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Aliceinwonderland
Neoprof expérimenté

Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ? - Page 25 Empty Re: Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ?

par Aliceinwonderland Dim 4 Jan 2015 - 8:21
Je vais essayer de développer plus précisément pourquoi je pense que le fait d'avoir considéré la dyslexie comme un handicap a été, me semble-t-il, ouvrir une boîte de Pandore.

Le témoignage de Hoa Mai m'a beaucoup intéressée car je sais qu'une des raisons de ma reconversion/vocation tardive a été, non seulement mon piètre charisme en tant que professeur, mais aussi le fait que mon père, malgré une surdité importante, a pourtant fait une scolarité très brillante. Son profil est cependant atypique (il a eu comme audioprothésiste un des profs qui nous faisait cours à la fac et qui lui disait que son profil était très rare). Il a perdu toute l'audition d'une oreille à 5 ans, ainsi que que 90% de l'autre. Le grand professeur en médecine qui l'avait examiné a insisté pour que sa tante, institutrice et qui vivait chez lui, lui apprenne à lire avant qu'il ne perde plus. Dans ses récits il m'a toujours semblé que sa tante avait joué un grand rôle, suivant ses devoirs, veillant à ce qu'il soit toujours au 1er rang etc. En 6ème son professeur d'anglais a exigé qu'il prenne des cours particuliers à l'oral avec lui, sinon il refusait de le prendre (aujourd'hui je pense qu'un tel professeur serait conspué). Mes grands-parents se sont évidemment saignés aux quatre veines pour payer les cours. Plus tard mon père a participé aussi à des échanges scolaires, et malgré son handicap il parle donc également couramment anglais, beaucoup mieux que moi, qui plus est avec un bel accent et présentait sans souci ses travaux de recherche en anglais lors de conférences à l'étranger. Je suis certaine que sa tante n'a pas été étrangère à cette réussite (je précise aussi que mes grands-parents avaient simplement le certificat d'études).

Donc quand je me suis reconvertie mon idée était de parvenir à aider à produire ce type de miracles (dans la mesure du possible évidemment), pas pondre des PAI à la chaine en prenant les profs pour des larbins. J'ai d'ailleurs passé le concours avant la loi de 2005, je ne sais pas si je l'aurais fait après.

Depuis que j'exerce, j'ai vu pas mal d'enfants avec des difficultés très spécifiques à la base (lenteur particulière, difficulté à comprendre la combinatoire, erreurs typiques visuelles ou sonores) finir par avoir un bon niveau et s'en sortir sans diagnostic particulier (à commencer par l'un de mes fils qui a quand même fait un CP épique, confondant b,d,p,q, u, n et plusieurs sourdes sonores et qui ne parvenait pas à rentrer dans la combinatoire). Il est gaucher, à la différence de son frère qui a appris à lire presque naturellement. On va dire qu'avec sa mère il a eu une prise en charge assez intensive et est désormais un élève plutôt brillant (40/40 au brevet en français l'an dernier). Mais il n'est pas un cas isolé : j'ai suivi plusieurs enfants avec un profil similaire qui ont fini par se retrouver avec un niveau normal. Je précise que cela a fonctionné quand les enfants étaient scolarisés dans une école utilisant une méthode avec forte dominante syllabique, et parents motivés reprenant les fiches. Dans ces cas là je n'ai donc pas posé de diagnostic puisqu'on nous dit que désormais il faut au moins 18 mois de décalage avec la classe d'âge pour le poser. Mais certaines orthophonistes le font encore ; ainsi une patiente adulte me racontait que sa fille aînée a eu le diag dys ; mais que ses résultats sont tellement bons à l'école (elle est brillante, fait du grec) qu'elle  ne veut pas avoir d'aménagements car de toute façon elle a de bonnes notes ; or cela signifie que si elle allait en hôpital on lui dirait probablement que le diagnostic était erroné. Malgré tout, lorsque ma mère m'a décrit ses difficultés en CP, il m'a semblé qu'effectivement elle avait ce profil très lent, avec erreurs spécifiques, mais elle a été très bien suivie.

A côté de cela, je vois arriver des enfants comme V. V. vient d'un hôpital connu pour avoir une école intégrée à l'unité. V. doit donc désormais quitter l'unité pour entrer en 6ème. Sa mère me téléphone en juin pour avoir une place à la rentrée. Elle accepte qu'il vienne sur le temps scolaire. J'accepte, je lui dis de se procurer une ordonnance, nécessaire à la DAP même si V. a déjà été multibilanté. J'insiste sur le fait que je préfère le bilanter tôt, en juillet, en période creuse, ce qui permettra d'envoyer la DAP et de commencer dès la rentrée. En fait cette dame ne trouvera finalement le temps de reprendre un RV que fin septembre. Elle m'envoie l'enfant avec la sœur, sans moyen de paiement, sans carte vitale et avec une simple attestation. Je m'aperçois que V. est ALD, il faut donc que la mention figure sur l'ordonnance, je ne peux toujours pas envoyer la DAP. V. est également diagnostiqué hyperactif et sous ritaline ; il m'explique qu'il passe son temps sur les écrans, à jouer à l'ordi dès qu'il peut. Il lit très très vite, mais avec énormément d'erreurs et ne peut quasiment pas écrire mais dispose d'un ordinateur. Par hasard je le croise avec sa mère le jour même et insiste pour avoir rapidement l'ordonnance adéquate. Début novembre toujours sans nouvelles je rappelle mais le numéro de portable ne fonctionne plus. Fin novembre je trouve une enveloppe dans ma banette : la fameuse ordonnance, l'emploi du temps au collège de V.(!), un petit mot de la mère s'excusant de ne pas avoir eu le temps de donner de nouvelles et donnant le nouveau numéro. Je rappelle la mère, lui explique que mon planning est désormais complet et que je vais déposer les documents de l'hôpital ainsi que l'ordonnance dans sa boîte aux lettres afin qu'elle trouve une autre orthophoniste. Cet enfant, indéniablement, a le statut. Mais je plains les professeurs qui vont devoir se le coltiner au moins jusqu'en 3ème, adapter leurs cours pour lui. Et je ne pense pas qu'on lui rende service. En admettant qu'il le soit réellement, il y a indéniablement une carence éducative et un je m'en foutisme absolu qui n'arrangent rien, et il me semble que cet enfant avait un gros potentiel pour pourrir une classe. Pendant ce temps, un copain de primaire d'un de mes fils scolarisé sur le même collège est parti dans le privé.

Les diagnostics se fondent donc avant tout sur le décalage, pour éviter ces enfants qui arrivaient en hôpital ou centre référent, avaient des résultats bons et apprenaient qu'ils n'étaient pas dys. Mais avec la suppression du redoublement et les baisses des exigences dans certaines écoles (je suis une petite qui avait les mêmes symptômes que les autres mais sur une école beaucoup moins exigeante et avec une famille moins aidante et je pense qu'elle finira aussi malheureusement avec l'étiquette) je ne peux m'empêcher de penser (peut-être à tort) qu'un certain nombre de diagnostics auraient pu être évités. Maintenant, une fois que cela a été fait, comme le dit Hoa Mai, il faut bien faire avec. Mais cela soulève pas mal de questions ; j'ai revu un vieil ami récemment, il me disait que son fils ainé a été évalué par une orthophoniste et a un niveau de CE2 en lecture en troisième. Mais lui-même prof de techno dans un collège difficile du 95 il n'a aucune envie de demander des aménagements car il a l'impression que ce sont les chieurs qui le font (je précise que nous ne nous étions pas vus depuis plus de 15 ans et que je ne lui avais pas du tout développé mes propres vues sur le sujet)... Donc son fils n'aura aucun aménagement tandis que d'autres les auront ( cela peut en effet l'aider à se dépasser, mais met les profs dans une sacrée panade je trouve...)

Bref, tout cela partait de bons sentiments mais, on  a créé plus de problèmes qu'on n'en a résolu. Et j'ai beau dire qu'en essayant de prendre en priorité les handicaps les plus lourds je m'en sors... Il me semble qu'on va de plus en plus chercher à les intégrer également en classes normales (et mon ami me confirmait la suppression prochaine des SEGPA dans son collège). Et au final tout cela empêche les profs de faire cours normalement et accentue la fuite vers le privé (impressionnante actuellement dans mon secteur), avec une école à deux vitesses, de plus en plus inique.


Dernière édition par Aliceinwonderland le Dim 4 Jan 2015 - 9:02, édité 1 fois
Hoa Mai
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Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ? - Page 25 Empty Re: Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ?

par Hoa Mai Dim 4 Jan 2015 - 9:00
Suite au témoignage d'Aliceinwondeland, je précise que j'ai également appris à lire moi-même à mon fils, et ce dès la grande section. En effet, m'étant renseignée sur les méthodes de lectures utilisées par les deux institutrices de CP de son école, et ayant appris qu'elles utilisaient toutes les deux une méthode totalement globale, j'ai préféré prendre les devants et lui apprendre à lire en syllabique. Comment un malentendant pourrait apprendre avec une méthode globale ? Impossible. Du coup il n'a jamais eu besoin de suivi orthophonique, ce qui est très rare pour un enfant appareillé, juste de bilans annuels afin de vérifier que tout allait bien.


Dernière édition par Hoa Mai le Dim 4 Jan 2015 - 9:06, édité 1 fois
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Aliceinwonderland
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par Aliceinwonderland Dim 4 Jan 2015 - 9:05
Je pense que cela a en effet été déterminant. Quand j'ai de gros retards de parole et de langage, que ce soit ou non dû à des surdités en maternelle, je fais toujours en plus des activités de langage une initiation à la syllabe simple avec des tableaux de syllabes et des jeux dès la GS, et je vais même plus loin si je vois que c'est possible, je suis persuadée que cet apprentissage précoce est une grande aide pour ces enfants.

_________________
Comme chaque année à la même époque je fais preuve d'un optimisme aveugle en me disant que l'année à venir ne peut pas être pire que celle qui vient de s'écouler. En oubliant que l'année passée a été pire que la précédente... (je cite de mémoire Emmanuel Brouillard)
Hoa Mai
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Niveau 8

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par Hoa Mai Dim 4 Jan 2015 - 9:10
Aliceinwonderland a écrit:Je pense que cela a en effet été déterminant. Quand j'ai de gros retards de parole et de langage, que ce soit ou non dû à des surdités en maternelle, je fais toujours en plus des activités de langage une initiation à la syllabe simple avec des tableaux de syllabes et des jeux dès la GS, et je vais même plus loin si je vois que c'est possible, je suis persuadée que cet apprentissage précoce est une grande aide pour ces enfants.

C'est d'autant plus nécessaire quand il s'agit d'une surdité évolutive. Dans le cas de mon fils, il a perdu d'abord l'audition d'une oreille, puis de l'autre. Quand il a eu cinq ans, aucun médecin n'était capable de me dire s'il allait devenir totalement sourd ou pas. C'est aussi pour ça que j'ai pris la décision de lui apprendre à lire à ce moment-là. Il a ensuite réclamé des cours de langue des signes qu'il a suivis pendant plusieurs années, puis il a arrêté quand il a vu que son audition était stabilisée. Même si on ne sait pas pour combien de temps hélas.
titeprof
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Expert

Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ? - Page 25 Empty Re: Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ?

par titeprof Dim 4 Jan 2015 - 10:43
Je viens de lire les 31 pages de ce fil, et si j'ai glané quelques infos, je reste globalement démunie avec mes élèves...
Cette année j'ai 17 PAI pour dys-qqch + 2 malvoyants + une gamine aveugle avec AVS + une dizaine de PAI pour raisons lourdes (mucoviscidose, myopathie...) (sans compter les non francophones et les non francophones illetrés dans leur propre langue ...)
J'agrandis mes doc pour les malvoyants, je les fais transcrire en braille et en thermogonflage pour la non voyante, j'adapte mes TP autant que possible (je suis en SVT imaginez les TP microscopie avec la non voyante ou dissection avec le myopathe... Rolling Eyes ). Cela me prend des heures... Je met un tiers temps à tout le monde en accordant une heure pour un devir pouvant être fait en 45min.
Mais c'est tout.
Tout au long du 1er trimestre, j'ai des PAI dys qui arrivent dans mon casier avec des demandes farfelues et/ou irréalisables, et je n'en peux plus. J'arrive à peine à me souvenir qui en a un et pourquoi... Il faudrait que je reformule tout, que j'écrive au tableau et sur video projecteur et que je fasse des textes à trous et en couleur et en A4-3-2 et j'en passe. Cete année j'ai dit stop. Je gère mes non/mal voyants, j'aide mon gamin myopathe à manipuler, je garde un œil sur la gamine à la muco pour déplacer les élèves grippés au cas où et c'est tout. Je suis fatiguée de tout ça. Les non francophones? j'ai jamais appris à gérer. Les dys? pareil. je ne peux pas matériellement m'en occuper. je n'ai pas le temps, pas assez de photocop, pas les moyens et, en toute franchise, plus envie. Et tant pis si je passe pour un monstre. Je n'ai pas signé pour ça.

_________________
[center]Je suis comme le ciel, rien ne s'accroche à moi (mantra)
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Cath
Enchanteur

Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ? - Page 25 Empty Re: Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ?

par Cath Dim 4 Jan 2015 - 10:48
titeprof a écrit:Je viens de lire les 31 pages de ce fil, et si j'ai glané quelques infos, je reste globalement démunie avec mes élèves...
Cette année j'ai 17 PAI pour dys-qqch + 2 malvoyants + une gamine aveugle avec AVS + une dizaine de PAI pour raisons lourdes (mucoviscidose, myopathie...) (sans compter les non francophones et les non francophones illetrés dans leur propre langue ...)
J'agrandis mes doc pour les malvoyants, je les fais transcrire en braille et en thermogonflage pour la non voyante, j'adapte mes TP autant que possible (je suis en SVT imaginez les TP microscopie avec la non voyante ou dissection avec le myopathe... Rolling Eyes ). Cela me prend des heures... Je met un tiers temps à tout le monde en accordant une heure pour un devir pouvant être fait en 45min.
Mais c'est tout.
Tout au long du 1er trimestre, j'ai des PAI dys qui arrivent dans mon casier avec des demandes farfelues et/ou irréalisables, et je n'en peux plus. J'arrive à peine à me souvenir qui en a un et pourquoi... Il faudrait que je reformule tout, que j'écrive au tableau et sur video projecteur et que je fasse des textes à trous et en couleur et en A4-3-2 et j'en passe. Cete année j'ai dit stop. Je gère mes non/mal voyants, j'aide mon gamin myopathe à manipuler, je garde un œil sur la gamine à la muco pour déplacer les élèves grippés au cas où et c'est tout. Je suis fatiguée de tout ça. Les non francophones? j'ai jamais appris à gérer. Les dys? pareil. je ne peux pas matériellement m'en occuper. je n'ai pas le temps, pas assez de photocop, pas les moyens et, en toute franchise, plus envie. Et tant pis si je passe pour un monstre. Je n'ai pas signé pour ça.
affraid

Tout va bien, l'inclusion, c'est la solution, les profs doivent s'adapter !
Mousse
Mousse
Niveau 1

Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ? - Page 25 Empty Re: Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ?

par Mousse Dim 4 Jan 2015 - 10:56
Je vous propose de faire une manifestation
et d'écrire sur vos banderoles
nous ne voulons pas d'élèves handicapés
nous ne voulons pas de Kévins, de Cynthias, de Mohameds.....
nous ne voulons pas de vilains petits canards ,vous savez ces dys kekechos

nous voulons faire classe aux Antoines, Maries Madeleines, Arthurs et compagnie.
Mais aurez-vous le courage?

Hermione0908
Hermione0908
Modérateur

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par Hermione0908 Dim 4 Jan 2015 - 11:03
C'est ce qui s'appelle raison garder ton post Mousse...
Evidemment, c'est un parfait résumé de ce qu'on vient de dire, il n'y a pas à dire, la synthèse est optimale. Tu as lu toutes les interventions ? Parce que franchement, c'est insultant ce que tu écris.

_________________
Certaines rubriques de Neoprofs.org sont en accès restreint.
Pour en savoir plus, c'est par ici : https://www.neoprofs.org/t48247-topics-en-acces-restreint-forum-accessible-uniquement-sur-demande-edition-2021
Ergo
Ergo
Devin

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par Ergo Dim 4 Jan 2015 - 11:15
Mousse a écrit:Je vous propose de faire une manifestation
et d'écrire sur vos banderoles
nous ne voulons pas d'élèves handicapés
nous ne voulons pas de Kévins, de Cynthias, de Mohameds.....
nous ne voulons pas de vilains petits canards ,vous savez ces dys kekechos

nous voulons faire classe aux Antoines, Maries Madeleines, Arthurs et compagnie.
Mais aurez-vous le courage?


On l'a écrit à plusieurs reprises, les parents d'élèves ont plus de poids que nous. Avec des moyens humains formés et des effectifs réduits, il est possible de faire quelque chose. Avec les multiples choses qu'on nous demande de faire en plus alors que le temps, lui, n'est pas extensible et qu'accessoirement, c'est un métier, pas un sacerdoce (i.e. on n'a pas à y consacrer 100% de notre temps), il n'est pas possible de faire les adaptations nécessaires aux différents élèves.

Les temps étant aux économies au mépris total des élèves et de leurs parents (mais surtout des élèves), fermetures des RASED, des SEGPA, suppression ou parcours du combattant pour obtenir des AVS, paperasse à n'en plus finir pour les parents (j'ai l'exemple d'un élève dys ++ que j'ai eu en 5e, 4e, 3e, qui n'a pas eu son DNB, entre autres parce que sa mère n'a pas voulu signer les papiers pour qu'il obtienne un tiers temps) - ce n'est pas demain que les choses s'arrangeront.

Ce n'est pas non plus aux parents de dire aux enseignants quoi et comment faire. Mais tant que la relation se fera dans ce sens-là, les parents se méprendront car ils ne s'attaqueront pas aux vrais responsables (et c'est bien plus haut que les enseignants) et les enseignants n'auront toujours pas le temps matériel d'en faire davantage car effectivement, c'est cynique et c'est horrible mais le groupe est toujours privilégié par rapport à l'individu. Si on veut de l'individualisation, on demande des cours particuliers et ça n'a plus rien à voir.

Un détail, au passage, l'argument du monde du travail me laisse toujours perplexe: dans quelle mesure dois-je préparer mes élèves au monde du travail ? Et pourquoi ?

_________________
"You went to a long-dead octopus for advice, and you're going to blame *me* for your problems?" -- Once Upon a Time
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« Cède, cède, cède, je le veux ! » écrivait Ronin, le samouraï. (Si vous cherchez un stulo-plyme, de l'encre, récap de mars 2023)
Hoa Mai
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par Hoa Mai Dim 4 Jan 2015 - 11:22
Mousse a écrit:Je vous propose de faire une manifestation
et d'écrire sur vos banderoles
nous ne voulons pas d'élèves handicapés
nous ne voulons pas de Kévins, de Cynthias, de Mohameds.....
nous ne voulons pas de vilains petits canards ,vous savez ces dys kekechos

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Mais aurez-vous le courage?


Non mais je rêve. Limite on va nous accuser de racisme. C'est n'importe quoi ce post. Et choquant.
Lilypims
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Grand sage

Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ? - Page 25 Empty Re: Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ?

par Lilypims Dim 4 Jan 2015 - 11:26
Mousse a écrit:Je vous propose de faire une manifestation
et d'écrire sur vos banderoles
nous ne voulons pas d'élèves handicapés
nous ne voulons pas de Kévins, de Cynthias, de Mohameds.....
nous ne voulons pas de vilains petits canards ,vous savez ces dys kekechos

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Je te propose de réfléchir avant d'écrire. Si tu peux.

_________________
...il faut continuer, je ne peux pas continuer, il faut continuer, je vais donc continuer...
henriette
henriette
Médiateur

Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ? - Page 25 Empty Re: Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ?

par henriette Dim 4 Jan 2015 - 11:26
Mousse, je pense que tu n'as pas dû lire ce -très long il est vrai- fil, pour pouvoir écrire un truc pareil. Personne n'a jamais écrit cela, nulle part. Sur 30 pages, on lit surtout le désarroi de profs qui ne savent pas comment agir au mieux pour tous leurs élèves, dys ou non.
Ce que tu écris là est donc pour le moins mal venu, et même très insultant. Ce n'est sûrement pas de cette façon que tu rendras audible ce que tu veux dire : quoi, au juste, du reste ?
Rabelais
Rabelais
Vénérable

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par Rabelais Dim 4 Jan 2015 - 11:52
Mousse a écrit:Je vous propose de faire une manifestation
et d'écrire sur vos banderoles
nous ne voulons pas d'élèves handicapés
nous ne voulons pas de Kévins, de Cynthias, de Mohameds.....
nous ne voulons pas de vilains petits canards ,vous savez ces dys kekechos

nous voulons faire classe aux Antoines, Maries Madeleines, Arthurs et compagnie.
Mais aurez-vous le courage?

J'ai bien lu, pour ma part, les pages de ce fil et ne souhaitais pas y participer forcément,ni faire état de situation personnelle parce que lorsque le cœur parle ( une mère pour son enfant par exemple), la raison y est moindre.
Mais cette attaque passionnée  totalement dépourvue d'une volonté de lecture impartiale de ces échanges me bouleverse plus que les points de vue argumentés exprimés.

Aussi vais-je à mon tour répondre dans TON style, puisque c'est le seul que tu sembles comprendre:
Fais ton boulot, dis à tes collègues de cesser d'obéir aveuglément aux préconisations de lecture globale , d'absence de dictée, d'absence de copie d'écriture , arrêtez vos photocopies en CPE et CE1 d'absurdes textes à trous réduisant l'effort d'écriture à peau de chagrin,refaites de la grammaire, de l'orthographe, allégez les projets  chronophages de théâtre, cirque, et j'en passe et peut-être, oui, peut-être à la prochaine génération aurons-nous le temps de nous occuper avec attention du très faible pourcentage de vrais dys. puisque les dys. de développement,artificiellement créées ( eh oui, en plus je me tape des heures à lire les articles scientifiques, ça craint, moi la feignasse de prof) auront disparu.

Ps: et aux PE que j'admire, et qui ont déjà compris tout ceci , je dis une fois encore "merci"fleurs
Rabelais
Rabelais
Vénérable

Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ? - Page 25 Empty Re: Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ?

par Rabelais Dim 4 Jan 2015 - 11:54
Aliceinwonderland a écrit:Je vais essayer de développer plus précisément pourquoi je pense que le fait d'avoir considéré la dyslexie comme un handicap a été, me semble-t-il, ouvrir une boîte de Pandore.

Le témoignage de Hoa Mai m'a beaucoup intéressée car je sais qu'une des raisons de ma reconversion/vocation tardive a été, non seulement mon piètre charisme en tant que professeur, mais aussi le fait que mon père, malgré une surdité importante, a pourtant fait une scolarité très brillante. Son profil est cependant atypique (il a eu comme audioprothésiste un des profs qui nous faisait cours à la fac et qui lui disait que son profil était très rare). Il a perdu toute l'audition d'une oreille à 5 ans, ainsi que que 90% de l'autre. Le grand professeur en médecine qui l'avait examiné a insisté pour que sa tante, institutrice et qui vivait chez lui, lui apprenne à lire avant qu'il ne perde plus. Dans ses récits il m'a toujours semblé que sa tante avait joué un grand rôle, suivant ses devoirs, veillant à ce qu'il soit toujours au 1er rang etc. En 6ème son professeur d'anglais a exigé qu'il prenne des cours particuliers à l'oral avec lui, sinon il refusait de le prendre (aujourd'hui je pense qu'un tel professeur serait conspué). Mes grands-parents se sont évidemment saignés aux quatre veines pour payer les cours. Plus tard mon père a participé aussi à des échanges scolaires, et malgré son handicap il parle donc également couramment anglais, beaucoup mieux que moi, qui plus est avec un bel accent et présentait sans souci ses travaux de recherche en anglais lors de conférences à l'étranger. Je suis certaine que sa tante n'a pas été étrangère à cette réussite (je précise aussi que mes grands-parents avaient simplement le certificat d'études).

Donc quand je me suis reconvertie mon idée était de parvenir à aider à produire ce type de miracles (dans la mesure du possible évidemment), pas pondre des PAI à la chaine en prenant les profs pour des larbins. J'ai d'ailleurs passé le concours avant la loi de 2005, je ne sais pas si je l'aurais fait après.

Depuis que j'exerce, j'ai vu pas mal d'enfants avec des difficultés très spécifiques à la base (lenteur particulière, difficulté à comprendre la combinatoire, erreurs typiques visuelles ou sonores) finir par avoir un bon niveau et s'en sortir sans diagnostic particulier (à commencer par l'un de mes fils qui a quand même fait un CP épique, confondant b,d,p,q, u, n et plusieurs sourdes sonores et qui ne parvenait pas à rentrer dans la combinatoire). Il est gaucher, à la différence de son frère qui a appris à lire presque naturellement. On va dire qu'avec sa mère il a eu une prise en charge assez intensive et est désormais un élève plutôt brillant (40/40 au brevet en français l'an dernier). Mais il n'est pas un cas isolé : j'ai suivi plusieurs enfants avec un profil similaire qui ont fini par se retrouver avec un niveau normal. Je précise que cela a fonctionné quand les enfants étaient scolarisés dans une école utilisant une méthode avec forte dominante syllabique, et parents motivés reprenant les fiches. Dans ces cas là je n'ai donc pas posé de diagnostic puisqu'on nous dit que désormais il faut au moins 18 mois de décalage avec la classe d'âge pour le poser. Mais certaines orthophonistes le font encore ; ainsi une patiente adulte me racontait que sa fille aînée a eu le diag dys ; mais que ses résultats sont tellement bons à l'école (elle est brillante, fait du grec) qu'elle  ne veut pas avoir d'aménagements car de toute façon elle a de bonnes notes ; or cela signifie que si elle allait en hôpital on lui dirait probablement que le diagnostic était erroné. Malgré tout, lorsque ma mère m'a décrit ses difficultés en CP, il m'a semblé qu'effectivement elle avait ce profil très lent, avec erreurs spécifiques, mais elle a été très bien suivie.

A côté de cela, je vois arriver des enfants comme V. V. vient d'un hôpital connu pour avoir une école intégrée à l'unité. V. doit donc désormais quitter l'unité pour entrer en 6ème. Sa mère me téléphone en juin pour avoir une place à la rentrée. Elle accepte qu'il vienne sur le temps scolaire. J'accepte, je lui dis de se procurer une ordonnance, nécessaire à la DAP même si V. a déjà été multibilanté. J'insiste sur le fait que je préfère le bilanter tôt, en juillet, en période creuse, ce qui permettra d'envoyer la DAP et de commencer dès la rentrée. En fait cette dame ne trouvera finalement le temps de reprendre un RV que fin septembre. Elle m'envoie l'enfant avec la sœur, sans moyen de paiement, sans carte vitale et avec une simple attestation. Je m'aperçois que V. est ALD, il faut donc que la mention figure sur l'ordonnance, je ne peux toujours pas envoyer la DAP. V. est également diagnostiqué hyperactif et sous ritaline ; il m'explique qu'il passe son temps sur les écrans, à jouer à l'ordi dès qu'il peut. Il lit très très vite, mais avec énormément d'erreurs et ne peut quasiment pas écrire mais dispose d'un ordinateur. Par hasard je le croise avec sa mère le jour même et insiste pour avoir rapidement l'ordonnance adéquate. Début novembre toujours sans nouvelles je rappelle mais le numéro de portable ne fonctionne plus. Fin novembre je trouve une enveloppe dans ma banette : la fameuse ordonnance, l'emploi du temps au collège de V.(!), un petit mot de la mère s'excusant de ne pas avoir eu le temps de donner de nouvelles et donnant le nouveau numéro. Je rappelle la mère, lui explique que mon planning est désormais complet et que je vais déposer les documents de l'hôpital ainsi que l'ordonnance dans sa boîte aux lettres afin qu'elle trouve une autre orthophoniste. Cet enfant, indéniablement, a le statut. Mais je plains les professeurs qui vont devoir se le coltiner au moins jusqu'en 3ème, adapter leurs cours pour lui. Et je ne pense pas qu'on lui rende service. En admettant qu'il le soit réellement, il y a indéniablement une carence éducative et un je m'en foutisme absolu qui n'arrangent rien, et il me semble que cet enfant avait un gros potentiel pour pourrir une classe. Pendant ce temps, un copain de primaire d'un de mes fils scolarisé sur le même collège est parti dans le privé.

Les diagnostics se fondent donc avant tout sur le décalage, pour éviter ces enfants qui arrivaient en hôpital ou centre référent, avaient des résultats bons et apprenaient qu'ils n'étaient pas dys. Mais avec la suppression du redoublement et les baisses des exigences dans certaines écoles (je suis une petite qui avait les mêmes symptômes que les autres mais sur une école beaucoup moins exigeante et avec une famille moins aidante et je pense qu'elle finira aussi malheureusement avec l'étiquette) je ne peux m'empêcher de penser (peut-être à tort) qu'un certain nombre de diagnostics auraient pu être évités. Maintenant, une fois que cela a été fait, comme le dit Hoa Mai, il faut bien faire avec. Mais cela soulève pas mal de questions ; j'ai revu un vieil ami récemment, il me disait que son fils ainé a été évalué par une orthophoniste et a un niveau de CE2 en lecture en troisième. Mais lui-même prof de techno dans un collège difficile du 95 il n'a aucune envie de demander des aménagements car il a l'impression que ce sont les chieurs qui le font (je précise que nous ne nous étions pas vus depuis plus de 15 ans et que je ne lui avais pas du tout développé mes propres vues sur le sujet)... Donc son fils n'aura aucun aménagement tandis que d'autres les auront ( cela peut en effet l'aider à se dépasser, mais met les profs dans une sacrée panade je trouve...)

Bref, tout cela partait de bons sentiments mais, on  a créé plus de problèmes qu'on n'en a résolu. Et j'ai beau dire qu'en essayant de prendre en priorité les handicaps les plus lourds je m'en sors... Il me semble qu'on va de plus en plus chercher à les intégrer également en classes normales (et mon ami me confirmait la suppression prochaine des SEGPA dans son collège). Et au final tout cela empêche les profs de faire cours normalement et accentue la fuite vers le privé (impressionnante actuellement dans mon secteur), avec une école à deux vitesses, de plus en plus inique.
:succes:
Provence
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Enchanteur

Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ? - Page 25 Empty Re: Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ?

par Provence Dim 4 Jan 2015 - 11:59
Mousse a écrit:Je vous propose de faire une manifestation
et d'écrire sur vos banderoles
nous ne voulons pas d'élèves handicapés
nous ne voulons pas de Kévins, de Cynthias, de Mohameds.....
nous ne voulons pas de vilains petits canards ,vous savez ces dys kekechos

nous voulons faire classe aux Antoines, Maries Madeleines, Arthurs et compagnie.
Mais aurez-vous le courage?


Quel est le rapport entre un prénom et la dyslexie?

Ce serait bien de ne pas écrire n'importe quoi.
Singing in The Rain
Singing in The Rain
Habitué du forum

Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ? - Page 25 Empty Re: Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ?

par Singing in The Rain Dim 4 Jan 2015 - 12:20
Mousse a écrit: Ensuite lorsque vous dites que dans la vie active ça sera difficile et bien ce n'est pas une raison pour leur compliquer la vie pendant leur scolarité en leur refusant les adaptations auxquelles ils ont droit.  
Quelle magnifique déformation de nos propos ! Ce n’est pas que nous ne VOULONS pas mais nous ne POUVONS faire tous les aménagements préconisés.
Mousse a écrit:Je vous propose de faire une manifestation et d'écrire sur vos banderoles
nous ne voulons pas d'élèves handicapés nous ne voulons pas de Kévins, de Cynthias, de Mohameds..... nous ne voulons pas de vilains petits canards ,vous savez ces dys kekechos nous voulons faire classe aux Antoines, Maries Madeleines, Arthurs et compagnie. Mais aurez-vous le courage?
Là ce propos n’est pas acceptable. Sous prétexte que nous vous expliquons calmement qu’à l’impossible, nul n’est tenu, vous nous accusez de discrimination… Nous gérons l'hétérogénéité mais nous ne pouvons pas individualiser nos cours.
Nannnie
Nannnie
Habitué du forum

Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ? - Page 25 Empty Re: Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ?

par Nannnie Dim 4 Jan 2015 - 12:50
Mousse a écrit:Je vous propose de faire une manifestation
et d'écrire sur vos banderoles
nous ne voulons pas d'élèves handicapés
nous ne voulons pas de Kévins, de Cynthias, de Mohameds.....
nous ne voulons pas de vilains petits canards ,vous savez ces dys kekechos

nous voulons faire classe aux Antoines, Maries Madeleines, Arthurs et compagnie.
Mais aurez-vous le courage?

Et quand on a des Marie, Antoine et Arthur handicapés, komment  kon fait  😕 heu 😕 heu

Vraiment, n'importe quoi !!!
Kimberlite
Kimberlite
Expert

Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ? - Page 25 Empty Re: Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ?

par Kimberlite Dim 4 Jan 2015 - 13:28
Bonjour,
Ce que ne comprennent apparemment pas certaines personnes ici, c'est que les profs commencent à être submergés par le désarroi de ne pas pouvoir faire leur travail correctement. Correctement, ça ne veut pas dire "se reposer en ayant seulement de bons élèves", ça signifie transmettre des choses, permettre à chaque élève de progresser. Ce désarroi et accompagné d'une culpabilisation de plus en plus importante et d'injonctions venant tant de notre ministère, de notre hiérarchie, des ESPE et formateurs, ainsi que des parents, et ceci sans aucune écoute en ce qui concerne les difficultés du terrain.

Alors qu'il n'est déjà pas évident de connaître rapidement les centaines d'élèves que nous avons (j'en ai plus de 250!), on nous demande simultanément de:
- progresser dans l'utilisation du numérique (très chronophage...)
- renseigner de plus en plus de choses (notes, cahier de texte, documents utilisés...) dans l'espace numérique de travail (très chronophage aussi)
- assister à de plus en plus de réunions (depuis l'an dernier je n'en reviens pas de l'inflation du nombre de réunions que nous avons connu!)
- continuer à se former (mais la plupart des formations demandées sont annulées... donc il faut se débrouiller)
- faire de la différentiation (sans jamais avoir eu de formation pour, ou quelques heures...). A noter que les méthodes préconisées par les cours d'ESPE (petits papiers "coup de pouce" sur une activité) ont été rejetés par mon IE lors de mon inspection (qui faut-il croire, suivre???).
- adapter les cours, les supports, et les évaluations aux différents handicaps signalés.

Et avec ça, notre principal, en conseil de classe, nous a demandé plusieurs fois avec insistance qui faisait des évaluations adaptées (avec le gros sous-entendu que ceux qui n'en font pas sont de gros nuls...), et notre CPE a multiplié les recommandations d'adaptations même pour des élèves simplement faibles mais n'ayant aucun PAI...

Au final, on bricole comme on peut, dans le temps que l'on a... avec des ratés qui terminent de casser le moral (évaluations adaptées finalement trop faciles, adaptation de supports que finalement l'élève ne comprend pas plus alors que l'on y a passé du temps, élèves pour qui on a passé du temps qui n'en ont rien à faire et se reposent encore plus...). On culpabilise aussi quand on voit qu'on a un peu "laissé tomber" l'élève lente mais discrète qui n'a, certes, pas de PAI (la lenteur n'est encore pas l'objet de diagnostic, ça viendra peut-être), mais a besoin d'un peu plus de temps et d'attention... on se pose des questions quand on a un élève présentant des troubles de l'attention, suivi par psy et orthophoniste, volontaire pour faire mieux mais en grande difficulté, qui n'a apparemment que peu de chances d'obtenir la reconnaissance MDPH alors qu'à côté on a des dyslexiques qui l'ont sans avoir le même niveau de difficulté...
On déprime aussi à lire les copies d'élèves "non dys", qui sont malheureusement tout aussi truffées de fautes...

Tout ceci est pesant, au jour le jour... voire déprimant, envahissant... on en arrive à se tracasser pour l'avenir de certains élèves, on commence à en parler à ses proches, on ressasse les choses.
Cependant, les profs sont des êtres humains: ils ont le droit d'avoir une vie, de souffler un peu, et ne pas se retrouver désignés systématiquement comme coupables des maux de la société qu'ils essaient, au jour le jour, de gérer au mieux.
C'est ceci qui est exprimé d'un bout à l'autre de cette discussion, il me semble.
Chacun cherche des solutions, et rares sont les personnes qui oseraient prétendre qu'elles n'en ont rien à faire des difficultés des élèves.

K.
Mousse
Mousse
Niveau 1

Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ? - Page 25 Empty Re: Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ?

par Mousse Dim 4 Jan 2015 - 13:58
Je suis tout à fait d'accord avec ce que vous venez de dire Kinettekinette, d'autant plus que je ne ressens aucun mépris.
Ici beaucoup disent qu'ils font des adaptations notamment Cath,
mais croyez moi si je râle c'est parce que bien souvent le strict minimum n'est pas fait,
cours sur papier et devoirs aérés, aggrandis.
Pour les cours ce n'est pas grave, il y en a plein sur internet très bien faits et dans toutes les matières
mais pour les devoirs c'est très dommageable.
Par exemple Hoa Mai, c'est comme si ton enfant malentendant devait faire tous ses devoirs avec un prof qui les dicte à l'oral.
Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ? - Page 25 FqvpDBlgtfaY6iRdB8Gg_jx6iwk

Voici un exemple de copie de mon fils en quatrième ou en troisième
malgré le PPS, son enseignante en histoire ne faisait rien
le sujet était identique à celui des autres élèves.
Je n'ai rien ajouté les traits tirés à la main, les chiffres étaient sur le sujet
Pour un élève avec des troubles neuro-visuel c'est tout bêtement illisible.
Des copies comme celle-ci j'en ai beaucoup de la sixième à la première
en maths, techno, physique chimie...
Alors quand vous parlez d'adaptations, je peux prouvez qu' elles sont trop souvent inexistantes.

Les adaptations les plus "folles" qu'il ait eues sont un agrandissement des feuilles.
Mais rien de tout ce que vous dites faire.
Alors les enseignants qui adaptent doivent être ici sur Néo.
Singing in The Rain
Singing in The Rain
Habitué du forum

Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ? - Page 25 Empty Re: Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ?

par Singing in The Rain Dim 4 Jan 2015 - 14:04
Mousse a écrit: Je n'ai rien ajouté les traits tirés à la main, les chiffres étaient sur le sujet
Pour un élève avec des troubles neuro-visuel c'est tout bêtement illisible.

Vraie demande de ma part : Pourrais-tu par exemple reprendre ce devoir et le mettre en page de façon adaptée pour un élève avec des troubles neuro-visuel ? Personnellement, je trouve le document assez organisé et je ne me rends pas compte en quoi il est complètement illisible.
En voyant le devoir remis en forme, on aurait une idée plus précise de ce qui est plus adapté.

Hoa Mai
Hoa Mai
Niveau 8

Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ? - Page 25 Empty Re: Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ?

par Hoa Mai Dim 4 Jan 2015 - 14:05
Mousse a écrit:
Par exemple Hoa Mai, c'est comme si ton enfant malentendant devait faire tous ses devoirs avec un prof qui les dicte à l'oral.

C'est un peu ce qu'il vit en seconde, où si les sujets des évaluations sont bien donnés à l'écrit, les cours qui ont précédé ne sont même plus dictés à l'oral, mais les élèves doivent prendre des notes. C'est très compliqué pour lui, mais il s'accroche. De toute façon dans l'enseignement supérieur puis dans la vie professionnelle, il devra bien se débrouiller, non ?
Provence
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Enchanteur

Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ? - Page 25 Empty Re: Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ?

par Provence Dim 4 Jan 2015 - 14:07
Mousse a écrit:Je suis tout à fait d'accord avec ce que vous venez de dire Kinettekinette, d'autant plus que je ne ressens aucun mépris.
Ici beaucoup disent qu'ils font des adaptations notamment Cath,
mais croyez moi si je râle c'est parce que bien souvent le strict minimum n'est pas fait,
cours sur papier et devoirs aérés, aggrandis.

Le strict minimum... que tu exiges d'autrui.

Tu ne t'es pas expliquée sur tes propos précédents. J'aimerais bien comprendre le lien entre Mohamed, Cynthia et la dyslexie.
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Aliceinwonderland
Neoprof expérimenté

Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ? - Page 25 Empty Re: Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ?

par Aliceinwonderland Dim 4 Jan 2015 - 14:26
Si les troubles neuro-visuels sont à ce point il ne serait pas mieux en classe adaptée ? J'ai suivi deux syndromes de Chiari, pour l'un la mère a refusé l'orientation et c'était une erreur car il ne pouvait suivre en collège normal et il a perdu son  temps. Pour ma part je trouve que ce contrôle a l'air très sérieux et je crains qu'en obligeant les profs à faire systématiquement une évaluation adaptée à côté on ne garde que des gens qui ne sont plus passionnés par leur matière et font de la garderie.

Et quid du problème des enfants comme celui de mon ami qui ne veut pas qu'il ait d'aménagements? Car justement les demandes sont loin de venir seulement des milieux défavorisés (contrairement à ce que tu insinues concernant le racisme des profs) , il y a aussi une forte demande de parents favorisés mais qui voient simplement la facilité, à court terme (vous savez ceux qui sont à la FCPE et considèrent les devoirs comme de la "sous-traitance" de la part des enseignants). Le fils de mon ami se retrouve alors avec un barème normal, et celui dont la mère aura obtenu un PAI a une note correcte? Heureusement qu'au final il y a une forme de justice immanente, car je ne suis pas certaine que le plus favorisé en apparence le sera toujours.

Dans ma profession nous avons également remarqué avec plusieurs collègues que nous sommes de plus en plus confrontés à des enfants qui, une fois le diagnostic en poche si je puis dire, cessent la PEC en primaire précocement et contre notre avis....mais réapparaissent ensuite pour avoir (souvent au moment du brevet) un bilan pour obtenir les fameux aménagements. Les orthophonistes n'aiment pas cela, d'abord de manière pratique tout simplement parce qu'un bilan sans prise en charge est long à passer et à rédiger et représente une grosse charge de travail sans être rentable. Mais surtout certains (dont moi) s'interrogent sur leur légitimité. Pour d'autres, il faut les faire, car "ce n'est pas parce qu'un handicapé cesse la kiné qu'il n'a plus droit au statut handicapé" disent-ils. Certes, mais on dit cela car on a fait de la dyslexie un handicap, et je persiste à me demander si cela était justifié tant il me semble qu'une bonne méthode et une prise en charge précoce peuvent changer la donne. Il y a bien une dérive consumériste. Une mère est partie en septembre voir une consœur car je ne voulais pas lui donner le diag (il n'avait qu'un peu moins d'un an de retard), avec un peu de chance elle sera tombée sur quelqu'un qui fait 80 rendez-vous par semaine et utilise des logiciels de rééduc, et dans un an elle aura peut-être le diag tant espéré...

Pour Hoa Mai : mon père a parfois complètement perdu l'audition, notamment à ma naissance ; il a finalement toujours récupéré suffisamment pour se débrouiller, même si parfois j'avais un peu l'impression que mon papa était le professeur Tournesol. Il n'a jamais voulu apprendre la LSF, mais je me dis qu'au pire il y aura toujours les sms, l'écrit...

Cela me fait penser qu'au cours de ma formation, j'ai fait un stage en surdité et j'avais appris que les instituts spécialisés pour sourds  dépérissaient en quelque sorte car du fait des progrès en implants cochléaires ils avaient de moins en moins d'enfants, ceux-ci pouvant suivre une scolarité normale. Du coup l'institut où j'étais s'était également spécialisé  en accueillant des enfants dysphasiques afin de maintenir ses effectifs. Pourquoi ne pas utiliser ces instituts pour accueillir des enfants ayant des troubles avérés (les grands dys, souvent des prématurés, ceux qui ont une dyspraxie associée ou d'autres troubles, les troubles neuro-visuels etc)?

Et si l'on ne fait pas marche arrière, je pense que bientôt on aura droit aux PAI et aménagements à la fac (ça commence déjà, mais ça peut s'accentuer encore).

_________________
Comme chaque année à la même époque je fais preuve d'un optimisme aveugle en me disant que l'année à venir ne peut pas être pire que celle qui vient de s'écouler. En oubliant que l'année passée a été pire que la précédente... (je cite de mémoire Emmanuel Brouillard)
Hoa Mai
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par Hoa Mai Dim 4 Jan 2015 - 14:36
Aliceinwonderland a écrit:

Pour Hoa Mai : mon père a parfois complètement perdu l'audition, notamment à ma naissance ; il a finalement toujours récupéré suffisamment pour se débrouiller, même si parfois j'avais un peu l'impression que mon papa était le professeur Tournesol. Il n'a jamais voulu apprendre la LSF, mais je me dis qu'au pire il y aura toujours les sms, l'écrit...

La LSF, c'était plus "identitaire" que par réel besoin. Effectivement, si son audition venait à baisser très sévèrement, on implanterait.

A la lecture de ce fil, il me semble que les demandes, légitimes ou non, des parents des enfants dys sont telles, qu'effectivement, je ne vois pas d'autre solution que la création ou le développement de structures spécialisées. Et cette demande doit venir des parents bien sur.
Hoa Mai
Hoa Mai
Niveau 8

Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ? - Page 25 Empty Re: Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ?

par Hoa Mai Dim 4 Jan 2015 - 14:38
Et oui, il y a une hypocrisie dans la notation adaptée aux dys, car on n'évalue plus les attendus pour un niveau de classe, mais on fait en sorte qu'un élève qui n'ait pas ce niveau obtienne une bonne note malgré tout.
ycombe
ycombe
Monarque

Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ? - Page 25 Empty Re: Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ?

par ycombe Dim 4 Jan 2015 - 14:40
Mousse a écrit:Je suis tout à fait d'accord avec ce que vous venez de dire Kinettekinette, d'autant plus que je ne ressens aucun mépris.
Ici beaucoup disent qu'ils font des adaptations notamment Cath,
mais croyez moi si je râle c'est parce que bien souvent le strict minimum n'est pas fait,
cours sur papier et devoirs aérés, aggrandis.
Cours sur papier -> photocopie d'un cahier d'un copain. Ce n'est pas au prof de s'obliger à le faire.

Devoirs aggrandis, c'est facile.

Devoirs aérés, c'est autre chose, le quota en photocopies est limité, on ne peut pas se permettre de doubler le nombre de page comme ça. Il faudrait alors faire un sujet aéré et un sujet non aéré, et là ça devient beaucoup trop de travail. Et il y a aussi des collègues qui écrivent les sujets de devoirs à la main.



Évaluation différenciée, barème adapté : que dit la loi ? - Page 25 FqvpDBlgtfaY6iRdB8Gg_jx6iwk

Voici un exemple de copie de mon fils en quatrième ou en troisième
malgré le PPS, son enseignante en histoire ne faisait rien
le sujet était identique à celui des autres élèves.
C'est un sujet photocopié dont l'enseignant n'a pas l'original (électronique), à mon avis. Il faudrait tout retaper,  tu imagines le boulot en plus que tu demandes juste pour ton fils ? J'ai un collègue qui écrit ses sujets à la main, il n'a pas d'ordinateur chez lui, et en utiliser un ne l'intéresse pas. Pour moi, c'est le meilleur professeur de maths de mon collège, il a un enseignement très carré et explique très bien. Tu imagines ce que tu exiges pour un prof comme lui ?

Mes premiers postes, c'était duplicateur à la place de photocopies. On ne pouvait même pas aggrandir.


Je n'ai rien ajouté les traits tirés à la main, les chiffres étaient sur le sujet
Pour un élève avec des troubles neuro-visuel c'est tout bêtement illisible.
Des copies comme celle-ci j'en ai beaucoup de la sixième à la première
en maths, techno, physique chimie...
Alors quand vous parlez d'adaptations, je peux prouvez qu' elles sont trop souvent inexistantes.
Personnellement je n'ai jamais dit le contraire. Les adaptations possibles sont celles qui ne demandent que peu de travail aux enseignants. Les autres sont impossibles. Tu as retiré ton fils du primaire à cause de la méthode de lecture, tu considères qu'une méthode de lecture syllabique fait partie des adaptations obligatoires?


Dernière édition par ycombe le Dim 4 Jan 2015 - 15:00, édité 2 fois

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