Des élèves croisés pendant un arrêt

scot69 a écrit:Idem, tu ne réponds rien, tu n'as aucun compte à leur rendre. Et s'ils te posent la question: "non, c'était ma sœur jumelle"

Ou alors le fameux "vous êtes de la police ?".

roxanne a écrit:

Elaïna a écrit:En effet, il y a deux choses
- d'une, "l'air offusqué", ça ne veut pas dire grand chose, ils ont peut-être juste été surpris comme toujours les élèves qui voient leur enseignant hors école (et oui, ils pensent, même en terminale, que le soir on va se ranger dans un carton dans un endroit caché du lycée, dont on ressort le lendemain).
- de deux, ça ne les regarde pas.

Surtout que pour certains ados, c'est juste leur air normal !

C'est pas faux

Et comme dit justement Nixe Nicette il y a probablement beaucoup de surinterprétation. Il y a pas mal de collègues qui culpabilisent d'être en arrêt (pourquoi ? jamais eu ce sentiment perso, mais je comprends que ça arrive) donc se sentent observés.

Elaïna a écrit:

scot69 a écrit:Idem, tu ne réponds rien, tu n'as aucun compte à leur rendre. Et s'ils te posent la question: "non, c'était ma sœur jumelle"

Ou alors le fameux "vous êtes de la police ?".

Très bon

Quand j’ai eu le Covid l’année dernière, j’avais été arrêtée 10 jours et je devais reprendre un jeudi, mais comme j’étais encore trop fatiguée, le médecin a prolongé de deux jours. Le samedi, je sors pour la 1ere fois faire des courses, je n’avais absolument plus rien et mon mari est en panique quand il doit faire les courses (même avec les photos des légumes qu’il doit prendre). Et là ce ne sont pas des élèves que j’ai croisé mais ma chef. Officiellement je n’étais plus en arrêt mais j’étais un peu gênée quand même. Elle ne m’a fait aucune remarque et s’est enquis de ma santé, c’est une CDE très humaine, je ne pense pas qu’elle se soit dit que j’exagérais mais peut-être d’autres chefs auraient été moins compréhensifs.

Mais pourquoi être gênée ? en arrêt maladie, on a le droit quand même de se nourrir, non ?

Je me sens un peu concernée par cette discussion ...
Je suis en arrêt depuis quelques semaines et mon médecin a coché "pas de limitation d'horaires pour les sorties" et malgré cela, je ne peux m'empêcher de culpabiliser. Et plutôt que de sortir pour m'aérer la tête, je reste terrée chez moi par peur de croiser collègues ou élèves ...

Charmottine, sors si tu en as envie . Je dirais que prendre l'air favorise la guérison.

Allez, OSEF des autres ! pense à TOI ! Si tu ne le fais pas, qui le fera ?

Pourquoi culpabiliser ? Vous avez vraiment le sentiment d'être en tort de quelque action que ce soit ?

Je vous conseille une seule chose, si votre médecin vous a fait une prescription d’arrêt de travail, c'est qu'il l'a jugé nécessaire... tout autre personne n'est clairement pas spécialiste dans ce domaine et n'a rien à vous dire !

On vit dans une société ou chaque personne estimes mieux savoir que d'autres car, un jour, elle a entendu parler de tel phénomène ou connait quelqu'un qui...

La critique est toujours facile, la compréhension beaucoup moins...

Préservez vous, reposez vous, aérez vous (car l'enfermement nuit à la santé mentale, c'est notre gouvernement qui le dit et c'est une des raisons officielles pour laquelle il ne confine plus, appliquons ses consignes) et ne prenez pas en compte les remarques d'autrui face aux prescriptions d'un professionnel de santé.

chmarmottine a écrit:Je me sens un peu concernée par cette discussion ...
Je suis en arrêt depuis quelques semaines et mon médecin a coché "pas de limitation d'horaires pour les sorties" et malgré cela, je ne peux m'empêcher de culpabiliser. Et plutôt que de sortir pour m'aérer la tête, je reste terrée chez moi par peur de croiser collègues ou élèves ...

Oui Chmarmottine, sors si tu en ressens le besoin. Tu as le droit de te régénérer, et ce que l'on nous demande au quotidien, qui requiert des ressources physiques et mentales en permanence, est presque surhumain.
Quand arrêt il y a, c'est qu'on a déjà tiré pas mal sur la corde.
Tu as le droit de sortir et de te ressourcer.
J'ai tendance, quand ça m'arrive, à culpabiliser aussi mais il ne faut pas : le médecin prescrit un arrêt, ce n'est pas un cadeau qu'il te fait mais un papier qui reconnait un fort besoin de repos. Personne n'a à le discuter. Bon c'est sûr que croiser des élèves pendant ce temps n'est pas des plus agréable( dans le "civil", même en temps normal pour ma part je déteste ça), mais tu es dans ton droit et n'as pas de comptes à leur rendre.

Oui vous avez tout à fait raison, je sais que je n’avais pas à être gênée ni me sentir coupable, mais je vis près d’une ville de 200 000 hab, je vais faire mes courses dans un supermarché de primeurs en zone périurbaine où il y a beaucoup de monde et c’est pile-poile ce jour-là que je croise ma chef.

Chmarmottine n’hésite pas à sortir si ça te fais du bien

Je me sens concernée moi aussi par le sujet. Mon médecin m'a arrêtée une semaine avant les vacances, avec la consigne suivante: "aérez-vous, faites du sport, voyez du monde". Mais j'ai beaucoup de mal à ne pas me sentir prise en faute: je suis en bon état physique, alors pourquoi ne pas travailler? (Pour ne pas m'effondrer en sanglotant devant mes élèves, peut-être). Du coup, ma semaine d'arrêt, j'ai fait bien attention à ne sortir qu'à des horaires où j'étais sûre de ne croiser personne, ou d'être "dans mon bon droit", c'est-à-dire entre midi et deux et à des heures où je n'ai pas cours.
J'en suis à ce point de ma réflexion: je me dis que reprendre le travail me rendra ma liberté de mouvements. On se cherche des motivations où on peut, hein.
Mais dans l'absolu, ni élèves, ni collègues ni pro n'ont à faire le moindre commentaire sur la raison de notre arrêt, ni à la connaître (quoique… parfois, "je vous déteste tous" est tentant).

Si on en est à craindre de s'effondrer en pleurs devant les élèves, non, on n'est pas en bon état. Donc arrêt. Si le médecin l'a fait, c'est pas juste pour le plaisir de creuser le trou de la sécu.
Mais purée bientôt avec de tels raisonnements on ne s'autorisera même plus à faire autre chose que de rester chez nous ou au bahut quand on n'a pas cours, par peur d'être jugés. C'est dingue ça. On a un travail, avec ses inconvénients et ses avantages, notamment celui d'avoir des demi-journées de libre assez souvent. Zut à la fin. On a le DROIT d'user de NOTRE temps comme bon NOUS semble. En arrêt comme autrement.

Oui, mais ça, c'est la théorie. En arrêt pour une maladie non visible, surtout quand ça tourne autour de la dépression, vous savez, le truc où plein de gens bien intentionnés vous disent "allez, faut se secouer un peu, ça ira mieux", on s'invente tout seul du jugement par autrui. Là, je suis en forme, je suis capable de dire "oui, j'ai décidé que lundi dernier, il faisait grand beau, alors je me suis baladée au lieu de corriger des copies, lesquelles se corrigent très bien en soirée". Mais en arrêt, j'ai eu un mal fou à aller chercher un colis à la poste, parce que c'était sur mes heures théoriques de cours et que je devais passer devant le lycée (j'ai fait un détour en fait...), alors que je n'avais pas du tout ce genre de psychotage pour aller chez la psy, même chemin...
Donc répéter que oui, on a le droit de sortir, ok, mais attention à ne pas ajouter une couche de jugement sur le thème "vous êtes un peu cruche de culpabiliser", ça n'aide pas franchement.

Oui, c'est vrai, je me rends compte de ça. Mais en fait ça me met en colère de voir que des collègues ont subi tellement de pressions diverses qu'ils culpabilisent de sortir en arrêt maladie. Mais je vois très bien d'où ça vient en effet : "t'es en arrêt ? bah t'as pas l'air malade pourtant !" (entendu par une collègue... en pleine chimio...) ou "tu sais, la prof de maths de mon fils, elle est encore absente, mais l'autre jour elle était dans la galerie marchande de Carrefour chez le coiffeur, alors hein...". C'est terrible.

J'ai bien précisé dans mon post que j'étais en bon état "physique". Pour le reste, on verra dans huit jours.
Et je n'ai pas eu le sentiment d'avoir subi des pressions de quelque côté que ce soit. Mais il y a toujours cette croyance, même si je la sais fausse, que quand le corps est capable, si on ne monte pas au feu, c'est qu'on s'écoute, qu'on se laisse aller.
Quoi qu'il en soit, le Covid a, j'ai l'impression, inventé un arrêt d'un genre nouveau: celui où on n'est pas vraiment malade et où on peut télétravailler. Mes élèves ont déduit de mon arrêt que j'avais le Covid, et m'ont envoyé leurs devoirs, pris en photo, par mail. Genre, je vais les corriger. Je n'en revenais pas. On n'a même plus le droit d'être malades!!

Bonsoir à tous,

Je vous remercie pour vos réponses.
J'y retourne demain, on verra bien. Je n'en parlerai pas bien sûr... J'attends qu'ils m'en parlent et je les attendrai au tournant....

@Zohra211 A mon avis ils ne t'en parleront pas, à moins d'être extrêmement insolents. Dans ce cas tu réponds "de quoi je me mêle..." et tu ne te justifies surtout pas.

On se met la pression parce que des gens se permettent de dire : " il rigolait, il avait pas l'air déprimé, l'escroc !", faisant ainsi preuve d'une rare méconnaissance de ce qu'est la dépression et de l'empathie.
Pour tes élèves,  ils te diront peut-être qu'ils t ont vue. Ça m'est arrivé plusieurs fois ("Maaaaadââââme, hier, vous étiez à Trucmuchemarket, je vous ai vuuuuuue ! "Maaaaadââââme, vous avez un petit chien noir ! Je vous ai vue avec lui *air extasié*"). S'ils te parlent de l'arrêt, et je doute qu'ils le fassent,  tu peux répondre que ça n'est pas leur problème.

Nita a écrit:On se met la pression parce que des gens se permettent de dire : " il rigolait, il avait pas l'air déprimé, l'escroc !", faisant ainsi preuve d'une rare méconnaissance de ce qu'est la dépression et de l'empathie.
Pour tes élèves,  ils te diront peut-être qu'ils t ont vue. Ça m'est arrivé plusieurs fois ("Maaaaadââââme, hier, vous étiez à Trucmuchemarket, je vous ai vuuuuuue ! "Maaaaadââââme, vous avez un petit chien noir ! Je vous ai vue avec lui *air extasié*"). S'ils te parlent de l'arrêt, et je doute qu'ils le fassent,  tu peux répondre que ça n'est pas leur problème.

Exactement. Pas forcément de manière agressive, d'ailleurs, mais leur expliquer que c'est ta vie privée, que c'est gentil de s'inquiéter de ta santé (ça peut être le cas, aussi), mais que tu vas mieux. C'est ce que j'ai fait une des dernières fois, ça a coupé court à toutes les questions, et rassuré les élèves. Cette fois-là, j'avais été arrêtée pour mal de dos dû au stress de la reprise avec protocole covid et changement de classe incessants + grosse crève (avec le stress de savoir si c'était le covid ou pas, etc...). Je leur ai pas dit. La dernière fois, c'était pour le covid, dont j'ai eu du mal à me remettre, et j'ai préféré leur dire.
Et dans le premier cas, je ne me suis pas privée de sortir (au contraire, là aussi ça faisait partie du traitement)

Il y a quelques années j'ai eu un arrêt long (plusieurs mois) pour dépression. Durant cette période une de mes amies les plus proches s'est mariée, j'étais évidemment invitée, le mariage était prévu de longue date. J'y suis allée, je me suis bien habillée, j'ai voulu faire bonne figure pour faire honneur à mon amie. Il se trouve qu'un de mes élèves de cette année-là était présent... Il m'a donc vue, alors que j'étais en arrêt depuis plusieurs semaines, toute pimpante en petite robe et talons de 10, en train de danser. J'ai bien culpabilisé sur le moment! Cependant je rejoins ce qui a été dit plus haut, la dépression, ce n'est pas écrit sur la figure de quelqu'un, les raisons de ton arrêt ne regardent pas les élèves, et il serait extrêmement déplacé que les élèves t'en parlent! Tu es humaine, tu as le droit d'avoir besoin de repos pour ta santé et si le médecin t'a prescrit cet arrêt, c'est que c'était justifié. Courage!

Séréna a écrit:Il y a quelques années j'ai eu un arrêt long (plusieurs mois) pour dépression. Durant cette période une de mes amies les plus proches s'est mariée, j'étais évidemment invitée, le mariage était prévu de longue date. J'y suis allée, je me suis bien habillée, j'ai voulu faire bonne figure pour faire honneur à mon amie. Il se trouve qu'un de mes élèves de cette année-là était présent... Il m'a donc vue, alors que j'étais en arrêt depuis plusieurs semaines, toute pimpante en petite robe et talons de 10,  en train de danser. J'ai bien culpabilisé sur le moment! Cependant je rejoins ce qui a été dit plus haut, la dépression, ce n'est pas écrit sur la figure de quelqu'un, les raisons de ton arrêt ne regardent pas les élèves, et il serait extrêmement déplacé que les élèves t'en parlent! Tu es humaine, tu as le droit d'avoir besoin de repos pour ta santé et si le médecin t'a prescrit cet arrêt, c'est que c'était justifié. Courage!

Ma fille, en dépression alors qu'elle était lycéenne, s'était vu prescrire par le médecin le plus de sorties possibles. C'était à la fin de l'année et des visites de stage, j'en ai faites avec elle, profitant de ces déplacements pour faire du shopping, passer la fin de l'apres- midi à la plage ou dans le parc local ou encore un musée., etc.... Il fallait qu'elle prenne l'air . Je ne me souviens guère des autres fin d'annee et des visites de stage, mais cette année là, je me souviens encore du nom des élèves et des lieux de stage. Nous nous sommes bien amusées car du coup pour moi c'était le début des vacances avec mes excursions payées. Chut....

ça me rappelle qu'en septembre, il y a quelques années, quand je n'ai pas fait la rentrée pour épuisement et état dépressif (et peu de temps avant d'être convoquée par le médecin local agréé par le rectorat, à la demande de mon CDE qui cherchait à me faire la peau), je suis sortie et j'ai croisé une élève dans une boutique de vêtements, où j'étais entrée pour me changer les idées. Bon, je ne sais ce qu'elle a pensé, mais elle ne m'a pas vu avoir quasiment un accident quelques centaines de mètres plus loin, allant acheter un agenda à la librairie (j'étais tellement dans le gaz que j'ai loupé une priorité à droite).