Reconversion professeur stagiaire en mathématiques

Bonjour, je viens de commencer en tant que stagiaire mi-temps en maths et je me rends compte que je n'aime pas du tout donner cours devant une classe entière. Je vais donner un peu de contexte. Pendant mes études j'ai donné pendant 6 ans des cours particuliers en maths (et même dans d'autres matières) et j'adorais ça, j'avais même pas l'impression de travailler ! Donc après avoir obtenu mon concours j'avais hâte de commencer à enseigner devant une classe. J'avais conscience des inconvénients du métier de professeur et ça ne me faisait pas trop peur.
Problème depuis que j'ai commencé mon stage je déteste ce que je fais et donc je suis vraiment perdue (en plus je me sens très bête de m'en rendre compte que maintenant). Je me pose plein de questions.

Je me demande si être professeur particulier en mathématiques à plein temps c'est une reconversion possible. Est-ce qu'on peut se dégager un salaire convenable ? S'il n'y a pas trop de problèmes avec la concurrence des cours particuliers donnés par des étudiants ? A quel point c'est compliqué d'être auto-entrepreneur ?
Je ne sais pas non plus à quel point ça serait complexe de quitter l'éducation nationale. Si vous me conseillez d'attendre la fin de mon stage pour voir comment ça se passe (honnêtement j'ai déjà du mal à me motiver à donner cours pour cette fin de semaine) ?

Ou alors j'essaie de me former pour travailler dans un autre secteur, dans le privé ?

Ca me paraît compliqué de vivre correctement en donnant uniquement des cours particuliers.
Ce n'est que le début, je te conseille de ne pas partir sans piste sérieuse de reconversion. Ca te garantit un salaire pour l'instant (et ça peut être plus pertinent de ne pas démissionner si tu restes dans la FP pour des questions de reclassement).

Qu'est ce qui te déplait ? Tu ne le dis pas...

Bon courage à toi.

J'adorais aussi les cours particuliers car on avait des élèves motivés (je n'avais que des premières ou terminales S) et on avait vraiment l'impression de les aider, d'être utile.
Etre professeur devant une classe c'est très différent. On ne peut pas se préoccuper de la compréhension d'un élève en particulier, il faut gérer le groupe avant tout. Les collégiens sont généralement peu matures et peu motivés. On passe plus d'énergie à faire la police qu'à enseigner. Par ailleurs, en cours particulier, on peut adapter son cours à l'élève, faire du sur mesure. En classe, vue l'hétérogénéité des niveaux, on ressort plutôt frustré (on n'a pas pu tout réexpliquer une n-ième fois aux élèves en difficulté et on n'a pas pu non plus aller plus loin avec les bons) quand on part dans l'idée de tous les faire progresser.

Quand j'étais en stage, les formateurs de l'INSPE avaient bien précisé que ceux qui pensaient aimer l'enseignement venant des cours particuliers étaient souvent très déçus mis devant des élèves. C'est un métier complètement différent d'enseigner à une classe que de donner un cours particulier à un élève.

Après, à Crepusculaire de faire la part des choses et de voir si réellement tout est négatif dans la vie de prof ou si elle trouve du plaisir sur certains points. Personnellement, j'ai trouvé du positif dans cette reconversion et malgré des difficultés lors des deux années de stage, j'ai tenu bon. Je ne le regrette pas maintenant.

Les premiers jours, on se prend facilement une belle claque. On se demande comment on a pu se fourvoyer à ce point. Il faut laisser le temps faire son effet. Déjà notre corps et notre cerveau à une formidable capacité d'adaptation. Dans mes premiers jours, un PP m'avait averti que dans une classe difficile un élève avait mis le blouson d'un autre dans la poubelle à côté du tableau pendant que j'écrivais et je n'avais rien remarqué ! Je me suis senti nul ! Et finalement, assez rapidement on développe des capacités sensorielles assez étonnantes. Bon courage quelque soit ton choix.

Je connais quelqu'un en maths qui ne donne que des cours particuliers et qui se dégage un salaire tout à fait correct. Elle a fait un remplacement en collège et elle est vite repartie !! De même j'ai une ancienne collègue qui fait ça en français en donnant des cours à des profils très variés. C'est bcp de travail mais les élèves st motivés...

Impossible de vivre avec des cours particuliers . Même les entreprises de soutien scolaire sont en difficulté. Concurrence des étudiants, des plateformes, des étudiants, ......il faut rajouter aussi le désintérêt des élèves.  Ils peuvent prendre une heure de cours juste pour faire un  dm. Les plus motivés peuvent travailler en autonomie. Tu as une chance. Il faut la saisir. Tu peux comparer les conditions de travail entre l'éducation nationale et enseignement privé hors contrat. Bon courage

Crepusculaire a écrit:Ou alors j'essaie de me former pour travailler dans un autre secteur, dans le privé ?

Ou dans le public (il y a d'autres concours accessibles aux profils matheux).
Les cours particuliers peuvent être, si tu en obtiens l'autorisation, cumulés à un emploi public comme activité accessoire (2° de l'art. 11 du décret n°2020-69).

M le Maudit a écrit:Je connais quelqu'un en maths qui ne donne que des cours particuliers et qui se dégage un salaire tout à fait correct. Elle a fait un remplacement en collège et elle est vite repartie !! De même j'ai une ancienne collègue qui fait ça en français en donnant des cours à des profils très variés. C'est bcp de travail mais les élèves st motivés...

Une des contractuelles de mon établissement, l'an dernier, faisait des remplacements car ses cours particuliers ne lui permettaient pas de vivre correctement. C'est une source de revenus assez instable (je le vois plutôt comme un complément de revenus).
Crépusculaire, ce n'est que le début, il faut que tu t'accroches, ce qui ne t'empêche pas de regarder les autres concours administratifs.

Je l'ai fait quelques années, avec des petits boulots à côté. C'est en effet instable (et la demande est quasi nulle entre mi-juin et mi-août...). Il faut pouvoir retrouver un élève vite dès qu'on en perd un, passer beaucoup de temps à aller d'un cours à un autre... Difficile de faire l'équivalent d'un temps plein. Ca implique aussi de travailler principalement les soirs et les week-ends si on veut faire pas mal d'heures.
A long terme, ce n'est pas terrible non plus pour louer un appart, faire un prêt ou pour la retraite.

Cela ne peut être qu’un (conséquent) complément de revenu. Via Google meet/Jamboard pour placer les élèves / étudiants les uns derrière les autres.

You a écrit:Impossible de vivre avec des cours particuliers . Même les entreprises de soutien scolaire sont en difficulté. Concurrence des étudiants, des plateformes, des étudiants, ......il faut rajouter aussi le désintérêt des élèves.  Ils peuvent prendre une heure de cours juste pour faire un  dm. Les plus motivés peuvent travailler en autonomie. Tu as une chance. Il faut la saisir. Tu peux comparer les conditions de travail entre l'éducation nationale et enseignement privé hors contrat. Bon courage

Désolé de te dire ça, mais tu dis n'importe quoi.
J'ai vécu plus de 10 ans en ne faisant que des cours particuliers. Certes j'ai arrêté d'en vivre il y a 10 ans, mais avec toutes les demandes que je reçois, je pourrai complètement en vivre encore maintenant.
J'ai commencé comme beaucoup par des cours particuliers en étant étudiant et ensuite le bouche à oreille a fait son œuvre, de sorte que je n'ai jamais eu besoin de passer des annonces.

Pour l'essentiel, mon travail était de faire tampon entre les parents et les adolescents pour les faire travailler. A la marge (1 à 3 élèves par an), je préparai des bons élèves pour entrer en CPGE. J'avais des élèves de 1S, TS et quelques rares TES. J'avais aussi quelques élèves de CPGE mais essentiellement pendant les vacances. Encore plus rarement des futurs professeurs des écoles pour la préparation du concours en maths (10 à 15 sur l'ensemble des 10 ans).

Après, il ne faut pas idéaliser ce travail :
Travail le week-end et le soir
Pas ou peu de liens sociaux, en dehors des parents (pas de collègues pour discuter autour d'un café ou à la cantine!)
Beaucoup de trajets (travail au domicile des élèves, si on respecte la loi pour la réduction d'impôt des parents)
Un grande amplitude horaire pour en vivre confortablement (les dernières années, je commençais ma semaine le mercredi toute la journée, jeudi, vendredi surtout en fin de journée, samedi et dimanche toute la journée, lundi et mardi : mon week-end mais pas celui de beaucoup de mes connaissances...)
On voit un dernier défaut : trouver un conjoint qui puisse être en adéquation avec cet emploi du temps !

Enfin pour parler des étudiants et certaines entreprises de soutien scolaire, on ne faisait pas du tout le même travail.
C'est la différence entre un job étudiant et un "vrai" métier.
C'est aussi pour ça qu'il ne faut pas l'idéaliser. Si on fait la même chose qu'un étudiant, alors je ne vois pas pourquoi payer 35 à 40€ par heure.
C'est ce que je demande actuellement mais je n'accepte que pour les enfants d'amis ou la famille (1 élève cette année, 3 l'an dernier) mais je le fais plus pour dépanner (et rassurer) que pour l'argent.

Pour conclure, on peut vivre (et même très bien au niveau financier) en donnant de cours particuliers mais il ne faut surtout pas comparer avec le métier d'enseignant dans l'éducation nationale; cela n'a qu'un rapport très éloigné.

Jenny a écrit: A long terme, ce n'est pas terrible non plus pour louer un appart, faire un prêt ou pour la retraite.

Pour la location, je ne peux pas en parler car j'étais encore étudiant mais par contre, j'ai réussi à faire un assez gros emprunt en 2005.
Seule difficulté, à l'époque tous les bulletins étaient au format papier et à coup de 20 bulletins par mois, il fallait prévoir une brouette
Sinon avec les 3 derniers relevés d'imposition et les bulletins des 6 derniers mois, j'ai eu un accord de principe assez rapide et au final j'ai pu faire mon achat immobilier.
Pour la retraite, tu cotises car c'est ton "vrai" métier et ta retraite est comme dans le privé sur les 25 meilleures années.

Faire un prêt en 2005 et en 2023, ce n'est pas tout à fait pareil.

Spoiler:

J'ai eu la chance de cotiser au forfait, ce n'est plus le cas désormais. Mais on a rarement un temps plein en services à la personne et il y a des mois creux... Une retraite du public est aussi plus rentable.

La cotisation au forfait était dangereuse car tu cotisais sur la base du SMIC et non pas sur la base de tes revenus. Donc en faisant ce choix, il fallait prévoir une épargne pour la retraite.
Si tu cotises sur le réel, ta retraire sera proportionnelle à tes revenus (avec toujours la différence entre public et privé).

Concernant tes soucis de logements, c'est plus lié à la crise de l'immobilier chez toi.
Dans ma ville, aucun problème pour se loger avec ces revenus et même moins.

Pour les périodes de creux, évidemment ça ralentit en juin mais je reprenais autour du 15 août avec 2 ou 3 semaines très intensives. Il faut juste prévoir que tu as des revenus plus faibles en juin et rien en juillet.

Sans rentrer dans les détails, j'ai dû attendre 2020 (2 ans après avoir eu l’agrégation) pour retrouver mon dernier salaire en tant que professeur particulier (salaire annuel).

Cela ne signifie absolument pas que je regrette ma reconversion mais je réitère que l'on peut en vivre, en mathématiques !
Un collègue d'anglais (de l'époque, i.e. prof particulier) en vit aussi depuis 25 ans mais ce n'est pas non plus le même métier. Il donne en effet beaucoup de cours à des adultes.
Pour d'autres matières, je suis beaucoup plus mesuré.

Je n’avais pas le choix, c’était forcément au forfait.
Je n’ai jamais dépassé les 1000/mois avec quelques cours en journée, tous les soirs et samedi/dimanche, c’était certes il y a 10 ans. Je trouvais que je n’avais pas de vie. Il faudrait vraiment trouver des cours très proches les uns des autres pour pouvoir enchaîner et pouvoir les facturer cher (plutôt Tle/supérieur sans doute).

Une nouvelle collègue (la toute petite trentaine) a conservé un mi-temps à l'éducation nationale et a créé à côté sa boite de "coaching scolaire" (je n'aime pas le terme...).
Elle m'a dit que ça fonctionne très bien depuis 2 ans et qu'elle gagne très bien sa vie. Je ne sais pas comment ça se passe pour ce mi-temps, comment elle l'a obtenu, etc.
Alors on en pense ce que l'on veut mais j'ai l'impression que ceci est viable.

Le coaching et les cours particuliers, ce n’est pas forcément la même chose.
Elle a d'ailleurs un mi-temps à l'EN, ce qui est sans doute prudent.

Tout à fait. Mais je veux ainsi dire par là qu'il existe des possibilités autres. Ou complémentaires.

Evidemment. Même dans l'EN d'ailleurs.

poutou a écrit:Une nouvelle collègue (la toute petite trentaine)  a conservé un mi-temps  à l'éducation nationale et a créé à côté sa boite de "coaching scolaire" (je n'aime pas le terme...).
Elle m'a dit que ça fonctionne très bien depuis 2 ans et qu'elle gagne très bien sa vie. Je ne sais pas comment ça se passe pour ce mi-temps, comment elle l'a obtenu, etc.
Alors on en pense ce que l'on veut mais j'ai l'impression que ceci est viable.

Et l'un de mes collègues est revenu après une dispo parce que son activité de coaching ne marchait pas. En fait, toutes les pistes évoquées dépendent de multiples facteurs, à commencer par la localisation de l'activité.

Après, sur le forum lui-même, je me souviens d'une prof d'anglais qui avait monté sa structure de cours particuliers, en partenariat avec la mairie de sa ville si je ne me trompe pas. Ses derniers messages expliquaient qu'elle s'en sortait bien. Je ne me souviens plus de son pseudo, c'est dommage.

Oui, oui, je me souviens d'elle aussi. Mais elle avait des appuis. Pas donné à tout le monde
.

Désolé il fallait que je réponde mais j'ai eu besoin de faire le point sur ce que je voulais faire. Merci beaucoup pour toutes les réponses, ça m'a bien aidé !
Ce qu'avait dit Origame-i résume plutôt bien mon sentiment de frustration sur ces premiers jours. Mais aussi des problèmes propres à mon établissement (loin de mon domicile, manque d'informations sur mes élèves et leur besoin...). Pourtant j'ai l'impression que même si tous ces problèmes techniques n'étaient pas là, je n'aimerai pas ce travail. Je pars de chez moi la boule au ventre, je ne me sens pas à l'aise devant mes élèves alors qu'en vrai ils ne sont pas trop méchants (je n'ose même pas imaginer si j'avais de plus gros problèmes de comportement et je n'ai pas envie de faire la police).

Effectivement c'est ce qu'il me semblait, je pense que c'est un projet complexe à mettre en œuvre ! Je pense que j'ai deux choix à présent :
- continuer et serrer des dents en espérant qu'au final j'aime mieux
- partir et essayer de voir ce que je peux faire avec mon master pour travailler dans autre chose et pendant le temps de battement (ou ma formation) donner des cours particuliers pour avoir une rentrée d'argent, quitte à continuer à faire ça en complément de salaire ensuite