Re: Témoignages sur la formation à la réforme du collège (recension)

Eldaria a écrit:Formation au cycle 3 cette semaine avec des PE. Deux réunions plénières de 200 personnes, entrecoupées d'1h de travail inutile en petits groupes mixtes PE/PLC.
Mais je n'ai pas perdu mon après-midi, j'ai eu la chance de visionner une vidéo fabuleuse.
Je ne résiste pas au plaisir de vous la faire partager :

Grandiose !!!

Je n'arrive pas à y croire.

J'adoooore l'accent québécois.

Ce type de vidéo devrait être montré en EMC : l'art de la propagande, produire des animations qui empêchent l'interlocuteur de penser (comme certains diaporamas d'entreprise dans les années 90).
Jusqu'où va-t-on mépriser les professeurs ?

Et le savoir ?
La phrase est dite, malgré les "précautions", à l'intérieur d'un raisonnement qui n'a ni queue ni tête : "Evitons donc d'axer les apprentissages uniquement sur les savoirs essentiels"
Le savoir n'est une composante ! Il s'agit bien d'idéologie, et elle est contraire à ce que je pense être la vocation de l'école et même à la vision de ce qu'est un homme.

Quant à la comparaison avec la réalisation d'un gâteau !
Je le vomis, ce gâteau, pour filer la métaphore.

Olympias a écrit:

Eldaria a écrit:Formation au cycle 3 cette semaine avec des PE. Deux réunions plénières de 200 personnes, entrecoupées d'1h de travail inutile en petits groupes mixtes PE/PLC.
Mais je n'ai pas perdu mon après-midi, j'ai eu la chance de visionner une vidéo fabuleuse.
Je ne résiste pas au plaisir de vous la faire partager :

Grandiose !!!

:shock: :shock:

J'ai abandonné à 2 minutes... je ne pouvais plus. On nous prend franchement pour des crétins !

CR d'une première journée de formation disciplinaire (c'est un peu brouillon, désolée...) :

Spoiler:

C'est justement parce que c'est inspiré des pires conneries du primaire que cette réforme est une bouse.

Là où ça coince le plus, pour ma part en tout cas, c'est sur le postulat de départ : selon les IPR, il ne faut surtout pas compartimenter. Ni entre les disciplines, ni même à l'intérieur d'une discipline.
Nous avons tenté d'expliquer que nous avons toujours compartimenté, classé, rangé, ça nous semble plus clair.
exemples :
- dans une bibliothèque, on range les livres, on les classe
- dans un ordinateur, on range nos fichiers dans des dossiers, des sous-dossiers, etc.
Une fois que le rangement est fait et maîtrisé, on peut se permettre de faire des liens, des sortir les bouquins ou les fichiers pour travailler sur un thème plus global.
Mais cette vision que nous avons et sur laquelle est basée notre façon d'enseigner est complètement remise en cause.
Il faut aborder le monde comme un tout qui ne peut pas être compartimenté.
C'est la même approche qu'on demande aux collègues de français par exemple : finies les séances "grammaire", "lecture", "écriture", etc. il faut partir du texte pour remarquer ici un participe passé, là une subordonnée relative, ailleurs une figure de style...
C'est peut-être mon côté "scientifique ordonnée", mais je ne comprends pas ce postulat. Pour moi, c'est tout l'inverse qui est logique.
Du coup, je me sens à la fois dénigrée et perdue. Comment pourrais-je enseigner d'une façon qui me semble totalement illogique ? Peut-on être une bon prof sans croire profondément à ce qu'on fait ?
Finalement, ça me touche beaucoup car c'est le coeur de mon métier et de mon "expertise" qui est dénigré par cette nouvelle pédagogie qu'on veut nous imposer. Pour ma part, depuis cette formation, le malaise est encore plus profond. Je suis complètement déprimée :
soit je continue à faire ce que je crois juste (et qui semble fonctionner avec mes élèves, du moins d'après les retours positifs qu'ils me donnent ainsi que les parents) tout en évoluant (car c'est le propre du métier) mais en renonçant définitivement à toute reconnaissance de l'institution (traduction : je me ferai démonter en inspection),
soit je renonce à mes convictions pour faire ce qu'on me demande en n'y croyant pas (donc en faisant des cours pourris) et en considérant ce métier comme alimentaire.
La première option est sans doute celle que je vais choisir. Mais l'épanouissement, de toutes façons, sera accompagné d'un arrière-goût amer...

Non mais je te rassure c'est complètement débile sur le plan pédagogique mais aussi et surtout sur le plan cognitif. On va rendre les élèves complètement nuls.

A propos des disciplines… pic.twitter.com/oVajCYQT1O
— Philippe Watrelot (@phwatrelot) 13 mai 2015

Ou bien...

Spoiler:

Ronin a écrit:Non mais je te rassure c'est complètement débile sur le plan pédagogique mais aussi et surtout sur le plan cognitif. On va rendre les élèves complètement nuls.

Ce qui me rassure, c'est de voir que je ne suis pas seule... Merci...
Je remarque autour de moi, encore une fois, que ce sont les collègues les plus "impliqués", ceux qui ont la "vocation", qui sont profondément attachés à leur métier, qui se trouvent le plus déprimés par tout ça. C'est révélateur, quand même.

Luigi_B a écrit:
A propos des disciplines… pic.twitter.com/oVajCYQT1O
— Philippe Watrelot (@phwatrelot) 13 mai 2015

Ou bien...

Spoiler:

Joli et très bien résumé, c'est exactement ça !

Merci, ça me remonte le moral coeurs

C'est affolant.

Lire le livre de Marc le Bris ou les témoignages de Bernard Appy dans le premier degré. C'est ce qui s'est passé chez nous a partir de 89.

Merci pour tous vos posts.

Mais, bon sang: cafe

Dans l'EN on écoute le Christ. Les premiers seront les derniers. Et réciproquement. Ce qui permet à des minables de devenir chef et a de très bons enseignants de déprimer ou de se reconvertir.

Bien joué Luigi pour ta réponse intelligente.

Ronin, tu penses à un livre de Marc Le Bris en particulier ? Parce qu'il y en a une demi-douzaine sur son site... Si tu as un conseil précis... Smile

Merci Luigi pour ta réponse très bien pensée.

Je vais essayer la même chose avec les chevaux :
Au lieu de faire l'apprentissage à l'obstacle sur une barre isolée, je vais partir directement sur un parcours...

titanic

LadyC a écrit:Ronin, tu penses à un livre de Marc Le Bris en particulier ? Parce qu'il y en a une demi-douzaine sur son site... Si tu as un conseil précis...

Merci Luigi pour ta réponse très bien pensée.

"Et vos enfants ne sauront pas lire...ni compter"

kamasolou a écrit:
Finalement, ça me touche beaucoup car c'est le coeur de mon métier et de mon "expertise" qui est dénigré par cette nouvelle pédagogie qu'on veut nous imposer. Pour ma part, depuis cette formation, le malaise est encore plus profond. Je suis complètement déprimée :
soit je continue à faire ce que je crois juste (et qui semble fonctionner avec mes élèves, du moins d'après les retours positifs qu'ils me donnent ainsi que les parents) tout en évoluant (car c'est le propre du métier) mais en renonçant définitivement à toute reconnaissance de l'institution (traduction : je me ferai démonter en inspection),
soit je renonce à mes convictions pour faire ce qu'on me demande en n'y croyant pas (donc en faisant des cours pourris) et en considérant ce métier comme alimentaire.
La première option est sans doute celle que je vais choisir. Mais l'épanouissement, de toutes façons, sera accompagné d'un arrière-goût amer...

On change de ministre tous les ans. On a une réforme tous les quinze jours qui nous tombe dessus.
Il faut nous battre pour ce qui est bon pour les élèves.
Les Ipr peuvent être différents (il y a des IPR qui pensent), et d'autres Ipr qui ne sont pas à une palinodie près.
Dans deux ans, tu verras que les mêmes Iprs nous diront que nous n'avons rien compris à la réforme quand ils nous demanderont de ne plus faire d'interdisciplinaire.
Quant à la carrière, elle n'a pas forcément à voir avec une reconnaissance de l'Institution.

Luigi_B a écrit:
A propos des disciplines… pic.twitter.com/oVajCYQT1O
— Philippe Watrelot (@phwatrelot) 13 mai 2015

Ou bien...

Spoiler:

Bravo !

Merci beaucoup kamasolou pour ton CR, dans la lignée de toutes les absurdités déjà exprimées lors de ces formations.
Au fait à quoi doit ressembler un cahier de leçon s'il n'est pas structuré en chapitres, parties et sous parties ?
Est-ce que la même demande a été faite aux éditeurs pour les nouveaux manuels ?

kamasolou a écrit:
« Le prof de techno peut enseigner la partie physique, mais vous devrez apporter votre expertise pour vous assurer que cette partie est bien traitée. »

Alors là ma réponse est toute faite : ce n'est pas mon boulot d'aller porter un jugement sur la qualité de l'enseignement d'un collègue, même dans ce contexte.
Si la loi pousse les profs à enseigner dans des matières qui ne sont pas les leurs, que les responsables assument : ce sont aux IPR d'aller suivre ce qui est fait en EIST et d'assurer la formation de ceux qui en ont la charge.
Maintenant il ne faut pas être naïf : étant donnés le peu de succès des expérimentations de l'EIST depuis 2007 et l'absence de valeur ajoutée à l'intérêt que les élèves portent aux sciences, le contenu des cours est loin d'être le premier soucis de nos hiérarchies lors de la mise en place de ce machin.
Pour preuve ça ne viendrait pas à l'idée de ces IPR de se lever sur leur petites pattes, de se bouger le luc et ~~d'aller acheter du Kwiskas~~ de s'assurer de la qualité des contenus, ils préfèrent déléguer de manière péremptoire ce suivi aux collègues déjà dépossédés de leur matière et de leurs heures de cours.
Vive le budgétaire sur le dos des profs et surtout sur celui de nos élèves.

Merci pour la réponse en images, bien trouvée et bien tournée.
Et honte à ces courtisans sycophantes qui prônent de telle absurdités.
L'école est précisément un des rares endroits (le seul ?) où l'on peut mettre un peu d'ordre, de cohérence, de structure dans la pensée des futurs citoyens. Et on nous demande d'entretenir la confusion ambiante. C'et dégoûtant et décourageant.
Heureusement que la résistance passive se fera, et comme chais plus qui le disait (mais c'était loin d'être un con): « souvent IPR varie, bien fol qui s'y fie ».

Ronin a écrit:

LadyC a écrit:Ronin, tu penses à un livre de Marc Le Bris en particulier ? Parce qu'il y en a une demi-douzaine sur son site... Si tu as un conseil précis...

Merci Luigi pour ta réponse très bien pensée.

"Et vos enfants ne sauront pas lire...ni compter"

Merci ! (un de plus sur ma pàl de livres-déprimants-sur-l'éducation...)

C’est comme l’apprentissage de la lecture : avant on déchiffrait avant de lire des textes. Maintenant, on lit des textes pour apprendre la lecture, la grammaire, la conjugaison, etc. »

ça aussi c'est grandiose!

Spoiler: