Collègues d'une stagiaire à la dérive : que pouvons-nous faire ?

Je m'adresse aux anciens stagiaires, aux stagiaires de l'année et aux collègues qui ont vécu une situation semblable.
La stagiaire de français de mon établissement a deux classes de 5e. Je ne suis pas sa tutrice mais elle nous parle assez librement et admet avoir un gros problème d'autorité, notamment avec une classe.
Cet après-midi, le CPE m'en a parlé et ça dépasse toutes mes inquiétudes en matière de problèmes de gestion de classe...
Je m'inquiète vraiment pour elle et je ne sais pas trop quoi faire pour l'aider. Je lui ai déjà proposé d'accueillir certains élèves perturbateurs lorsque nous sommes au même étage, mais elle n'a jamais pris l'initiative de m'en envoyer. Par ailleurs, le CPE lui a proposé d'assister à ses cours pendant quelques temps, elle a refusé. Je pense qu'elle préfère gérer seule, mais clairement, elle n'y arrive pas.
Que pouvons-nous faire de plus pour l'aider ? Qu'est-ce qui peut lui faire défaut et qu'on peut lui apporter pour la soutenir ?
Nous sommes nombreux à s'inquiéter pour elle en SDP et vraiment, si nous trouvions une solution acceptable et si elle l'acceptait, je suis persuadée que nous pourrions l'aider, mais comment ?

C'est difficile, en effet...
Le premier point c'est qu'il faudrait qu'elle accepte l'aide.. Peut-être l faudrait-il lui expliquer clairement qu'elle ne sera pas titularisée voire licenciée (pour les cas les plus grave) si la situation ne s'améliore pas... En a-t-elle conscience ?
Pour savoir qu'elles sont les problèmes de cette stagiaire, il faudrait assister à un cours mais je ne sais pas si c'est possible...
et que fait son ou sa tuteur (rice) ?

Quels problèmes a-t-elle spécifiquement? quel degré? bavardages ou carrément le dawa dans la classe?

Lui donner des conseils pratiques pour gérer une classe, Quelque chose qui sorte de ce qu'on doit lui apprendre en formation, et qui est tellement déconnecté du terrain que c'est inutilisable ?

Lui conseiller de punir à la première incartade, suggérer des idées de punitions, faire dire au CPE qu'elle peut exclure ou coller à tour de bras, lui donner des exemples concrets de ce qui est acceptable et de ce qui ne l'est pas, en essayant de vous mettre dans sa peau (et en oubliant la vôtre, qui est celle de profs installés, dont les habitudes et les limites sont connues des élèves) ? En corollaire, la rassurer sur sa capacité à y arriver, lui dire que tous les enseignants sont passés par là, que ça va être difficile mais qu'elle va redresser la barre ?

Clairement, si je n'avais pas bénéficié de conseils sur ce forum, je serais probablement à sa place.

Des conseils.
Pourquoi ne pas lui proposer de venir dans vos cours (si possible avec des classes difficiles), voir d'autres méthodes ?

Que dit/ fait la tutrice? car là concrètement, ce qui risque d'arriver, c'est qu'ils lancent une procédure d'alerte...

Mais qu'en pense le tuteur, seul légitime pour entrer dans sa classe et lui donner des conseils ?

Edit : doublée

La tutrice ne communique pas vraiment. La stagiaire en parle bien plus qu'elle. Je pense qu'elle doit être démunie. Elle va dans les cours où elle peut être mais ça ne concerne qu'une classe. Et pour l'autre classe, ce ne sont pas que des bavardages...

Dalathée2 a écrit:Lui donner des conseils pratiques pour gérer une classe, Quelque chose qui sorte de ce qu'on doit lui apprendre en formation, et qui est tellement déconnecté du terrain que c'est inutilisable ?

Lui conseiller de punir à la première incartade, suggérer des idées de punitions, faire dire au CPE qu'elle peut exclure ou coller à tour de bras, lui donner des exemples concrets de ce qui est acceptable et de ce qui ne l'est pas, en essayant de vous mettre dans sa peau (et en oubliant la vôtre, qui est celle de profs installés, dont les habitudes et les limites sont connues des élèves) ? En corollaire, la rassurer sur sa capacité à y arriver, lui dire que tous les enseignants sont passés par là, que ça va être difficile mais qu'elle va redresser la barre ?

Clairement, si je n'avais pas bénéficié de conseils sur ce forum, je serais probablement à sa place.

Déjà fait... Mais elle manque vraiment d'autorité. Quand elle essaie d'être stricte, elle ne parvient pas à l'être à bon escient, et c'est comme un coup d'épée dans l'eau. Ça devient vite too much, et ça amuse les élèves...

beaucoup de stagiaires se sont fait bordéliser par une classe sans être pour autant à la dérive.. qu'est ce qui te fait employer ce terme ?

D'accord avec Kalypso.
Vous pouvez lui donner des conseils, et l'équipe de cette classe (notamment le PP) peut aussi l'aider collectivement (par exemple en instaurant une règle, type: coller un élève quand il a un mot dans le carnet...).
Il faudrait aussi qu'elle accepte l'aide du CPE.

et elle se sent comment elle? mentalement, tu penses qu'elle peut supporter et résister à tout ça?

un formateur ESPE ne peut pas venir la voir/la conseiller?

Hallywell a écrit:
un formateur ESPE ne peut pas venir la voir/la conseiller?

C'est fait. Je ne sais pas trop comment ça s'est passé.
Pour le mental, ça a l'air d'aller, elle ne pleure jamais devant nous, ne craque pas, fait face, mais admets ses difficultés.
Pour l'expression "être à la dérive", c'est peut-être mal choisi. Mais je préfère à "bordélisée".

Ah, si elle n'est "que" bordélisée (ie avoir des élèves qui bavardent beaucoup et avoir du mal à instaurer le silence), qu'elle se rassure, c'est le pain quotidien de (pratiquement ?) tous les stagiaires.

Je réfléchis et pour moi, "à la dérive" signifie ne pas réussir à faire cours, ne pas réussir à calmer les élèves, ne pas réussir à enseigner. Elle est à la dérive par rapport à sa mission première. Je précise que nous avons des élèves pas faciles/faciles mais qu'on n'est pas non plus dans le 93.

Ne s'agit-il pas aussi d'une stagiaire, en difficulté certes, mais finalement pas plus que d'autres, mais qui a le malheur d'en parler plus ?

Sinon, je plussoie les conseils donnés par Dalathée (relever les carnets en début d'heure et colle systématique ou exclusion pour ceux qui l'ouvrent jusqu'à ce qu'ils en aient marre).

En tout cas, bon courage à elle et à vous.

BlackMail a écrit:Ah, si elle n'est "que" bordélisée (ie avoir des élèves qui bavardent beaucoup et avoir du mal à instaurer le silence), qu'elle se rassure, c'est le pain quotidien de (pratiquement ?) tous les stagiaires.

Non, il ne s'agit pas que de bavardages ! Elle ne peut pratiquement plus faire cours !

J'ai eu des problèmes d'autorité avec ma classe de 4eme en début d'année. Honnêtement je n'osais pas en parler à ma tutrice de peur que celle-ci me juge (oui, on est parfois naïf...). Un jour, je suis arrivée en pleurant en salle des profs. Celle-ci a tout de suite su créer une "cellule de crise". Elle a contacté les profs principaux des classes concernées. C'est rien en soi, mais cela m'a permis de comprendre que la communication est importante dans le métier. Elle m'a aussi donné des conseils sur la gestion de classe (alternance écrit/oral, ignorer le comportement de certains, responsabiliser...). Les profs principaux m'ont aussi grandement aidé : ils m'ont conseillé de téléphoner aux parents (parce que cela non plus, je n'osais pas...), de convoquer certains élèves chez le cpe. Bref, c'est leur présence et leur réconfort qui me permettent aujourd'hui d'arriver au collège sereine. Soutenir, c'est le plus important.
Ma tutrice m'a quand même gentiment secoué en m'incitant à parler de mes problèmes et à questionner les collègues. Après, c'est aussi une question de volonté. Si la stagiaire en question ne veut pas, vous ne pouvez rien faire.
Je ne sais pas si ce témoignage peut t'aider mais surtout ne la laissez pas seule car il n'y a rien de pire pour un jeune prof que de se sentir mis à l'écart ou jugé sur ses capacités à enseigner.

Dinosaura a écrit:Ne s'agit-il pas aussi d'une stagiaire, en difficulté certes, mais finalement pas plus que d'autres, mais qui a le malheur d'en parler plus ?

Pourquoi le malheur ? Au contraire non ?
En tant que collègue, faudrait-il que je ferme les yeux tout simplement parce que c'est une stagiaire et qu'elle va s'y faire... Je ne comprends pas vraiment vos réactions. Faut-il que je m'en lave les mains ? Que je ne m’immisce surtout pas dans cette histoire tout simplement parce que pratiquement tous les stagiaires (ce qui est faux) connaissent de telles difficultés ? Que je ne me mêle pas de ses affaires parce que, de toutes façons, je suis une prof installée qui ne peut pas comprendre les difficultés des jeunes collègues ?
C'est fou, j'ai l'impression qu'on va bientôt m'accuser de me faire du souci pour autrui...

Manon88 a écrit:
Je ne sais pas si ce témoignage peut t'aider mais surtout ne la laissez pas seule car il n'y a rien de pire pour un jeune prof que de se sentir mis à l'écart ou jugé sur ses capacités à enseigner.

Merci Manon. Tu m'aides.

évitons les raccourcis, le fait d'être bordélisé n'est pas réservé aux stagiaires...

ce qui est inquiétant, c'est que tu dis que ce n'est pas seulement des bavardages. si le CDE estime qu'elle met les élèves en danger, ça va être compliqué pour elle...honnêtement, je pense qu'il faut lui exposer les choses concrètement, enfin la tutrice doit le faire. Après, que le formateur soit déjà venu, ça veut dire que ces difficultés sont remontées...(enfin dans mon académie, les visites commenceront après les vacances, ça se trouve c'était le fonctionnement dans la tienne)

En attendant, dans son malheur, elle a de la chance car elle est tombée sur des collègues attentifs à elle

Non, si c'est ce que mon message laissait entendre, je m'en excuse, ce n'était pas mon intention.

Je voulais simplement dire que quand on était stagiaire, on avait peur que des problèmes de gestion de classe remontent aux oreilles de ceux qui nous évaluent, car ce sont les mêmes qui nous conseillent et qui nous jugent...

Sinon, bien sûr que tout le monde ne rencontre pas des difficultés énormes l'année de stage, mais en collège c'est quand même assez fréquent quand on n'a jamais été prof et qu'on sait pas s'y prendre, même sans être dans le 93.

Mauvette a écrit:

Dinosaura a écrit:Ne s'agit-il pas aussi d'une stagiaire, en difficulté certes, mais finalement pas plus que d'autres, mais qui a le malheur d'en parler plus ?

Pourquoi le malheur ? Au contraire non ?
En tant que collègue, faudrait-il que je ferme les yeux tout simplement parce que c'est une stagiaire et qu'elle va s'y faire... Je ne comprends pas vraiment vos réactions. Faut-il que je m'en lave les mains ? Que je ne m’immisce surtout pas dans cette histoire tout simplement parce que pratiquement tous les stagiaires (ce qui est faux) connaissent de telles difficultés ? Que je ne me mêle pas de ses affaires parce que, de toutes façons, je suis une prof installée qui ne peut pas comprendre les difficultés des jeunes collègues ?
C'est fou, j'ai l'impression qu'on va bientôt m'accuser de me faire du souci pour autrui...

Ah non, le soutien de collègues, c'est très précieux quand on débute
C'est très bien de t'en préoccuper et de chercher à l'aider.

Rien de mieux que de voir des collègues aguerris en exercice, en assistant à leurs cours !
Bon courage Mauvette !

Mauvette a écrit:(...)
Je m'inquiète vraiment pour elle et je ne sais pas trop quoi faire pour l'aider.(...)

La première et seule chose à lui dire, si elle ne s'en est pas déjà rendue compte par elle-même : ce n'est pas elle qui dysfonctionne, c'est l'organisation ( l'E.N) dans laquelle elle est rentrée.
Cette organisation perverse qui fait de la victime ( cette stagiaire ) la coupable.

Tant que ce point ne sera pas parfaitement posé, intégré, assimilé, tout le reste ( colles, soutiens des collègues et du CPE ) ne sera qu'un emplâtre sur une blessure gangrenée.
En revanche, une fois ce point acquis, elle aura la distance nécessaire pour rire, au moins intérieurement, devant ce spectacle de fous.