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Reine Margot
Demi-dieu

Questionnement | Faut-il devenir prof en 2024 ? - Page 12 Empty Re: Questionnement | Faut-il devenir prof en 2024 ?

par Reine Margot Lun 30 Oct 2023 - 19:04
Pareil. C'était bien pour commencer mais après 2 ans au fin fond d'un département très rural à l'autre bout de la France, j'ai senti que la dépression me guettait, alors que le boulot était sympa. C'est la vie morne en dehors du boulot qui m'a décidée à partir.
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par zigmag17 Lun 30 Oct 2023 - 19:08
roxanne a écrit:Une anecdote au sujet d'être remplaçant sur le tard. On a un collègue qui est dans notre lycée depuis plus de 20 ans, assez content de lui on va dire. Or, l'année dernière, un autre collègue a été absent en fin d'année, non remplacé et donc les heures ont été partagées entre les collègues de la matière volontaires. Il s'est donc retrouvé à faire un remplacement en fin d'année, en seconde, après une année a priori assez compliquée avec le prof titulaire (bordélisé). Il imaginait que son nom suffirait à faire trembler les foules. Et ben, non, les gamins ne le connaissaient pas et lis lui ont fait la misère, tout prof "VIP" qu'il croyait être. Il en a même appelé au proviseur et a eu cette remarque très désarmante d'une certaine manière : "Ils m'ont pris pour un remplaçant !" Ben, oui parce que dans les faits, c'est ce que tu étais pour eux. Donc, l'ancienneté ne préserve pas surtout si elle n'est pas accompagnée d'un peu d'humilité.

Je trouve la réplique de ton collègue formidable.
Une petite leçon d'humilité en effet pour lui!😁
Pontorson50
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par Pontorson50 Lun 30 Oct 2023 - 20:05
pg73 a écrit:
Baldred a écrit:TZR, Poste fixe, REP, centre Ville, rural... Pour commencer, vous avez eu le choix ? Moi non.
Mais il est toujours amusant de transformer le hasard en destin

Avec 21 pts célib en début de carrière, on a ce qu'on peut, et on passe forcément après tous les autres. Il ne reste que la zep ou la brousse...

En ce qui me concerne je voulais la brousse, et j'avais la trouille d'être à rouen ou au havre !! En ne demandant que des bahuts hyper isolés et des zr rurales, j'ai réussi à  avoir la zr rurale de dieppe pour ma 1ere affectation en normandie. Et franchement je n'ai pas eu à le regretter ! Les zr limitrophes y étaient rurales aussi...

Tout est de tte façon déterminé par
le choix des autres, et le hasard !

J'ai rencontré peu de profs qui ont ce côté bouseux et attiré par la ruralité comme moi... Je peux vivre 50 ans sans aller au théâtre, tant que je peux faire du vélo et de la rando tt va bien !!

Il me semble qu'en général les jeunes néo préfèrent souvent les gdes villes et délaissent ces postes éloignés, mais assez tranquilles, où on ne fait pas une brillante carrière, mais dont on revient en meilleur état que de certains coins très difficiles...

Je partage totalement cette analyse. Très peu de collègues peuvent envisager plusieurs années sans cinéma ni théâtre ni concert. Et il est tout à fait normal de vouloir vivre des événements culturels dans ce métier - j'ai un peu honte de mon manque de goût - mais c'est parfois au prix de conditions de vie et d'enseignement plus difficiles durablement.

Quand j'ai demandé ce qui est mon dernier poste désormais, on m'a fait savoir vite que j'aurais peu de difficultés pour l'avoir parce que c'était considéré comme un espace rural éloigné de tout. Je m'y sens très bien : les élèves y sont de loin les moins agressifs que j'ai eus. Ils sont pourtant d'un niveau plus que préoccupant et ne travaillent pas plus que d'autres, mais ça n'a rien à voir en termes de discipline avec des classes où de nombreux "profils" (litote) peuvent empêcher réellement des enseignants de tempéraments pourtant différents de faire leur cours.  Et surtout, les effectifs des classes sont souvent plus faibles car ce sont des territoires en déprise démographique.

Mais cette déprise devient dangereuse à terme  : ces postes ne sont du coup pas forcément pérennes à temps plein, et nombre d'entre nous sommes de plus en plus en complément de service, ce qui va devenir ennuyeux pour garder la bonne ambiance d'établissement, quand on ne se voit plus autant à table ou en salle des profs, plus parfois la charge kilométrique en hausse - pas toujours je me retrouve à en faire un peu moins. Et pour ceux qui restent dans l'établissement à temps plein, ils ont parfois des groupes soudainement plus chargés avec les suppressions de classe, groupes où apparaissent des problèmes de gestion de classe jusque là inconnus ou ponctuels. D'autant que les handicaps psychiques ou neurologiques sont aussi nombreux qu'en ville, la gestion des "publics particuliers" est devenue la grande actualité chez nous.

Se  méfier donc dans ce métier de situations qui peuvent se dégrader en une ou quelques années, sans que l'on voit en retour autant d'établissements où les choses s'apaisent. Espérons que cette impression relève du "vivons heureux vivons cachés", sur un forum comme ailleurs.
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Cochonou
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par Cochonou Lun 30 Oct 2023 - 20:23
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Lefteris
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par Lefteris Lun 30 Oct 2023 - 20:50
pg73 a écrit:
J'ai rencontré peu de profs qui ont ce côté bouseux et attiré par la ruralité comme moi... Je peux vivre 50 ans sans aller au théâtre, tant que je peux faire du vélo
Spoiler:
et de la rando tt va bien !!
Tiens j'aurais pu écrire ça, je ne vais plus jamais au ciné ni au théâtre, depuis un bon moment, et je suis à Paname ( puisque j'y avais déjà été parachuté déjà dans mon premier poste). Le monde est mal fait...


Il me semble qu'en général les jeunes néo préfèrent souvent les gdes villes et délaissent ces postes éloignés, mais assez tranquilles, où on ne fait pas une brillante carrière, mais dont on revient en meilleur état que de certains coins très difficiles...
Je crois aussi que les grosses agglomérations usent, en général (bruit, cherté de la vie, transports) et que dans l'EN en particulier on risque plus de tomber sur des établissements à "public difficile", comme on dit dans la phraséologie en usage.

_________________
"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)

Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.

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par A Tuin Mar 31 Oct 2023 - 1:15
Cochonou a écrit:
Ramanujan974 a écrit:Et donc la bonne solution est d'aligner sur le moins disant ?!

Je suis bien d'accord avec toi.

Certaines interventions me font penser à ce qu'on entend parfois dans le corps médical. Les jeunes médecins galèrent et sont maltraités par le système ? Et alors, répondent les plus anciens, moi aussi j'ai galéré au début et moi aussi j'ai été maltraité par le système... alors chacun son tour !

Ce n'est pas du tout ma façon de penser.

Ce n'est pas agréable ni normal de pâtir en début de carrière, mais quitte à choisir le'moment, il vaut mieux que la pénibilité soit au début qu'à la fin ou à partir de mi-carrière, car.quand on est plus jeune il y a moins de contraintes quotidiennes, on a plus d'énergie, on récupère mieux,.on a plus de patience..
Après avoir bien subi, et obtenu ensuite un poste perenne, on n'a pas envie,.ni intérêt, ni l'énergie,.d'aller muter encore pour aller sur des postes pénibles à nouveau comme au début.
Il y a un âge pour tout. Ce.constat n'a rien à voir avec une quelconque façon de penser... A partir d'un certain âge, c'est le corps qui ne suit plus, et il y a d'autres choses à s'occuper que d'être accaparé au quotidien par des classes pénibles dans de nouveaux établissements non choisis.
Ce n'est pas non plus une histoire de chacun son tour.
Mécaniquement, si l'ordre pénibilité/ tranquillité est bousculé, et bien cela signifie que des gens qui ont bien souffert,qui sont parvenus à s'extraire.aec une meilleure situation, devraient souffrir à nouveau. Au.nom.de quoi ?

Encore une fois, les gens ont passé un concours avec un certain nombre de modalités initiales, or progressivement les lignes sont en train de bouger vers autre chose, qui pourrait devenir inacceptable.

Un autre paramètre enfin, est qu'actuellement.toute.une génération de jeunes arrive sur le.marche, avec beaucoup qui ne tiennent pas.la route. Dans le secteur privé ça commence à se plaindre de ceux qui arrivent : pour un contingent non négligeable, aucune appétence, aucune volonté de se perfectionner, aucun sens de l'effort et du travail bien fait, ne savent pas ecrire.. veulent les.sous, mais sans devoir faire leurs preuves. Ce ne sont pas.ces.personnes qui contribueront à tenir le système en état de marche. Ce constat déborde dans de nombreux corps de.metiers.
Et donc la.solution, charger encore la barque des gens entre 40 et 55.ans ? Il n'y a pas déjà assez avec la retraite, les.taxes et le reste ? Génération siphonnee de partout, pour compenser les carences d'un système.
Prezbo
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par Prezbo Mar 31 Oct 2023 - 7:47
A Tuin a écrit:
Cochonou a écrit:
Ramanujan974 a écrit:Et donc la bonne solution est d'aligner sur le moins disant ?!

Je suis bien d'accord avec toi.

Certaines interventions me font penser à ce qu'on entend parfois dans le corps médical. Les jeunes médecins galèrent et sont maltraités par le système ? Et alors, répondent les plus anciens, moi aussi j'ai galéré au début et moi aussi j'ai été maltraité par le système... alors chacun son tour !

Ce n'est pas du tout ma façon de penser.

Ce n'est pas agréable ni normal de pâtir en début de carrière, mais quitte à choisir le'moment, il vaut mieux que la pénibilité soit au début qu'à la fin ou à partir de mi-carrière, car.quand on est plus jeune il y a moins de contraintes quotidiennes, on a plus d'énergie, on récupère mieux,.on a plus de patience..
Après avoir bien subi, et obtenu ensuite un poste perenne, on n'a pas envie,.ni intérêt, ni l'énergie,.d'aller muter encore pour aller sur des postes pénibles à nouveau comme au début.
Il y a un âge pour tout. Ce.constat n'a rien à voir avec une quelconque façon de penser... A partir d'un certain âge, c'est le corps qui ne suit plus, et il y a d'autres choses à s'occuper que d'être accaparé au quotidien par des classes pénibles dans de nouveaux établissements non choisis.
Ce n'est pas non plus une histoire de chacun son tour.
Mécaniquement, si l'ordre pénibilité/ tranquillité est bousculé, et bien cela signifie que des gens qui ont bien souffert,qui sont parvenus à s'extraire.aec une meilleure situation, devraient souffrir à nouveau. Au.nom.de quoi ?

Encore une fois, les gens ont passé un concours avec un certain nombre de modalités initiales, or progressivement les lignes sont en train de bouger vers autre chose, qui pourrait devenir inacceptable.

Un autre paramètre enfin, est qu'actuellement.toute.une génération de jeunes arrive sur le.marche, avec beaucoup qui ne tiennent pas.la route. Dans le secteur privé ça commence à se plaindre de ceux qui arrivent : pour un contingent non négligeable, aucune appétence, aucune volonté de se perfectionner, aucun sens de l'effort et du travail bien fait, ne savent pas ecrire.. veulent les.sous, mais sans devoir faire leurs preuves. Ce ne sont pas.ces.personnes qui contribueront à tenir le système en état de marche. Ce constat déborde dans de nombreux corps de.metiers.
Et donc la.solution, charger encore la barque des gens entre 40 et 55.ans ? Il n'y a pas déjà assez avec la retraite, les.taxes et le reste ? Génération siphonnee de partout, pour compenser les carences d'un système.


Quand on est jeune il y a moins de contraintes quotidiennes ? Pourquoi serait-ce une généralité ? On pourrait aussi argumenter qu'il y a de nombreux jeunes collègues avec des enfants en bas âge, et des "vieux" pour qui ce n'est plus le cas.

Le sort fait au débutants dans L'EN est un des scandales permanent de l'institution, qui ne perdure que parce que ceux qui y sont passé adoptent psychologiquement des réactions du type "j'y suis passé aussi, et ça va j'en suis pas mort". L'entrée dans le métier se résume trop souvent à un bizutage. Je comprends bien qu'il est difficile de revenir dessus sans créer un sentiment d'injustice chez ceux qui ont eu l'impression de ramer des années où des décennies avant de trouver une place plus tranquille, mais personnellement je ne me satisfais pas d'un système dysfonctionnel.

(Je passe sur l'argument des jeunes d'aujourd'hui qui voudraient des sous et ne voudraient pas travailler. Ou plutôt, la seule chose que j'aurais à en dire est qu'ils ont bien raison quand on voit la manière dont ils sont considérés.)
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Cochonou
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par Cochonou Mar 31 Oct 2023 - 8:14
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Clecle78
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par Clecle78 Mar 31 Oct 2023 - 8:33
En tout cas ce n'est pas en renvoyant les vieux à la place des jeunes sans autre forme de procès qu'on résoudra le problème, or j'ai bien peur que ce ne soit la seule solution envisagée. Il faudrait un véritable soutien et un accompagnement qui permettent d'affronter les difficultés du  métier. Quand je lis le fil des stagiaires je suis effrayée de voir la pression qu'on fait peser sur eux et le manque de bienveillance dont ils sont parfois victimes. Et tout notre carrière se déroule sous le signe de la solitude face aux problèmes. Nous sommes usés par ces premières années, tout simplement, ce qui explique qu'on ne peut pas pour la plupart envisager de retourner dans ces établissements difficiles. Il faudrait tout repenser, et pas seulement financièrement, pour équilibrer les parcours. On prend tout le chemin inverse en réalité, un chemin où la rentabilité prend le pas sur l'humain. Et ce n'est pas en faisant la morale aux plus vieux qu'on résoudra le problème. Oui nous sommes expérimentés et est-ce que ça nous met à l'abri des problèmes ? Absolument pas, et on peut se retrouver parfois aussi démuni qu'au premier jour face à une classe, la jeunesse et la santé en moins. Peut-être aussi parce que cette expérience n'est finalement ni reconnue ni valorisée par l'institution qui passe son temps à nous infantiliser et nous dénigrer. Donc rejeter la faute sur les collègues est complètement à côté de la plaque. J'ai beau avoir enseigné 40 ans et avoir eu une belle carrière j'ai toujours eu au fond de moi une forme de syndrome de l'imposteur et la peur de la catastrophe toujours possible, du basculement imprévisible ( je pense à Samuel Paty, à mon collègue injustement accusé et poussé à la retraite anticipée, mais aussi à bien d'autres ) et la certitude d'être abandonnée en rase campagne au moindre problème.
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par A Tuin Mar 31 Oct 2023 - 8:42
Le problème est que vous partez forcément sur une position clivante. Le système actuel ne va pas, mais tout le monde peut y trouver à redire.
Quand des collègues jeunes arrivent en établissement nous sommes nombreux à les aider ou les conseiller. Encore cette année je me suis insurgée contre une collègue qui voulait donner un suivi d'élève difficile à une jeune qui ne connait pas encore les ficelles. C'est plus efficace de confier ceci à quelqu'un qui a l'habitude. Le constat sur certains jeunes qui arrivent dans le monde du travail et ne sont pas bons, ni désireux de se performer, ce n'est pas de moi mais de nombreux professionnels auprès de qui nous sommes en contact pour le suivi des élèves. Et d'amis travaillant dans des entreprises. Ceci n'essentialise bien évidemment pas la classe d'âge concernée, mais c'est suffisamment prégnant cependant pour entraver un roulement fluide au quotidien. Personne n'est sur l'enregistre de la plainte mais encore une fois du constat : en ayant passé un concours avec certaines modalités, on peut légitimement attendre de l'évolution des conditions, qu'elles respectent les postulats de départ.
Et pour l'expérience, à la bonne heure. L'institution ne la valorise en rien, infantilise les.personnels du début à la fin et créée un sentiment d'injustice bien légitime plus le.temps passe. Il ne faut pas croire que la pénibilité des conditions s'arrête brusquement à un âge donné, comme en d'autres temps le nuage de Tchernobyl devant la frontière de la France....
Les rdv de carrière sont désormais insignifiants, mais demeurent infantilisants, génèrent du stress pour Rien. Encore, les gens seraient mieux payés systématiquement ensuite, au constat de leur travail sérieux. Mais ce n'est pas le cas.
Que les politiques s'assument déjà, en créant les conditions d'un choc.d'attractivite du métier. Ce.n'est quand même pas normal après 20 ans de carrière,.de devoir faire 3 heures supp et PP pour dépasser péniblement les 2500 euros, après avoir fait des études exigeantes - à l'époque nous savions tous écrire et compter, je pose joker pour ceux qui sortent d'études désormais - et un bac+5 pour un métier cadre...


Dernière édition par A Tuin le Mar 31 Oct 2023 - 8:47, édité 1 fois
roxanne
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Questionnement | Faut-il devenir prof en 2024 ? - Page 12 Empty Re: Questionnement | Faut-il devenir prof en 2024 ?

par roxanne Mar 31 Oct 2023 - 8:46
Cochonou a écrit:Quand je lis les messages de certains anciens, alors ma réponse à la question "faut-il devenir prof en 2024 ?" est clairement non, car visiblement il ne faut pas compter sur la compassion des plus anciens pour compenser le manque de soutien de l'institution envers les plus jeunes, autrement dit envers les moins expérimentés et les moins payés. Vous êtes les plus âgés ? Vous êtes les plus fatigués ? Vous avez déjà mangé votre pain noir ? Certes. Mais vous êtes aussi les plus expérimentés, ceux qui ont déjà préparé le plus de cours, ceux qui ont le plus de compétences en matière de gestion de classe (et vous n'êtes pas les derniers pour le rappeler aux autres !) et... ceux qui gagnent le plus d'argent.

L'attitude de certains enseignants me fait immanquablement penser à ce que je n'aime pas chez de nombreux inspecteurs et chefs d'établissement : une fois qu'ils sont passés de l'autre côté de la barrière, toute forme de compassion pour ceux qui connaissent les difficultés qu'ils vivaient auparavant disparaît, et la disparition de toute forme de compassion s'accompagne souvent - comme c'est visiblement le cas aussi chez les enseignants qui ont accumulé des points - d'une légitimation des dysfonctionnements du système et des souffrances qu'il engendre.

Je comprends aisément que certains ne veulent plus enseigner dans des endroits difficiles. Cependant, ce qui me chiffonne et m'attriste, c'est de voir le peu de compassion exprimée par certains anciens pour les jeunes enseignants, et de voir la façon dont ces collègues expérimentés légitiment les difficultés, voire les souffrances, que ces jeunes enseignants vivent trop souvent. Certains messages publiés sur ce fil pourraient se résumer ainsi : "J'ai beaucoup souffert dans mon métier ; plaignez-moi ! D'autres souffrent dans le métier ? Et alors, quoi de plus normal ? car moi, moi, moi...."  

Nous avons de nombreuses raisons légitimes de nous plaindre de l'Education nationale et des souffrances qu'elle peut causer. Cela dit, nous devrions aussi faire notre autocritique.

Je suis content de voir que certains collègues se démarquent.

Il s'agit là de ma dernière contribution à cette discussion.
Non, la compassion, on l'a, mais la fatigue aussi. J'ai 52 ans, j'enseigne dans de bonnes conditions, à côté de chez moi et pourtant, ça me demande chaque année un peu plus d'énergie face à une génération d'élèves qui  commence à avoir l'âge de petits-enfants. Je ne me plains pas mais le facteur âge joue aussi. Je suis pleine de compassion pour tout le monde, je ne suis pas sure qu'on en ait beaucoup pour moi et ceux de ma génération qui sont encore là pour au moins dix ans voire quinze. Ma mère était institutrice, à la retraite à 55 ans, ça fait vingt ans maintenant, elle gagne quasiment mon salaire. Moi, je partirais vers 65 ans, et j'aurai au moins 500 euros de moins. Je ne suis pas sure d'être si "privilégiée". Et dans beaucoup de boulots, on commence dans des conditions plus compliquées et ça s'arrange avec le temps. Ca fait peut-être aussi partie de l'apprentissage. Si aujourd'hui, à mon âge et avec mon parcours et ma vie, on me dit d'aller en banlieue à 600 kilomètres de chez moi en zone ultra, ben, je n'irais pas. Je préférerais être caissière au supermarché du coin. Ce qui n'est pas normal d'ailleurs, c'est qu'il existe de tels endroits.


Dernière édition par roxanne le Mar 31 Oct 2023 - 8:58, édité 1 fois
A Tuin
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Questionnement | Faut-il devenir prof en 2024 ? - Page 12 Empty Re: Questionnement | Faut-il devenir prof en 2024 ?

par A Tuin Mar 31 Oct 2023 - 8:51
Très clairement je plussoie. Si maintenant, on me disait que pour continuer il faut que je mute dans une banlieue 200 à 600 km plus loin, j'essayerai vite de me barrer en demandant une disponibilité et en cherchant autre chose. Dans tous les.cas, je n'irais pas.
Et de toute façon ce n'est pas possible : en faisant les calculs, on s'aperçoit vite qu'il vaut mieux à ce tarif, faire caissier à côté de chez soi en y allant tous les jours à pied ou vélo, que de recommencer le cirque du double logement,.des doubles impôts, du double matériel (ah la douce joie d'avoir deux cafetières, deux télés, deux fours etc...tout en double)
Et en plus là on touche un autre biais, qui est celui de et des Triples ! Frais de transport. Sans oublier l'isolement si délétère..
Et n'oublions pas qu'un plein désormais coûte près du double de ce qu'il coûtait quand nous avons commencé. Le tarif des.logements n'est.pas.alle non plus en diminuant.
La farce.s'arreterait très vite, pour tout ceux à qui on demanderait ce type de mutation à vrai dire, et par la force des choses. C'est impossible à mettre en oeuvre.
l'insécurité grandissante et de l'impossibilité littérale dans certains endroits, de faire cours normalement. Il y aurait sûrement déjà fort à faire pour juguler la jungle dans certains endroits de France. Et ce n'est certainement pas du ressort des professeurs, jeunes et moins jeunes d'ailleurs...
Et ce biais, risque de se développer et de.prendre encore de l'ampleur dans les.annees à venir, on va au devant de gros problèmes si aucune volonté politique ne prend sainement la mesure des évolutions actuelles.


Dernière édition par A Tuin le Mar 31 Oct 2023 - 9:03, édité 1 fois
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Questionnement | Faut-il devenir prof en 2024 ? - Page 12 Empty Re: Questionnement | Faut-il devenir prof en 2024 ?

par sand Mar 31 Oct 2023 - 8:59
Je suis d'accord avec toi Roxane, notre métier est épuisant, pas très bien rémunéré (Quelle galère ça a été pour financer les études des enfants en gagnant à peine 2500 euros par mois!) et si nous déplorons la situation des jeunes enseignants, je ne vois pas beaucoup de compassion à notre égard, nous qui avons certes fini par obtenir un poste fixe correct mais qui sommes confrontés aux difficultés du métier (euphémisme) chaque jour.
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par Fesseur Pro Mar 31 Oct 2023 - 9:05
sand a écrit:Je suis d'accord avec toi Roxane, notre métier est épuisant, pas très bien rémunéré (Quelle galère ça a été pour financer les études des enfants en gagnant à peine 2500 euros par mois!) et si nous déplorons la situation des jeunes enseignants, je ne vois pas beaucoup de compassion à notre égard, nous qui avons certes fini par obtenir un poste fixe correct mais qui sommes confrontés aux difficultés du métier (euphémisme) chaque jour.
Bien d'accord avec toi mais beaucoup de non enseignants souhaiteraient gagner cette somme par mois.
Et je ne suis pas tout jeune mais ça ne fait pas longtemps que j'ai à peu près cette somme tous les mois.

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Pourvu que ça dure... professeur
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par A Tuin Mar 31 Oct 2023 - 9:06
Et n'oublions pas qu'à l'époque nous avions commencé avec 1400 euros par.mois. Avec.les.frais de double logement et les mutations éloignées, concrètement il fallait se faire entretenir, s'endetter, et dans tous les cas ne pas espérer avoir le moindre rond d'avance... Pendant des années. A y repenser, ce n'était déjà pas.raisonnable au départ de s'enfermer dans ce métier.
gregforever
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par gregforever Mar 31 Oct 2023 - 9:08
Mon premier salaire était 7500 francs comme stagiaire ce qui fait environ 1150 euros.
Baldred
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Questionnement | Faut-il devenir prof en 2024 ? - Page 12 Empty Re: Questionnement | Faut-il devenir prof en 2024 ?

par Baldred Mar 31 Oct 2023 - 9:10
Ce fil est une belle allée de marronniers.  C'est toujours un plaisir de les arroser de temps en temps  : ingénieur vs prof, public vs privé, jeunes en REP vs vieux planqués. 
Peut-être le moment de relire Laborit et son " Éloge de la fuite" et de revoir les rats coincés dans leur cage électrifiée de " mon oncle d'Amérique" de Resnais qui n'ont que 3 réactions possible : la soumission, la lutte et la fuite. 
Je ne sais pas si la science valide encore ces expériences mais face aux " stress"  de notre métier je me sens souvent le rat de Laborit : dois-je me soumettre et retourner contre moi et ma santé les " chocs" auxquels me soumet l'institution ? Dois-je attaquer les autres rats mes semblables en les trouvant trop jeunes ou trop vieux, trop ou pas assez diplômés, trop ou pas assez pédagogues, trop ou pas assez payés, planqués, impliqués, mais sans attaquer la cage ? Ou bien dois-je fuir dans un autre établissement, un autre poste, un autre grade, en centre ville ou à la campagne, dans un recoin moins exposé de l'institution, ou  changer de cage et aller dans le privé ? 

J'ai sans doute fait les 3 à la fois, et la meilleure solution quand elle est possible me paraît la fuite. Tout en sachant que, dans mon nouveau gruyère, je risque à nouveau de me soumettre, ou d'attaquer le raton qui voudrait prendre ma place. Il faudra fuir encore. On peut appeler ça une carrière.


Dernière édition par Baldred le Mar 31 Oct 2023 - 9:46, édité 1 fois
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par valle Mar 31 Oct 2023 - 9:11
Sauf quelques positions très marginales, je ne pense pas qu'il y ait des voix qui proposent de muter de force qui que ce soit (jeune ou non, par ailleurs) pour l'envoyer loin / en REP / sur une ZR.
J'ai du mal à voir comment le fil a fini par être une suite de posts de collègues qui ne se disent pas prêts à se faire muter d'office (bien sûr !) puis d'autres collègues qui leur reprochent leur manque de compassion (moi aussi, si on m'éjectait je n'aurais pas de compassion !).
Mais de là a dire --je caricature, attention !-- que les postes difficiles (du fait de la distance, des conditions, etc.) sont salutaires pour les "jeunes" (en supposant que tous les débutants sont jeunes) parce que formateurs, il y a une marche qu'il faut veiller à ne pas franchir.
A Tuin
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par A Tuin Mar 31 Oct 2023 - 9:12
Fesseur Pro a écrit:
sand a écrit:Je suis d'accord avec toi Roxane, notre métier est épuisant, pas très bien rémunéré (Quelle galère ça a été pour financer les études des enfants en gagnant à peine 2500 euros par mois!) et si nous déplorons la situation des jeunes enseignants, je ne vois pas beaucoup de compassion à notre égard, nous qui avons certes fini par obtenir un poste fixe correct mais qui sommes confrontés aux difficultés du métier (euphémisme) chaque jour.
Bien d'accord avec toi mais beaucoup de non enseignants souhaiteraient gagner cette somme par mois.
Et je ne suis pas tout jeune mais ça ne fait pas longtemps que j'ai à peu près cette somme tous les mois.

Ils n'ont pas forcément fait un bac+5 avec la perspective d'un métier précis, avec une grille salariale précise. Encore une fois, il faut remettre les choses à leur place.
A l'époque on travaillait bien, l'idée était de faire des études pour gagner un salaire.decent.Ceux qui ne travaillent pas ou mal, partaient faire caissiers ou autres emplois au SMIC,.et pour les autres il existait ce qu'on appelait l'ascenseur social.
Il y avait certes aussi le biais de partir dans des études longues ne menant à rien de précis, et faisant terminer aussi à la fin sur la case "travail au SMIC", mais c'est encore autre chose. Les gens concernés sont débrouillards et évoluent ensuite pour garnir leur CV et progresser.

C'est quand même la base d'espérer avoir une paye satisfaisante, après s'être beaucoup donné la peine en travaillant sur le plan scolaire. C'est le raisonnement que beaucoup de gens avaient autrefois.
Que quelqu'un de l'époque qui ne faisait rien scolairement, ait touché un SMIC puis évolué ensuite pour arriver à 1800, 1900 euros ne choque pas. S'il voulait plus, il fallait bien travailler.
Mais effectivement, ce raisonnement du salaire en fonction des efforts consentis, n'a plus l'air d'être dans l'air du temps....


Dernière édition par A Tuin le Mar 31 Oct 2023 - 9:16, édité 1 fois
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Enaeco
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Questionnement | Faut-il devenir prof en 2024 ? - Page 12 Empty Re: Questionnement | Faut-il devenir prof en 2024 ?

par Enaeco Mar 31 Oct 2023 - 9:15
Dommage d'avoir balayé la question des débutants en opposant leur situation à celle des collègues de plus de 40 ans comme si entre les deux il n'y avait rien.
C'est pourtant dans cet entre-deux que je trouve les collègues les plus à l'aise. Encore en forme, actifs sur la création de ressources qui leur conviennent, impliqués et ouverts à des méthodes qui les sortent de leur zone de confort et suffisamment aguerris pour gérer la majorité des situations et faire face aux gros imprévus.

Avant qu'on ne me tombe dessus, je ne remets pas pour autant la qualité du travail des +40ans qui peuvent aussi partager ce dynamisme. Simplement vous êtes nombreux à faire part de la fatigue qui s'accumule avec l'âge et à montrer une certaine forme d'aigreur vis à vis du métier.

Bref, on peut adapter l'entrée dans le métier des débutants sans pour autant renvoyer les vieux en première ligne.
valle
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par valle Mar 31 Oct 2023 - 9:15
A Tuin a écrit:
Ils n'ont pas forcément fait un bac+5 avec la perspective d'un métier précis, avec une grille salariale précise. Encore une fois, il faut remettre les choses à leur place.
A l'époque on travaillait bien, l'idée était de faire des études pour gagner un salaire.decent.Ceux qui ne travaillent pas ou mal, partaient faire caissiers ou autres emplois au SMIC,.et pour les autres il existait ce qu'on appelait l'ascenseur social.
C'est quand même la base d'espérer avoir une paye satisfaisante, après s'être beaucoup donné la peine en travaillant sur le plan scolaire. C'est le raisonnement que beaucoup de gens avaient autrefois.
Que quelqu'un de l'époque qui ne faisait rien scolairement, ait touché un SMIC puis évolué ensuite pour arriver à 1800, 1900 euros ne choque pas. S'il voulait plus, il fallait bien travailler.
Mais effectivement, ce raisonnement du salaire en fonction des efforts consentis, n'a plus l'air d'être dans l'air du temps....

En fait dans l'opinion publique ce qui justifie notre salaire ce sont les conditions difficiles (avec des jeunes, etc.), et non la technicité du travail. Pour beaucoup de monde, si on avait 18h de cours auprès d'élèves parfaitement policés, dans des établissements où la gestion de classe serait inconnue, notre salaire devrait être de 1800 eur.


Dernière édition par valle le Mar 31 Oct 2023 - 9:17, édité 1 fois
roxanne
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par roxanne Mar 31 Oct 2023 - 9:16
A Tuin a écrit:
Fesseur Pro a écrit:
sand a écrit:Je suis d'accord avec toi Roxane, notre métier est épuisant, pas très bien rémunéré (Quelle galère ça a été pour financer les études des enfants en gagnant à peine 2500 euros par mois!) et si nous déplorons la situation des jeunes enseignants, je ne vois pas beaucoup de compassion à notre égard, nous qui avons certes fini par obtenir un poste fixe correct mais qui sommes confrontés aux difficultés du métier (euphémisme) chaque jour.
Bien d'accord avec toi mais beaucoup de non enseignants souhaiteraient gagner cette somme par mois.
Et je ne suis pas tout jeune mais ça ne fait pas longtemps que j'ai à peu près cette somme tous les mois.

Ils n'ont pas forcément fait un bac+5. Encore une fois, il faut remettre les choses à leur place.
A l'époque on travaillait bien, l'idée était de faire des études pour gagner un salaire.decent.Ceux qui ne travaillent pas ou mal, partaient faire caissiers ou autres emplois au SMIC,.et pour les autres il existait ce qu'on appelait l'ascenseur social.
C'est quand même la base d'espérer avoir une paye satisfaisante, après s'être beaucoup donné la peine en travaillant sur le plan scolaire. C'est le raisonnement que beaucoup de gens avaient autrefois.
Que quelqu'un de l'époque qui ne faisait rien scolairement, ait touché un SMIC puis évolué ensuite pour arriver à 1800, 1900 euros ne choque pas. S'il voulait plus, il fallait bien travailler.
Mais effectivement, ce raisonnement du salaire en fonction des efforts consentis, n'a plus l'air d'être dans l'air du temps....
Attention, ce genre de discours est limite. On a aussi besoin dans une société de routiers, de maçons, de bouchers et tant mieux s'ils sont bien payés. J'ai vu l'autre jour un reportage sur des routiers qui faisaient des longs trajets. On parlait d'un salaire à plus de 2500, je me suis dit dans un premier temps que c'était comme moi avec un peu d('agacement. Mais, je n'ai ni l'envie, ni les capacités d'être routière et de passer ma semaine dans un camion loin de chez moi.
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par Ajonc35 Mar 31 Oct 2023 - 9:18
roxanne a écrit:
Cochonou a écrit:Quand je lis les messages de certains anciens, alors ma réponse à la question "faut-il devenir prof en 2024 ?" est clairement non, car visiblement il ne faut pas compter sur la compassion des plus anciens pour compenser le manque de soutien de l'institution envers les plus jeunes, autrement dit envers les moins expérimentés et les moins payés. Vous êtes les plus âgés ? Vous êtes les plus fatigués ? Vous avez déjà mangé votre pain noir ? Certes. Mais vous êtes aussi les plus expérimentés, ceux qui ont déjà préparé le plus de cours, ceux qui ont le plus de compétences en matière de gestion de classe (et vous n'êtes pas les derniers pour le rappeler aux autres !) et... ceux qui gagnent le plus d'argent.

L'attitude de certains enseignants me fait immanquablement penser à ce que je n'aime pas chez de nombreux inspecteurs et chefs d'établissement : une fois qu'ils sont passés de l'autre côté de la barrière, toute forme de compassion pour ceux qui connaissent les difficultés qu'ils vivaient auparavant disparaît, et la disparition de toute forme de compassion s'accompagne souvent - comme c'est visiblement le cas aussi chez les enseignants qui ont accumulé des points - d'une légitimation des dysfonctionnements du système et des souffrances qu'il engendre.

Je comprends aisément que certains ne veulent plus enseigner dans des endroits difficiles. Cependant, ce qui me chiffonne et m'attriste, c'est de voir le peu de compassion exprimée par certains anciens pour les jeunes enseignants, et de voir la façon dont ces collègues expérimentés légitiment les difficultés, voire les souffrances, que ces jeunes enseignants vivent trop souvent. Certains messages publiés sur ce fil pourraient se résumer ainsi : "J'ai beaucoup souffert dans mon métier ; plaignez-moi ! D'autres souffrent dans le métier ? Et alors, quoi de plus normal ? car moi, moi, moi...."  

Nous avons de nombreuses raisons légitimes de nous plaindre de l'Education nationale et des souffrances qu'elle peut causer. Cela dit, nous devrions aussi faire notre autocritique.

Je suis content de voir que certains collègues se démarquent.

Il s'agit là de ma dernière contribution à cette discussion.
Non, la compassion, on l'a, mais la fatigue aussi. J'ai 52 ans, j'enseigne dans de bonnes conditions, à côté de chez moi et pourtant, ça me demande chaque année un peu plus d'énergie face à une génération d'élèves qui  commence à avoir l'âge de petits-enfants. Je ne me plains pas mais le facteur âge joue aussi. Je suis pleine de compassion pour tout le monde, je ne suis pas sure qu'on en ait beaucoup pour moi et ceux de ma génération qui sont encore là pour au moins dix ans voire quinze. Ma mère était institutrice, à la retraite à 55 ans, ça fait vingt ans maintenant, elle gagne quasiment mon salaire. Moi, je partirais vers 65 ans, et j'aurai au moins 500 euros de moins. Je ne suis pas sure d'être si "privilégiée". Et dans beaucoup de boulots, on commence dans des conditions plus compliquées et ça s'arrange avec le temps. Ca fait peut-être aussi partie de l'apprentissage. Si aujourd'hui, à mon âge et avec mon parcours et ma vie, on me dit d'aller en banlieue à 600 kilomètres de chez moi en zone ultra, ben, je n'irais pas. Je préférerais être caissière au supermarché du coin. Ce qui n'est pas normal d'ailleurs, c'est qu'il existe de tels endroits.
Si tu n'as pas regardé la " grande librairie", mercredi dernier, regarde. Daniel Pennac, que j'aime beaucoup par ailleurs, qe préconisait, comme d'autres, ailleurs et à d'autres moments, que l' EN envoie les "vieux profs" , les plus expérimentés, à ou les " jeunes profs" sont envoyés aujourd'hui. 
Ça, et d'autres moments m'ont agacé et j'ai lâché.
Oui, j'imagine le bon "vieux prof" BIEN installé dans son École, dans sa vie ( proprietaire de son logement, dans un endroit pas trop cher, la où ses grands enfants font leurs etudes, où il a ses amis, ses vieux parents,etc, déménager pour un lieu où il a commencé  Questionnement | Faut-il devenir prof en 2024 ? - Page 12 2790680366
roxanne
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par roxanne Mar 31 Oct 2023 - 9:19
Enaeco a écrit:Dommage d'avoir balayé la question des débutants en opposant leur situation à celle des collègues de plus de 40 ans comme si entre les deux il n'y avait rien.
C'est pourtant dans cet entre-deux que je trouve les collègues les plus à l'aise. Encore en forme, actifs sur la création de ressources qui leur conviennent, impliqués et ouverts à des méthodes qui les sortent de leur zone de confort et suffisamment aguerris pour gérer la majorité des situations et faire face aux gros imprévus.

Avant qu'on ne me tombe dessus, je ne remets pas pour autant la qualité du travail des +40ans qui peuvent aussi partager ce dynamisme. Simplement vous êtes nombreux à faire part de la fatigue qui s'accumule avec l'âge et à montrer une certaine forme d'aigreur vis à vis du métier.

Bref, on peut adapter l'entrée dans le métier des débutants sans pour autant renvoyer les vieux en première ligne.
Pour ma part, s'il y a une chose que je n'ai pas et contre laquelle je lutte d'ailleurs, c'est bien l'aigreur. Je suis bien dans ma classe globalement, dans ma zone de confort justement et sans nécessité absolue d'en sortir d'ailleurs.
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par A Tuin Mar 31 Oct 2023 - 9:20
Je ne pensais évidemment pas à ce.type de métiers,.qui rapportent beaucoup mais demandent aussi beaucoup d'implication.

Souvenir ému de mes débuts en CFA,.lors d'une visite de stage : le patron maçon m'avait conduite jusqu'au chantier avec son Q7, avec un regard de compassion sur la vieille.Clio de l'époque qui me servait de monture....
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par roxanne Mar 31 Oct 2023 - 9:20
Ajonc35 a écrit:
roxanne a écrit:
Cochonou a écrit:Quand je lis les messages de certains anciens, alors ma réponse à la question "faut-il devenir prof en 2024 ?" est clairement non, car visiblement il ne faut pas compter sur la compassion des plus anciens pour compenser le manque de soutien de l'institution envers les plus jeunes, autrement dit envers les moins expérimentés et les moins payés. Vous êtes les plus âgés ? Vous êtes les plus fatigués ? Vous avez déjà mangé votre pain noir ? Certes. Mais vous êtes aussi les plus expérimentés, ceux qui ont déjà préparé le plus de cours, ceux qui ont le plus de compétences en matière de gestion de classe (et vous n'êtes pas les derniers pour le rappeler aux autres !) et... ceux qui gagnent le plus d'argent.

L'attitude de certains enseignants me fait immanquablement penser à ce que je n'aime pas chez de nombreux inspecteurs et chefs d'établissement : une fois qu'ils sont passés de l'autre côté de la barrière, toute forme de compassion pour ceux qui connaissent les difficultés qu'ils vivaient auparavant disparaît, et la disparition de toute forme de compassion s'accompagne souvent - comme c'est visiblement le cas aussi chez les enseignants qui ont accumulé des points - d'une légitimation des dysfonctionnements du système et des souffrances qu'il engendre.

Je comprends aisément que certains ne veulent plus enseigner dans des endroits difficiles. Cependant, ce qui me chiffonne et m'attriste, c'est de voir le peu de compassion exprimée par certains anciens pour les jeunes enseignants, et de voir la façon dont ces collègues expérimentés légitiment les difficultés, voire les souffrances, que ces jeunes enseignants vivent trop souvent. Certains messages publiés sur ce fil pourraient se résumer ainsi : "J'ai beaucoup souffert dans mon métier ; plaignez-moi ! D'autres souffrent dans le métier ? Et alors, quoi de plus normal ? car moi, moi, moi...."  

Nous avons de nombreuses raisons légitimes de nous plaindre de l'Education nationale et des souffrances qu'elle peut causer. Cela dit, nous devrions aussi faire notre autocritique.

Je suis content de voir que certains collègues se démarquent.

Il s'agit là de ma dernière contribution à cette discussion.
Non, la compassion, on l'a, mais la fatigue aussi. J'ai 52 ans, j'enseigne dans de bonnes conditions, à côté de chez moi et pourtant, ça me demande chaque année un peu plus d'énergie face à une génération d'élèves qui  commence à avoir l'âge de petits-enfants. Je ne me plains pas mais le facteur âge joue aussi. Je suis pleine de compassion pour tout le monde, je ne suis pas sure qu'on en ait beaucoup pour moi et ceux de ma génération qui sont encore là pour au moins dix ans voire quinze. Ma mère était institutrice, à la retraite à 55 ans, ça fait vingt ans maintenant, elle gagne quasiment mon salaire. Moi, je partirais vers 65 ans, et j'aurai au moins 500 euros de moins. Je ne suis pas sure d'être si "privilégiée". Et dans beaucoup de boulots, on commence dans des conditions plus compliquées et ça s'arrange avec le temps. Ca fait peut-être aussi partie de l'apprentissage. Si aujourd'hui, à mon âge et avec mon parcours et ma vie, on me dit d'aller en banlieue à 600 kilomètres de chez moi en zone ultra, ben, je n'irais pas. Je préférerais être caissière au supermarché du coin. Ce qui n'est pas normal d'ailleurs, c'est qu'il existe de tels endroits.
Si tu n'as pas regardé la " grande librairie", mercredi dernier, regarde. Daniel Pennac, que j'aime beaucoup par ailleurs, qe préconisait, comme d'autres, ailleurs et à d'autres moments, que l' EN envoie les "vieux profs" , les plus expérimentés, à ou les " jeunes profs" sont envoyés aujourd'hui. 
Ça, et d'autres moments m'ont agacé et j'ai lâché.
Oui, j'imagine le bon "vieux prof" BIEN installé dans son École, dans sa vie ( proprietaire de son logement, dans un endroit pas trop cher, la où ses grands enfants font leurs etudes, où il a ses amis, ses vieux parents,etc, déménager pour un lieu où il a commencé  Questionnement | Faut-il devenir prof en 2024 ? - Page 12 2790680366
Oui, j'ai vu .Pennac n'enseigne plus depuis longtemps et dit un certain nombre de bêtises. J'ai arrêté aussi.
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