient - sans blaguer - que je n'aie pas explosé l'impétrant contre le mur) Mais à utiliser avec précaution. Là, une bagarre allait éclater, je peux me prévaloir d'avoir agi dans l'urgence. Sinon, c'est cause de soucis...
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par Dinosaura Lun 11 Fév 2013 - 21:59
Je me sens surtout un peu nulle car j'ai le sentiment de galérer plus que les autres, et que mes élèves (pas tous) prennent mon cours pour un défouloir.
C'est sans doute aussi le contexte bien sûr.

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par louis09 Lun 11 Fév 2013 - 22:04
Dinosaura a écrit:Je me sens surtout un peu nulle car j'ai le sentiment de galérer plus que les autres, et que mes élèves (pas tous) prennent mon cours pour un défouloir.
C'est sans doute aussi le contexte bien sûr.

C'était moi l'année dernière.

Beaucoup de courage, il va t'en falloir.
Lefteris
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par Lefteris Lun 11 Fév 2013 - 22:06
Dinosaura a écrit:Je me sens surtout un peu nulle car j'ai le sentiment de galérer plus que les autres, et que mes élèves (pas tous) prennent mon cours pour un défouloir.
C'est sans doute aussi le contexte bien sûr.
C'est sans doute juste un sentiment, comme tu dis. Et les élèves doivent sentir que tu cherches à fair un cours coûte-que-coûte, que ça te stresse, que ça t'emme..de ne pas le faire et ça , ils adorent, ils ont un sixième sens. Il faut retourner l'arme, leur montrer que toi tu as un cours, mais qu'ils ne valent pas la peine vu leur bêtise qu'on se décarcasse. Projecteur,je répète si tu en as un . Tu peux passer à l'étape supérieure avec des scan de pages de manuels, tu soulignes les points importants, et mini-interros le cours suivant , le truc corrigé en 1/4 d'heure.. S'ils sont dans la positon de refus de cours , ça peut suffire à en mettre quelques un au boulot, et à fair tâche d'huile. Et au pire , les plus sérieux ont un cours (parce que tu fais le programme quand même) . Et tu te mets dans leur dos, je te dis, ils sont tous pareils, ils détestent, ça les déstabilise. Idem en évaluation , tu te libères une place au fond, tu vois les têtes se retourner compulsivement Very Happy

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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)

Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.

Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
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par Mona Lisa Klaxon Lun 11 Fév 2013 - 22:24
J'ai eu des années comme ça... Des collèges où les classes étaient vraiment pourries, des années où je n'avais pas encore assez de recul pour ne pas plonger tête baissée...

Ce qui m'a aidée:
leur faire cours dans leur dos (méthode Lefteris) avec projection et trucs à faire pour qu'ils soient toujours actifs, le plus possible
un plan de classe
les occuper, les occuper, les occuper pour qu'ils oublient de me faire ch*** (ça demande du boulot à la maison, des exos simplifiés, des fichiers d'exos corrigés pour que chacun avance à se vitesse, etc)mais c'est rentable
faire une note d'oral_carotte: je leur donne 10 points,ils en perdent un à chaque fois qu'ils parlent sans avoir demandé la parole ou qu'ils perturbent le cours, ils en gagnent un à chaque fois qu'ils répondent correctement (grille rapide avec cases à cocher, et je faisais le total toutes les trois semaines). Rapidement, même les plus demeurés voient qu'ils peuvent remonter leur moyenne en se tenant.
Bosser en liaison directe avec le pp et faire des fiches de suivi si besoin

Beaucoup de courage à tous! Et non, une classe pourrie ne doit pas remettre en question un prof: il suffit parfois de changer de bahut pour avoir l'impression de changer de métier.
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par Madame_Prof Lun 11 Fév 2013 - 22:25
medea1 a écrit:
Madame_Prof a écrit:Justement... il me semble que non. Je donne des pages du livre à recopier, ou des exercices à faire, mais je ne corrige pas. C'est une punition pour eux, pas pour moi.

oui, mais ça te prend du temps sur le cours : t'as fait ta punition? non, alors c'est doublé. Et toi? non plus? alors pareil. Et toi? non, 3ème rappel donc retenue (pour laquelle je dois remplir un petit papier,...). Il faut tout noter, penser à s'occuper de ça en début d'heure, ne pas perdre les autres élèves,...

Tu te fais une fiche de suivi des punitions par classe. Tu prévois la page du livre à recopier à l'avance, tu donnes la punition dans l'heure. Si elle n'est pas faite, le lendemain tu doubles (ça prendre 5 secondes de le noter sur ta feuille). Au final, tu gagneras du temps quand ils verront que tu ne lâches rien. Mettre des retenues, certes ça va te prendre quelques minutes, mais au bout d'un moment ils auront compris..

Après, dans le cas de Dinosaura, c'est plus compliqué... Courage fleurs2

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par Dinosaura Lun 11 Fév 2013 - 22:34
Merci à tous !

Je vais réfléchir à la méthode Lefteris:)

Et bon courage aux autres qui galèrent comme moi:)

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par Fesseur Pro Lun 11 Fév 2013 - 22:43
Lefteris a écrit: [modéré]
humhum
Désolé mais ça me choque toujours qu'on parle des élèves en ces termes.

Sinon courage les jeunes.
C'est une année de rodage difficile, ça ira mieux l'année prochaine...

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par dandelion Lun 11 Fév 2013 - 22:58
Fesseur Pro a écrit:
Lefteris a écrit: [modéré]
humhum
Désolé mais ça me choque toujours qu'on parle des élèves en ces termes.

Sinon courage les jeunes.
C'est une année de rodage difficile, ça ira mieux l'année prochaine...
Si j'ai bien compris Lefteris n'enseigne pas à des enfants de choeur. Ne jamais dire jamais: l'année dernière j'ai été surprise que mes collègues me disent au début de l'année que si untel ne mettait pas son casque et qu'il avait un accident, tant pis pour lui. Après, j'ai compris No .
Dinosaura, en plus si j'ai bien vu tu es une jeune maman, ça fait tout de même pas mal d'émotions tout ça. Et je plussoie ce que disent les collègues: un changement d'établissement/de région peut faire que la vie est beaucoup plus facile (après des débuts à Marseille, je me suis retrouvée dans un bon lycée d'une région tranquille: le premier jour j'ai pretexté un oubli dans mon casier pour sortir dans le couloir et... me pincer, pas un n'ouvrait la bouche, je pouvais me retourner complétement vers le tableau et ça m'a fait tellement bizarre que j'ai vraiment cru que je rêvais). Bon, l'année dernière je me suis retrouvée en collège et j'ai de nouveau halluciné, mais en négatif cette fois No Nous ne sommes qu'un des éléments du système, tout nous retombe dessus mais ce n'est pas pour autant notre faute fleurs2 (et c'est d'autant plus dur quand on a des enfants petits, qu'on court, qu'on culpabilise, qu'on ne dort pas assez... fleurs2 )
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par Invité Lun 11 Fév 2013 - 23:09
On a tous (eu) des classes vraiment très pénibles, mais essayons de faire attention à la manière dont nous parlons de nos élèves, d'abord parce que ce sont des enfants et puis parce que Néo reste un forum public. Merci.
Séréna
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par Séréna Mar 12 Fév 2013 - 8:59
Ma pauvre, je compatis car j'ai l'impression de vivre ce que tu décris.
Je suis en zep, et il y a tellement d'insolences, que je n'ai pas le courage de réagir à toutes (par exemple, le coup d'ouvrir la fenêtre sans ma permission, c'est un classique du genre).
J'ai l'impression que les élèves ne me respectent pas. Par exemple, pas plus tard qu'hier, j'envoie un élève de 3e au tableau corriger un exercices à faire à la maison. je me place derrière les élèves, et là j'en vois plusieurs en train de recopier la correction en hâte, sous mon nez! Vive l'autorité comme tu dis.
Idem avec une classe de 5e particulièrement dure, qualifiée de classe-poubelle par le CDE: je leur fais sortir le carnet en début d'heure, cinq ou six ne l'ont pas, je leur fais donc vider le sac sur la table, ça fait 10 minutes de perdues, du bordel et les autres qui rigolent....
Au bout du compte je préfère donc miser sur un cours projeté ou dicté, une batterie d'exercices, pour qu'ils ne fassent que gratter et n'aient pas le temps de perturber. Je fais cela au détriment des punitions, que la plupart ne font pas de toute façon. Au début de l'année je punis, mais c'est épuisant. La semaine dernière, j'en ai collé trois qui n'avaient pas appris leur récitation, j'ai dû aller en vie sco choisir l'horaire, les CPE me l'ont fait changer quatre fois, j'ai dû leur redonner le travail car ils l'avaient perdu, puis me débrouiller pour contrôler que ça avait été fait...
Vu que c'est un peu la croix et la bannière pour mettre des sanctions dans mon collège, que ce n'est pas toujours fait ni toujours suivi d'effet, je suis obligée de ne pas tout sanctionner.
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par User5899 Mar 12 Fév 2013 - 9:14
Tess. a écrit:Ma pauvre, je compatis car j'ai l'impression de vivre ce que tu décris.
Je suis en zep, et il y a tellement d'insolences, que je n'ai pas le courage de réagir à toutes (par exemple, le coup d'ouvrir la fenêtre sans ma permission, c'est un classique du genre).
J'ai l'impression que les élèves ne me respectent pas. Par exemple, pas plus tard qu'hier, j'envoie un élève de 3e au tableau corriger un exercices à faire à la maison. je me place derrière les élèves, et là j'en vois plusieurs en train de recopier la correction en hâte, sous mon nez! Vive l'autorité comme tu dis.
Idem avec une classe de 5e particulièrement dure, qualifiée de classe-poubelle par le CDE: je leur fais sortir le carnet en début d'heure, cinq ou six ne l'ont pas, je leur fais donc vider le sac sur la table, ça fait 10 minutes de perdues, du bordel et les autres qui rigolent....
Au bout du compte je préfère donc miser sur un cours projeté ou dicté, une batterie d'exercices, pour qu'ils ne fassent que gratter et n'aient pas le temps de perturber. Je fais cela au détriment des punitions, que la plupart ne font pas de toute façon. Au début de l'année je punis, mais c'est épuisant. La semaine dernière, j'en ai collé trois qui n'avaient pas appris leur récitation, j'ai dû aller en vie sco choisir l'horaire, les CPE me l'ont fait changer quatre fois, j'ai dû leur redonner le travail car ils l'avaient perdu, puis me débrouiller pour contrôler que ça avait été fait...
Vu que c'est un peu la croix et la bannière pour mettre des sanctions dans mon collège, que ce n'est pas toujours fait ni toujours suivi d'effet, je suis obligée de ne pas tout sanctionner.
Il y a des collèges où l'on n'entre pas sans avoir montré son carnet. Il y a aussi un problème lié à la direction et à la vie scolaire, comme très souvent, d'ailleurs. Pensez-y, les collègues, quand on vous saoule avec le travail d'équipe : demandez haut et fort que le travail d'équipe existe dans votre établissement avec Éducation et Direction. Ce qui se passe en classe n'est pas du ressort des seuls enseignants.
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par Séréna Mar 12 Fév 2013 - 9:22
Oui, vous avez raison. Il y a deux ans, les collègues avient fait remonter plusieurs remarques de ce genre à la vie scolaire, cela avait été suivi d'un court effet dans le temps. Cependant, concernant le coup des carnets, je pense sérieusement à demander aux élèves de me donner leur carnet en entrant en classe, et refuser ceux qui ne l'ont pas. Après tout, un élève sans carnet pose un problème de responsabilité (ne peut pas prouver son identité au sein de l'établissement, etc.)
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par Lefteris Mar 12 Fév 2013 - 13:20
Fesseur Pro a écrit:
Lefteris a écrit: [modéré]
humhum
Désolé mais ça me choque toujours qu'on parle des élèves en ces termes.

Sinon courage les jeunes.
C'est une année de rodage difficile, ça ira mieux l'année prochaine...
Censuré ou non, les faits restent, et moi, ce qui me choque bien plus que les mots, ce sont les faits. Que des ados se comportent comme ça, déjà, sans éducation, paresseux, égoïstes. Que ces mêmes ados par leur comportement fassent fuir tout le monde, car leur présence massive et gênante crée le phénomène d'évitement que l'on sait , hors de question de mettre ses gosses là-dedans (moi le premier) . Que la République continue à fermer les yeux, et à laisser le "collège unique -garderie". C'est à mon sens un véritable scandale de société, et je pèse mes mots.

Mes propos sont peut-être abrupts, mais ils reflètent les faits et la lassitude des enseignants (dans le meilleur des cas) et leur désespoir (dans le pire des cas , qui hélas arrive). Ce que j'entends sur eux en aparté par les collègues est largement moins édulcoré que ce que j'avais mis sur le forum, et c'est humain. Dans la vie de tous les jours, on n'en fréquenterait pas un seul, on les éviterait , et là, il faut subir leurs comportements, leurs insultes.

Pour ma part, ça me dégoûte, mais je sais parfaitement faire le vide , et d'ailleurs je les "tiens", ce qui n'augmente pas l'intérêt du métier, mais permet de survivre.

Ce matin encore, j'avais les fiches d'exclusion à la main au moment des traditionnelles négociations (manteaux, places...) , puis j'ai pris les carnets , puis j'ai les accablés de grattage de cours (celui que j'ai tapé hier soir), pour terminer sur l'annonce d'une évaluation. 35-40 minutes tranquille, et je tournais autour de leurs dos. Pour Dinausora : ca marche bien, et regarde les autres témoignages de ceux qui font gratter ... Mais on préfèrerait faire de "vrais cours" , avec des élèves qui ont réfléchi au texte, préparé, etc. Là, on se protège et on fournit quand même quelque chose -plutôt que rien- aux deux ou trois sérieux qui peuvent être là-dedans par accident , avec un vrai cours, on a peut-être plaisir à enseigner.

Oui, vous avez raison. Il y a deux ans, les collègues avient fait remonter plusieurs remarques de ce genre à la vie scolaire, cela avait été suivi d'un court effet dans le temps. Cependant, concernant le coup des carnets, je pense sérieusement à demander aux élèves de me donner leur carnet en entrant en classe, et refuser ceux qui ne l'ont pas. Après tout, un élève sans carnet pose un problème de responsabilité (ne peut pas prouver son identité au sein de l'établissement, etc.)
Nous , beaucoup ne l'ont pas parce que perdu , mais ils ont en attente de remplacement une fiche de vie scolaire , sur laquelle on peut écrire => idée à creuser dans ton établissement .Quant il y a refus de donner le carnet , je mets directement un rapport avec demande d'exclusion temporaire.



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par Paratge Mar 12 Fév 2013 - 13:47
Vous en faites pas !
Les zaprenans infects dont vous parlez arrivent au lycée, c'est ça la « démocratisation » de l'École voulue par les pédagos : l'impossibilité d'enseigner car ce qui prime c'est le vivrensemble !

P.S. : qui a vraiment envie de vivre avec eux ? Very Happy
Pas grand monde d'après la pénurie de candidats...
C'est pas faux
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par C'est pas faux Mar 12 Fév 2013 - 13:54
C'est un forum public, mais il est censé être réservé aux enseignants (et à quelques proches Wink ). Alors que certains, avec ce qu'ils nous révèlent de ce qu'ils se farcissent pendant la journée, se fassent du bien en le décrivant de manière un peu rock'n roll, ça ne me choque pas plus que ça. Je ne leur ferai pas le procès de mépriser leurs élèves pour autant.
Lefteris
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par Lefteris Mar 12 Fév 2013 - 14:00
Paratge a écrit:Vous en faites pas !
Les zaprenans infects dont vous parlez arrivent au lycée, c'est ça la « démocratisation » de l'École voulue par les pédagos : l'impossibilité d'enseigner car ce qui prime c'est le vivrensemble !

P.S. : qui a vraiment envie de vivre avec eux ? Very Happy
Pas grand monde d'après la pénurie de candidats...
Nous on a bientôt une "semaine du vivre ensemble" , avec "ateliers".
Ca me fait marrer, parce qu'une grande partie d'entre eux ne supporte que soi -même et pas le voisin , et qu'ils se détestent mutuellement autant qu'ils détestent le travail, les études, les adultes. Razz
Pour le lycée, quand je vois ce qu'on envoie dans certains, je veux bien te croire, et c'est pour ça que tant qu'à méloigner de chez moi je préfère taper directement dans le bon poste si jamais il se libère un jour . Les mêmes avec un an ou deux de plus, pas la peine... :shock:
Enfin ceux dont je parle plus haut n'iront pas en seconde générale pour la plupart, nous avons souvent des classes de ce genre, et par expérience nous savons que la 2de gé va concerner au plus trois -quatre élèves, pas forts mais sérieux et besogneux : deux ayant le niveau limite, deux autres aux forceps pour "faire du chiffre", qui seront réorientés ensuite, et les autres, on ne saura pas qu'en faire. Rassure-toi donc un peu , tu ne les verras pas ceux-là Very Happy


P.S. aussi au sujet du "vivre avec eux" : je vais avoir des EAP -je me suis laissé avoir aux sentiments, il faut des tuteurs pur qu'ils obtiennent leur contrat - et j'ai prévenu que j'allais être saignant s'ils se comportent mal envers eux . je les ai annoncés comme étant de jeunes professeurs sous contrat, pour qu'ils ne les insultent pas comme ils le font avec les AED.

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Dinosaura
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par Dinosaura Mar 12 Fév 2013 - 15:25
Tess. a écrit:Ma pauvre, je compatis car j'ai l'impression de vivre ce que tu décris.
Je suis en zep, et il y a tellement d'insolences, que je n'ai pas le courage de réagir à toutes (par exemple, le coup d'ouvrir la fenêtre sans ma permission, c'est un classique du genre).
J'ai l'impression que les élèves ne me respectent pas. Par exemple, pas plus tard qu'hier, j'envoie un élève de 3e au tableau corriger un exercices à faire à la maison. je me place derrière les élèves, et là j'en vois plusieurs en train de recopier la correction en hâte, sous mon nez! Vive l'autorité comme tu dis.
Idem avec une classe de 5e particulièrement dure, qualifiée de classe-poubelle par le CDE: je leur fais sortir le carnet en début d'heure, cinq ou six ne l'ont pas, je leur fais donc vider le sac sur la table, ça fait 10 minutes de perdues, du bordel et les autres qui rigolent....
Au bout du compte je préfère donc miser sur un cours projeté ou dicté, une batterie d'exercices, pour qu'ils ne fassent que gratter et n'aient pas le temps de perturber. Je fais cela au détriment des punitions, que la plupart ne font pas de toute façon. Au début de l'année je punis, mais c'est épuisant. La semaine dernière, j'en ai collé trois qui n'avaient pas appris leur récitation, j'ai dû aller en vie sco choisir l'horaire, les CPE me l'ont fait changer quatre fois, j'ai dû leur redonner le travail car ils l'avaient perdu, puis me débrouiller pour contrôler que ça avait été fait...
Vu que c'est un peu la croix et la bannière pour mettre des sanctions dans mon collège, que ce n'est pas toujours fait ni toujours suivi d'effet, je suis obligée de ne pas tout sanctionner.

Oui, oui, le coup des fenêtres, une constante ! Idem les cahiers, et les carnets que certains (évidemment pas ceux pour lesquels il n'y en a pas besoin) n'ont jamais. Mais j'ai décidé de ne plus accepter en cours ceux qui au bout de trois fois ne viennent pas avec le carnet et à qui j'ai besoin de noter pour la troisième fois une observation, ça fera peut-être bouger la vie sco... En tout cas, moi ça va me soulager un peu niveau gestion de classe.

Je me reconnais aussi dans le temps perdu pour calmer un tel et un tel, temps dans lequel s'engouffrent les autres pour bavarder, ricaner aux bêtises des perturbateurs (pour rester polie), sachant qu'après il faut récupérer l'attention des premiers au prix d'une nouvelle gueulante, de nouvelles punitions...

J'abonde dans le sens de ceux qui parlent de garderie, c'est usant et ce n'est pas enrichissant. Certaines heures sont atroces, et on se demande ce qu'on fait là, le métier perd de son sens, alors je ne suis pas choquée que certains déclarent pour certaines classes que prof c'est dans ce cas un boulot alimentaire. Certaines heures se passent mieux, les classes peuvent être plus correctes, mais les "incivilités" restent le lot quotidien et on ne me fera pas croire que j'enseigne dans des conditions normales, c'est juste mon seuil de tolérance qui augmente, par la force des choses.

Lefteris : oui j'essaie de faire des cours à plusieurs niveaux, et sans temps morts, mais tous mes cours ne sont pas prêts (c'est peu de le dire), et en ce moment je ne peux pas peaufiner toutes les prép' de cours. Sinon complètement d'accord avec ta description des choses, et je partage la même colère face à l'hypocrisie du système (que je ne ressens nullement pour du mépris pour ma part).


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par Dinosaura Mar 12 Fév 2013 - 15:28
Lefteris a écrit:
Paratge a écrit:Vous en faites pas !
Les zaprenans infects dont vous parlez arrivent au lycée, c'est ça la « démocratisation » de l'École voulue par les pédagos : l'impossibilité d'enseigner car ce qui prime c'est le vivrensemble !

P.S. : qui a vraiment envie de vivre avec eux ? Very Happy
Pas grand monde d'après la pénurie de candidats...
Nous on a bientôt une "semaine du vivre ensemble" , avec "ateliers".
Ca me fait marrer, parce qu'une grande partie d'entre eux ne supporte que soi -même et pas le voisin , et qu'ils se détestent mutuellement autant qu'ils détestent le travail, les études, les adultes. Razz
Pour le lycée, quand je vois ce qu'on envoie dans certains, je veux bien te croire, et c'est pour ça que tant qu'à méloigner de chez moi je préfère taper directement dans le bon poste si jamais il se libère un jour . Les mêmes avec un an ou deux de plus, pas la peine... :shock:
Enfin ceux dont je parle plus haut n'iront pas en seconde générale pour la plupart, nous avons souvent des classes de ce genre, et par expérience nous savons que la 2de gé va concerner au plus trois -quatre élèves, pas forts mais sérieux et besogneux : deux ayant le niveau limite, deux autres aux forceps pour "faire du chiffre", qui seront réorientés ensuite, et les autres, on ne saura pas qu'en faire. Rassure-toi donc un peu , tu ne les verras pas ceux-là Very Happy


P.S. aussi au sujet du "vivre avec eux" : je vais avoir des EAP -je me suis laissé avoir aux sentiments, il faut des tuteurs pur qu'ils obtiennent leur contrat - et j'ai prévenu que j'allais être saignant s'ils se comportent mal envers eux . je les ai annoncés comme étant de jeunes professeurs sous contrat, pour qu'ils ne les insultent pas comme ils le font avec les AED.

Tutafé ! classes (collège) difficiles... lassitude, doute, déprime - Page 2 2289946511 Je passe encore plus de temps à faire la police (sans les moyens Evil or Very Mad ) pour mettre fin à leurs prises de bec et au fait qu'ils ne peuvent pas se sentir et s'insultent entre eux qu'à devoir régler les problèmes d'insolence à mon égard. Enfin, il y a les deux...
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par User5899 Mar 12 Fév 2013 - 15:32
C'est pas faux a écrit:C'est un forum public, mais il est censé être réservé aux enseignants (et à quelques proches Wink ). Alors que certains, avec ce qu'ils nous révèlent de ce qu'ils se farcissent pendant la journée, se fassent du bien en le décrivant de manière un peu rock'n roll, ça ne me choque pas plus que ça. Je ne leur ferai pas le procès de mépriser leurs élèves pour autant.
+1
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par lene75 Mar 12 Fév 2013 - 15:45
Je suis en lycée, alors tout n'est pas forcément adaptable mais :

1) Priorité number one : avoir confiance en soi (de préférence) ou au moins montrer de la confiance en soi. Si tu doutes, les élèves le sentent et ils te bouffent : c'est comme les animaux.
2) Comme ça a été dit : te reposer au maximum. Ça se passe toujours mieux quand on est en forme.
3) Apparemment tu es jeune maman, donc :
- quand tu arrives près de ta classe dans le couloir, tu penses à ton enfant, en tournant la clé dans la serrure, c'est toujours à lui que tu penses. Ce soir, tu vas le retrouver, ce qui se passe entre temps importe peu, ça glisse sur toi, ta vie est ailleurs ;
- seulement, il y a un truc que tu ne pourras pas tolérer : ne pas être en état de bien profiter de lui ce soir. Donc, ils n'ont pas intérêt à te faire ch* : quand on touche à ton enfant, tu mords, s'ils te fatiguent, s'ils te dépriment, ils touchent à ton enfant, ils ont déjà vu ce que ça fait une louve qui défend son petit ? Ils veulent savoir ?
- d'ailleurs, ce sont eux-mêmes des enfants. Tu n'as pas remarqué que leur comportement ressemble étrangement à celui d'un enfant de 2 ans ? C'en est presque attendrissant. Allez, vas-y, fais ta crise mon petit, c'est bien, roule-toi par terre en pleurant pour avoir un bonbon, tu t'opposes ? comme c'est mignon. Bon, ça y est, c'est fini la petite comédie, là ? (évidemment tu ne leur dis pas ça, sinon tu vas vraiment les énerver, mais tu le penses) Ta sanction, ce sera ça / Tu viendras me voir à la fin du cours quand tu seras un peu calmé pour que je te donne ta sanction. Sans transition, un gamin qui fait une crise, il n'y a pas de quoi en faire un plat, on reprend le cours normalement.
4) D'où, essayer au maximum de prendre les choses avec détachement. Pour toi c'est de la routine, il faut t'en convaincre, et il faut qu'ils en soient convaincus : leurs comédies ne t'impressionnent pas du tout, tu sais très bien comment réagir. Au bout d'un moment, ça devient vrai, d'ailleurs. Je me souviens de mon étonnement / impuissance la 1re fois où un élève a quitté ma salle en claquant la porte et en éructant je ne sais quoi. Depuis c'est de la routine, c'est limite, "tiens, il est parti, bon débarras", j'envoie quelqu'un prévenir la vie scolaire et je ferai un rapport. C'est toujours un peu gonflant de perdre du temps à faire un rapport, mais il n'y a pas de quoi fouetter un chat. La routine. Les élèves doivent voir que ça ne me fait ni chaud ni froid, pas de quoi me déstabiliser pour la suite du cours. Si tu arrive à bien gérer ce point (pas facile...), le suivant en sera d'autant plus facilité :
5) Pas de rancoeur. (si tu n'en as pas du tout, tant mieux, sinon tu prends sur toi pour ne pas la montrer). Ce n'est pas la guerre entre l'élève / la classe pénible et toi. Il a fait une connerie, il a été / sera sanctionné, incident clos, tu lui parles comme si de rien n'était, voire tu t'arranges pour lui marquer des signes d'attention. Un truc qui fonctionne parfois au lycée mais peut-être pas au collège, pratiquer l'humour. J'aime bien m'amuser à leur dire que je les persécute, par exemple, que bien sûr c'est encore sur untel que ça va tomber puisque je m'en prends toujours à untel, mais il faut être sûr qu'ils comprennent le second degré. C'est un peu le rôle maternel : il faut qu'ils sentent qu'on ne fait pas entrer de sentiments dans les punitions, un manquement = une punition, mais ça n'est pas une question de personne, ça ne change pas la relation, ça ne m'empêchera pas de dire bonjour à l'élève avec un grand sourire quand il entrera dans la salle (et s'il ne me répond pas, je ne relève pas : il boude ? Tant mieux, ça veut dire que mes réactions ne lui sont pas indifférentes).
6) Ne jamais avoir peur de perdre du temps sur le cours. Assurer la discipline, c'est toujours gagner du temps. Je faisais cette erreur au début, l'échéance du bac aidant, je ne la fais plus aujourd'hui. Ne pas commencer le cours tant que les conditions ne sont pas réunies (ça peut prendre du temps), t'arrêter dès qu'elles ne le sont plus. Dès que tu sens que tu forces sur ta voix, c'est qu'il y a un souci. Tu arrêtes de parler jusqu'à ce que les conditions soient à nouveau réunies (normalement là certains élèves se taisent, c'est plus facile pour repérer ceux que tu vas punir : ceux qui mettent plus de temps que les autres à se taire). Ça peut durer longtemps, il m'est même arrivé que ce soit la sonnerie qui nous délivre. Si tu n'as pas l'habitude de pratiquer ça, je te préviens, il y a des élèves que ça rend hystériques, ceux qui ne suivent pas le cours, qui n'ont pas compris ce qui se passait et que tu ne berces plus de ta douce voix.
7) Une fois que c'est fini, c'est fini. Il ne faut pas ressasser, tu as gagné ta croûte, ils ont été infernaux, ça n'a pas changé la face du monde. On verra bien demain. J'aurais dû le mettre en 1er mais il faut toujours avoir en tête de se protéger.
8) En revanche n'hésite pas à t'auto-féliciter pour les petites réussites et à te focaliser sur les 3 élèves qui suivent / qui progressent, etc.

Voilà, en gros, ça fait un peu recettes de cuisines, ça ne marche pas toujours, il m'arrive encore d'avoir des problèmes, des classes que j'ai du mal à gérer, mais c'est ce que j'ai appris en 4/5 ans après une année de stage atroce (et visiblement pire que ce que tu vis, comme quoi tu gères quand même : tu ne parles pas d'insultes, de menaces, etc.).

Et à part le travail psychologique sur soi-même, concrètement, ce que je mets en oeuvre, c'est :
- les placer par ordre alphabétique ;
- les accueillir à l'entrée de la salle en disant bonjour à chacun ;
- punitions systématiques et suffisamment dissuasives : pour mes terminales, 2 pages du manuel à copier - à la main, ça fait de l'ordre d'une copie double. Si ce n'est pas fait pour la fois suivante (si j'oublie de réclamer, c'est leur responsablité : c'est à eux de me présenter leur punition spontanément au début du cours), c'est doublé pour la fois suivante, si ce n'est toujours pas fait, 2h de colle et comme en 2h ils n'ont pas le temps de finir, je les accueille au cours suivant en leur disant que soit ils me rendent la fin de la punition au cours suivant, soit je les colle à nouveau 2h pour qu'ils refassent la punition depuis le début (et comme ils savent qu'en 2h ils ne pourront pas la finir, enfin tu vois le truc :diable: , cette année j'en ai un avec qui ça a duré 2 mois comme ça, il a fini par craquer Razz )
- à côté de ça, j'essaie d'être sympa, de plaisanter avec eux, de les encourager au moindre effort, etc. C'est ni tout l'un ni tout l'autre : trop de rigidité fait monter la mayonnaise et ça devient ingérable, les punitions seules ne font pas tout, s'il n'y a pas de rapport de confiance, elles n'ont pas d'efficacité, surtout quand certains ont la tête très dure, beaucoup de fierté et ne craignent pas grand chose. Je joue un peu de mon âge, c'est peut-être plus facile avec des terminales qui ont une moins grosse différence d'âge avec moi que vos collégiens.

Voilà, et surtout, ceux qui galèrent, dites-vous qu'au-delà des conseils des autres, beaucoup de choses se mettent en place avec l'expérience et que ce n'est pas une légende que les choses sont beaucoup plus faciles quand on est "installé" dans un établissement.


Dernière édition par lene75 le Mar 12 Fév 2013 - 15:50, édité 2 fois

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par lene75 Mar 12 Fév 2013 - 15:45
Rho j'ai écrit un roman Embarassed

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par Lefteris Mar 12 Fév 2013 - 16:16
Dinosaura a écrit:
Tess. a écrit:Ma pauvre, je compatis car j'ai l'impression de vivre ce que tu décris.
Je suis en zep, et il y a tellement d'insolences, que je n'ai pas le courage de réagir à toutes (par exemple, le coup d'ouvrir la fenêtre sans ma permission, c'est un classique du genre).
J'ai l'impression que les élèves ne me respectent pas. Par exemple, pas plus tard qu'hier, j'envoie un élève de 3e au tableau corriger un exercices à faire à la maison. je me place derrière les élèves, et là j'en vois plusieurs en train de recopier la correction en hâte, sous mon nez! Vive l'autorité comme tu dis.
Idem avec une classe de 5e particulièrement dure, qualifiée de classe-poubelle par le CDE: je leur fais sortir le carnet en début d'heure, cinq ou six ne l'ont pas, je leur fais donc vider le sac sur la table, ça fait 10 minutes de perdues, du bordel et les autres qui rigolent....
Au bout du compte je préfère donc miser sur un cours projeté ou dicté, une batterie d'exercices, pour qu'ils ne fassent que gratter et n'aient pas le temps de perturber. Je fais cela au détriment des punitions, que la plupart ne font pas de toute façon. Au début de l'année je punis, mais c'est épuisant. La semaine dernière, j'en ai collé trois qui n'avaient pas appris leur récitation, j'ai dû aller en vie sco choisir l'horaire, les CPE me l'ont fait changer quatre fois, j'ai dû leur redonner le travail car ils l'avaient perdu, puis me débrouiller pour contrôler que ça avait été fait...
Vu que c'est un peu la croix et la bannière pour mettre des sanctions dans mon collège, que ce n'est pas toujours fait ni toujours suivi d'effet, je suis obligée de ne pas tout sanctionner.

Oui, oui, le coup des fenêtres, une constante ! Idem les cahiers, et les carnets que certains (évidemment pas ceux pour lesquels il n'y en a pas besoin) n'ont jamais. Mais j'ai décidé de ne plus accepter en cours ceux qui au bout de trois fois ne viennent pas avec le carnet et à qui j'ai besoin de noter pour la troisième fois une observation, ça fera peut-être bouger la vie sco... En tout cas, moi ça va me soulager un peu niveau gestion de classe.

Je me reconnais aussi dans le temps perdu pour calmer un tel et un tel, temps dans lequel s'engouffrent les autres pour bavarder, ricaner aux bêtises des perturbateurs (pour rester polie), sachant qu'après il faut récupérer l'attention des premiers au prix d'une nouvelle gueulante, de nouvelles punitions...

J'abonde dans le sens de ceux qui parlent de garderie, c'est usant et ce n'est pas enrichissant. Certaines heures sont atroces, et on se demande ce qu'on fait là, le métier perd de son sens, alors je ne suis pas choquée que certains déclarent pour certaines classes que prof c'est dans ce cas un boulot alimentaire. Certaines heures se passent mieux, les classes peuvent être plus correctes, mais les "incivilités" restent le lot quotidien et on ne me fera pas croire que j'enseigne dans des conditions normales, c'est juste mon seuil de tolérance qui diminue, par la force des choses.

Lefteris : oui j'essaie de faire des cours à plusieurs niveaux, et sans temps morts, mais tous mes cours ne sont pas prêts (c'est peu de le dire), et en ce moment je ne peux pas peaufiner toutes les prép' de cours. Sinon complètement d'accord avec ta description des choses, et je partage la même colère face à l'hypocrisie du système (que je ne ressens nullement pour du mépris pour ma part).
Il faut accepter une chose simple dans son principe, mais qu'on a du mal à accepter et à mettre en place mentalement, surtout au début : ne pas faire cours. Refuser de commencer tant que toutes TES conditions ne sont pas remplies. Tant pis si ça prend dix minutes . Sinon tu t'égosilles une heure , pour rien , et tu n'as pas fait dix minute de cours réels de toute manière. Ils se sont bien agités, ta classe est en chantier (bouts de gomme, de papier...), tu finis crevée , et je ne parle pas de l'étart dans lequel tu poursuis des cours suivants.
Donc j'exige en rentrant : le silence, l'enlèvement des manteaux , que tout le monde sorte ses affaires (je coche au passage dans la case idoine "matériel" , qui me sert à mettre ma "note de travail") , le rangement des trousses dans les sacs (un stylo suffit), que chacun rejoigne sa place, et pas de chewing-gum .
Evidemment, ils tentent à chaque fois le passage en force , rien que pour le plan de classe, et "négocient" en parlant tous en même temps. La dernière fois, j'ai compté sur mes doigts, j'ai collé le premier braillard qui refusait de se mettre à l'endroit désigné. Ca a calmé les autres. Ensuite, ça continue quelques minutes avec les sacs fermés et les vêtement d'extérieurs, ils pensent passer inaperçus parce qu'on s'est occupé des autres. Je recommence, et s'il faut , je colle une seconde fois.
J'ai passé la vitesse supérieure, en interdisant de rentrer avec un chewing-gum , ils le crachent dans la poubelle extérieure. De plus, je les attends hors de la salle : celui qui n'est pas rangé et qui chahute ouvertement à l'autre bout pendant que je patiente, est inscrit en retard sur le bulletin. Puis ils rentrent un par un, je me mets d'ans l'encadrement de la porte, et je barre le chemin quelques secondes à ceux qui bavardent. Ca limite les agités une fois dans la salle.
De même, j'ai pendu un balai et une pelle au mur, ils nettoient s'ils jettent quelque chose au sol ( j'évite de leur tourner le dos, mais ça peut arriver, ils ont le goût de se délester de tous leurs déchets).

Ensuite, je leur indique le cours , en leur montrant la clef USB et en leur précisant que ça dépend d'eux , si c'est une lecture analytique (jadis explication de texte, je traduis puisque tu n'es pas en lettres). Soit ils suivent les consignes, réponses écrites, puis oral dans la discipline, soit "cours de fond de classe" , comme décrit plus haut. Idem pour la grammaire, encore plus facile, car tu peux projeter le cours , pusi donner des exercices que tu relèves (par tirage au sort si tu ne veux pas tout corriger) .
Si ça se calme, tu peux tenter de faire passer un élève au tableau. Mais comme ça se solde souvent en quolibets... Rolling Eyes tu bloques tout? Retour à la projection tu tournes autour d'eux.

Je ne sais pas comment transposer ça en HG , mais je t'assure que ça fonctionne, car j'ai depuis plusieurs années une "classe poubelle" systématiquement, je commence à avoir l'habitude. D'autant que nous sommes suivis par la vie scolaire et la direction, souvent mis en difficulté par ces mêmes élèves.

La contrepartie, je te l'accorde, c'est un gros travail de rédaction , de dactylo, pour préparer la projection à chaque fois "au cas où" , tenir des fiches, rédiger des rapports, remanier sans cesse les séquences parce qu'on n'avance pas...Je peux me le permettre car je n'ai qu'une classe comme ça. J'ai quelques pénibles en latin, aussi durs, qui mènent une vraie guerre d'usure pour arrêter, mais il est plus facile de régler ça au cas par cas

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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)

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par Dinosaura Mar 12 Fév 2013 - 16:23
Lene : oui oui tu as raison je suis maman (de 2 petites filles par contre), et je me lève aussi tous les matins en pensant à elles. Mais hier j'en avais gros sur le coeur... Enfin, il y a sans doute un travail à faire sur moi pour mettre mes affects à distance, et j'ai bien compris ce que tu dis des élèves qui sont (aussi ? d'abord ?) des enfants (et des adolescents) pour lesquels nous devons mettre en place une routine de sanctions, sans prendre cela pour nous mêmes.
En revanche, je trouve qu'il est difficile dans certaines classes de faire de l'humour et d'arriver détendu en cours. Peut-être qu'avec des collégiens-petits sauvageons, c'est la porte ouverte à toutes les fenêtres...

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par Lefteris Mar 12 Fév 2013 - 16:25
lene75 a écrit:Rho j'ai écrit un roman Embarassed
Moi aussi , et nos romans se sont croisés :lol: . Très judicieux ce que tu dis , mais je mets un bémol sur l'humour, en collège, ils n'en ont aucun . Ils croient en percevoir là où il n'y en pas (tu 'entends "lol, MDR") et ne voient pas quand il y en a. Même bémol sur les rapports : ils sont parfois très vindicatifs, haineux, et la gentillesse ne marche pas avec beaucoup d'entre eux , ils prennent ça pour de la faiblesse, et ça repart.

Ce qui me fait le plus froid dans le dos, dans ce que tu racontes, c'est que de telles choses arrivent en lycée pale

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par Lefteris Mar 12 Fév 2013 - 16:32
Dinosaura a écrit:Lene : oui oui tu as raison je suis maman (de 2 petites filles par contre), et je me lève aussi tous les matins en pensant à elles. Mais hier j'en avais gros sur le coeur... Enfin, il y a sans doute un travail à faire sur moi pour mettre mes affects à distance, et j'ai bien compris ce que tu dis des élèves qui sont (aussi ? d'abord ?) des enfants (et des adolescents) pour lesquels nous devons mettre en place une routine de sanctions, sans prendre cela pour nous mêmes.
En revanche, je trouve qu'il est difficile dans certaines classes de faire de l'humour et d'arriver détendu en cours. Peut-être qu'avec des collégiens-petits sauvageons, c'est la porte ouverte à toutes les fenêtres...
Non, à 15 ans, comme les miens (et même avant) , ce ne sont pas des "enfants", ils savent très bien ce qu'ils font, d'autant qu'on leur a rabâché ce qu'on attend. Ils sont "adolescents", et adulescere implique un processus en cours qui a fait quitter un état pour arriver à un autre. Les nombreux grammairiens de ce forum vont se faire un plaisir de développer le sens du suffixe inchoatif -sc Wink .
Preuve a contrario qu'ils peuvent être autres, c'est que certains savent se comporter comme il faut, se maîtriser, fournir quelques efforts.

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