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Dimka
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Pedro Cordoba : les sénateurs bluffés par les ESPE (ironique !) - Page 2 Empty Re: Pedro Cordoba : les sénateurs bluffés par les ESPE (ironique !)

par Dimka Mar 15 Juil 2014 - 3:01
Pedro Cordoba a écrit:Mais il y a pour cela un seul moyen. Il faut d'abord prendre en compte le fait que le concours se déroule en fait en trois moments : l'écrit, l'oral et l'année de stage, la titularisation n'intervenant qu'après le stage. C'est à ce moment-là qu'on pourrait organiser de vraies épreuves de titularisation avec un jury impartial. Cela permettrait d'éliminer ceux qui sont visiblement incapables d'enseigner tout en leur donnant une deuxième chance (redoublement de l'année de stage). C'est un peu ce qui se passe depuis toujours mais il faudrait augmenter assez fortement le nombre de redoublants (et bien sûr celui des admis à l'oral dans la même proportion), rééquilibrer donc la place des différentes épreuves : écrit, oral, titularisation. Si le taux d'échec à ces épreuves de titularisation augmente de façon très sensible les éliminés auront moins le sentiment d'arbitraire qui domaine aujourd'hui (pourquoi ça tombe sur moi?) et recommencer une année de stage ne serait pas humiliant : ce serait vraiment une deuxième chance, en plus dans l'académie d'origine... Et aussi de vraies épreuves (publiques) avec un vrai jury, fondées sur une vraie pratique d'enseignement, permettraient d'évaluer au mieux les aptitudes professionnelles des candidats. Le problème, c'est que jamais au grand jamais les formateurs ESPE n'accepteront cela. Il m'est arrivé de suggérer l'idée à certains d'entre eux, les moins fanatiques, ceux avec qui ont peut parler normalement. Le refus a été immédiat. On le comprend. Un tel dispositif rendrait caduc leur propre enseignement, qui relève et relèvera toujours du métalangage (c'est-à-dire de la "canaillerie" pour Lacan puisque que suis apparemment lié à l'enseignement de Lacan)
Les candidats sont-ils vraiment prêts à supporter tant de pression sur le long terme ? Un ou deux ans de préparation de concours, encore un ou deux ans de titularisation… pour qu’au bout, un grand nombre apprenne que finalement, c’est non et allez voir ailleurs si vous y êtes ? On n’a pas une période d’essai aussi longue, ailleurs, mais c’est supportable pour la plupart parce qu’en théorie, la plupart des gens sont titularisés. Refaire un système où une année, voire deux, serait une véritable épreuve de sélection, ça serait un recul des droits sociaux, qui ne sont déjà pas bien brillants pour les stagiaires.

Jusqu’au jour où à force de charger la barque, les gens risquent de se rendre compte qu’il y a d’autres concours, qui leur offriront le même salaire, voire un meilleur, de meilleures conditions de travail, une meilleure évolution de carrière, et où on les ennuiera moins pour la titularisation.

Et surtout, j’ai du mal à voir le lien avec les IUFM/ÉSPE : avant ces structures, on recrutait déjà des enseignants sans que la titularisation ne se transforme en troisième épreuve, il me semble.
Marmont
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par Marmont Mar 15 Juil 2014 - 14:55
Cet article mélange, malheureusement, tout et n'importe quoi pour produire contre-vérité et jugements à l'emporte-pièce... Sad 
Pourquoi ? Parce qu'il part d'un postulat mal compris.
Outre le fait que les fameux "17%" soient mal interprétés, il est une fois question des masters MEFF, puis des masters MEEF (sans aucune forme de distinction ou de définition heu ), une fois les IUFM, une fois les ESPE et je ne parle pas des sessions de concours ni des degrés d'enseignement. Cela ne fait vraiment pas très sérieux ! Suspect 
Si on fait état de la session des concours du second degré de 2013, il faudrait commencer par rappeler que les ESPE n'existaient pas encore, donc je ne comprends pas bien la lecture du chiffre en question.
Pourquoi ? Car dans le 2nd degré, la grande majorité des candidats passait par des masters recherche, étant donné que leurs maquettes de M1 et de M2 recyclaient largement les questions du capes. (Cela peut pourtant varier entre les disciplines). L'agrégation étant décrochée, elle est difficilement liable.
Maintenant (c'est à dire depuis la nouvelle session des concours), c'est techniquement plus difficile de passer par un master recherche pour se retrouver obligatoirement en M2 MEEF, une fois lauréat du concours. Cela n'était pas le cas avant l'année universitaire 2014-2015, donc à suivre l'auteur de l'article, il n'a pas dû comprendre que les critiques des ESPE et de la réforme des concours pourront se faire seulement à la fin de l'année prochaine, une fois qu'une fournée sera passée !
Enfin, pour le 1er degré - l'auteur ne doit pas savoir ce que c'est... - c'est-à-dire le CRPE nous sommes à chaque session à plus de 60% des admis qui sont passés par les IUFM (ben oui, comme c'est avant 2013, on ne peut pas écrire autre chose). Donc non seulement la lecture et la compréhension de ce chiffre sont fausses, mais toutes les critiques qui en découlent ne reposent sur rien d'autre que de la polémique.
Dommage, cela méritait mieux !

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par Pedro Cordoba Mar 15 Juil 2014 - 15:50
A Marmont

Je suis tout à fait sérieux et c'est vous qui ne comprenez rien à rien et qui n'avez même pas lu ce que j'ai écrit. Les 17 % sont les 17 %, point barre. S'ils sont mal interprétés, la responsabilité en incombe au ministère, pas à moi qui me contente de reprendre les chiffres officiels. Je ne mélange rien : où avez-vous lu que je parle de l'existence des ESPE en 2013?

Quant à ceux qui ont supprimé les bourses spécifiques pour les concours et obligent les boursiers à s'inscrire en M1 MEEF même s'ils sont déjà titulaires d'un master-recherche complet, condamnant ainsi les agrégatifs à réussir du premier coup ou à perdre leur bourse, alors qu'ils avaient droit autrefois à 3 tentatives, ils ont agi de façon ignoble et ne visent qu'à gonfler artificiellement les effectifs (et les résultats) des ESPE.

Je ne discute pas le fait que les résultats du CRPE soient meilleurs pour les ESPE. Mais cela signifie seulement une chose : que les profils des uns et des autres sont totalement divergents et que la rengaine sur la "culture commune" est condamnée à l'échec.

PS. Exemples de votre propre sérieux :
"il est une fois question des masters MEFF, puis des masters MEEF (sans aucune forme de distinction ou de définition heu )". ça veut dire quoi, svp?
Et plus loin :
"une fois les IUFM, une fois les ESPE et je ne parle pas des sessions de concours ni des degrés d'enseignement."
- Je parle des IUFM quand il est question des IUFM et des ESPE quand il est question des ESPE
- je signale à chaque fois la session des concours
- je ne parlais que d'un seul degré d'enseignement, le secondaire.
Bref, si j'avais à juger de vos capacité intellectuelles en tant que membre d'un jury, je serais très heureux de vous mettre un zéro éliminatoire
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par Gryphe Mar 15 Juil 2014 - 16:00
Master MEEF ou MEFF ?  Wink

Spoiler:


Dernière édition par Gryphe le Mar 15 Juil 2014 - 16:03, édité 1 fois
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par Pedro Cordoba Mar 15 Juil 2014 - 16:02
Gryphe a écrit:Master MEEF ou MEFF ?  Wink

OK. C'est si difficile de voir qu'il s'agit d'une faute de frappe?
Gryphe
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par Gryphe Mar 15 Juil 2014 - 16:04
Pedro Cordoba a écrit:OK. C'est si difficile de voir qu'il s'agit d'une faute de frappe?
Mais non !  Very Happy 

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par Marmont Mar 15 Juil 2014 - 16:13
c'est vous qui ne comprenez rien à rien et qui n'avez même pas lu ce que j'ai écrit.
Euh... comment aurai-je pu faire les critiques faites plus haut si je n'avais pas lu l'article placé en lien ?  :shock: 

où avez-vous lu que je parle de l'existence des ESPE en 2013?
Dans le titre même de l'article...
Vous vous appuyez sur des "statistiques" des concours de 2013 pour critiquer les ESPE et la valeur des masters MEEF qui n'existaient pas à l'époque - les ESPE non plus d'ailleurs.

Quant à ceux qui ont supprimé les bourses spécifiques pour les concours et obligent les boursiers à s'inscrire en M1 MEEF même s'ils sont déjà titulaires d'un master-recherche complet, condamnant ainsi les agrégatifs à réussir du premier coup ou à perdre leur bourse, alors qu'ils avaient droit autrefois à 3 tentatives, ils ont agi de façon ignoble et ne visent qu'à gonfler artificiellement les effectifs (et les résultats) des ESPE.

Je ne vois pas très bien le rapport avec remarques...

Je ne discute pas le fait que les résultats du CRPE soient meilleurs pour les ESPE. Mais cela signifie seulement une chose : que les profils des uns et des autres sont totalement divergents et que la rengaine sur la "culture commune" est condamnée à l'échec.
Je ne comprends pas bien le sens de ces phrases : non seulement vous n'avez pas compris qu'une minorité de candidats aux concours du second degré passaient par les IUFM avant 2014 - donc on ne peut pas les retrouver dans les statistiques des ex-IUFM -, mais qui plus est vous ajoutez cette histoire de "culture commune" (je pense que cela désigne le fonctionnement des ex-IUFM) sur le concours du CRPE.
Une question : savez-vous ce qui est attendu au CRPE pour les candidats qui le passaient l'avant-dernière session ?

"il est une fois question des masters MEFF, puis des masters MEEF (sans aucune forme de distinction ou de définition heu )". ça veut dire quoi, svp?
Que le master MEFF n'existe plus parce qu'il a été remplacé en septembre 2013 par le MEEF. Pourtant, dans votre article on peut lire les deux, sans aucune forme de distinction.

Bref, si j'avais à juger de vos capacité intellectuelles en tant que membre d'un jury, je serais très heureux de vous mettre un zéro éliminatoire
Jolie l'attaque personnelle.  :shock: Généralement, c'est lorsqu'on ne dispose d'aucun argument qu'on en use. C'est bien vite arrivé chez vous...
J'avais l'intention de vous répondre de manière détaillée, j'arrête là, puisque vous ne répondez pas et vous payez le luxe en fin de post de m'insulter ; je préfère vous laisser à votre ignorance sur la question, mais la prochaine fois tentez de vous renseigner avant d'écrire tout et n'importe quoi... Very Happy

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par Pedro Cordoba Mar 15 Juil 2014 - 16:49
Désespérant
- Est-ce que la date de 2013 figure dans le titre de l'article?
- les masters MEEF n'existaient pas en 2013? Ignare : les masters MEEF existent depuis la session 2011. Dire que les masters MEFF existaient avant septembre 2013 est une ineptie. Vous n'avez même pas vu que c'était une faute de frappe de ma part.
- une minorité des candidats des concours du secondaire passaient par les IUFM avant 2014? En 2010, dernier concours avant la mastérisation, ils étaient 68,7% au CAPES, 85,3 % au CAPEPS, 59,9 % au CAPET et 44,3 % au CAPLP. Il n'y a guère qu'à l'agrégation qu'ils étaient une infime minorité (5,4 %) pour une très bonne raison : les formateurs IUFM n'ont jamais été foutus de faire un seul cours d'agreg. Ces 5,4 % correspondent forcément à des certifiés stagiaires de deuxième année d'IUFM, ayant décidé de passer l'agreg.
- La "culture commune" entre primaire et secondaire était le dada des IUFM au début et c'est à nouveau le dada des ESPE (voir le rapport du Sénat qui y insiste lourdement). Voué à l'échec parce que les profils des profs des écoles et des profs du secondaire sont incompatibles.

Pour finir : je suis probablement la personne qui en France connaît le mieux toutes ces choses. Mieux même que les directeurs des IUFM (puis des ESPE) aveuglés par leur fanatisme ou que les experts du ministère, que j'ai eu l'occasion de voir à plusieurs reprises et de mettre en garde contre les effets pervers de la mastérisation tels qu'ils se manifestent clairement aujourd'hui. Autrement dit, prenez le temps de réfléchir très, très longuement avant de contester ce que je peux dire.
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par John Mar 15 Juil 2014 - 17:10
Je pense effectivement que P. Cordoba, qu'on partage ou non ses théories, maîtrise bien la question en génétal : je ne remettrais pas cela en doute.
Par contre, j'aurais bien voulu lire une réponse plus détaillée aux remarques concordantes de philomele, G. le Grand et moi, qui nous interrogeons sur l'interprétation à donner pour ce chiffre de 17%, parce que c'est quand même l'un des éléments centraux du propos.

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Pedro Cordoba : les sénateurs bluffés par les ESPE (ironique !) - Page 2 Empty Re: Pedro Cordoba : les sénateurs bluffés par les ESPE (ironique !)

par Marmont Mar 15 Juil 2014 - 17:27
Je pense effectivement que P. Cordoba, qu'on partage ou non ses théories, maîtrise bien la question en génétal : je ne remettrais pas cela en doute.
Franchement, ne pas savoir que ces masters ont changé de nom en septembre 2013 est un manque incroyable de "maîtrise" sur le sujet.
Pour le reste, il n'y aura plus de réponse de ma part. On ne peut échanger avec quelqu'un qui insulte de la sorte et ose écrire cela en conclusion :
je suis probablement la personne qui en France connaît le mieux toutes ces choses
 :shock:  :shock: 

Derrière ce prodige de mépris et de condescendance je vais, très humblement, récapituler :
- Son article souffre d'un énorme vice de forme : il prétend juger les ESPE à partir de chiffres de sessions qui ne concernent pas.
- Il ne connait nullement les ESPE et tente de les éclairer avec des souvenirs de l'Ecole Normale ! affraid 
- Quant au fond - c'est le seul qui reste lorsque l'argumentaire est vicié à la base par un problème de méthode - il est plus qu'erroné mais ce n'est pas grave, l'insulte consolide le tout.

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Pedro Cordoba
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Pedro Cordoba : les sénateurs bluffés par les ESPE (ironique !) - Page 2 Empty Les 17 %

par Pedro Cordoba Mar 15 Juil 2014 - 19:07
Je considère que l’épisode comique de ce Marmont de malheur est clos. John a en revanche raison de me reprocher mon silence sur la question des 17%.

L’argument de Philomèle, repris par d’autres, est solide. Le seul problème est d’en évaluer la portée : combien de candidats concernés ? Si les lauréats des concours sont incapables de savoir s’ils ont un master-recherche ou un master d’enseignement, s’ils se plantent tous systématiquement lorsqu’ils doivent remplir un formulaire et si, par suite, tous les chiffres officiels sont faux, alors il vaut mieux la boucler et attendre 3 ou 4 ans que les choses se décantent et qu’on y voie plus clair.

Mais j’ai du mal à croire qu’en voyant un chiffre aussi sidérant, les statisticiens de la DEPP n’aient pas du tout pensé à une hypothèse de ce type, d’autant plus qu’il est assez facile de comparer avec le nombre d’inscrits en IUFM. Que les candidats se plantent est une chose mais le fait est que tous les candidats inscrits dans un parcours-enseignement de master étaient forcément inscrits aussi en IUFM, ne serait-ce que pour pouvoir assister aux cours de préparation pour les épreuves professionnelles : il y a peut-être eu des exceptions ici ou là mais en nombre très réduit. Autre chose : je m’étonne aussi que les responsables des IUFM (et de leur transformation en ESPE) aient accepté sans broncher ces résultats catastrophiques d’autant plus que c’était déjà le cas en 2012 et qu’ils ont donc eu tout le temps nécessaire pour analyser à fond les données et rectifier les erreurs d’interprétation le cas échéant. Il y a aussi le fait que depuis novembre dernier la mission s sénatoriale a rencontré une centaine de personnalités diverses et que pratiquement tous ces gens sont acquis à la cause des masters MEEF et des ESPE. Et personne n’aurait contesté ces chiffres ? Il y a eu également un rapport des deux Inspections générales publié en juillet 2013 et soulignant une « désaffection des étudiants pour les masters MEEF second degré » (page 30 et suivantes). En dernier lieu, il y a les « notes d’information » qui montrent un effondrement brutal des résultats des IUFM au moment de la mastérisation : entre 2010 et 2011, la part des lauréats-IUFM a brutalement plongé de 68,7 % à 38,2% et réciproquement celle des « autres étudiants » (non inscrits en IUFM donc) est passée de 15 % à 36,4 %.

Cet ensemble d’éléments m’incite à penser que le chiffre réel ne doit pas être très différent du chiffre officiel. Et si je me trompe du tout au tout, cela veut dire que ni le ministère, ni les inspections générales, ni les sénateurs qui se sont penchés sur la question ne disposent d’informations fiables et alors, en effet, ce n’est pas la peine de discuter davantage.

Mais ce n’est pas le seul problème évoqué dans mon article. L’essentiel a toujours été pour moi l’avenir des reçus-collés (je signale au passage que c’est moi qui, au printemps 2008, ai inventé cette expression – qui a eu un grand succès – à propos des effets pervers de la mastérisation). La désaffection (déjà réelle ou à venir pour les masters MEEF) n’en est qu’une conséquence : la sénatrice Brigitte Gonthier-Maurin avait parfaitement raison de dire que le choix d’un tel master est « pénalisant » pour les étudiants.

Quelle est en effet la situation d’un néo-licencié qui s’inscrit en M1 MEEF ? Il doit mener de front les études de master (en fait un master de sciences de l’éducation qui n’ose pas dire son nom) et la préparation du concours avec pour bagage les connaissances ultra-fragiles acquises en licence. Comparons avec un étudiant titulaire d’un master-recherche : il a un bagage disciplinaire infiniment plus solide et ne doit s’occuper que de la préparation du concours puisque le master, il l’a déjà. Il doit préparer évidemment par lui-même les épreuves professionnelles mais est-ce insurmontable quand on dispose d’un tel avantage pour le reste ? Sans compter que le CNED existe et que les boites privées de préparation aux concours sont apparues comme des champignons après l’orage dès que les IUFM ont commencé en 1996 à sélectionner leurs étudiants et qu’il y aura bientôt sur le marché des tas de bouquins (Ellipse et compagnie) sur ces fameuses épreuves.

J’ai regardé celles du CAPES rénové d’HG (seulement l’écrit of course) : la première est une épreuve disciplinaire classique, la deuxième est subdivisée en un commentaire de documents (là aussi) très classique et une partie plus « professionnelle » qui reste cependant tout à fait accessible avec un peu de bon sens, d’autant plus que les textes de référence (programmes, compétences à acquérir) sont donnés. Au fond, on reste dans le domaine du commentaire de documents sauf que certains de ces documents sont de type administratif : et que fait un historien lorsqu’il travaille dans les archives sinon comprendre le sens et la portée de documents qui le plus souvent sont de ce genre ? Je pense que n’importe quel titulaire d’un master-recherche pas trop idiot a une note infiniment plus élevée que le licencié moyen submergé de choses diverses dans son ESPE. Reste l’oral bien sûr mais il est probable qu’un phénomène analogue se reproduirait. Il en résulte que les candidats labellisés ESPE auront toutes les chances de devenir des reçus-collés sans avenir : les cocus de l’histoire, comme on dit, et ils commencent à s’en apercevoir : cf par exemple leur page facebook

https://www.facebook.com/pages/Les-oubli%C3%A9s-du-master-MEEF/199770196869537

ou la pétition suivante : http://www.petitions24.net/m1_meef_sauvons_notre_preparation_au_concours

Une seule chose peut s’opposer à ce processus : que les titulaires d’un master-recherche ne veuillent plus du tout passer un CAPES, que les agrégatifs refusent aux aussi de s'y présenter, fût-ce simplement pour garantir leurs arrières. Le métier de professeur certifié deviendrait alors l’équivalent de ce qu’il est aux Etats-Unis depuis que les Educational Schools existent (leurs IUFM-ESPE à eux) : ce que font, faute de mieux, les plus nuls des étudiants, ceux qui n’ont aucune chance de réussir en rien.
Celadon
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Demi-dieu

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par Celadon Mar 15 Juil 2014 - 20:02
Pedro Cordoba a écrit:Je considère que l’épisode comique de ce Marmont de malheur est clos. John a en revanche raison de me reprocher mon silence sur la question des 17%.

L’argument de Philomèle, repris par d’autres, est solide. Le seul problème est d’en évaluer la portée : combien de candidats concernés ? Si les lauréats des concours sont incapables de savoir s’ils ont un master-recherche ou un master d’enseignement, s’ils se plantent tous systématiquement  lorsqu’ils doivent remplir un formulaire et si, par suite, tous les chiffres officiels sont faux, alors il vaut mieux la boucler et attendre 3 ou 4 ans que les choses se décantent et qu’on y voie plus clair.

Mais j’ai du mal à croire qu’en voyant un chiffre aussi sidérant, les statisticiens de la DEPP n’aient pas du tout pensé à une hypothèse de ce type, d’autant plus qu’il est assez facile de comparer avec le nombre d’inscrits en IUFM. Que les candidats se plantent est une chose mais le fait est que tous les candidats inscrits dans un parcours-enseignement de master étaient forcément inscrits aussi en IUFM, ne serait-ce que pour pouvoir assister aux cours de préparation pour les épreuves professionnelles : il y a peut-être eu des exceptions ici ou là mais en nombre très réduit. Autre chose : je m’étonne aussi que les responsables des IUFM (et de leur transformation en ESPE) aient accepté sans broncher ces résultats catastrophiques d’autant plus que c’était déjà le cas en 2012 et qu’ils ont donc eu tout le temps nécessaire pour analyser à fond les données et rectifier les erreurs d’interprétation le cas échéant. Il y a aussi le fait que depuis novembre dernier la mission s sénatoriale a rencontré une centaine de personnalités diverses et que pratiquement tous ces gens sont acquis à la cause des masters MEEF et des ESPE. Et personne n’aurait contesté ces chiffres ? Il y a eu également un rapport des deux Inspections générales publié en juillet 2013 et soulignant une « désaffection des étudiants pour les masters MEEF second degré » (page 30 et suivantes). En dernier lieu, il y a les « notes d’information » qui montrent un effondrement brutal des résultats des IUFM au moment de la mastérisation : entre 2010 et 2011, la part des lauréats-IUFM a brutalement plongé de 68,7 % à 38,2% et réciproquement celle des « autres étudiants » (non inscrits en IUFM donc) est passée de 15 % à 36,4 %.

Cet ensemble d’éléments m’incite à penser que le chiffre réel ne doit pas être très différent du chiffre officiel. Et si je me trompe du tout au tout, cela veut dire que ni le ministère, ni les inspections générales, ni les sénateurs qui se sont penchés sur la question ne disposent d’informations fiables et alors, en effet, ce n’est pas la peine de discuter davantage.

Mais ce n’est pas le seul problème évoqué dans mon article. L’essentiel a toujours été pour moi l’avenir des reçus-collés (je signale au passage que c’est moi qui, au printemps 2008, ai inventé cette expression – qui a eu un grand succès – à propos des effets pervers de la mastérisation). La désaffection (déjà réelle ou à venir pour les masters MEEF) n’en est qu’une conséquence : la sénatrice Brigitte Gonthier-Maurin avait parfaitement raison de dire que le choix d’un tel master est « pénalisant » pour les étudiants.

Quelle est en effet la situation d’un néo-licencié qui s’inscrit en M1 MEEF ? Il doit mener de front les études de master (en fait un master de sciences de l’éducation qui n’ose pas dire son nom) et la préparation du concours avec pour bagage les connaissances ultra-fragiles acquises en licence. Comparons avec un étudiant titulaire d’un master-recherche : il a un bagage disciplinaire infiniment plus solide et ne doit s’occuper que de la préparation du concours puisque le master, il l’a déjà. Il doit préparer évidemment par lui-même les épreuves professionnelles mais est-ce insurmontable quand on dispose d’un tel avantage pour le reste ? Sans compter que le CNED existe et que les boites privées de préparation aux concours sont apparues comme des champignons après l’orage dès que les IUFM ont commencé en 1996 à sélectionner leurs étudiants et qu’il y aura bientôt sur le marché des tas de bouquins (Ellipse et compagnie) sur ces fameuses épreuves.

J’ai regardé celles du CAPES rénové d’HG (seulement l’écrit of course) : la première est une épreuve disciplinaire classique, la deuxième est subdivisée en un commentaire de documents (là aussi) très classique et une partie plus « professionnelle » qui reste cependant tout à fait accessible avec un peu de bon sens, d’autant plus que les textes de référence (programmes, compétences à acquérir) sont donnés. Au fond, on reste dans le domaine du commentaire de documents sauf que certains de ces documents sont de type administratif : et que fait un historien lorsqu’il travaille dans les archives sinon comprendre le sens et la portée de documents qui le plus souvent sont de ce genre ? Je pense que n’importe quel titulaire d’un master-recherche pas trop idiot a une note infiniment plus élevée que le licencié moyen submergé de choses diverses dans son ESPE. Reste l’oral bien sûr mais il est probable qu’un phénomène analogue se reproduirait. Il en résulte que les candidats labellisés ESPE auront toutes les chances de devenir des reçus-collés sans avenir : les cocus de l’histoire, comme on dit, et ils commencent à s’en apercevoir : cf par exemple leur page facebook

https://www.facebook.com/pages/Les-oubli%C3%A9s-du-master-MEEF/199770196869537

ou la pétition suivante : http://www.petitions24.net/m1_meef_sauvons_notre_preparation_au_concours

Une seule chose peut s’opposer à ce processus : que les titulaires d’un master-recherche ne veuillent plus du tout passer un CAPES, que les agrégatifs refusent aux aussi de s'y présenter, fût-ce simplement pour garantir leurs arrières. Le métier de professeur certifié deviendrait alors l’équivalent de ce qu’il est aux Etats-Unis depuis que les Educational Schools existent (leurs IUFM-ESPE à eux) : ce que font, faute de mieux, les plus nuls des étudiants, ceux qui n’ont aucune chance de réussir en rien.
Quand enfin l'institution s'en apercevra, elle ajustera les épreuves du concours. Non ?
ycombe
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par ycombe Mar 15 Juil 2014 - 20:22
Celadon a écrit:
Pedro Cordoba a écrit:
Une seule chose peut s’opposer à ce processus : que les titulaires d’un master-recherche ne veuillent plus du tout passer un CAPES, que les agrégatifs refusent aux aussi de s'y présenter, fût-ce simplement pour garantir leurs arrières. Le métier de professeur certifié deviendrait alors l’équivalent de ce qu’il est aux Etats-Unis depuis que les Educational Schools existent (leurs IUFM-ESPE à eux) : ce que font, faute de mieux, les plus nuls des étudiants, ceux qui n’ont aucune chance de réussir en rien.
Quand enfin l'institution s'en apercevra, elle ajustera les épreuves du concours. Non ?
En quoi changer les épreuves modifierait-il en quoi que ce soit le problème?
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par Marmont Mer 16 Juil 2014 - 0:14
Que les candidats se plantent est une chose mais le fait est que tous les candidats inscrits dans un parcours-enseignement de master étaient forcément inscrits aussi en IUFM
Nouvelle incohérence qui en dit long sur le fait d'être "le mieux placé en France sur la question"...  Rolling Eyes 
Avant septembre 2013 (et cela depuis 2010) les masters enseignement (MEFF) du second degré - à la différence de ceux du premier degré - étaient administrativement rattachés à l'UFR disciplinaire. Si nous prenons l'exemple du capes d'Histoire-géographie, le master était donc porté par l'UFR des sciences historiques - voire dans de rares cas par l'UFR de géographie, tout dépend de l'Université - et non pas par l'IUFM, qui n'était qu'un "prestataire de services", essentiellement en M2. A ce titre, les étudiants ayant suivi ce parcours étaient décomptés en Histoire - ou en Géographie - et certainement pas à l'IUFM.
Lorsqu'on prétend commenter des chiffres, il faut aussi prendre en compte les données administratives existantes. A ce titre, on ignore les critères retenus pour parvenir à ces fameux 17%...

En dernier lieu, il y a les « notes d’information » qui montrent un effondrement brutal des résultats des IUFM au moment de la mastérisation : entre 2010 et 2011, la part des lauréats-IUFM a brutalement plongé de 68,7 % à 38,2%
Là encore, cela s'explique facilement lorsqu'on connait un tantinet la réalité : lorsqu'on passe d'un système de présentation à concours de bac +3 à bac + 4, il y a une année de creux. Année qui a connu une baisse sensible du nombre de postes et une augmentation de "candidats libres" inscrits nulle part du fait d'une réforme pénalisante...


Il doit mener de front les études de master (en fait un master de sciences de l’éducation qui n’ose pas dire son nom)
La plupart des maquettes des masters MEEF des ESPE, en M1, comportent à 80% des enseignements qui visent à préparer les questions des écrits et des oraux du concours, donc disciplinaires. Je ne vois pas trop où il y aurait des "sciences de l'éducation".
Visiblement la désinformation est une valeur cardinale dans vos interventions !


Et si je me trompe du tout au tout, cela veut dire que ni le ministère, ni les inspections générales, ni les sénateurs qui se sont penchés sur la question ne disposent d’informations fiables et alors, en effet, ce n’est pas la peine de discuter davantage.
C'est la conclusion la plus vraisemblable.



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par barèges Mer 16 Juil 2014 - 8:37
ycombe a écrit:
Celadon a écrit:
Pedro Cordoba a écrit:
Une seule chose peut s’opposer à ce processus : que les titulaires d’un master-recherche ne veuillent plus du tout passer un CAPES, que les agrégatifs refusent aux aussi de s'y présenter, fût-ce simplement pour garantir leurs arrières. Le métier de professeur certifié deviendrait alors l’équivalent de ce qu’il est aux Etats-Unis depuis que les Educational Schools existent (leurs IUFM-ESPE à eux) : ce que font, faute de mieux, les plus nuls des étudiants, ceux qui n’ont aucune chance de réussir en rien.
Quand enfin l'institution s'en apercevra, elle ajustera les épreuves du concours. Non ?
En quoi changer les épreuves modifierait-il en quoi que ce soit le problème?

Si les épreuves deviennent de plus en plus axées sur ce qui se fait en espé, on pourrait imaginer que tout étudiant en espé aurait le concours.
Il faudrait aussi imaginer que le nombre de postes proposés soit au moins égal à celui des étudiants en M1.
Bref, supprimer le concours en le vidant de toute substance.
Marie Laetitia
Marie Laetitia
Bon génie

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par Marie Laetitia Mer 16 Juil 2014 - 9:09
Marmont a écrit:
Que les candidats se plantent est une chose mais le fait est que tous les candidats inscrits dans un parcours-enseignement de master étaient forcément inscrits aussi en IUFM
Nouvelle incohérence qui en dit long sur le fait d'être "le mieux placé en France sur la question"...  Rolling Eyes 
Avant septembre 2013 (et cela depuis 2010) les masters enseignement (MEFF) du second degré  - à la différence de ceux du premier degré - étaient administrativement rattachés à l'UFR disciplinaire. Si nous prenons l'exemple du capes d'Histoire-géographie, le master était donc porté par l'UFR des sciences historiques - voire dans de rares cas par l'UFR de géographie, tout dépend de l'Université - et non pas par l'IUFM, qui n'était qu'un "prestataire de services", essentiellement en M2. A ce titre, les étudiants ayant suivi ce parcours étaient décomptés en Histoire - ou en Géographie - et certainement pas à l'IUFM.
Lorsqu'on prétend commenter des chiffres, il faut aussi prendre en compte les données administratives existantes. A ce titre, on ignore les critères retenus pour parvenir à ces fameux 17%...

En dernier lieu, il y a les « notes d’information » qui montrent un effondrement brutal des résultats des IUFM au moment de la mastérisation : entre 2010 et 2011, la part des lauréats-IUFM a brutalement plongé de 68,7 % à 38,2%
Là encore, cela s'explique facilement lorsqu'on connait un tantinet la réalité : lorsqu'on passe d'un système de présentation à concours de bac +3 à bac + 4, il y a une année de creux. Année qui a connu une baisse sensible du nombre de postes et une augmentation de "candidats libres" inscrits nulle part du fait d'une réforme pénalisante...


Il doit mener de front les études de master (en fait un master de sciences de l’éducation qui n’ose pas dire son nom)
La plupart des maquettes des masters MEEF des ESPE, en M1, comportent à 80% des enseignements qui visent à préparer les questions des écrits et des oraux du concours, donc disciplinaires. Je ne vois pas trop où il y aurait des "sciences de l'éducation".
Visiblement la désinformation est une valeur cardinale dans vos interventions !


Et si je me trompe du tout au tout, cela veut dire que ni le ministère, ni les inspections générales, ni les sénateurs qui se sont penchés sur la question ne disposent d’informations fiables et alors, en effet, ce n’est pas la peine de discuter davantage.
C'est la conclusion la plus vraisemblable.


Ce que je connais des facs de sciences humaines et des maquettes de master me ferait dire la même chose que Marmont.

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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)


Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...


Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
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par barèges Mer 16 Juil 2014 - 9:28
En lettres, j'ai fait le calcul sur deux maquettes, j'arrive plutôt à deux tiers de disciplinaire: 20 crédits sur 30.
Et en "vieille" passée par la maîtrise, je suis stupéfaite devant l'"initiation à la recherche" en 18 + 6 heures sur un semestre et 5 crédits sur un total de 30.
Marmont
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par Marmont Mer 16 Juil 2014 - 9:54
barèges a écrit:En lettres, j'ai fait le calcul sur deux maquettes, j'arrive plutôt à deux tiers de disciplinaire: 20 crédits sur 30.
Et en "vieille" passée par la maîtrise, je suis stupéfaite devant l'"initiation à la recherche" en 18 + 6 heures sur un semestre et 5 crédits sur un total de 30.
En M1 ou en M2 ? Nouveaux MEEF ou anciens ?
Si vous êtes passée par une maîtrise, on peut dire que c'était une véritable année dédiée à la recherche, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui dans les masters enseignement : ce ne sont qu'une préparation au concours déguisée sous un qualificatif de "mastérisation", avec une ridicule "initiation à la recherche". :| 

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par barèges Mer 16 Juil 2014 - 10:11
Maquettes de M1 en vigueur en 2013-2014 (donc "nouveaux masters MEEF", je crois).
Sur les deux ans, logiquement, la proportion de "disciplinaire" sera plus faible.
Marmont
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par Marmont Mer 16 Juil 2014 - 10:19
Merci.
Je pense, si j'ai bien compris, qu'il y a une nette différence entre un M1 très disciplinaire (concours oblige) et un M2 - du moins pour les lauréats du concours - pratiquement professionnel où la partie disciplinaire a pratiquement disparue, puisque la moitié de la semaine est occupée par le "terrain".
Est-ce bien cela ?

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par Employé oxymorique Mer 16 Juil 2014 - 10:23
Pedro Cordoba a écrit:Il en résulte que les candidats labellisés ESPE auront toutes les chances de devenir des reçus-collés sans avenir : les cocus de l’histoire, comme on dit, et ils commencent à s’en apercevoir : cf par exemple leur page facebook

https://www.facebook.com/pages/Les-oubli%C3%A9s-du-master-MEEF/199770196869537
Cette page est assez hallucinante  affraid Ça me rappelle les bacheliers de S qui pétitionnent...

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Cymbale en chef au concert des immobiles.
« Il faudra résister à la dissolution programmée de l’enseignement, de la recherche scientifique, des classiques et des biens culturels. Car saboter la culture et l’instruction, c’est saboter le futur de l’humanité. Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion de lire une phrase simple, mais pleine de sens, qui était inscrite sur un panneau signalétique dans une bibliothèque de manuscrits au milieu d’une oasis perdue du Sahara ; « La connaissance est une richesse qu’on peut donner sans s’appauvrir. » Seul le savoir peut perturber la logique dominante du profit en étant partagé sans appauvrir, et même, bien au contraire, en enrichissant à la fois celui qui le transmet et celui qui le reçoit.»
L’Utilité de l’Inutile. Manifeste, Nuccio Ordine, éditions des Belles-Lettres.
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par barèges Mer 16 Juil 2014 - 10:30
Marmont a écrit:Merci.
Je pense, si j'ai bien compris, qu'il y a une nette différence entre un M1 très disciplinaire (concours oblige) et un M2 - du moins pour les lauréats du concours - pratiquement professionnel où la partie disciplinaire a pratiquement disparue, puisque la moitié de la semaine est occupée par le "terrain".
Est-ce bien cela ?

Je ne suis pas une autorité en la matière, mais logiquement, la seconde année est dominée par le stage en établissement. Les maquettes en ligne que j'ai trouvées ne concernaient que la première année. Pour le M2, elles seront peut-être publiées dans l'été...
Sulfolobus
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par Sulfolobus Mer 16 Juil 2014 - 12:03
Pedro Cordoba a écrit:
Mais ce n’est pas le seul problème évoqué dans mon article. L’essentiel a toujours été pour moi l’avenir des reçus-collés (je signale au passage que c’est moi qui, au printemps 2008, ai inventé cette expression – qui a eu un grand succès – à propos des effets pervers de la mastérisation). La désaffection (déjà réelle ou à venir pour les masters MEEF) n’en est qu’une conséquence : la sénatrice Brigitte Gonthier-Maurin avait parfaitement raison de dire que le choix d’un tel master est « pénalisant » pour les étudiants.

Quelle est en effet la situation d’un néo-licencié qui s’inscrit en M1 MEEF ? Il doit mener de front les études de master (en fait un master de sciences de l’éducation qui n’ose pas dire son nom) et la préparation du concours avec pour bagage les connaissances ultra-fragiles acquises en licence. Comparons avec un étudiant titulaire d’un master-recherche : il a un bagage disciplinaire infiniment plus solide et ne doit s’occuper que de la préparation du concours puisque le master, il l’a déjà. Il doit préparer évidemment par lui-même les épreuves professionnelles mais est-ce insurmontable quand on dispose d’un tel avantage pour le reste ? Sans compter que le CNED existe et que les boites privées de préparation aux concours sont apparues comme des champignons après l’orage dès que les IUFM ont commencé en 1996 à sélectionner leurs étudiants et qu’il y aura bientôt sur le marché des tas de bouquins (Ellipse et compagnie) sur ces fameuses épreuves.

J’ai regardé celles du CAPES rénové d’HG (seulement l’écrit of course) : la première est une épreuve disciplinaire classique, la deuxième est subdivisée en un commentaire de documents (là aussi) très classique et une partie plus « professionnelle » qui reste cependant tout à fait accessible avec un peu de bon sens, d’autant plus que les textes de référence (programmes, compétences à acquérir) sont donnés. Au fond, on reste dans le domaine du commentaire de documents sauf que certains de ces documents sont de type administratif : et que fait un historien lorsqu’il travaille dans les archives sinon comprendre le sens et la portée de documents qui le plus souvent sont de ce genre ? Je pense que n’importe quel titulaire d’un master-recherche pas trop idiot a une note infiniment plus élevée que le licencié moyen submergé de choses diverses dans son ESPE. Reste l’oral bien sûr mais il est probable qu’un phénomène analogue se reproduirait. Il en résulte que les candidats labellisés ESPE auront toutes les chances de devenir des reçus-collés sans avenir : les cocus de l’histoire, comme on dit, et ils commencent à s’en apercevoir : cf par exemple leur page facebook
Je réagis juste à ça en expliquant ce qu'il se passe dans ma discipline (Biologie-géologie).
Il y a deux voies pour envisager le concours la fac ou la prépa
- La fac offre la plupart du temps des licences enseigenement ie avec bio et géol mais du coup ne permettant pas l'entrée en M1 disciplinaire (donc pas de M2R). Du coup, les étudiants passant par la fac se retrouvent enfermés en licence enseignement dès la L2 sans autre possibilité que le M1/M2 MEEF. Si l'on choisit une licence non-enseignement et un master recherche (en biologie ou géologie) on se retrouve dans l'incapacité de préparer le concours : le niveau dans notre dominante est certes bien plus élevé mais il reste l'autre discipline qu'il est impossible de préparer seul (et en fait pour être exact les deux autres disciplines, une partie de la biologie demandée aux concours d'enseignement étant tellement loin de la recherche d'aujourd'hui qu'elle n'est pas ou plus enseignée en parcours disciplinaire). Bref tout le système pousse les étudiants en master MEEF.
- la prépa a l'avantage de laisser toutes les portes ouvertes pendant 2 ans. Elle donne une formation très solide en biologie et en géologie et peut être poursuivie soit par une école d'ingé, soit par une ENS soit par l'université. L'avantage étant que le passage par école d'ingé/ENS/Magistère permet de faire un parcours poussé dans sa discipline tout en ayant des bases solides dans la deuxième discipline et très souvent les étudiants embraient directement sur l'agreg (soit après le M1 dans les ENS, merci les master enseignement) soit après un M2. Et rare sont ceux qui passent le CAPES (pour la deuxième tentative, vu comme la roue de secours de la roue de secours). Très clairement, une toute petite minorité d'étudiants choisit cette voie, simplement parce qu'après une école d'ingé/ENS les débouchés sont bien plus alléchants hors enseignement qu'avec enseignement. Alors certes, des personnes le font mais beaucoup avec l'idée que l'agreg est une roue de secours si la recherche plait pas ou ne marche pas ou si le métier d'ingé ne convient pas (plus rare).
Résultat : la quasi-totalité des certifiés passent par des M1 MEEF (ou les équivalents passés) au point que l'on conseille aux titulaires d'un M2R de passer ensuite par un M1 MEEF pour passer le CAPES (puis l'agreg). Et je ne vois pas comment ça peut changer tant que les universités maintiendront des licences 100% bio ou 100% géol d'une part et des licences/M1 au rabais pour l'enseignement. En bref, votre propos a un bémol : pour un certain nombre de disciplines, il n'y a guère d'autre choix que le M1 MEEF. (ce qui d'ailleurs doit fausser les statistiques vers le haut, il faudrait exclure ces disciplines de l'échantillon pris en compte et ne regarder que les disciplines pour lequel le M2R est une vraie alternative).
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par Heste Mer 16 Juil 2014 - 12:23
Pedro Cordoba a écrit:
Le métier de professeur certifié deviendrait alors l’équivalent de ce qu’il est aux Etats-Unis depuis que les Educational Schools existent (leurs IUFM-ESPE à eux) : ce que font, faute de mieux, les plus nuls des étudiants, ceux qui n’ont aucune chance de réussir en rien.

C'est ma foi fort sympathique pour les (bons) étudiants qui ont choisi en tout état de cause de faire un master meef justement pour passer le CAPES et enseigner et qui n'ont aucune envie de faire de la recherche   :lol: Au cours de ces deux années à l'IUFM-ESPE, j'ai eu des cours ennuyeux, des cours baratins mais tout n'est pas à jeter, j'ai aussi appris des choses fortes intéressantes. A mon avis, les stages sont un vrai plus (même si leurs nombres et leur durée est par trop limité), mon mémoire en diqactique m'a par ailleurs été très utile pour réviser mon CAPES notamment les épreuves orales.
Pour moi le problème ne concerne pas seulement les master meef, mais aussi tout les master peu reconnus. Les meilleurs master 2 (voir master 1) sélectionnent les meilleurs étudiants, les autres arrêtent au niveau licence ou font des masters peu ou pas reconnus qui ne leur ouvrent pas plus de portes que les master meef (qui nous sommes d'accord ne vaut pas grand chose sans le concours auquel il prépare).
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par Pedro Cordoba Mer 16 Juil 2014 - 12:39
Reprenons calmement.

1. Les masters MEFF n’ont jamais existé. Il s’agissait d’une faute de frappe de ma part, je voulais écrire « MEEF ». Je sais bien que ces derniers n’ont été officiellement mis en place qu’à la rentrée 2013 mais je voulais parler des masters d’enseignement tels qu’ils ont existé dans les IUFM entre la rentrée 2010 et la rentrée 2012. C’est d’ailleurs ce que faisaient aussi les deux Inspections générales dans leur rapport de 2013 : les auteurs utilisaient le sigle MEEF pour parler des masters-IUFM en 2012-2013. Dans certains endroits, à Toulouse par exemple, on les appelait masters MEF (avec un seul F), ailleurs peut-être autrement, je n’en sais rien.

2. D’une façon générale personne ne sait grand-chose de ce qui s’est passé dans l’ensemble des IUFM, des universités, des UFR et des disciplines entre 2011 et 2013. Les données dont on dispose sont fragmentaires et imprécises et il est donc impossible d’en proposer une analyse un peu fine. C’est assez normal dans la mesure où il s’agissait d’une époque de transition, totalement chaotique : tout dépendait des rapports de force locaux. Ceux qui jugent à partir de leur seule expérience personnelle se trompent forcément.

3. Dans certains cas, les UFR ont inclus un « parcours enseignement » dans leurs masters disciplinaires, dans d’autres pas. Par exemple dans ma propre université qui a préféré tout donner à l’IUFM de telle sorte que les UFR sont restés « prestataires de service » pour l’année de concours (à l’époque le M2) et ont pratiquement perdu la majeure partie de leurs étudiants de master puisque les néo-licenciés sont allés s’inscrire au master-IUFM dès le M1. Comme nous avions voté 3 fois de suite à l’unanimité (AG, Conseil d’UFR et à nouveau AG) pour le choix contraire (qui était d’ailleurs celui que recommandait le rapport Jolion) et que, malgré tout, les collègues ont tous accepté de se soumettre, j’ai préféré claquer la porte et quitter l’université.

4. Si l’on s’en tient aux données disponibles (pour l’essentiel les notes d’information de la DEPP), ce choix a été majoritaire en France et donc l’idée que TOUS les candidats au CAPES étaient à l’époque inscrits dans les masters disciplinaires est pure foutaise. En 2011, la part des lauréats en M2 d’enseignement (appelons-les MEF) était de 38,2 % et celle des autres (masters disciplinaires) de 36,4 %. Grosso modo, moitié, moitié. Mais comme en 2010, il y avait déjà 15% de lauréats étudiants non-IUFM (forcément master-recherche ou agrégatifs) on peut penser que la part des étudiants ayant réussi et inscrits en « parcours enseignement » d’un master-UFR en 2011 était en réalité de l’ordre de 20% contre 38,2 % pour les masters-IUFM. Aucun élément nouveau d’ordre institutionnel n’étant intervenu entre 2011 et 2013, si la part des lauréats en master « MEF » (= IUFM) était de 17 % en 2013 (grosso modo divisée par deux), la seule explication possible est à mon avis la suivante : entre 2011 et 2013, les titulaires d’un master-recherche (UFR) ont commencé à prendre l’avantage sur les masters-enseignement (IUFM). Si l’on raisonne ainsi, la question des confusions possibles (évoquée par Philomèle) disparait car elle est neutralisée : rien ne justifierait qu’il y ait eu plus de confusions en 2013 qu’en 2010. Il est en revanche possible que les licenciés aient de plus en plus choisi un « parcours enseignement » en master-UFR de préférence à un master MEF pur et dur.

5. Il est difficile d’aller plus loin que ces hypothèses car à partir du concours 2012, les notes de la DEPP ne distinguent plus entre étudiants-IUFM et étudiants-UFR. Il n’y a plus que la différence étudiants / candidats libres. Mais l’évolution de ce rapport-là dans le temps est fort instructive.

6. En 2010, la part des étudiants était de 83,7 %. Elle plonge à 74,6 % en 2011 et pas seulement parce que le déplacement du concours en M2 a donné naissance à une « génération creuse ». Car elle est de 71,3 % en 2013 alors que les choses auraient dû revenir « à la normale ». Il n’en a rien été et la seule explication qui me vient à l’esprit est la suivante : les bons étudiants boudent le concours et la part des candidats libres qui réussissent augmente. Or pour passer le concours en candidat libre entre 2011 et 2013, il fallait être titulaire d’un master ou d’un diplôme équivalent (école d’ingénieur, etc.) : encore une fois la possession d’un master disciplinaire donne un avantage certain.

7. La mise en place des Espé en 2013-2014 a évidemment changé la donne. Plusieurs variables contradictoires sont ainsi à prendre en compte.

8. Les « parcours enseignement » au sein des masters-UFR n’existent plus (du moins je le suppose). Il n’y a plus que des masters MEEF portés par les Espé. Parallèlement, le concours est revenu à Bac+4, c’est-à-dire en M1. La part du disciplinaire dans les maquettes de M1 a forcément augmenté par rapport à l’ancien master-IUFM puisqu’il faut bien offrir aux étudiants une préparation au concours. Mais cette nouvelle place du concours a aussi comme conséquence que l’avantage dont disposent les titulaires d’un master-recherche sur les candidats néo-licenciés devient vertigineux. S’ils continuent à passer le CAPES (en candidats libres), ils rafleront la majorité des postes et la situation deviendra ingérable pour les Espé : que faire des reçus-collés qui les encombrent déjà au bout d’un an ?

9. Les Espé peuvent espérer s’en tirer en acceptant les titulaires d’un master-recherche (ou équivalent) en M1. C'est déjà le cas (prévu dans le décret de création des Espé). Mais au-delà d’une certaine proportion, tout le système s’écroule : les néo-licenciés disparaissent puisqu’ils échouent systématiquement au profit de leurs aînés. La voie d’accès au CAPES devient master-recherche + Espé. Le concours ne se passe plus à Bac+4 mais à Bac+6. C’est ce que j’avais prévu dans mon rapport au ministère en 2008, il y a six ans déjà (mais sans prévoir la mise en place des Espé, bien sûr). Si cette évolution a lieu, je ne m’en plaindrai pas. Mais je souhaite bonne chance aux formateurs-Espé face à des étudiants de ce niveau...

10. Le grand atout pour les Espé au niveau de l’image est que cette discussion sur les 17 % qui s’éternise sur le Forum n’aura plus de sens. Comme ils obligent tous les boursiers à s’inscrire en M1 même s’ils sont déjà titulaires d’un master-recherche, et qu’ils n’ont plus de concurrents du tout dans les UFR, devenus prestataires de service, leur part dans le marché de la réussite au concours deviendra prépondérante (c'est ce qui explique déjà les résultats des concours 2014 sur publinet). Et comme ils obligent tous les lauréats, d’où qu’ils viennent et quels que soient leurs titres antérieurs (y compris le doctorat) à s’inscrire en M2 MEEF (ce qui n’est peut-être pas légal), 100 % des enseignants seront titulaires d’un master MEEF. Les 17 % de 2013 ne seront plus qu’un mauvais souvenir que seuls quelques historiens grincheux de mon type ressortiront de temps en temps.

11. Tout cela n’empêche pas que cela risque de tanguer salement à l’intérieur. Car avant que tous les étudiants ne fassent d’abord un master disciplinaire puis s’inscrivent en M1 MEEF pour passer le concours, il se passera un certain nombre d’années – avec des conflits parfaitement ingérables. Et comment continuer à parler de master d’enseignement s’il vient APRES un master disciplinaire ? C’est la mastérisation elle-même qui se casse la gueule. Sans compter le gouffre qui se creuserait entre professeurs du primaire et professeurs du secondaire…

12. Une autre évolution est possible. Elle a l'appui de tous les technocrates de gauche et de droite et finira par s'imposer un jour ou l'autre : la suppression des concours. C'est évidemment aussi ce que souhaitent (sans trop le dire pour l'instant) les promoteurs des Espé ainsi que... les reçus-collés (voir leur page Facebook dont je donnais hier soir la référence) qui s'indignent qu'on leur préfère les lauréats des concours (!). Or le nombre de reçus-collés va augmenter très rapidement dans les années à venir de telle sorte qu'ils constitueront bientôt un groupe de pression efficace. Dans cette hypothèse, il n'y a plus qu'un master d'enseignement qui peut (enfin) être fondé sur les sciences de l'éducation et débarrassé de cette dimension disciplinaire si archaïque mais malheureusement nécessaire tant qu'existent les concours. On n'y étudiera plus les mathématiques ou l'histoire mais, comme aux Etats-Unis, les "mathématiques pour l'éducation" ou "l'histoire pour l'éducation". Et les titulaires de ce master pro seront directement recrutés (ou pas) par les chefs d'établissement sur profil adapté au "projet d'établissement". Le rêve!
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par Paratge Mer 16 Juil 2014 - 12:50
Pedro Cordoba a écrit:Dans cette hypothèse, il n'y a plus qu'un master d'enseignement qui peut (enfin) être fondé sur les sciences de l'éducation et débarrassé de cette dimension disciplinaire si archaïque mais malheureusement nécessaire tant qu'existent les concours. On n'y étudiera plus les mathématiques ou l'histoire mais, comme aux Etats-Unis, les "mathématiques pour l'éducation" ou "l'histoire pour l'éducation". Et les titulaires de ce master pro seront directement recrutés (ou pas) par les chefs d'établissement sur profil adapté au "projet d'établissement". Le rêve!

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