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Une passante
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Sentiment de déclassement  - Page 4 Empty Re: Sentiment de déclassement

par Une passante Sam 10 Juil - 9:30
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Dernière édition par Une passante le Sam 10 Juil - 9:36, édité 1 fois
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Sentiment de déclassement  - Page 4 Empty Re: Sentiment de déclassement

par Invité Sam 10 Juil - 9:34
Oxford a écrit:
Pourquoi 3,14159 a écrit:Je ne parlerais pas de sentiment de déclassement mais de déclassement tout court. Que cela soit pécuniairement ou socialement.

Il y plus de trente ans j'étais plus à l'aise en fin de mois.

+1

Et comme l'a écrit lene75, quand on a des parents enseignants, on mesure à quel point on vit moins bien qu'eux quand ils avaient notre âge.

C'est sûr ! Mes parents étaient professeurs certifiés de 1980 jusqu'à la retraite en 2010 (en gros ). Quand j'étais petite, nous partions en vacances à Noël, à Pâques, l'été, et ce tous les ans ! Mon compagnon et moi-même serions bien en peine faire de même aujourd'hui. On part en vacances l'été et c'est tout.
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Sentiment de déclassement  - Page 4 Empty Re: Sentiment de déclassement

par pseudo-intello Sam 10 Juil - 9:37
On voit bien à la lecture de ce fil qu'agrégé 2021 = certifié 1970-1980.

Les mieux lotis d'entre nous, je suis content pour vous, sincèrement. Mais sachant que la majorité des enseignants sont certifiés ou équivalents (PE), imaginez-vous avec un traitement de certifié, et un conjoint au traitement de certifié.

Sachant que les "compensations" type pas de carence, retraite de fonctionnaire et autres ont disparu ou vont probablement disparaître.

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par Ananké Sam 10 Juil - 9:42
Daphné a écrit: Convenablement rémunéré ne veut pas forcément dire riche...

Merci, c'est précisément sur ce point que je me sens "déclassée" ou plutôt arnaquée car en réalité je n'ai pas perdu en position sociale mais je suis en train de me rendre compte que pour obtenir les choses fondamentales pour une vie décente (un logement de bonne taille et qui n'est pas une passoire énergétique, de la nourriture de qualité, ne pas avoir à se priver sur les loisirs - ce qui ne veut pas dire surconsommer mais partir une fois par an en vacances et acheter des bouquins par exemple) eh bien le fait d'être simplement certifié ne suffit pas (d'ailleurs il y a fracture entre les collègues qui ont 50/55ans et ceux qui ont 30/35 ans : le nombre de collègues qui partent pendant les "petites vacances" et qui te demandent "où tu vas toi ?" ... "euh moi, j'ai pas de résidence secondaire, déjà que je n'en ai même pas une principale et ces vacances je bosse en centre de loisirs pour constituer un apport pour acheter une maison puisque contrairement à certains je n'ai aucune aide financière de la famille)". Et je trouve ça très grave. Il me semble que dans la disparité de nos témoignages joue de manière souterraine le niveau social de l'ensemble de la famille, à savoir les parents. Je suis en train de me rendre compte que mon travail seul ne me permettra pas de pouvoir aider mes parents lors de leurs vieux jours (oui c'est ma rengaine mais il y a quand même de quoi être très anxieux) et que ce n'est pas la même chose d'être certifié quand par ailleurs l'ensemble du reste de la famille conserve encore quelques avantages du passé (je voudrais mettre un autre mot qu'avantage).

Et pour ce qui est "du" conseil que tout le monde donne, de ne pas rester en région parisienne, d'accord mais on fait comment quand son conjoint a enfin trouvé un poste assez bon dans une PME du coin ?

Ce qui me met en colère et fait disparaître la honte pour le coup, c'est que je n'accepte pas qu'il soit finalement reconnu normal ou de la responsabilité individuelle de devoir s'adapter à un métier dont ce sont les conditions qui doivent changer. Ok, il y a des avantages à notre emploi, mais nombre d'autres emplois aussi (voire simplement des employeurs qui respectent leurs obligations ...) et, contrairement à ce que mon post semble avoir pu laisser entendre, je ne suis pas dans une guéguerre de comparaison avec mes anciens camarades de "qui a la plus grosse" mais me rendre compte que tout bien considéré, avantages et inconvénients, je suis en tant que professeure, socialement très lésée si on compare ce qui est comparable à savoir un métier qui demande une qualification bac +5 et qui est rangé en catégorie A de la fonction publique (pour 2017 la moyenne de la rémunération de la catégorie A est de 2977 euros net, de la catégorie B 2461 euros et la catégorie C 1992 euros - chiffres de l'INSEE ... en tant que certifiée échelon 4, sans heure sup c'est tout juste 1800euros).

Bref, merci pour vos retours, ça me permet de faire la part des choses entre ce qui relève d'un souci plutôt personnel et psychologique et ce qui est réel et social.


Dernière édition par Ananké le Sam 10 Juil - 9:49, édité 1 fois
Elaïna
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par Elaïna Sam 10 Juil - 9:48
Pour ce qui est du salaire, je crois aussi qu'il faut relativiser. Si je prends l'exemple de mes parents (agrégé et certifiée) certes on partait pendant les vacances mais c'était pour aller en famille ou à la montagne (studio familial où on s'entassait à 4 puis 5) à l'époque où l'immobilier (et le ski) ne coûtait pas cher. Pas aux Maldives... Et inversement, si l'immobilier coûtait moins cher, les taux de crédit étaient élevés. Bref, il y a tout un tas de paramètres à prendre en compte. Clairement, mes parents étaient les rois du pétrole (relativement hein^^) quand ils étaient profs dans les Ardennes avec un seul enfant, ça n'a pas été la même chanson quand ils se sont retrouvés à trois enfants dans le Sud de la France. Mais bon ils voulaient retourner dans le Sud, s'ils étaient restés dans les Ardennes...

Autour de moi je connais assez peu de couples avec enfants qui ne comptent pas. Tout coûte plus cher, entre l'inflation, la montée en gamme (une voiture "de base" d'aujourd'hui, ce n'est pas la même chose qu'une voiture "de base" des années 80, on ne peut pas comparer). On le voit bien autour de nous, chez les non profs, rares sont les couples qui partent tout le temps (hors visites à la famille).

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par Ananké Sam 10 Juil - 9:52
Vous vous entassiez, mais dans le "studio familial" ...

On fait passer les revendications de professeurs comme corporatistes mais j'ai rarement vu une profession où les situations individuelles étaient si hétérogènes. Je pense aussi que c'est cela qui fait que nos revendications ne peuvent aboutir.

Bref, je repars avec ma honte et ma colère sous le bras.
Elaïna
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par Elaïna Sam 10 Juil - 10:04
Ananké a écrit:Vous vous entassiez, mais dans le "studio familial" ...

On fait passer les revendications de professeurs comme corporatistes mais j'ai rarement vu une profession où les situations individuelles étaient si hétérogènes. Je pense aussi que c'est cela qui fait que nos revendications ne peuvent aboutir.

Bref, je repars avec ma honte et ma colère sous le bras.

Mais encore une fois pour cette histoire de studio familial je crois qu'il faut éviter de comparer. Mes parents sont nés à l'époque des Trente Glorieuses, à l'époque où acheter un studio à la montagne ne coûtait pas grand chose. Ils l'ont reçu, si j'ai bien compris, en "cadeau" de mes grands parents à l'époque de leur mariage (dans les années 70).
C'était aussi l'époque où les vacances c'était en famille ou dans une location saisonnière : on le voit bien par exemple dans Le Petit Nicolas (formidable témoignage de la vie au temps des Trente Glorieuses). C'était aussi une question de culture, il n'y avait pas cette montée en gamme dans les exigences au niveau des vacances. Mes grands-parents paternels ne sont jamais partis en vacances hors famille, mes GP maternels sont partis en camping à la Grande Motte toute leur vie et n'ont voyagé hors de France qu'à leur retraite. Avant, ça ne leur était même pas venu à l'idée. Donc dans les années 80, on partait à toutes les vacances, oui, mais pas non plus au bout du monde dans une île paradisiaque. Et dans ce contexte, la baraque familiale à la campagne ou la petite résidence secondaire (qui ne coûtait pas cher), ça n'était pas exceptionnel.
Aujourd'hui, il y a aussi une montée en gamme dans les exigences. ça se voit par exemple dans la question du ski : fini les vacances au coût relativement modéré, le matériel aujourd'hui c'est de la haute technologie (des habits aux skis, chaussures, etc), les gens ont des exigences précises - ils ne veulent plus se contenter de faire douze fois la même piste, il faut "des sensations", il faut le wifi et le spa dans l'hôtel + le club enfant pour s'en débarrasser en journée, bref, les vacances au ski sont devenues chères. De la même façon, les gens ne veulent plus partir un mois en août à la campagne en Sologne chez bonne-maman, ils veulent un séjour de rêve sur une île paradisiaque en février, donc fatalement ça coûte des sous.

Finalement, assez peu de gens ont quand même les moyens de se payer les Seychelles ou Courchevel à chaque vacances. Nous, professeurs, en faisons partie. Forcément, ça fout un peu les boules. Mais faites le compte autour de vous, vous verrez que peu de gens se payent les vacances de rêve ou le train de vie mirifique tout le temps. Et s'ils le font, à quel prix ? Que savez-vous de l'état de leur compte en banque ? Peut-être qu'ils ont douze crédits revolving sur le dos.

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par Elaïna Sam 10 Juil - 10:14
Ananké a écrit:

On fait passer les revendications de professeurs comme corporatistes mais j'ai rarement vu une profession où les situations individuelles étaient si hétérogènes. Je pense aussi que c'est cela qui fait que nos revendications ne peuvent aboutir.

Bref, je repars avec ma honte et ma colère sous le bras.

Là encore je pense que tu te trompes grandement. Les syndicats dans les entreprises sont en chute libre en termes d'adhésion et de confiance (résultat de plusieurs décennies à dire que les syndicats c'était rien que des sales gauchistes qui prennent les gens en otage quand ils font grève). Chaque salarié se retrouve de plus en plus seul, sans véritable soutien. Et s'il y a un problème, tu es renvoyé au traitement individuel de ton affaire en justice. Il y a de rares professions où les gens se battent encore collectivement (les cheminots par exemple) mais sinon...

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Elyas
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par Elyas Sam 10 Juil - 10:23
Si je puis donner quelques éléments sur ce sentiment. Je me sens mal de dire à ma mère que son fils qui gagne 2,5 fois son salaire en ayant vingt ans de moins et à ma grand-mère qui a une retraite de 800 euros que je me sens déclassé.

Cependant, je rejoins Elaïna sur un point : la soif de consommation et le matraquage médiatique qu'être heureux c'est avoir toujours plus et mieux fait qu'on est mal à l'aise parce que c'est coûteux.

Etant un vil décroissant, je réfléchis pas mal sur mes besoins et mes envies. Cela me permet de relativiser ce "déclassement" qui s'insère dans nos têtes. En revanche, je suis un gros corporatiste ! JE VEUX DES SOUS ! Le déclassement financier et le glissement professionnel càd le passage petit à petit d'un métier d'ingénieur créateur à celui d'un technicien exécutant m'effraie profondément. On tue mon métier et le métier de professeur qui advient n'est pas/plus le mien.
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par Ananké Sam 10 Juil - 10:25
Je suis à la fois d'accord et en désaccord : en accord sur le fait qu'il faut recontextualiser et qu'il est vrai qu'il y a 30/40ans il était bien plus facile d'acheter quand bien même les taux d'intérêts étaient très élevés (mais/et les prix des logements cohérents) ; autant sur le fait qu'il y a des pratiques culturelles qui marquent une différence sociale de longue date (je n'ai jamais fait de ski, même dans les années 90, inaccessible pour mes parents, j'allais en colonies de vacances - où j'aurais pu faire du ski j'en conviens mais ça devait être les séjours les plus coûteux) je ne suis pas d'accord. Pas d'accord notamment sur le fait que quand on parle de partir en vacances je ne parle pas de ce standing-là du tout, je parle de sortir de sa région, voir autre chose. Exemple : nous avons loué pour ces vacances d'été une semaine en côté atlantique, dans une maisonnette de 60m2 proche de la plage. Rien de clinquant, juste la localisation proche de la mer et l'idée est de visiter le coin, balades gratuites, un peu de canoe et farniente plage. Si on a choisi de louer une maison indépendante c'est précisément (parce qu'on n'a pas de résidence secondaire) pour faire des courses, faire des grillades et profiter de la petite terrasse de la maison sans avoir à manger au resto tous les jours. Résultat : simplement pour la location on en a pour plus de 1000euros (pour 4), il faut ajouter le reste. C'est précisément faisable car on part à 4, qu'on partage les frais, qu'on paie la location en chèques vacances. Est-il normal que pour une semaine en bord de mer une famille moyenne doive débourser qqch comme 1500/2000euros ? Ou plutôt je reformule ma question : en quoi ce loisir qui n'a rien de luxueux devrait me paraître tel ?! Je pense que tous mes camarades dont je fais mention, du fait de leur carrière mais aussi de leur famille, peuvent se permettre cela sans que ça leur coûte proportionnellement aussi cher qu'à moi. Qu'ils puissent se payer des voyages à l'autre bout du monde, c'est pas mon souci (quoi que c'est bien dommage que les voyages longue distance ne soient le privilège que de quelques uns, enfin écologiquement je sais pas, enfin bref autre débat) mais que moi ce que je souhaite faire pèse sur d'autres arbitrages de ma vie (tant d'argent mis en vacances c'est tant d'argent qui ne seront pas dans l'apport, mais bon faut bien vivre quand même) c'est ça qui fait le déclassement.

La majorité de la population française arbitre effectivement de la sorte pour ces dépenses, il ne me semble pas que ce soit le cas de ceux qui en moyenne occupent les postes à qualification égale des nôtres.
Jenny
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Sentiment de déclassement  - Page 4 Empty Re: Sentiment de déclassement

par Jenny Sam 10 Juil - 10:26
Nos parents n’avaient pas tous le même niveau de vie non plus. Je suis très rarement partie en vacances enfant ou ado et toujours en France. On avait très peu d’argent, une maison pas terminée sans installation électrique aux normes en autre (tout sur la même prise).
Clairement, j’ai un niveau de vie largement supérieur à mes parents et une certaine stabilité. Certes, si je ne faisais pas d’heures supp et que je ne prenais pas des classes à examen, ce serait plus juste. Mais nous avons un toit sur la tête, nous partons fréquemment en week-end ou en vacances à l’étranger sans nous priver, on va régulièrement au resto…
Et ce n’est pas mon genre de me reposer sur les revenus de mon conjoint. Je trouve toujours ça risqué pour une femme.
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Cath
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Sentiment de déclassement  - Page 4 Empty Re: Sentiment de déclassement

par Cath Sam 10 Juil - 10:26
Bien sûr qu'on est déclassé. Il y a assez de tableaux comparatifs qui trainent sur internet pour le voir. Et les situations individuelles n'y changent rien : on gagne 26 % de moins que les autres cadres A recrutés sur la même grille indiciaire.
C'est un fait.
Une passante
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Sentiment de déclassement  - Page 4 Empty Re: Sentiment de déclassement

par Une passante Sam 10 Juil - 10:31
Jenny a écrit:Nos parents n’avaient pas tous le même niveau de vie non plus. Je suis très rarement partie en vacances enfant ou ado et toujours en France. On avait très peu d’argent, une maison pas terminée sans installation électrique aux normes en autre (tout sur la même prise).
Clairement, j’ai un niveau de vie largement supérieur à mes parents et une certaine stabilité. Certes, si je ne faisais pas d’heures supp et que je ne prenais pas des classes à examen, ce serait plus juste. Mais nous avons un toit sur la tête, nous partons fréquemment en week-end ou en vacances à l’étranger sans nous priver, on va régulièrement au resto…
Et ce n’est pas mon genre de me reposer sur les revenus de mon conjoint. Je trouve toujours ça risqué pour une femme.

Ton train de vie est cependant lié aux revenus de ton conjoint (les week-end ou vacances à l'étranger ne sont pas accessibles à tous), et surtout, ce n'est pas lié à ton traitement de professeur, mais au travail supplémentaire effectué (les heures supplémentaires et les classes à examen - même si je m'interroge sur le fait que cela t'apporte des sous en plus- ne sont pas accessibles à tous les enseignants).
Elyas
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Sentiment de déclassement  - Page 4 Empty Re: Sentiment de déclassement

par Elyas Sam 10 Juil - 10:40
Dans mon enfance, je ne suis parti en vacances que grâce à l'école (ski en CP, Andalousie en 4e) et mes premières vacances en famille, je n'en ai fait que deux fois : une fois au ski et une fois à la montagne. Je ne suis jamais allé à la mer plus d'une journée.

C'est quand j'ai travaillé en étant étudiant et quand je suis devenu professeur que partir en vacances régulièrement est devenu possible. Mes enfants partent un mois/un mois et demi en vacances. Là, je pars comme chaque année pour deux semaines sur la côte atlantique. Mes enfants ont un meilleur niveau de vie que j'ai eu quand j'étais enfant. Ma femme est assistante sociale (comme on a dit à Jenny que son niveau de vie dépend de son conjoint). En revanche, je dois faire attention à mes comptes si je veux maintenir les projets personnels et familiaux. J'ai perdu cette insouciance de ne pas faire attention que j'avais il y a encore quinze ans.

En revanche, je n'accepte pas la transformation de mon métier en un métier mal payé et qui devient un métier de garderie/d'exécutant de processus pédagogiques bas de gamme.
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Sentiment de déclassement  - Page 4 Empty Re: Sentiment de déclassement

par Elaïna Sam 10 Juil - 10:43
Elyas a écrit:

Etant un vil décroissant, je réfléchis pas mal sur mes besoins et mes envies. Cela me permet de relativiser ce "déclassement" qui s'insère dans nos têtes. En revanche, je suis un gros corporatiste ! JE VEUX DES SOUS ! Le déclassement financier et le glissement professionnel càd le passage petit à petit d'un métier d'ingénieur créateur à celui d'un technicien exécutant m'effraie profondément. On tue mon métier et le métier de professeur qui advient n'est pas/plus le mien.

Moi aussi je veux des thunes. Non mais ho !

Je réfléchis aussi à mes besoins... je déteste faire du shopping et acheter neuf. Mes habits, ceux de mes gosses, nos livres, sont pris d'occasion, par principe autant que par économie (oui, ça me fait suer d'acheter un polar que je ne lirai qu'une fois à 22 euros neuf, donc je le prends à 5 euros sur vinted en attendant quelques semaines). D'ailleurs j'ai déjà eu des collègues qui me faisaient des réflexions là-dessus (en gros, c'est parce que j'achète mes livres d'occasion que les auteurs gagnent mal leur vie...).
La seule chose pour laquelle j'ai envie de claquer des sous (donc de moins dépenser ailleurs, et de gagner plus de thunes en général) c'est sur les voyages. Je me suis privée pendant des années (aucune vacances pendant presque 10 ans au temps de ma fin d'études, de mon doctorat, et jusqu'à la naissance de mon 2e enfant), alors maintenant je me lâche si je peux.

J'édite par rapport à ton message suivant : je pense aussi, tout mis bout à bout, avoir une vie plus confortable que mes parents, et mes enfants ont clairement un niveau de vie supérieur au mien à leur âge. Mon mari n'est parti qu'une seule fois en famille dans son enfance, hors deux voyages scolaires. Mes fils ont déjà fait un séjour aux Canaries et un mois au Japon, sans compter divers séjours en France, avec des activités qui vont du musée au parc d'attraction en passant par du vélorail, de la rando vélo, des balades en chien de traîneau, du ski (avec mes parents ou avec nous) (mais pas trop avec nous, moi j'aime pas ça) quand mes parents auraient été bien en peine de le faire quand j'étais petite. Et je précise que je n'ai jamais eu la moindre aide financière de mes parents depuis mes 20 ans et mon entrée dans la fonction publique...

Ananké a écrit:Résultat : simplement pour la location on en a pour plus de 1000euros (pour 4), il faut ajouter le reste. C'est précisément faisable car on part à 4, qu'on partage les frais, qu'on paie la location en chèques vacances. Est-il normal que pour une semaine en bord de mer une famille moyenne doive débourser qqch comme 1500/2000euros ? Ou plutôt je reformule ma question : en quoi ce loisir qui n'a rien de luxueux devrait me paraître tel ?! Je pense que tous mes camarades dont je fais mention, du fait de leur carrière mais aussi de leur famille, peuvent se permettre cela sans que ça leur coûte proportionnellement aussi cher qu'à moi. Qu'ils puissent se payer des voyages à l'autre bout du monde, c'est pas mon souci (quoi que c'est bien dommage que les voyages longue distance ne soient le privilège que de quelques uns, enfin écologiquement je sais pas, enfin bref autre débat) mais que moi ce que je souhaite faire pèse sur d'autres arbitrages de ma vie (tant d'argent mis en vacances c'est tant d'argent qui ne seront pas dans l'apport, mais bon faut bien vivre quand même) c'est ça qui fait le déclassement.

Encore une fois, regarde les vacances que se payent les familles dans Le Petit Nicolas et que tu retrouves en filigrane dans les Dingodossiers, par exemple (oui, je pense sincèrement que Goscinny est l'ethnologue de la France des Trente Glorieuses) : la chambre en pension de famille avec menu unique en pension complète. Voyage en voiture (sur les petites routes). Pas de piscine, tu vas à la mer et tes gosses font des trous dans le sable pour s'occuper, c'est tout. Mes GP maternels, c'était en caravane à la Grande Motte. Bon... Ceux qui se payaient déjà à l'époque la maison indépendante étaient déjà les plus aisés.


Dernière édition par Elaïna le Sam 10 Juil - 10:55, édité 1 fois

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par Elaïna Sam 10 Juil - 10:49
Une passante a écrit:
Jenny a écrit:Nos parents n’avaient pas tous le même niveau de vie non plus. Je suis très rarement partie en vacances enfant ou ado et toujours en France. On avait très peu d’argent, une maison pas terminée sans installation électrique aux normes en autre (tout sur la même prise).
Clairement, j’ai un niveau de vie largement supérieur à mes parents et une certaine stabilité. Certes, si je ne faisais pas d’heures supp et que je ne prenais pas des classes à examen, ce serait plus juste. Mais nous avons un toit sur la tête, nous partons fréquemment en week-end ou en vacances à l’étranger sans nous priver, on va régulièrement au resto…
Et ce n’est pas mon genre de me reposer sur les revenus de mon conjoint. Je trouve toujours ça risqué pour une femme.

Ton train de vie est cependant lié aux revenus de ton conjoint (les week-end ou vacances à l'étranger ne sont pas accessibles à tous), et surtout, ce n'est pas lié à ton traitement de professeur, mais au travail supplémentaire effectué (les heures supplémentaires et les classes à examen - même si je m'interroge sur le fait que cela t'apporte des sous en plus- ne sont pas accessibles à tous les enseignants).

La pondération, j'imagine.

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par Ananké Sam 10 Juil - 10:53
Il faut comparer ce qui est comparable, à ce titre tout va bien dans le meilleur des mondes. Je comprends l'idée de relativiser mais là ça perd tout son sens.
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par Elaïna Sam 10 Juil - 10:57
Ben disons pour être rapide que les vacances ont toujours coûté une blinde et oui une location à la mer ça coûtait déjà cher dans les années 60, et ça coûte toujours cher voire de plus en plus. Surprise, ça va pas s'arranger, les inégalités entre riches et pauvres s'accroissent de plus en plus. Prof ou pas, on est impacté par cet accroissement des inégalités.

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par Elyas Sam 10 Juil - 11:24
Ananké a écrit:Il faut comparer ce qui est comparable, à ce titre tout va bien dans le meilleur des mondes. Je comprends l'idée de relativiser mais là ça perd tout son sens.

Notre métier est en train d'être transformé/restructuré. Cela signifie qu'on transforme une profession d'ingénieurs en profession de techniciens. Cela s'inscrit dans la baisse du salaire et dans une offensive culturelle majeure (avec le célèbre : un bac + 5 pour changer les couches en parlant des professeurs de maternelle qui sont sans doute les plus admirables d'entre nous tous). C'est plus que du reclassement, c'est une action nihiliste (je vais m'arrêter là, je suis très virulent sur ce sujet depuis quelques temps).

Cependant, pour une partie d'entre nous, nous vivons mieux que nos parents au même âge et dans les mêmes situations familiales. C'est mon cas et celui de plusieurs amis professeurs.

En revanche, nous sommes sous-payés pour ce qu'on nous demande quand on compare avec des professions qui ont notre niveau de diplôme mais une utilité sociale déplorable.

Enfin, le sentiment de déclassement se vit aussi en fonction de notre relation à la consommation. Si ne pas être déclassé, c'est pouvoir partir en Asie/Afrique/Amérique tous les ans et sortir au resto plusieurs fois par semaine, là, c'est clair, on n'a pas les moyens. Là, moi, là où je sens la différence, c'est pour l'achat de vêtements de bonne qualité qui durent et pour les livres. Cela devient onéreux et ça m'agace de devoir acheter des produits peu chers de mauvaises qualités fabriqués dans des conditions sociales au mieux douteuses.


Dernière édition par Elyas le Sam 10 Juil - 11:27, édité 1 fois
Jenny
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Sentiment de déclassement  - Page 4 Empty Re: Sentiment de déclassement

par Jenny Sam 10 Juil - 11:24
Une passante : Je paye nos vacances seule en général. Wink
Pondération effectivement et devoirs communs réguliers qui sont payés en HSE. Mais oui, c’est sûr qu’avec le traitement de base, ce n’est pas le même salaire du tout.
zigmag17
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Sentiment de déclassement  - Page 4 Empty Re: Sentiment de déclassement

par zigmag17 Sam 10 Juil - 11:27
Elaïna: On parlait des Trente Glorieuses (pouvoir d'achat ++ des classes moyennes), pas des années 60.
La génération qui a accédé aux professions intermédiaires dans les années 70 a accédé aussi à la société de consommation et a pu consommer correctement, sans se priver.
Va dire aujourd'hui à un PE qu'il n'est pas déclassé.
Je me sens déclassée aussi, évidemment.


Dernière édition par zigmag17 le Sam 10 Juil - 11:28, édité 1 fois
celitian
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Sentiment de déclassement  - Page 4 Empty Re: Sentiment de déclassement

par celitian Sam 10 Juil - 11:27
Ananké a écrit:Il faut comparer ce qui est comparable, à ce titre tout va bien dans le meilleur des mondes. Je comprends l'idée de relativiser mais là ça perd tout son sens.
+1
Le déclassement financier est très important, mes parents et leurs collègues profs avaient un train de vie plus élevé (vacances fréquentes, biens immobiliers, loisirs...), c'est d'ailleurs ce qui expliquait les jalousies de la société.

Aujourd'hui on a un salaire plombé mais on continue à subir un "bashing" permanent, un peu bizarre !

A noter que les retraités EN actuels, avec une carrière complète, perçoivent une pension équivalente au traitement d'un certifié à la hors classe. Le déclassement financier doit aussi intégré cette baisse du salaire différé.
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Sentiment de déclassement  - Page 4 Empty Re: Sentiment de déclassement

par Lizdarcy Sam 10 Juil - 11:28
Cath a écrit:Bien sûr qu'on est déclassé. Il y a assez de tableaux comparatifs qui trainent sur internet pour le voir. Et les situations individuelles n'y changent rien : on gagne 26 % de moins que les autres cadres A recrutés sur la même grille indiciaire.
C'est un fait.

C'est un fait. Point.

Ensuite, il y a une façon de le ressentir individuellement...et cela dépend de notre milieu d'origine, des revenus de notre conjoint, de notre style de vie, du fait d'être agrégé ou pas, que sais-je!
Elyas
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Esprit sacré

Sentiment de déclassement  - Page 4 Empty Re: Sentiment de déclassement

par Elyas Sam 10 Juil - 11:30
Il serait intéressant de voir si le sentiment de déclassement plus ou moins vif est lié aux origines sociales de chacun des intervenants. Je viens d'un milieu très pauvre et je comprends intellectuellement le sentiment de déclassement mais j'ai peine à le voir car je vis mieux que mes parents et grands-parents.

EDIT : grillé par Lizdarcy
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par Invité Sam 10 Juil - 11:33
Elyas a écrit:
Enfin, le sentiment de déclassement se vit aussi en fonction de notre relation à la consommation. Si ne pas être déclassé, c'est pouvoir partir en Asie/Afrique/Amérique tous les ans et sortir au resto plusieurs fois par semaine, là, c'est clair, on n'a pas les moyens. Là, moi, là où je sens la différence, c'est pour l'achat de vêtements de bonne qualité qui durent et pour les livres. Cela devient onéreux et ça m'agace de devoir acheter des produits peu chers de mauvaises qualités fabriqués dans des conditions sociales au mieux douteuses.

Je plussoie. Pour les vêtements je n'ai rien presque acheté de l'année. Je n'ai plus rien à me mettre donc je vais devoir me rabattre sur de la mauvaise qualité car dans le même temps je n'ai pas pu économiser assez pour m'acheter plus d'un ou deux vêtements de bonne qualité.
Jenny
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par Jenny Sam 10 Juil - 11:41
Elyas a écrit:Il serait intéressant de voir si le sentiment de déclassement plus ou moins vif est lié aux origines sociales de chacun des intervenants. Je viens d'un milieu très pauvre et je comprends intellectuellement le sentiment de déclassement mais j'ai peine à le voir car je vis mieux que mes parents et grands-parents.

EDIT : grillé par Lizdarcy

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Et le regard des proches n’est pas non plus le même.
Mes proches ont l’impression que j’ai bien réussi dans la vie et c’est encore plus marqué chez d’anciens camarades de classe.


Dernière édition par Jenny le Sam 10 Juil - 11:44, édité 1 fois
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