Re: Capes Lettres modernes 2012 : 909 admissibles - 733 postes - 681 admis.

par *Fifi* Lun 23 Jan 2012 - 17:08

L'an dernier j'ai fais un remplacement dans un très bon lycée de centre ville. Je voulais faire ça pour me tester avant de commencer à bosser en septembre. Je n'ai eu qu'un vague entretien qui a juste consisté à me présenter la personne que je remplacais et à me donner les papiers à remplir. Personne n'a vérifié mon niveau dans la matière ! Le proviseur m'avait même demandé de repostuler pour janvier (mais bien sûr ...) sans avoir vu quoi quoi ce soit de mes capacités. Je trouve ça très grave. On met devant les élèves des gens absolument pas formés et dont le niveau est invérifiable.

par roxanne Lun 23 Jan 2012 - 17:10

Abraxas a écrit:

iphigénie a écrit:parce que vous croyez qu'il n'y en a pas?

Je crois que le taux d'excellence est le même dans toutes les professions — disons 5%. S'y range qui veut — mais calculez par exemple combien de bons boulangers vous connaissez.
Après, il y a les artisans qui font scrupuleusement leur travail. Plus ou moins doués, plus ou moins bien formés. C'est le gros bataillon. Ils font ce qu'ils peuvent. Généralement, ils finissent par le faire honnêtement. Mais parfois, ils fatiguent…
Puis les feignasses et les escrocs. Chiffre incompressible. À la louche, 10%.
Tout en bas, 5% d'inaptes ou d'inadaptés (ça ne veut pas dire qu'ils ne valent rien, mais qu'ils ne valent rien pour ce travail).
Bref, 15% de dangers publics. Et c'est aussi grave pour un prof que pour un médecin — mais comme les conséquences sont rarement immédiates, ça se voit moins.
La meilleure preuve — par l'absurde : on se repasse entre copains les coordonnées de toubibs compétents dans tel ou tel domaine, on fait 500 mètres de plus pour trouver une baguette appétissante, un steack persillé (qui suppose un boucher assez scrupuleux pour n'admettre dans sa boutique, par exemple, que des carcasses de vaches ayant vélé au moins une fois, deux si possible), et on inscrit ses enfants, quand on peut, dans un établissement où le niveau général des enseignants est à peu près garanti — et même, dans certains cas, où l'on sait qu'il y a un prof de maths (ou de ce que vous voulez) qui remonte les TS au niveau des prépas qui les attendent…
Je sais que mes propos en défrisent quelques-un(e)s, mais c'est la vérité vraie — regardez autour de vous, dans une salle des profs bondés, en vous demandant qui est vraiment bon — savant et compétent.

le truc c'est que les deux ne sont pas forcément liès.Moi j'assume mon capes interne, un niveau tout à fait solide à défaut d'être savant et ma compétence pour ce métier.

par Mike92 Lun 23 Jan 2012 - 17:32

Si on commençait par nous revaloriser (y compris financièrement) au lieu de nous enfoncer, et cesser d'aggraver nos conditions de travail, le métier d'enseignant attirerait peut-être davantage de monde, et donc la sélection serait de facto meilleure, non ?

Cela dit, je suis d'accord avec roxanne : on n'a pas besoin de 7 ans d'études pour être un bon prof (et personne ne sait au départ s'il est fait pour ce métier). C'est quand même embêtant d'être prof de langue et n'avoir aucune oreille !

Mais j'avoue être quand même perplexe en lisant que des candidats futurs profs de lettres sont nuls en grammaire... et s'en foutent !

On est quand même gênés en triant les dossiers des candidats à la prépa, de trouver des fautes de français chez les collègues ; les grands classiques sont : acquits au lieu d'acquis, résoud au lieu de résout, et les accords avec avoir : "la moyenne que j'ai mis"... Ou encore : "devrait travailler d'avantage" !!

Bon, je me fais vieux, ça doit expliquer mon étonnement...

par Thalia de G Lun 23 Jan 2012 - 18:10

Mike92 a écrit:Si on commençait par nous revaloriser (y compris financièrement) au lieu de nous enfoncer, et cesser d'aggraver nos conditions de travail, le métier d'enseignant attirerait peut-être davantage de monde, et donc la sélection serait de facto meilleure, non ?

Cela dit, je suis d'accord avec roxanne : on n'a pas besoin de 7 ans d'études pour être un bon prof (et personne ne sait au départ s'il est fait pour ce métier). C'est quand même embêtant d'être prof de langue et n'avoir aucune oreille !

Mais j'avoue être quand même perplexe en lisant que des candidats futurs profs de lettres sont nuls en grammaire... et s'en foutent !
On est quand même gênés en triant les dossiers des candidats à la prépa, de trouver des fautes de français chez les collègues ; les grands classiques sont : acquits au lieu d'acquis, résoud au lieu de résout, et les accords avec avoir : "la moyenne que j'ai mis"... Ou encore : "devrait travailler d'avantage" !!

Bon, je me fais vieux, ça doit expliquer mon étonnement...

Je crois qu'on ne s'y résout jamais, quel que soit l'âge. pale

par *Fifi* Lun 23 Jan 2012 - 18:14

Je suis d'accord : si on revalorisait les conditions de travail, ca attirerait plus de monde et ca ferait augmenter le niveau. Triste constat vu les perspectives actuelles !

par fandorine Lun 23 Jan 2012 - 22:30

Une question (sûrement déjà posée en ces lieux, mais je ne l'ai pas vue passer): les 376 postes qui n'ont pas été pourvus au Capes de maths de l'an dernier, ils ont été rajoutés aux postes à pourvoir de cette année? (j'suis pas certain d'être clair: est-ce que les 950 postes de cette année se décomposent en 574 (postes offerts si ceux de 2011 avaient fait le plein) + 376 (les non pourvus de l'an dernier)?) Non parce qu'à ce train-là, en 2 018 il y aura 410 admissibles pour 2 500 postes! Et dans le contraire, hé bien... je me demande vraiment commment les rectorats vont gérer ce beau bordel.
Même question pour les lettres évidemment.

par vivi1982 Lun 23 Jan 2012 - 22:41

J'ai été remplacé en novembre dernier par un vacataire qui n'avait jamais enseigné. Une catastrophe: il ne connaissait pas les programmes, a enseigné beaucoup de choses erronnées et surtout c'était un boxon sans nom. Les élèves lui "ont fait la peau". Ils ont été jusqu'à lui coller discrètement dans le dos des postits d'insultes dans le dos. Les gamins ne sont pas dupes non plus. Et le comble, tout de suite après, il a été appelé ailleurs pour un autre remplacement.

par *Fifi* Lun 23 Jan 2012 - 22:44

Je doute fort que les places se "cumulent" franchement ...

par fandorine Lun 23 Jan 2012 - 22:54

Moi de même. Mais ces postes non pourvus de l'an dernier, ils répondaient à des besoins existants, non? Et qui existent toujours*? Alors quoi? Ils vont tranquillement s'accumuler à ceux non pourvus de la session à venir, j'ai bon? Cela promet un sacré bordel à l'avenir, il n'y aura pas toujours des TZR de physique pour boucher les trous.

* Quoique... Il me semble que l'an dernier Josette avait déclaré avoir volontairement "surcalibré" (sic) les postes. Nous refera-t-elle la blague cette année? Sacrée Josette!

par *Fifi* Lun 23 Jan 2012 - 22:57

Ya les vacataires et contractuels ...

par barèges Lun 23 Jan 2012 - 23:02

*Fifi* a écrit:Ya les vacataires et contractuels ...

Voilà voilà.

par cunégonde Lun 23 Jan 2012 - 23:05

*Fifi* a écrit:Je suis d'accord : si on revalorisait les conditions de travail, ca attirerait plus de monde et ca ferait augmenter le niveau. Triste constat vu les perspectives actuelles !

Si on revalorisait nos salaires, ça ne serait pas mal non plus!

par fandorine Lun 23 Jan 2012 - 23:16

Les vacataires, j'y pensais évidemment. Reste que s'il est certainement très facile d'en dénicher à Paris ou bien dans les grandes villes de province, je peux vous dire qu'en milieu rural c'est autrement plus coton...

par *Fifi* Lun 23 Jan 2012 - 23:18

Dans le rural profond peut être mais vu l'emploi actuellement je ne sais pas s'il est si dur de trouver des contractuels même dans les petites villes ...

par vivi1982 Lun 23 Jan 2012 - 23:21

Loin de moi l'idée de critiquer vacatiares et contractuels, je l'étais mo-même avant! D'ailleurs on m'a propulsé à 20 ans dans un lycée prestigieux sans même avoir aucune idée de mon niveau. Heureusement ça c'est bien passé mais il aurait pu en être autrement.

par fandorine Lun 23 Jan 2012 - 23:22

Pour le rural profond et les petites villes, je te confirme que oui, c'est tout sauf simple.

par Hermione0908 Lun 23 Jan 2012 - 23:22

*Fifi* a écrit:Dans le rural profond peut être mais vu l'emploi actuellement je ne sais pas s'il est si dur de trouver des contractuels même dans les petites villes ...

Si, c'est difficile. Je suis dans une zone ultra rurale de la Lorraine profonde, et l'année dernière, en remplacement d'un congé maternité (pas du tout prévisible, bien sûr... furieux

), le rectorat a mis plusieurs semaines à trouver un remplaçant. Pour finir, nous avons eu un contractuel, embauché via Pôle Emploi, qui venait de Besançon, soit à plus de 350 km de là !

par Dinaaa Lun 23 Jan 2012 - 23:41

Ca fait 6 ans que je suis dans le même collège, et franchement, si vous saviez tous les "originaux" qu'on a vu défiler en remplacement de plus ou moins longue durée, toutes matières confondues...

Le pire (ou le meilleur ?) c'est que 2 d'entre eux se sont payé le luxe de partir enseigner ailleurs : notre collège était trop difficile pour eux, et puis le rectorat leur faisait les yeux doux pour qu'ils prennent ce remplacement dans un lycée prestigieux où on ne laisse pas les élèves sans professeur... alors oui, ils ont profité des avantages de leur statut et... je les ai enviés.

Contractuel en région parisienne... c'est presque comme être fonctionnaire, la sécurité de l'emploi est garantie. Du moins, c'est pas pire que TZR envoyé à 500km de chez soi.

par Fourseasons Mar 24 Jan 2012 - 5:53

Pour remédier au problème du recrutement des profs de maths, ne comptent-ils pas aussi sur les collègues de svt de de sti en sur effectif à reconvertir ?

par Dame Tartine Mar 24 Jan 2012 - 17:02

Dinaaa a écrit:ils ont profité des avantages de leur statut et... je les ai enviés.

Contractuel en région parisienne... c'est presque comme être fonctionnaire, la sécurité de l'emploi est garantie. Du moins, c'est pas pire que TZR envoyé à 500km de chez soi.

Excuse-moi mais ça te fait envie la précarité ???
Contractuel en région parisienne c'est presque comme être fonctionnaire ???? Désolée mais je me pince là ! Comment ose-tu affirmer de telles choses ?
Tu ne connais visiblement pas grand chose à ce statut, ou plutôt à ce non statut, dans la mesure où contractuel ça n'est pas un statut. La seule chose qui soit garantie pour un contractuel c'est la précarité, sache-le.

par Emeraude Mar 24 Jan 2012 - 19:18

Je crois que Dinaaa faisait juste un constat amer de foutoir généralisé (le statut de TZR serait tellement merdique qu'on pourrait le vivre comme étant aussi précaire qu'un contractuel).

Mais je ne pense pas qu'elle "valorisait" réellement le statut de contractuel !

par Ruthven Mar 24 Jan 2012 - 21:49

En maths, 1183 admissibles pour 950 postes au concours ...

par barèges Mar 24 Jan 2012 - 23:24

Ce type de fil finit toujours sur un crêpage de chignons sur le problème des contractuels.. C'est vrai qu'il y a un lien de cause (de moins en moins de certifiés) à effet.
De mon petit bout de la lorgnette, je voyais plutôt le souci de la désaffection pour ce métier, telle que même en tant de crise il y a si peu de candidatures.
Au moins trois jurys de CAPES devraient ne pas pourvoir les postes proposés cette année; et c'est parce qu'on n'a fait ici les comptes que sur trois (LC,LM, maths).
Dans le même temps j'entends l'envoyée de l'UMP sur le téléphone sonne affirmer avec un naturel parfait que le must, c'est le recrutement direct par le chef, et Bruno Julliard répondre mollement sans vraiment l'envoyer sur les roses. Au train où vont les choses, il n'y aura même plus de concours à supprimer !
Cela va vite, très vite, trop vite.

par Dame Tartine Mar 24 Jan 2012 - 23:57

Le débat contractuel vs titulaires est stérile et, comme tu le dis justement, dégénère la plupart du temps. En ce qui me concerne ça n'est pas à ce sujet que je réagis mais sur des propos que je trouve excessifs et qui m'ont fait faire un bond de 3 mètres au-dessus de ma chaise.

Les contractuels sont très largement maltraités par les rectorats et font, au même titre que les titulaires, les frais d'une gestion chaotique. Des gens avec de l'expérience et des inspections positives sont laissés au chômage alors que dans le même temps des postes sont laissés vacants où sont attribués à des vacataires (un vacataire coûte moins cher) ou à des contractuels fraîchement recrutés (l'académie de Versailles est spécialiste de ce système).
Certaines académies les mettent même au chômage durant les vacances (les grandes voire les petites !!) avec des interruptions de contrat opportunes. Il leur faut ensuite 3 à 4 mois pour être indemnisé par les rectorats lorsqu'ils ont le malheur de se retrouver sans poste. Ça c'est valable partout y compris en région parisienne. Ils n'ont la plupart du temps que des devoirs et très peu de droits et les syndicats s'en contrefichent sauf en période d'élections professionnelles.
Ceci n'étant, bien entendu, qu'un tout petit aperçu des couleuvres qu'ils doivent avaler. Y a-t-il encore quelqu'un pour envier les contractuels et troquer son statut contre le leur ?

par Modulo Mer 25 Jan 2012 - 19:04

Ruthven a écrit:En maths, 1183 admissibles pour 950 postes au concours ...

Ce qui porte donc à deux le nombre d'années catastrophiques pour le recrutement en maths ! Les paris sont ouverts sur le nombre de candidats admis pour cette session ! Résultats en juillet !

Bon sinon, on va devenir des perles rares non ? Vous pensez pas que l'on pourrait user et abuser de cette spécificité ?

Bonjour monsieur le proviseur/inspecteur/ministre (rayez la mention inutile),

Je veux avoir un poste de 8 heures sans complément de service et avec double salaire, dans le lycée de centre ville.

Vous n'êtes pas sans savoir que je suis enseignant en mathématiques, et que vous ne trouverez plus de personnes qualifiées ayant aussi peu d’exigences.

Dans l'attente de votre réponse positive,

Cordialement,

Le prof de maths

mitsie a écrit:Je ne comprends pas pourquoi plus personne ne veut enseigner...

lol