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dita
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Serge Boimare : comment aider les élèves "empêchés de penser" - Page 4 Empty Re: Serge Boimare : comment aider les élèves "empêchés de penser"

par dita Jeu 03 Jan 2019, 18:16
Mais ils ne lisent pas tous les livres demandés, et ont des zéros. Est-ce contrariant ? Pour eux, non. Pourquoi cela le serait-il pour le prof ( en l'occurrence, pour moi ?)
roxanne
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Serge Boimare : comment aider les élèves "empêchés de penser" - Page 4 Empty Re: Serge Boimare : comment aider les élèves "empêchés de penser"

par roxanne Jeu 03 Jan 2019, 18:30
henriette a écrit:Très clairement, ce que propose Dita relève malheureusement de l'utopie et ne fonctionne pas pour un nombre croissant de mes élèves depuis quelques années. Le 0 en contrôle de lecture ne leur fait ni chaud ni froid, même à des élèves qui s'en sortent par ailleurs sur d'autres travaux. Mais lire leur semble tout bonnement le truc le plus horrible de la terre, un pensum ignoble et totalement impossible.
Cette année j'ai 7 élèves sur 26 qui n'ont lu aucun des livres, et ce malgré tous mes efforts (guide, points d'étape, fractionnage avec un planning pour les aider à trouver leur rythme, début lu en classe pour lancer l'histoire, donner envie, etc.).
Donc finalement ceux qui ne veulent pas lire ne liront pas malgré tout, malgré le bac même. Après, il en reste une partie, suivis par leurs parents, pour qui la note compte malgré tout qui liront sous la contrainte du contrôle.
mafalda16
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par mafalda16 Jeu 03 Jan 2019, 18:39
dita a écrit:Mais ils ne lisent pas tous les livres demandés, et ont des zéros. Est-ce contrariant ? Pour eux, non. Pourquoi cela le serait-il pour le prof ( en l'occurrence, pour moi ?)

Avec ce genre de raisonnement plus aucune réflexion pédagogique ou didactique n'a de sens. Hop, arrêtons tous et tout de suite d'essayer de trouver des stratégies pour faire travailler et progresser nos élèves. C'est sûr que vu comme ça le métier doit être plus simple, mais terriblement inintéressant.
roxanne
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par roxanne Jeu 03 Jan 2019, 18:54
Après, j'en reviens un peu de ces "stratégies" . J'ai une classe de STI12D, 17 gars , 3 filles ( oui, ils sont peu nombreux), sympathiques, pas réfractaires au cours mais qui pour la plupart ne font RIEN de chez rien en dehors du cours. Alors, j'utilise des stratégies, je cherche des méthodes, du clé en main pour les aider, les motiver. Et il se passe quoi? Ben, ils se laissent tranquillement assister et n'en font pas plus, voire moins pour ceux qui bossaient un peu. Ca me demande de l'énergie pour finalement pas grand chose. Bon, peut-être ce serait pire si je me contentais du cours traditionnel , qu'en plus, ils me feraient suer ou abandonneraient complétement. Je ne sais pas, ça m'interroge beaucoup.
Carabas
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par Carabas Jeu 03 Jan 2019, 18:58
Chercher des stratégies pour les faire bosser, ok, se mettre la rate au court bouillon parce que certains, de toute façon, quoi qu'on fasse, ne bossent pas, non. Je pense que c'est dans cette optique-là que s'exprimait Dita. C'est du moins comme ça que je comprends sa dernière intervention.

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roxanne
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par roxanne Jeu 03 Jan 2019, 19:05
En fait, j'ai été inspectée avec eux. Comme ils sont sympas et qu'ils m'aiment bien, et qu'ils ont un peu d'orgueil, ils ont joué le jeu à fond et ont cherché à répondre, à être actifs, et même à montrer ce qu'ils savaient sur un corpus un peu costaud en plus. Et là, je me suis rendue compte qu'ils étaient capables de faire très bien, d'être pertinents, autonomes. L'IPR m'a même dit qu'il était un peu sceptique au début à la vue des textes et puis qu'en fait, ma classe "tournait" et que ça fonctionnait. Mais le plus souvent, ça fonctionne moins bien, ça tourne au ralenti, ils ne savent pas faire, il faut répéter 10 fois, ils jouent le rôle des petits technos qui ne comprennent rien mais c'est plus par facilité en fait.
Elyas
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Esprit sacré

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par Elyas Jeu 03 Jan 2019, 19:12
Une remarque : ce n'est pas au lycée que ces procédures d'anticipation de la lecture doivent être déployées. Normalement (et j'insiste sur le normalement), c'est le boulot du primaire et du collège de faire cela. Faire cela au lycée, c'est avoir dix ans de retard avec des élèves qui ont déjà des personnalités et des avis tranchés sur la culture. C'est un combat très difficile.
Cependant, comme on mélange tout, on en vient à en oublier qu'il y a une progressivité du CP à la Tle. Et on ne fait pas en 1re ce qu'on doit faire en 6e-5e.

Merci pour le Magellan de Zweig. Je vais le lire pour voir si ça peut passer en 5e (je vais en discuter avec ma collège de lettres). On peut se gausser mais de mon point de vue, on se doit de confronter les élèves à la difficulté sinon ça ne sert à rien. Si ça ne passe pas selon ma collège, j'ai trouvé un livre jeunesse sur Magellan mais je préfère le lire avant pour le sélectionner.
Nadejda
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Grand sage

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par Nadejda Jeu 03 Jan 2019, 19:30
Je dois dire que ça devient presque angoissant (je ne trouve pas le mot exact) de proposer des lectures à mes élèves (4e/3e), de distribuer des séries - au-delà même des réactions immédiates que la phrase "vous allez lire un nouveau livre" suscite chez eux. Dans une de mes classes de 4e (ils sont 19 - ce qui, dans mon collège, donne déjà une idée du profil d'élèves qu'on peut y trouver), ils doivent être 3-4 maximum à essayer d'approcher les livres distribués, à essayer de les lire un peu malgré toute ma "publicité", la lecture ensemble des premières pages, différentes aides données et proposées... Mais dans les classes plus chargées jusqu'à 29 (je suis en REP...), avec des élèves globalement plus sérieux, le bilan n'est pas forcément plus glorieux. Alors je ne renonce pas à leur donner des lectures, jamais, mais dans certaines classes les lacunes sont si énormes (les moyennes de classe sont affolantes), la considération de l'objet livre si basse face à d'autres tentations qu'inciter à lire relève du combat, vraiment. J'entends qu'au collège certains collègues d'HG songent à faire lire - et je trouve ça très bien et j'aimerais que cette pratique se développe - mais je me sens souvent bien seule et démunie comme professeur de français quand je sais qu'une toute petite poignée d'élèves aura lu les livres proposés (et les miens ont très souvent le choix entre plusieurs livres, de plusieurs niveaux et je fais même plusieurs versions de contrôles de lecture). Bien seule aussi quand je le mentionne sur les bulletins et en conseil de classe et qu'au fond cela n'a pas d'incidence.
Alors je l'ai un peu mauvaise quand je lis les "yaka" de collègues d'autres disciplines, des "yaka" qui fonctionnent merveilleusement bien ailleurs, forcément. Comme si la majorité des collègues de français ne cherchait pas déjà plein de solutions pour faire lire leurs élèves...
Elaïna
Elaïna
Enchanteur

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par Elaïna Jeu 03 Jan 2019, 20:06
Dita, moi non plus ça ne me fait ni chaud ni froid de mettre un zéro à un élève qui n'a rien foutu. Mes secondes, souvent, s'en contre-tamponnent d'arriver au contrôle sans avoir rien fait. Et comme je n'ai aucun problème à utiliser toute l'échelle des notes de 0 à 20, eh bien, celui qui n'a rien fait a zéro. C'est une copie facile à corriger, merci bien, au suivant.
Par contre ça me rend dingue de voir qu'on a laissé passer ce type d'élèves au lycée général (souvent parce que papa et maman ont travaillé au corps le principal, "vous comprenez il a un projet", si c'est un garçon, ou parce qu'elle est bien gentille si c'est une fille - oui parce qu'une fille très limitée mais bien gentille, on la garde jusqu'en terminale générale, hein, la pauvre on va pas la mettre chez les STMG qui vont la manger toute crue, et c'est pas grave si avec son bac ES eu de justesse la 2e fois elle se retrouvera au chômage directement). Je vois des gamins qui viennent pour s'asseoir au chaud, ne comprennent visiblement rien à rien et s'en tapent, d 'ailleurs, et je me dis, mais quelle génération fabriquons-nous là ? Pourquoi n'y puis-je rien faire ?
Et après on se demande pourquoi les gilets jaunes... mais qu'est-ce que ça peut donner, une génération sans réflexion, sans vocabulaire, sans capacité d'expression, sans culture, et sans emploi autre que celui du salarié pressuré ?

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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.

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Rabelais
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par Rabelais Jeu 03 Jan 2019, 20:26
Je crois que tu soulèves un lièvre, Elaina.
Je lis ce fil extrêmement intéressant et fourni depuis le début et suis assez d’accord avec la page 1 et la nécessité de renoncer à la vulgarisation langagière et de plutôt baigner les jeunes enfants dans une littérature classique, des contes, des fables, pour construire une compréhension plus aisée. Ça permettra de revenir à un niveau d’expression et de lecture il y a longtemps disparu.
Pour revenir à ma première phrase, je lis donc ce fil et m’etonne que le constat ne soit pas fait qu’il existe, et depuis le début des âges, des différences intellectuelles entre les personnes.
Et que ce n’est pas une unité de valeur, ni de prédiction de la valeur ( humaine, professionnelle).
Quand on acceptera ce fait, on arrêtera peut-être de massifier le lycée et le supérieur : non, tous ne sont pas capables intellectuellement de suivre un cursus de lycéen et de L3. Point final.
Est-ce mal ? Non.
Tu pourras établir la.meilleure pédagogie possible, créer la.meilleure motivation possible, prendre l’eleve en main dès la ps, lui faire dépasser ses limites , il en restera pas moins que ces limites existent et que, si je comprends bien la nécessité d’essayer de donner sa chance à chacun et d’essayer de passer sur les prédispositions sociales et de permettre à des gamins qui n’auraient jamais eu cette chance d’exprimer leur potentiel , je crois que le système s’est dévoyé et qu’on fait autant de mal à présent à ceux qui ne peuvent pas, qu’on en a fait avant la massification à ceux dont on ne voulait pas entendre parler.
Certains élèves ont des limites intellectuelles , non, ce ne sont pas des fainéants , mais oui, pour eux, lire un lîvre en entier, comprendre une notion, demande des efforts qu’on n’imagine même pas , des efforts qu’il est plus facile de cacher derrière un comportement jm’en Foutiste.
Ils n.ont rien à faire au lycée, le collège a déjà été une souffrance et ça, ce rien qu’on leur propose sous prétexte de charité sociale, ça m’horripile.
Pas une chance, on ne leur laisse pas une chance.


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par Sphinx Jeu 03 Jan 2019, 20:48
Pour ma part je fais comme Elyas. Évidemment ça commence toujours par une phase de distribution ou annonce de l'obligation de lire - "haannn naaaan un livre" / "j'aime pas les livres" / "c'est long comment, c'est écrit gros, y a des images ?" - je me fâche et assène que je ne veux pas entendre de ronchonnements, que c'est comme ça et pas autrement. Et ensuite, j'explique. D'abord parce qu'il faut systématiquement replacer le contexte (Antigone ? Ils ont sans doute vu Oedipe en 6e mais comme c'est loin, il y en a au mieux un qui s'en souvient. La Ferme des Animaux ? Oui, ils ont fait l'URSS en HG, Lénine et Staline ils voient à peu près, mais euh Trotsky, céki ?) mais aussi parce que j'en profite pour essayer de leur vendre le truc. Et comme j'ai la chance d'être dans un collège où il n'est pas honteux d'être un intello et où les non-intellos n'ont tout de même jamais honte si par extraordinaire ils s'intéressent à un truc, je commence à savoir suffisamment jouer sur la corde sensible (et sensationnaliste) des ados pour en avoir quelques-uns qui expliquent aux autres que tout de même ça n'a pas l'air si long, ou pas si mal. Bien sûr, j'en aurai toujours entre un et cinq selon les cohortes qui ne lisent rien et se paient un zéro, mais si j'ai quelques cancres qui, à force de se voir dire par d'autres cancres qu'ils ont eu tort de ne pas lire Des Souris et des Hommes, que c'était super vite lu, et même qu'ils ont pleuré à la fin, décident eux aussi de se mettre à lire, et que mon ratio de non lecteurs diminue un tant soit peu sur la fin de l'année, je me dis que j'ai quand même réussi un petit truc. Dita trouvera peut-être mes méthodes putassières, mais d'un autre côté, je ne touche pas de pourcentages sur les ventes, c'est juste pour le plaisir, alors je me fiche de la morale Very Happy

En ayant dit tout ça, il est clair qu'on sortirait beaucoup moins les rames si les élèves avaient un peu plus de culture et de vocabulaire, que je me retrouve d'année en année à devoir expliquer des trucs de plus en plus sidérants, et qu'il est effectivement bien difficile pour un petit cinquième de se farcir un Molière quand on n'a jamais ouvert un Comtesse de Ségur avant :|

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Stered
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par Stered Jeu 03 Jan 2019, 20:53
Sans doute est-il bien tard au lycée, mais je rejoins Elyas pour le collège (et pourtant je ne suis pas dans un bahut facile... En plus, chez nous, c'est aux familles d'acheter les livres donc ça pose un obstacle supplémentaire...) : quand j'ai montré en début d'année à mes élèves l'édition des Misérables que je voulais étudier avec eux, vous imaginez le chœur des pleureuses (quoi ? Plus de 300 pages ? Mort et désolation !).
Et bien plus tard, j'ai juste lu le début avec eux (le passage avec Monseigneur Myriel n'est pas le plus accessible...) et le passage des chandeliers, avec un extrait du film avec Gabin. Ça les a accroché, vraiment.
L'un d'entre eux a en plus parlé de Cosette, donc ils voulaient savoir. Et pourtant ce ne sont pas des foudres de guerre.

De plus, parallèlement, j'ai tenté ce dont un membre avait parlé (Mutis ? Serge ?) : le projet "lecteurs de grand chemin", avec possibilité de rendre des devoirs maison en nombre illimité sur des lectures cursives choisies dans la bibliothèque de classe ou au CDI. Et bien, échec cuisant, sauf avec 5 élèves de 6e (la tête de classe...). S'ils doivent prendre un livre eux-mêmes, c'est contraints et forcés. Lire, seul, choisir ce qu'on veut, ça les noie, ça les inquiète... Il faut que je revois la méthode. Ils ont bien peur de lire.

Alors je ne trouve pas putaclic de leur en donner envie : il y a bien des moyens différents et pas forcément chronophages... Et quand bien même ça le serait ? Si cela plaît à la collège citée par Elyas d'y consacrer du temps ?
Bon, après, pour les récalcitrants, là, le zéro ne me pose pas de cas de conscience. Dommage pour eux...

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Verdurette
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par Verdurette Jeu 03 Jan 2019, 21:04
Ce n'est pas un hasard si j'ai lancé le fil alors que je suis PE. Boimare dit bien que l'idéal est de le faire dès la maternelle (avec les textes adaptés évidemment), parce que dès que l'enfant ne s'empêchera plus de penser il va pouvoir faire des maths, de la grammaire, etc ... et aura peut-être davantage envie de lie en arrivant au collège.
maikreeeesse
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Grand sage

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par maikreeeesse Jeu 03 Jan 2019, 21:12
J'ai profité d'une animation pédagogique pour le cycle 2 il y a 3 ans. Les formateurs insistaient sur l'importance de résumer l'histoire avant de la lire, de la contextualiser . J'étais extrêmement sceptique, je pensais que cela allait déflorer (spoiler ? je ne trouve pas le mot adéquat ce soir, veuillez m'excuser...) l'histoire et couper court à leur curiosité mais  en fait cela fonctionne et aide certains élèves faibles à comprendre ! C'est frappant. Tout comme choisir une histoire avec des héros récurrents (type feuilleton d’hermès).
Elaïna
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par Elaïna Jeu 03 Jan 2019, 21:22
Alors ça par exemple ça marche bien pour moi. Je préfère savoir la fin avant de commencer un bouquin (même un policier) parce que sinon je suis obnubilée par le dénouement, justement... du coup je lis trop vite et je ne prends pas le temps de profiter.
Du coup ça ne m'étonne pas que pour les élèves en difficulté ça permette d'appréhender avec plus de sérénité les oeuvres.

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Une passante
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par Une passante Jeu 03 Jan 2019, 21:44
Rabelais a écrit:Je crois que tu soulèves un lièvre, Elaina.
Je lis ce fil extrêmement intéressant et fourni depuis le début et suis assez d’accord avec la page 1 et la nécessité de renoncer à la vulgarisation langagière et de plutôt baigner les jeunes enfants dans une littérature classique, des contes, des fables, pour construire une compréhension plus aisée. Ça permettra de revenir à un niveau d’expression et de lecture  il y a longtemps disparu.
Pour revenir à ma première phrase, je lis donc ce fil et m’etonne que le constat ne soit pas fait qu’il existe, et depuis le début des âges, des différences intellectuelles entre les personnes.
Et que ce n’est pas une unité de valeur, ni de prédiction de la valeur ( humaine, professionnelle).
Quand on acceptera ce fait, on arrêtera peut-être de massifier le lycée et le supérieur : non, tous ne sont pas capables intellectuellement  de suivre un cursus de lycéen et de L3. Point final.
Est-ce mal ? Non.
Tu pourras établir la.meilleure pédagogie possible, créer la.meilleure motivation possible, prendre l’eleve en main dès la ps, lui faire dépasser ses limites , il en restera pas moins que ces limites existent et que, si je comprends bien la nécessité  d’essayer de donner sa chance à chacun et d’essayer de passer sur les prédispositions sociales et de permettre à des gamins qui n’auraient jamais eu cette chance d’exprimer leur potentiel , je crois que le système s’est dévoyé et qu’on fait autant de mal à présent à ceux qui ne peuvent pas, qu’on en a fait avant la massification à ceux dont on ne voulait pas entendre parler.
Certains élèves ont des limites intellectuelles , non, ce ne sont pas des fainéants , mais oui, pour eux, lire un lîvre en entier, comprendre une notion, demande des efforts qu’on n’imagine même pas , des efforts qu’il est plus facile de cacher derrière un comportement jm’en Foutiste.
Ils n.ont rien à faire au lycée, le collège a déjà été une souffrance et ça, ce rien qu’on leur propose sous prétexte de charité sociale, ça m’horripile.
Pas une chance, on ne leur laisse pas une chance.


Je suis totalement d'accord avec Rabelais. Tout le monde n'a pas les mêmes aptitudes intellectuelles, et pourtant cette vérité semble choquer alors que lorsqu'on parle de sport, cela ne surprend personne que tout le monde n'ait pas les capacités pour devenir champion olympique.
Le but de l'école doit être d'amener chacun à son maximum, que tous puissent exploiter pleinement leur potentiel, et atteindre ses limites n'a rien de honteux. Tout le monde a des aptitudes pour un domaine, il suffit de les trouver.
Chaque année, je vois en seconde arriver des élèves très laborieux, qui atteignent péniblement la moyenne grâce à un travail phénoménal. Ce sont souvent des filles d'ailleurs (sans sexisme aucun, c'est une constatation), qui travaillent des heures et des heures, vont passer un temps fou à respecter des contraintes formelles, à apprendre par cœur, mais qui produiront un travail qui n'a pas de sens, car elles ne comprennent ni ce qu'elles apprennent, ni ce qu'elles lisent.
A chaque fois, je suis furieuse contre l'équipe de troisième qui nous les envoie (cette année, l'une de ces élèves a été la seule à ne pas avoir satisfaisant aux tests de positionnement, le principal du collège l'a identifiée avant même qu'on la nomme, et pourtant sur son bulletin était écrit "très favorable" à son passage en seconde générale...).
Elle est travailleuse, consciencieuse, et s'épanouirait certainement dans une filière où on attendrait cette rigueur mais avec moins de réflexion, d'abstraction. Elle souffre, et on ne peut malheureusement pas faire grand chose pour l'aider.
Une autre s'était mise à tricher pour tenter d'avoir de meilleurs résultats, elle aura laborieusement son bac général, mais ensuite ?...

Sinon, Maikreeesse, j'aime bien le néologisme québécois "divulgacher" Wink
Ponocrates
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par Ponocrates Jeu 03 Jan 2019, 22:28
Je suis bien d'accord sur le fait que si 100 c'est le qi moyen, inévitablement il y en a en dessous et au dessus. Mais comment déterminer si, en effet, l'élève est limité dans sa compréhension en raison de facteurs endogènes élargis - adn, milieu foetal et prime enfance- ou des facteurs exogènes -milieu social et éducation, parce qu'à ce moment-là nous avons un rôle à jouer - à notre petit niveau je le précise et avec le peu de moyens que l'on nous fournit ? Nous ne sommes pas des psychologues, nous ne sommes, à aucun moment de notre cursus universitaire ou dans le cadre de la formation continue sensibilisés, formés, outillés pour pouvoir je ne dirai pas résoudre, mais seulement formuler ce problème. Et que l'on ne vienne pas me parler du fait que nous devons nous former tout au long de la vie par nous-mêmes en bons cadres.C'est une question beaucoup trop sérieuse pour être laissée à la seule bonne volonté des enseignants auxquels on donne un nombre de classes - et donc d'élèves- toujours plus grand, toujours plus de paperasse et de projets, toujours plus de différenciation et d'orientation.
Ne vous méprenez pas, je lis ce fil avec beaucoup d'intérêt, je lirai probablement le livre et remercie Verdurette et Elyas mais il est scandaleux que l'on nous laisse tout seuls pour gérer "l'hétérogénéité des publics" cache-sexe commode d'une société et d'une école à deux vitesses. Comment se fait-il que ne nous soient pas, non pas recommandés, mais seulement signalés des livres vraiment utiles comme celui-là ?
Et question subsidiaire: à l'heure actuelle, dans une France largement désindustrialisée, à l'agriculture mécanisée, où pour le moindre job on réclame le bac - et on ne dira jamais assez l'escroquerie que constitue la massification du lycée avec la fuite en avant de la distribution du bac qui laisse quand même bon an mal un jeune sur cinq sur le bord de la route - et pas nécessairement les moins capables d'abstraction- on en fait quoi des moins futés ? des moins armés dans un pays de "services" ? C'est sûr que ce n'est pas à nous, en tant que corps de métier de répondre, mais à titre personnel je trouve criminel ce gâchis humain.
C'était mon quart d'heure hs on. Désolée pour le hors-sujet et n'hésitez pas à supprimer ou déplacer.

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par Jenny Jeu 03 Jan 2019, 22:30
Elyas a écrit:Merci pour le Magellan de Zweig. Je vais le lire pour voir si ça peut passer en 5e (je vais en discuter avec ma collège de lettres). On peut se gausser mais de mon point de vue, on se doit de confronter les élèves à la difficulté sinon ça ne sert à rien. Si ça ne passe pas selon ma collège, j'ai trouvé un livre jeunesse sur Magellan mais je préfère le lire avant pour le sélectionner.

De rien, ça fait quelques années que je l'ai lu. De mémoire, c'est plutôt pour des lycéens mais à voir.


mafalda16 a écrit:
dita a écrit:Mais ils ne lisent pas tous les livres demandés, et ont des zéros. Est-ce contrariant ? Pour eux, non. Pourquoi cela le serait-il pour le prof ( en l'occurrence, pour moi ?)

Avec ce genre de raisonnement plus aucune réflexion pédagogique ou didactique n'a de sens. Hop, arrêtons tous et tout de suite d'essayer de trouver des stratégies pour faire travailler et progresser nos élèves. C'est sûr que vu comme ça le métier doit être plus simple, mais terriblement inintéressant.

Serge Boimare : comment aider les élèves "empêchés de penser" - Page 4 2252222100
Ce serait dommage d'inciter des élèves à lire...
F.Lemoine
F.Lemoine
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Serge Boimare : comment aider les élèves "empêchés de penser" - Page 4 Empty Re: Serge Boimare : comment aider les élèves "empêchés de penser"

par F.Lemoine Ven 04 Jan 2019, 00:19
Je vais vous écrire absolument inintéressant, et impensable il y a deux ans : je suis d'accord avec Elyas.

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par roxanne Ven 04 Jan 2019, 08:53
Rabelais a écrit:Je crois que tu soulèves un lièvre, Elaina.
Je lis ce fil extrêmement intéressant et fourni depuis le début et suis assez d’accord avec la page 1 et la nécessité de renoncer à la vulgarisation langagière et de plutôt baigner les jeunes enfants dans une littérature classique, des contes, des fables, pour construire une compréhension plus aisée. Ça permettra de revenir à un niveau d’expression et de lecture  il y a longtemps disparu.
Pour revenir à ma première phrase, je lis donc ce fil et m’etonne que le constat ne soit pas fait qu’il existe, et depuis le début des âges, des différences intellectuelles entre les personnes.
Et que ce n’est pas une unité de valeur, ni de prédiction de la valeur ( humaine, professionnelle).
Quand on acceptera ce fait, on arrêtera peut-être de massifier le lycée et le supérieur : non, tous ne sont pas capables intellectuellement  de suivre un cursus de lycéen et de L3. Point final.
Est-ce mal ? Non.
Tu pourras établir la.meilleure pédagogie possible, créer la.meilleure motivation possible, prendre l’eleve en main dès la ps, lui faire dépasser ses limites , il en restera pas moins que ces limites existent et que, si je comprends bien la nécessité  d’essayer de donner sa chance à chacun et d’essayer de passer sur les prédispositions sociales et de permettre à des gamins qui n’auraient jamais eu cette chance d’exprimer leur potentiel , je crois que le système s’est dévoyé et qu’on fait autant de mal à présent à ceux qui ne peuvent pas, qu’on en a fait avant la massification à ceux dont on ne voulait pas entendre parler.
Certains élèves ont des limites intellectuelles , non, ce ne sont pas des fainéants , mais oui, pour eux, lire un lîvre en entier, comprendre une notion, demande des efforts qu’on n’imagine même pas , des efforts qu’il est plus facile de cacher derrière un comportement jm’en Foutiste.
Ils n.ont rien à faire au lycée, le collège a déjà été une souffrance et ça, ce rien qu’on leur propose sous prétexte de charité sociale, ça m’horripile.
Pas une chance, on ne leur laisse pas une chance.

C'est marrant, j'ai lu ton post et juste après, je suis tombée en rageant des papiers sur un relevé de notes de premier trimestre de la dernière classe de 6e que j'ai eue il y a 4 ans. Or, il y avait dans cette classe deux élèves que j'ai cette année en seconde. Pas de surprise : un avait 17.5 en 6e et a 15 en seconde, l'autre démarrait péniblement à 8.5 et se retrouve à 6. Mais ils sont là tous les deux au lycée. Avant les vacances, j'ai diffusé le début de Britannicus (d'accord ce n'est pas les Tuche), le "bon" s'est frotté les mains tout content et l'autre s'est affalé sur la table en déclarant "c'est pas intéressant".

Spoiler:
Je ne déduis rien de général mais évidemment pourquoi avoir laissé un gamin déjà en difficulté en 6e et pas intéressé par la chose scolaire aller jusqu'en seconde? Et maintenant qu'il y est, on en fait quoi? D'autant plus qu'il est dans une bonne classe où ça bosse dans l'ensemble.
Verdurette
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Serge Boimare : comment aider les élèves "empêchés de penser" - Page 4 Empty Re: Serge Boimare : comment aider les élèves "empêchés de penser"

par Verdurette Ven 04 Jan 2019, 08:57
J'ai entendu récemment, au JT,  pleurer dans les chaumières de l'emploi : il y a actuellement (et c'est juste un exemple parmi d'autres) une demande phénoménale pour des chaudronniers, et pour les métiers des travaux publics; des métiers où un débutant est mieux payé que nous, et où on ne trouve ... personne. Le dossier avait clairement pour objectif de faire de la pub pour ces filières.

La grande question c'est : pourquoi un jeune a t-il l'impression de déchoir en allant dans ces filières, et préfère aller décrocher un bac au ras des pâquerettes et moisir dans une filière bouchée en fac ?  Je pense réellement que l'EN est responsable de cet état de fait, il y a une discordance entre le discours officiel  "mieux vaut aller réussir dans une filière pro que végéter dans une filière générale" et la certitude tue et pourtant assourdissante : "mais la vraie réussite, c'est la filière S, les autres c'est pour les nullards". Le collège pour tous, le lycée pour tous, et maintenant l'université pour tous, c'est certainement la supercherie la plus destructrice socialement  de la loi Haby. Je comprends que ça ait fabriqué de la haine. Et je ne sais pas comment on peut inverser la vapeur.

Pour revenir au sujet, comme dit plus haut, je ne crois pas aux "miracles" pédagogiques, mais si la méthode permet, non pas à tous d'accéder aux hautes sphères, mais a minima, de donner aux 15% qui n'arrivent même pas à acquérir les savoirs de base la possibilité d'y accéder, et donc de bâtir un vrai projet autrement que sur du sable, c'est déjà pas mal.

Globalement, oui, la  réussite scolaire est corrélée au niveau socio-culturel des familles. Mais je connais au moins deux exemples d'enfants nés dans des familles très modestes, et qui ont montré dès la maternelle  des aptitudes et des connaissances véritablement exceptionnelles acquises sans aucune pression ni bourrage de crâne. Et inversement ... (Chagrin d'école de Daniel Pennac est un livre merveilleux, je trouve).
Le plus difficile, pour les parents comme pour les profs, c'est de parvenir à une vision réellement objective de l'enfant/élève, sans a priori négatif ni déni.


Dernière édition par Verdurette le Ven 04 Jan 2019, 08:59, édité 1 fois (Raison : Non, je n'ai rien bu à part du café ce matin, mais c'est festival de fautes de frappe.)
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par tchanq' Ven 04 Jan 2019, 09:03
Stered a écrit:... (En plus, chez nous, c'est aux familles d'acheter les livres donc ça pose un obstacle supplémentaire...)

C'est un truc qui me met hors de moi !
Dans le lycée où je suis (mais ailleurs sans doute aussi) que des gamins qui ont un téléphone avec une pomme dessus et des chaussures à 300€  viennent chouiner qu'un livre est cher à l'achat !
Punaise quand je vois que les profs de lettres de mes gamins font parfois un mot d'excuse parce qu'il va y en avoir pour 20 € de bouquins à l'année. Je m'insurge ! La littérature ne doit pas être vue sous son prix (dérisoire qui plus est) mais pour ce qu'elle apporte dans la construction d'un individu.

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par Verdurette Ven 04 Jan 2019, 09:08
C'est vrai dès l'école primaire ... je n'en achète pas mais une collègue m'avait dit qu'une pochette de cartes pokemon coûtait le même prix qu'un livre de poche. Les parents les gavaient des premières mais râlaient pour les bouquins.
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par Elaïna Ven 04 Jan 2019, 09:48
Roxanne, même constat avec toi.
Il y a deux ans, j'ai eu une gamine en seconde, toute gentille mais vraiment en difficulté (ses copies était à peu près du niveau de réflexion d'un 6e). A la fin de l'année, le père est venu tenter de me menacer de faire appel à "ses soutiens politiques" pour forcer le passage en ES. Finalement, la gamine a redoublé. Elle est maintenant en terminale ES parce que bon comme elle est gentille on va se la garder jusqu'au bout, on ne va quand même pas lui imposer de passer la Seine pour aller en face faire une STMG ou une voie pro. Sa 2e seconde était à peu près correcte (forcément, en refaisant les mêmes trucs, et puis ayant une maman espagnole elle gagnait des points en LV, ainsi qu'en EPS où elle se débrouillait). Sa 1e a été ras les pâquerettes. Sa terminale est dans les fraises. Partout sur ses bulletins il est écrit qu'elle ne maîtrise pas les bases, ni la méthode, ni les connaissances. Parcoursup va être rude pour elle et son père en est parfaitement responsable.

Là j'en ai une autre qui redouble sa seconde et là aussi ses parents ne veulent pas entendre parler de voie pro. Elle, elle veut faire un truc pro dans le secteur de la petite enfance. Elle s'ennuie à cent sous de l'heure, même si elle essaie de bien faire (c'est une gentille adorable). A la fin de l'année, ça fera deux ans qu'elle a des résultats lamentables, bonjour l'ego pour elle...

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par Elyas Ven 04 Jan 2019, 10:02
Au sujet du fait que tous les élèves n'ont pas les mêmes capacités intellectuelles, il faut prendre garde à cette remarque apparemment de "bon sens". Cet argument a toujours été utilisé pour justifier les inégalités sociales et scolaires en défaveur des classes populaires. Il faut le manier avec prudence d'autant plus que les familles très aisées parviennent quasi-toujours à éviter les orientations considérées comme pour les populos.

Ensuite, pour Verdurette, il y a toujours des exceptions dans les parcours scolaires malgré les inégalités. Or, on ne fait pas de règles générales à partir des exceptions. Les exceptions sont toujours mises en avant pour justifier que si les enfants des classes populaires ne réussissent pas, c'est parce qu'ils sont stupides, feignants, violents, a-scolaire, mieux dans les métiers manuels (pas les très bons métiers manuels, on s'entend bien sur ce point, il y a des métiers manuels réservés aux classes aisées) ou qui souffrent du handicap socio-culturel (un concept qui pue la haine des pauvres et justifie la politique de désengagement de l'Etat). Et là, on montre les gamins des classes populaires qui réussissent en disant "Vous voyez bien que quand on veut, on peut !"
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par Elaïna Ven 04 Jan 2019, 10:19
Je suis bien d'accord Elyas, mais "chez moi" le discours selon lequel on n'a pas tous les mêmes dispositions (je préfère ce mot à "capacités intellectuelles", d'ailleurs, car la réussite à l'école repose sur d'autres ressorts que le QI selon moi) pour réussir au lycée général ne passe absolument pas, alors que le problème des "pauvres" se pose assez peu, y'en a pas vraiment en fait. Quand j'explique que Bidulette ne suivra pas en ES et que son père me hurle dessus "mais vous savez qui je suis ?" (NDLR : je réponds "bah, à part le papa de Bidulette, non, en fait"), ça ne peut pas être par haine des pauvres.


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