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Taillevent
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L'herbe pro est-elle plus verte hors EN ou y a-t-il beaucoup d'idéalisation de l'ailleurs? - Page 2 Empty Re: L'herbe pro est-elle plus verte hors EN ou y a-t-il beaucoup d'idéalisation de l'ailleurs?

par Taillevent Dim 13 Nov - 14:58
pseudo-intello a écrit:
Taillevent a écrit:
dandelion a écrit:un gros inconvénient demeure que l’on ne peut pas choisir son lieu d’affectation.
Je l'ai déjà évoqué dans d'autres fils mais je reste persuadé que c'est un gros frein au choix de cette carrière et un fréquent motif de la quitter. Je connais les arguments de certains qui jurent que c'est impossible de faire autrement mais je persiste à penser que c'est un aspect qui prive l'enseignement en France d'une partie de son vivier de recrutement potentiel.

Oui, mais :
1) Ce non-choix ne serait-il pas moins gênant si on pouvait enseigner dans des conditions correctes tout en vivant confortablement de son travail dans n'importe quel coin de France ?
2) Le mouvement ne serait-il d'ailleurs pas fluidifié, si on pouvait vivre en RP dans des conditions de travail décentes, en pouvant vivre confortablement de son salaire ? Moi, c'est pas ma came, mais enfin, la proximité de Paris, de ses lieux culturels et compagnie, si ça n'impliquait pas un logement trop petit et un risque de souffrance accrue au travail, ça tenterait un peu plus de monde, et ça permettrait un (léger ?) rééquilibrage des académies dans les demandes de mutations.
Je réponds oui aux deux points, totalement.
Mais je pense que ça ne change rien à la question que je soulevais. Il y a des gens (j'en fais partie) qui ont de solides attaches dans leur coin et qui ne veulent absolument pas le quitter. Pour ceux-ci, les conditions dans lesquelles se passerait le mouvement ne comptent pas, le seul fait qu'il existe est déjà un motif de refus.
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par Enna Dim 13 Nov - 15:09
"on a totalement détruit les démonstrations. Alors que la démonstration est la partie des mathématiques qui me semble la plus importante pour la construction d'un esprit citoyen avec un sens critique aigu. A l'heure où il est de plus en plus difficile de distinguer le vrai du faux. Cela me semble très grave qu'un collégien ne sachent pas faire la différence entre les causes et les conséquences."
Oui, Manu,j' enseigne l'anglais en lycée et j 'abonde dans ton sens car je me bats au quotidien avec lemanque de logique des élèves, la difficulté qu'ils ont svt à construire un plan articulé autour d'idées claires et distinctes qui s'enchaînent ,sans répétitions. Bcp assènent des idées, voir des opinions mais sans justifier. Bref,c'est compliqué . Les jeunes profs qui restent ont du pain sur la planche, il faut vraiment les aider et les reconnaître comme essentiels l'avenir du pays L'herbe pro est-elle plus verte hors EN ou y a-t-il beaucoup d'idéalisation de l'ailleurs? - Page 2 2117000044
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par angelxxx Dim 13 Nov - 15:11
Si je regarde autour de moi, les personnes qui ont fait peu d'études (cap, BTS, ou simplement bac) gagnent plutôt bien leurs vies sans forcément dépasser 35h. (Gardien de la paix qui a pu évoluer au fur et à mesure, pâtissier, boucher, électricien...)
Si je regarde les personnes des études (bac+5 mini), ils gagnent plus de 5000€/mois net, plus d'autres avantages qui doublent le salaires, en télétravail pour certains et avec des horaires de bureau. Très peu de stress d'après eux.

J'ai de la chance, je suis dans une situation avantageuse, mais sans enfant j'irai voir ailleurs sans aucun doute.

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par Leanox Dim 13 Nov - 15:29
Une vraie question me taraude sur ces mutations: dans quelle mesure la gestion des personnels est-elle organisée pour limiter ces mutations et aussi ces postes de profs TZR? Je lis de plus en plus de besoin de transparence sur "comment" les postes sont gérés justement.

Je ne suis pas contre une organisation carrée des personnels comme des ressources tant que cela permet de leur donner les moyens de travailler dans de meilleures conditions et que cela n'ouvre pas d'autres portes (comme les optimiser, surtout dans un contexte où ça ne recrute pas, effectivement à part les faire fuir, pour certains en mode "rage quitting"?)

En tout cas, une évolution serait nécessaire telle que celle sur les salaires finalement, où enfin de la transparence vient de ce simulateur en ligne depuis 1 ou 2 ans sur le site de l'EN (sans quoi avant ce simulateur, le salaire était un loto à un bon 40 euros près par mois d'erreur, sur 10 ans, ça faisait une belle fourchette de variation tout compte fait, en sa faveur ou pas)

Sur le point de la transparence des salaires, il y a eu un sacré point positif à l'EN. Pour la gestion des personnels, à mon sens, savoir comment cela est fait, ça reste un gros point noir, que je n'avais pas mis dans le post initial et rajoute suite à vos retours.


Dernière édition par Leanox le Dim 13 Nov - 15:35, édité 4 fois
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par Aed2022 Dim 13 Nov - 15:29
Bonjour, cela fait longtemps que je n’avais posté mais je profite de ce sujet pour parler de mon ressenti. (Toutes fonctions confondus)

Franchement, l’EN je sais pas. Au rectorat, ils sont bien logés.
En revanche, dans les établissements scolaires je dirais que tout dépend de la direction. On a l’impression d’être utile, mais au final on déchante vite. Les élèves ont peut toujours se rassurer, ce ne sont que des ados.

Les adjoints techniques et les informations, sans eux, impossible d’ouvrir le bâtiment scolaire. Pourtant ce sont les fonctions les plus dévalorisées de l’établissement. Quoique aujourd’hui, même la fonction de professeur me semble dévalorisée.

Je trouve ça hallucinant qu’en tant que professeur stagiaire dans le public vous avez le même salaire que moi (1k4 net) dans un lycée français à l’étranger en tant que AED. Mais de l’autre sans professeur, il n’y aurait pas de métier. Faut vraiment être dévouer pour cette vocation. Et dans le privé, par routine, la direction préfère garder ses anciens qui vont jusqu’à insulter des élèves , faire un tête à tête avec les animateurs.

Pourquoi j’ai accepté le poste d’AE? Égoïstement, par déprime je voulais me sentir utile. Sauf qu’en fait c’est TOUT sauf communiquer avec les élèves, si on ne fait pas d’heures sup’ gratis. Faire la police, secrétaire, psy des parents, guide touristique, téléconseiller. Quelque part, j’envie les adjoints de sécurité. Ils ont une relation privilégié avec les élèves.

Je suis jeune du coup j’ai pas énormément d’expérience, mais entre AED, Stagiaire à l’hôpital, Stagiaire à la mairie , inventoriste dans un grand supermarché, c’est là où je me sens le plus impuissante.
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par pseudo-intello Dim 13 Nov - 15:34
Taillevent a écrit:
pseudo-intello a écrit:
Taillevent a écrit:
dandelion a écrit:un gros inconvénient demeure que l’on ne peut pas choisir son lieu d’affectation.
Je l'ai déjà évoqué dans d'autres fils mais je reste persuadé que c'est un gros frein au choix de cette carrière et un fréquent motif de la quitter. Je connais les arguments de certains qui jurent que c'est impossible de faire autrement mais je persiste à penser que c'est un aspect qui prive l'enseignement en France d'une partie de son vivier de recrutement potentiel.

Oui, mais :
1) Ce non-choix ne serait-il pas moins gênant si on pouvait enseigner dans des conditions correctes tout en vivant confortablement de son travail dans n'importe quel coin de France ?
2) Le mouvement ne serait-il d'ailleurs pas fluidifié, si on pouvait vivre en RP dans des conditions de travail décentes, en pouvant vivre confortablement de son salaire ? Moi, c'est pas ma came, mais enfin, la proximité de Paris, de ses lieux culturels et compagnie, si ça n'impliquait pas un logement trop petit et un risque de souffrance accrue au travail, ça tenterait un peu plus de monde, et ça permettrait un (léger ?) rééquilibrage des académies dans les demandes de mutations.
Je réponds oui aux deux points, totalement.
Mais je pense que ça ne change rien à la question que je soulevais. Il y a des gens (j'en fais partie) qui ont de solides attaches dans leur coin et qui ne veulent absolument pas le quitter. Pour ceux-ci, les conditions dans lesquelles se passerait le mouvement ne comptent pas, le seul fait qu'il existe est déjà un motif de refus.

Fut un temps, ça n'empêchait pas les concours de faire le plein...

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par Lefteris Dim 13 Nov - 15:49
Il ne faut pas idéaliser les autres métiers, j'en viens et j'avais des raisons d'en partir (avant de regretter très rapidement de n'avoir pas lutté pour rester),   mais je crois que  pour ce qui est la fonction publique, le fond du trou, c'est l'EN. Par amour de sa discipline, il faut passer son chemin, on en fait autant à côté. Pour la carrière, c'est un cul-de-sac. Pour le confort du boulot,  il faut oublier, les élèves sont de plus en plus en plus difficiles, le management de plus en plus brutal contre les enseignants, les mesures anxiogènes vont s'accumuler, concernant les horaires, la formation, les congés, les affectations, les promotions. Je l'expliquais à une stagiaire que j'avais acceptée dans quelques cours,  assez récemment, elle m'a demandé combien je gagnais, mon grade, et trouvait ma situation intéressante, et de fait par rapport à elle, elle pouvait le paraître, à poste fixe à proximité. Mais je lui ai expliqué que je représentais un pourcentage tout à fait minime des enseignants (mieux que d'autres  mais déclassé quand même), du fait de la combinaison âge-ancienneté-statut, et qu'il fallait regarder la réalité de ceux qui entrent : formation dure et  inepte, perspective bouchées (je lui ai montré ce que gagnait un certifié de 15-20 ans), dégradation continue du statut qui permet d'envisager le pire très prochainement, des conditions de travail, retraites menacées, et chose plus subjective, je  lui ai décrit  l'ennui professionnel qui pouvait gagner, elle ne se rendait pas compte (je dois être bon acteur) que  c'est une véritable corvée  pour moi, que je préfèrerais faire l'entretien si on me laissait mon salaire. Ces faits objectifs l'ont quand même bien ébranlée.
Ce que je vois, c'est que ceux qui  sont partis (FP ou privé) et que je connais personnellement n'ont pas un regret, même s'ils ne vivent pas dans le coton et sont très lucides. Nous sommes deux enseignants dans ma famille, partageant le même écœurement ( je pourrais même   ajouter les terme "haine")il y en avait dans les générations avant (c'était même une promotion sociale pour certains)  et plus personne, strictement personne, dans les générations qui nous suivent, dans leurs amis,   ne veut faire ce boulot, même en dépannage.
Les étudiants doivent vraiment éviter de se trouver dans la nasse, notamment avec des études bidon les enfermant là-dedans ( MEEF par exemple) . Les très jeunes doivent vraiment se tirer,  sans se précipiter, en préparant la sortie, et s'ils visent la FP en prenant deux ou trois ans. Ils ne perdront pas ce qu'ils ont fait. Après un certain âge, 40, 45 maximum,  c'est plus difficile, on se heurte à un blocage indiciaire parce qu'on arrive en sommet du premier grade. On est aussi très défavorisé pour les rares détachements possibles, qui recherchent des gens pas trop avancés. Souvent aussi il est plus difficile de bouger pour diverses raisons (famille logement...) .

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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)

Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.

Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
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par Taillevent Dim 13 Nov - 16:03
pseudo-intello a écrit:
Taillevent a écrit:
pseudo-intello a écrit:
Taillevent a écrit:
Je l'ai déjà évoqué dans d'autres fils mais je reste persuadé que c'est un gros frein au choix de cette carrière et un fréquent motif de la quitter. Je connais les arguments de certains qui jurent que c'est impossible de faire autrement mais je persiste à penser que c'est un aspect qui prive l'enseignement en France d'une partie de son vivier de recrutement potentiel.

Oui, mais :
1) Ce non-choix ne serait-il pas moins gênant si on pouvait enseigner dans des conditions correctes tout en vivant confortablement de son travail dans n'importe quel coin de France ?
2) Le mouvement ne serait-il d'ailleurs pas fluidifié, si on pouvait vivre en RP dans des conditions de travail décentes, en pouvant vivre confortablement de son salaire ? Moi, c'est pas ma came, mais enfin, la proximité de Paris, de ses lieux culturels et compagnie, si ça n'impliquait pas un logement trop petit et un risque de souffrance accrue au travail, ça tenterait un peu plus de monde, et ça permettrait un (léger ?) rééquilibrage des académies dans les demandes de mutations.
Je réponds oui aux deux points, totalement.
Mais je pense que ça ne change rien à la question que je soulevais. Il y a des gens (j'en fais partie) qui ont de solides attaches dans leur coin et qui ne veulent absolument pas le quitter. Pour ceux-ci, les conditions dans lesquelles se passerait le mouvement ne comptent pas, le seul fait qu'il existe est déjà un motif de refus.

Fut un temps, ça n'empêchait pas les concours de faire le plein...
Bien sûr mais je me permettrai de faire observer que ce temps est apparemment révolu. C'était aussi une époque où cette carrière était mieux perçue, où le salaire permettait de s'en sortir, etc.
Au fond, je ne faisais que relancer @dandelion qui évoquait cet élément parmi ceux jugés négativement dans un poste de l'Éducation nationale, sans jamais prétendre que c'était le seul.
dandelion
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par dandelion Dim 13 Nov - 16:15
Ce qu’il y a c’est que, quand j’ai commencé, on acceptait de souffrir quelques années avec la quasi certitude de pouvoir trouver un poste stable dans un bon établissement à terme. Dans ce sens d’ailleurs on s’engageait un peu comme le voudrait le ministre, avec la promesse d’une relative sécurité au bout d’une dizaine d’années. Pour une personne aimant l’étude, et guère intéressée par le commerce, souhaitant avoir du temps à soi, ce n’était pas le pire des métiers, d’autant que comparé à d’autres professions, le salaire était honnête, surtout pour les agrégés.
Pour les plus brillants, la possibilité de faire une thèse et d’exercer dans le supérieur, ou d’un poste en CPGE, pouvaient aussi faire choisir l’enseignement, une profession encore intellectuelle Mes enseignants de prépa pouvaient lire et aller au théâtre, certains étaient normaliens. Ma fille a un professeur normalien en prépa, mais il est en fin de carrière. Mon mari a eu un normalien ingénieur des mines de Paris en prépa. La fonction conservait un certain prestige et l’avantage d’une liberté certaine.
Mon poste préféré, ça a été mon premier poste fixe, en lycée général. J’aimais corriger les versions, préparer les cours, faire classe à des élèves qui étaient loin d’être tous brillants mais faisaient tous des efforts. Au bout de deux ans, MCS, et j’ai eu l’intuition, jamais démentie depuis, que j’avais mangé mon pain blanc.
Leanox
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par Leanox Dim 13 Nov - 16:40
Intéressant Dandelion, pour ma part suite à une grande première déception, rater, à 7pts lors d'une mutation, mon premier lycée où je m'épanouissais (stimulation intellectuelle ++), j'ai repris mon schéma de grande voyageuse (autrefois à l'étranger) mais que j'ai trouvé très incompatible avec le fait d'avoir un métier (le temps sur la route au-delà de 30 minutes était pour moi perdu ou épuisant, dans les files de voiture, j'avais le ressenti d'être un hamster dans un tonneau, pourquoi donc allais-je travailler pour polluer autant, perdre autant de temps avec des personnes de mauvaise humeur à répéter les mêmes gestes qu'eux et eux que moi? Mad World, Gary Jules, déprime quotidienne le temps que ça a duré, pas longtemps, j'ai écrit au Rectorat, que je refusais ce poste à diplômes égaux, concours parfois mieux réussis). Ensuite second poste fixe, bien étudié grâce à queluqes années de TZR utilisées pour cartographier le territoire et repérer les bons postes (quitte à être bringueballée, que ça serve). Et désormais menace de MCS dans 1 ou 2 ans. Je ne suis pas encore lasse car la MCS n'est pas encore tombée mais je cherche déjà un plan B. Sans enthousiasme. Si je reprenais des études, je pense que je choisirais (j'avais oublié le 's', tant j'hésitais, regret, futur, heureusement que la sphère pro est rééquilibrée par toutes les autres dimensions de la vie) une option d'ingénieure, que je mettrai(s) de l'argent de côté en espérant ne pas travailler pour un gros groupe sans valeurs puis que je ... deviendrais prof (au bout d'un moment). Et oui! Plutôt à la fac, en Grande Ecole. J'ai un profil atypique, j'ai donc besoin de stimulation intellectuelle en plus de l'acte de transmission et de réflexion sur ma pédagogie (avec des étudiants, c'est plus pertinent en général).

Ma famille est mi-fonctionnaire, mi-secteur privé. J'avoue apprécier cette dynamique, en fait, je n'ai jamais envié les personnes du privé que j'ai connues: certains appréciaient leur métier de cadre/ingénieur/chef de projet globalement pour les salaires. Par contre, des frustrations venaient du fait que les horaires restaient trop flexibles et à la discrétion de l'employeur par moment (réunionite certaines années; un management sympa les premières années pouvait épuiser au bout de quelques années certains/ qui changeaient de boîte et ainsi de suite; certains revenaient même dans leur boîte de départ au bout de quelques années; les clients désagéables étaient souvent un motif aussi de fatigue évoqué; le fait de ne pas pouvoir parfois contester des virages pris par la maison-mère ou le N+1; en milieu urbain, c'est là que j'ai vu le plus de morsure sur le temps de vie privée, des réunions intenses à 20h, pas un conseil de classe moyennement sollicitant cognitivement). Médecin, classiquement, j'ai vu le médecin qui ne compte pas ses heures, ses patients, dont le remplacement est plus ou moins assuré; le chirurgien qui a des patients procéduriers; et je repense que des métiers dépendent de la conjoncture économique et des tournants sociétaux en cours (métiers de la vente, du commerce, etc.) ce qui dans le contexte actuel fait aussi peut-être beaucoup de sens.
marmotine
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Niveau 2

L'herbe pro est-elle plus verte hors EN ou y a-t-il beaucoup d'idéalisation de l'ailleurs? - Page 2 Empty Re: L'herbe pro est-elle plus verte hors EN ou y a-t-il beaucoup d'idéalisation de l'ailleurs?

par marmotine Mer 30 Nov - 10:59
Bonjour, je vous lis et me permets de vous donner mon point de vue. Je ne suis pas enseignante mais souhaite le devenir, donc forcément mon prisme est celui d'une personne pensant que l'herbe est plus favorable -pour moi- dans l'EN.

De mon spectre, certes restreint, par les témoignages de mes amies prof (un bon nombre), j'y gagnerai clairement sur plusieurs points :
- l'équilibre vie pro /perso dans un premier temps car bien qu'évidemment il y ait du travail en dehors de la salle de classe, il est quasi certain que ce ne sera rien de comparable à mon poste que j'occupe depuis près de 10 ans en tant que cadre dans le privé - pour tout dire quand je fais 9h-18h je compense le "manque" en déjeunant au lance pierre devant mon PC (y'a pas de notions d'heures sup sur les contrats cadre au forfait, arnaque du siècle pour que tu sois pas au temps règlementaire mais que ton salaire reste le même)
Je suis payée 10% de moins pour profiter de mes enfants le mercredi aprèm, mais mes objectifs sont les mêmes que les salariés temps plein, pour que vous visualisiez ma réalité...
- le stress, car bien que j'imagine qu'il y ait des situations stressantes, le fait de réussir à tenir sa classe, les inspections, le côté social pour certaines familles (une amie prof en ZEP m'en parle souvent donc j'essaie de me préparer), ca me parait malgré tout plus gérable que le stress quotidien que j'ai aujourd'hui sur des fonctions commerciales ; pour en citer quelques exemples :
*je suis en CDI dans la même entreprise depuis 8 ans, mais si je ne fais plus de chiffre, que le marché se tend (exemple vague de licenciements post covid), mon CDI ne sera qu'un écran de fumée et je peux me "faire sortir" à tout moment
* j'ai des points objectifs tous les 7 jours, des évaluations tous les 6 mois
* toutes les fins de mois, le booking est très stressant puisqu'on nous demande toujours plus de chiffre, de mettre la pression sur nos équipes, nos clients pour rentrer le plus d'argent possible
* j'ai un management très orienté KPI évidemment, donc aucun coup de mou n'est justifiable (coucou le mois d'août où on a 3 semaines de vacances imposées sur les 5 à prendre dans l'année et où on est censés quand même faire de l'argent - entendez bosser 2 x plus en juillet pour compenser des congés auxquels on a droit)
* je travaille dans un monde de requins, avec des coups de pression qui viennent aussi des clients
Bref, vraiment en terme de stress je suis très optimiste quant au fait que cela va changer Smile
- un travail qui a du sens comme vous le dites, car je n'apporte qu'au capitalisme aujourd'hui, je n'ai pas un rôle essentiel à la société et j'ai l'envie de m'impliquer pour les gens

Maintenant, je vais vous parler de tout ce que je vais perdre (et je n'ai peut-être pas pensé à tout) :
- ma jolie voiture de fonction sur laquelle je ne paie rien d'autre que l'essence
- mon salaire va subir une baisse considérable, et je vais dire au revoir aux primes sur objectifs (je suis à 50 K € à l'année en tout fixe + variable, oui oui je n'ai pas de tabou sur l'argent, ca me vient de la culture capitaliste anglo saxonne de ma boîte)
- la reconnaissance (beaucoup d'évaluations ca veut aussi dire reconnaitre le travail fourni, et la satisfaction des clients qui me remercient pour mon travail ca reste une vraie motivation dans mon job)
- le challenge car malgré le stress que ca procure c'est aussi ce qui maintient la motivation.


En clair, j'ai bien réfléchi et pour mon bien être, ma famille, même si on aura moins d'argent pendant les premières années (j'estime qu'à 2000 nets par mois je serai iso : moins de frais de garde -on paie en moyenne 900 par mois de notre poche à l'année pour 2 enfants dont 1 en crèche-, moins d'impôts car aujourd'hui je banque +++), on y gagnera à terme et en plus je pense et espère que je ferai un métier qui m'animera véritablement.

Je n'ai pas une vision toute rose, je sais ce que je vais perdre, mais il est aussi important de se rendre compte des aspects positifs.

Je pense sincèrement que c'est toujours difficile de comparer ce qu'on a pas vécu, moi l'EN, vous le privé, cette discussion est donc intéressante pour recueillir les réalités de chacun Smile
Mektoub
Mektoub
Niveau 2

L'herbe pro est-elle plus verte hors EN ou y a-t-il beaucoup d'idéalisation de l'ailleurs? - Page 2 Empty Re: L'herbe pro est-elle plus verte hors EN ou y a-t-il beaucoup d'idéalisation de l'ailleurs?

par Mektoub Mer 30 Nov - 11:25
marmotine a écrit:Bonjour, je vous lis et me permets de vous donner mon point de vue. Je ne suis pas enseignante mais souhaite le devenir, donc forcément mon prisme est celui d'une personne pensant que l'herbe est plus favorable -pour moi- dans l'EN.

De mon spectre, certes restreint, par les témoignages de mes amies prof (un bon nombre), j'y gagnerai clairement sur plusieurs points :
- l'équilibre vie pro /perso dans un premier temps car bien qu'évidemment il y ait du travail en dehors de la salle de classe, il est quasi certain que ce ne sera rien de comparable à mon poste que j'occupe depuis près de 10 ans en tant que cadre dans le privé - pour tout dire quand je fais 9h-18h je compense le "manque" en déjeunant au lance pierre devant mon PC (y'a pas de notions d'heures sup sur les contrats cadre au forfait, arnaque du siècle pour que tu sois pas au temps règlementaire mais que ton salaire reste le même)
Je suis payée 10% de moins pour profiter de mes enfants le mercredi aprèm, mais mes objectifs sont les mêmes que les salariés temps plein, pour que vous visualisiez ma réalité...
- le stress, car bien que j'imagine qu'il y ait des situations stressantes, le fait de réussir à tenir sa classe, les inspections, le côté social pour certaines familles (une amie prof en ZEP m'en parle souvent donc j'essaie de me préparer), ca me parait malgré tout plus gérable que le stress quotidien que j'ai aujourd'hui sur des fonctions commerciales ; pour en citer quelques exemples :
*je suis en CDI dans la même entreprise depuis 8 ans, mais si je ne fais plus de chiffre, que le marché se tend (exemple vague de licenciements post covid), mon CDI ne sera qu'un écran de fumée et je peux me "faire sortir" à tout moment
* j'ai des points objectifs tous les 7 jours, des évaluations tous les 6 mois
* toutes les fins de mois, le booking est très stressant puisqu'on nous demande toujours plus de chiffre, de mettre la pression sur nos équipes, nos clients pour rentrer le plus d'argent possible
* j'ai un management très orienté KPI évidemment, donc aucun coup de mou n'est justifiable (coucou le mois d'août où on a 3 semaines de vacances imposées sur les 5 à prendre dans l'année et où on est censés quand même faire de l'argent - entendez bosser 2 x plus en juillet pour compenser des congés auxquels on a droit)
* je travaille dans un monde de requins, avec des coups de pression qui viennent aussi des clients
Bref, vraiment en terme de stress je suis très optimiste quant au fait que cela va changer Smile
- un travail qui a du sens comme vous le dites, car je n'apporte qu'au capitalisme aujourd'hui, je n'ai pas un rôle essentiel à la société et j'ai l'envie de m'impliquer pour les gens

Maintenant, je vais vous parler de tout ce que je vais perdre (et je n'ai peut-être pas pensé à tout) :
- ma jolie voiture de fonction sur laquelle je ne paie rien d'autre que l'essence
- mon salaire va subir une baisse considérable, et je vais dire au revoir aux primes sur objectifs (je suis à 50 K € à l'année en tout fixe + variable, oui oui je n'ai pas de tabou sur l'argent, ca me vient de la culture capitaliste anglo saxonne de ma boîte)
- la reconnaissance (beaucoup d'évaluations ca veut aussi dire reconnaitre le travail fourni, et la satisfaction des clients qui me remercient pour mon travail ca reste une vraie motivation dans mon job)
- le challenge car malgré le stress que ca procure c'est aussi ce qui maintient la motivation.


En clair, j'ai bien réfléchi et pour mon bien être, ma famille, même si on aura moins d'argent pendant les premières années (j'estime qu'à 2000 nets par mois je serai iso : moins de frais de garde -on paie en moyenne 900 par mois de notre poche à l'année pour 2 enfants dont 1 en crèche-, moins d'impôts car aujourd'hui je banque +++), on y gagnera à terme et en plus je pense et espère que je ferai un métier qui m'animera véritablement.

Je n'ai pas une vision toute rose, je sais ce que je vais perdre, mais il est aussi important de se rendre compte des aspects positifs.

Je pense sincèrement que c'est toujours difficile de comparer ce qu'on a pas vécu, moi l'EN, vous le privé, cette discussion est donc intéressante pour recueillir les réalités de chacun Smile

Bonjour Marmotine
Ton témoignage est très intéressant et j’aurai pu écrire exactement la même chose il y a qq années, avant ma reconversion en PE, avant la confrontation avec la réalité (PE: 8/18h tous les jours avec pause de 15/20 mn, boulot week-end…heures supp: zéro heure payée..), après un poste de même facture que le tien. Je rajouterai juste un point que tu n’as pas évoqué et qui a pesé énormément sur la qualité de ma reconversion : tu vas certes perdre en salaire (bcp bcp mais je l’avais « intégré ») mais tu vas surtout gagner en mépris. En mépris tous les jours, dans les médias, par certains parents voire élèves (oublie ton statut social mais ça tu le sais), en blagues pourries lors de repas et en toutes occasions, et dans tous les milieux (famille amis ex collègues). Aie bien conscience de cela, je l’avais minimisé, persuadée que cela ne m’atteindrait pas. Disons que les 4 ou 5 premières années, je gérais, je pensais vraiment supporter et puis ça a commencé à me briser de l’intérieur. Le mépris tue. A petit feu. Bonne continuation pour la suite 🤞👋.


Dernière édition par Mektoub le Mer 30 Nov - 13:49, édité 2 fois
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L'herbe pro est-elle plus verte hors EN ou y a-t-il beaucoup d'idéalisation de l'ailleurs? - Page 2 Empty Re: L'herbe pro est-elle plus verte hors EN ou y a-t-il beaucoup d'idéalisation de l'ailleurs?

par Lilypims Mer 30 Nov - 12:23
marmotine a écrit:Bonjour, je vous lis et me permets de vous donner mon point de vue. Je ne suis pas enseignante mais souhaite le devenir, donc forcément mon prisme est celui d'une personne pensant que l'herbe est plus favorable -pour moi- dans l'EN.

De mon spectre, certes restreint, par les témoignages de mes amies prof (un bon nombre), j'y gagnerai clairement sur plusieurs points :
- l'équilibre vie pro /perso dans un premier temps car bien qu'évidemment il y ait du travail en dehors de la salle de classe, il est quasi certain que ce ne sera rien de comparable à mon poste que j'occupe depuis près de 10 ans en tant que cadre dans le privé - pour tout dire quand je fais 9h-18h je compense le "manque" en déjeunant au lance pierre devant mon PC (y'a pas de notions d'heures sup sur les contrats cadre au forfait, arnaque du siècle pour que tu sois pas au temps règlementaire mais que ton salaire reste le même)
Je suis payée 10% de moins pour profiter de mes enfants le mercredi aprèm, mais mes objectifs sont les mêmes que les salariés temps plein, pour que vous visualisiez ma réalité...
- le stress, car bien que j'imagine qu'il y ait des situations stressantes, le fait de réussir à tenir sa classe, les inspections, le côté social pour certaines familles (une amie prof en ZEP m'en parle souvent donc j'essaie de me préparer), ca me parait malgré tout plus gérable que le stress quotidien que j'ai aujourd'hui sur des fonctions commerciales ; pour en citer quelques exemples :
*je suis en CDI dans la même entreprise depuis 8 ans, mais si je ne fais plus de chiffre, que le marché se tend (exemple vague de licenciements post covid), mon CDI ne sera qu'un écran de fumée et je peux me "faire sortir" à tout moment
* j'ai des points objectifs tous les 7 jours, des évaluations tous les 6 mois
* toutes les fins de mois, le booking est très stressant puisqu'on nous demande toujours plus de chiffre, de mettre la pression sur nos équipes, nos clients pour rentrer le plus d'argent possible
* j'ai un management très orienté KPI évidemment, donc aucun coup de mou n'est justifiable (coucou le mois d'août où on a 3 semaines de vacances imposées sur les 5 à prendre dans l'année et où on est censés quand même faire de l'argent - entendez bosser 2 x plus en juillet pour compenser des congés auxquels on a droit)
* je travaille dans un monde de requins, avec des coups de pression qui viennent aussi des clients
Bref, vraiment en terme de stress je suis très optimiste quant au fait que cela va changer Smile
- un travail qui a du sens comme vous le dites, car je n'apporte qu'au capitalisme aujourd'hui, je n'ai pas un rôle essentiel à la société et j'ai l'envie de m'impliquer pour les gens

Maintenant, je vais vous parler de tout ce que je vais perdre (et je n'ai peut-être pas pensé à tout) :
- ma jolie voiture de fonction sur laquelle je ne paie rien d'autre que l'essence
- mon salaire va subir une baisse considérable, et je vais dire au revoir aux primes sur objectifs (je suis à 50 K € à l'année en tout fixe + variable, oui oui je n'ai pas de tabou sur l'argent, ca me vient de la culture capitaliste anglo saxonne de ma boîte)
- la reconnaissance (beaucoup d'évaluations ca veut aussi dire reconnaitre le travail fourni, et la satisfaction des clients qui me remercient pour mon travail ca reste une vraie motivation dans mon job)
- le challenge car malgré le stress que ca procure c'est aussi ce qui maintient la motivation.


En clair, j'ai bien réfléchi et pour mon bien être, ma famille, même si on aura moins d'argent pendant les premières années (j'estime qu'à 2000 nets par mois je serai iso : moins de frais de garde -on paie en moyenne 900 par mois de notre poche à l'année pour 2 enfants dont 1 en crèche-, moins d'impôts car aujourd'hui je banque +++), on y gagnera à terme et en plus je pense et espère que je ferai un métier qui m'animera véritablement.

Je n'ai pas une vision toute rose, je sais ce que je vais perdre, mais il est aussi important de se rendre compte des aspects positifs.

Je pense sincèrement que c'est toujours difficile de comparer ce qu'on a pas vécu, moi l'EN, vous le privé, cette discussion est donc intéressante pour recueillir les réalités de chacun Smile

Réfléchis bien quand même car tu risques de tomber de haut, surtout en ce qui concerne le temps de travail et donc le temps libre mais aussi la garde des enfants. C'est très variable en fonction de l'affectation.

Dans mon lycée, il est très courant d'être dans l'établissement de 8h à 17h30 du lundi au samedi en comptant parfois le mercredi après-midi parce que les emplois du temps sont "à trous" (venir pour une heure par demi-journée n'est pas rare, ici) et que nos PA successifs ne se sont jamais souciés de nos obligations familiales même pour les gens à temps partiel de droit. J'ai encore en mémoire une collègue en pleurs parce qu'elle avait pris un temps partiel (80 %) pour son enfant et qu'elle n'avait pas une demi-journée libérée (sauf le mercredi après-midi) donc l'enfant était en crèche toute la semaine.
Par ailleurs, quand j'ai commencé, comme beaucoup j'étais TZR (titulaire sur zone de remplacement = remplaçant) affectée à une heure de route de chez moi et sur deux établissements ; ce qui accroît aussi le temps de travail et la fatigue.

Et si tu es certifiée en lettres, a fortiori au lycée, tu t'abuses peut-être sur le temps de travail nécessaire, surtout en début de carrière et d'autant plus depuis la réforme avec le programme qui change par quart chaque année. 9-18h, tu les feras (au moins les premières années).

Quant au travail supplémentaire, seules les heures supplémentaires de cours sont payées. Tout ce qu'on nous rajoute ne l'est pas.

Enfin, le stress et la fatigue nerveuse engendrés par ce métier sont largement sous-estimés. Je pense qu'il faut en avoir fait l'expérience pour comprendre. Et encore, ça dépend vraiment de la personnalité de chacun et de tout un tas d'autres facteurs.

J'ai commencé par travailler dans le privé, j'avais mes soirées, mes week-ends et cinq semaines de vraies vacances ; je ne payais pas mon matériel de travail et je n'étais pas méprisée par ma hiérarchie.

Bref, interroge-toi sur tes besoins profonds et sur la réalité du des terrains avant de te reconvertir.


Dernière édition par Lilypims le Mer 30 Nov - 16:04, édité 2 fois

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...il faut continuer, je ne peux pas continuer, il faut continuer, je vais donc continuer...
gregforever
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L'herbe pro est-elle plus verte hors EN ou y a-t-il beaucoup d'idéalisation de l'ailleurs? - Page 2 Empty Re: L'herbe pro est-elle plus verte hors EN ou y a-t-il beaucoup d'idéalisation de l'ailleurs?

par gregforever Mer 30 Nov - 12:23
@marmotine dans mon établissement comme dans bien d'autres on travaille le mercredi après-midi tu n'es jamais sûre de l'obtenir malgré tes voeux.
Jacq
Jacq
Guide spirituel

L'herbe pro est-elle plus verte hors EN ou y a-t-il beaucoup d'idéalisation de l'ailleurs? - Page 2 Empty Re: L'herbe pro est-elle plus verte hors EN ou y a-t-il beaucoup d'idéalisation de l'ailleurs?

par Jacq Mer 30 Nov - 12:32
Mektoub a écrit:
marmotine a écrit:Bonjour, je vous lis et me permets de vous donner mon point de vue. Je ne suis pas enseignante mais souhaite le devenir, donc forcément mon prisme est celui d'une personne pensant que l'herbe est plus favorable -pour moi- dans l'EN.

De mon spectre, certes restreint, par les témoignages de mes amies prof (un bon nombre), j'y gagnerai clairement sur plusieurs points :
- l'équilibre vie pro /perso dans un premier temps car bien qu'évidemment il y ait du travail en dehors de la salle de classe, il est quasi certain que ce ne sera rien de comparable à mon poste que j'occupe depuis près de 10 ans en tant que cadre dans le privé - pour tout dire quand je fais 9h-18h je compense le "manque" en déjeunant au lance pierre devant mon PC (y'a pas de notions d'heures sup sur les contrats cadre au forfait, arnaque du siècle pour que tu sois pas au temps règlementaire mais que ton salaire reste le même)
Je suis payée 10% de moins pour profiter de mes enfants le mercredi aprèm, mais mes objectifs sont les mêmes que les salariés temps plein, pour que vous visualisiez ma réalité...
- le stress, car bien que j'imagine qu'il y ait des situations stressantes, le fait de réussir à tenir sa classe, les inspections, le côté social pour certaines familles (une amie prof en ZEP m'en parle souvent donc j'essaie de me préparer), ca me parait malgré tout plus gérable que le stress quotidien que j'ai aujourd'hui sur des fonctions commerciales ; pour en citer quelques exemples :
*je suis en CDI dans la même entreprise depuis 8 ans, mais si je ne fais plus de chiffre, que le marché se tend (exemple vague de licenciements post covid), mon CDI ne sera qu'un écran de fumée et je peux me "faire sortir" à tout moment
* j'ai des points objectifs tous les 7 jours, des évaluations tous les 6 mois
* toutes les fins de mois, le booking est très stressant puisqu'on nous demande toujours plus de chiffre, de mettre la pression sur nos équipes, nos clients pour rentrer le plus d'argent possible
* j'ai un management très orienté KPI évidemment, donc aucun coup de mou n'est justifiable (coucou le mois d'août où on a 3 semaines de vacances imposées sur les 5 à prendre dans l'année et où on est censés quand même faire de l'argent - entendez bosser 2 x plus en juillet pour compenser des congés auxquels on a droit)
* je travaille dans un monde de requins, avec des coups de pression qui viennent aussi des clients
Bref, vraiment en terme de stress je suis très optimiste quant au fait que cela va changer Smile
- un travail qui a du sens comme vous le dites, car je n'apporte qu'au capitalisme aujourd'hui, je n'ai pas un rôle essentiel à la société et j'ai l'envie de m'impliquer pour les gens

Maintenant, je vais vous parler de tout ce que je vais perdre (et je n'ai peut-être pas pensé à tout) :
- ma jolie voiture de fonction sur laquelle je ne paie rien d'autre que l'essence
- mon salaire va subir une baisse considérable, et je vais dire au revoir aux primes sur objectifs (je suis à 50 K € à l'année en tout fixe + variable, oui oui je n'ai pas de tabou sur l'argent, ca me vient de la culture capitaliste anglo saxonne de ma boîte)
- la reconnaissance (beaucoup d'évaluations ca veut aussi dire reconnaitre le travail fourni, et la satisfaction des clients qui me remercient pour mon travail ca reste une vraie motivation dans mon job)
- le challenge car malgré le stress que ca procure c'est aussi ce qui maintient la motivation.


En clair, j'ai bien réfléchi et pour mon bien être, ma famille, même si on aura moins d'argent pendant les premières années (j'estime qu'à 2000 nets par mois je serai iso : moins de frais de garde -on paie en moyenne 900 par mois de notre poche à l'année pour 2 enfants dont 1 en crèche-, moins d'impôts car aujourd'hui je banque +++), on y gagnera à terme et en plus je pense et espère que je ferai un métier qui m'animera véritablement.

Je n'ai pas une vision toute rose, je sais ce que je vais perdre, mais il est aussi important de se rendre compte des aspects positifs.

Je pense sincèrement que c'est toujours difficile de comparer ce qu'on a pas vécu, moi l'EN, vous le privé, cette discussion est donc intéressante pour recueillir les réalités de chacun Smile

Bonjour Marmotine
Ton témoignage est très intéressant et j’aurai pu écrire exactement la même chose il y a qq années, avant ma reconversion en PE après un poste de même facture que le tien. Je rajouterai juste un point que tu n’as pas évoqué et qui a pesé énormément sur la qualité de ma reconversion : tu vas certes perdre en salaire (bcp bcp mais je l’avais accepté) mais tu vas surtout gagner en mépris. En mépris tous les jours, dans les médias, par certains parents voire élèves (oublie ton statut social mais ça tu le sais), en blagues pourries lors de repas et en toutes occasions, et dans tous les milieux (famille amis ex collègues). Aie bien conscience de cela, je l’avais minimisé, persuadée que cela ne m’atteindrait pas. Disons que les 4 ou 5 premières années, je gérais, je pensais vraiment supporter et puis ça a commencé à me briser de l’intérieur. Le mépris tue. A petit feu. Bonne continuation pour la suite 🤞👋.

En LP nous avons beaucoup de profils en reconversion, c'est normal avec les matières professionnelles (ce qui n'est pas mon cas, matières générales).
Beaucoup de profils semblables pour les métiers du commerce, c'est clair. Ce sont aussi des métiers que l'on fait à fond, on ne s'arrête pas, on encaisse, on sacrifie une partie de sa vie privée et puis au bout d'un moment certains veulent changer de vie. 

J'ai des collègues enseignants de commerce qui ont eu des parcours impressionnants (c'est pour cela que cela me fait marrer lorsqu'on nous dit que les collègues de pro ne sont pas aussi efficaces que les tuteurs en entreprise), ce sont de véritables richesses pour nos élèves tellement leurs expériences sont multiples. Nous (dans les trois LP où j'ai enseigné 22 ans avec toujours des "commerces") avons assez peu de profils commerciaux du type "chef de rayon(s)/secteur" mais plutôt des commerciaux purs et durs qui un jour en ont eu marre de la pression constante. Aucun collègue de commerce ne vient de petits commerces (pour mes LP).

Je discutais dernièrement avec un collègue de maintenance des véhicules, son choix a été différent. Après une formation pro, 8 années dans le privé à effectuer son boulot chez anciennement Renault, il s'est rendu compte que chaque fois qu'ils avaient des stagiaires dans l'entreprise c'était lui qui était tuteur et que transmettre le métier lui plaisait véritablement. Il a passé le concours et est devenu enseignant dans son métier.

Nous avons aussi des reconversions en raison d'une perte d'emploi, notamment dans le textile, lorsque les entreprises ont été délocalisées. Inversement, dans l'esthétique nous avons pas mal de reconversion du fait de la précarité des emplois et du secteur. Ce sont des collègues épatantes d'ailleurs, souvent anciennes patronnes d'institut.

Le plus curieux ce sont les infirmières. C'est aussi un métier sous tension (en terme de besoin d'emploi et aussi pour les conditions, rythmes de travail et rémunération). Elles souvent pensent que le métier d'enseignant, "c'est cool". Paradoxalement, beaucoup ne tiennent pas, pensent que les cours arrivent comme cela, qu'on ne fait que 18h et puis maison, avec les vacances.  Pourtant elles viennent d'un métier que tout le monde sait vraiment difficile, mais elles repartent souvent au bout d'une année voire en cours d'année (puisque pour elles il est très facile de retrouver un emploi).

Bonne chance,  Marmotine, pour la reconversion qui pour toi correspond en plus à un total changement de domaine (passer aux lettres).
Jenny
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Médiateur

L'herbe pro est-elle plus verte hors EN ou y a-t-il beaucoup d'idéalisation de l'ailleurs? - Page 2 Empty Re: L'herbe pro est-elle plus verte hors EN ou y a-t-il beaucoup d'idéalisation de l'ailleurs?

par Jenny Mer 30 Nov - 12:32
En lycée, il arrive également de finir entre 18 et 20h.
Effectivement, j'ai souvent travaillé le samedi ou le mercredi après-midi.

La pause déjeuner peut être inexistante si on est sur plusieurs établissements et manger devant l'ordi ou en vitesse avant de finir un paquet de copies, d'aller à une réunion ou recevoir un parent est très fréquent.
En début de carrière, 9h-18h n'est pas une grosse journée, particulièrement en lycée dans les matières littéraires.
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jésus
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L'herbe pro est-elle plus verte hors EN ou y a-t-il beaucoup d'idéalisation de l'ailleurs? - Page 2 Empty Re: L'herbe pro est-elle plus verte hors EN ou y a-t-il beaucoup d'idéalisation de l'ailleurs?

par jésus Mer 30 Nov - 12:59
Pour trancher la question, et pour avoir été prof contractuel et salarié du privé , de la FP et avoir travaillé dans le secteur associatif en grande partie.
Le juge de paix , pour moi ( et je pense pour d'autres) est le bilan de compétences.
Mon bilan de compétence a fait ressortir que j'avais le profil pour être enseignant ( ou formateur, bref un métier lié à la transmission des connaissances), là de fait ces dernières années, et encore maintenant, je suis salarié associatif, cela me paraît évident que je vais dépérir , m'ennuyer à laisser en sommeil mes compétences fortes liées à l'enseignement, et à surexploiter des compétences plus faibles chez moi.
Et, même si le salaire est plus confortable à l'instant T qu'un prof contractuel, le salaire ne fait pas tout.
Faut aussi faire un métier en lien avec ses compétences fortes et ses aspirations.

L'écueil étant bien sûr ( que vous l'avez constaté dans d'autres topics) de retourner dans l'EN.
Déjà d'un point de vue pratique: pas de poste de contractuels dans certaines matières, difficultés à travailler les concours quand on travaille à temps plein, difficultés à retourner sur les bans de la fac à un certain âge.
Et bien sûr, le problème des mutations post-concours, le salaire qui n'est pas suffisant pour se loger partout, les classes surchargées, le management parfois brutal des CDE.

Donc, cela plusieurs années, que je suis à la croisée des chemins, et un retour à l'EN toujours plus semé d'embûches.

Mais, après toutes ces expériences, in fine, le métier qui m'a le plus plu et que je souhaite faire est prof de philo dans un établissement correct et dans un coin vivable.
dandelion
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Vénérable

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par dandelion Mer 30 Nov - 13:51
Les profs de philo n’ayant que des classes de terminale, leur expérience est tout de même assez particulière.
Pour moi, la grande différence entre l’enseignement dans le secondaire et le primaire et les emplois de cadre en entreprise, c’est la violence. Il y a des établissements de plus en plus nombreux où la violence verbale et même physique est quotidienne. Un enseignant est aussi confronté à la violence de la société d’une façon particulière. Apprendre qu’un élève est suivi pour des faits d’agression sexuelle sur un de ses frères et sœurs, par exemple, cela n’apporte pas le même stress que de devoir finir sa présentation à temps pour son gros client de demain. Je n’ai fait qu’un petit passage par la maternelle et le primaire, et je n’étais pas dans un endroit particulièrement défavorisé, mais par exemple être la personne qui doit dire à des parents que leur enfant doit être vu par un spécialiste, ce n’est pas facile.
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jésus
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par jésus Mer 30 Nov - 14:11
Oui, mon vrai dilemme est de vouloir faire un métier avec des difficultés , de solides barrière d'accès et de ne pas y laisser sa santé mentale.

Là, plus le temps passe, et à part retourner à la fac pour refaire une préparation à l'agrégation ( que j'ai fait deux fois à l'époque de mes années étudiantes), sans savoir si je pourrais me loger dans une grande ville avec mes ARE ( à moins de bidouiller, et encore, il faut un reste à vivre à la fin du mois pour manger). Bref, il y a une forme d'impasse professionnelle.

Mon seul conseil est de faire un point sur sa carrière, via un organisme et si vraiment le métier de prof n'apparaît pas dans votre liste, ça serait de partir. Si c'est fait pour vous, garder ce métier, faire en sorte d'améliorer le quotidien ( muter, changer de matière, passer l'agrégation), car sinon , au bout d'une reconversion faite par défaut, il y aura des difficultés, des déceptions, de l'ennui;

LordAnthony
LordAnthony
Niveau 6

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par LordAnthony Mer 30 Nov - 14:47
Chaque secteur a ses avantages et ses inconvénients. J'ai trouvé dans le métier d’enseignant un rythme plus propice à la vie de famille et plus adapté à mon propre rythme. Et ce même si le jeu des mutations m'oblige à découcher 3 nuits par semaines. Mon épouse étant aussi enseignante cela aide surement. Mais je n'ai pas forcement un rythme moins intense, cela dit je m'y attendais. Et je n'ai pas choisi ma reconversion pour cela.
Il y tellement de réalités dans le métier d'enseignant et dans les divers autres métiers qu'il est vain de les comparer. Ma réalité du métier est pour l'instant plus belle car se déroulant dans des conditions parfaites. Ce sera peut-être différent dès l'an prochain.
Un changement de métier dans un sens comme dans l'autre fait un bien fou et biaise l'analyse. Si j'avais fait le parcours inverse, usé et lassé par 20 années d'enseignement je serais probablement tout aussi ravi.

Maintenant je n'ai pas connu comme mentionné un peu plus haut dans ma carrière les cadres (hors cadre dirigeant) à 10k€ par mois, très loin s'en faut, et j'ai plutôt connu des salariés non ou peu diplômé avec des conditions peu enviables (3x8, travail physique, convocation régulière dans des "boite à gifle" etc) pour un salaire au ras des pâquerettes. Je pense que cela change la vision que l'on peut avoir.

@marmotine n'oublie pas les affectations qui peuvent t'éloigner de chez toi, c'est il me semble souvent un frein pour les reconvertis.
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lisa81
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par lisa81 Mer 30 Nov - 14:48
marmotine a écrit:Bonjour, je vous lis et me permets de vous donner mon point de vue. Je ne suis pas enseignante mais souhaite le devenir, donc forcément mon prisme est celui d'une personne pensant que l'herbe est plus favorable -pour moi- dans l'EN.


Je n'ai pas une vision toute rose, je sais ce que je vais perdre, mais il est aussi important de se rendre compte des aspects positifs.

Je pense sincèrement que c'est toujours difficile de comparer ce qu'on a pas vécu, moi l'EN, vous le privé, cette discussion est donc intéressante pour recueillir les réalités de chacun Smile

Bonjour marmotine

Je vois que tu es en Vendée. Je ne sais pas si tu vises le CAPES de lettres ou le concours de PE
Dans les deux cas, je te conseille de te renseigner quant aux possibilités d'avoir un poste à une distance raisonnable de ton domicile. J'ai déjà vu une mère de famille complètement anéantie quand à l'issue de son année de stage elle a reçu une affectation à 200km de chez elle.
Caspar
Caspar
Prophète

L'herbe pro est-elle plus verte hors EN ou y a-t-il beaucoup d'idéalisation de l'ailleurs? - Page 2 Empty Re: L'herbe pro est-elle plus verte hors EN ou y a-t-il beaucoup d'idéalisation de l'ailleurs?

par Caspar Mer 30 Nov - 15:20
Lilypims a écrit:
marmotine a écrit:Bonjour, je vous lis et me permets de vous donner mon point de vue. Je ne suis pas enseignante mais souhaite le devenir, donc forcément mon prisme est celui d'une personne pensant que l'herbe est plus favorable -pour moi- dans l'EN.

De mon spectre, certes restreint, par les témoignages de mes amies prof (un bon nombre), j'y gagnerai clairement sur plusieurs points :
- l'équilibre vie pro /perso dans un premier temps car bien qu'évidemment il y ait du travail en dehors de la salle de classe, il est quasi certain que ce ne sera rien de comparable à mon poste que j'occupe depuis près de 10 ans en tant que cadre dans le privé - pour tout dire quand je fais 9h-18h je compense le "manque" en déjeunant au lance pierre devant mon PC (y'a pas de notions d'heures sup sur les contrats cadre au forfait, arnaque du siècle pour que tu sois pas au temps règlementaire mais que ton salaire reste le même)
Je suis payée 10% de moins pour profiter de mes enfants le mercredi aprèm, mais mes objectifs sont les mêmes que les salariés temps plein, pour que vous visualisiez ma réalité...
- le stress, car bien que j'imagine qu'il y ait des situations stressantes, le fait de réussir à tenir sa classe, les inspections, le côté social pour certaines familles (une amie prof en ZEP m'en parle souvent donc j'essaie de me préparer), ca me parait malgré tout plus gérable que le stress quotidien que j'ai aujourd'hui sur des fonctions commerciales ; pour en citer quelques exemples :
*je suis en CDI dans la même entreprise depuis 8 ans, mais si je ne fais plus de chiffre, que le marché se tend (exemple vague de licenciements post covid), mon CDI ne sera qu'un écran de fumée et je peux me "faire sortir" à tout moment
* j'ai des points objectifs tous les 7 jours, des évaluations tous les 6 mois
* toutes les fins de mois, le booking est très stressant puisqu'on nous demande toujours plus de chiffre, de mettre la pression sur nos équipes, nos clients pour rentrer le plus d'argent possible
* j'ai un management très orienté KPI évidemment, donc aucun coup de mou n'est justifiable (coucou le mois d'août où on a 3 semaines de vacances imposées sur les 5 à prendre dans l'année et où on est censés quand même faire de l'argent - entendez bosser 2 x plus en juillet pour compenser des congés auxquels on a droit)
* je travaille dans un monde de requins, avec des coups de pression qui viennent aussi des clients
Bref, vraiment en terme de stress je suis très optimiste quant au fait que cela va changer Smile
- un travail qui a du sens comme vous le dites, car je n'apporte qu'au capitalisme aujourd'hui, je n'ai pas un rôle essentiel à la société et j'ai l'envie de m'impliquer pour les gens

Maintenant, je vais vous parler de tout ce que je vais perdre (et je n'ai peut-être pas pensé à tout) :
- ma jolie voiture de fonction sur laquelle je ne paie rien d'autre que l'essence
- mon salaire va subir une baisse considérable, et je vais dire au revoir aux primes sur objectifs (je suis à 50 K € à l'année en tout fixe + variable, oui oui je n'ai pas de tabou sur l'argent, ca me vient de la culture capitaliste anglo saxonne de ma boîte)
- la reconnaissance (beaucoup d'évaluations ca veut aussi dire reconnaitre le travail fourni, et la satisfaction des clients qui me remercient pour mon travail ca reste une vraie motivation dans mon job)
- le challenge car malgré le stress que ca procure c'est aussi ce qui maintient la motivation.


En clair, j'ai bien réfléchi et pour mon bien être, ma famille, même si on aura moins d'argent pendant les premières années (j'estime qu'à 2000 nets par mois je serai iso : moins de frais de garde -on paie en moyenne 900 par mois de notre poche à l'année pour 2 enfants dont 1 en crèche-, moins d'impôts car aujourd'hui je banque +++), on y gagnera à terme et en plus je pense et espère que je ferai un métier qui m'animera véritablement.

Je n'ai pas une vision toute rose, je sais ce que je vais perdre, mais il est aussi important de se rendre compte des aspects positifs.

Je pense sincèrement que c'est toujours difficile de comparer ce qu'on a pas vécu, moi l'EN, vous le privé, cette discussion est donc intéressante pour recueillir les réalités de chacun Smile

Réfléchis bien quand même car tu risques de tomber de haut, surtout en ce qui concerne le temps de travail et donc le temps libre mais aussi la garde des enfants. C'est très variable en fonction de l'affection.

Dans mon lycée, il est très courant d'être dans l'établissement de 8h à 17h30 du lundi au samedi en comptant parfois le mercredi après-midi parce que les emplois du temps sont "à trous" (venir pour une heure par demi-journée n'est pas rare, ici) et que nos PA successifs ne se sont jamais souciés de nos obligations familiales même pour les gens à temps partiel de droit. J'ai encore en mémoire une collègue en pleurs parce qu'elle avait pris un temps partiel (80 %) pour son enfant et qu'elle n'avait pas une demi-journée libérée (sauf le mercredi après-midi) donc l'enfant était en crèche toute la semaine.
Par ailleurs, quand j'ai commencé, comme beaucoup j'étais TZR (titulaire sur zone de remplacement = remplaçant) affectée à une heure de route de chez moi et sur deux établissements ; ce qui accroît aussi le temps de travail et la fatigue.

Et si tu es certifiée en lettres, a fortiori au lycée, tu t'abuses peut-être sur le temps de travail nécessaire, surtout en début de carrière et d'autant plus depuis la réforme avec le programme qui change par quart chaque année. 9-18h, tu les feras (au moins les premières années).

Quant au travail supplémentaire, seules les heures supplémentaires de cours sont payées. Tout ce qu'on nous rajoute ne l'est pas.

Enfin, le stress et la fatigue nerveuse engendrés par ce métier sont largement sous-estimés. Je pense qu'il faut en avoir fait l'expérience pour comprendre. Et encore, ça dépend vraiment de la personnalité de chacun et de tout un tas d'autres facteurs.

J'ai commencé par travailler dans le privé, j'avais mes soirées, mes week-ends et cinq semaines de vraies vacances ; je ne payais pas mon matériel de travail et je n'étais pas méprisée par ma hiérarchie.

Bref, interroge-toi sur tes besoins profonds et sur la réalité du des terrains avant de te reconvertir.

Oui, l'affection c'est très important. L'herbe pro est-elle plus verte hors EN ou y a-t-il beaucoup d'idéalisation de l'ailleurs? - Page 2 437980826 Blague à part: bien se renseigner en effet sur le système des mutations, ou plutôt LES, selon que tu souhaites devenir PE ou PLC.
lene75
lene75
Prophète

L'herbe pro est-elle plus verte hors EN ou y a-t-il beaucoup d'idéalisation de l'ailleurs? - Page 2 Empty Re: L'herbe pro est-elle plus verte hors EN ou y a-t-il beaucoup d'idéalisation de l'ailleurs?

par lene75 Mer 30 Nov - 15:27
"Prof de philo dans un établissement correct et dans un coin vivable". Sans vouloir être méchante, en commençant tard, je ne suis pas certaine qu'on puisse obtenir un tel établissement avant la retraite. Enfin ça dépend de ce qu'on appelle un "établissement correct". Ce qui me pèse le plus dans ce métier, c'est l'agressivité et l'insolence, même dans des établissements tout à fait "tranquilles". Nous demandons tous une mutation pour les mêmes établissements plus faciles. Peu l'obtiennent. Pour situer un peu les choses, ma collègue a réussi à muter au bout de plus de 20 ans. Moi j'en suis à ma 13e année dans le même établissement (ce qui permet d'accumuler les points) et je suis très loin d'avoir assez de points pour partir, même avec un rapprochement de conjoint et 3 enfants à charge. Je me sens prisonnière d'une situation qui se dégrade d'année en année. Les mutations sont très difficiles en philo, même en RP. Nous avons régulièrement des TZR qui le sont depuis 10 ans et ne parviennent pas à avoir un poste fixe.

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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
Caspar
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par Caspar Mer 30 Nov - 15:32
lene75 a écrit:"Prof de philo dans un établissement correct et dans un coin vivable". Sans vouloir être méchante, en commençant tard, je ne suis pas certaine qu'on puisse obtenir un tel établissement avant la retraite. Enfin ça dépend de ce qu'on appelle un "établissement correct". Ce qui me pèse le plus dans ce métier, c'est l'agressivité et l'insolence, même dans des établissements tout à fait "tranquilles". Nous demandons tous une mutation pour les mêmes établissements plus faciles. Peu l'obtiennent. Pour situer un peu les choses, ma collègue a réussi à muter au bout de plus de 20 ans. Moi j'en suis à ma 13e année dans le même établissement (ce qui permet d'accumuler les points) et je suis très loin d'avoir assez de points pour partir, même avec un rapprochement de conjoint et 3 enfants à charge. Je me sens prisonnière d'une situation qui se dégrade d'année en année. Les mutations sont très difficiles en philo, même en RP. Nous avons régulièrement des TZR qui le sont depuis 10 ans et ne parviennent pas à avoir un poste fixe.

Oui, nous sommes dans une société qui valorise la flexibilité et la mobilité mais nous sommes un peu coincés dans notre établissement et encore plus dans notre académie (à moins d'aimer être TZR et l'âge venant c'est plus rare). J'ai obtenu un de ces fameux établissements corrects dans un coin vivable" et je crois que je en suis pas près d'en partir: trop risqué.
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par clélia Mer 30 Nov - 15:43
dandelion a écrit:Un enseignant est aussi confronté à la violence de la société d’une façon particulière. Apprendre qu’un élève est suivi pour des faits d’agression sexuelle sur un de ses frères et sœurs, par exemple, cela n’apporte pas le même stress que de devoir finir sa présentation à temps pour son gros client de demain.

Je confirme. Exemple datant de cette semaine : j'ai corrigé la rédaction d'une élève de 3e racontant des violences qu'elle avait subies. J'ai alerté hiérarchie, assistante sociale, psyEN, CPE et PP. C'est éprouvant. On se retrouve parfois dépositaire de confidences douloureuses et même si on transmet à des personnels plus compétents, ça reste difficile. (Et je trouve que nos élèves sont de plus en plus confrontés à la violence et à la misère, en particulier dans mon petit établissement de campagne.)

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Il voyagea.
Il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, l’étourdissement des paysages et des ruines, l’amertume des sympathies interrompues.
Il revint.
Il fréquenta le monde, et il eut d’autres amours, encore.
Lilypims
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Grand sage

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par Lilypims Mer 30 Nov - 16:06
Caspar a écrit:
Lilypims a écrit:
marmotine a écrit:Bonjour, je vous lis et me permets de vous donner mon point de vue. Je ne suis pas enseignante mais souhaite le devenir, donc forcément mon prisme est celui d'une personne pensant que l'herbe est plus favorable -pour moi- dans l'EN.

De mon spectre, certes restreint, par les témoignages de mes amies prof (un bon nombre), j'y gagnerai clairement sur plusieurs points :
- l'équilibre vie pro /perso dans un premier temps car bien qu'évidemment il y ait du travail en dehors de la salle de classe, il est quasi certain que ce ne sera rien de comparable à mon poste que j'occupe depuis près de 10 ans en tant que cadre dans le privé - pour tout dire quand je fais 9h-18h je compense le "manque" en déjeunant au lance pierre devant mon PC (y'a pas de notions d'heures sup sur les contrats cadre au forfait, arnaque du siècle pour que tu sois pas au temps règlementaire mais que ton salaire reste le même)
Je suis payée 10% de moins pour profiter de mes enfants le mercredi aprèm, mais mes objectifs sont les mêmes que les salariés temps plein, pour que vous visualisiez ma réalité...
- le stress, car bien que j'imagine qu'il y ait des situations stressantes, le fait de réussir à tenir sa classe, les inspections, le côté social pour certaines familles (une amie prof en ZEP m'en parle souvent donc j'essaie de me préparer), ca me parait malgré tout plus gérable que le stress quotidien que j'ai aujourd'hui sur des fonctions commerciales ; pour en citer quelques exemples :
*je suis en CDI dans la même entreprise depuis 8 ans, mais si je ne fais plus de chiffre, que le marché se tend (exemple vague de licenciements post covid), mon CDI ne sera qu'un écran de fumée et je peux me "faire sortir" à tout moment
* j'ai des points objectifs tous les 7 jours, des évaluations tous les 6 mois
* toutes les fins de mois, le booking est très stressant puisqu'on nous demande toujours plus de chiffre, de mettre la pression sur nos équipes, nos clients pour rentrer le plus d'argent possible
* j'ai un management très orienté KPI évidemment, donc aucun coup de mou n'est justifiable (coucou le mois d'août où on a 3 semaines de vacances imposées sur les 5 à prendre dans l'année et où on est censés quand même faire de l'argent - entendez bosser 2 x plus en juillet pour compenser des congés auxquels on a droit)
* je travaille dans un monde de requins, avec des coups de pression qui viennent aussi des clients
Bref, vraiment en terme de stress je suis très optimiste quant au fait que cela va changer Smile
- un travail qui a du sens comme vous le dites, car je n'apporte qu'au capitalisme aujourd'hui, je n'ai pas un rôle essentiel à la société et j'ai l'envie de m'impliquer pour les gens

Maintenant, je vais vous parler de tout ce que je vais perdre (et je n'ai peut-être pas pensé à tout) :
- ma jolie voiture de fonction sur laquelle je ne paie rien d'autre que l'essence
- mon salaire va subir une baisse considérable, et je vais dire au revoir aux primes sur objectifs (je suis à 50 K € à l'année en tout fixe + variable, oui oui je n'ai pas de tabou sur l'argent, ca me vient de la culture capitaliste anglo saxonne de ma boîte)
- la reconnaissance (beaucoup d'évaluations ca veut aussi dire reconnaitre le travail fourni, et la satisfaction des clients qui me remercient pour mon travail ca reste une vraie motivation dans mon job)
- le challenge car malgré le stress que ca procure c'est aussi ce qui maintient la motivation.


En clair, j'ai bien réfléchi et pour mon bien être, ma famille, même si on aura moins d'argent pendant les premières années (j'estime qu'à 2000 nets par mois je serai iso : moins de frais de garde -on paie en moyenne 900 par mois de notre poche à l'année pour 2 enfants dont 1 en crèche-, moins d'impôts car aujourd'hui je banque +++), on y gagnera à terme et en plus je pense et espère que je ferai un métier qui m'animera véritablement.

Je n'ai pas une vision toute rose, je sais ce que je vais perdre, mais il est aussi important de se rendre compte des aspects positifs.

Je pense sincèrement que c'est toujours difficile de comparer ce qu'on a pas vécu, moi l'EN, vous le privé, cette discussion est donc intéressante pour recueillir les réalités de chacun Smile

Réfléchis bien quand même car tu risques de tomber de haut, surtout en ce qui concerne le temps de travail et donc le temps libre mais aussi la garde des enfants. C'est très variable en fonction de l'affection.

Dans mon lycée, il est très courant d'être dans l'établissement de 8h à 17h30 du lundi au samedi en comptant parfois le mercredi après-midi parce que les emplois du temps sont "à trous" (venir pour une heure par demi-journée n'est pas rare, ici) et que nos PA successifs ne se sont jamais souciés de nos obligations familiales même pour les gens à temps partiel de droit. J'ai encore en mémoire une collègue en pleurs parce qu'elle avait pris un temps partiel (80 %) pour son enfant et qu'elle n'avait pas une demi-journée libérée (sauf le mercredi après-midi) donc l'enfant était en crèche toute la semaine.
Par ailleurs, quand j'ai commencé, comme beaucoup j'étais TZR (titulaire sur zone de remplacement = remplaçant) affectée à une heure de route de chez moi et sur deux établissements ; ce qui accroît aussi le temps de travail et la fatigue.

Et si tu es certifiée en lettres, a fortiori au lycée, tu t'abuses peut-être sur le temps de travail nécessaire, surtout en début de carrière et d'autant plus depuis la réforme avec le programme qui change par quart chaque année. 9-18h, tu les feras (au moins les premières années).

Quant au travail supplémentaire, seules les heures supplémentaires de cours sont payées. Tout ce qu'on nous rajoute ne l'est pas.

Enfin, le stress et la fatigue nerveuse engendrés par ce métier sont largement sous-estimés. Je pense qu'il faut en avoir fait l'expérience pour comprendre. Et encore, ça dépend vraiment de la personnalité de chacun et de tout un tas d'autres facteurs.

J'ai commencé par travailler dans le privé, j'avais mes soirées, mes week-ends et cinq semaines de vraies vacances ; je ne payais pas mon matériel de travail et je n'étais pas méprisée par ma hiérarchie.

Bref, interroge-toi sur tes besoins profonds et sur la réalité du des terrains avant de te reconvertir.

Oui, l'affection c'est très important. L'herbe pro est-elle plus verte hors EN ou y a-t-il beaucoup d'idéalisation de l'ailleurs? - Page 2 437980826 Blague à part: bien se renseigner en effet sur le système des mutations, ou plutôt LES, selon que tu souhaites devenir PE ou PLC.
Moqueur ! Razz
Merci de l'avoir signalé ; c'est moins mystérieux, une fois corrigé.

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