Re: [agrégation Lettres] Rousseau 2022

calista a écrit:Pour moi, il n'y a eu aucune mention précédemment de ce plaideur qui reste inconnu au lecteur( lettres intermédiaires manquantes) mais j'en ai gardé simplement l'idée que même un adversaire de la famille succombe au pouvoir de Julie, ce même pouvoir dont Claire parlait dans la 1ère partie et qui faisait d'elle une quasi souveraine en son royaume.

Oui, c'est plausible, merci!

Bonjour,
Il est question dans la note 2 de la p.799, d'une allusion de Saint-Preux à une lettre de Milord Édouard adressée à Julie au sujet son mari. Il serait question de cette lettre p.703, mais je ne retrouve pas l'allusion. Par ailleurs, je ne comprends pas le choix d'occulter cette lettre. Si vous avez des idées, merci.

Il y aurait eu plus d'intérêt à les occulter toutes...

lettres - [agrégation Lettres] Rousseau 2022 - Page 4 437980826

(Je n'ai lu que l'intro de l'édition GF pour le moment, j'attends que ça mûrisse...)

Tangleding a écrit:Il y aurait eu plus d'intérêt à les occulter toutes...

Pas faux

Tu me rassures, si je puis dire. Je n'ai achevé que la première partie pour l'instant...

Spoiler:

Je trouve que l'intro est assez psychanalysante. Sinon j'ai souffert sur la partie 5 et tout me semble tellement interminable. Je ne sais pas si je vais être capable de maîtriser ce roman.

J'ai lu une trentaine de lettres seulement et déjà envie de clamser... Tous ces atermoiements sont insupportables. Ils couchent ensemble ET ALORS Razz

? J'ai l'impression que l'intrigue n'avance pas, du surplace et comme la polyphonie est fort limitée (SP - Julie et ho un peu Claire) eh bien l'ensemble s'enlise. Tant qu'à faire dans l'épistolaire, pourquoi ne pas proposer Laclos, qui pour le coup est un vrai chef-d'oeuvre et tellement mieuxécrit ? Je ne fais jamais arrivé jusqu'au bout, c'est une réelle épreuve là. Encore pire que Joachim.

Oh mais tu n'as pas encore lu les lettres sur les domestiques et l'éducation des marmots. Là tu vas agoniser Smile

.

Nadejda a écrit:

Tangleding a écrit:Il y aurait eu plus d'intérêt à les occulter toutes...

Pas faux
Tu me rassures, si je puis dire. Je n'ai achevé que la première partie pour l'instant...
Spoiler:

Je ne sais pas si ça doit te rassurer au vu de mes antécédents. Même si le contexte était différent pour moi.

J'en suis là pour le moment :

Spoiler:

@Faustine62 : la préface est un peu psychologisante, oui, mais elle dessine bien la structure et les thèmes, elle est assez claire, assez didactique. Ca me va.

@ThomCarver : Faut vraiment te dire que tu lis ça pour le concours, en te séparant de toi-même le temps de la lecture. Lis ça comme tu corriges un paquet de copies. C'est ce que je vais faire (sauf que lire des copies, je n'arrive pas le faire en "lecture automatique", c'est une souffrance indicible, quand c'est mauvais).

Allez, haut les coeurs les ami-es !

Pour moi, l'introduction est moins psychologisante qu'étroitement rattachée à l'anthropologie rousseauiste. Toutes les remarques sur l'amour de soi, l'amour propre, la pitié etc. sont issues du système de pensée de Rousseau (Second discours en particulier). Mais cela rend bien sûr l'analyse des lettres délicate car on navigue entre analyse littéraire et références inévitables à la philosophie.
J'ai hâte d'avoir plus d'éclaircissements sur l'influence de la musique sur le style de Rousseau (au-delà des références à la musique italienne). Je n'y connais pour ainsi dire rien mais voir l'écriture de Rousseau comme une partition (avec ces points de suspension souvent supérieurs à trois) semble important pour envisager le lyrisme des lettres.

Spoiler:

Oui bien sûr, tu as raison @nadejda , disons que c'était pour dire poliment que l'introduction ne cache pas comme ça va être ch...

lettres - [agrégation Lettres] Rousseau 2022 - Page 4 437980826

Sinon L'Atlande sort en octobre. Je ne sais pas trop si ce bouquin peut aider.

Les Atlande, je trouve ça indigeste, pire que le bouquin en général. Je préfère des synthèses moins orientées concours, plus didactiques, c'est parfois un peu léger (pas toujours) mais avec un travail de fond sur l'oeuvre ça se complète bien. Je précise que ça exclut les "Profils d'une oeuvre", on a sa dignité. Mais les Balises (pas rééditées malheureusement) sont en général pas mal. Et les Foliothèque quand ils existent sont de bonne facture. En prime ce sont des outils utiles pour défricher quand on veut mettre au point une étude d'oeuvre intégrale. Ca donne des pistes intéressantes, ça permet d'avoir une vision surplombante.

Autre astuce, en poche, autant que possible je conseillerais les FolioClassique, généralement la préface est faite par un universitaire, c'est efficace, didactique et pas bas de plafond.

C'est fou d'avoir dû attendre 15 ans de métier pour découvrir ces trucs.

Les petits PUF Etudes littéraires sont souvent très bien.

Ah oui merci, un camarade m'en a parlé, je ne connais pas, je vais essayer de regarder.

Et sinon bien sûr les Champion classique c'est top mais un peu onéreux (bon, celui sur Cyrano je ne suis pas très emballé, mais pour les contes, vraiment super, j'ai commandé le volume d'Aulnoy)

Et pour se remettre à jour sur les aspects techniques trois "128" la versification par Aquien, Le théâtre par Couprie, et les figures de style de Fromilhague. ca me semble bien suffisant. Pour l'histoire littéraire, je n'ai pas encore identifié l'usuel le plus adapté.

Effrayé par les mises en garde d'un comparse, j'ai commencé la lecture, ça m'a l'air de se lire bien, ne me jetez pas de cailloux, mais ça me fait bien marrer. Je pense que ça va me convenir, autant les Confessions m'insupportent, autant ce air d'opéra grandiloquent m'amuse.

On va voir si ça tient dans la durée, mais en général, mon aversion commence à la première phrase et ne se dément jamais.

Je crois savoir qu'il y a une excellente référence sur Rousseau : le livre de Jean-Louis Lecercle, Rousseau et l'art du roman. Mais après quelques recherches, le bouquin est introuvable. Peut-être est-il disponible en bibliothèque universitaire ?

Certes, c'est long, mais je trouve intéressant le fait que Rousseau a fait de "l'anti-Laclos" -- il explique très bien son projet dans l'Entretien sur les romans, c'est original; et il est lui-même conscient du fait que son roman risque de ne pas plaire. Je trouve Rousseau bien énervant dans ses Confessions et certaines de ses Rêveries, mais Julie ne me déplait pas du point de vue de ses qualités littéraire. Et ce n'est pas un hasard si Julie a été si populaire dès sa parution. Vu comme ça, peut-être cela passera mieux?

Julie mentionne les dévots p. 817, &.1. Le terme était-il référence à un contexte religieux précis ?

Rrose-Selavy a écrit:Oui, mais seulement deux fois en 869 pages.. Il est fort, ce Rousseau !

Bonjour,
Certains articles n'évoquent qu'un seul rapport sexuel entre SP et Julie. Or j'en compte deux aussi, en I, 29 et I, 54.
C'est aussi ce que vous avez compris ?

Je me suis demandé si on pouvait parler de préromantisme pour certains aspects du roman, notamment le rôle de la nature, l'exacerbation des passions, la solitude et l'errance de Saint-Preux au début du roman, insatisfaction de Julie et souffrance sans objet, etc.

De mémoire la plupart des profs que j'ai eus en fac détestaient le terme de préromantisme, parce qu'il suppose de plaquer des aspects du romantisme sur des oeuvres bien antérieures. En revanche, la Julie a bien inspiré les Romantiques (ex: le lac de Lamartine), mais je pense qu'il vaut mieux se concentrer sur la specificité de l'oeuvre.

Je relis La Nouvelle Héloïse et un passage m'intrigue, que je n'avais pas relevé d'abord: dans la 6e partie, lettre III, p 770 de l'édition GF, comment comprenez-vous la fin de la lettre de Milord Edouard à Wolmar: "Ô Wolmar, il ne vous manque que d'apprendre à lire dans celui [le livre] de la nature, pour être le plus sage des mortels", ce à quoi Wolmar répond en 6, IV, p 771, "Je suis pourtant moins ignorant que vous ne m'accusez de l'être. le vrai livre de la nature est pour moi le cœur des hommes, et la preuve que j'y sais lire est mon amitié pour vous"? Je suis en surchauffe (trop de Rousseau d'un coup!), qu'y lisez-vous?

Wolmar est caractérisé par son côté ultra-rationnel et son manque de sensibilité ("l'oeil vivant"), ce qui en fait le partenaire complémentaire de Julie, l'âme sensible. Milord EDouard lui reproche ce manque de sensibilité, ce à quoi Wolmar répond que sa capacité à lui c'est de lire les hommes.

D'accord, merci pour ton analyse. Si on tient compte de la situation de ces lettres, le relierais-tu au fait que Wolmar, quelques lettres auparavant, a proposé à Saint-Preux d'éduquer ses enfants, qui accepte avec empressement dans la lettre qu'il adresse à Wolmar, mais que la lettre suivante, de Saint-Preux à Claire, nuance quelque peu cela, Saint-Preux y évoquant son trouble ses regrets en pensant à Julie? En d'autres termes, peut-on y lire une allusion voilée de Milord Edouard, qui connaît bien Saint-Preux, au fait que Wolmar manque de lucidité au sujet de Saint-Preux? Ou bien j'extrapole complètement?

Non ce n'est pas une extrapolation à mon sens, dans la mesure où le "ménage à trois" de Wolmar, St Preux et Julie, surprend tout le monde, la plupart des autres personnages (hors Claire, qui connaît Julie) voient également un danger de ranimer la passion entre les amants.
En réalité Julie et St Preux, sous la supervision de Wolmar, ont réussi à transcender leur passion pour en faire un moteur qui les pousse à la vertu (on peut alors aussi estimer que la vertu est une façon détournée de légitimer une passion devenue respectable, à relier aux Confessions et l'épisode du peigne cassé qui suit immédatement la fessée: le désir, condamné par la morale, doit trouver un moyen respectable de s'exprimer), ce qui a amené Wolmar à accueillir ST Preux en toute confiance chez lui.
A l'époque le lectorat de la NH a également été suspicieux: soit les gens de la bonne société considéraient que Julie aurait dû mourir bien plus vite et sans SP, soit l'aristocratie libertine se moquait des scrupules des amoureux, voyant dans cet arrangement une certaine hypocrisie.

Merci pour ton analyse, c'est très intéressant. Je trouve que par ailleurs, les dernières lettres de Julie donnent à réfléchir (en gros, à partir du moment où elle confie à St Preux n'être pas heureuse): je trouve qu'elles viennent quand même contredire une partie du roman: «j'ai des regrets et non des remords" en 6, VIII, ou encore « Un jour de plus peut-être, et j’étais coupable ! »; « Après tant de sacrifices, je compte pour peu celui qui me reste à faire : ce n’est que mourir une fois de plus. », en 6, XII. C'est quand même éloquent...