"Un manuel scolaire comporte des citations inventées d’auteurs qui n’existent pas"

Apparement, Ellipses a sorti un manuel comportant à la fois des citations authentiques et des citations inventées, sans les distinguer correctement...
Source : https://etudiant.lefigaro.fr/article/un-manuel-scolaire-comporte-des-citations-inventees-d-auteurs-qui-n-existent-pas_978b54ae-fd39-11ec-8e47-f1ebf225351c/
Contacté, l'éditeur se défend mollement sans reconnaître aucune faute.
Après ça, c'est compliqué d'expliquer le concept d’honnêteté intellectuelle aux élèves !

Taillevent a écrit:Apparement, Ellipses a sorti un manuel comportant à la fois des citations authentiques et des citations inventées, sans les distinguer correctement...
Source : https://etudiant.lefigaro.fr/article/un-manuel-scolaire-comporte-des-citations-inventees-d-auteurs-qui-n-existent-pas_978b54ae-fd39-11ec-8e47-f1ebf225351c/
Contacté, l'éditeur se défend mollement sans reconnaître aucune faute.
Après ça, c'est compliqué d'expliquer le concept d’honnêteté intellectuelle aux élèves !

On vit une époque formidable.
J'ai une question: si on écrit à Serge Trigoud, reçoit-on une réponse?? (j'ai bien envie d'essayer, pour voir  )

J'ai lu l'article.
Autant je peux comprendre qu'un étudiant essaie de placer une référence inventée pour pallier son manque de culture (même si c'est énorme), autant je ne comprends pas les intentions de l'auteur du manuel... à part le désir de se foutre de la g. de son public.

C'est assez dingue§

Mais cela dit, je trouve le statut de la "citation" extrêmemement troublant aujourd'hui dans le système scolaire.

essaie de placer une référence inventée pour pallier son manque de culture (même si c'est énorme),

On est passé de la phrase que l'on retient parce qu'elle nous a frappée à apprendre par coeur des citations pour les concours: jamais de mon temps, comme dirait Mathusalem on ne se livrait à ce genre de fantaisie: les dissertations se faisaient avec la vraie mémoire de lecture en quelque sorte et les références aux passages des textes, mais pas à coup de récitation de citations apprises par coeur.
C'est une tocade dont je ne saurais dire l'origine, mais qui va avec le passage de l'imprégnation culturelle à l'efficacité occasionnelle managériale.

Et si c'était juste une volonté des auteurs, un test.

Perso, en tant qu'auteur de sujet, j'ajoute systématiquement une question bidon pour vérifier le travail de vérification en aval. Cette année et l'année dernière il n'y a eu aucune modification !

Comme souvent, et sauf sur quo melius chez les auteurs latins du premier siècle, je suis d'accord avec Iphigénie. Quand j'ai passé l'agrégation, je n'ai pas appris de citations par coeur - mais quand je dis ça à des candidats aujourd'hui, je me fais regarder comme un dangereux anarchiste.

Pourquoi 3,14159 a écrit:Et si c'était juste une volonté des auteurs, un test.

Perso, en tant qu'auteur de sujet, j'ajoute systématiquement une question bidon pour vérifier le travail de vérification en aval. Cette année et l'année dernière il n'y a eu aucune modification !

Excellent!!

DesolationRow a écrit:Comme souvent, et sauf sur quo melius chez les auteurs latins du premier siècle, je suis d'accord avec Iphigénie. Quand j'ai passé l'agrégation, je n'ai pas appris de citations par coeur - mais quand je dis ça à des candidats aujourd'hui, je me fais regarder comme un dangereux anarchiste.

a toi aussi donc! voilà voilà.
a melioribus  ad peiora

bon sinon, il paraît qu'il vaut mieux écrire "toquade", de toquer.
ou toccata

Ça ne se faisait pas à mon époque. On nous demandait surtout de bien connaître les oeuvres et d'être capables d'en parler.

DesolationRow a écrit:Comme souvent, et sauf sur quo melius chez les auteurs latins du premier siècle, je suis d'accord avec Iphigénie. Quand j'ai passé l'agrégation, je n'ai pas appris de citations par coeur - mais quand je dis ça à des candidats aujourd'hui, je me fais regarder comme un dangereux anarchiste.

Mais en les utilisant tu aurais pu être mieux classé ! Ah mince, même pas !

la maison d’édition Ellipses, qui édite ces ouvrages, ne «voit pas le problème», arguant que ces citations «ont une visée pédagogique et méthodologique».
Donner toutes les apparences d'authenticité (titre, éditeur, année de publication), c'est une démarche "pédagogique et méthodologique" qui peut passer si le duo d'auteurs (parité respectée !) est signalé quelque part comme fictif. mais je doute de cette mise en garde...

Petite anecdote à ce sujet. J'avais plutôt une bonne classe de Première G avec un groupe d'élèves sérieux et très scolaires. Je leur donne un corrigé de dissertation avec une référence d'un poème d'Hugo qu'ils ne connaissaient pas. Je me suis aperçue qu'une certain nombre de "sérieuses" l'avaient appris par cœur et ont su la replacer mais au final, une seule élève avait pris la peine d'aller lire le poème en entier, et de travailler un peu dessus. Et finalement, tous ces sérieux (véritables) ont pris la dissert sur Baudelaire, ont eu des notes entre 16 et 20 et l'autre élève a eu 10 (certes au commentaire).

roxanne a écrit:Petite anecdote à ce sujet. J'avais plutôt une bonne classe de Première G avec un groupe d'élèves sérieux et très scolaires. Je leur donne un corrigé de dissertation avec une référence d'un poème d'Hugo qu'ils ne connaissaient pas. Je me suis aperçue qu'une certain nombre de "sérieuses" l'avaient appris par cœur et ont su la replacer mais au final, une seule élève avait  pris la peine d'aller lire le poème en entier, et de travailler un peu dessus. Et finalement, tous ces sérieux (véritables) ont pris la dissert sur Baudelaire, ont eu des notes entre 16 et 20 et l'autre élève a eu 10 (certes au commentaire).

voilà ça fait partie du bouzin de l'eaf aussi, en effet, cette histoire!

J'ai toujours été incapable d'apprendre des citations pour les replacer à bon escient dans des dissert mais je m'en suis toujours à peu près sorti en donnant des exemples précis.

Suis-je le seul à être exaspéré par les "citations édifiantes" qu'on voit circuler sur les réseaux sociaux entre autres et attribuées à Einstein (le plus souvent) ou Shakespeare ou Gandhi ? Je m'étonne qu'Albert Einstein ait eu le temps de faire de la physique, occupé qu'il était à pondre des maximes cucul-la-praline.

Caspar a écrit:J'ai toujours été incapable d'apprendre des citations pour les replacer à bon escient dans des dissert mais je m'en suis toujours à peu près sorti en donnant des exemples précis.

Suis-je le seul à être exaspéré par les "citations édifiantes" qu'on voit circuler sur les réseaux sociaux entre autres et attribuées à Einstein (le plus souvent) ou Shakespeare ou Gandhi ? Je m'étonne qu'Albert Einstein ait eu le temps de faire de la physique, occupé qu'il était à pondre des maximes cucul-la-praline.

Oui c'est insupportable. En particulier celle qui dit "Seul Chuck Norris a pu compter jusqu'à l'infini, deux fois". Or Einstein n'avait pas la télé. Aujourd'hui on sait qu'elle est plus probablement de Cédric Villani.

Oui ? Quoi ? Bon je sors

Iphigénie a écrit:Mais cela dit, je trouve le statut de la "citation" extrêmement troublant aujourd'hui dans le système scolaire.

On est passé de la phrase que l'on retient parce qu'elle nous a frappé à apprendre par coeur des citations pour les concours: jamais de mon temps, comme dirait Mathusalem, on ne se livrait à ce genre de fantaisie : les dissertations se faisaient avec la vraie mémoire de lecture en quelque sorte et les références aux passages des textes, mais pas à coup de récitation de citations apprises par cœur.

C'est une tocade dont je ne saurais dire l'origine, mais qui va avec le passage de l'imprégnation culturelle à l'efficacité occasionnelle managériale.

Remarque judicieuse. Mes penchants bourdieusiens me portent à penser que ces citations "célèbres" servent aussi (surtout ?) de signe de reconnaissance entre gens qui ses veulent "cultivés', voire "érudits". En place d'une saine lecture et de l'acte de souligner ce qui le frappe, ce qui suppose à la fois de lire et de penser, le conformisme de classe met une récitation par cœur de fiches préparées par une quelconque source, du genre "comment briller en société en énonçant du bon sens avec des mots savants". Ainsi, les énarques reconnaissent les énarques et ce, à la plus grande admiration, espèrent-t-ils, des non-énarques. Il en va de même des HECs, des polytechniciens mais aussi de bien d'autres corps ou classes sociales (favorisée ou non).

L'école introduit cette pratique afin que les élèves s'initient au snobisme ainsi construit. Enseigner des citations toutes faites, c'est-à-dire trouvées dans un recueil ou soulignées par un(e) professeur(e), c'est déjà semer la graine de la frime (!).

Oudemia a écrit:la maison d’édition Ellipses, qui édite ces ouvrages, ne «voit pas le problème», arguant que ces citations «ont une visée pédagogique et méthodologique».
Donner toutes les apparences d'authenticité (titre, éditeur, année de publication), c'est une démarche "pédagogique et méthodologique" qui peut passer si le duo d'auteurs (parité respectée !) est signalé quelque part comme fictif. mais je doute de cette mise en garde...

Effectivement. D'ailleurs, ça me pose une question intéressante : il s'agit ici de l'opposé absolu du plagiat, on cite correctement quelque chose qui n'existe pas. Y a-t-il un mot pour ça ?

Caspar a écrit:J'ai toujours été incapable d'apprendre des citations pour les replacer à bon escient dans des dissert mais je m'en suis toujours à peu près sorti en donnant des exemples précis.

Suis-je le seul à être exaspéré par les "citations édifiantes" qu'on voit circuler sur les réseaux sociaux entre autres et attribuées à Einstein (le plus souvent) ou Shakespeare ou Gandhi ? Je m'étonne qu'Albert Einstein ait eu le temps de faire de la physique, occupé qu'il était à pondre des maximes cucul-la-praline.

Je signale d'ailleurs souvent à mes élèves que "Il faut se méfier des citations sur internet" (Gandhi, Shakespeare ou Jésus, suivant mon humeur). Le trois quart ne bronche pas, je suppose que c'est un manque de repères historiques... Ensuite, je leur explique franchement qu'a priori la quasi-totalité des citations attribuées à Gandhi, Einstein et Churchill sont foireuses.

Je n'ai aucune opinion sur l'apprentissage des citations par coeur, mais l'escroquerie intellectuelle de ces deux auteures qui prétendent avoir fait des recherches de textes est juste scandaleuse. On comprend pourquoi elles peuvent pondre des manuels sur tout et n'importe quoi. Je vois que l'une est formatrice aux concours de la FP, bravo...
Si j'étais Ellipses, je dénoncerais le contrat de rémunération.

JanWeb a écrit:

Iphigénie a écrit:Mais cela dit, je trouve le statut de la "citation" extrêmement troublant aujourd'hui dans le système scolaire.

On est passé de la phrase que l'on retient parce qu'elle nous a frappé à apprendre par coeur des citations pour les concours: jamais de mon temps, comme dirait Mathusalem, on ne se livrait à ce genre de fantaisie : les dissertations se faisaient avec la vraie mémoire de lecture en quelque sorte et les références aux passages des textes, mais pas à coup de récitation de citations apprises par cœur.

C'est une tocade dont je ne saurais dire l'origine, mais qui va avec le passage de l'imprégnation culturelle à l'efficacité occasionnelle managériale.

Remarque judicieuse. Mes penchants bourdieusiens me portent à penser que ces citations "célèbres" servent aussi (surtout ?) de signe de reconnaissance entre gens qui ses veulent "cultivés', voire "érudits". En place d'une saine lecture et de l'acte de souligner ce qui le frappe, ce qui suppose à la fois de lire et de penser, le conformisme de classe met une récitation par cœur de fiches préparées par une quelconque source, du genre "comment briller en société en énonçant du bon sens avec des mots savants". Ainsi, les énarques reconnaissent les énarques et ce, à la plus grande admiration, espèrent-t-ils, des non-énarques. Il en va de même des HECs, des polytechniciens mais aussi de bien d'autres corps ou classes sociales (favorisée ou non).

L'école introduit cette pratique afin que les élèves s'initient au snobisme ainsi construit. Enseigner des citations toutes faites, c'est-à-dire trouvées dans un recueil ou soulignées par un(e) professeur(e), c'est déjà semer la graine de la frime (!).

Cela peut aussi servir d'argument d'autorité pour mettre en difficulté son contradicteur. Va répliquer quand on te balance une citation de Platon ou de Kant à la figure. Ceci dit les citations à apprendre pour truffer une dissert de philo ça existait déjà au début des année 80 !

Concernant le statut des citations, je ne serai peut-être pas aussi dur que vous mais je reconnais qu'elles servent souvent de prêt-à-porter de la pensée d'une manière que je trouve bien agaçante.
Ceci dit, je suis mal placé pour les critiquer puisqu'elles servent de sujets de dissertation par chez moi... Et franchement, là aussi pas mal de gens ne vérifient guère les provenances.

Caspar a écrit:J'ai toujours été incapable d'apprendre des citations pour les replacer à bon escient dans des dissert mais je m'en suis toujours à peu près sorti en donnant des exemples précis.

Suis-je le seul à être exaspéré par les "citations édifiantes" qu'on voit circuler sur les réseaux sociaux entre autres et attribuées à Einstein (le plus souvent) ou Shakespeare ou Gandhi ? Je m'étonne qu'Albert Einstein ait eu le temps de faire de la physique, occupé qu'il était à pondre des maximes cucul-la-praline.

Y en a plein de fausses de saint Augustin aussi, et ça ça m'énerve.

RogerMartin a écrit:Je n'ai aucune opinion sur l'apprentissage des citations par coeur, mais l'escroquerie intellectuelle de ces deux auteures qui prétendent avoir fait des recherches de textes est juste scandaleuse. On comprend pourquoi elles peuvent pondre des manuels sur tout et n'importe quoi. Je vois que l'une est formatrice aux concours de la FP, bravo...
Si j'étais Ellipses, je dénoncerais le contrat de rémunération.

Bien d'accord. Je me demande quand même comment elles ont espéré passer à travers

DesolationRow a écrit:

Caspar a écrit:J'ai toujours été incapable d'apprendre des citations pour les replacer à bon escient dans des dissert mais je m'en suis toujours à peu près sorti en donnant des exemples précis.

Suis-je le seul à être exaspéré par les "citations édifiantes" qu'on voit circuler sur les réseaux sociaux entre autres et attribuées à Einstein (le plus souvent) ou Shakespeare ou Gandhi ? Je m'étonne qu'Albert Einstein ait eu le temps de faire de la physique, occupé qu'il était à pondre des maximes cucul-la-praline.

Y en a plein de fausses de saint Augustin aussi, et ça ça m'énerve.

Ne parlons pas de Voltaire.
Bon: et sur Tite-Live alors?
:lol:

Iphigénie a écrit:

DesolationRow a écrit:

Caspar a écrit:J'ai toujours été incapable d'apprendre des citations pour les replacer à bon escient dans des dissert mais je m'en suis toujours à peu près sorti en donnant des exemples précis.

Suis-je le seul à être exaspéré par les "citations édifiantes" qu'on voit circuler sur les réseaux sociaux entre autres et attribuées à Einstein (le plus souvent) ou Shakespeare ou Gandhi ? Je m'étonne qu'Albert Einstein ait eu le temps de faire de la physique, occupé qu'il était à pondre des maximes cucul-la-praline.

Y en a plein de fausses de saint Augustin aussi, et ça ça m'énerve.

Ne parlons pas de Voltaire.
Bon: et sur Tite-Live alors?
:lol:

Si tu veux mon avis, le réel problème c'est qu'il y a beaucoup trop de citations authentiques de Cicéron.

:lol: