Sujets de l'agrégation externe de philosophie 2015

PauvreYorick a écrit:
Je joins du coup un fichier d'archives mis à jour, comportant ce que j'ai pu glaner des programmes et des sujets aux concours de philosophie depuis un certain temps. Il comporte des lacunes, mais pas beaucoup.

Tu t'es inspiré de l'Enseignement philosophique ? Ou des archives de l'ENS ? En tout cas, merci infiniment ! Ce genre d'archivage est très intéressant.

J'ai assemblé mes propres observations depuis 2003 environ à des archives déjà existantes (par exemple celles qu'on trouve dans Les Concours de philosophie de Christian Godin). Si jamais vous pouvez remplir les quelques trous qui restent... signalez-moi

Levincent a écrit:
En parlant de s'amuser, j'ai trouvé ce site l'autre jour :
http://existentialcomics.com/

Et bien voilà qui donne bien du relief à la question "qu'est-ce qui apparaît ?" non ? Bon, ok, là, ce serait plutôt qu'est-ce qui paraît... mais tout-de-même

Petite question concernant le commentaire de texte à l'agreg : plutôt habituée à l'explication de CAPES, et ayant tendance à trouver les références extérieures au texte lourdes voire inutiles et tape-à-l'œil, je sais que pour l'agreg, comme il y a un programme, que l'on est censé avoir lu l'auteur ainsi que ceux avec qui il dialogue, nous sommes censés savoir des choses extérieures au texte, et j'entends souvent que sans connaissances extérieures on se fait rétamer à l'agreg. Ma question est donc :
- est-ce parce que le texte est plus complexe qu'au CAPES, et que donc sans ces connaissances il est impossible d'en comprendre les enjeux et donc de correctement l'expliquer? Auquel cas, il fallait et suffisait d'expliciter ces enjeux, d'expliciter les concepts... Mais de telle sorte que cela reste naturel.
- ou est-ce parce qu'il faut explicitement signifier au correcteur nos connaissances extérieures en mobilisant de manière explicite les auteurs auxquels font références ces concepts.
En gros, est-ce que les connaissances doivent être explicitement mentionnées ou suffit-il de s'appuyer dessus pour clarifier des concepts et enjeux? Tant que les concepts et enjeux sont clairs, est-ce qu'il y a vraiment besoin du côté historisant, érudit, et de mentions explicites d'auteurs autres que celui qui nous est proposé (si lui même n'y fait pas référence comme le fait par exemple Marx à Ricardo, j'imagine, dans ce texte) ou même d'oeuvres autres du même auteurs (s'il n'y est pas fait explicitement référence dans le texte)? Je ne sais pas si je suis très claire...

SosoB a écrit:Je ne sais pas si je suis très claire...

Si si... tu es très claire et tu poses une question importante.

Alors la règle, dans tous les cas, programme ou pas programme, texte compliqué ou simple, long ou condensé, reste identique : il faut expliquer le texte. Il ne s'agit pas de faire une démonstration d'érudition. Le texte est l'objet de l'exercice. Il n'est pas un simple prétexte.
La différence réside dans le fait que, dans la mesure où les auteurs sont ciblés à l'agreg, par définition, les autres candidats sont censés avoir des connaissances aussi sur l'auteur. Pour se "classer", il faut, dans tous les cas, non seulement expliquer le texte, mais l'expliquer mieux que les autres. Or la connaissance de ce que l'auteur a écrit par ailleurs, de ce dont il s'inspire ou de ce à quoi il s'oppose, permet de donner une explication plus pointue, d'insister sur des choses. Bref, cela contribue à augmenter la qualité de l'explication.
Mais en aucun cas la mention des éléments extérieurs n'est un réquisit formel. C'est même au contraire un piège souvent souligné par les rapports de jury, celui qui consiste à plaquer des connaissances sur le texte, juste pour montrer qu'on les a.

En clair, évoquer Ricardo juste pour montre qu'on connaît son nom est sans intérêt et peut donc même s'avérer négatif. L'évoquer pour montrer de quel type d'analyse du salaire inspirante mais néanmoins totalement erronnée à ses yeux, Marx se détache, cela a du sens pour clarifier le renversement qui ouvre le texte.

S'il faut choisir entre tes deux propositions, je choisis donc :
"parce que le texte est plus complexe qu'au CAPES, et que donc sans ces connaissances il est impossible d'en comprendre les enjeux et donc de correctement l'expliquer? Auquel cas, il fallait et suffisait d'expliciter ces enjeux, d'expliciter les concepts... Mais de telle sorte que cela reste naturel."
Avec la nuance que ce n'est pas tant que le texte soit plus complexe qu'au CAPES (ce qui peut certes être le cas, mais ne l'est pas nécessairement), que le fait que la concurrence se joue entre des gens qui sont tous censés avoir acquis une connaissance globale sur l'auteur, et dont on teste donc aussi la capacité à investir un texte sinon connu, du moins par définition abordable.

Merci Aspasie

Oui voilà, c'est exactement ça.

Il faut comparer ça avec, mutatis mutandis, la correction de l'explication au bac : on se demande ce que pouvait comprendre du texte un candidat qui n'a pas connaissance de la doctrine de l'auteur. Au capes, peu ou prou on raisonne de la même façon : s'il y a des choses qu'un candidat ne peut ignorer totalement, ce n'est pas un exercice qui requiert par principe une familiarité profonde avec l'auteur dont un extrait tombe. À l'agreg, vu qu'on donne un texte d'un auteur supposé travaillé durant plusieurs mois, l'érudition est susceptible de faire la différence entre une bonne note (14-15) et une très bonne note (17-18), dans la mesure où elle contribue à éclairer le texte, et certainement pas sous la forme d'un étalage impertinent.

Le risque principal étant toujours de manquer la singularité du texte qu'on a sous les yeux, l'usage de l'érudition doit toujours se faire, comme le dit la blague, avec Parsimoni et Bonessian.

Je vois. Merci pour ces précisions PY.