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henriette
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"Le métier de prof est-il encore possible ?" interview d'une prof qui démissionne - Page 2 Empty Re: "Le métier de prof est-il encore possible ?" interview d'une prof qui démissionne

par henriette Lun 20 Juil 2020 - 0:24
Pour ma part, je dois dire que tes messages ici, Chaly07, m'inquiètent un peu, par leur euphorie et leur enthousiasme qui me semblent d'autant plus excessifs qu'ils font suite à toute une série de messages extrêmement sombres sur ta situation professionnelle, qui nous avaient alertés.
J'espère de tout coeur me tromper, et que tu vas bien, que tu as pu être suivi pour faire face aux sombres pensées que tu avais il y a peu, et que cet enthousiasme n'est pas le haut de la vague avant le creux mais plutôt des souvenirs heureux, que ta mémoire a peut-être un peu enjolivés.
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par Cécédille Lun 20 Juil 2020 - 0:57
On peut quand même discuter ? Savoir débattre, argumenter ?

Pas d'accord avec tout ce que tu dis Charly 07 (Les 3 ou 4 jours de libre dans la semaine) mais je comprends l'idée. Cela peut effectivement arriver. Pas chaque année évidemment.

Je n'avais pas vu les choses sous cet angle. On peut effectivement bosser énormément en dehors des heures de cours comme on peut choisir de ne pas le faire du tout ou  de ne pas le faire à certains moments. Il y a une liberté, une flexibilité qui n'est pas négligeable. Nous sommes aussi libres d'ajuster, réajuster, donner plus d'évaluations ou moins...
Par contre, je n'ai tout de même pas l'impression d'avoir énormément de temps libre à tuer.  

Un autre plus de ce métier: la possibilité de changements d'une année sur l'autre. On ne s'ennuie pas. Aucune classe ne se ressemble. A l'inverse, dans un bureau, un salarié peut accomplir les mêmes tâches rébarbatives pendant des années.

Pour répondre au sujet, c'est un métier de plus en plus pénible (réformes, discipline, administration, parfois les collègues...) mais que je continue à aimer.


Dernière édition par Cécédille le Lun 20 Juil 2020 - 1:01, édité 1 fois

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par Nitnelav Lun 20 Juil 2020 - 1:00
Charly07 exprime avec ses mots une réalité que je partage : je suis heureux d'enseigner, je travaille beaucoup mais n'ai pas l'impression de subir une exploitation physique ou psychique, je pense gagner correctement ma vie.
Les enseignants que je fréquente (un échantillon non représentatif, puisque c'est celui que j'ai choisi Smile ) partagent également ce point de vue. Ils sont professeurs des écoles, professeurs du secondaire. Je vois bien que quelques uns ici voudraient que cette opinion n'ai pas le droit de cité ; c'est qu'ils ne comprennent pas que ne pas se sentir déclassé, paupérisé, méprisé, ne signifie pas qu'on n'embrasse aucune revendication ou qu'on ne souhaite pas que le système éducatif change. Ces collègues et amis qui vivent joyeusement leur métier sont aussi les premiers à combattre (dans leur syndicat, dans leur établissement, dans les urnes) quand c'est nécessaire. Je voudrais être bien sûr que tous ceux qui se disent maltraités par l'éducation nationale, ici par exemple, sont aussi ceux qui luttent quand il le faut.

Les remarques sur les fautes d'orthographe sont déplacées (j'ai dû me vaincre pour trouver ce mot mesuré). Et je ne doute pas que dans cette relation à l'autre se loge certaines des causes de ce mal-être au travail.
Cécédille
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par Cécédille Lun 20 Juil 2020 - 1:05
Nitnelav a écrit:

Les remarques sur les fautes d'orthographe sont déplacées

Je suis d'accord avec toi. Je me suis sentie mal à l'aise. Dans un débat, on "attaque" les idées pas la personne.

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par kortonneko Lun 20 Juil 2020 - 1:12
@Danska Ça me paraît très humain. Après une expérience négative et destructrice, l'instinct de survie fait son boulot : soit on change de vie, soit on se rappelle pourquoi on avait choisi cette vie-là et on essaye de retrouver ces fondamentaux et d'ignorer le reste, ce qui nous a fait du mal. D'où le passage rapide de messages très sombres à des messages beaucoup plus optimistes. Charly le dit lui-même, il est en thérapie, et redonner du sens à son métier en fait partie. Après, je partage l'inquiétude d'henriette sur le risque de rechute, surtout à la rentrée, si cette volonté d'optimisme se transforme en œillères et en blocage psychologique. Mais ce n'est pas forcément le cas : si la souffrance de Charly est/a été réelle, il semble néanmoins disposer d'une capacité de réflexion sur lui-même et de prise de recul.

Donc sache, cher @charly07, qu'il ne faut pas que tu hésites à parler et à partager ton cheminement sur ce forum, sur ce fil ou un autre. Nous ferons de notre mieux pour t'aider. En tout cas, ne refoule pas tes émotions Smile Et j'ai apprécié certains passages assez touchants de ton texte, notamment sur ton rapport humain avec tes élèves. (Même si la semaine de 3 ou 4 jours pour un prof, c'est aussi un mystère pour moi. Peut-être as-tu obtenu des dispositions spéciales ?...)

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par kortonneko Lun 20 Juil 2020 - 1:15
Je partage les réserves exprimées sur les remarques à propos des fautes d'orthographe. Je ne comprends pas que ça soit un critère pour évaluer le point de vue d'une personne, d'autant qu'elles restent relativement mineures dans le cas de Charly.
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par kortonneko Lun 20 Juil 2020 - 2:28
Je vais en rajouter une couche : je comprends l'argument selon lequel ce métier est "bien payé".

Mes parents ont des jobs physiques, épuisants et très précaires. À même pas 50 balais, ils sont tout cassés physiquement (au point que je redoute de les voir polyhandicapés d'ici quelques années) et toujours en grosse galère financière. Ils enchaînent les contrats pourris et instables (et en cumulent souvent plusieurs) où ils se font exploiter car leurs employeurs savent qu'ils n'ont pas le choix, et ils continuent à se priver de tout pour qu'on s'en sorte malgré tout.

Dans ces conditions, je dois bien reconnaître que parmi les facteurs qui me poussent vers le professorat, il y a, oui, l'envie de ne pas me retrouver dans la situation de mes parents, de jouir d'un statut encore relativement sécurisant, et de toucher une rémunération qui, si elle reste insuffisante compte tenu de l'importance de la tâche, de la pénibilité, de la charge mentale et du temps que les profs consacrent à leur mission, peut me permettre d'envisager de vivre plutôt sereinement, de ne pas manquer de grand chose et de prendre un peu soin de mes parents et de mes futurs enfants.

Parmi les métiers permettant cela, prof reste un job qui, malgré ses nombreux défauts, permet d'exercer une mission qui reste stimulante et intègre, de jouir d'une relative liberté d'organisation, de ne pas se casser le dos ni se vendre à une entreprise (pour le moment en tout cas Very Happy ), avec un contact humain central, dans un univers qui est celui de l'éducation et dont ce forum prouve qu'il est rempli de gens passionnés et passionnants. C'est en tout cas comme ça que je le vois. Et comme dit plus tôt, malgré le système cynique des affectations, on peut espérer changer de cadre une fois qu'on en ressent le besoin.

Donc oui, au-delà du fait que j'aime faire de la pédagogie, que j'ai envie de travailler avec des ados, que l'histoire-géo-emc ça peut être super sympa à enseigner... bah d'un point de vue pragmatique, le professorat m'offre une perspective rassurante au niveau du salaire et du statut. Ça ne veut pas dire qu'il faut s'en satisfaire, mais je peux comprendre que certains soient finalement plutôt contents de ces aspects-là. Comme je comprends également ceux qui préfèrent partir pour ne pas participer à la casse du service public, qui est réelle et qu'il faut empêcher par tous les moyens.
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par charly07 Lun 20 Juil 2020 - 3:04
Je ne pensais pas qu'il y aurait autant d'amalgame entre mon message et mes posts sur ma situation vécue l'an passé au niveau du travail. Cela me touche beaucoup que certains d'entre vous se préoccupent de mon état de santé et je vous en remercie. Cependant le sujet de ce fil est de donner un avis sur le métier, je le donne sur l'ensemble de ma carrière et non sur un événement certes douloureux mais  ponctuel.

Il est vrai que j'ai vécu cette année une situation de grosse souffrance au travail.  J'ai beaucoup appris de cette expérience notamment grâce au temps en dehors de la structure scolaire. Mais je ne suis pas de caractère à me laisser enfoncer ni à déprimer trop longtemps. Je me fais accompagner et croyez bien que vos messages positifs sont pour beaucoup dans ma posture actuelle.

Nous verrons comment se passera la rentrée mais comme je l'ai déjà écris,  je suis maintenant en résistance et mes armes sont multiples. La première, la plus importante est de se centrer sur le cœur du métier, sur ce qui nous a fait embrasser cette profession, les élèves. Ensuite prendre du recul avec les forces négatives que sont l'administration et certains collègues toxiques (dans mon cas). Se borner enfin à ne faire que ce qui est du ressort de nos obligations en revendiquant nos droits en cas de besoin (d'où une bonne connaissance nécessaire du système). C'est ce que je conseille à toutes et tous ceux qui sont en difficultés avant d'envisager de démissionner.

Mon amour du métier et des avantages perçus, je l'ai sans doute exprimé avec trop de force et n'ai pas assez pensé à toutes celles et ceux qui sont en souffrance au quotidien.  Veuillez m'en excuser.

Mais il y a une réalité  en ce qui me concerne et qui je suis sûr en concerne d'autres, nous avons un métier passionnant et avec de nombreux avantages. Pour rien au monde je ne reviendrai en arrière.

Alors oui je l'assume et le revendique nous avons une grande liberté dans notre métier, oui nous pouvons librement choisir de nous organiser pour travailler ou non durant notre temps en dehors du lycée. Et on ne peut pas nier avoir du temps en dehors de la structure scolaire. Nos vacances scolaires existent bien. J'ai toujours eu ou presque un emploi du temps avec un jour par semaine de libre et avec le samedi et dimanche ce qui fait bien 3 jours et bien souvent une autre demi journée de libre, voire deux. Cette temps non contraint pas des horaires est un confort que je souhaite à tout le monde.  

Je n'ose plus parler salaire, mais j'ai toujours eu l'impression de bien gagner ma vie en fonction de mes besoins avec deux enfants et ma conjointe qui travaille à temps partiel. Plus de besoin d'argent et je faisais des heures en plus à droite à gauche, moins de besoins et on se contente du minimum. Je trouve cela très confortable de pouvoir choisir de travailler plus ou moins.  

Enfin et pour finir,  mis à part cette dernière année difficile, le 25 ans et plus passés dans l'éducation nationale sont de belles années (je n'ose plus être trop enthousiaste). Peut-être que les prochaines ne seront pas si belles, on verra, mais je reste très optimiste malgré ce qui est arrivé cette année.  Le passé est déjà derrière moi et je suis prêt à repartir pour vivre de nouvelles aventures avec les jeunes.

C'est ça qui te ferra aimer ce métier Kortonneko.

Bien à vous.
henriette
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par henriette Lun 20 Juil 2020 - 3:29
Je suis très contente de lire que tu vas mieux, charly07. Et tu sais, au cas où, qu'on se soucie de toi et qu'il y aura toujours ici des oreilles attentives si tu en as besoin. fleurs

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par charly07 Lun 20 Juil 2020 - 3:34
merci Henriette, j'en ai des frissons, mais c'est grâce entre autre à toi et à ce forum que je suis debout.

henriette
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par henriette Lun 20 Juil 2020 - 3:35
Continue à bien prendre soin de toi, charly.

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par User12958 Lun 20 Juil 2020 - 5:47
Meme si je me suis barré de l'EN sans regrets, je suis d'accord pour dire qu'un des grands conforts de ce métier est l'organisation assez souple du travail. La paie : elle est mieux que le SMIC, mais en-dessous de nos responsabilités/horaires de boulot/qualification, ceci-dit c'est le salaire de base tout court qui est insuffisant, il faudrait tout remonter, et ça c'est un problème qui dépasse le seul cadre de l'EN, je ne développerai pas.

Ce qui m'a fait partir c'est vraiment une sensation d'être de plus en plus coincés par des exigences de programme, de moyens horaires et de rythme qui empêchent la transmission de savoirs et de techniques aux élèves. A partir du moment où l'on m'ordonne officiellement de faire un mauvais travail et de saboter les connaissances des jeunes qui me sont confiés, c'est non.

J'ai aimé profondément ce métier, de 2000 à 2017, vers 2017/2018 je me suis posé des questions, je suis parti à la rentrée 2019. Avant, j'étais pleinement heureux d'être Prof.

(Un aparté sur les BTS : j'en ai eu en Culture G. Moins de travail qu'en première Générale pour le Français et la première année nous laisse une énorme liberté de choix dans les thèmes et les méthodes ("liberté pédagogique totale" nous disait l'Inspecteur). Mais d'autres collègues d'autres matières (surtout techniques) avaient un bon volume horaire avec eux + projets + programme lourd. Au point qu'avec mes collègues de Français on se disait que nos pondérations BTS étaient imméritées, mais qu'il nous aurait fallu une pondé en 2nde à la place de celle de BTS : 34 élèves avec une grande hétérogénéité, là on avait vraiment du boulot (un coucou en passant aux collègues de LV de 2nde chargés de faire de l'expression orale individualisée à 34 en moins de 50 minutes). Enfin bon, j'étais content de les avoir, hein, mes sous, mais voilà il y a des choses pas logiques point de vue masse de travail/rémunération. Sinon certaines classes sont effectivement sympas et pas du tout fatiguantes, mais d'autres sont lourdingues et peuvent devenir pénibles, et ce n'était pas forcément lié aux spécialités des BTS, l'avantage était la possibilité de discuter "entre adultes" en cours avec les étudiants).
Solga
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par Solga Lun 20 Juil 2020 - 7:46
Je crois qu'il existe tant de situations disparates dans le métier d'enseignant qu'il devient difficile de parler du métier en lui-même.
Pour ma part et enseignant une matière mineure, ce qui m'a davantage minée et dont j'ai plus ou moins fait le deuil est l'absence de perspectives de carrière, je dirais même juste de changements, d'autant plus dans ma discipline.
Maintenant, d'un point de vue strictement prosaïque, j'exerce dans de bonnes conditions : agrégée depuis suffisamment longtemps pour le salaire soit satisfaisant ; jusqu'ici j'ai toujours eu un bon emploi du temps qui répondait à mes souhaits et les élèves de mon l'établissement sont en écrasante majorité gentils et sympathiques à défaut d'être travailleurs.
Côté travail personnel, je suis loin d'être débordée et les élèves avançant à la vitesse de l'escargot, je dois avoir deux siècles de séquences prêtes 😁 , d'autant que les programmes chez nous changent peu souvent. Mais je vois des collègues à presque 20 ans de carrière bosser comme des fous. Néanmoins quand on discute avec eux, ils avouent facilement que c'est davantage pour se rassurer que par nécessité absolue.
Bref, je crois qu'il existe des situations ET des ressentis vraiment différents.
Danska
Danska
Prophète

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par Danska Lun 20 Juil 2020 - 7:49
Nitnelav a écrit:
Les remarques sur les fautes d'orthographe sont déplacées (j'ai dû me vaincre pour trouver ce mot mesuré).

Ma foi, grand bien te fasse.
Elaïna
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Enchanteur

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par Elaïna Lun 20 Juil 2020 - 7:53
Danska a écrit:
A dire vrai je ne trouve pas : tu demandes ce que des enseignants en poste pensent de leurs conditions de travail, te voilà déjà avec quelques éléments de réponse, même si ce ne sont pas nécessairement les plus pertinents.

En revanche, tu as peut-être raison de ne voir en @charly07 qu'une personne désireuse de prendre du recul après une expérience douloureuse, je le souhaite en tout cas ; mais entre "prendre du recul" et "se mettre des oeillères pour croire n'importe quoi", il y a un gouffre. Hélips l'a déjà signalé, je le répète : si ce métier est aussi fantastique, libérateur et bien payé que ça, pourquoi diable les candidats désertent-ils les concours ? Pourquoi les démissions de stagiaires augmentent-elles d'une année sur l'autre ? Ainsi que les démissions de titulaires ?


Je nuancerais un peu en disant que les questions financières ne sont probablement pas les seules qui font que les gens désertent les concours de l'enseignement. Si on ne choisissait une profession que pour le fric, les facs de droit de videraient aussi (un avocat sur deux est péniblement au SMIC aujourd'hui... Et une bonne partie galère financièrement !).
Seulement, pour passer les concours de l'enseignement, il faut être rigoureux, cultivé, savoir écrire, raisonner, croire aussi que c'est par là connaissance qu'on s'émancipe. Ce qui est moyennement en vogue de nos jours.[/quote]

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par Malaga Lun 20 Juil 2020 - 8:00
Je fais partie des enseignants heureux au travail. J'aime enseigner ma matière, je la trouve très riche, on peut varier les cours d'une année sur l'autre, souvent rebondir sur l'actualité, il est possible d'accrocher, même temporairement, des élèves en grande difficulté.
J'ai la chance de travailler dans un collège sympa, avec de chouettes collègues et des élèves globalement agréables.

En revanche, j'ai un salaire que j'estime correct car j'ai trois enfants (donc un joli SFT), je fais quelques heures supplémentaires et je suis PP. Si je ne touchais que mon salaire de base, il ne serait pas bien haut.
Je ne vois pas comment il est possible de ne travailler que dix heures par semaine en plus des 18h si l'on n'a rien préparé durant les vacances. Préparer un cours (encore plus un nouveau programme), corriger des copies, cela prend beaucoup de temps (et c'est normal, cela fait aussi partie de notre métier).

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J'utilise des satellites coûtant plusieurs millions de dollars pour chercher des boîtes Tupperware dans la forêt ; et toi, c'est quoi ton hobby ?
Elyas
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par Elyas Lun 20 Juil 2020 - 8:01
J'adore mon métier et je le vis bien surtout depuis ma mutation qui m'a fait quitter une salle des professeurs toxique pour une salle des professeurs humaine et normale.

Cependant, nos conditions matérielles et quotidiennes baissent chaque année et notre traitement n'est pas à la hauteur de nos missions.

Néanmoins, ce qui me révolte le plus est comment sont souvent traités ceux parmi nous qui sont les plus fragiles. Ils se font démolir plutôt qu'aider. Et là, il suffit du moindre personnage toxique ou voulant se faire mousser pour que l'exécution débute. Je pense surtout aux collègues âgés et fatigués par des événements de vie ou leur santé qui soudain, alors qu'en 40 ans ils ont toujours été considérés, deviennent la lie du métier selon les dires des mesquins. J'ai très peu de comment on pourrait me traiter quand j'aurai 63 ou 64 ans à la lueur de ce que je vois des expériences que mes estimés collègues anciens subissent. Cela me révolte toujours.
Mat'him
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par Mat'him Lun 20 Juil 2020 - 8:05
Solga a écrit:Je crois qu'il existe tant de situations disparates dans le métier d'enseignant qu'il devient difficile de parler du métier en lui-même.
Je suis totalement en accord avec cette remarque. La matière enseignée jour beaucoup dans le travail personnel à fournir en terme de préparation et de copies.
Je ne pense pas qu'il y ait grand chose de commun entre un prof de matière technique en LP (une amie est prof d'esthétique et son EDT c'est du rêve et elle a plus de temps et un bien meilleur salaire que si elle était employée dans un salon) et un prof de LC en lycée comme l'enseignante dont c'était le témoignage. La réalité des uns n'est pas celle des autres, je doute quand même grandement que le témoignage de Charly (25 heures par semaine de travail tout compris sur 36 semaines) soit transposable à un prof d'HG quelque soit le niveau d'enseignement comme veut le devenir kortonneko.

Danska
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par Danska Lun 20 Juil 2020 - 8:10
@Elaïna, bien sûr qu'il n'y a pas que la question financière qui joue : elle est étroitement corrélée avec les conditions de travail notamment. Beaucoup de personnes sont prêtes à accepter un salaire relativement faible en échange de conditions de travail agréables, c'est basique.

Mais ce qui m'amuse toujours, c'est qu'on n'a jamais la réponse à cette question toute simple : si "prof" est le plus beau métier du monde, pourquoi est-ce que le ministère est obligé de recourir à des campagnes de pub grotesques pour essayer d'attirer les candidats - sans beaucoup de succès au demeurant ?

Et je ne comprends pas bien l'intérêt de ce topic non plus, en fait : s'il s'agit de donner son avis sur l'interview dont il est d'abord question, ces constats n'ont rien de nouveau et ont été évoqués mille fois sur ce forum. S'il s'agit de discuter des conditions de travail, pareil, il y a des dizaines de sujets sur la question, il suffit de chercher. Et s'il s'agit uniquement de conforter un étudiant dans son choix de profession... ben pareil, il y a un paquet de sujets qui existent déjà (souvent peu optimistes, mais c'est le risque quand on pose une question, de ne pas revenir les réponses qu'on espérait).
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Sisyphe
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par Sisyphe Lun 20 Juil 2020 - 8:15
Je suis d'accord avec toi, Elyas. Les professeurs les plus âgés sont la cible de critiques violentes. Le professeur respecté pour sa calme autorité à 50 ans devient "un professeur qui manque de dynamisme". Le professeur loué pour sa capacité à monter des projets devient "un professeur qui n'accepte pas de laisser la place à de nouveaux projets ou à de nouveaux intervenants".
Les élèves se montrent souvent cruels avec les plus âgés d'entre nous. Je crois qu'ils ne supportent pas ce qu'ils analysent comme de la faiblesse. Mais l'administration et parfois même les collègues font montre d'une certaine défiance. Un élève qui se plaint d'un collègue âgé sera plus écouté que s'il se plaint d'un collègue en milieu de carrière. Les voeux d'emplois du temps sont immédiatement assimilés à un pur confort.
Et nous allons travailler plus longtemps encore. Il faudrait a minima que nous prenions soin les uns des autres en salle des professeurs.
Elyas
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Esprit sacré

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par Elyas Lun 20 Juil 2020 - 8:27
Ce qui me révolte est que nos collègues anciens sont souvent porteurs d'une mémoire et d'une expérience précieuses. Or, on les maltraite. L'âge est vu comme une tare, non comme un cadeau. Bref...

A mon propre niveau, je vais effectuer ma 21e rentrée scolaire à 42 ans. Quand mes collègues et ma direction découvrent cela, ils s'en étonnent. J'ai des collègues plus âgés avec moins d'expérience car entrés dans le métier plus tard que moi (j'ai commencé à 21 ans). Je sais que je cours deux dangers dans ma carrière future :
- en prenant de l'âge, être la cible parce que je suis âgé.
- ne plus supporter les mêmes débats renouvelés inlassablement parce que la mémoire n'est pas entretenue dans nos métiers.

J'hésite à passer un concours quand ma fille entrera en 6e pour n'avoir à supporter aucun des deux problèmes mentionnés et gagner beaucoup plus de sous.
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User12958
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par User12958 Lun 20 Juil 2020 - 8:50
Danska a écrit:Hélips l'a déjà signalé, je le répète : si ce métier est aussi fantastique, libérateur et bien payé que ça, pourquoi diable les candidats désertent-ils les concours ? Pourquoi les démissions de stagiaires augmentent-elles d'une année sur l'autre ? Ainsi que les démissions de titulaires ?

Seule vraie question effectivement.

Il y a les études longues.
Il y a des métiers plus rémunérateurs à diplôme égal.
Il y a les injonctions venues de très haut que l'on subit et qui en rebutent beaucoup.
Il y a la discipline à faire en classe ("Monsieur, on veut pas devenir Prof, quand on voit la classe qu'on a on voudrait pas avoir la même à gérer" disaient certains de mes élèves lors des points-orientation...).

C'est un début de réponse. Le "prof bashing" aussi, il y en a, mais beaucoup de parents font encore confiance aux profs de leurs enfants quand même, on a tous, je pense, des retours positifs de ce côté, pas uniquement des clashs. Mais ça doit jouer parfois dans la perception qu'un jeune étudiant a du métier.
Leclochard
Leclochard
Empereur

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par Leclochard Lun 20 Juil 2020 - 8:55
Malaga a écrit:Je fais partie des enseignants heureux au travail. J'aime enseigner ma matière, je la trouve très riche, on peut varier les cours d'une année sur l'autre, souvent rebondir sur l'actualité, il est possible d'accrocher, même temporairement, des élèves en grande difficulté.
J'ai la chance de travailler dans un collège sympa, avec de chouettes collègues et des élèves globalement agréables.

En revanche, j'ai un salaire que j'estime correct car j'ai trois enfants (donc un joli SFT), je fais quelques heures supplémentaires et je suis PP. Si je ne touchais que mon salaire de base, il ne serait pas bien haut.
Je ne vois pas comment il est possible de ne travailler que dix heures par semaine en plus des 18h si l'on n'a rien préparé durant les vacances. Préparer un cours (encore plus un nouveau programme), corriger des copies, cela prend beaucoup de temps (et c'est normal, cela fait aussi partie de notre métier).

Tu en fais tout de même beaucoup pour atteindre ce seuil qui te donne l'impression de gagner correctement ta vie. Je trouve que c'est un peu trompeur.

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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
Isis39
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par Isis39 Lun 20 Juil 2020 - 9:13
J'estime gagner très correctement ma vie (il faut dire que je suis en fin de grille salariale). Cependant je ne trouve pas normal de gagner moins que ce que mes collègues gagnaient au même âge que moi quand j'ai débuté. Et je ne pense pas qu'un enseignant débutant gagne correctement sa vie, surtout s'il vit dans une grande ville.


Dernière édition par Isis39 le Lun 20 Juil 2020 - 9:16, édité 1 fois
Lisak40
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Expert

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par Lisak40 Lun 20 Juil 2020 - 9:14
Leclochard a écrit:
Malaga a écrit:Je fais partie des enseignants heureux au travail. J'aime enseigner ma matière, je la trouve très riche, on peut varier les cours d'une année sur l'autre, souvent rebondir sur l'actualité, il est possible d'accrocher, même temporairement, des élèves en grande difficulté.
J'ai la chance de travailler dans un collège sympa, avec de chouettes collègues et des élèves globalement agréables.

En revanche, j'ai un salaire que j'estime correct car j'ai trois enfants (donc un joli SFT), je fais quelques heures supplémentaires et je suis PP. Si je ne touchais que mon salaire de base, il ne serait pas bien haut.
Je ne vois pas comment il est possible de ne travailler que dix heures par semaine en plus des 18h si l'on n'a rien préparé durant les vacances. Préparer un cours (encore plus un nouveau programme), corriger des copies, cela prend beaucoup de temps (et c'est normal, cela fait aussi partie de notre métier).

Tu en fais tout de même beaucoup pour atteindre ce seuil qui te donne l'impression de gagner correctement ta vie. Je trouve que c'est un peu trompeur.

En effet, on est tellement "bien payés" que l'année dernière je faisais 1h sup (pas la possibilité de faire plus) + PP + surveillance de DST le mercredi après-midi + aide aux devoirs un ou deux fois par semaine pour avoir un salaire correct et un mode de vie où je n'angoisse pas pour la moindre dépense hors frais habituels (loyer, factures, etc.). Alors certes, je suis célibataire, à un échelon bas et en région parisienne, mais on est "tellement bien payés" en effet, que j'angoisse déjà (le jour et la nuit en rêvant) car l'année prochaine mon heure sup' et ma fonction de PP ne sont pas assurées, qu'il n'y aura plus de DST le mecredi après-midi, que je ne sais pas si je pourrai participer à l'aide aux devoirs, et que je n'ai aucune nouvelle du dispositif "vacances apprenantes" (ou un truc du genre) auquel je me suis inscrite ! Et quand je parle de financer un mode de vie confortable, je ne parle pas de choses extravagantes (je ne prends quasiment jamais de taxi, même perdue au milieu de Paris à 4h du matin) mais d'avoir la possibilité de penser aux vacances en dehors d'aller voir la famille, aller au restau une fois de temps en temps, faire un peu de shopping, financer ses lunettes ou soins dentaires coûteux, etc., la vie quoi ! Alors entendre qu'on est bien payés, alors qu'une de mes connaissances en cat. C à 75% mensuels gagne plus qu'un prof débutant (ce qui n'est pas mon cas hein), entre autres choses aberrantes, ça me fait un peu halluciner...
Par contre, cela n'empêche pas que l'on puisse aimer son métier, y prendre du plaisir et y trouver certains avantages, malheureusement ces "avantages" ont tendance à disparaître sous l'accumulation progressive et continue des inconvénients...


Dernière édition par Lisak40 le Lun 20 Juil 2020 - 11:31, édité 2 fois
Danska
Danska
Prophète

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par Danska Lun 20 Juil 2020 - 9:15
Hugues666 a écrit:
Danska a écrit:Hélips l'a déjà signalé, je le répète : si ce métier est aussi fantastique, libérateur et bien payé que ça, pourquoi diable les candidats désertent-ils les concours ? Pourquoi les démissions de stagiaires augmentent-elles d'une année sur l'autre ? Ainsi que les démissions de titulaires ?

Seule vraie question effectivement.

Il y a les études longues.
Il y a des métiers plus rémunérateurs à diplôme égal.
Il y a les injonctions venues de très haut que l'on subit et qui en rebutent beaucoup.
Il y a la discipline à faire en classe ("Monsieur, on veut pas devenir Prof, quand on voit la classe qu'on a on voudrait pas avoir la même à gérer" disaient certains de mes élèves lors des points-orientation...).

C'est un début de réponse. Le "prof bashing" aussi, il y en a, mais beaucoup de parents font encore confiance aux profs de leurs enfants quand même, on a tous, je pense, des retours positifs de ce côté, pas uniquement des clashs. Mais ça doit jouer parfois dans la perception qu'un jeune étudiant a du métier.

En fait c'est une question toute rhétorique, on y a déjà répondu en grande partie depuis longtemps :sourit:

Il y a tous les points que tu évoques, plus le risque de se retrouver muté à l'autre bout de la France après le concours. Après, le métier attire encore un peu, mais pour des raisons qui me paraissent globalement erronées maintenant : "l'envie de transmettre", "les vacances", "le temps libre"...

Alors qu'il existe malgré tout de vraies raisons, encore valables aujourd'hui, pour apprécier ce métier : le contact avec les élèves (pas avec tous, mais avec beaucoup quand même pour peu qu'on tombe dans un bahut sympa), la liberté d'organiser son temps de travail, le fait de ne pas avoir de supérieur hiérarchique direct au-dessus de sa tête, de ne pas passer sa vie assis sur une chaise devant un ordinateur, de travailler sur une ou des disciplines qui a priori nous intéresse (même si ce n'est pas de la recherche de haut niveau, bien sûr), l'absence de monotonie...

Et puis à l'opposé, il y a le salaire de plus en plus indigent et la perte de pouvoir d'achat, l'absence de médecine du travail, les classes de plus en plus chargées, le nombre d'heures qui augmente (20h hebdo au lieu de 18h, ça n'a l'air de rien, mais en pratique c'est une classe de plus, donc des copies en plus, des conseils de classe, des réunions parents-profs, des bulletins à remplir, des prénoms à retenir, etc.), les réunions à la noix, le mépris dont on fait globalement l'objet un peu partout, etc.

A titre personnel en tout cas, je me reconnais parfaitement dans cette remarque de la personne interviewée qui a entraîné l'ouverture de ce sujet :

Ma réponse sera très subjective et le résultat d’un sentiment très personnel, fondé sur ma petite expérience : je pense que pour bien vivre le métier d’enseignant aujourd’hui, il faut s’en détacher, ne le considérer que comme un job, sans enjeux, qui permet simplement (mais péniblement au regard de notre niveau d’études) de payer ses factures.

Voilà : j'apprécie mon métier, sinon j'en changerais aussi vite que possible, mais j'ai arrêté de me prendre la tête pour les élèves qui sèchent les interros, pour ceux qu'on envoie au lycée alors qu'ils ne savent pratiquement pas lire, pour ceux qui décrochent, pour les réunions absurdes auxquelles je n'assiste pas, etc. J'apprécie les retours positifs des élèves et des parents, c'est toujours agréable, mais je ne vis pas dans l'attente de ces retours ; et s'il y avait des retours négatifs, je trouverais ça désagréable mais sans en faire une montagne. Je fais mon boulot, sérieusement parce que je l'aime bien et parce que je détesterais ne pas travailler correctement (les restes de bonne élève qui ressortent Razz ), mais ça s'arrête là.
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