Obligation ZEP pour tous ?

Je ne crois pas que la solution soit de pérenniser la solution des enseignants kleenex, les neufs venant remplacer les usagés.
Il va être temps d'améliorer pour de vrai les conditions de travail: primes + vraies décharges pour les enseignants en ZEP, arrêt des pressions sur le nombre de conseils de discipline maximum autorisés, et développement de structures à taille humaine pour les élèves décrocheurs. Liste non exhaustive.
Si on ne veut rien faire de tout ça, le statu quo est préférable à cette mesure complètement mesquine et dangereuse qui consisterait à user l'ensemble des débutants en les envoyant en ZEP sans aucune préparation. C'est déjà le cas de beaucoup de jeunes profs (dont le mien), ce n'est pas la peine d'en faire une généralité. Ces années forment, certes, mais cela a des conséquences très désagréables pour tout le monde (dont l'adoption de la mentalité plus que limite qui consiste à vouloir que tout le monde en bave comme on en a bavé).

Sakei a écrit:

Provence a écrit:

teach_me a écrit:Je trouve que dans le fond c'est une bonne idée d'obliger tout professeur à passer par la case ZEP. C'est un peu l'épreuve du feu, si l'on veut Mais pas en début de carrière, par contre, car ça peut tuer la volonté des jeunes profs.

:shock:

Pourquoi donc faudrait-il passer l'épreuve du feu? Concrètement, qu'est-ce que ça apporterait ? On ne devient pas meilleur quand on souffre.

Ma prof de piano disait : "quand on sait jouer du classique, on peut tout jouer (jazz, variété...)". C'est pareil avec la ZEP, quand on sait enseigner en ZEP, on sait enseigner partout
C'est pas une histoire de souffrir, y'a pas que des ZEP ultra-chaudes et dans les ZEP chaudes il y a des classes potables. Ca permet juste l'apprentissage de la pédagogie, de la créativité pour faire des cours adaptés, sans parler des stratégies à mettre en oeuvre pour gérer la classe... c'est très formateur la ZEP.

Les profs n'ont que cette phrase à la bouche ma parole...!
Les difficultés en stage, c'est formateur, le fait d'être tzr, c'est formateur, le fait d'enseigner dans des établissements difficile, c'est formateur...Tu parles!

lalilala a écrit: Les profs n'ont que cette phrase à la bouche ma parole...!
Les difficultés en stage, c'est formateur, le fait d'être tzr, c'est formateur, le fait d'enseigner dans des établissements difficile, c'est formateur...Tu parles!

en effet, pourquoi ne pas aggraver davantage les conditions de travail pénibles des enseignants afin qu'elles soient encore plus performantes sur le plan de la formation? Ne pas oublier les collègues en dépression qui y ont laissé leur santé physique et mentale

Ma prof de piano disait : "quand on sait jouer du classique, on peut tout jouer (jazz, variété...)". C'est pareil avec la ZEP, quand on sait enseigner en ZEP, on sait enseigner partout
C'est pas une histoire de souffrir, y'a pas que des ZEP ultra-chaudes et dans les ZEP chaudes il y a des classes potables. Ca permet juste l'apprentissage de la pédagogie, de la créativité pour faire des cours adaptés, sans parler des stratégies à mettre en oeuvre pour gérer la classe... c'est très formateur la ZEP.

Non. J'ai été TZR, j'ai enseigné en ZEP et en établissement facile. Beaucoup m'ont dit que c'était formateur : je pense ne jamais avoir été un aussi mauvais professeur qu'à ce moment là, même dans les bonnes classes.
Je suis aujourd'hui dans une ZEP, mais que je connaissais car j'y ai fait mon stage de titularisation (qui avait été très dure avec une de mes classes) et, si toutes les classes ne sont pas faciles, on arrive à travailler dans toutes.
Je m'améliore progressivement et je deviens, je pense, un assez bon prof. Mais la difficulté, la tension et la dureté m'ont complètement paralysé quand j'étais TZR.

Prétendre qu'une étape difficile, parfois destructrice, est "formatrice", pour moi, c'est accepter et légitimer les conditions de travail dans ces conditions. C'est aussi considérer que les personnes ne supportant pas cette "initiation" seraient peu capables d'enseigner. Bref, je trouve ça limite insultant. En gros, les prof qui n'ont pas enseigné en ZEP ne connaîtrait pas "la vraie vie" des enseignants.

"quand on a enseigné en ZEP, on peut enseigner partout" : rien n'est plus faux. J'ai vu des collègues venir de ZEP dures et galérer dans des établissements considérés comme plus simples. Le métier n'est pas tout à fait le même et les difficultés existent dans les deux cas.

Formateur... mouais. Ou destructeur. Une amie, à peine sortie de son année de stage déjà difficile (en lycée), a été envoyée dans une ZEP (collège avec les 4 niveaux). Elle est à la limite de la dépression et a été menacée de mort y a 3 semaines. J'ai pas envie de lui dire "t'inquiète, c'est formateur, on doit tous y passer" (et j'y serai bientôt, toute célibataire que je suis).

Sakei a écrit:Pour moi y envoyer si ce n'est tout le monde mais en tout cas plus de profs c'est pour qu'il y ait un meilleur roulement, plus rapide, sur des périodes de 4-5 ans... pour éviter l'encroutage, la démotivation de nombreux de nos collègues dans ces établissements. Ca nuit à tout le monde, au personnel et aux élèves.

Tu crois pas que tu considères le problème à l'envers? Ne vaudrait-il pas mieux y améliorer les conditions d'enseignement pour que ce ne soit plus un calvaire d'y rester 5 ans et que certains même décident d'y rester plus?

Cripure a écrit:

Sakei a écrit:l'apprentissage de la pédagogie, de la créativité pour faire des cours adaptés, sans parler des stratégies à mettre en oeuvre pour gérer la classe... c'est très formateur la ZEP.

Ouais, sûrement. En gros, tous les trucs qui servent à faire des cours pourris pour les élèves normaux. C'est sûrement très formateur
Dans n'importe quel boulot, il y a un non-dit qui aide tout le monde à tenir : c'est que la situation va s'améliorer, ou au moins qu'elle n'empirera pas. Prenez ceux qui ont un peu de bouteille dans un endroit à peu près correct et pourrissez-leur la vie, vous aurez sûrement encore plus de facilité à recruter par la suite.
Quand on a du pain noir à manger, il vaut mieux que ce soit au début. Surtout que c'est inclus dans le pack "enseignement".

là, je suis d'accord.D'autant plus, que je connais pas mal de profs expérimentés-moi comprise_qui se débrouillent pas trop mal avec des classes lambdas et qui ne tiendraient pas dans certaines zep.Mais si pain noir il y a , il faut aussi qu'il y ait une vraie carotte en terme de points pour tenir.

roxanne a écrit:

Cripure a écrit:

Sakei a écrit:l'apprentissage de la pédagogie, de la créativité pour faire des cours adaptés, sans parler des stratégies à mettre en oeuvre pour gérer la classe... c'est très formateur la ZEP.

Ouais, sûrement. En gros, tous les trucs qui servent à faire des cours pourris pour les élèves normaux. C'est sûrement très formateur
Dans n'importe quel boulot, il y a un non-dit qui aide tout le monde à tenir : c'est que la situation va s'améliorer, ou au moins qu'elle n'empirera pas. Prenez ceux qui ont un peu de bouteille dans un endroit à peu près correct et pourrissez-leur la vie, vous aurez sûrement encore plus de facilité à recruter par la suite.
Quand on a du pain noir à manger, il vaut mieux que ce soit au début. Surtout que c'est inclus dans le pack "enseignement".

là, je suis d'accord.D'autant plus, que je connais pas mal de profs expérimentés-moi comprise_qui se débrouillent pas trop mal avec des classes lambdas et qui ne tiendraient pas dans certaines zep.Mais si pain noir il y a , il faut aussi qu'il y ait une vraie carotte en terme de points pour tenir.

+ 1000!
L'idée que tout le monde doive passer en ZEP sous-entend que tout le monde puisse y enseigner correctement. Or, entre autres choses le public de ZEP demande une énergie plus importante (perso c'est le truc que je découvre et qui me "bouffe" beaucoup plus que les copies ou les préparations de cours...)

En revanche, comme roxanne, je pense que le "gain" pour ceux qui y vont et y restent un certain temps devrait être beaucoup plus conséquent.

Encore plus formateur que la ZEP tout court : le lycée pro en ZEP.
Pour ma part, j'ai tenu six mois, péniblement. J'en fais encore des cauchemars et j'ai perdu une bonne partie de ma confiance en moi. Un jour, après un cours avec mes terminales infects, j'ai eu envie d'enjamber la fenêtre. Super formateur. Si vous avez encore des idées comme ça, n'hésitez pas à les garder pour vous

J'ai fait 6 mois comme toi Kruella : LP en ZEP. Je comptais les jours, me levait le matin en me disant que j'allais gagner ma croute et celle des bestioles. Et je me disais : si c'est comme ça par la suite, je change de taf.

roxanne a écrit:

Cripure a écrit:

Sakei a écrit:l'apprentissage de la pédagogie, de la créativité pour faire des cours adaptés, sans parler des stratégies à mettre en oeuvre pour gérer la classe... c'est très formateur la ZEP.

Ouais, sûrement. En gros, tous les trucs qui servent à faire des cours pourris pour les élèves normaux. C'est sûrement très formateur
Dans n'importe quel boulot, il y a un non-dit qui aide tout le monde à tenir : c'est que la situation va s'améliorer, ou au moins qu'elle n'empirera pas. Prenez ceux qui ont un peu de bouteille dans un endroit à peu près correct et pourrissez-leur la vie, vous aurez sûrement encore plus de facilité à recruter par la suite.
Quand on a du pain noir à manger, il vaut mieux que ce soit au début. Surtout que c'est inclus dans le pack "enseignement".

là, je suis d'accord.D'autant plus, que je connais pas mal de profs expérimentés-moi comprise_qui se débrouillent pas trop mal avec des classes lambdas et qui ne tiendraient pas dans certaines zep.Mais si pain noir il y a , il faut aussi qu'il y ait une vraie carotte en terme de points pour tenir.

Tout à fait d'accord, mais aussi carotte en matière de salaire et en matière d'obligations de service. Il y a des services de 18h infernaux, c'est connu, il faut le prendre en compte. Dans certains endroits, faire fonctionner le service public d'éducation implique qu'on y donne de sa vie tant c'est dur : ce doit être reconnu.

roxanne a écrit:

Cripure a écrit:

Sakei a écrit:l'apprentissage de la pédagogie, de la créativité pour faire des cours adaptés, sans parler des stratégies à mettre en oeuvre pour gérer la classe... c'est très formateur la ZEP.

Ouais, sûrement. En gros, tous les trucs qui servent à faire des cours pourris pour les élèves normaux. C'est sûrement très formateur
Dans n'importe quel boulot, il y a un non-dit qui aide tout le monde à tenir : c'est que la situation va s'améliorer, ou au moins qu'elle n'empirera pas. Prenez ceux qui ont un peu de bouteille dans un endroit à peu près correct et pourrissez-leur la vie, vous aurez sûrement encore plus de facilité à recruter par la suite.
Quand on a du pain noir à manger, il vaut mieux que ce soit au début. Surtout que c'est inclus dans le pack "enseignement".

là, je suis d'accord.D'autant plus, que je connais pas mal de profs expérimentés-moi comprise_qui se débrouillent pas trop mal avec des classes lambdas et qui ne tiendraient pas dans certaines zep.Mais si pain noir il y a , il faut aussi qu'il y ait une vraie carotte en terme de points pour tenir.

L'administration , la carotte elle connaît , mais peut-être pas comme tu l'entends

Spoiler:

Lefteris a écrit:

roxanne a écrit:

Cripure a écrit:

Sakei a écrit:l'apprentissage de la pédagogie, de la créativité pour faire des cours adaptés, sans parler des stratégies à mettre en oeuvre pour gérer la classe... c'est très formateur la ZEP.

Ouais, sûrement. En gros, tous les trucs qui servent à faire des cours pourris pour les élèves normaux. C'est sûrement très formateur
Dans n'importe quel boulot, il y a un non-dit qui aide tout le monde à tenir : c'est que la situation va s'améliorer, ou au moins qu'elle n'empirera pas. Prenez ceux qui ont un peu de bouteille dans un endroit à peu près correct et pourrissez-leur la vie, vous aurez sûrement encore plus de facilité à recruter par la suite.
Quand on a du pain noir à manger, il vaut mieux que ce soit au début. Surtout que c'est inclus dans le pack "enseignement".

là, je suis d'accord.D'autant plus, que je connais pas mal de profs expérimentés-moi comprise_qui se débrouillent pas trop mal avec des classes lambdas et qui ne tiendraient pas dans certaines zep.Mais si pain noir il y a , il faut aussi qu'il y ait une vraie carotte en terme de points pour tenir.

L'administration , la carotte elle connaît , mais peut-être pas comme tu l'entends

Spoiler:

Peut-être pas, en effet. Mais bon, chacun choisira ce qui lui convient. Ce n'est pas un problème administratif, c'est une question politique.

J'ai fait 8 ans en lycée pro ZEP dont l'année de stage, je pense que j'ai donné. Par contre j'ai beaucoup perdu, en passant dans un lycée pro cool avec des élèves normaux, je me suis rendue compte avec effarement ce qu'on en arrivait à trouver "normal" en ZEP et la perte de mes compétences scientifiques. En ZEP on gère des problèmes mais on n'enseigne pas vraiment, le niveau est au ras du sol et encore!!

nigousse a écrit:J'ai fait 8 ans en lycée pro ZEP dont l'année de stage, je pense que j'ai donné. Par contre j'ai beaucoup perdu, en passant dans un lycée pro cool avec des élèves normaux, je me suis rendue compte avec effarement ce qu'on en arrivait à trouver "normal" en ZEP et la perte de mes compétences scientifiques. En ZEP on gère des problèmes mais on n'enseigne pas vraiment, le niveau est au ras du sol et encore!!

Attention, vous allez vous faire fusiller.Il paraît qu'en ZEP, tout va bien

PurpleBanner a écrit:Parce qu'en ZEP, on fait des cours pourris?

On fait ce qu'on peut, non ? Notamment des projets... (dont celui de partir...)

Cripure a écrit:

PurpleBanner a écrit:Parce qu'en ZEP, on fait des cours pourris?

On fait ce qu'on peut, non ? Notamment des projets... (dont celui de partir...)

TZR en ZEP, avant changement tous les 3 mois, c'est pas mal aussi....on change tout le temps, pour du pire.
On est pris pour le larbin de service; les collègues nous plaignent....parfois; syndicats, et cde et les IPR se lamentent avec compassion sur notre sort, mais nous jurent avec des trémolos dans la voix, qu'ils ne peuvent rien faire pour nous.
Et on tient en se disant primo, à défaut d'autre chose, que le métier rentre, deuxio, que ça ne durera pas.....

Je voulais juste faire part de mon expérience personnelle. Mais pour survivre ( dans mon cas, lycée pro ZEP) tant sur le plan psychique que physique on en vient à accepter des comportements inacceptables et à revoir ses exigences toujours à la baisse. En arrivant dans mon établissement actuel ( le meilleur LP de la région) je faisais de la paranoïa car les élèves disaient bonjour en arrivant et au revoir en partant, je pensais qu'ils se moquaient de moi ( pour dire!!) tellement j'avais perdu l'habitude de la politesse la plus élémentaire! Entendu au début d'un de mes cours ( je suis PLP Lettres-Histoire) de géo: "Madame, j'ai appris une chose horrible. En France il y a une ville réservée aux juifs, Villejuif !!". Pendant 8 ans dans un bahut composé à 98% d'élèves masculins et maghrébins, j'ai vu à l’œuvre tous les jours la misogynie, l'homophobie et l'antisémitisme ( ah les apologies d'Hitler à longueur de cours!!).

albertine02 a écrit:

Cripure a écrit:

PurpleBanner a écrit:Parce qu'en ZEP, on fait des cours pourris?

On fait ce qu'on peut, non ? Notamment des projets... (dont celui de partir...)

TZR en ZEP, avant changement tous les 3 mois, c'est pas mal aussi....on change tout le temps, pour du pire.
On est pris pour le larbin de service; les collègues nous plaignent....parfois; syndicats, et cde et les IPR se lamentent avec compassion sur notre sort, mais nous jurent avec des trémolos dans la voix, qu'ils ne peuvent rien faire pour nous.
Et on tient en se disant primo, à défaut d'autre chose, que le métier rentre, deuxio, que ça ne durera pas.....

Très vrai. Sans compter que lorsque l'on est TZR en ZEP, on n'acquiert pas de "points ZEP"...

nigousse a écrit:Je voulais juste faire part de mon expérience personnelle. Mais pour survivre ( dans mon cas, lycée pro ZEP) tant sur le plan psychique que physique on en vient à accepter des comportements inacceptables et à revoir ses exigences toujours à la baisse. En arrivant dans mon établissement actuel ( le meilleur LP de la région) je faisais de la paranoïa car les élèves disaient bonjour en arrivant et au revoir en partant, je pensais qu'ils se moquaient de moi ( pour dire!!) tellement j'avais perdu l'habitude de la politesse la plus élémentaire! Entendu au début d'un de mes cours ( je suis PLP Lettres-Histoire) de géo: "Madame, j'ai appris une chose horrible. En France il y a une ville réservée aux juifs, Villejuif !!". Pendant 8 ans dans un bahut composé à 98% d'élèves masculins et maghrébins, j'ai vu à l’œuvre tous les jours la misogynie, l'homophobie et l'antisémitisme ( ah les apologies d'Hitler à longueur de cours!!).