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Jenny
Médiateur

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par Jenny Mer 21 Fév 2024 - 15:51
Je crois que c'est important aussi de ne pas les forcer à en parler. Laisser la place à une discussion, mais sans être trop intrusif non plus.
Sei
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Vénérable

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par Sei Mer 21 Fév 2024 - 15:56
Tout le monde patauge. Fais ce qui te semble juste à toi.

Se rappeler aussi que les élèves ne réagissent pas de la même manière. Certain·e·s auront besoin d'en parler, d'autres, de faire cours (d'où l'intérêt de la cellule psychologique, qui peut accueillir au fil de l'eau les élèves qui en ressentent le besoin), certain·e·s seront très affecté·e·s, d'autres moins, ou plus tard, etc.

Bon courage.

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Lyorane
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par Lyorane Mer 21 Fév 2024 - 16:01
Ils ont ouvertement dit à leur prof principal qu'ils ne voulaient pas continuer à en parler dans chaque cours : la cellule psychologique a donc conseillé de ne pas leur proposer à nouveau de le faire. Ils savent qu'ils auront un nouveau retour avec le PP demain soir, pour écrire un texte pour le temps commémoratif vendredi.

Très peu ont souhaité voir les psychologues aujourd'hui : ils sont par contre beaucoup à être allés dans la salle de recueillement qui a été prévue et laissée ouverte toute la matinée : ils préféraient se retrouver entre eux. Ce que je trouve dommage c'est que face au petit nombre, les psychologues ont dit ne pas être sûres d'être de nouveau là demain.. je me doute qu'ils doivent être surdemandés, mais j'aurais pensé que deux jours, ce n'était rien de trop.
uneodyssée
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Neoprof expérimenté

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par uneodyssée Mer 21 Fév 2024 - 16:28
J’ai vécu cela il y a un an et demi et je compatis.

Je n’avais pas su faire grand chose, j’avais la première heure du lendemain… et elle s’est perdue dans le recueillement de chacun·e.

La cérémonie à l’église a été scandaleuse (culpabilisation des ados, j’avais mal et aurais voulu que mes élèves ne soient pas là pour entendre cela), horrible, et lorsque j’ai proposé que quelque chose soit fait au lycée – j’aurais bien aimé un arbre ou quelque chose comme ça – il m’a été répondu qu’il ne fallait pas en faire un exemple. Donc en dehors de la cellule psychologique, rien. J’en suis restée un peu choquée.

Le plus important est de savoir dire en effet aux élèves si nécessaire que l’on est touchée, et d’avancer tout de même.

Courage à toi.
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Sallustius
Niveau 9

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par Sallustius Mer 21 Fév 2024 - 20:08
Je te rejoins Lyorane. J'ai été confrontée à un drame proche (élève décédé suite à un crime) côté parent d'élève et côté enseignant en même temps. La cellule de crise est restée quelques jours mais il me semble que ce serait bien de la proposer à nouveau un peu plus tard car il y a eu une deuxième "vague" de stress et d'émotion bien plus tard. Et il y a encore le procès à passer...

Je trouve aussi qu'une intervention lors de la formation initiale ne serait pas du luxe. Pas pour nous préparer à bien réagir, je pense qu'on fait ce qu'on peut, mais pour savoir que cela arrive, qu'on ne le vit pas tous de la même façon, les erreurs à éviter s'il y en a... J'en ai parlé à un imprévu un jour, mais je crois que finalement, c'est une sorte de tabou, les enfants ne meurent pas...
Poupoutch
Poupoutch
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par Poupoutch Jeu 22 Fév 2024 - 8:24
uneodyssée a écrit:J’ai vécu cela il y a un an et demi et je compatis.

Je n’avais pas su faire grand chose, j’avais la première heure du lendemain… et elle s’est perdue dans le recueillement de chacun·e.

La cérémonie à l’église a été scandaleuse (culpabilisation des ados, j’avais mal et aurais voulu que mes élèves ne soient pas là pour entendre cela), horrible, et lorsque j’ai proposé que quelque chose soit fait au lycée – j’aurais bien aimé un arbre ou quelque chose comme ça – il m’a été répondu qu’il ne fallait pas en faire un exemple. Donc en dehors de la cellule psychologique, rien. J’en suis restée un peu choquée.

Le plus important est de savoir dire en effet aux élèves si nécessaire que l’on est touchée, et d’avancer tout de même.

Courage à toi.
Les psychologues nous avaient répondu la même chose (littéralement : "le lycée n'a pas vocation à devenir un mausolée" et "ça évite la contamination"... Bref). Nous avions argumenté auprès du chef, qui a fini par passer outre et accepter. Mais nous avions un chef qui, malgré ses défauts, avait un vrai lien avec les élèves.

Quant à l'impression de ne pas savoir faire, je pense qu'elle est normale et le reflet du choc qu'on éprouve. Et qu'il n'y a effectivement pas de "recette". On fait comme on peut et il ne faut pas se culpabiliser.


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Lapin Émérite, celle qui Nage en Lisant ou Inversement, Dompteuse du fauve affamé et matutinal.

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Lyorane
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par Lyorane Jeu 22 Fév 2024 - 20:24
Les psychologues m'ont aussi étonnée, notamment quand elles ont dit mercredi ne pas penser revenir le lendemain, parce qu'elles n'avaient pas eu grand monde. Je ne sais pas qui a insisté, mais heureusement que l'une est revenue : aujourd'hui, il y avait carrément la queue pour la voir.

L'heure avec la classe s'est heureusement passée de la façon la plus correcte possible. Un silence extrêmement dur et lourd au début, aucune envie de parler. Et finalement la grammaire a eu l'effet apaisant que j'espérais : logique, analyser une interrogation directe ou indirecte, c'était se concentrer sur une question qui a une réponse claire.
Mon rayon de soleil de la journée : une élève de mon atelier cinéma hier m'a croisée dans le couloir et a vu mon état. On était restées un peu discuter, elle ne le connaissait pas, mais a été adorable avec moi, en me posant la main sur le bras en me disant qu'elle était là si je voulais parler (inversion des rôles vous avez dit ?)
Et aujourd'hui, je découvre qu'elle a informé tous les membres de l'atelier : ils m'ont chacun offert une fleur jaune, "couleur de l'amitié", pour me dire leur soutien.
Czar
Czar
Niveau 9

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par Czar Ven 23 Fév 2024 - 9:07
uneodyssée a écrit:J’ai vécu cela il y a un an et demi et je compatis.

Je n’avais pas su faire grand chose, j’avais la première heure du lendemain… et elle s’est perdue dans le recueillement de chacun·e.

La cérémonie à l’église a été scandaleuse (culpabilisation des ados, j’avais mal et aurais voulu que mes élèves ne soient pas là pour entendre cela), horrible, et lorsque j’ai proposé que quelque chose soit fait au lycée – j’aurais bien aimé un arbre ou quelque chose comme ça – il m’a été répondu qu’il ne fallait pas en faire un exemple. Donc en dehors de la cellule psychologique, rien. J’en suis restée un peu choquée.

Le plus important est de savoir dire en effet aux élèves si nécessaire que l’on est touchée, et d’avancer tout de même.

Courage à toi.

Quand tu évoques la cérémonie à l'église scandaleuse avec culpabilisation des ados, c'était l'homélie du prêtre ou des témoignages des proches?

Concernant l'homélie du prêtre, j'ai connu une expérience dérangeante il y a quelques année suite au décès d'un collégien renversé par un conducteur. Le prêtre à beaucoup insisté dans son homélie sur les difficultés scolaires de l'élève. Après coup j'ai appris que cette insistance était une demande explicite de la famille, formulée lors de la préparation de la messe.

Concernant le témoignage des proches, une expérience qui m'a encore plus marqué. 3eme année d'enseignement. 1ere fois que je suis PP, en 6e. Suicide d'une mère d'élève, élève que l'on appellera Justine. Il y a des élèves comme ça, vous savez que vous ne les oublierez jamais. Je vais à la messe d'enterrement dans une ville pas très loin. Témoignage de la famille qui mettaient en cause le rôle de l'ex conjoint, qui, en quittant madame la pousse au suicide. Le tout devant le monsieur en question et les enfants. J'étais pas bien. Justine à ensuite quitté l'établissement. Il y a 2 ans, fête des Terminales. Une promo que je connaissais très peu, j'y suis quand même allé (et donc pas mal ennuyé). Fin de soirée, une jeune vient me voir. "Vous ne me connaissiez pas, mais je suis la cousine de Justine. Je tenais à vous remercier pour être venu à l'enterrement, ça a été très apprécié".
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