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roxanne
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français - Des profs de français entre désespoir et colère - Page 13 Empty Re: Des profs de français entre désespoir et colère

par roxanne Sam 4 Déc 2021 - 13:05
Certifiée j'ai 5 classes depuis 3 ans . Bon cette année, j'ai 3 BTS avec les avantages ( pondération, stages, fin d'année en mai..) et les inconvénients ( convocations écrites et orales maintenant et surtout ...la gestion de classe .. français - Des profs de français entre désespoir et colère - Page 13 992729132 ). Alors, j'aime bien prendre une STI ce qui diminue le nombre d'heures, mais chez nous deux secondes et deux 1G ça "suffit" pour un certifié (avec même des HSA) puisqu'il y a AP et dédoublements.
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par Tivinou Sam 4 Déc 2021 - 13:13
Tout dépend de la taille du lycée et des contraintes de services (temps partiels, spécialités "rares", latin...)
Chez nous c'est très difficile de ne pas multiplier les niveaux quand on est à temps plein. Et c'est clairement usant.
roxanne
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par roxanne Sam 4 Déc 2021 - 13:16
Après moi j'aime bien.
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par Bartlebooth Sam 4 Déc 2021 - 13:21
J’ai fait huit ans de collège (zep) avant de passer au lycée.  J’ai fait un burn out, je me suis accrochée en me disant  que les choses allaient s’arranger, j’ai eu l’agreg (sans congé  de formation, en bossant 20 heures par semaine sur plusieurs niveaux: je m’épate encore moi-même en y repensant) en croyant que ça  allait me changer la vie, mais ça  me permet juste de souffrir un peu moins. Et en plus il faut supporter le lynchage par la direction et l’inspection...
Je n’ai pas du tout envie de retourner au collège,  parce que j’ai déjà beaucoup donné et vu le pire de ce côté là.  On m’a conseillé de tenter la prépa mais je n’ai pas envie de préparer tous les ans un programme colossal imposé (pour les scientifiques, c’est le seul poste accessible pour moi). J’ai désormais beaucoup de mal à me projeter. Je refuse maintenant d’être pp, j’ai renoncé au CA et à toutes les commissions qui vont avec.
Ce qui m’inquiète,  c’est de me découvrir  une sorte d’aigreur à l’égard des collègues moins exploités que nous: je me surveille pour ne pas tomber dans ce piège-là. Mais c’est vrai que si je suis favorable à l’action syndicale, je suis dépitée de voir qu’il n’est que trop rarement question des spécificités de chaque discipline.
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par Tivinou Sam 4 Déc 2021 - 13:22
En BTS nous avons maintenant des étudiants en alternance. Nous perdons donc le bénéfice des stages. Et j'en ai marre de la multiplication des convocations en juin et juillet.
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par Bartlebooth Sam 4 Déc 2021 - 13:25
Et puis mes collègues de BTS font aussi avec un public de plus en plus difficile. De ce point de vue toutes les filières ne se valent pas...
Une passante
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par Une passante Sam 4 Déc 2021 - 13:32
Bartlebooth a écrit:J’ai fait huit ans de collège (zep) avant de passer au lycée.  J’ai fait un burn out, je me suis accrochée en me disant  que les choses allaient s’arranger, j’ai eu l’agreg (sans congé  de formation, en bossant 20 heures par semaine sur plusieurs niveaux: je m’épate encore moi-même en y repensant) en croyant que ça  allait me changer la vie, mais ça  me permet juste de souffrir un peu moins. Et en plus il faut supporter le lynchage par la direction et l’inspection...
Je n’ai pas du tout envie de retourner au collège,  parce que j’ai déjà beaucoup donné et vu le pire de ce côté là.  On m’a conseillé de tenter la prépa mais je n’ai pas envie de préparer tous les ans un programme colossal imposé (pour les scientifiques, c’est le seul poste accessible pour moi). J’ai désormais beaucoup de mal à me projeter. Je refuse maintenant d’être pp, j’ai renoncé au CA et à toutes les commissions qui vont avec.
Ce qui m’inquiète,  c’est de me découvrir  une sorte d’aigreur à l’égard des collègues moins exploités que nous: je me surveille pour ne pas tomber dans ce piège-là. Mais c’est vrai que si je suis favorable à l’action syndicale, je suis dépitée de voir qu’il n’est que trop rarement question des spécificités de chaque discipline.

Je partage cette tendance, même si j'essaie aussi de lutter contre cela. Le seul avantage que je vois, c'est que nous avons le droit au paiement des copies du bac, (avec nos collègues de philosophie). Ce qui fait un petit "bonus" bienvenu.
J'entends et reprends de plus en plus cette expression : nous sommes devenus les forçats de l'EN... c'est peut-être exagéré, mais cela traduit si bien cette impression de travail pesant, sans fin, avec un côté Sysiphe...
Et l'an passé, quand on nous a imposé de surveiller les épreuves du bac alors que nous étions de corrections, j'ai bien cru que j'allais craquer (d'ailleurs, mon corps a craqué au moment des oraux...).
Sans oublier le premier confinement, durant lequel nous avons été la seule discipline pour laquelle l'épreuve a été maintenue jusqu'à très tardivement, nous obligeant à travailler sans répit, sous une pression infâme.
Bref, je n'ai jamais enseigné au collège (ce que je considérais jusqu'à présent comme une chance), mais je me dis qu'en fait, c'est l'idéal : pas de cours jusqu'à 18 heures, moins de temps de corrections (ou différemment : plus de "petits" paquets)/ préparation (mais plus de fatigue liée à la gestion de classe).
Si on veut parvenir à se dégager du temps, il me semble que c'est plus facile au collège qu'au lycée (où nous sommes sous la pression permanente de la perspective du bac).
Mais, j'ai bien conscience aussi qu'on ne connaît vraiment un métier qu'en l'exerçant, mes a prioris sont peut-être faux (bien que vous ayez ici tendance à les confirmer...)
gregforever
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par gregforever Sam 4 Déc 2021 - 13:37
Chez nous 2 secondes + 2 premières = pas 18h... donc obligé de compléter le service; on aime bien les BTS pour les pondés et moins de DS mais pas pour les examens en + les visites de stagiaires et certaines sections devenues vraiment pénibles (sans parler du niveau avec les quotas de bacs pros mais c'ets un autre sujet...).
Bartlebooth
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par Bartlebooth Sam 4 Déc 2021 - 13:39
Ma dernière année au collège,  je ne bossais ni le soir (j’arrêtais à 19h00) ni le week-end,  ou presque.  Les conseils de classe ne duraient jamais au-delà de 20h00, il y avait beaucoup moins de pression.  Mais je m’ennuyant en cours et je vivais très mal les rapports conflictuels avec les élèves.  C’est vrai que c’était un établissement particulièrement mal géré...
Tivinou
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par Tivinou Sam 4 Déc 2021 - 13:43
Comme vous, je lutte contre l'aigreur.
C'est inquiétant tout de même de percevoir et de vivre notre métier de cette façon.humhum
Lefteris
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par Lefteris Sam 4 Déc 2021 - 14:24
Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:J'ai bien joué. J'ai quitté le collège avant la rentrée 2016, j'ai quitté le lycée avant la rentrée 2019. Je suis très bien dans mon collège. Mais je me doute que dans l'obscurité des bureaux de Grenelle se concocte une nouvelle réforme, bien nauséabonde, bien indigeste, avec tout ce qu'il faut dedans pour nous abattre.
Il est quasiment certain que ça va arriver. Juste une question de dates.

MUTIS a écrit:
Un bon collège, c'est vraiment sympa ! Et on peut vivre, lire sans passer le bac tous les ans.
Même un mauvais, en suis-je à me dire. L'avantage d'avoir fait autre chose avant, c'est qu'on ne lie pas la satisfaction intellectuelle ou autre à son métier. Pour pasticher Montaigne, "mon travail et moi sommes bien deux". Je ne lis pas plus qu'avant, je fais moins de langues anciennes, mais malgré ça j'en fais plus que certains collègues de lycée qui ne peuvent souffler entre deux injonctions débiles.

maldoror1 a écrit:Après dix ans de collège, j'enseigne au lycée et j'adore ça, mais en effet la charge de travail est ahurissante. Seul le temps partiel me permet de tenir : j'ai trois classes chaque année, et je suis au maximum de mes capacités !
Est-ce bien normal ? Faire baisser son niveau de vie, de pension , pour pouvoir bosser plus ? Normalement, c'est l'inverse dans la vie. On bosse plus pour améliorer le reste.

Une passante a écrit:Bref, je n'ai jamais enseigné au collège (ce que je considérais jusqu'à présent comme une chance), mais je me dis qu'en fait, c'est l'idéal : pas de cours jusqu'à 18 heures, moins de temps de corrections (ou différemment : plus de "petits" paquets)/ préparation (mais plus de fatigue liée à la gestion de classe).
Si on veut parvenir à se dégager du temps, il me semble que c'est plus facile au collège qu'au lycée (où nous sommes sous la pression permanente de la perspective du bac).
Mais, j'ai bien conscience aussi qu'on ne connaît vraiment un métier qu'en l'exerçant, mes a prioris sont peut-être faux (bien que vous ayez ici tendance à les confirmer...)
Oui pour le temps libre, à condition de savoir se le donner, car les sollicitations sont infinies aussi. Quand on maîtrise sa discipline, le travail est bien moindre, on a un stock  largement suffisan t  en tête. Ceci dit  deux bémols : au début il te faut préparer quand même beaucoup, car ce ne sont pas forcément les oeuvres que tu as en tête et dont tu as l'habitude. J'ai passé ma vie au boulot fut un temps pour assimiler les programmes, les oeuvres, préparer quatre niveaux rien qu'en français (parce qu'on ma gâté au début). En plus je ne savais pas où fixer la limite : j'ai accepté d'être PP, des projets... Evidemment, je sais aussi mieux gérer l'extra-pro maintenant  Very Happy
Ensuite, la fatigue physique :  j'ai été très peu en lycée, je suis en collège depuis que j'ai un poste fixe, mais une heure de cours en collège peut être éprouvante, et  il faut accepter le conflit permanent pour tout (travail, silence, tenue, propreté...) , et ça dégénère parfois pour une broutille. Elève qui retourne la table parce que tu les regardes trop en attendant le silence, élève qui sort en claquant la porte parce que tu l'as fait changer de place, insultes,  etc. Je peux t'en faire un inventaire à la Prévert. Je sors souvent très fatigué. J'évalue toutes les classes toutes les semaines pour maintenir le rythme , ne pas céder à "l'esprit REP" et me regarder dans la glace, mais le travail direct (évaluation/correction) ne dépasse plus une dizaine d'heures. En revanche, je lis beaucoup plus, je me perfectionne, j'apprends même des choses nouvelles.

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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)

Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.

Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
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par maldoror1 Sam 4 Déc 2021 - 14:45
@Lefteris : non, ce n'est évidemment pas normal... Mais c'est tout ce que j'ai trouvé pour préserver ma santé, ma vie personnelle, et tutti quanti.

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par pseudo-intello Sam 4 Déc 2021 - 14:51
Je n'ai effectué que mon stage en lycée, et je ne veux pas y retourner. Alors que je n'avais "que" 29 élèves, dont plusieurs brillants et dotés de sens de l'humour. J'ai eu un peu de mal à les cadrer parce que je débutais, mais ça allait, et avec quelques élèves qui avaient de la culture et du répondant, je pouvais faire des cours un peu stimulants.

J'exerce dans un collège qui n'est ni le plus facile, ni le plus difficile, et mon temps partiel n'est pas un de ceux qui permettent de "tenir le coup", mais de mieux profiter de ma famille.

Mon travail n'est plus intéressant. Disons qu'avec le temps, j'ai appris à me contenter de peu : des petits progrès (même si je les sais temporaires, car les connaissances se fixent très mal dans l'esprit des élèves), la portion d'heures de cours qui n'est pas éprouvante (classe silencieuse et de plutôt bon esprit), petite victoire quand une classe qui m'en faisait sérieusement baver en septembre devient vivable.... je ne suis plus PP, ne prends presque aucun projet, et les quelques uns que j'accepte ne sont pas chronophages. Je conserve le CA, car d'expérience, c'est pire de ne pas y être (ou de ne pas y avoir de relais fiable) ; en effet, des décisions bien nazes peuvent y être prises, et des discours odieux y être tenus. Donc nous y sommes, même si c'est vrai que c'est ingrat. Heureusement, nous sommes assez soudés pour avoir une liste bien complète, avec un vivier de suppléants, auxquels nous pouvons déléguer des conseils de discipline, par exemple.

Évidemment, le traitement est frustrant par sa faiblesse, et son impact sur le niveau de vie. La hiérarchie peut être bien casse-pieds, voire très démotivante. Une nomination dans certains collèges me ferait démissionner dans l'instant. Je me verrais d’ailleurs mal changer de collège tout court, étant donné que je ne me verrais plus enseigner au sein d'une équipe moins solidaire que la mienne, et moins frondeuse (c'est à dire toutes celles dont j'ai eu vent aux alentours Very Happy). Étant donné la dégradation continue du métier, je sais que je ferais bien de passer d'autres concours dans quelques années. Pour l'instant, ce qui me retient, c'est le faible nombre d'heures de présence sur site (et les vacances scolaire, mais d'autres ministères ne sont pas beaucopu moins bien lotis que nous).

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par Baldred Sam 4 Déc 2021 - 15:01
Inquiétant de lire vos témoignages sur le lycée. Correcteur du bac pour la première fois, j'ai été très impressionné par ce que sont mes élèves de 3e devenus en deux ans covidés, grâce au boulot de leurs profs.
De là à considérer le collège comme un refuge ( S'il n'y avait pas les élèves nuancent heureusement les plus avertis) c'est un étonnant retournement de situation. Le passage de l'enseignement du collège au lycée a toujours été vécu comme une promotion, un aboutissement non seulement d'une carrière de profs mais de l'enseignement des Lettres. Sur cette dernière frontière veillaient les meilleurs d'entre nous.
Nous, les profs de collège vieillissants en particulier, qui savons peser au gramme près, le poids de la question inévitable lorsque, profs démasqués, nous devons avouer notre niveau d'enseignement, et du regard qui accompagne la réponse.
Un prof de Lettres digne de ce nom exerce en lycée et ne doit rester au collège que le temps d'accomplir sa métamorphose en magnifique papillon digne de butiner le plus fin nectar de la littérature, ou c'est qu'il est nul. Ou qu'il paie d'une baisse de sa charge de travail et d'un confort relatif une dévaluation professionnelle totale.
@une passante nuance heureusement ce propos en posant la bonne question en parlant de métier. Les Lettres en collège et lycée sont en effet deux métiers différents, soumis à des contraintes différentes mais qui empirent dans les deux cas, dans mon collège l'équipe de Lettres, belle et rebelle, et au bord de l'épuisement.
Ces dernières années, la balance semble pencher pour la première fois du côté du collège. Pour de mauvaises raisons à mon avis. Là encore, nous sommes les premières victimes de nos propres représentations de notre métier.
Le paradis est si fermé que l'on peut considérer qu'il n'existe pas.
Le purgatoire du lycée semble bien désespérant au point que l'enfer du collège puisse paraître séduisant, alors que c'est bien connu on s'amuse bien mieux en enfer. :diable: :diable: :diable:
trompettemarine
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par trompettemarine Sam 4 Déc 2021 - 16:22
Deux collègues de lettres en dépression ou burn out en juin (dans deux lycées différents), quasiment toutes les collègues de lettres épuisées et sur les nerfs dans mon ancien établissement... C'est bien devenu l'enfer en lettres en lycée.
La gestion de classe plus facile en lycée est devenue un mythe.
Pour le collège, la situation peut être très différente d'un établissement à l'autre. Mon ancienneté m'a permis d'obtenir un collège plutôt calme et proche de chez moi.
Je suis la deuxième collègue de cet établissement qui a choisi délibérément le retour au collège.
Ces retours surprennent...mais je crains qu'il y en ait d'autres (et peut-être pas seulement en lettres).
Il me reste peut-être 14 ans à faire si tout va bien... Je n'aurais pas tenu dans les conditions actuelles du lycée.
Une de mes nouvelles collègues a 64 ans (dans une autre discipline) et se demande si elle ne va pas faire une année de plus. Je suis tombée des nues !


Dernière édition par trompettemarine le Sam 4 Déc 2021 - 16:55, édité 1 fois
roxanne
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par roxanne Sam 4 Déc 2021 - 16:31
Bon, je dois être une extra terrestre, mais vraiment, je suis tellement mieux au lycée et je suis loin d'être en dépression alors qu'une ou deux années de plus au collège, j'y courais. Et pourtant, le programme je le faisais les yeux fermés.
Illiane
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par Illiane Sam 4 Déc 2021 - 16:46
Chez moi, toutes les classes sans exception sont au ras des pâquerettes en ce qui concerne les horaires à l'exception des premières générales qui ont droit à 1h d'AP. Du coup, j'ai cinq classes, quasiment 170 élèves, et je ne passe pas la moindre semaine sans copies depuis début octobre - j'ai corrigé environ 200 copies pendant les vacances de la Toussaint, depuis environ 230 copies, et je viens d'en récupérer une centaine (et je ne parle que des écrits, pas des oraux que j'ai dû noter : notre projet d'établissement nous oblige à avoir une note d'oral par trimestre, et comme je n'ai absolument pas le temps pendant les cours de faire passer tous les élèves à l'oral, je suis obligée de noter des fichiers audio). Donc je me reconnais très bien dans l'expression des “forçats de l'éducation nationale”, et je suis malheureusement sûre que les gouvernements à venir auront d'autres merveilleuses idées pour nous pourrir la vie...

En tant que TZR, j'ai fait un certain nombre d'établissements et j'ai vraiment l'impression que de plus en plus de collègues prennent des temps partiels, ne serait-ce que pour tenir le coup face à la charge écrasante de travail. J'essaie également de ne pas jalouser les collègues d'autres matières (j'y arrive, hein ^^), mais ce serait (un peu) plus facile sans doute s'il y avait davantage de reconnaissance institutionnelle (cad de tous, administration comme autres collègues) pour le travail que nous fournissons.
gregforever
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Grand sage

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par gregforever Sam 4 Déc 2021 - 16:46
Je serais plus nuancée: j'apprécie d'être au lycée, l'âge des élèves, les programmes me conviennent mieux. Mais je reconnais que j'ai apprécié mes débuts au collège, surtout pour la charge de travail inférieure en préparation et corrections ainsi que les examens en moins à corriger, surveiller etc...Néanmoins force est de constater qu'au lycée les conditions se dégradent (programmes, classes surchargées, réunionite aiguë etc). Et que c'est épuisant, physiquement et moralement et qu'après plus de vingt ans de métier même si on a de la bouteille pour gérer et pas mal de choses toutes faites en place, on n'a plus la même énergie qu'au départ...
lulucastagnette
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par lulucastagnette Sam 4 Déc 2021 - 19:13
A part mon année de stage, j'ai toujours travaillé en collège, je n'ai donc pas possibilité de comparer les deux.
Après 15 ans en collège, je peux dire que je m'y plais. J'ai hésité il y a deux/trois ans à muter en lycée mais je n'avais pas envie de tripler mon temps de trajet...
Je trouve que je travaille beaucoup (les soirs, les WE...), les évaluations sont moins lourdes que des devoirs type bac évidemment mais beaucoup plus nombreuses et les classes sont chargées (quasi toutes à 30 cette année), sans compter tous les élèves en perdition qui n'iront jamais au lycée...
Quand je lis pas de travail le soir et le WE, je me demande comment ça peut être possible...
Bartlebooth
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par Bartlebooth Sam 4 Déc 2021 - 20:11
A l’époque j’avais des classes de 25 max et des dédoublements,  je n’avais que quatre classes. J’avais réussi à me limiter à ne renouveler annuellement qu’une partie de mes cours. Et surtout: j’étais une machine de guerre. En bossant non-stop sur chaque petit moment de libre (pause déjeuner écourtée,  heures de trou bien remplies...) de 8 h à 19h00 tous les jours de la semaine, j’arrivais à m’en sortir la plupart du temps. Évidemment je bossais aussi pendant une partie des vacances.
Lefteris
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par Lefteris Sam 4 Déc 2021 - 21:58
Bartlebooth a écrit:A l’époque j’avais des classes de 25 max et des dédoublements,  je n’avais que quatre classes. J’avais réussi à me limiter à ne renouveler annuellement qu’une partie de mes cours. Et surtout: j’étais une machine de guerre. En bossant non-stop sur chaque petit moment de libre (pause déjeuner écourtée,  heures de trou bien remplies...) de 8 h à 19h00 tous les jours de la semaine, j’arrivais à m’en sortir la plupart du temps. Évidemment je bossais aussi pendant une partie des vacances.
Je viens de lire les messages antérieurs, dont le tien. Outre le fait que je n'avais jamais été formaté comme quelqu'un qui n'a pas connu d'autre système de référence  que l'école, l'agreg m'a beaucoup apporté (comme toi, en externe, et à temps complet, mais 18 h00, j'ai beaucoup gueulé là-dessus d'ailleurs)   : comptable de chaque minute, j' ai passé momentanément par la fenêtre tout ce qui n'était pas immédiatement nécessaire pour faire cours. J'ai même pris des manuels, horreur absolue pour les mirliflores des moquettes de l'IUFM. Toyt en gardant à peu près le même nombre de chapitres et de devoirs. Et qu'ai-je constaté ? Aucun changement, si ce n'est moins de stress de la ménagère,  qui a préparé un gros repas que les invités ne mangent pas.  Ces bonnes habitudes de travail avec un passage à un peu moins d'heures furent vraiment bénéfiques.

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français - Des profs de français entre désespoir et colère - Page 13 Empty Re: Des profs de français entre désespoir et colère

par Sissi d'Autriche Lun 6 Déc 2021 - 10:53
Vous voyez comment écrit ce gamin de 4ème ?

https://i.servimg.com/u/f49/20/34/18/79/20211210.jpg

Voici l'appréciation de sa professeur de français : "C'est un bon trimestre. Les connaissances et les compétences sont bien maîtrisées. Machin participe activement à l'élaboration du cours et se montre très régulier dans les apprentissages. C'est très bien. Il reste à travailler la concentration pour progresser"


La blague. français - Des profs de français entre désespoir et colère - Page 13 4105177660
Leclochard
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par Leclochard Lun 6 Déc 2021 - 11:14
Bartlebooth a écrit:J’ai fait huit ans de collège (zep) avant de passer au lycée.  J’ai fait un burn out, je me suis accrochée en me disant  que les choses allaient s’arranger, j’ai eu l’agreg (sans congé  de formation, en bossant 20 heures par semaine sur plusieurs niveaux: je m’épate encore moi-même en y repensant) en croyant que ça  allait me changer la vie, mais ça  me permet juste de souffrir un peu moins. Et en plus il faut supporter le lynchage par la direction et l’inspection...
Je n’ai pas du tout envie de retourner au collège,  parce que j’ai déjà beaucoup donné et vu le pire de ce côté là.  On m’a conseillé de tenter la prépa mais je n’ai pas envie de préparer tous les ans un programme colossal imposé (pour les scientifiques, c’est le seul poste accessible pour moi). J’ai désormais beaucoup de mal à me projeter. Je refuse maintenant d’être pp, j’ai renoncé au CA et à toutes les commissions qui vont avec.
Ce qui m’inquiète,  c’est de me découvrir  une sorte d’aigreur à l’égard des collègues moins exploités que nous: je me surveille pour ne pas tomber dans ce piège-là. Mais c’est vrai que si je suis favorable à l’action syndicale, je suis dépitée de voir qu’il n’est que trop rarement question des spécificités de chaque discipline.

Le temps libre, on se le donne. Voir la réponse de Lefteris. Je crois que c’est une mauvaise piste d’envier les autres. Les copies sont moins longues en Arts plastiques par exemple  mais plus de bulletins, plus de travaux à noter.. tu as toutes les classes. Perso, quatre ou cinq notes par trimestre et par classe, c’est ma norme aujourd’hui. Personne n’est venu me reprocher d’en donner moins qu’autrefois. Les cours, je les recycle. Je rentabilise au maximum le temps passé au collège afin d’avoir des week-end sans copies et avec un temps de préparation minimal. Je le fais sans scrupule vu la considération que l’institution me porte. Il y a plein de pistes. En tout cas, je déconseille l’aigreur, le ressentiment ou la jalousie. Cela conduit à la dépression ou à l’épuisement pro.

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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
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par Leclochard Lun 6 Déc 2021 - 11:26
Lefteris a écrit:
Bartlebooth a écrit:A l’époque j’avais des classes de 25 max et des dédoublements,  je n’avais que quatre classes. J’avais réussi à me limiter à ne renouveler annuellement qu’une partie de mes cours. Et surtout: j’étais une machine de guerre. En bossant non-stop sur chaque petit moment de libre (pause déjeuner écourtée,  heures de trou bien remplies...) de 8 h à 19h00 tous les jours de la semaine, j’arrivais à m’en sortir la plupart du temps. Évidemment je bossais aussi pendant une partie des vacances.
Je viens de lire les messages antérieurs, dont le tien. Outre le fait que je n'avais jamais été formaté comme quelqu'un qui n'a pas connu d'autre système de référence  que l'école, l'agreg m'a beaucoup apporté (comme toi, en externe, et à temps complet, mais 18 h00, j'ai beaucoup gueulé là-dessus d'ailleurs)   : comptable de chaque minute, j' ai passé momentanément par la fenêtre tout ce qui n'était pas immédiatement nécessaire pour faire cours. J'ai même pris des manuels, horreur absolue pour les mirliflores des moquettes de l'IUFM. Toyt en gardant à peu près le même nombre de chapitres et de devoirs. Et qu'ai-je constaté ? Aucun changement, si ce n'est moins de stress de la ménagère,  qui a préparé un gros repas que les invités ne mangent pas.  Ces bonnes habitudes de travail avec un passage à un peu moins d'heures furent vraiment bénéfiques.

C’est un bon conseil d’utiliser les manuels. J’apprécie de pouvoir me reposer sur eux quand leurs chapitres me semblent bons, bien sûr. Je ne sens pas obligé de renouveler les cours. Si une séquence marche, pourquoi la changer entièrement ?
Une astuce : n’attendez pas le veille des vacances pour faire les interrogations. Et corrigez-les avant.

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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
Baldred
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français - Des profs de français entre désespoir et colère - Page 13 Empty Re: Des profs de français entre désespoir et colère

par Baldred Lun 6 Déc 2021 - 11:36
Sissi d'Autriche a écrit:Vous voyez comment écrit ce gamin de 4ème ?

https://i.servimg.com/u/f49/20/34/18/79/20211210.jpg

Voici l'appréciation de sa professeur de français : "C'est un bon trimestre. Les connaissances et les compétences sont bien maîtrisées. Machin participe activement à l'élaboration du cours et se montre très régulier dans les apprentissages. C'est très bien. Il reste à travailler la concentration pour progresser"


La blague.  français - Des profs de français entre désespoir et colère - Page 13 4105177660

Quel est le contexte?
Illiane
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Expert

français - Des profs de français entre désespoir et colère - Page 13 Empty Re: Des profs de français entre désespoir et colère

par Illiane Lun 6 Déc 2021 - 11:51
Je ne sais pas si vous avez reçu la même chose, mais notre IPR vient de nous confirmer que les élèves de première pourraient être interrogés à l'oral du bac sur le programme de première comme de seconde (alors que jusque-là , le recours au programme de seconde était plutôt présenté comme un pis-aller au cas où les points de grammaire de première n'apparaîtraient pas dans le texte). Donc, à moins de compter sur le sérieux des élèves pendant deux ans, cela signifie que nous devrons traiter les deux programmes pendant l'année de première (comme si nous n'avions que cela à faire !)
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