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Herrelis
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L'étude des textes au collège : comment en sommes-nous arrivés là ? - Page 10 Empty Re: L'étude des textes au collège : comment en sommes-nous arrivés là ?

par Herrelis Ven 19 Juil 2013 - 13:36
Une génération entière est devenue paresseuse parce qu'on l'y a incité (quand je dis on, je ne pense pas à nous mais à un vrai on général).
Depuis enfant ils sont face à la facilité d'accès à tout : télé, internet, papa/maman, il n'y a plus de goût de l'effort, d'ailleurs le moindre effort (lire, apprendre, faire un exercice en classe) les rebute très vite. Apprendre se fait avec méthode, ils n'ont pas cette méthode, ils se bourrent le crâne avant le contrôle, recrachent et font de la place pour autre chose, surtout parce qu'ils ne voient pas à quoi ça servirait de retenir tout ça. Tous les ans j'ai droit à "on n'a rien fait l'an dernier", ce à quoi je réponds "si mais vous ne vous en souvenez pas...".
Après dans le tas il y a des élèves qui ont de réelles difficultés de mémorisation et d'autres qui savent apprendre, mais la majorité hélas...

Par ailleurs, je dois ajouter que même sans poster jusque là je suis ce fil de près, parce qu'il m'aide à réfléchir à ce que je veux faire voir aux élèves dans un texte. Et cela va faire trois ans que je cherche, tâtonne et me remet régulièrement en question.
MarieL
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par MarieL Ven 19 Juil 2013 - 14:31
Celeborn a écrit:
Axel a écrit: je crois que plusieurs études

Lesquelles ?

Je ne sais plus, souvenirs de stages PAF - et surtout de digressions à vrai dire. Mais j'en avais gardé une forte impression, d'autant plus que comme beaucoup il m'est arrivé de faire réciter (en PPRE) une leçon à un élève, de constater qu'il la connaissait sur le bout des doigts, et d'entendre quelques jours plus tard, sur un ton péremptoire "Il n'avait encore rien appris".

Il est apparemment très difficile d'apprendre ce que l'on ne comprend pas (même si c'est très court), particulièrement difficile d'apprendre une liste (le lien ne se fait pas entre les différents mots), et d'apprendre de manière générale quand un "besoin primaire" n'est pas satisfait. Et dans ces besoins primaires apparaissait la sécurité affective par exemple.

Quelque chose de cet ordre-là : http://www.ien-versailles.ac-versailles.fr/Espace%20pedagogique/Apprendreaapprendre/Memoriseralecole.htm

Je ne suis pas spécialiste et j'avais à l'école une excellente mémoire, j'apprenais mes récitations en dix minutes sans une erreur, je visualisais la page du manuel pour les leçons, du coup ces discussions sur le fonctionnement de la mémoire m'ont vraiment fait réfléchir. J'avais une tendance naturelle à associer absence de mémorisation et absence de travail, mais ce n'est plus le cas.

Edit - Pour ce qu'en dit Véronique, cela me rappelle une chanson de Leny Escudero, sur cet enfant incapable de se souvenir de la date de la bataille de Marignan "et pourtant c'est facile, et puis c'est important".

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par adelaideaugusta Ven 19 Juil 2013 - 15:26
V.Marchais a écrit:Ces propos sur la mémoire, c'est comme tout.
On ne me fera pas croire que, d'un seul coup, par quelque dégénérescence inexplicable, une génération entière est devenue, massivement, incapable de mémoriser 3 lignes.
C'est comme pour l'épidémie de dys.
Ton étude explique peut-être les 10% d'élèves ou moins qui ont de réelles difficultés de mémorisation malgré tous leurs efforts (j'en ai connu, de tels élèves, de bonne volonté, en plus. Je les prenais en aide aux devoirs, je les faisais répéter moi-même, à la fin de l'heure, ça semblait gagné, et le lendemain... plus rien. Formatage du disque dur. Néant absolu. Des poissons rouges. À se taper la tête contre les murs. Donc oui, ils existent, j'en conviens, mais je redis qu'ils sont fort rares, heureusement). Pour les autres, c'est un mélange de manque d'habitude, d'exigence, d'efforts... Et là, effectivement, on ne peut pas grand chose.

Je pense que la mémoire doit s'exercer dès le début de la scolarité. De plus, il y a plusieurs sortes de mémoires : l'auditive, la visuelle, et la mémoire du geste, Très importante. Quand on prétend qu'il deviendra facultatif d'apprendre à écrire, comme dans certains états des USA, cette mémoire disparaîtra. Hélas, chez nous, combien d'enfants tiennent correctement leur "outil scripteur" ?? Quand on voit des classes à la télévision, c'est bien souvent assez navrant.
J'ai toujours travaillé les trois en même temps, par exemple, pour les formules chimiques très compliquées, la mémoire du geste est très importante.
Souvent, les enfants ne savent pas apprendre, et nombreux sont ceux qui croient qu'il suffit de lire un texte, ou un mot de vocabulaire pour le savoir.
Chez les enfants de primaire dont je m'occupe, je leur ressasse qu'il faut répéter, et tout haut, et en écrivant le mot. Et combien de jeunes écoutent de la musique en "apprenant" leurs leçons. J'ai lu que l'efficacité est diminuée de 60 %.
J'ai trouvé les travaux d'Eric Kandel, prix Nobel, sur la mémoire, très intéressants.

Pourquoi ne fait-on plus apprendre de poèmes, en français ou en langues, dès le plus jeune âge ? Je sais que certains sont réticents, mais s'ils se rendent compte qu'ils progressent, certains acceptent l'effort. Et les listes de mots en langue, les verbes irréguliers, également en français ??
Quand un jeune collégien de troisième me dit : "Je finisserai", je frémis d'horreur.
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par Herrelis Ven 19 Juil 2013 - 16:48
Le par cœur a été vilipendé pendant des années, trop réducteur et inutile qu'on disait. Le résultat c'est que j'ai encore des élèves qui ne savent pas conjuguer un verbe au passé simple...

Par contre ado j'apprenais mes leçons en musique, mais étant sensible au rythme et en fait suivant le son et pas les paroles, c'était très efficace chez moi. J'ai encore en mémoire des choses qui datent d'il y a près de 20 ans (la tête du serveur et de ma mère l'autre soir quand je me suis récité son code appris il y a fort longtemps, j'avais une tête d'andouille à agiter la tête les yeux mi-clos, mais je m'en suis souvenue et j'ai pu lui redonner au creux de l’oreille ^^).

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par Ergo Ven 19 Juil 2013 - 17:12
Et c'est toujours du plus bel effet quand on redonne à des élèves la définition exacte de quelque chose ou le théorème de Pythagore.
"Oui mais madame, vous êtes prof, c'est pas pareil." "...Oui, mais je suis prof d'anglais. Seulement, un jour, je l'ai appris par coeur et vous voyez, il est resté."

J'ai fait de l'aide aux devoirs à quelques élèves d'une classe de 6e, ils en sont restés muets quand j'ai pu compléter leur hésitante récitation de "Heureux qui, comme Ulysse..." en leur disant que je l'avais appris en primaire...Bien sûr qu'il y a différents types de mémoire (je n'ai jamais rien appris en recopiant mais en toujours en écoutant, en récitant) mais peu d'élèves la travaillent encore ("ça sert à quoi?").

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par Dalva Ven 19 Juil 2013 - 17:17
Il faut tout de même dire qu'il est plus facile d'apprendre par cœur quelque chose qui a un sens que quelque chose qui n'en a pas.

Entre retenir :
"Mignonne allons voir si la rose,
qui se matin avait éclose
sa robe de pourpre au soleil..."

et retenir :
"Dragonne ballon boire bi ta glose,
pi te darin oré mélose
ar tourb di balad a pireil..."

... il y a un monde.

Or, pour les élèves, apprendre par cœur des phrases en anglais ou des définitions (quelle que soit la matière), ça revient à peu près à tenter de retenir dans le bon ordre une suite de syllabes (parfois n'ayant aucun rapport lettres/sons pour eux) disposées de façon aléatoire. Je ne m'étonne pas qu'ils n'en retiennent rien même quand ils font semblant de faire l'effort (je ne parle évidemment pas ici des quelques élèves qui, comme l'a dit Véronique, formatent le disque dur pendant la nuit). (J'ai beaucoup aimé l'image, d'ailleurs !)
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par Ergo Ven 19 Juil 2013 - 17:24
Dalva a écrit:
Entre retenir :
"Mignonne allons voir si la rose,
qui se matin avait éclose
sa robe de pourpre au soleil..."
Pour mes élèves, ça ou le Heureux qui, comme Ulysse...n'a pas de sens. Et ça n'en avait pas spécialement quand je l'ai appris non plus (pas plus que le solfège ou de nombreuses définitions). L'étude des textes au collège : comment en sommes-nous arrivés là ? - Page 10 3795679266 

En langues, j'ai appris par coeur des verbes ou des expressions qui n'avaient aucun sens.

Je ne sais pas mais je n'ai pas l'impression que le "donner un sens" qui m'a été rabâché pendant le peu de temps que j'ai passé à l'IUFM fasse tellement du bien...parce que finalement, donner un sens revient en fait simplement dans ce qu'on a pu me dire de faire (en anglais) à donner un contexte (une commande au restaurant, un coup de téléphone à un ami pour une soirée) et pour beaucoup de mes élèves, commander au restaurant, ça n'a pas vraiment de sens non plus...

C'est valable pour ce qu'on m'a dit, bien sûr, mais je me méfie de cette association apprentissage / sens qui, pour moi, ne sont pas simultanés.

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par Lédissé Ven 19 Juil 2013 - 17:32
Je crois que cela tient aussi au rapport à l'écrit de nos élèves : la mémoire visuelle sur laquelle nous nous appuyons en partie est sapée chez eux par, soit la non-identification des mots à apprendre / l'association floue son-vision (des lettres), soit carrément une forme de dyslexie (je parle là non de la dyslexie vraie, mais de celle causée par un mauvais apprentissage de la lecture) qui fait que l'écrit, de toute façon, ne leur "parle" pas.
Personnellement, j'ai toujours le mot en tête à la fois sous sa forme sonore et sous celle d'une image écrite, en même temps que comme idée. Que le sens d'une formule à apprendre ne soit pas présent à l'esprit lorsqu'on apprend par coeur, je le conçois aussi ; mais s'ils n'ont plus que le son...
En outre, le sens est moins bien perçu lorsqu'on a les soucis de syntaxe qu'ils ont souvent ; ce qui nous apparaît comme un énoncé clair leur est confus. :|

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par Ergo Ven 19 Juil 2013 - 17:42
C'est certain...
Et là, je m'en remets à DC, Clarinette, Phi et à d'autres (que je ne nomme pas non par oubli mais ne les ayant pas lus suffisamment Embarassed)...
Edit: et pour le apprendre à apprendre, je m'interroge car n'ayant aucun recul: comment faire ? Comment faisaient mes instits ?


Dernière édition par Ergo le Ven 19 Juil 2013 - 17:45, édité 1 fois

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par Mamousse Ven 19 Juil 2013 - 17:43
Herrelis a écrit:Le par cœur a été vilipendé pendant des années, trop réducteur et inutile qu'on disait. Le résultat c'est que j'ai encore des élèves qui ne savent pas conjuguer un verbe au passé simple...
+1

Certes, quelques élèves ont de réelles difficultés, comme le souligne Véro plus haut.

Mais, beaucoup se contentent tellement de peu ! Certains croient apprendre puis restituent la leçon, le paragraphe "avec leurs propres mots"... et le résultat en est parfois, finalement, presque drôle lorsqu'il s'agit de poésie, par exemple. Ainsi ai-je eu droit à de nouvelles versions de certains textes où le "quand' est remplacé par un "lorsque", le "s'est promené" par un "s'est balladé", le "un soir" par "une soirée"...
Il est donc bien question d'absence de rigueur et d'"à-peu-près"...
Lorsqu'il s'agit de restituer des connaissances en rédigeant, comme certains ont d'énormes difficultés à formuler par écrit leurs idées, cela donne un grand charabia incompréhensible affraid  et un élève qui dit : "Ben, pourtant, j'vous promets,m'dame, j'ai appris !"...
Mais oui, il/elle a appris... sans doute... mais mal... Parce qu'effectivement, il/ elle  n'a tout simplement jamais appris à apprendre, comme le dit plus haut adelaïdeaugusta. L'étude des textes au collège : comment en sommes-nous arrivés là ? - Page 10 2252222100 

Mais, comment en sommes-nous venus à parler du "par coeur", au fait ? Euh ... Nous parlions du SENS des textes, sommes passés par la question de la séquence décloisonnée ou non, de la progression grammaticale décrochée...
Comme quoi, tout est bel et bien lié dans l'enseignement du français. Notre difficulté est de parvenir à donner du sens à tous ces apprentissages afin que les élèves en comprennent l'intérêt... Mouais, facile à dire... Môa... je rame toujours et encore... Je trouve quelques réponses en discutant avec vous et c'est vrai qu'il y a des trucs qui marchent... Et je me heurte toujours au même obstacle : le manque de temps pour arriver à tout bien mettre en place... pale

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par User5899 Ven 19 Juil 2013 - 18:08
Herrelis a écrit:Le par cœur a été vilipendé pendant des années, trop réducteur et inutile qu'on disait. Le résultat c'est que j'ai encore des élèves qui ne savent pas conjuguer un verbe au passé simple...
J'ai eu une copie de S au bac qui à six reprises (six !) a employé "ais" au lieu de "est". Je les ai comptées en marge et je dois dire que j'ai mis 1/20 hors barème, parce que faut pas trop pousser quand même furieux
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L'étude des textes au collège : comment en sommes-nous arrivés là ? - Page 10 Empty Re: L'étude des textes au collège : comment en sommes-nous arrivés là ?

par Herrelis Ven 19 Juil 2013 - 18:31
Au brevet pour moi ça a été simple, au-delà de trois verbes conjugués à la va comme je te pousse, j'ai enlevé un point pour la grammaire d'office. Tant pis pour la bienveillance, parce que bon... ><

P/S : jolis poils sieur Cripure Razz.

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par Dalva Ven 19 Juil 2013 - 18:37
Ce que je voulais dire, Ergo, c'est que n'a vraiment aucun sens : les sons ne se rapportent à rien. Et tu as effectivement raison : Mignonne ou Ulysse, pour eux, c'est du charabia.
Mais je mets au défi quiconque ici voudra apprendre par cœur aujourd'hui un sonnet de charabia et me le réciter demain sans inverser aucune syllabe. Encore suis-je gentille parce que dans un sonnet, fut-il en charabia, on peut s'appuyer sur le rythme et les rimes, sur la musique des sons.
Pour les grands débutants, si on n'y prend pas garde, la langue étrangère, c'est ça. Des sons qui ne correspondent à rien. Et le français que nous parlons et lisons devient pour nos élèves une langue étrangère.

Comment c'était déjà ce mot imprononçable de Mary Poppins ? Supercalifragilisticexpialidocious !
Quand j'entends ma fille essayer de me redire des phrases en anglais, j'ai l'impression qu'elle essaie de faire comme Mary Poppins...
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par adelaideaugusta Ven 19 Juil 2013 - 22:35
Mamousse a écrit:
Herrelis a écrit:Le par cœur a été vilipendé pendant des années, trop réducteur et inutile qu'on disait. Le résultat c'est que j'ai encore des élèves qui ne savent pas conjuguer un verbe au passé simple...
+1

Certes, quelques élèves ont de réelles difficultés, comme le souligne Véro plus haut.

Mais, beaucoup se contentent tellement de peu ! Certains croient apprendre puis restituent la leçon, le paragraphe "avec leurs propres mots"... et le résultat en est parfois, finalement, presque drôle lorsqu'il s'agit de poésie, par exemple. Ainsi ai-je eu droit à de nouvelles versions de certains textes où le "quand' est remplacé par un "lorsque", le "s'est promené" par un "s'est balladé", le "un soir" par "une soirée"...
Il est donc bien question d'absence de rigueur et d'"à-peu-près"...
Lorsqu'il s'agit de restituer des connaissances en rédigeant, comme certains ont d'énormes difficultés à formuler par écrit leurs idées, cela donne un grand charabia incompréhensible affraid  et un élève qui dit : "Ben, pourtant, j'vous promets,m'dame, j'ai appris !"...
Mais oui, il/elle a appris... sans doute... mais mal... Parce qu'effectivement, il/ elle  n'a tout simplement jamais appris à apprendre, comme le dit plus haut adelaïdeaugusta. L'étude des textes au collège : comment en sommes-nous arrivés là ? - Page 10 2252222100 

Mais, comment en sommes-nous venus à parler du "par coeur", au fait ? Euh ... Nous parlions du SENS des textes, sommes passés par la question de la séquence décloisonnée ou non, de la progression grammaticale décrochée...
Comme quoi, tout est bel et bien lié dans l'enseignement du français. Notre difficulté est de parvenir à donner du sens à tous ces apprentissages afin que les élèves en comprennent l'intérêt... Mouais, facile à dire... Môa... je rame toujours et encore... Je trouve quelques réponses en discutant avec vous et c'est vrai qu'il y a des trucs qui marchent... Et je me heurte toujours au même obstacle : le manque de temps pour arriver à tout bien mettre en place... pale

Le sens , le sens, le sens ! Donner du sens avant toute chose. C'est ainsi que de nombreux enseignants de CP ou CE1 opposent sens et déchiffrage, ce qui n'a aucun sens.

Comment un enfant peut-il apprendre à lire avec une telle méthode, certes pleine de sens ?

Je pense être vraiment rétro, je n'apprécie pas le livre de lecture de mon petit-fils, en CE1, 'Le Faunographe'. Table des matières : L'itroglion. L'éfébeuf. La lainophe. L'aspicoclic. L'odriaque. L'oubidoule. L'uglude. L'euclomontitrope. L'imperlimpinpin. L'andugne. L'ondelle. Le pulipatte.etc etc.
C’est un « phonémécédaire », écrit sous la direction d' un maître de conférences de l’IUFM de Créteil, André Giordan, par ailleurs professeur des sciences de l’éducation à l’université de Genève, pour les enfants de la GS à la fin du primaire. C’est un miroir aux alouettes, car il y a des dessins amusants d’animaux fantastiques, ce qui plait aux enfants, mais les textes comportent tellement d’ « implicite » que même des collégiens doivent se les faire expliquer !!
De plus, mon petit-fils a appris l’API, alphabet phonétique international. (Rien retenu, bien évidemment !)

Exemple :

« Le déambulidaire.
Le déambulidaire, dada pas ordinaire, draguait tous les jeudis la même donzelle hardie.
Hélas, la blonde, peu séduite par son ridicule derrière, se défila dare-dare au deuxième rendez-vous.
De désespoir, il déracina des dycotilédones. A la dixième, il décida d'arrêter, car depuis douze secondes une déambulidaire doucement le regardait... »
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par henriette Ven 19 Juil 2013 - 23:44
Alors là : :shock: :shock: :shock: :shock: :shock: 
Mais il est supposé être vraiment sain d'esprit, cet André Giordan ?
Ce serait drôle si ce n'était pas si scandaleusement criminel. Pauvres gamins.
Oudemia
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L'étude des textes au collège : comment en sommes-nous arrivés là ? - Page 10 Empty Re: L'étude des textes au collège : comment en sommes-nous arrivés là ?

par Oudemia Ven 19 Juil 2013 - 23:47
Il y a un fil sur les manuels de lectures et leurs méthodes, par Rikki, je crois; il faudrait voir comment il y est traité!
Edit C'est ici
https://www.neoprofs.org/t54453p660-alphabetique-syllabique-globale-mixte-le-classement-des-manuels-de-lecture-pour-apprendre-a-lire-aux-enfants#2020487
Il avait été lancé par doublecasquette Embarassed  mais les collaborations sont multiples


Dernière édition par Oudemia le Ven 19 Juil 2013 - 23:51, édité 1 fois
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L'étude des textes au collège : comment en sommes-nous arrivés là ? - Page 10 Empty Re: L'étude des textes au collège : comment en sommes-nous arrivés là ?

par henriette Ven 19 Juil 2013 - 23:49
Oui, tu as raison, je vais voir de ce pas.

Ben apparemment il ne figure pas dans la liste récapitulative au début du fil : https://www.neoprofs.org/t33157-alphabetique-syllabique-globale-mixte-le-classement-des-manuels-de-lecture-pour-apprendre-a-lire-aux-enfants
Suspect


Dernière édition par henriette le Ven 19 Juil 2013 - 23:56, édité 1 fois
Oudemia
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Bon génie

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par Oudemia Ven 19 Juil 2013 - 23:55
J'ai retrouvé un doc word où j'avais recensé les titres, début juin, il n'y est pas, enfin, il n'y était pas à cette date.
henriette
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Médiateur

L'étude des textes au collège : comment en sommes-nous arrivés là ? - Page 10 Empty Re: L'étude des textes au collège : comment en sommes-nous arrivés là ?

par henriette Ven 19 Juil 2013 - 23:56
Oui, je viens d'éditer mon message, j'ai vérifié sur le fil.

Mais en fait, c'est pour les CE1, si j'ai bien compris, donc il semble "normal" qu'il n'y soit pas...
Oudemia
Oudemia
Bon génie

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par Oudemia Sam 20 Juil 2013 - 0:09
On en parle ici
https://www.neoprofs.org/t54453p460-alphabetique-syllabique-globale-mixte-le-classement-des-manuels-de-lecture-pour-apprendre-a-lire-aux-enfants#1824782 "la non-méthode" affraid 
il faudrait lire autour pour en savoir plus (j'ai copié le doc word en juin sur la page d'accueil je pense)
henriette
henriette
Médiateur

L'étude des textes au collège : comment en sommes-nous arrivés là ? - Page 10 Empty Re: L'étude des textes au collège : comment en sommes-nous arrivés là ?

par henriette Sam 20 Juil 2013 - 0:46
La "non méthode", pour "non apprendre", tu m'étonnes...
doublecasquette
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L'étude des textes au collège : comment en sommes-nous arrivés là ? - Page 10 Empty Re: L'étude des textes au collège : comment en sommes-nous arrivés là ?

par doublecasquette Sam 20 Juil 2013 - 8:15
Le Faunographe est une méthode d'orthographe (si, si) dont le but est d'apprendre (si, si) aux élèves à répertorier les mille et une façons de transcrire un son.

Dans l'idée de rendre l'exercice plus ludique (le code alphabétique, c'est ch**nt et sclérosant, c'est bien connu), les auteurs ont eu l'idée de jouer sur les mots, d'en inventer, de les associer de façon originale et attrayante (pour eux, hein... les gamins... bof, quelle importance, on dira que c'est danlintérêdlenfant).

Je n'ai jamais vu cette méthode, éditée par une petite maison d'édition, connue pour son caractère très "innovant" (de l'innovation qui a au bas mot trente balais, mais bon, en employant ce terme, ils croient rester d'jeun's).
C'est resté très confidentiel et je ne crois pas que ça ait eu beaucoup de succès. À part quelques équipes de circonscription qui ont essayé vainement d'en faire la promotion auprès de leurs ouailles, je n'ai jamais vu de collègues l'utilisant ou ayant continué à l'utiliser après l'avoir vaguement essayé.

Le fait que la plupart des mots y soient des "pseudo-mots" et qu'on ne puisse pas se raccrocher au sens, puisque les textes se veulent être surréalistes, en fait un cauchemar pour les enfants dyslexiques.
philann
philann
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par philann Sam 20 Juil 2013 - 8:33
Axel a écrit:
Je ne sais plus, souvenirs de stages PAF - et surtout de digressions à vrai dire. Mais j'en avais gardé une forte impression, d'autant plus que comme beaucoup il m'est arrivé de faire réciter (en PPRE) une leçon à un élève, de constater qu'il la connaissait sur le bout des doigts, et d'entendre quelques jours plus tard, sur un ton péremptoire "Il n'avait encore rien appris".


Je ne suis pas spécialiste et j'avais à l'école une excellente mémoire, j'apprenais mes récitations en dix minutes sans une erreur, je visualisais la page du manuel pour les leçons, du coup ces discussions sur le fonctionnement de la mémoire m'ont vraiment fait réfléchir. J'avais une tendance naturelle à associer absence de mémorisation et absence de travail, mais ce n'est plus le cas.

Edit - Pour ce qu'en dit Véronique, cela me rappelle une chanson de Leny Escudero, sur cet enfant incapable de se souvenir de la date de la bataille de Marignan "et pourtant c'est facile, et puis c'est important".


C'est moi que tu décris!!! Une mémoire AFFREUSE, d'ailleurs encore aujourd'hui! Je galère des mois durant rien qu'avec le nom de mes élèves Rolling Eyes 
J'effrayai presque ma prof d'allemand, avec qui je prenais des cours particuliers, parce que je pouvais connaître une leçon par coeur sur le bout des doigts...et en avoir oublié la moitié le lendemain!Suspect 

MAIS DU COUP: je suis ULTRA favorable au travail de mémorisation, à l'apprentissage par coeur, aux récitations etc... Ce n'est pas parce que les élèves ont du mal à mémoriser qu'il ne faut pas faire appel à la mémoire, c'est exactement le contraire! C'est comme un muscle et plus on a de difficulté avec la mémoire, plus il faut l'exercer.

Or, il est vrai, que les occasions dans la vie de tous les jours se raréfient: internet, n° de tel enregistrés dans le téléphone, liste de courses sur "Notes" ou équivalent... temps de cerveau disponible occupé par la télé, internet, etc...

En dehors de mon cas personnel, je crois qu'il y a un problème générationnel! Mais c'est un grand plus, d'avoir une bonne mémoire, surtout pour mes études, ça vaut le coup de tenter de la développer autant que possible.
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phi
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par phi Sam 20 Juil 2013 - 9:05
doublecasquette a écrit:Le Faunographe est une méthode d'orthographe (si, si) dont le but est d'apprendre (si, si) aux élèves à répertorier les mille et une façons de transcrire un son.

Dans l'idée de rendre l'exercice plus ludique (le code alphabétique, c'est ch**nt et sclérosant, c'est bien connu), les auteurs ont eu l'idée de jouer sur les mots, d'en inventer, de les associer de façon originale et attrayante (pour eux, hein... les gamins... bof, quelle importance, on dira que c'est danlintérêdlenfant).

Je n'ai jamais vu cette méthode, éditée par une petite maison d'édition, connue pour son caractère très "innovant" (de l'innovation qui a au bas mot trente balais, mais bon, en employant ce terme, ils croient rester d'jeun's).
C'est resté très confidentiel et je ne crois pas que ça ait eu beaucoup de succès. À part quelques équipes de circonscription qui ont essayé vainement d'en faire la promotion auprès de leurs ouailles, je n'ai jamais vu de collègues l'utilisant ou ayant continué à l'utiliser après l'avoir vaguement essayé.

Le fait que la plupart des mots y soient des "pseudo-mots" et qu'on ne puisse pas se raccrocher au sens, puisque les textes se veulent être surréalistes, en fait un cauchemar pour les enfants dyslexiques.

Ce doit encore être un truc de "chez nous", je l'ai vu à la BCD (enfin, c'était juste un album avec une page par "monstre" qui sont très laids en plus d'être impossible à retenir d'ailleurs...) personne n'utilise ce machin par ici en tous cas ...
henriette
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par henriette Sam 20 Juil 2013 - 11:40
Heureusement tout de même que cette méthode est ultra minoritaire : c'est rassurant ! Merci pour les précisions, DC. En effet, que ce monsieur ait envie de faire des collages surréalistes et un abécédaire oulipien, grand bien lui fasse, tant qu'on ne l'impose pas aux élèves...
adelaideaugusta
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par adelaideaugusta Sam 20 Juil 2013 - 12:55
henriette a écrit:Heureusement tout de même que cette méthode est ultra minoritaire : c'est rassurant ! Merci pour les précisions, DC. En effet, que ce monsieur ait envie de faire des collages surréalistes et un abécédaire oulipien, grand bien lui fasse, tant qu'on ne l'impose pas aux élèves...

Pour finir l'histoire de mon petit-fils, sur la demande de sa maîtresse de CM2, il a eu un bilan orthophonique. Il lisait très lentement, mais en comprenant ce qu'il lisait. Il a été diagnostiqué "dyslexique-dysorthographique ", avec de grosses difficultés dans la voie d'adressage : en effet, comment lire d'un seul coup d'oeil des mots comme itroglion, déambulidaire, euclomontitrope, après avoir eu Justine et compagnie en CP.
Je ne sais si deux ou trois ans de mauvaises méthodes peuvent rendre un enfant dyslexique, mais il se trouve que mon petit-fils aime lire, et s'est rééduqué tout seul...à force de lire, et qu'il n'est plus dyslexique.
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