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Une passante
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Doutes, peur et hésitations... avant d'entreprendre une carrière.  - Page 2 Empty Re: Doutes, peur et hésitations... avant d'entreprendre une carrière.

par Une passante Jeu 7 Mar 2019 - 11:25
Theriakos96 a écrit:Merci de ta réponse !

#Une Passante : pour moi le secondaire serait, en tout cas, un "passage temporaire" (enfin, plus que 5/6 ans, ce serait quand même assez long je pense) avant de pouvoir atteindre le supérieur ; le problème est que ce passage serait beaucoup moins déplaisant si je pouvais enseigner presque que du latin/grec (je pense que même 10h de langues anciennes m'iraient) et ce de manière quelque peu sérieuse. En ce qui concerne la médecine, c'est une ancienne passion que je n'ai pas suivie en Terminale parce que j'avais besoin de me former davantage aux Humanités. Le problème est que j'ai peur de franchir le pas et abandonner finalement le chemin que j'avais choisi en fin de lycée..

Merci de vos réponses,
Valete!

Tant de collègues espèrent la même chose et se retrouvent, dépités, des années dans des lieux géographiques qui leur déplaisent, avec des conditions de travail éprouvantes en attendant le Saint Graal qui n'arrive pas...
Les postes du supérieur sont rares, très rares et les établissements secondaires proposant du latin se raréfient tandis que ceux proposant du grec doivent être moins d'une dizaine par académie.
C'est Ascagne qui raconte régulièrement sur le forum ses mésaventures dans le secondaire alors qu'il espère un poste dans le supérieur.

Tout choix est un renoncement, mais puisque les deux voies te plaisent, l'une (la médecine) t'offre de meilleures opportunités que l'autre (l'enseignement)...
Il ne faut pas oublier que devenir professeur dans l'Education Nationale, c'est devenir un pion entre les mains de l'Etat, le lieu où on t'envoie, l'établissement où tu atterris, quand tu es sur un poste fixe et non un TZR ballotté de remplacements en remplacements...
Et même en poste fixe, tu n'es à l'abri de rien, ton poste peut être supprimé, morcelé et on t'envoie au loin pour compléter ton service.
Tu subis au quotidien le mépris de la société, te fait traiter de fainéant quasiment tout le temps, tu subis les pseudo blagues sur tes vacances permanentes alors que tu bosses comme un dingue, tu peines à boucler tes fins de mois tant le coût de la vie augmente alors que ton salaire stagne, voire régresse quand les cotisations augmentent.
Tu peux être confronté à toute la misère sociale, intellectuelle, culturelle du monde sans pouvoir changer grand chose, face à des élèves parfois attachants mais parfois profondément mal élevés.
Devenir prof, ce n'est pas faire cours à des élèves qui sont là pour apprendre ce que tu as à leur transmettre, ce n'est qu'une petite partie du métier (quand ils veulent apprendre et non faire le concours de celui qui pourrira le plus le cours du prof). Il y a tout ce qu'il y a autour, qui peut te pourrir littéralement la vie. Il vaut mieux en être conscient et savoir où on met les pieds.
Alors si tu n'as pas l'âme d'un martyr, le sacerdoce de l'enseignement chevillé au corps mais qu'un plan B bien plus gratifiant (sur tous les plans) t'ouvre les bras, je pense qu'il ne faut pas beaucoup hésiter.
RogerMartin
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par RogerMartin Jeu 7 Mar 2019 - 11:32
Mathador a écrit:
Theriakos96 a écrit:En tout cas, l'ENS me soutiendrait en ce changement (il existe désormais un parcours médecine-Humanités ouvert aux médecins à partir de la P2, je ne ferais que faire l'inverse). En tout cas je jouirais de mes 3 années de salaire de manière normale et, pour l'engagement décennal, n'importe quelle fonction publique compte, donc à la fin de l'internat + clinicat, ce serait bien terminé et je pourrais même (ce n'est pas moin souhait quoi qu'il en soit) m'installer dans le privé!

Theriakos96 a écrit:En tout cas, si je faisais cette reconversion, j'aurais seulement la 5ème et la 6ème année du cursus découverte, après quoi il y aurait l'internat (qui, ceci étant dit, est payé plus que je ne le suis maintenant, mais LOIN DE MOI de me plaindre abi ).

Bonne nouvelle ! Je ne pensais pas que les conditions étaient aussi favorables.
S'il s'avérait que cela n'allait pas en médecine, serait-il envisageable que tu retournes en prépa agreg LC avec le M1 de cette année ?
Pour préparer l'agrég, il vaut mieux avoir un M2 en poche, non ? J'ai l'impression que les dates de délivrance des diplômes interviennent souvent trop tard pour préparer concours et M2 la même année.

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par Mathador Jeu 7 Mar 2019 - 11:34
Dans les ENS on livre des M2 ad hoc (dans un paquet bonux) pour contourner ce problème.

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Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
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par RogerMartin Jeu 7 Mar 2019 - 11:37
Les temps ont bien changé Very Happy

Pour les passerelles, ça vaut en effet le coup d'en profiter avant que l'ouverture systématique du numerus clausus aux étudiants de diverses matières, qui est de plus en plus mise en avant par les facs de médecine, ne sème une confusion complète dans l'esprit des sélectionneurs de dossiers quant aux niveaux des candidats à la reconversion.
C'est rigolo, j'avais un ami à Ulm qui avait eu exactement le parcours inverse : il était passé de médecine à Ulm pour faire de la recherche en chimie.

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Lefteris
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par Lefteris Jeu 7 Mar 2019 - 11:42
Theriakos96 a écrit:Merci de ta réponse !

#Une Passante : pour moi le secondaire serait, en tout cas, un "passage temporaire" (enfin, plus que 5/6 ans, ce serait quand même assez long je pense) avant de pouvoir atteindre le supérieur ; le problème est que ce passage serait beaucoup moins déplaisant si je pouvais enseigner presque que du latin/grec (je pense que même 10h de langues anciennes m'iraient) et ce de manière quelque peu sérieuse. En ce qui concerne la médecine, c'est une ancienne passion que je n'ai pas suivie en Terminale parce que j'avais besoin de me former davantage aux Humanités. Le problème est que j'ai peur de franchir le pas et abandonner finalement le chemin que j'avais choisi en fin de lycée..

Merci de vos réponses,
Valete!
Si tu as la possiblité de devenir médecin, n'hésite pas une seconde. Comme on te l'a dit plus haut , tu pourras toujours faire des lettres comme violon d'Ingres, pas l'inverse. C'est ce que j'ai fait pendant des années (des lettres mais autre chose que médecine) avant de me reconvertir sous la pression d'événements (pas en me nourrissant d'illusions mais parce que c'était une reconversion immédiate et "naturelle" avec ma formation, ) et c'est avec le recul la meilleure des solutions. 10 heures de LC, il ne faut pas rêver, ça va devenir de plus en plus rare, le risque de ne faire que du français (face à des classes hostiles et à corriger de la bouillie) est de plus en plus grand. Si tu ne saisis pas bien le sens profond du mot "ennui", essaie ça...
Les réformes ont saccagé et saccagent la discipline, au demeurant souvent mal vue au sein même de l'EN. Quant à aller dans le supérieur, le temps d'attente est de plus en plus long, le sort des LC est de pire en pire aussi, les sections ferment dans plein d'universités. Bref, ne lâche pas la proie pour l'ombre, les LC ont peut-être vécu, le statut d'enseignant aussi assez prochainement, tandis qu'on aura toujours besoin de médecins.
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par Mathador Jeu 7 Mar 2019 - 11:47
RogerMartin a écrit:Les temps ont bien changé Very Happy
Lorsque je parle de M2 ad hoc, il s'agit de M2 professionnels d'enseignement (validé par des agregs blanches), un peu comme les masters MEEF mais avec du contenu scientifique au lieu du pédagol. Les M2 recherche continuent de fonctionner comme avant, de façon séparée (contrairement à ce qui peut exister dans certaines facs et certaines matières, où l'on a fusionné prépa agreg et M2R).

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nicole 86
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par nicole 86 Jeu 7 Mar 2019 - 11:52
Pour les langues anciennes, il existe une autre voie (étroite) que quelques normaliens ont choisie : les facultés de théologie et l'édition spécialisée.
Babarette
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par Babarette Jeu 7 Mar 2019 - 11:52
Bonjour,

Il me parait plus simple de faire des études de médecine quand on est encore jeune plutôt que de les commencer après plusieurs années d'enseignement. Il me parait également plus difficile d'être médecin sur son temps libre en étant prof que de lire Virgile latin sur son temps libre quand on est médecin. En revanche, tu n'es pas totalement à l'abri d'être généraliste.
Le passage des études à la pratique de l'enseignement est rude. Je l'ai vécu sans être normalienne, tu risques de le vivre aussi.

Peut être qu'avant de passer une agrégation, si tu n'es pas trop pressé, tu peux faire une année de césure en étant contractuel, afin de voir si tu pourrais vivre heureux dans le secondaire, en attendant mieux. Ça t'aiderait à prendre une décision.

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par Caspar Jeu 7 Mar 2019 - 12:15
Babarette a écrit:Bonjour,

Il me parait plus simple de faire des études de médecine quand on est encore jeune plutôt que de les commencer après plusieurs années d'enseignement. Il me parait également plus difficile d'être médecin sur son temps libre en étant prof que de lire Virgile latin sur son temps libre quand on est médecin. En revanche, tu n'es pas totalement à l'abri d'être généraliste.
Le passage des études à la pratique de l'enseignement est rude. Je l'ai vécu sans être normalienne, tu risques de le vivre aussi.

Peut être qu'avant de passer une agrégation, si tu n'es pas trop pressé, tu peux faire une année de césure en étant contractuel, afin de voir si tu pourrais vivre heureux dans le secondaire, en attendant mieux. Ça t'aiderait à prendre une décision.

La formulation n'est pas très heureuse, d'autant que nous manquons de généralistes. Le cabinet de mon ophtalmo ne me fait pas très envie par exemple: la salle d'attente est un hall de gare, les patients défilent toute la journée à un rythme effréné... Les études sont aussi plus longues, ce qui est à prendre en compte quand on a déjà 23 ou 24 ans.
Ascagne
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par Ascagne Jeu 7 Mar 2019 - 12:16
Le problème en Lettres classiques, c'est effectivement que la part d'enseignement en latin peut être restreinte (et ne parlons pas de celle du grec, hélas)... mais je pense que la question primordiale reste la confrontation à la réalité de l'enseignement secondaire. Être passionné par ses matières ne compense pas forcément (voire parfois ne compense pas) d'autres facettes de la pratique du métier, qui peut être difficile, selon le public que l'on a en face, et en raison des contraintes afférentes aux affectations. Quant au goût de la transmission, ce n'est pas parce qu'on l'a en général qu'on va particulièrement apprécier les situations d'enseignement face aux élèves ou les autres facettes du travail (l'évaluation et le suivi, le contact avec les parents, la gestion de classe).
Quitte à faire une lapalissade, un métier, c'est un métier : il y a toujours des aspects négatifs, des activités agaçantes ou répétitives, c'est ainsi. La difficulté dans l'enseignement secondaire, c'est que les conditions de travail et de vie peuvent être dégradées et qu'on peut se retrouver face à des classes épuisantes, dans des situations objectivement (pour ainsi dire) difficiles. Cela dépend de l'affectation !

Quand on passe l'agrégation de Lettres classiques, même si l'on a surtout un profil axé vers les lettres anciennes, on sait qu'on va aussi faire du "français" : telles sont les règles du jeu et l'agrégation de LC ne fait que suivre la tradition sur ce point. Le premier problème, c'est la rareté des postes en prépa et à l'université pour les personnes ayant ce profil : c'est cela qui est regrettable, au même titre que le triste recul des lettres classiques en général ! Le second problème, c'est l'éventualité de ne pas faire ne serait-ce que du latin quand on est LC, ou bien d'être envoyé au collège malgré ses souhaits.

Autant je suis très attaché à la défense des lettres classiques (même si ma spécialité pour le doctorat concerne la littérature médiévale), autant je ne pense pas qu'il faille en devenir un martyre. Je vois parfois sur mon Twitter des messages emplis d'enthousiasme de la part de personnes préparant le CAPES ou l'agrégation ; c'est bien, il en faut, mais il ne faut pas non plus se faire d'illusions sur le métier : il ne ressemble pas aux études littéraires générales ni à ce que le monde universitaire propose (MEEF excepté, mais je ne le connais pas). Cependant, être LC présente l'avantage (dans l'idéal) d'avoir au moins un ou deux groupes de latin, et il reste possible de se sentir plus utile et moins formaté dans le cadre de ce type de cours, alors que certains cours de français peuvent donner l'impression d'une longue défaite.

Toutefois, il me semble que l'enseignement secondaire, du moins lorsqu'on est agrégé, permet sans doute plus facilement que bien d'autres métiers de faire des recherches à côté. Pour le moment, je n'en suis qu'à ma deuxième année dans le secondaire, donc je n'ai pas encore toutes les clés afin d'être vraiment efficace et performant (période expérimentale s'il en est que le début), et je suis encore doctorant avec le stress de la thèse. J'ai toujours l'idée de me réorienter si possible une fois docteur. Je ne suis plus dans l'idée de quitter l'EN à toute vitesse, en tout cas pas avant d'avoir expérimenté au moins une autre affectation, en espérant trouver un meilleur équilibre vie/travail. Mais je sais qu'il reste probable de vivre encore quelques années difficiles ou éloignées de mes attentes.

Le plus difficile, au fond, reste l'accumulation des inconvénients : classes difficiles + vie dans un endroit non choisi et pas pratique + éloignement des proches. Il ne faut pas sous-estimer ces deux derniers points, en les considérant d'après son tempérament. Je ne veux pas te décourager, ni décourager personne, mais pour moi, après quatre ans d'enseignement à la fac, l'affectation à l'extrême fin août (problèmes administratifs) dans le secondaire, à 500 km de la plupart des proches, sans formation préalable, a été infernal (dépression qui s'est heureusement muée en une déprime plus vivable cette année).
Hélas, nous sommes encore éloignés d'un retour à une vraie considération générale de la société envers le métier d'enseignant, c'est aussi à prendre en compte. Le supérieur reste une éventualité : en tant que normalien tu es plus favorisé que les non-normaliens sur ce point, sans doute, mais hélas les places sont très chères : pas d'illusion à avoir en la matière non plus. Pour ma part, un futur désirable à court terme serait une meilleure affectation et du temps libre pour faire mes recherches et des communications. Wink

Je te conseille donc de peser le pour et le contre des différentes voies qui se proposent à toi en évaluant tous ces aspects. Tu peux en effet décider de revenir plus tard aux lettres. Concernant l'université, cependant, cette voie semble surtout accessible à ceux qui auront multiplié les sacrifices afin d'avoir les dossiers les plus fournis, ce qui n'est pas forcément compatible avec une filière éloignée de la discipline concernée et très chronophage, j'imagine.

Edit : Non mais j'ai fait un message bien long... affraid
Theriakos96
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par Theriakos96 Jeu 7 Mar 2019 - 12:19
Merci de vos réponses, vraiment !!

En tout cas je prends en compte vos conseils. Je vois quand même que tous vous me conseillez de changer de voie. C'est très significatif de la situation dans le secondaire. Or, mon problème est quelque peu plus compliqué : je ne cherche pas (seulement) à fouir le métier d'enseignant, en effet si on me proposait de choisir entre l'ENA et l'agrèg de LC, ce serait vite choisi les LC. C'est la médecine en soi qui m'intéresse, avant tout pour l'intérêt que je porte au corps humain et à son fonctionnement et deuxièmement pour le métier de médecin en lui-même. Je vais essayer de répondre à tous.
En ce qui concerne la théologie, hum...je vis dans le péché pour l'Eglise et de plus je ne suis pas très croyant, donc je pense que c'est un peu difficile. En ce qui concerne le M2 agrèg, cela se passe exactement comme l'a dit Mathador (es-tu un archicube? Tu fais quoi à présent? Very Happy ). En ce qui concerne la possibilité de faire des lettres étant médecin et pas l'inverse, je suis d'accord avec vous, même si je pense que le temps libre qui reste est très restreint. La façon dont vous présentez les profs dans l'EN est quand même bien effrayante, cela ne donne pas du tout envie.. les prépas sont-elles si dures à avoir? Même avec un voeux du style "toute prépa littéraire, scientifique, économique en toute la France Métropolitaine"? Je croyais qu'en étant archicube et docteur, ce type de démarche était relativement simple (on m'avait parlé de 2/4 ans maximum).

Merci à vous de vos conseils,
Merci de vos réponses,
Valete !

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Dicebat Bernardus Carnotensis nos esse quasi nanos, gigantium humeris insidentes, ut possimus plura eis et remotiora videre, non utique proprii visus acumine, aut eminentia corporis, sed quia in altum subvenimur et extollimur magnitudine gigantea.

– Jean de Salisbury, Metalogicon, III, 4
Caspar
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par Caspar Jeu 7 Mar 2019 - 12:21
Theriakos96 a écrit:Merci de vos réponses, vraiment !!

En tout cas je prends en compte vos conseils. Je vois quand même que tous vous me conseillez de changer de voie. C'est très significatif de la situation dans le secondaire. Or, mon problème est quelque peu plus compliqué : je ne cherche pas (seulement) à fouir le métier d'enseignant, en effet si on me proposait de choisir entre l'ENA et l'agrèg de LC, ce serait vite choisi les LC. C'est la médecine en soi qui m'intéresse, avant tout pour l'intérêt que je porte au corps humain et à son fonctionnement et deuxièmement pour le métier de médecin en lui-même. Je vais essayer de répondre à tous.
En ce qui concerne la théologie, hum...je vis dans le péché pour l'Eglise et de plus je ne suis pas très croyant, donc je pense que c'est un peu difficile. En ce qui concerne le M2 agrèg, cela se passe exactement comme l'a dit Mathador (es-tu un archicube? Tu fais quoi à présent? Very Happy ). En ce qui concerne la possibilité de faire des lettres étant médecin et pas l'inverse, je suis d'accord avec vous, même si je pense que le temps libre qui reste est très restreint. La façon dont vous présentez les profs dans l'EN est quand même bien effrayante, cela ne donne pas du tout envie.. les prépas sont-elles si dures à avoir? Même avec un voeux du style "toute prépa littéraire, scientifique, économique en toute la France Métropolitaine"? Je croyais qu'en étant archicube et docteur, ce type de démarche était relativement simple (on m'avait parlé de 2/4 ans maximum).

Merci à vous de vos conseils,
Merci de vos réponses,
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Doutes, peur et hésitations... avant d'entreprendre une carrière.  - Page 2 Empty Re: Doutes, peur et hésitations... avant d'entreprendre une carrière.

par Jenny Jeu 7 Mar 2019 - 12:21
Avoir un poste en prépa est très compliqué dans certaines disciplines dont les lettres classiques. Il ne faut pas compter dessus. Si tu ne veux pas enseigner en collège ou en lycée, autant prendre une autre voie.
Theriakos96
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par Theriakos96 Jeu 7 Mar 2019 - 12:31
Merci de ta réponse, Ascagne !

J'aime beaucoup ton pseudo! En tout cas ton message a été clair, précis et a bien résumé. Si je comprends bien tu es LC mais médiéviste en thèse et tu finis le doctorat dans le secondaire. C'est très dur et épuisant à ce qu'on m'a dit, courage! Je croyais en revanche que pour les mutations il fallait émettre des préférences et qu'on ne pouvait pas être muté partout en France, sans discrétion, mais à ce que tu dis, je dois ajourner mes informations. Tu es aussi archicube si j'ai bien compris, tu as donc vécu de manière très dure le saut "fac/ens/thèse --> secondaire" ? La médecine m'attire, mais cela signifie commencer à travailler vraiment à 34 ans (fin de l'internat) + clinicat, c'est-à-dire pouvoir passer le concours de praticien-hospitalier au minimum à 36 ans, c'est un peu effrayant quand même... (je commencerais la médecine après le M2, donc à 24 ans + 5 ans de fac + 5 ans d'internat [c'est la durée des spé qui me chatouillent] + 2 ans mini de clinicat/assistanat).

Je suis très perturbé : en janvier, avant de commencer mes cours particuliers, j'étais beaucoup plus décidé, mais les préparer m'a apporté beaucoup de plaisir : avoir quelqu'un qui écoute et avec qui l'on peut établir un vrai débat intellectuel...bref c'est intéressant.
Merci de vos réponses,
Valete!

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Doutes, peur et hésitations... avant d'entreprendre une carrière.  - Page 2 Empty Re: Doutes, peur et hésitations... avant d'entreprendre une carrière.

par Caspar Jeu 7 Mar 2019 - 12:37
Theriakos96 a écrit:Merci de ta réponse, Ascagne !

J'aime beaucoup ton pseudo! En tout cas ton message a été clair, précis et a bien résumé. Si je comprends bien tu es LC mais médiéviste en thèse et tu finis le doctorat dans le secondaire. C'est très dur et épuisant à ce qu'on m'a dit, courage! Je croyais en revanche que pour les mutations il fallait émettre des préférences et qu'on ne pouvait pas être muté partout en France, sans discrétion, mais à ce que tu dis, je dois ajourner mes informations. Tu es aussi archicube si j'ai bien compris, tu as donc vécu de manière très dure le saut "fac/ens/thèse --> secondaire" ? La médecine m'attire, mais cela signifie commencer à travailler vraiment à 34 ans (fin de l'internat) + clinicat, c'est-à-dire pouvoir passer le concours de praticien-hospitalier au minimum à 36 ans, c'est un peu effrayant quand même... (je commencerais la médecine après le M2, donc à 24 ans + 5 ans de fac + 5 ans d'internat [c'est la durée des spé qui me chatouillent] + 2 ans mini de clinicat/assistanat).

Je suis très perturbé : en janvier, avant de commencer mes cours particuliers, j'étais beaucoup plus décidé, mais les préparer m'a apporté beaucoup de plaisir : avoir quelqu'un qui écoute et avec qui l'on peut établir un vrai débat intellectuel...bref c'est intéressant.
Merci de vos réponses,
Valete!

Pour les mutations, renseigne-toi plus avant en effet: tu peux être nommé sur tout le territoire français quelles que soient les préférences émises ( en fonction des besoins de l'administration).

Je vais enfoncer une porte ouverte, mais donner des cours particuliers à des élèves de prépa n'a rien à voir avec l'enseignement devant une classe de collégiens ou de lycéens, pas toujours à l'écoute et encore moins prêtes à un "vrai débat intellectuel".
Babarette
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par Babarette Jeu 7 Mar 2019 - 12:48
Archi-khûbe, c'est quand on fait une troisième khâgne? On ne dit plus bikhârré? Smile

Pour te répondre: hé non! D'ailleurs, il n'y a pas vraiment de raison que ça soit le cas: pourquoi entrer à l'ENS à la troisième tentative rendrait prioritaire sur ceux qui entrent du premier coup? Du reste, je ne suis même pas sûre que le dossier en fasse état.
En outre, attention: pour avoir une prépa, ça ne passe pas par les voeux de mutation. La mutation se fait en deux temps: inter-académique, puis intra-académique. On ne peut pas demander "tout lycée de centre-ville, partout en France". On demande d'abord une académie, puis on fait des voeux dans l'académie. Or, les prépas n'en font pas partie, car ce n'est pas une question de points.
Si je ne me trompe pas, pour obtenir une prépa, il faut être validé par un Inspecteur Général.

La passion pour la matière, comme le dit Ascagne, ne compense pas forcément les conditions de travail. J'irais même jusqu'à dire que ça peut augmenter la souffrance. Par exemple, quand tu as affaire à des élèves vraiment en grande difficulté, qui savent à peine lire, la profondeur et la beauté d'un texte, ce n'est vraiment pas ton quotidien. Quand tu as affaire à des rustres qui piétinent la littérature, c'est très déplaisant aussi.

Demande conseil à ta famille pour connaître les mauvais côtés de la médecine, qui surpasseront peut-être ceux de l'EN. Être médecin hospitalier est loin d'être de tout repos. Les élèves pénibles grandissent et vont parfois à l'hôpital, leurs parents aussi.

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Doutes, peur et hésitations... avant d'entreprendre une carrière.  - Page 2 Empty Re: Doutes, peur et hésitations... avant d'entreprendre une carrière.

par Theriakos96 Jeu 7 Mar 2019 - 12:53
Merci de ta réponse!
#Babarette : les archicubes sont les anciens élèves de l'ENS, dont la revue porte le nom. Qu'ils soient entrés carrés, khûbes ou bikhâ. En tout cas je parlais des voeux à formuler pour la prépa : lorsqu'on fait demande, me semble-t-il, on formule quand même des voeux géographiques et par matière : demander "seulement prépas littéraires en IDE" est beacoup plus difficile à obtenir que demander "prépa scientifique, économique ou littéraire en toute la France (métropolitaine ou pas)", ensuite le fait d'y être affecté ou pas dépend de l'IG.

Merci de vos réponses,
Valete !

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Doutes, peur et hésitations... avant d'entreprendre une carrière.  - Page 2 Empty Re: Doutes, peur et hésitations... avant d'entreprendre une carrière.

par cocktail Jeu 7 Mar 2019 - 13:08
Theriakos96 a écrit:La médecine m'attire, mais cela signifie commencer à travailler vraiment à 34 ans (fin de l'internat) + clinicat, c'est-à-dire pouvoir passer le concours de praticien-hospitalier au minimum à 36 ans, c'est un peu effrayant quand même... (je commencerais la médecine après le M2, donc à 24 ans + 5 ans de fac + 5 ans d'internat [c'est la durée des spé qui me chatouillent] + 2 ans mini de clinicat/assistanat).

"Commencer à travailler", c'est à dire ? Tu fais référence au salaire et à l'indépendance financière ? A la situation sociale ? A la possibilité de réaliser des projets personnels ?

Tout peut changer selon l'angle sous lequel tu vois les choses.

Au passage, quelle(s) spécialité(s) te chatouille(nt) ?
Mathador
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par Mathador Jeu 7 Mar 2019 - 13:16
Theriakos96 a écrit:En ce qui concerne le M2 agrèg, cela se passe exactement comme l'a dit Mathador (es-tu un archicube? Tu fais quoi à présent? Very Happy ).
Presque, sauf que j'ai fréquenté des contrées plus méridionales. Je suis ensuite allé directement dans le secondaire, et je suis en train de passer des concours pour aller ailleurs dans la FPE.

Theriakos96 a écrit:Je suis très perturbé : en janvier, avant de commencer mes cours particuliers, j'étais beaucoup plus décidé, mais les préparer m'a apporté beaucoup de plaisir : avoir quelqu'un qui écoute et avec qui l'on peut établir un vrai débat intellectuel...bref c'est intéressant.
Le statut de la FP permet, si l'on dispose de l'autorisation de la hiérarchie, de cumuler une activité d'enseignement (par exemple des vacations à la fac ou des khôlles) à l'activité principale, et ce n'est pas réservé aux enseignants. J'ignore si c'est possible pour les praticiens hospitaliers qui ont un statut dérogatoire.

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par Theriakos96 Jeu 7 Mar 2019 - 13:25
Merci pour vos réponses !
#coktail : commencer à travailler, c'est peut-être à la fin de l'internat et le clinicat est en effet déjà du travail : en effet pendant l'internat on est payé (en fin d'internat on peut même dépasser les 2000 avec les gardes) mais on n'est pas complètement responsable des actes médicaux, parce qu'on les pratique par "délégation" (même si celle-ci peut être "tacite et continue" de la part des seniors) et donc on n'est pas encore détaché de manière complète du statut étudiant. Je faisais coïncider le début du travail avec la réussite du concours de PH parce qu'il s'agit du "début de la carrière", un peu comme ouvrir son cabinet.

Les spécialités qui m'intéressent sont : médecine interne, oncologie, médecine d'urgence.

#mathador : tu avais l'avantage d'un climat moins frais et d'une vie moins chère ! Wink en tout cas je ne sais pas du tout ce qu'est la FPE. Tu es dans quelle discipline? Depuis combien de temps?

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par Orlanda Jeu 7 Mar 2019 - 13:27
Il n'y pas de carrière à faire dans l'enseignement. Ne commets pas l'erreur que beaucoup ici ont faite, celle de penser que le secondaire ne serait qu'un passage de quelques années à l'issue duquel l'excellence de leur parcours leur permettrait de trouver à exercer plus haut: cela n'arrive plus. Il n'y a pas de postes dans le Supérieur, et surtout pas en lettres classiques. Nous sommes trop nombreux à être assez bons pour, mais hélas...

Moi, je suis faite comme un rat, et si je devais avoir 18 ans à nouveau, je poursuivrais une carrière scientifique que j'avais à l'époque déclinée pour rejoindre une hypokhâgne aussi passionnante qu'affamante sur le moyen terme. Cela dit ma soeur, après des études scientifiques brillantes, galère dans une grosse boîte qui l'exploite, et deux amis médecins dépriment sec.




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par Caspar Jeu 7 Mar 2019 - 13:30
Theriakos96 a écrit:Merci pour vos réponses !
#coktail : commencer à travailler, c'est peut-être à la fin de l'internat et le clinicat est en effet déjà du travail : en effet pendant l'internat on est payé (en fin d'internat on peut même dépasser les 2000 avec les gardes) mais on n'est pas complètement responsable des actes médicaux, parce qu'on les pratique par "délégation" (même si celle-ci peut être "tacite et continue" de la part des seniors) et donc on n'est pas encore détaché de manière complète du statut étudiant. Je faisais coïncider le début du travail avec la réussite du concours de PH parce qu'il s'agit du "début de la carrière", un peu comme ouvrir son cabinet.

Les spécialités qui m'intéressent sont : médecine interne, oncologie, médecine d'urgence.

#mathador : tu avais l'avantage d'un climat moins frais et d'une vie moins chère ! Wink en tout cas je ne sais pas du tout ce qu'est la FPE. Tu es dans quelle discipline? Depuis combien de temps?

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par Ascagne Jeu 7 Mar 2019 - 13:37
Theriakos96 a écrit:Tu es aussi archicube si j'ai bien compris, tu as donc vécu de manière très dure le saut "fac/ens/thèse --> secondaire" ?
Je ne suis pas normalien : je n'ai pas voulu khûber après une contre-performance au concours d'Ulm, malgré une bonne préparation. Je ne regrette pas mon choix, même si la L3 a été un peu déprimante et même si les non-normaliens qui sont intéressés par la recherche en lettres peuvent être considérés comme moins légitimes que les normaliens en la matière.
En revanche, pas besoin d'être passé par l'ENS pour que le saut fac/secondaire soit énorme, quand on n'y a pas été préparé (master recherche puis agrégation, je n'ai pas passé le CAPES) et qu'on a profité de plusieurs années comme doctorant contractuel et ATER. Wink Enseigner à la fac, enseigner au lycée, pour moi, sont deux métiers bien différents ! Mais je trouve utile "malgré tout" cette expérience du secondaire par rapport au supérieur. En revanche, du côté de la stimulation véritable, je pense qu'elle passe surtout par l'activité de recherche à côté, voire par d'éventuelles vacations à la fac à l'avenir (encore faut-il avoir une affectation plus stable, et pas des classes terriblement usantes, pour faire cela).

Les cours particuliers, en effet, peuvent difficilement préparer au fait de se retrouver face à une classe de 35 élèves hétéroclites. Vraiment, face à certaines classes, ce métier n'est pas facile... mais le quotidien des professions médicales peut être encore bien plus usant.
Elaïna
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par Elaïna Jeu 7 Mar 2019 - 13:40
Theriakos96 a écrit:Merci de ta réponse !

#Une Passante : pour moi le secondaire serait, en tout cas, un "passage temporaire" (enfin, plus que 5/6 ans, ce serait quand même assez long je pense) avant de pouvoir atteindre le supérieur ; le problème est que ce passage serait beaucoup moins déplaisant si je pouvais enseigner presque que du latin/grec (je pense que même 10h de langues anciennes m'iraient) et ce de manière quelque peu sérieuse. En ce qui concerne la médecine, c'est une ancienne passion que je n'ai pas suivie en Terminale parce que j'avais besoin de me former davantage aux Humanités. Le problème est que j'ai peur de franchir le pas et abandonner finalement le chemin que j'avais choisi en fin de lycée..

Merci de vos réponses,
Valete!

Je vais être très honnête : non, ça ne sera pas si facile. Pour te donner une idée : je suis "munie de tous les sacrements" : chartiste, ayant intégré en carré, agrégée, docteur, 5 ans d'allocataire monitrice puis ATER, c'est ma 6e année dans le secondaire tout en faisant des colles et des cours à la fac, et le poste en prépa, c'est pas pour demain.
Les postes en sciences humaines sont réduits à peau de chagrin et tu ne peux vraiment pas te dire que ça va se faire aisément. En gros, normalien en SH, tu te prépares à un cursus de professeur, oui, mais dans le secondaire à 90 % des cas. Mais est-ce si grave ?

Ce que je veux te dire, c'est qu'au lieu d'escompter un poste que tu as peu de chances d'obtenir (eh oui, et vu les orientations actuelles, c'est pas demain la veille qu'on va en ouvrir de nouveaux !), tu peux entamer une réflexion sur ce que tu veux faire de ta vie. Professeur dans le secondaire, avec l'agrégation que, normalien, tu ne devrais pas avoir trop de mal à décrocher, c'est ma foi tout à fait honorable. Pour peu que tu ne vises pas de rester en région parisienne, tu auras un emploi stable (enfin, bon, à voir avec la réforme hein, mais bon, globalement, la fonction publique, ça a des avantages), des revenus fixes, et avec un peu de bol une affectation correcte... qui te laissera du temps pour faire thèse, enfants si tu le souhaites, cours dans le supérieur... Pour te donner une idée, en refusant les HSA, enseignant dans un lycée proche de chez moi et plutôt pépère, j'arrive à faire un ou deux après-midis de colles par semaine dans mon ancienne prépa, je vais au séminaire de mon ancien directeur de thèse, je me fixe comme objectif de pondre un article par an... et j'ai la possibilité de m'occuper de mes enfants (et de glander sur néo, et de faire entre autres une consommation ahurissante de polars) pendant toutes les vacances scolaires, ce qui me convient globalement. Je considère que je suis "payée en temps libre" (l'expression n'est pas de moi mais d'un néo). Bien sûr le salaire est peu reluisant par rapport à mon bac + 8, la grande école etc, mais franchement je ne me dis pas "tout ça pour ça" quand je regarde mon métier actuel et les potentialités qu'il m'offre.
Mon mari me dit souvent que je pourrais postuler dans le privé et gagner trois fois plus, mais je ne me vois absolument pas bosser minimum 35h dans un bureau avec un chef au-dessus en train de me réclamer de remplir mes objectifs annuels. C'est en grande partie la raison pour laquelle je n'ai pas passé le concours de l'INP à la sortie de l'Ecole des chartes, d'ailleurs : 35h dans un bureau, no way pour moi. En ce qui me concerne, même si j'admire beaucoup ma généraliste et la pédiatre de mes fils, je ne me verrais absolument pas mener leur vie avec leurs horaires de dingue.

Ce que je regrette, c'est plus ma spécialisation de recherche, qui n'est pas celle dont je rêve maintenant, mais après tout peut-être que si je me bougeais les fesses, je pourrais me réorienter. Pour le reste, franchement, ça va.

Evidemment, tu peux aussi avoir l'affectation pourrie de l'angoisse, sur plusieurs établissements, super loin de chez toi... mais tu peux aussi avoir un truc tranquillou-billou. Là c'est un peu la loterie. Clairement, j'ai été bien conseillée par mon syndicat pour ma première affectation. Quant à la seconde, j'ai demandé un truc près de chez moi, tout le monde me disait que c'était un lycée de fin de carrière, que je ne l'aurais jamais, bah je l'ai eu (bon, soyons honnêtes, aujourd'hui je flippe un peu que mon poste soit supprimé avec les pertes d'heures, merci la réforme, mais on ne va pas crier avant d'avoir mal non plus).

Evidemment, à ton âge, c'est probablement difficile d'envisager la façon dont tu voudrais vivre dans 10 ou 15 ans. Mais ce sont des questions à poser, tu as tout le temps pour y répondre.

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par Pseudo Jeu 7 Mar 2019 - 13:50
Orlanda a écrit:
Moi, je suis faite comme un rat, et si je devais avoir 18 ans à nouveau, je poursuivrais  une carrière scientifique que j'avais à l'époque déclinée pour rejoindre une hypokhâgne aussi passionnante qu'affamante sur le moyen terme. Cela dit ma soeur, après des études scientifiques brillantes, galère dans une grosse boîte qui l'exploite, et deux amis médecins dépriment sec.


Je pense aussi qu'il est toujours plus facile de trouver des défaut à quelque chose qu'on connait bien (ici, le job de prof) qu'à d'autres qu'on a pas exercé.
Le métier de généraliste n'est pas toujours un sinécure, celui de spécialiste non plus. Se passionner pour les LC ou la médecine ne dit pas grand chose de la façon dont c'est pratiqué par les professionnels.
Chaque fois que je vais voir un toubib, généraliste ou pas, leurs conditions d'exercice ne me fait vraiment pas rêver, pas plus que la relation que j'ai avec eux et qu'ils ont avec moi.
Idem pour des personnes qui font tel ou tel job à priori bien plus reluisant que prof ou que doc, y compris en étant passé par des sections hypers prestigieuses : leurs récits de leur vie au taf ne me fait pas rêver du tout !
Aussi, même si mon apport est à le mesure de là où je le donne (ras les pâquerettes et pas très "flictionnel"), je ne suis pas certaine qu'il ne faille se décider que par rapport à des conditions de travail idéalisées (sans compter que ça risque de bouger beaucoup dans les dix ou vingt prochaines années autant pour prof que pour toubib) mais plutôt en fonction d'élan personnel, parfois pas forcément rationnels à priori. Il est toujours possible, quand on est passionné par ce qu'on fait (la matière, l'objectif de la pratique, etc...) de donner une forme inattendue à sa pratique (je pense qu'un prof ou un toubib, pas trop déçu et aigri, peut donner une forme nouvelle à son engagement, alors que si on a espéré que la machine nous donne un avenir comme ci et comme ça, on ne peut qu'être déçu et aigri).

Cela me rappelle une discussion que j'ai attrapé au vol dans une soirée : un généraliste parlait de sa reconversion en lyposuceur. Il parlait de sa clientèle de généraliste d'une façon affreuse et qui montrait tout son mépris mais aussi toute son aigreur et tout son désespoir. Il était absolument ravi de ses journées passées dans un cabinet chic du 16ème à enlever le gras de quelques dames argentées pour préparer cette nouvelle spécialisation. Je ne pense pourtant pas qu'il rêvait, jeune homme, de pratiquer cette médecine là mais son idéalisation de la fonction lui avait fait quitter le piédestal de façon si brutale qu'il finissait par se trahir lui-même et malmener ses patients du cabinet de généraliste. Moche.


Dernière édition par Pseudo le Jeu 7 Mar 2019 - 13:52, édité 1 fois

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par AnnaElissa Jeu 7 Mar 2019 - 13:52
Je ne peux apporter mon expérience que sur les LC:
comme beaucoup l'ont dit avant, les conditions d'enseignement sont souvent loin de celles qu'on imaginait quand on n'est pas encore en poste et qu'on reste plongé, rempli d'enthousiasme, dans les études de lettres classiques. L'écart est grand entre ce que l'on maîtrise, ce  qu'on aimerait transmettre et ce qu'il sera effectivement possible d'aborder avec des élèves du secondaire, et j'ai envie de dire, pour en avoir fait l'expérience, avec certains étudiants.
Comme la possibilité d'être muté dans le secondaire est la plus grande a priori, aurais-tu la possibilité d'aller voir dans un collège ou un lycée la réalité effective du métier, en assistant à quelques heures de cours?
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