Quel est votre vers préféré ?

LNSAG a dit:

Il a un humour que j'aime beaucoup ! veneration

moi je dis après Doctor WHO:

[...]. D'autres fois, calme plat, grand miroir / De mon désespoir."

Apollinaire, plein de vers (Alcools):

"Et l'unique cordeau des trompettes marines" (Chantre)
"Ouvrez-moi cette porte où je frappe en pleurant" (Le voyageur)
"Passons passons puisque tout passe
Je me retournerai souvent
Les souvenirs sont cors de chasse
Dont meurt le bruit parmi le vent" (Cors de chasse)
"J'ai vécu comme un fou et j'ai perdu mon temps" (Zone)

Aragon aussi (Le roman inachevé):
"J'empêche en respirant certaines gens de vivre" (Plus belle que les larmes)
"Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent
Comme des soleils révolus" (Bierstube Magie allemande)

Ces vers de Cocteau (Clair-obscur):
"Feins sans en avoir l'air de te tromper de porte
Et saute dans la nuit."
"Je vous laisse à vos buts. Le mien c'est la manière
Dont je pose mes pas."

Comme doctor who "C'est la mer allée avec le soleil" et

"Nageurs morts suivrons-nous d'ahan
Ton cours vers d'autres nébuleuses" Apollinaire

Je trouve ces deux vers d'Apollinaire sidérants de beauté.

"Et, rose, elle a vécu
Ce que vivent les roses :
L'espace d'un matin."

Le premier vers serait "moëlleux" selon Racan (me semble-t-il)?

Je dirais plutôt limpide.

Et aussi:
"Comme montent au ciel les soleils rajeunis
Après s'être lavés au fond des mers profondes"

Ce qui me vient à l'esprit: Brise marine
Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D'être parmi l'écume inconnue et les cieux!

"Les geais gélatineux geignaient dans les jardins"…

Abraxas a écrit:"Les geais gélatineux geignaient dans les jardins"…

Mais, sérieusement?

Comme iphigénie aussi,

"Je demeurai longtemps errant dans Césarée".

jehanne a écrit:

Abraxas a écrit:"Les geais gélatineux geignaient dans les jardins"…

Mais, sérieusement?

"Dans l'Orient désert quel devint mon ennui…"

ou

"C'est Vénus tout entière à sa proie attachée".

En fait de beaux vers, il ne me vient quasiment que Racine en tête.

Ou Eluard :

"La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur."

Il serait intéressant de faire une étude sur ce concept de "beau vers" — on tisserait des liens inédits entre certains poètes qui ont au fond une parenté souterraine, mais indiscutable (Racine et Eluard, par exemple).

Le vers baudelairien est plus capiteux, celui de Racine ou d'Éluard plus... aérien? fluide?

Un bon sujet de khôle.

Il y a des vers que je trouvais beaux ado et aujourd'hui je les trouve factices comme "Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige".

J'aime aussi dans Bérénice :

Mon désespoir tourna mes pas vers l'Italie

Que le jour recommence et que le jour finisse
Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice

Odalisq a écrit:Ce qui me vient à l'esprit: Brise marine
Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D'être parmi l'écume inconnue et les cieux!

La rue assourdissante autour de moi hurlait

Dans quelques coins du grenier,
j'ai trouvé des ombres vivantes
Qui remuent

Dès qu'il fait gris et que ça me déprime (je déteste le manque de luminosité), je pense à ça :
"Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle"

Et quand j'essaie de me convaincre que j'ai du potentiel, je me dis ça :
"Je suis belle, ô mortels! comme un rêve de pierre"

Sinon, j'aime beaucoup ça :
"Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage"

"A vaincre sans péril on triomphe sans gloire"

Toute la première strophe du Cimetière marin de Valéry :

"Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée
O récompense après une pensée
Qu'un long regard sur le calme des dieux !"

iphigénie a écrit:

"Le temps s'en va,le temps s'en va, Madame!
Las,le temps non,mais nous nous en allons.

J'allais citer les mêmes vers, Iphigénie.
J'aime aussi particulièrement l'épitaphe de Mathurin Régnier :

"J'ai vécu sans nul pensement,
Me laissant aller doucement
A la bonne loi naturelle,
Et si m'étonne fort pourquoi
La mort daigna songer à moi,
Qui n'ai daigné penser à elle."

"Tu vins au cœur du désarroi
Pour chasser les mauvaises fièvres
Et j'ai flambé comme un genièvre
A la Noël entre tes doigts
Je suis né vraiment de ta lèvre
Ma vie est à partir de toi"
Aragon

Odalisq a écrit:Ce qui me vient à l'esprit: Brise marine
Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D'être parmi l'écume inconnue et les cieux!

+1.

Et
Mon enfant, ma soeur,
songe à la douceur,
d'aller là-bas vivre ensemble

Enfin, tout ce poème en fait.
Il m'arrive de me le réciter frénétiquement pour oublier la noirceur du quotidien.

L a nuit descend
O n y pressent
U n long un long destin de sang

Apollinaire : Poèmes à Lou

Va te coucher, mon coeur, et ne bats plus de l'aile.
et
L’Art ne me connaît pas. Je ne connais pas l’Art.

et
Ci-gît, cœur sans cœur, mal planté,
Trop réussi comme raté.


le tout de tristan corbière comme de bien entendu.

Des vers qui m'ont obsédée.. Il y a eu
"Aboli bibelot d'inanité sonore"

puis
"Je suis pris au filet des étoiles filantes
Comme un marin qui meurt en mer en plein moi d'août"

En ce moment c'est plutôt calme, j'attends le suivant

J'aime beaucoup aussi "vers de terre amoureux d'une étoile", mais il n'est pas entier

"Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or"
sans hésitation
j'aime y croire