Film qui aurait choqué les élèves

Lors d'une séquence sur le sexisme dans le sport, je décide de faire travailler mes élèves sur un extrait de Billy Elliot. Je craignais certains "ricanements". Au final, ils ont effectivement éclaté de rire mais parce que... le père s'appelle Jacky! ("comme Jacky et Michel m'sieur!")

De toute façon, passer un film sans mener un travail dessus semble inimaginable dans un cadre scolaire.

Dadoo33 a écrit:J’ai bien compris votre propos. Merci, je ne suis pas idiote et vous avez bien commencé par généraliser.
De plus, le film peut très bien être un travail conclusif. Je le fais avec mes élèves, par exemple, en EMC.

Voilà, c'est fou, hein mais il arrive qu'on fasse tout un travail en amont sur un film et qu'on passe le film après le travail effectué.   Et même qu'il y ait des docs à compléter pendant en anglais dites donc.
On faisait ça dans mon poste antérieur par ex, de travailler sur l'Afrique du Sud avec les 4e et de passer Invictus après les derniers conseils de classe.

Spoiler:

Pour le film du fil, c'est les vacances: soit on te somme de te justifier et ça attendra septembre pour expliquer, soit on te relaie simplement qu'il y a eu des plaintes, et tu trouveras un autre support la prochaine fois.

Et ça vous mange au moins 3 heures de cours.

Dans la mesure du possible, j'essaie de faire travailler plutôt des extraits.

J'avoue céder parfois à la tentation du film de dernière séance, j'essaie tout de même de leur donner un petit travail préparatoire (genre une fiche de vocabulaire sur le thème abordé dans le film) et ils ont une consigne de visionnage qui est souvent la même: "repérez le placement de produit".

Stork a écrit:Je vais parler franc et tant pis si mon discours déplaît mais certains collègues font vraiment n’importe quoi avec le visionnage de  film. A croire qu’ils n’ont aucun sens émotionnel leur permettant de discerner ce qui est montrable ou non, ce qui va choquer ou non. Et brandissent ensuite l’étendard de la liberté pédagogique (sous-entendu celle qui me dédouane de rendre des comptes, m’autorise à faire ce qui me plait et à me taper des conséquences sur mes élèves).

Je suis d'accord avec ce point de vue. Un dernier jour de classe de plus, ce n'est pas approprié de faire un tel choix, s'il n'a pas été exploré, exploité, étudié. S'il n'y a pas eu d'explication, l'objectif revient alors à choquer. On ne laisse pas des gens seuls avec leurs interprétations suite à un tel film.
L'argument "Liberté pédagogique" ne tient pas dès lors, si c'est ce contexte là.

Flo44 a écrit:
En plus là c'est une histoire de viol, par un parent, difficile de trouver plus violent psychologiquement (ou alors il faut leur montrer le film Sleepers, que j'ai vu adulte, et qui m'a fait faire des cauchemars pendant des semaines...)

Ah. Ne connaissant pas ce film, je cherche toujours le rapport avec la ségrégation du coup.

Si on souhaite montrer la ségrégation, on montre La couleur des sentiments (The Help).
Il y a assez de quoi faire pour le choix, avec un lien clair et exploitable.

Je pense qu'il faut éviter autant que faire se peut les bâtons pour se faire battre en lien avec la liberté pédagogique. C'est le seul aspect positif de notre métier qui reste, si les gens partent à la dévoyer ou à revendiquer les cours "prêt à porter" de bases de données comme c'est actuellement la mode ou dans l'air du temps, il ne faudra pas que ces mêmes viennent ensuite se plaindre quand on n'aura plus le choix de nos supports et que les contractuels qui nous remplaceront seront formés à l'enseignement formaté/unique.... Il faut être vigilant concernant ces aspects.

scot69 a écrit:Et ça vous mange au moins 3 heures de cours.

Dans la mesure du possible, j'essaie de faire travailler plutôt des extraits.

Oui mais comme on a encore cette liberté, chacun dans ses disciplines respectives (mathématiques, histoire-geo EMC, nous en langues) de travailler les programmes contraints sur des supports qu'on choisit, en général en bonne intelligence, qu'on choisisse des supports d'exercices, des livres entiers (même simplifiés par les éditions Black Cat ou autres...),  un épisode de série télé, un film intégral, des tableaux, des BDs... ce n'est pas vraiment la discussion dans le fond.
Après on peut ouvrir un fil de discussion sur le choix des supports en LV, choix fait par l'enseignant de LV, et non par les parents, anciens élèves, la salle des profs....

Donc, pour conserver notre liberté pédagogique, il faudrait pratiquer l'auto censure. Ce raisonnement n'est-il pas contradictoire ? Vraie question.

scot69 a écrit: La seule fois où j'ai eu des plaintes, c'est quand j'ai passé MRS Doubtfire à des 5e. (les mêmes parents s'étaient plaints que la collègue de français avait passé 10 Petits Nègres).

:sourit: :sourit: :sourit: :sourit: Lol ! Il ne se passe rien dans ces films. C'est marrant là du coup, car je ne comprends pas des plaintes pour eux.
Passe-leur Derrick la prochaine fois

Cette discussion me fait penser à La Poison, de Sacha Guitry : le gars qui pour pouvoir tranquillement assassiner sa femme sans se faire prendre va consulter un brillant pénaliste, lui disant qu'il a déjà tué. Il commet ensuite son crime guidé par les indications de l'avocat... avocat dont notre collègue nous fait jouer le rôle !

MRS Doubtfire fait l'apologie du travestissement.

Et dans 10 Petits Nègres, on voit à un moment le dos nu d'une femme.

Voilà ce qui dérangeait les parents en question, c'était il y a plus de 15 ans!

Je n'ose pas trop passer Le grand voyage de Winnie l'Ourson à mes BTS, j'ai peur que de les traumatiser, Winnie passe son temps à manger du miel, c'est pas un bon exemple. Déjà que j'ai beaucoup hésité à montrer Massacre à la tronçonneuse à ma nièce de 3 ans...

eliam a écrit:Donc, pour conserver notre liberté pédagogique, il faudrait pratiquer l'auto censure. Ce raisonnement n'est-il pas contradictoire ? Vraie question.

Quel rapport ? Là on parle d'une histoire de feeling, savoir "sentir" si le contenu d'un film, le thème, les idées véhiculées, sont alignés par rapport au cours, aux programmes, au type de public, au contexte. On est dans le pur exercice de la liberté pédagogique dans le sens de "penser son enseignement". Soit ça se sent, soit non.

Ce que tu évoques ne relève pas de cela. Après je t'accordes que certains pourraient ne pas savoir faire cette démarche, ou ne comprennent pas. C'est cependant important dans le cadre de notre métier.

scot69 a écrit:MRS Doubtfire fait l'apologie du travestissement.

Et dans 10 Petits Nègres, on voit à un moment le dos nu d'une femme.

Voilà ce qui dérangeait les parents en question, c'était il y a plus de 15 ans!

Je n'ose pas trop passer Le grand voyage de Winnie l'Ourson à mes BTS, j'ai peur que de les traumatiser, Winnie passe son temps à manger du miel, c'est pas un bon exemple. Déjà que j'ai beaucoup hésité à montrer Massacre à la tronçonneuse à ma nièce de 3 ans...

C'est très drôle !
Moi qui pensais qu'ils avaient été traumatisés par le moment où Williams sauve Brosnan de l'étouffement quand il avale sa crevette
So James Bond comme scène

scot69 a écrit:MRS Doubtfire fait l'apologie du travestissement.

Et dans 10 Petits Nègres, on voit à un moment le dos nu d'une femme.

Voilà ce qui dérangeait les parents en question, c'était il y a plus de 15 ans!

Je n'ose pas trop passer Le grand voyage de Winnie l'Ourson à mes BTS, j'ai peur que de les traumatiser, Winnie passe son temps à manger du miel, c'est pas un bon exemple. Déjà que j'ai beaucoup hésité à montrer Massacre à la tronçonneuse à ma nièce de 3 ans...

j'ai revu sur Disney Channel 20 000 lieues sous les mers, et il y a un avertissement "attention dans ce film, on voit des gens fumer"....je ne sais plus dans quel mode on vit....Peter Lorre et Kirk Douglas mangent une banane, on aurait pu aussi avertir sur la nécessité d'une alimentation équilibrée, on voit des sauvages emplumés, on aurait pu avertir sur le racisme latent présent dans les films de cette époque...je ne sais pas si la balle que prend James Mason dans le dos à la fin choque quelqu'un...

Delia a écrit:Cette discussion me fait penser à La Poison, de Sacha Guitry : le gars qui pour pouvoir tranquillement assassiner sa femme sans se faire prendre va consulter un brillant pénaliste, lui disant qu'il a déjà tué. Il commet ensuite son crime guidé par les indications de l'avocat... avocat dont notre collègue nous fait jouer le rôle !

Ah oui c'est très juste cette impression .
Très divertissant ce fil