Sondage pour la réalisation d'un mémoire sur l'autorité et le tutoiement

Disons que c'est une question que l'on peut se poser lorsqu'on est jeune et que l'on débute. Après ça apparaît comme un détail. Il n'est significatif de rien d'ailleurs. J'ai souvenir d'un jeune collègue, très proche des élèves avec lesquels il pouvait aller boire des verres par exemple mais qu'il vouvoyait et même qu'il appelait monsieur ou madame y compris dans les bulletins. J'ai maintenant largement l'âge d'être la mère voir la grand-mère de mes élèves y compris les étudiants de BTS. J'ai un rapport plus maternel avec eux d'ailleurs et dans ces conditions, le tutoiement à leur égard est assez naturel sans jamais être condescendant.

Aujourd'hui, je ne vois pas non plus le rapport entre autorité et vouvoiement mais jeune prof en stage j'étais fermement décidé à vouvoyer mes élèves pensant avoir plus d'autorité. Sauf qu'ayant été animatrice pendant des années, le tutoiement me venait naturellement au milieu des vouvoiements : plus ridicule qu'autre chose, j'ai abandonné dès la 1ère semaine

Personnellement j'ai commencé en tutoyant. Je suis passé au vouvoiement mais un IPR m'a conseillé de revenir au tutoiement car en état de stress ou de doute ma communication se voile, donc il m'a conseillé le tutoiement pour maintenir le contact plus direct avec des élèves jeunes.

Je suis donc revenu au tutoiement qui m'est assez naturel. Mais j'utilise le vouvoiement avec les élèves inconnus dans les couloirs ou la cour, et en condition d'examen, même si je connais les élèves (oral). Aussi dans ce cas j'utilise le titre "monsieur" ou "madame" (jamais mademoiselle). En général ça passe très bien.

Culturellement, on tutoie un proche, un pair, un jeune tandis qu'on vouvoie un inconnu, un supérieur, un ancien.
Le vouvoiement instaure une certaine distance, une froideur dans les échanges.

Il y a des notions de respect et d'autorité qui peuvent donc être liées à la question du tutoiement/vouvoiement.
En particulier quand on débute dans le métier et qu'on bascule du côté où nous étions les jeunes qui vouvoyions nos enseignants (qui parfois nous tutoyaient) au côté où nous sommes le "supérieur".
Ca peut être dur de se positionner quand on débute avec des élèves (qui ont parfois un âge proche du notre).

En tout cas, je pense que cette question, beaucoup se la sont posée avant d'accueillir pour la première fois ses élèves.
Et que dire à un élève qui veut nous tutoyer en retour ? ou qui exige qu'on le vouvoie ? Je n'attends pas de réponses à ces questions, mais c'est intéressant d'y réfléchir avant d'entrer dans le métier.

Calypso64 a écrit:Aujourd'hui, je ne vois pas non plus le rapport entre autorité et vouvoiement mais jeune prof en stage j'étais fermement décidé à vouvoyer mes élèves pensant avoir plus d'autorité. Sauf qu'ayant été animatrice pendant des années, le tutoiement me venait naturellement au milieu des vouvoiements : plus ridicule qu'autre chose, j'ai abandonné dès la 1ère semaine

Ça, c'est un problème que je n'ai pas, le vouvoiement m'est complètement naturel  

Enaeco a écrit:Culturellement, on tutoie un proche, un pair, un jeune tandis qu'on vouvoie un inconnu, un supérieur, un ancien.
Le vouvoiement instaure une certaine distance, une froideur dans les échanges.

Je n'irais pas jusque là, je vouvoie des gens que j'aime beaucoup (et si j'avais su que j'épouserais cet ami d'une amie, je ne l'aurais pas tutoyé au bout de quelque temps   ).

Enaeco a écrit:Et que dire à un élève qui veut nous tutoyer en retour ? ou qui exige qu'on le vouvoie ?

Que c'est ce n'est pas comme cela que ça se passe (dans les deux cas   , le second est plus épineux, ce serait un conflit à désamorcer très vite...)

Je dis vous aux élèves et nous sommes plusieurs profs à le faire. C'est une sorte de logique, je ne cesse de leur répéter: nous sommes en lycée PRO, donc nous adoptons une attitude PRO.

Par contre, avec les collègues, j'ai le tutoiement facile.

scot69 a écrit:

Je dis vous aux élèves et nous sommes plusieurs profs à le faire. C'est une sorte de logique, je ne cesse de leur répéter: nous sommes en lycée PRO, donc nous adoptons une attitude PRO.

Par contre, avec les collègues, j'ai le tutoiement facile.

Même chose pour moi. La première année de stage, j'ai tutoyé mes élèves. L'année suivante, changement de lycée, lycée industriel avec que des garçons guère plus jeunes que moi (entre les deux ans de BEP, et les redoublements, je n'avais pas plus de 2-3 ans d'écart avec certains). Je suis donc passée au vouvoiement pour mettre de la distance et j'ai gardé cette habitude même après un changement d'établissement. J'estime aussi que c'est aussi un moyen de valoriser les élèves de LP qui vont rejoindre rapidement le monde professionnel. En revanche, je tutoie mes anciens élèves et eux aussi.

Trajet inverse pour moi, j'ai vouvoyé les élèves l'année de stage, sur les conseils du formateur IUFM qui m'avait dit que tout le monde le faisait en lycée. Résultat, j'étais la seule de l'équipe à le faire. L'année suivante, je suis passée au tutoiement et je n'ai plus cessé de l'employer.

Je vouvoie les élèves, dès la 6e. Je ne suis pas à l'aise avec la dissymétrie (élèves qui vouvoient, professeur qui tutoie).

Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:Je vouvoie les élèves, dès la 6e. Je ne suis pas à l'aise avec la dissymétrie (élèves qui vouvoient, professeur qui tutoie).

Pareil.

Heu, que penser des quelques excentriques (dont votre serviteur) qui alternent vouvoiement et tutoiement en fonction du contexte et de l'humeur ?

[quote="Sylvain de Saint-Sylvain"]Je vouvoie les élèves, dès la 6e. Je ne suis pas à l'aise avec la dissymétrie (élèves qui vouvoient, professeur qui tutoie).[/quot

Exactement pareil, je ne supportais pas que les profs dans leur grande majorité me donnent du "tu" alors que je devais les vouvoyer donc hors de questions de les tutoyer.

Mon meilleur ami vouvoyait ses parents que je tutoyais. Position instable qui m'a rendu assez habile à n'employer ni le tu, ni le vous. Aux dernières nouvelles, je n'ai pas encore implosé ( encore que...)

Vieux_Mongol a écrit:Heu, que penser des quelques excentriques (dont votre serviteur) qui alternent vouvoiement et tutoiement en fonction du contexte et de l'humeur ?

Ils ont trop lu Shakespeare.

Bon, sinon, on tient notre défouloir vouvoiement de l'été, je crois qu'il en faut obligatoirement un tous les ans.

mamieprof a écrit:

Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:Je vouvoie les élèves, dès la 6e. Je ne suis pas à l'aise avec la dissymétrie (élèves qui vouvoient, professeur qui tutoie).

Exactement pareil, je ne supportais pas que les profs dans leur grande majorité me donnent du "tu" alors que je devais les vouvoyer donc hors de questions de les tutoyer.

Dans mes bras!

Baldred a écrit:Mon meilleur ami vouvoyait ses parents que je tutoyais. Position instable qui m'a rendu assez habile à n'employer ni le tu, ni le vous. Aux dernières nouvelles, je n'ai pas encore implosé ( encore que...)

Je connais aussi, en version belle-famille. Incroyable le nombre de phrases qu'on peut tourner différemment pour éviter de s'aventurer en terrain dangereux

Cela fait dix-sept ans que mon beau-père me demande de le tutoyer, ce à quoi je me refuse obstinément

Autant je comprends qu'on puisse se poser la question pour les élèves autant pour les beaux-parents le débat me semble inenvisageable : vouvoiement de rigueur

Oui, mais c'est parce que tu es méchant.

Edit : mon commentaire concernait DR.
Mais un vieux mongol, khan même, c'est sûrement méchant aussi.

Vieux_Mongol a écrit:Autant je comprends qu'on puisse se poser la question pour les élèves autant pour les beaux-parents le débat me semble inenvisageable : vouvoiement de rigueur

Vous parlez d'or.

Trop orienté, je répond pas. Je suis par contre inquiet (mais pas surpris) de retrouver cette " orientation" qui était déjà celle prônée du temps des IUFM...Bref! Sinon, s'agissant du mémoire, comme nombre de personnes ici  j'ai fait une maîtrise. Et à bien y réfléchir, même si ça date un peu, je me souviens qu'à mes débuts, mon niveau académique s'il n'était pas exceptionnel, me dispensait de me demander si le " tu" Ou le " vous" était mieux pour être pris au sérieux et donc respecté...

Vieux_Mongol a écrit:Autant je comprends qu'on puisse se poser la question pour les élèves autant pour les beaux-parents le débat me semble inenvisageable : vouvoiement de rigueur

C'est une évidence !

Je tutoie facilement sur ce forum maintenant, mais je me souviens d'un quidam, divinisé depuis, qui n'y usait que du voussoiement (car l'un et l'autre etc.)

Vieux_Mongol a écrit:Heu, que penser des quelques excentriques (dont votre serviteur) qui alternent vouvoiement et tutoiement en fonction du contexte et de l'humeur ?

Pour moi c'est un an sur deux.

Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:Je vouvoie les élèves, dès la 6e. Je ne suis pas à l'aise avec la dissymétrie (élèves qui vouvoient, professeur qui tutoie).

Je me sens moins seul d'un coup...

Et puis vouvoyer les morveux de 6e ça plante tout de suite le décor et le personnage principal de la pièce qu'est le dragon

Spoiler:

La dissymétrie est très dérangeante, et le vous, évite quand même beaucoup d'incidents, avec les ados notamment. J'ai vu la différence entre ma première et ma seconde année de stage par exemple, cas purement personnel ceci-dit.

On a pas déjà eu 1000 fois ce débat sur le forum ?

Mais là c'est pour servir la science !

Je n'ai jamais vraiment compris comment les résultats de ce genre de questionnaire peuvent être exploités. Pour moi c'est l'équivalent numérique du micro-trottoir.
Cependant je salue les étudiants qui prennent une telle avance en commençant à travailler sur leur mémoire au mois de juillet !

Sinon pour ma part je rêverai être ce prof pince-sans-rire qui vouvoie les élèves mais je n'y arrive malheureusement pas. Que chacun fasse ce avec quoi il est à l'aise me parait être le plus important.