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Thalia de G
Médiateur

cours - Ne plus s'épuiser quand on fait cours, en temps normal. - Page 3 Empty Re: Ne plus s'épuiser quand on fait cours, en temps normal.

par Thalia de G Mar 9 Juin 2020 - 21:19
Ce n'est pas vraiment le sujet, qui est plutôt la fatigue générée par l'investissement intellectuel, physique et émotionnel pendant les heures de cours.
Lefteris
Lefteris
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cours - Ne plus s'épuiser quand on fait cours, en temps normal. - Page 3 Empty Re: Ne plus s'épuiser quand on fait cours, en temps normal.

par Lefteris Mar 9 Juin 2020 - 21:41
dita a écrit:
Je considère mes élèves comme des administrés. Je livre un service de qualité, clé en main. Ils en font ce qu'ils veulent. 

Je ne parle plus du tout de tel ou tel élève ou à la maison. Je n'évoque plus de situation rencontrée au lycée. 
J'approuve totalement, d'autant que je l'ai déjà souvent dit ici même.Ce sont en effet des administrés, et c'est même le terme que j'ai déjà employé devant certains qui me demandaient pourquoi je les voussoyais. Je n'ai jamais pensé autrement, venant d'une autre administration, et de ce fait  ça  toujours été évident. De jeunes administrés, mais des administrés.Idem pour le service de qualité, et d'autant plus que la tendance est au saccage des contenus disciplinaires (voir la bouillie des programmes) .C'est un acte de résistance. Sinon, pour ne plus penser au boulot, il faut avoir aussi beaucoup de centres d'intérêts extérieurs, qui nous absorbent immédiatement. Il m'arrive d'être entre l'agacement et l'ennui profond, mais la soupape est d'avoir immédiatement quelque chose d'autre à faire. Déjà rentrer chez moi, je n'ai pas déjeuné à la cantine depuis 6 ou 7 ans, et encore c'était rarissime. Pas de conversations sur les élèves, sur les collègues ou que sais-je...

AsarteLilith a écrit:Je ne fais que peu de présentiel (une partie de mon service est en latin et ça, ça reste en distantiel), mais effectivement, le masque coupe très vite le souffle et limite grandement mon endurance à lire /parler. J'en ai aussi très très marre des élèves perturbateurs e tje culpabilise beaucoup (si ça ne se passe pas bien ,dans ma tête, c'est forcément de ma faute). .
Ils ont fait du bon boulot à l'ESpé. Un élève perturbateur est un élève mal élevé, point final. Ce n'est pas ta faute. J'ai été récemment au rectorat pur un dossier de stagiaire, un débutant à petite voix. Evidemment une cible pour les élèves, et pour le principal qui le lui reproche. Le   coupable numéro un, et je l'ai dit à la DRH, c'st ce principal défaillant, qui n'a pas la force de dire aux élèves  que les cours doivent avoir lieu, qu'ils sont  fautifs de gêner l'enseignant parce qu'il ne leur plaît pas ou qu'il a l'air trop faible ou trop gentil. Les élèves sont soumis à un règlement, il est bon de le leur rappeler un peu. Et quand on parle d'éducation à pleine bouche, quel signe plus fort de mauvaise éducation que d'être bavard et bruyant ? On  fuit ces gens dans la vie, et on les encourage à l'école... Dis-toi aussi que les 10 ans de gal de point d'indice t'ont enlevé un bon mois de traitement, que l'absence de toute compensation t'a amenée en catégorie B  de fait (ce que le rapport annuel FP confirme) et tu verras que tu ne voles rien à personne.

Mélusine2 a écrit: Pour moi, la première mesure de "survie", ça a été aussi de ne plus travailler le samedi, quel que soit le retard accumulé, et hélas de cesser les projets qui certes m'ont longtemps passionnée, mais qui dévoraient tout mon temps, d'abord comme tout le monde sans reconnaissance de l'institution, puis sans même -sauf exception-  celle des élèves et de leurs parents : basta. J'essaie de me souvenir que je fais ça pour gagner des sous (pas beaucoup), et de le faire proprement, bien sûr.


Je crois que le travail empêché, la perte de sens, nous épuise autant si ce n'est davantage que tous ces lardons certes fatigants, mais qu'on supporterait mieux si on ne pataugeait trop souvent dans l'impuissance subie.  
Exactement, il faut se limiter, sinon on n'a jamais terminé, il reste toujours quelque chose à faire. Je le vois en "télétravail", trois, quatre heures sont  vite dévorées à créer des questionnaires, répondre aux messages, copier des cours sur documents, entrer des notes... et à l'arrivée,  peu de travail de fond. Il faut donc à un moment donné se dire "stop", se lever de sa chaise, et faire autre chose. On donne un devoir de moins quand on est submergé et ça ne change rien . De toute manière, le message est passé fort et clair  avec la réforme du collège, début du saccage poursuivi par Blanquer :  on supprime des heures, on renverse les savoirs disciplinaires, on saborde les humanités... C'est comme si l'on nous avait ditr clairement que ça n'a aucun intérêt, aucune utilité, puisque du jour au lendemain on peut balayer de disciplines ou les réduire à la portion congrue. Oui , on peut parler de perte de sens, et dans ce cas, on vient pour gagner sa croûte, rien de plus.

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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)

Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.

Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
AsarteLilith
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par AsarteLilith Mar 9 Juin 2020 - 21:58
Une réponse forte

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Chuis comme les plantes sans eau : sans grec ni latin, j'me dessèche.

ON DIT CHOCOLATINE, PHILISTINS !
Crown16226
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cours - Ne plus s'épuiser quand on fait cours, en temps normal. - Page 3 Empty Re: Ne plus s'épuiser quand on fait cours, en temps normal.

par Crown16226 Mar 9 Juin 2020 - 21:58
Très bon sujet ! Je n'ai enseigné que 3 ans jusque-là et je suis déjà en train de m'interroger sur une reconversion, sur la suite de ma carrière. C'est un métier trop usant, qui peut aussi générer des anxiétés : le fait d'être en représentation, alors même que j'adore pratiquer le théâtre, mais en tant que professeur, je ne me sens pas aussi à l'aise que sur scène. Les élèves, c'est un public d'ados souvent non bienveillant, ce n'est pas comme faire du théâtre. En plus, quand je fais du théâtre je ne me sens pas moi, j'incarne un personnage, j'arrive facilement à sortir de moi-même alors qu'en cours je n'y parviens pas, je reste moi...

Et puis, seulement 3 ans d'enseignement, je me dis que ce n'est rien rien rien du tout comparé à une longue carrière entière dans le même métier. Je ne me vois pas faire encore 40 ans minimum dedans.

Je manque de confiance en moi, et j'espère pouvoir progresser sur ce point par la suite, mais bon...je pense que me retrouver en classe me renvoie à certaines choses. Et puis j'ai peur de mal vieillir physiquement, de vieillir trop vite.
AsarteLilith
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par AsarteLilith Mar 9 Juin 2020 - 22:04
Ce que je trouve très inquiétant, c'est la perte très rapide de l'enthousiasme du début. Je n'ai même plus vraiment envie de me faire des illusions. J'en viens au point de considérer que la collègue qui a énergie et idées à revendre va vite en revenir.

Pour ''tenir'', le sport, la vie personnelle sont très importantes. Mon cpe me disait qu'il fallait s'accorder aussi de faire quelque chose de non lié au travail, de ''futile'' en somme.

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Elberta
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par Elberta Mar 9 Juin 2020 - 22:07
@Lefteris : je vais imprimer ta réponse, l'afficher sur mon frigo pour la relire tous les matins, et la glisser dans mon sac pour la ressortir à tous ceux qui me parlent investissement, élèves, vocation, projets, etc, etc.
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par Crown16226 Mar 9 Juin 2020 - 22:12

"Ils ont fait du bon boulot à l'ESpé. Un élève perturbateur est un élève mal élevé, point final. Ce n'est pas ta faute. J'ai été récemment au rectorat pur un dossier de stagiaire, un débutant à petite voix. Evidemment une cible pour les élèves, et pour le principal qui le lui reproche. Le  coupable numéro un, et je l'ai dit à la DRH, c'st ce principal défaillant, qui n'a pas la force de dire aux élèves  que les cours doivent avoir lieu, qu'ils sont  fautifs de gêner l'enseignant parce qu'il ne leur plaît pas ou qu'il a l'air trop faible ou trop gentil. Les élèves sont soumis à un règlement, il est bon de le leur rappeler un peu. Et quand on parle d'éducation à pleine bouche, quel signe plus fort de mauvaise éducation que d'être bavard et bruyant ? On  fuit ces gens dans la vie, et on les encourage à l'école..."

@Lefteris Mais que j'aime ton message et que je suis entièrement du même avis ! Merci, ça fait du bien.
Marounette
Marounette
Habitué du forum

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par Marounette Mar 9 Juin 2020 - 22:53
Ayant repris le présentiel hier, après 3h de cours, je me suis écroulée une fois chez moi. Je suppose que c'est parce que je n'ai plus l'habitude. Mais si je réfléchis bien, cela m'est arrivée relativement souvent cette année. Surtout en fin de semaine, et surtout le vendredi. Je vieillis sans doute.

Comme certain, je ne fais rien le samedi. C'est mon jour de repos.
J'en ai marre des préparations millimétrées qu'on nous demande à l'INSPE. Une trame du cours me suffit à présent. Et je suis tout aussi efficace à présent.

Je suis stagiaire à 9h cette année. Si je suis titularisée, je crains un peu de passer à un temps complet. Je sais très bien que je devrais lâcher prise sur le fait que je ne pourrais sans doute pas tout préparer comme je le souhaite.
Ce qui me permet de ne pas m'écrouler, c'est de préparer le "plus gros" lors des vacances. Comme cela, il ne me reste plus qu'à ajuster les séances en fonction de ce qui a été fait, de corriger les copies, de faire le suivi des élèves, etc.

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NLM76
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par NLM76 Mar 9 Juin 2020 - 22:58
Merci pour vos réponses. Je n'ai pas encore de solution. Mais j'ai des petites idées, qu'il faudra éprouver l'an prochain.
Bon ; je recentre sur, comme le disait Thalia, la fatigue liée au fait de donner vraiment un cours. Ce qui m'a frappé hier, c'est qu'il n'y avait ABSOLUMENT aucun problème de discipline. Le cours s'est très bien passé.
La question de la quantité de travail à l'extérieur:
Or j'étais épuisé au retour.
Alors il reste des raisons objectives. 3 heures de cours, c'est déjà une grosse quantité. Mais difficile d'y échapper en temps normal. Ensuite, sans doute plus d'investissement en énergie psycho-somatique du fait que c'était en fait un "premier cours" avec ces groupes. En plus, l'affaire des masques, qui doit jouer sans doute. Et puis la tension liée à cette situation nouvelle. Soit. Mais je retrouve cet épuisement habituel des soirs de semaine.
Je crois pouvoir constater cependant que ce n'est pas du tout la même chose avec certains cours de langues anciennes : ceux où j'ai pu suivre un manuel de qualité, tel que l'Allard et Feuillâtre ou le Frontier en grec, mon manuel de latin en initiation, et même en français quand j'ai pu utiliser mes CLF. Dès lors que je n'ai pas à me soucier du désordre ourdi par l'institution (élèves qui viennent une fois sur deux, etc.), je me sens assez peinard pendant les cours, et raisonnablement fatigué après les cours.
D'autre part, je commence à avoir idée que je suis victime de ma représentation de la journée. Je parlais de représentation théâtrale. Mais il faut y ajouter une question de souffle, et cette question de l'épuisement : quand je joue sur scène, j'ai idée que je dois avoir absolument tout donné à la fin de la représentation; il s'agit littéralement d'épuiser tout ce que j'ai à donner, dans l'énergie, dans la concentration, aussi bien que dans le relâchement. Comme le type qui court la finale du 100 mètres aux JO. Et sans doute, d'une certaine façon, je dois me représenter l'heure de cours un peu de la même façon. Je ne vois pas plus loin que le bout de l'heure de cours. Il faut que je change ça. Il faut que je sache vraiment, que je sente que j'ai toute une journée à "tenir" - ou plutôt à vivre. Et que cette heure de cours n'est qu'un seizième de cette journée, qu'elle doit être prise pour ni plus ni moins que ce seizième. Il faut que j'apprenne à envisager toute cette journée, que l'heure de cours ne peut pas être ce maelström qui l'absorbe tout entière - comme, en revanche, il me paraît assez bon qu'une représentation théâtrale le soit. Remettre cette heure de cours à sa place de seizième de la journée de veille, et rendre aux quinze autres toute leur place, dans mon esprit - anima, animus, spiritus, pectus,oculi, etc.
Et ça c'est une question d'image intérieure - mais ça ne peut marcher qu'avec un souffle convenable, un rythme du souffle beaucoup plus posé, réparti sur la journée. Il faut laisser la journée, toute la journée, palpiter son rythme. Quand ma santé me permettait de  pratiquer encore le karaté, une heure et demie d'entraînement me remettait en état de marche, même et surtout quand je la commençais épuisé : je pense qu'elle remettait en quelque sorte mon souffle en place. Autrement dit, il faut que tu respires, et ça c'est rien de le dire...
C'est aussi ce truc que j'ai entendu un jour d'un sensei d'aïkido. En combat, ne regarde pas le poing de ton adversaire. Tu auras toujours deux temps de retard. Ne regarde pas non plus ses yeux : tu auras toujours un temps de retard. Ne regarde pas non plus ses hanches : tu auras toujours un-demi temps de retard. Non: regarde la montagne qui est derrière lui. Là, tu risques d'avoir un dixième de seconde d'avance sur lui, et le combat est plié. Autrement dit, pour affronter ton heure de cours, regarde la montagne qui est derrière elle. Et donc : respire.

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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
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par Poupoutch Mar 9 Juin 2020 - 23:28
J'avais écrit puis effacé ma réflexion sur l'analogie entre un cours et une représentation théâtrale.
Alors je vais la remettre. Je crois que ça fait partie du problème et quelque part ton message, NLM, le confirme.
Un cours, ça n'est pas une représentation théâtrale.
D'abord, on y est soi, quand on joue un rôle, ça ne fonctionne pas.
Ensuite, on n'a pas un public collaboratif. Parfois oui, mais la plupart du temps, une partie au moins du public n'a pas envie d'être là et le fait sentir.
De plus, on n'est pas supposé chercher des réactions (rires, émotions) mais transmettre des savoirs. Et il faut admettre (j'ai l'habitude de prevenir mes élèves) que c'est parfois ardu.
Enfin, une représentation théâtrale (surtout en pratique amateur) est souvent beaucoup moins longue qu'une journée de cours.

Quand je suis fatiguée mais que je dois jouer, je donne tout. Quitte à être épuisée après. Quand j'ai cours et que je suis crevée, je commence par le dire aux élèves. Aujourd'hui je suis fatiguée, j'ai moins de tolérance au bruit, je vais vous faire plus travailler, etc. Bref, si on continue de croire qu'on doit faire un show, on va s'épuiser, alors que le but n'est pas de faire un show mais de faire un cours.

Edit sur un autre sujet : j'ai fait pas mal de boulots avant d'être prof et je peux assurer que j'étais crevée aussi en sortant de mes autres boulots. A la fois par fatigue nerveuse (la SNCF, c'est autrement plus tendu que ce que j'ai pu voir de l'éducation nationale) et par fatigue tout court (les taches répétitives en compta ou en secrétariat, les journées au téléphone en tant que commerciale, ça n'est pas particulièrement reposant). Aussi, quand on pense à se reconvertir, il me semble important de bien se demander si la fatigue est si anormale que ça.

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par Voltaire Mer 10 Juin 2020 - 10:04
Ne pas s'investir émotionnellement et limiter son temps de travail, difficile à faire, mais essentiel. Ce métier est un vrai vampire.
@Poupoutch, moi aussi j'ai fait d'autres boulots, parfois très prenants (j'ai pointé à 60 h/semaine parfois), avec déplacements, réunions, projets pour les clients, mise en place de matériel, formation, etc. LA différence, c'est que ce travail avait un sens.
Quand j'ai repris dans l'EN (ce que c'est que la vocation, quand même ! J'adore enseigner), il y a un peu plus de 20 ans, j'ai trouvé une situation bien différente de celle que j'avais connue 10 ans auparavant ou en tant qu'élève. Cela restait vivable. Des élèves certes un peu plus agités, mais des programmes et des objectifs clairs, pas trop d'intrusion des parents, et un soutien raisonnable de l'administration. Puis, au fil du temps, tout s'est dégradé. Les élèves sont devenus de plus en plus agités mais surtout de moins en moins intéressés (de toute façon on passera dans la classe supérieure / on aura notre bac si on bosse fin mai-début juin, ça suffit), les programmes délirants (le pompon ayant été le changement de programme en cours d'année), l'administration et les parents parfois carrément hostiles (avec violence physique ou morale), et donc la perte de tout but ou envie, puisque, comme je l'ai dit ailleurs, ces dernières années je n'avais plus l'impression d'enseigner (ou alors rarement), alors que j'aime toujours autant ça (et entendons nous, j'ai enseigné en collège, en lycée, en lycée pro, à des adultes, à la fac, en école d'ingénieurs, en post-bac, toute la gamme je l'ai faite et j'ai adoré ça, du moment que mes élèves progressaient, quel que soit leur niveau de départ. Amener quelqu'un du CAP au BTS est une vraie joie !). Même faire passer des examens avait du sens. Les dernières années, j'avais l'impression de vivre dans la maison de la folie d'Astérix.
Pour en revenir au théâtre, être prof ce n'est pas être acteur, c'est bien pire en termes de difficulté et de gratification : le temps de "jeu" est incomparablement plus long, le public est ... (à compléter : indifférent hostile, enthousiaste, etc.) sans que ce soit prévisible, et le texte change tout le temps ! On est tout de même seul en représentation, et en plus il faut faire participer le public !
Et enfin, j'ai constaté (suis je la seule ?), que si, avant, aucun prof ne partait avant la fin de l'année, maintenant ils sot de plus en plus nombreux à le faire (moi la première, je suis partie dès que j'ai pu, ce qui aurait été inenvisageable pour moi il y a encore 10 ans, et qui a fort surpris mes proches). Et les retraités ne reviennent plus au lycée revoir les collègues, même pas pour la fête de fin d'année (sauf les plus vieux, qui sont partis il y a longtemps). Pour ma part, je n'ai aucune nostalgie de mon emploi (qui n'était plus mon métier), et je ne remettrai plus les pieds dans mon établissement. Je vois mes anciens collègues et mes anciens élèves, mais à l'extérieur.
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par Lefteris Mer 10 Juin 2020 - 10:17
NLM76 a écrit: Et sans doute, d'une certaine façon, je dois me représenter l'heure de cours un peu de la même façon. Je ne vois pas plus loin que le bout de l'heure de cours. Il faut que je change ça. Il faut que je sache vraiment, que je sente que j'ai toute une journée à "tenir" - ou plutôt à vivre. Et que cette heure de cours n'est qu'un seizième de cette journée, qu'elle doit être prise pour ni plus ni moins que ce seizième. Il faut que j'apprenne à envisager toute cette journée, que l'heure de cours ne peut pas être ce maelström qui l'absorbe tout entière - comme, en revanche, il me paraît assez bon qu'une représentation théâtrale le soit. Remettre cette heure de cours à sa place de seizième de la journée de veille, et rendre aux quinze autres toute leur place, dans mon esprit - anima, animus, spiritus, pectus,oculi, etc.[/justify]
Et ça c'est une question d'image intérieure - mais ça ne peut marcher qu'avec un souffle convenable, un rythme du souffle beaucoup plus posé, réparti sur la journée. Il faut laisser la journée, toute la journée, palpiter son rythme. Quand ma santé me permettait de  pratiquer encore le karaté, une heure et demie d'entraînement me remettait en état de marche, même et surtout quand je la commençais épuisé : je pense qu'elle remettait en quelque sorte mon souffle en place. Autrement dit, il faut que tu respires, et ça c'est rien de le dire...
Tu bosses trop globalement, ça te fait vivre là-dedans en permanence, tu "t'impliques" trop comme on dit dans la phraséologie managériale en vogue. Ca crée une charge diffuse, permanente, cause de fatigue. Ayant eu le même penchant, dans mon ancien métier, et au début de mon métier d'enseignant  je me suis soigné. Paradoxalement, la destruction quasi totale de mon métier m'y a aidé, je vois parfaitement clair sur ce qu'il représente dans la société, pour mon employeur, et ça m'aide à prendre de la distance dès que j'y pense.De plus mes centres d'intérêt -les disciplines  entre autres-  sont désormais complètement disjoints de ma profession, ils n'ont plus aucun lien, cela aide à la coupure. Je n'ai plus un métier, mais un travail. Je cherche maintenant à résoudre la difficulté  consistant à ne pas s'épuiser en cours, sortant aussi très fatigué, parce que sur le moment, on entre dans le jeu on cherche à faire cours, même face à des insupportables comme beaucoup de ceux que j'ai en face de moi (bruyants, bavards, insolents, cherchant l'affrontement en permanence, paresseux, n'ayant pour centre d'intérêt que leur téléphone...) . Ca se passe beaucoup mieux quand on s'assied , l'oeil sur la montre, et qu'on attend le silence, refusant de faire cours tant que cette condition sine qua non n'est pas respectée, remplissant un fiche d'exclusion sans dire qui. Même dans leurs cerveaux , ils comprennent vaguement qu'ils ne font pas une faveur à l'enseignant d'écouter son cours. Il est difficile de s'y tenir, parce que l'heure tourne, mais ça fonctionne pas mal.

Poupoutch a écrit:J
Edit sur un autre sujet : j'ai fait pas mal de boulots avant d'être prof et je peux assurer que j'étais crevée aussi en sortant de mes autres boulots. A la fois par fatigue nerveuse (la SNCF, c'est autrement plus tendu que ce que j'ai pu voir de l'éducation nationale) et par fatigue tout court (les taches répétitives en compta ou en secrétariat, les journées au téléphone en tant que commerciale, ça n'est pas particulièrement reposant). Aussi, quand on pense à se reconvertir, il me semble important de bien se demander si la fatigue est si anormale que ça.
J'ai fait plusieurs autres métiers, dont un bien plus prenant qu'enseignant en amplitude horaire et en disponibilité. Il y a aussi de la fatigue, mais elle est différente, plus irrégulière, on peut être crevé certains jours et pas d'autres, alors que sortant de trois heures de cours, on est  toujours claqué. Et la fatigue en règle générale vient bien moins vite que devant une classe,  à horaire équivalent. Trois à quatre  heures de cours peuvent vider complètement, d'une une fatigue nerveuse, mentale, qui fait mal au crâne, interdit pratiquement de faire autre chose,  empêche même de bien se reposer.

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par Poupoutch Mer 10 Juin 2020 - 10:58
Voltaire a écrit:
@Poupoutch, moi aussi j'ai fait d'autres boulots, parfois très prenants (j'ai pointé à 60 h/semaine parfois), avec déplacements, réunions, projets pour les clients, mise en place de matériel, formation, etc. LA différence, c'est que ce travail avait un sens.
Quand j'ai repris dans l'EN (ce que c'est que la vocation, quand même ! J'adore enseigner), il y a un peu plus de 20 ans, j'ai trouvé une situation bien différente de celle que j'avais connue 10 ans auparavant ou en tant qu'élève. Cela restait vivable. Des élèves certes un peu plus agités, mais des programmes et des objectifs clairs, pas trop d'intrusion des parents, et un soutien raisonnable de l'administration. Puis, au fil du temps, tout s'est dégradé. Les élèves sont devenus de plus en plus agités mais surtout de moins en moins intéressés (de toute façon on passera dans la classe supérieure / on aura notre bac si on bosse fin mai-début juin, ça suffit), les programmes délirants (le pompon ayant été le changement de programme en cours d'année), l'administration et les parents parfois carrément hostiles (avec violence physique ou morale), et donc la perte de tout but ou envie, puisque, comme je l'ai dit ailleurs, ces dernières années je n'avais plus l'impression d'enseigner (ou alors rarement), alors que j'aime toujours autant ça (et entendons nous, j'ai enseigné en collège, en lycée, en lycée pro, à des adultes, à la fac, en école d'ingénieurs, en post-bac, toute la gamme je l'ai faite et j'ai adoré ça, du moment que mes élèves progressaient, quel que soit leur niveau de départ. Amener quelqu'un du CAP au BTS est une vraie joie !). Même faire passer des examens avait du sens. Les dernières années, j'avais l'impression de vivre dans la maison de la folie d'Astérix.

Lefteris a écrit:
Poupoutch a écrit:
Edit sur un autre sujet : j'ai fait pas mal de boulots avant d'être prof et je peux assurer que j'étais crevée aussi en sortant de mes autres boulots. A la fois par fatigue nerveuse (la SNCF, c'est autrement plus tendu que ce que j'ai pu voir de l'éducation nationale) et par fatigue tout court (les taches répétitives en compta ou en secrétariat, les journées au téléphone en tant que commerciale, ça n'est pas particulièrement reposant). Aussi, quand on pense à se reconvertir, il me semble important de bien se demander si la fatigue est si anormale que ça.
J'ai fait plusieurs autres métiers, dont un bien plus prenant qu'enseignant en amplitude horaire et en disponibilité. Il y a aussi de la fatigue, mais elle est différente, plus irrégulière, on peut être crevé certains jours et pas d'autres, alors que sortant de trois heures de cours, on est  toujours claqué. Et la fatigue en règle générale vient bien moins vite que devant une classe,  à horaire équivalent. Trois à quatre  heures de cours peuvent vider complètement, d'une une fatigue nerveuse, mentale, qui fait mal au crâne, interdit pratiquement de faire autre chose,  empêche même de bien se reposer.
Je crois, du coup, qu'on touche un point essentiel : pour moi, ce que je fais en tant que prof a plus de sens que tous les autres métiers que j'ai pu exercer. Et même si, au quotidien, c'est fatigant, je n'en ressors pas souvent avec ce sentiment d'être vidée ; ponctuellement, il se peut que j'aie mal au crâne, que je sois un peu fatiguée nerveusement (si les classes ont été pénibles, par exemple) ou que je n'aie plus la force de faire quoi que ce soit d'autre. Mais la majeure partie du temps, ça va. Rien à voir avec l'épuisement physique et nerveux que je ressentais en sortant du boulot dans mes autres métiers. Peut-être est-ce aussi parce que j'ai fait un burn-out quand je travaillais dans la pub, mais cette sensation d'écrasement physique et moral, je ne la trouve pas dans le métier de prof, à part peut-être depuis ce mois de mars. Je me sens beaucoup plus vidée en étant en distanciel toute une journée qu'en sortant d'une journée de cours.
J'en ai beaucoup parlé hier soir avec mon mari, qui, lui, a le ressenti inverse : faire cours l'épuisait totalement, à tel point d'ailleurs qu'il a fini par se faire reclasser.
Alors je pense que je n'ai pas de solution à proposer, puisqu'en fait je n'ai pas vraiment le même problème, la fatigue que je ressens me semblant normale : elle n'est pas liée à l'exercice ou à la spécificité du métier, plus aux à-côtés. Moi, tout ce qui m'épuise, c'est plutôt ce qui n'est pas le cours (les corrections, les temps de préparation à rallonge, les réunions, etc.) ; le temps de classe, au contraire, a plutôt tendance à me booster. Mais je ne saurais pas expliquer pourquoi, sinon que, comme je l'ai dit plus haut, je crois ne pas le surinvestir comme une représentation. Quand je suis face à la classe, je suis moi, et ça marche, et je ne saurais pas du tout expliquer pourquoi. Je pense que j'ai eu de la chance, des groupes faciles, des conditions d'exercice plutôt agréables. Je crois aussi que j'ai la chance d'avoir au moins une matière - le théâtre - dans laquelle l'enseignement fait vraiment sens, où les programmes sont bien faits (quand bien même j'ai parfois à redire sur les choix d'oeuvres en terminale) et où les conditions de cours sortent du cadre purement scolaire (on bouge plus, on fait plus de bruit, ça facilite beaucoup le travail sur la discipline).
J'identifierais plus comme une source de fatigue anormale les effets de la réforme, notamment a pression sur le recrutement dans les options et spécialités, l'idée que, pour sauvegarder son poste, il faille aller racoler de classe en classe. Encore une fois, un aspect extérieur à l'heure de cours.

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par AsarteLilith Mer 10 Juin 2020 - 11:01
Ce qui m'interpelle, c'est que la fatigue nerveuse de bosser chez soi (entre 3 et 6h de préparation) équivaut (pour moi du moins) à celle engendrée par 1h de classe. C'est donc bien qu'une heure de classe "bouffe" de l'énergie !  Quand je sors de mon bureau chez moi, je me sens fatiguée, un peu vidée, mais avec la sensation que j'ai bien travaillé, que j'avance petit à petit et je peux couper avec un peu de temps. Quand je sors du collège, j'ai l'impression de faire l'école buissonnière et d'avoir raté complètement, je coupe très mal. En ce moment, ne faisait qu'un peu de présentiel, je me sens très peu fatiguée, juste l'impression très dérangeante de ne pas faire correctement mon job ( et encore, cette impression me suit en présentiel). Hier, deux CC, aucun problème, pas de lassitude, juste l'impression d'être prof. D'habitude : marre - rentrer -manger - passer à autre chose, vite.

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par maldoror1 Mer 10 Juin 2020 - 11:21
Moi je vote pour Lefteris !

Plus simplement, j'aime (encore) vraiment bien mon métier, mais il passe après ma vie de famille, mon amour de la lecture et du cinéma, le sport, etc... D'ailleurs, quand je rentre vannée ou/ou énervée, un détour par la piscine suffit à me rafraîchir le corps et l'esprit (jusqu'à présent du moins).

Cette année (enfin jusqu'au 13 mars), j'ai décidé de faire quelque chose qui peut paraître mesquin mais qui fut salutaire : j'ai chronométré mon temps de travail, en et hors cours. J'ai décidé de ne plus dépasser les 35 heures hebdomadaires.

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par Lawliness Mer 10 Juin 2020 - 11:40
Bonjour, pour ma part je suis assez satisfait•e de la reprise. En raison de trains supprimés et de classes dérobées - je veux dire, reprises pour les matières jugées plus importantes - je n'ai plus à me lever à 5h du matin. Je n'enchaîne plus, en n'exagérant qu'un peu, six heures de classes. Je ne produis plus une quantité monstre de documents de travail bien mis en page, en voyant l'utilité que ça a eu pendant le confinement.

Les demi-groupes présents au collège sont globalement ravis d'être là et motivés, la verbalisation et nos interactions se font donc de façon très spontanée et il y a un engouement pour pouvoir pratiquer à nouveau dans un cadre scolaire plus "égalitaire". Le masque, je le porte à chaque déplacement depuis fin mars, et les élèves ont pour obligation de le garder dans mon cours uniquement pour des raisons de santé. Cela ne m'épuise pas plus - mes journées commencent à 10h et finissent à 15h30 ou 16h30. Comme je n'ai plus accès à ma salle habituelle, hormis de rares passages à la pause méridienne, je n'ai plus de temps à consacrer au rangement de mon espace de travail, au rangement des travaux que l'on ne récupère plus, au rangement du matériel qui n'est plus mis à disposition.

Alors j'ai probablement de la chance, mais cette reprise est un vrai regain d'énergie et d'entrain pour moi. Chance qui est liée à la flexibilité du programme de ma discipline, aussi ; je ne crains pas le retard des élèves en septembre. De toute façon, en un mois avec des demi-classes en alternance, je ne rattraperai pas tous les manquements dus au confinement. Je continue mon taff et voilà, l'humeur de l'équipe est bonne, les locaux sont propres et organisés, et j'ai enfin à nouveau un cadre, un rythme de travail plus structuré.

Cette reprise impacte cependant la qualité de mon travail à distance, qui a été assez considérable jusque-là. Je ne peux plus donner de classes virtuelles, farfouiller des ressources çà et là et suivre aussi aisément sur mon temps personnel les élèves pour espérer un rendu ou expliciter au mieux mes demandes. Je dois encore travailler à cela.

Bon courage à tou•te•s.

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par dita Mer 10 Juin 2020 - 15:20
Pour le souffle, clé de tout selon NLM, cela m'a fait penser à un article web de runner.fr, quel âge avez-vous vraiment ? Il renvoie à un lien pour un test mis au point par des chercheurs Norvégiens qui étudient la question en rapport avec la VO2 MAX. Je trouve que le questionnaire (en anglais, mais facile) est très incomplet, mais tout de même intéressant.
Au temps pour moi, Lefteris, je t'ai cité sans dire que considérer les élèves comme des administrés venait de toi. Mais tel est le cas, te lire m'a souvent bien aidé. Merci à toi.
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par Irulan Mer 10 Juin 2020 - 16:03
Maldoror, puisque nous enseignons la même discipline, j'aimerais savoir s'il te plaît comment tu fais pour ne pas dépasser les 35 heures. Ça m'aiderait, car j'ai tendance à trop en faire (après je débute, et j'ai tout à préparer). Merci à toi :-).

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par maldoror1 Mer 10 Juin 2020 - 16:16
Mara-Jade a écrit:Maldoror, puisque nous enseignons la même discipline, j'aimerais savoir s'il te plaît comment tu fais pour ne pas dépasser les 35 heures. Ça m'aiderait, car j'ai tendance à trop en faire (après je débute, et j'ai tout à préparer). Merci à toi :-).

Pas de recette miracle... Je m'impose de m'arrêter à 35 heures ( si non, on peut très bien ne jamais s'arrêter). Bon, je corrige assez rapidement il me semble, et j'enseigne depuis 12 ans, j'ai donc pas mal de séquences qui fonctionnent bien. Et surtout, j'ai fait le choix d'être à temps partiel : moins d'argent, mais plus de temps ! Enfin, je n'ai aucun scrupule. Je ne vois pas pourquoi j'en aurais, vu nos salaires et la grande reconnaissance dont nous bénéficions un peu partout...

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par NLM76 Mer 10 Juin 2020 - 16:24
Alors, il est vrai qu'il y a une chose qui est sans doute primordiale, et que me rappellent les billets de Lefteris : le fait de travailler près de chez soi. Voilà une dizaine d'années, j'ai eu un complément de service qui occupait l'essentiel de mon service. Je ne faisais que quelques heures de langues anciennes, avec très peu d'élèves, très sympas, dans mon bahut, et j'avais deux classes en français dans un lycée situé à 300 mètres de chez moi — en centre-ville, avec un bien meilleur niveau. Eh bien je n'ai pas le souvenir de la même fatigue. Je rentrais chez moi quand je voulais, ou allais travailler dans un café en ville. J'avais plusieurs heures de vacation à la fac de lettres. Diverses autres contraintes. Et pourtant c'est l'année où je décrochai l'agrégation.

Et peut-être un autre truc : les années les plus "cool" physiquement parlant furent sans doute celles où j'eus quelques collègues avec qui j'avais de nombreux atomes crochus dans mon établissement... dans le sens où ces atomes crochus nous permettaient de beaucoup, beaucoup rigoler. L'ennui est une source extrêmement puissante de fatigue !

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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
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par dita Mer 10 Juin 2020 - 16:59
maldoror1 a écrit:
Mara-Jade a écrit:Maldoror, puisque nous enseignons la même discipline, j'aimerais savoir s'il te plaît comment tu fais pour ne pas dépasser les 35 heures. Ça m'aiderait, car j'ai tendance à trop en faire (après je débute, et j'ai tout à préparer). Merci à toi :-).

Pas de recette miracle... Je m'impose de m'arrêter à 35 heures ( si non, on peut très bien ne jamais s'arrêter). Bon, je corrige assez rapidement il me semble, et j'enseigne depuis 12 ans, j'ai donc pas mal de séquences qui fonctionnent bien. Et surtout, j'ai fait le choix d'être à temps partiel : moins d'argent, mais plus de temps ! Enfin, je n'ai aucun scrupule. Je ne vois pas pourquoi j'en aurais, vu nos salaires et la grande reconnaissance dont nous bénéficions un peu partout...
Mais c'est kollosâl, Maldoror ! Si je suppose que tu es certifié, tu bosses 9h devant élèves. Donc, chez toi, tu bosses 26 heures ?
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par maldoror1 Mer 10 Juin 2020 - 17:05
@ Dita : Ah non, je me suis mal exprimée, désolée !

Je suis certifiée en effet. Quand j'étais à temps plein, je travaillais en tout 35 heures. Je suis passée à 80 % : environ 15 heures devant élèves, et 15 heures chez moi. Je travaille au prorata quoi !

Désolée Mara-Jade, ma première réponse a dû prêter à confusion !

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par capucine42 Mer 10 Juin 2020 - 17:16
Vous lire me rassure, après une vraie reprise qui m'a laminée( tant qu'il n'y avait que les 9 h de sixième ça allait), je me suis dit que je n'arriverai plus peut-être à assurer un service normal à la rentrée.
Mardi, 8h: 13 élèves adorables de seconde qui ont adoré la séquence débutée en distanciel, une heure de trou pendant laquelle j'ai bu des cafés avec un collègue( j'ai failli me trouver mal, trop de caféine d'un coup peut-être...), deux heures de spe avec deux élèves( contre 42 habituellement), rentrer manger, repartir, quatre heures de sixième avec des choupis, conseil de classe. Dire que j'étais fatiguée est loin du compte, c'est de l'épuisement dont il s'agit. Pourtant, 0 surinvestissement, je ne me mets pas en représentation, question préparation, c'est très light.
J'ai un masque en tissu que je garde tout le temps avec les élèves. Peut-être un souci d'oxygène, je ne sais pas. En tout cas c'est démoralisant.
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par Irulan Mer 10 Juin 2020 - 18:14
Merci maldoror pour les précisions !

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par pailleauquebec Mer 10 Juin 2020 - 19:40
Sujet très intéressant, j'apprends beaucoup à vous lire.
En plus de ce qui a été dit, sur le travail en général, les émotions, l'usure du métier,... Voici mes petites découvertes récentes.

Cela s'est fait fortuitement car j'ai profité du confinement pour me filmer. Des vidéos de 10 minutes que je donne à mes élèves.
Quand je me filme pas d'élève. Et au bout de 6 vidéos de 10 minutes je suis rincé (en gros 2h30 de tournage en comptant les pauses).

Je crois qu'il y a la tension que je m'impose en classe pour mettre du rythme, pour convaincre. Il y a aussi une sorte de perfectionnisme, qui va jusque dans les détails, les mots choisis, écrire bien, parler distinctement, trouver l'explication juste,... Déjà rien que ça c'est épuisant.

J'ai un peu regardé mes vidéos, et j'ai été saisi de pitié pour moi même. De voir la pression que je me mets, tout seul.
Le problème c'est que je n'ai pas de mode cool, où je ferais les choses dans le plaisir.

Au fond c'est aussi que j'avais plaisir à ce tourbillonnement d'idées qui me grisait dans mes jeunes années d'enseignant et qui m'épuise maintenant.

Je crois que ça vient de loin. Et en plus en classe je tiens les élèves par le rythme, la précision du cours, le contenu,... et donc je m'impose tout ça.
J'ai essayé dans mes dernières vidéos d'être moins impliqué, mais du coup l'image que je donne est plus mollassonne et je ne m'aime pas trop comme ça.
En gros on voit que j'y crois beaucoup moins, je vais moins vite, je prends mon temps,...

J'ai eu un travail de prise de conscience à faire car je ne me voyais pas comme ça, et je rechignais à me regarder. Je ne sais pas pourquoi mais ce n'est qu'en me filmant que j'ai pu constater comment je fais réellement cours (et comment je m'inflige tout seul des souffrances).
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par Lefteris Mer 10 Juin 2020 - 22:23
dita a écrit:
Au temps pour moi, Lefteris, je t'ai cité sans dire que considérer les élèves comme des administrés venait de toi. Mais tel est le cas, te lire m'a souvent bien aidé. Merci à toi.
Je pensais que tu étais arrivé aux mêmes conclusions que moi par des chemins différents.

NLM76 a écrit:Alors, il est vrai qu'il y a une chose qui est sans doute primordiale, et que me rappellent les billets de Lefteris : le fait de travailler près de chez soi.
Là je suis formel, pour avoir pris longtemps les transports en commun. Habiter loin est un double facteur d'usure : des journées à amplitudes terribles, et la fatigue des transports eux-mêmes, debout, crevant de chaleur. Pour l'IUFM, j'avais une heure de boîte à cachous pour écouter des zorcharteries à un âge ou déjà on ne croit plus aux charlatans. J'ai beaucoup perdu en devenant enseignant, mais sur ce point j'ai gagné, et ça m'a sans doute aussi aidé à décrocher l'agreg tout en gérant certaines contraintes personnelles. J'ai demandé à deux ou trois reprises un lycée (aucun vivable à moins d'une demi-heure de transport au bas mot) et quand je vois le cauchemar , notamment en langues anciennes, je respire de ne pas avoir obtenu la mutation.


L'ennui est une source extrêmement puissante de fatigue !
La moindre chose pèse en effet un poids énorme, parce qu'on n'a pas envie de le faire, que ça n'a ni intérêt ni sens. En télétravail, je me donne un coup de pied d'une violence inouïe pour faire ces machins qui demandent un travail important pour un résultat quasi nul, je me traîne.Vers 17 heures je suis allé faire 80 bornes : une résurrection, tout allait au poil (sauf la crevaison en rentrant...) Quand j'arrive au boulot, j'ai déjà la tête à ce que je fais après
Autre avantage d'habiter à proximité : peu importent les collègues, s'il y a des atomes crochus tant mieux, sinon tant pis. De toute manière, tu ignores la cantine, son poisson carré et ses tranches napolitaines, ses ragots, ses histoires d'élèves, de projets et autres vecteurs d'ennui mortel.

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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)

Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.

Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
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