Pourquoi est-ce devenu si difficile de muter ?

Bonjour à tous,

Je découvre très inquiète les barres d'entrée des académies de cette année. Dans certaines matières tout est bloqué. Rien à moins de 300-400 points.

ça s'est vraiment dégradé en 15 ans. Est-ce que vous savez pourquoi c'est si difficile ?? Est-ce dû aux suppressions de poste ? Faut-il tous démissionner et devenir contractuels ?

Aujourd'hui être enseignant, non seulement c'est mal payé, bac +5, de la maltraitance organisée, et aucune mobilité possible. Dans quel autre type de boulot on a aussi peu de liberté de mouvement ?

Plus de 400 points pour Lille en musique ça m'a soufflée !
Baisse démographique ?

Même Mayotte est passée à 110 points en Lettres !

Nush19 a écrit:Bonjour à tous,

Je découvre très inquiète les barres d'entrée des académies de cette année. Dans certaines matières tout est bloqué. Rien à moins de 300-400 points.

ça s'est vraiment dégradé en 15 ans. Est-ce que vous savez pourquoi c'est si difficile ?? Est-ce dû aux suppressions de poste ? Faut-il tous démissionner et devenir contractuels ?

Aujourd'hui être enseignant, non seulement c'est mal payé, bac +5, de la maltraitance organisée, et aucune mobilité possible. Dans quel autre type de boulot on a aussi peu de liberté de mouvement ?

En effet c'est devenu totalement dingue !! A part accepter des postes très difficiles il y a peu de mobilité possible. Tout ça est d'une tristesse terrible car on comprend facilement que de jeunes étudiants sérieux, fiables, bosseurs ne mettront jamais les pieds dans l'éducation nationale... Il y a 30 ans alors que j'étais stagiaire un monsieur de l'IUFM (à l'époque !!) nous expliquait que nous devions l'excellence au ministère... Ah oui et aujourd'hui peut-on exiger l'excellence face à des conditions de travail déplorables ? Je suis vraiment détruit de voir ce que l'enseignement public devient...

Je dois faire mon deuil de l'académie de Nantes et me sens complètement prisonnière du système.

J'ai débuté dans le nord il y a 40 ans à l'époque soit disant bénie des mutations à 1 tour et on y restait des années avant de pouvoir bouger. Je voulais absolument retourner en région parisienne à l'époque et j'ai fini par renoncer au bout de plusieurs tentatives et m'installer dans la région.pour un bon moment. Je ne suis pas certaine que ce soit vraiment pire aujourd'hui. Il y a aussi des cycles selon les matières.

Savez-vous s'il est possible de contourner ce système injuste et oppressant en partant dans l"enseignement privé?

Oui Clecle c'est vrai, mais tant d'impossibilité pour choisir son lieu de vie et tant de difficultés par ailleurs rendent ce métier odieux.

C'est pire aujourd'hui à cause de la mutation en deux tours.

zigmag17 a écrit:C'est pire aujourd'hui à cause de la mutation en deux tours.

Ben en tout cas ça ne changeait pas grand chose pour l'inter. Tu restais bloquée des années à Lille tout comme aujourd'hui à Créteil ou Versailles.

aef_info a écrit:Entre 2015-2016 et 2020-21, le nombre de personnels non-titulaires à l’Éducation nationale a augmenté de 107 243 quand le nombre de titulaires est resté stable. La part des contractuels est passée sur cette période de 14,5 % à 22 %.

Ça me paraît être la cause principale.

Il y a 15 ans, pour revenir dans l'académie de Bordeaux, en Gironde en arts plastiques, il fallait entre 800 et 1000 points selon les années. J'ai mis des années avant de pouvoir revenir. Et quand cela a été le cas, je me suis retrouvée certes en poste fixe mais bien loin de Bordeaux.
J'en parlais hier avec des étudiants en master MEEF 2 et ils sont terrorisés par cette histoire de mutation. Sachant que dans ma discipline, on a très peu d'académies proposées. Pour mon année de t1 on avait le choix entre Créteil, Versailles, la Guyane et Clermont Ferrand. Tout en sachant que pour Clermont Ferrand, c'était pour être TZR en BMP sur plusieurs établissements en même temps et dans des zones reculées.

Clecle78 a écrit:

zigmag17 a écrit:C'est pire aujourd'hui à cause de la mutation en deux tours.

Ben en tout cas ça ne changeait pas grand chose pour l'inter. Tu restais bloquée des années à Lille tout comme aujourd'hui à Créteil ou Versailles.

Je me souviens qu'avant Allegre il fallait attendre 5 ou 8 ans avant d'avoir la mutation choisie et encore, une mutation "éclairée" faite en toute connaissance de cause. Aujourd'hui il faut attendre 20 ans pour obtenir une académie, en n'étant même pas sûr d'obtenir un poste convenable en intra, ni de devoir être TZR.
Je parle de la situation dans laquelle on n'a que les points d'ancienneté ( célibataire sans enfant, pas de dossier médical, aucune bonification d'aucune sorte).

Durant son bref passage à l'EN , G. Attal semblait vouloir s'attaquer au système des mutations. Je ne sais pas si la nouvelle ministre va se pencher sur le dossier.
https://www.leparisien.fr/societe/penurie-denseignants-ces-profs-empeches-de-travailler-02-10-2023-GOHLICBT3NHFBGFHTMNBLWARXI.php

ribiza a écrit:

aef_info a écrit:Entre 2015-2016 et 2020-21, le nombre de personnels non-titulaires à l’Éducation nationale a augmenté de 107 243 quand le nombre de titulaires est resté stable. La part des contractuels est passée sur cette période de 14,5 % à 22 %.

Ça me paraît être la cause principale.

Chez moi, on sait qu'il y a des postes qui sont bloqués par des contractuels depuis des années alors qu'un titulaire pourrait être mis dessus car ce sont des services à 18h.
C'est incompréhensible.

Les contractuels, payés en plus au lance-pierre, coûtent moins cher.

Dans ma discipline pour rentrer dans mon académie les 5 dernières années il fallait entre 700 et 900 points. Du coup j'ai fait des années de "purgatoire" et je suis rentré avec 850 points l'an dernier. Et cette année, pouf, la barre tombe à 14 points alors qu'il y a toujours aussi peu d'entrants. Donc il ne faut pas désespérer :-).

zigmag17 a écrit:Les contractuels, payés en plus au lance-pierre, coûtent moins cher.

Oui oui c'est sur mais ce que je veux dire par là, c'est que personne ne s'élève contre ce système quand on est bloqué dans une académie, loin de chez soi, avec aucune chance de retour (je dis ça mais c'est pas pour autant que je me suis élevée et j'ai attendu comme une quiche mon tour bien sagement).

Marcelle Duchamp a écrit:
Chez moi, on sait qu'il y a des postes qui sont bloqués par des contractuels depuis des années alors qu'un titulaire pourrait être mis dessus car ce sont des services à 18h.
C'est incompréhensible.

J'en fais les frais, je suis TZR en suppléance depuis 2 ans dans une académie non voulue, j'ai aligné jusqu'ici uniquement des remplacements situés à 45-65km de mon RAD (j'admets que la malchance est là). J'ai rencontré un contractuel de ma discipline qui a un CDD de 3 ans dans un lycée à 15km, qui refuse de passer le concours par peur de participer au mouvement. Lui exposer ma situation ne l'a que conforté dans ses choix.

ribiza a écrit:

Marcelle Duchamp a écrit:
Chez moi, on sait qu'il y a des postes qui sont bloqués par des contractuels depuis des années alors qu'un titulaire pourrait être mis dessus car ce sont des services à 18h.
C'est incompréhensible.

J'en fais les frais, je suis TZR en suppléance depuis 2 ans dans une académie non voulue, j'ai aligné jusqu'ici uniquement des remplacements situés à 45-65km de mon RAD (j'admets que la malchance est là). J'ai rencontré un contractuel de ma discipline qui a un CDD de 3 ans dans un lycée à 15km, qui refuse de passer le concours par peur de participer au mouvement. Lui exposer ma situation ne l'a que conforté dans ses choix.

Une de mes amie était dans ton cas. Sauf qu'elle avait 4 enfants, un mari qui avait des horaires de travail aléatoires, se tapait énormément de route alors qu'elle savait qu'il y avait un poste occupé par un contractuel à 15 min de chez elle.

Il faut garder à l'esprit qu'il ne peut pas y avoir des académies avec 100% de titulaires, d'autres avec 100% de contractuels (à tout hasard, celles d'Ile-de-France)... On voit déjà bien ce que ça donne dans le 1er degré. Et ce sont toujours les mêmes élèves qui en subiront les conséquences dans leur scolarité, ceux déjà en difficulté sur d'autres plans.

Je sais, c'est pas tout à fait notre problème, nous n'en serions pas là si notre profession était reconnue et s'il n'y avait pas de problèmes de recrutement, que des titulaires. Encore que, faudrait bien des profs partout aussi. C'est ça aussi le service public d'Education... Ça dépend de la vision de chacun sur le sujet.

Et, oui, y a pleins de postes dans la FP où on ne choisit pas son lieu de travail. Sans parler des fonctions où faut bouger tous les 3/4 ans.

On est bien d'accord : de moins en moins d'avantages, de plus en plus de contraintes...

Marcelle Duchamp a écrit:
Oui oui c'est sur mais ce que je veux dire par là, c'est que personne ne s'élève contre ce système quand on est bloqué dans une académie, loin de chez soi, avec aucune chance de retour (je dis ça mais c'est pas pour autant que je me suis élevée et j'ai attendu comme une quiche mon tour bien sagement).

Les syndicats dans leur unanimité (sauf erreur de ma part ?), de leur manifeste faible pouvoir, défendent le statut des contractuels. C'est tout à leur honneur, mais c'est le serpent qui se mord la queue.

Marcelle Duchamp a écrit:
Une de mes amie était dans ton cas. Sauf qu'elle avait 4 enfants, un mari qui avait des horaires de travail aléatoires, se tapait énormément de route alors qu'elle savait qu'il y avait un poste occupé par un contractuel à 15 min de chez elle.

Si j'ai pas d'enfant, c'est pour ces bonnes raisons. Allez Macron, si tu veux qu'on repeuple la France, faut venir lire ce forum !

Madame_Prof a écrit:Il faut garder à l'esprit qu'il ne peut pas y avoir des académies avec 100% de titulaires, d'autres avec 100% de contractuels (à tout hasard, celles d'Ile-de-France)... On voit déjà bien ce que ça donne dans le 1er degré. Et ce sont toujours les mêmes élèves qui en subiront les conséquences dans leur scolarité, ceux déjà en difficulté sur d'autres plans.

Je sais, c'est pas tout à fait notre problème, nous n'en serions pas là si notre profession était reconnue et s'il n'y avait pas de problèmes de recrutement, que des titulaires. Encore que, faudrait bien des profs partout aussi. C'est ça aussi le service public d'Education... Ça dépend de la vision de chacun sur le sujet.

Et, oui, y a pleins de postes dans le FP où on ne choisit pas son lieu de travail. Sans parler des fonctions où faut bouger tous les 3/4 ans.

Exactement.

Marcelle Duchamp a écrit:

zigmag17 a écrit:Les contractuels, payés en plus au lance-pierre, coûtent moins cher.

Oui oui c'est sur mais ce que je veux dire par là, c'est que personne ne s'élève contre ce système quand on est bloqué dans une académie, loin de chez soi, avec aucune chance de retour (je dis ça mais c'est pas pour autant que je me suis élevée et j'ai attendu comme une quiche mon tour bien sagement).

Il y a très longtemps j'ai vu un reportage, ça devait être un numéro d'"Envoye spécial " ou quelque chose comme ça, il y a vraiment très longtemps ( 15 ans?), dans lequel un jeune titulaire fraîchement muté contre son gré dans une académie très éloignée de celle qu'il souhaitait se lamentait sur la séparation subie avec sa copine et sa famille. Les journalistes étaient partis à la rencontre des pontes de l'EN pour en savoir plus sur ce genre de situation. La réponse, comme c'est étrange, avait été lapidaire et pleine de morgue, je la restitue telle que je m'en souviens : " Si cela permet à ce jeune homme de se consacrer à ses cours cette séparation n'est pas un problème pour l'Éducation nationale".
A partir de ce moment-là j'ai bien compris à qui l'on avait affaire, et que personne dans ce ministère ne nous considérait autrement que comme des pions.
Ce mépris suinte de quelque côté que l'on se tourne dans notre métier.

zigmag17 a écrit:

Marcelle Duchamp a écrit:

zigmag17 a écrit:Les contractuels, payés en plus au lance-pierre, coûtent moins cher.

Oui oui c'est sur mais ce que je veux dire par là, c'est que personne ne s'élève contre ce système quand on est bloqué dans une académie, loin de chez soi, avec aucune chance de retour (je dis ça mais c'est pas pour autant que je me suis élevée et j'ai attendu comme une quiche mon tour bien sagement).

Il y a très longtemps j'ai vu un reportage, ça devait être un numéro d'"Envoye spécial " ou quelque chose comme ça, il y a vraiment très longtemps ( 15 ans?), dans lequel un jeune titulaire fraîchement muté contre son gré dans une académie très éloignée de celle qu'il souhaitait se lamentait sur la séparation subie avec sa copine et sa famille.  Les journalistes étaient partis à la rencontre des pontes de l'EN pour en savoir plus sur ce genre de situation.  La réponse, comme c'est étrange, avait été lapidaire et pleine de morgue, je la restitue telle que je m'en souviens : " Si cela permet à ce jeune homme de se consacrer à ses cours cette séparation n'est pas un problème pour l'Éducation nationale".
A partir de ce moment-là j'ai bien compris à qui l'on avait affaire, et que personne dans ce ministère ne nous considérait autrement que comme des pions.
Ce mépris suinte de quelque côté que l'on se tourne dans notre métier.

Je m'en rappelle très bien!
J'étais au début de ma carrière et donc coincée pour X années en Ile de France.
On nous disait "Vous êtes mobilisables sur l'ensemble du territoire nationale, c'est comme ça!"