Sondage : Quelle est la pire incivilité ou violence que vous ayez subie depuis que vous enseignez ?

La pire violence que l'on peut subir, c'est de se plaindre d'une violence et de ne pas être entendu. Qu'il n'y ait aucune réaction.
Pire que l'on sous-entende que c'est de notre faute.
Pire encore, que l'on nous en veuille car on ne sait pas tenir notre classe.
Je suis heureuse pour ma part d'être soutenue.

Dans un collège tranquille, je dis à un élève qui dort sur sa table: "S'il te plait, relève la tête" Je suis restée plutôt gentille... Je lui demande une 2e fois et il me répond "Oh! c'est bon! Ça saoule les profs! Vous êtes qui, vous, pour me dire c'que j'dois faire, vous êtes qu'une prof pour moi (ah oui, je confirme), j'vous pisse dessus!" . Sur ce, je lui ai demandé de quitter la salle! Il a été viré pour le reste de la journée, et a du s'excuser (façon de parler...) avant de retourner en classe avec moi.

Il y a plusieurs années, j'ai du plusieurs fois séparer des élèves qui se battaient à l'entrée de mon cours (ils se cherchaient à l'intercours). Ce n'était pas dirigé contre moi, mais j'en garde un bien pire souvenir, surtout que ça se passait donc en entrant dans la salle, porte ouverte, avec des collègues qui regardaient mais n’intervenaient pas, alors que je petite et pas très forte! Et des élèves en colère, ça a une force phénoménale!

Puis quelques prises de becs un peu musclées avec des élèves (je me souviens d'un élève qui m'avait accusé de lui avoir perdu son carnet en hurlant comme un fou...)

J'ai été gazée à la bombe lacrymo en classe. Dans l'agitation qui s'est ensuivie du gaz, on m'a volé mon portable.
Ayant ingéré du gaz qui m'avait été lancé à quelques centimètres du visage, j'ai fait une longue, très longue crise d'asthme et ai été placée sous cortisone.
Le coupable du vol (celui du gaz n'a jamais été trouvé), dénoncé, a été mis en mesure conservatoire avant conseil de discipline.
Mais quelques jours après alors que j'étais en cours avec sa classe, il est entré en furie, s'est précipité sur moi en disant qu'il allait me faire tabasser tellement que même ma famille ne serait plus capable de me reconnaître. Deux de ses camarades l'ont retenu avant qu'il ne me frappe.
J'ai porté plainte, obtenu protection juridique du fonctionnaire. La plainte a été classée sans suite, le tribunal de Bobigny étant débordé. On m'avait toutefois expliqué au commissariat que sans menace de mort (contenant les mots "tuer" ou "mort"), la plainte risquait de ne pas aboutir. J'ai demandé une mutation avec les points d'agression et ai obtenu... le collège où j'enseignais lors des faits.
Lors de son conseil de discipline, où l'élève a été exclu, il a dit en partant qu'il nous maudissait tous et qu'il ferait brûler son sale collège.

Sépia a écrit:J'ai vu... Mais cela veut-il dire qu'on ne peut plus y répondre ?  :| 

Si bien sur, mais je préfère le rappeler car ça peut changer des résultats.

Isidoria

J'ai du mal à répondre. Qu'est-ce qui est pire ?
Mon pire souvenir, c'est de m'être fait insulté par un petit groupe d'élèves en plein centre ville, en descendant du bus un jour de congé.
Mais j'ai aussi été bousculé express, avec insulte qui va bien "pousse-toi grosse ***", par deux élèves qui je ne connaissais pas, mais j'étais malencontreusement sur leur route.
Bon, quelques autres insultes, aussi, au gré du temps qui passe.

Isidoria   Quel  :censure:  !!!

conclusion quand même: extrêmement rares sont les profs qui n'ont rien à signaler!!!    

doublecasquette a écrit:Par un parent d'élève, ça compte ?

Han, ça me rappelle une anecdote !
1ère année, 1er poste, GS/CP à la campagne.
H. avait "oublié" de faire ses devoirs, d'apporter son manuel de lecture, sa trousse... bref... Du coup, je mets un mot dans son cahier. Sauf que j'ai pas fait gaffe, j'ai écrit en rouge, vu que c'est le stylo que j'avais à la main.
Le lendemain soir, vendredi, 16h30. Son père arrive à la sortie, me prend à partie devant mes élèves et ceux de la directrice (maternelle, on était en RPI).
Aviné, il commence à vociférer. Contrairement à toi, je ne me rappelle pas ses mots, juste qu'il brandissait le poing en avançant vers moi d'un air menaçant... et qu'il était vêtu d'un marcel jadis blanc sur un short court vert en polyamide d'où dépassait, narquois, un testicule... J'en ai cauchemardé un moment !
Il est venu s'excuser, sommé et accompagné par le maire (car il était connu pour son alcoolisme et ses débordements... verbaux)
Et je n'ai depuis plus jamais écrit dans un carnet de liaison avec un stylo rouge !

Franchement, je ne sais pas trop quoi répondre, car le pire, c'est surtout quand je suis surprise, ou quand je perds mes moyens. Par conséquent, le pire, c'est en début de carrière que je l'ai vécu, un élève m'a un jour approchée très rapidement en levant les bras et en criant, j'ai bien cru que j'allais m'en prendre une. Ce jour-là j'étais choquée.
Mais quand l'an dernier un élève m'a dit qu'il me pissait dans la bouche, objectivement il allait loin, mais personnellement, j'ai surtout vu dans cette phrase un moyen de me débarrasser de l'élève, il avait enfin franchi le cap.

Le pire, c'est peut-être que ça devienne une habitude. En 6 ans, 3 fois ma voiture a été abîmée : une fois une rayure latérale sur tout le côté droit, l'aile, les deux portières et l'arrière, une autre fois un impact de pierre, il a fallu changer la portière, et des crachats, ça c'est juste pour le côté crade, et l'an dernier, "juste" un phare, qui m'a quand même coûté 150 euros.
Je me fais régulièrement tutoyer.
Insulter, ça devient rare, mais ça arrive quand je change d'établissement, je me fais bizuter.
Les parents d'élève, j'y ai été confrontée également.

Finalement, peut-être car c'est plus récent que le reste, mais le pire pour moi ça a été de me faire agresser par une pionne cette année dans l'indifférence la plus totale, alors qu'il y avait 20 profs témoins de la scène.

Deux agressions physiques (sans contact mais avec intimidation) en début de carrière:
l'une en lycée l'année du stage: j'ai eu le malheur de dire à l'élève que sa mère ne serait pas contente si elle savait qu'il contestait ma notation. Il a cru que j'insultais sa mère. Les autres ont pris ma défense et lui ont dit qu'il n'avait pas compris ma remarque et qu'il s'était énervé pour rien. Depuis j'ai appris à ne plus citer les parents de l'élève verbalement. L'autre en collège difficile: j'ai eu le malheur de réveiller un élève qui dormait sur sa table. Il s'est levé pour me frapper. Les autres élèves l'ont raisonné. J'ai eu peur ce jour là.
J'ai essuyé des insolences verbales au collège et des: "vous êtes raciste". Depuis que je suis retournée en lycée (soit 3 ans), je n'ai plus eu ce genre de désagrément mais ça peut encore arriver.

J'ai déjà été insultée, menacée verbalement, et menacée physiquement (l'élève qui roule des mécaniques et qui vient parler très près), mais je crois que ce qui m'a le plus touchée parmi ces choses, c'est l'insulte, et j'ai voté pour ça. Bizarrement, les menaces m'ont moins atteintes (et dans mon nouveau bahut, aujourd'hui, après 5h de cours seulement avec un classe, une élève a dit en parlant de moi : "Si elle veut pas comprendre, je vais lui mettre une claque, là elle comprendra !", ce rempla s'annonce sous les meilleurs auspices...  ).

Isidoria!!!     

En fait j'ai déjà un peu tout eu.
- la pire situation? de l'impertinence, de l'insolence...
Ca c'était la belle époque où le gamin te lancer son carnet et tu arrivais à lui faire comprendre que c'était pas bien.
- je me suis fait insulter
Cette année j'ai une classe qui utilise les insultes comme pour dire bonjour donc parfois ça sort tout seul, en général il s'excuse derrière mais parfois pas.
- je me suis fait menacer verbalement ("je vais te cramer!" "on va se revoir" etc...)
Déjà eu quand j'ai commencé par un élève de 4ème (qui accessoirement vendait de la drogue...)
- je me suis fait menacer physiquement (on s'approche très près de vous, par exemple)
Même chose avec le précédent élève qui était à la limite de m'en coller une en me disant qu'il me "fumerait"
- je me suis fait menacer physiquement et/ou verbalement, avec contact physique
Déjà eu un coup de poing d'une élève qui s'était enflammée et voulez sortir de mon cours.
- je me suis fait bousculer (de façon volontaire)
Ca m'est arrivée une fois y a longtemps, je ne m'y attendais pas et là je suis sorti de mes gongs.
- autre (atteinte aux biens, etc.)
Déjà retrouvé ma voiture griffée et un clou prêt à perforer ma caisse (elle était en pente) si une collègue ne l'avait pas vu en enlevant le frein à main plus de pneu. Mais bon y a certain(e)s collègues qui profite du fait que le lycée soit difficile pour régler leur compte ainsi style de rien...

titrit a écrit:La pire violence que l'on peut subir, c'est de se plaindre d'une violence et de ne pas être entendu. Qu'il n'y ait aucune réaction.
Pire que l'on sous-entende que c'est de notre faute.  
Pire encore, que l'on nous en veuille car on ne sait pas tenir notre classe.
Je suis heureuse pour ma part d'être soutenue.

Je suis d'accord avec ça et quelques autres témoignages allant en ce sens. En 15 ans de ZEP, Zone Sensible et autres sigles dont l'EN a le secret, j'en ai connu, des dérapages verbaux en tous genres. On a géré, on a sanctionné, on a avancé.
Là où ça devient "pire", c'est quand cette violence est entérinée, considérée en quelque sorte comme normale par l'institution, pour toutes sortes de raisons (discours victimaire, misérabilisme, psychologie de comptoir, volonté de masquer les problèmes, de publier de bons "indicateurs"...).
J'avais raconté ici comment une jeune fille qui m'avait frappée avait été sanctionnée de quelques jours d'exclusion, le même "tarif" que lorsqu'elle avait déjà, à deux reprises, frappé des élèves. J'étais censée la reprendre ensuite en cours le plus naturellement du monde. Évidemment, j'ai fait un tel foin que ça n'a pas été possible, mais il a fallu se battre (faire débrayer tous les collègues, engager un véritable bras de fer) pour obtenir une réponse de toute façon insuffisante (pas de conseil de disc) avec toujours un renversement de la suspicion (dans le fond, mon acharnement le prouve bien : c'est moi le bourreau d'enfant).
Dans toute cette histoire, je n'en ai pas voulu à l'élève, une pauvre môme enfermée dans de sales histoires. C'est une enfant, en construction, elle peut déraper, nous avons alors le devoir de la sanctionner pour lui rappeler les règles, lui permettre de prendre conscience des limites et de progresser, mais si chacun remplit son rôle, ce n'est pas si grave. Par contre, j'en ai énormément voulu à ma hiérarchie de sa lâcheté, sa complaisance, sa manière de nier la gravité des faits et, finalement, de m'enfoncer au lieu de me soutenir. Si j'avais été un peu plus fragile, un tel événement, avec de telles suites, aurait pu être dévastateur. Le souvenir le plus cinglant, pour moi, au milieu des insultes, menaces et violences diverses de mômes paumés, donc excusables, c'est ce désaveu, cette démission, cette imbécillité d'adultes qui n'ont aucune excuse.

Le pire, je ne sais pas si ça a vraiment un sens dans la mesure où le problème pour moi c'est la répétitition, la banalisation (ça va un peu dans le sens des propos de Véronique).

Les insultes, c'est presque banal, trois ou quatre fois en deux ans (je parle d'insulte grave, pas de "elle est folle", je parle de "ta mère la ***", "suce ma ***) et autre "N. je t'en****le). Bon, c'est traité par des exclusions (en interne).
L'intimidation, déjà connu, et plus d'une fois.
Vol de mon matériel aussi (rendu quelques heures plus tard mais hors d'usage) et là, pas d'autre sanction qu'une journée d'exclusion. C'est vrai quoi, on m'a rendu l'objet.   Et puis 15 euros, hein, c'est pas grave. Le collège paie, on va pas en faire plus...

La pire des agressions ou des situations mal vécues, ben, je me demande si elle n'est pas venue de notre hiérarchie ou du MEN lui-même....Désolée de le dire , mais dans certaines communes, cette réforme des rythmes par exemple est vécue comme une véritable agression contre nos conditions de travail ou de ce qui fait l'essence même de notre boulot...

C'est un peu indécent de mettre ça sur le même plan que des agressions réelles, alors s'il te plaît parle des rythmes sur les fils adéquats.

titrit a écrit:La pire violence que l'on peut subir, c'est de se plaindre d'une violence et de ne pas être entendu. Qu'il n'y ait aucune réaction.
Pire que l'on sous-entende que c'est de notre faute.

+1
Mon seul vrai mauvais souvenir d'incident c'est lorsque, après les faits, je me suis retrouvé  avec l'élève dans le bureau de la principale et que celle ci, tranquillement, confrontait nos déclarations comme si ma parole valait celle de l'élève. Et qu'aucune sanction n'a été prise, bien sûr.

Je ne vote pas, je ne parviens pas à  établir la hiérarchie entre certaines violences que j'ai vécues.
-impertinence, l'insolence
- je me suis fait menacer verbalement ("je vais te cramer!" "on va se revoir" etc...)
    - je me suis fait menacer physiquement (on s'approche très près de vous, par exemple)
    - je me suis fait agresser avec une arme/un objet utilisé comme arme = jet de gomme reçue dans l'oreille, jet de blanco, jet d'une pierre, jet d'une boule de neige sur ma voiture (avec le risque d'accident que cela comporte). Pas tout ans la même année...
    - autre (atteinte aux biens, etc.) : coups de téléphone anonymes.

Uniquement quand j'ai enseigné en collège et pas seulement quand j'étais en ZEP.
+ menaces d'un parent à l'issue d'un conseil de disc.

Insultée à plusieurs reprises, la dernière datant de cet après-midi, dans mon dos bien entendu.

- En zep pep 4, un élève (un 3ème) m'attendait le matin pour en "finir" et "régler mon compte"... Il a fait demi-tour quand je lui ai dit que j'allais en parler à son grand frère et à ses parents. Ouf. Sinon toujours dans cette charmante commune, une tape "anonyme" sur la tête dans un bus bondé.
- Insultes dans la rue au dessus de la haie alors qu'on dinait en famille sur la terrasse. J'ai reconnu le môme et j'ai donné un coup de tel furieux et menaçant à ses parents.
- Bon, sinon, insultes fusant d'individus me reconnaissant de loin.
- Pneus dégonflés sur le parking une fois.
- "nique docteur OX" sur un mur en zep et sur des tables.
etc.....etc....

Dame Tartine a écrit:Insultée à plusieurs reprises, la dernière datant de cet après-midi, dans mon dos bien entendu.

En trois jours de cours avec mes nouveaux 4e, j'ai déjà été copieusement insultée, mais dans mon dos, je n'ai pas réussi à les prendre en flag. Sal*** est le nom d'oiseau qui est revenu le plus souvent (j'ai l'outrecuidance de vouloir les faire bosser alors qu'ils ont déjà épuisé 3 profs cette année), accompagné du traditionnel : "Elle est folle celle-là !" Un véritable bonheur. Et une menace donc aujourd'hui, toujours dans cette même classe. Sans compter l'insolence et l'impertinence, qui est leur mode de communication de base, accompagnées de provocations et contestations systématiques de TOUT ce que je dis. Un plaisir...

Insultes, tags sur voiture (AV batmobil 60 €. Effacé, mais cela m'a fait rire !), intimidation, insultes et impertinence.

Avec le temps j'ai une bonne répartie (parfois trop)
"Ta g*****" ==>"La tienne avant la mienne"
'Tu paries que je viens à ta retenue ?" ==> "Pourquoi, t'as de l'argent toi ?" <== Frais de ce matin.

Dame Tartine a écrit:Insultée à plusieurs reprises, la dernière datant de cet après-midi, dans mon dos bien entendu.

bah oui mais tu étais encore retombée du mauvais côté et de fait on était dans ton dos    

atteinte aux biens : un eleve a coupé le fil d un générateur allumé à l aide d une paire de ciseaux... heureusement le disjoncteur a joué son rôle!

sinon j ai eu le droit à "vous me cassez les couilles" "faut se détendre l'anus"...

une collegue a eu " tu veux me sucer? "