Une élève m'a dit : "Il faut se remettre en question"

klaus2 a écrit:gauvain31, je ne suis pas d'accord du tout : si les élèves ont du mal à suivre, d'abord on diminue la complexité, on fait plus simple, on ré-explique.

Tu confonds complexe et compliqué.

S'il m'arrive d'avoir 7 ou 8/20 de moyenne de classe à une interrogation écrite, je leur dis que je la refais le cours suivant : la nouvelle note est multipliée par 2 et additionnée à l'ancienne (et je divise par 3) pour les inciter à travailler, et ça fonctionne.

klaus2 a écrit:S'il m'arrive d'avoir 7 ou 8/20 de moyenne de classe à une interrogation écrite, je leur dis que je la refais le cours suivant : la nouvelle note est multipliée par 2 et additionnée à l'ancienne (et je divise par 3) pour les inciter à travailler, et ça fonctionne.

S'il m'arrive d'avoir 7 ou 8 de moyenne, je ne refait surtout pas l'interrogation, je leur dit qu'ils n'ont pas assez travaillé et qu'ils ont intérêt à faire mieux la prochaine fois.

Je parle d'élèves de Première qui dans 6 mois vont passer l'EAF.

En terminale, je fais de 10 à 12 textes commentés dans l'année, chaque texte a 3 ou 4h, une interrogation après 2 textes, donc 6, 7 ou 8h, trois notes d'écrit par trimestre.

Et? Que sous-entends-tu? Que je ne fais pas mon travail? Les élèves ont leurs 4 notes, plus de l'oral. La moyenne va évoluer.

Klaus, quand je te lis, je me dis que j'ai beaucoup à apprendre de toi.
Peux-tu m'expliquer, avec la très grande clarté pédagogique qui semble te caractériser, comment je peux m'améliorer concrètement dans ma pratique de professeur de lettres au lycée? Pour le moment, je patauge dans la semoule, comme Roxanne. Mes élèves n'y arrivent pas. Jusque là, je pensais qu'ils ne travaillaient pas assez, puisqu'ils ne lisent et n'écrivent pas, mais grâce à toi, je sais désormais que c'est de ma faute.
Quel soulagement!

klaus2 a écrit:S'il m'arrive d'avoir 7 ou 8/20 de moyenne de classe à une interrogation écrite, je leur dis que je la refais le cours suivant : la nouvelle note est multipliée par 2 et additionnée à l'ancienne (et je divise par 3) pour les inciter à travailler, et ça fonctionne.

Tu passes ton temps à corriger ? Ou alors ce sont des devoirs courts et tu as peu d'élèves.
Pour faire des devoirs de 2 ou 3h, il est impossible de perdre du temps à refaire des devoirs.
Je ne suis pas professeur de français mais j'imagine très bien le temps de correction, je ne vois pas pourquoi Roxane devrait être punie parce que certains ne font rien.
La bienveillance a des limites.

roxanne a écrit:Et? Que sous-entends-tu? Que je ne fais pas mon travail? Les élèves ont leurs 4 notes, plus de l'oral. La moyenne va évoluer.

je ne sous-entends rien du tout, je dis simplement ce que je fais ! Je ne refais une interrogation qu'assez rarement, quand c'est nécessaire, donc rarement de copies en plus.

Si ça peut aider... En première année de fac devant l'avalanche d'erreurs orthographiques, syntaxiques, j'ai osé un bêtisier anonyme... d'où une violente prise de conscience de ce qu'ils écrivaient... plutôt que de conseiller, comme les autres années, des ouvrages pour améliorer l'écrit qu'ils n'ouvraient jamais. De devoir en devoir ils ont progressé...

Orlanda, chacun a ses difficultés, ce que je dis ne vaut que pour mes cours d'allemand...

klaus2 a écrit:Orlanda, chacun a ses difficultés, ce que je dis ne vaut que pour mes cours d'allemand...

Ah! Là nous sommes d'accord.

Adso a écrit:Si ça peut aider... En première année de fac devant l'avalanche d'erreurs orthographiques, syntaxiques, j'ai osé un bêtisier anonyme... d'où une violente prise de conscience de ce qu'ils écrivaient... plutôt que de conseiller, comme les autres années, des ouvrages pour améliorer l'écrit qu'ils n'ouvraient jamais. De devoir en devoir ils ont progressé...

En prépa, mon professeur de français avait une méthode infaillible : elle listait les fautes au début de la copie (quand j'y pense, un travail de titan pour nous qui avions une disserte toutes les deux semaines et étions près de 35 !) et refusait de noter au-dessus de la moyenne s'il y avait trop de fautes. Hé bien en un trimestre j'ai appris à me relire et à faire attention, et je suis passée de copies honteusement bourrées de fautes à des copies lisibles de ce point de vue. Rude, douloureux, mais efficace. Et je n'en suis pas ressortie traumatisée.

Herrelis a écrit:

Adso a écrit:Si ça peut aider... En première année de fac devant l'avalanche d'erreurs orthographiques, syntaxiques, j'ai osé un bêtisier anonyme... d'où une violente prise de conscience de ce qu'ils écrivaient... plutôt que de conseiller, comme les autres années, des ouvrages pour améliorer l'écrit qu'ils n'ouvraient jamais. De devoir en devoir ils ont progressé...

En prépa, mon professeur de français avait une méthode infaillible : elle listait les fautes au début de la copie (quand j'y pense, un travail de titan pour nous qui avions une disserte toutes les deux semaines et étions près de 35 !) et refusait de noter au-dessus de la moyenne s'il y avait trop de fautes. Hé bien en un trimestre j'ai appris à me relire et à faire attention, et je suis passée de copies honteusement bourrées de fautes à des copies lisibles de ce point de vue. Rude, douloureux, mais efficace. Et je n'en suis pas ressortie traumatisée.

A tester en 2de. Merci pour l'idée.

Disons que c'était heu... en 1995, quoi . Je ne sais pas si ça passerait maintenant, mais ça peut se tenter (peut-être sans la partie noter en dessous de 10, là je pense qu'on se fait défoncer direct, liberté pédagogique ou pas).
Mais s'il y a trois enseignants à qui je suis encore reconnaissante maintenant, c'est cette dame, mon professeur de latin / grec dans la même prépa (toutes deux décédés depuis ) et mon professeur de français de 4ème / 3ème qui m'a fait aimer la littérature et écrire (et détester Falubert mais ce n'était pas de sa faute ).

klaus2 a écrit:S'il m'arrive d'avoir 7 ou 8/20 de moyenne de classe à une interrogation écrite, je leur dis que je la refais le cours suivant : la nouvelle note est multipliée par 2 et additionnée à l'ancienne (et je divise par 3) pour les inciter à travailler, et ça fonctionne.

Je ne sais pas combien de temps de correction demande une copie d'allemand, mais pour corriger un bac blanc de français en série ES, je passe entre 25 et 30 minutes sur chaque copie... et je suppose que je ne suis pas la seule, même si je sais que je travaille lentement.
Je vous laisse calculer: 25 minutes x 35 élèves....

Alors non, quand un élève rend une copie indigente, je refuse de me punir en redonnant le même devoir.

Mais quand la classe est sympa et fait des efforts pour progresser (mes STMG de cette année sont des amours!), je propose un corrigé sous forme d'exercices et je note les exercices.

Enfin il faut tout de même que les profs de lycée arrêtent de taper sur leurs collègues de collège : nous avons des élèves qui arrivent en ne sachant pas lire pour certains, avec qui il faut revoir toutes les bases de la grammaire, qui ne lisent jamais ce qu'on leur donne... Je ne lâche rien mais je fais ce que je peux. Ils ne savent pas réfléchir par eux-mêmes. Certains cumulent les zéros car ils ne lisent pas les livres donnés ou ils me répondent que l'orthographe ne sert à rien.
La société est malade, dire que les profs de collège sont laxistes n'arrangera rien.

Le premier problème vient du fait qu'on fait passer tous les élèves sur tapis roulant depuis le primaire quel que soit leur niveau : au bout d'un moment certains élèves ne sont tout simplement plus à leur place dans certaines classes et incapables de suivre, même avec la meilleure volonté du monde. C'est tout le système qu'il faut revoir, remettre des redoublements pour ceux à qui ce serait profitable, prévoir des cursus de trois ans pour prendre le temps de faire ce qui se fait en deux, proposer des orientations réalistes.
Il parait que c'est du fascisme, de l'élitisme... mais franchement imposer à des élèves un enseignement qu'ils ne peuvent pas suivre pour moi ça relève de la torture et surtout cela ne sert à rien ! Tout le reste n'est que discours verbeux et idéologie.

Tout à fait d'accord avec Daphné !

Daphné a écrit:Le premier problème vient du fait qu'on fait passer tous les élèves sur tapis roulant depuis le primaire quel que soit leur niveau : au bout d'un moment certains élèves ne sont tout simplement plus à leur place dans certaines classes et incapables de suivre, même avec la meilleure volonté du monde. C'est tout le système qu'il faut revoir, remettre des redoublements pour ceux à qui ce serait profitable, prévoir des cursus de trois ans pour prendre le temps de faire ce qui se fait en deux, proposer des orientations réalistes.
Il parait que c'est du fascisme, de l'élitisme... mais franchement imposer à des élèves un enseignement qu'ils ne peuvent pas suivre pour moi ça relève de la torture et surtout cela ne sert à rien ! Tout le reste n'est que discours verbeux et idéologie.

Oui, c'est une façon de couper court au débat puisque le seul motif de la disparition du redoublement est économique et sans aide supplémentaire l'année suivante. Ca on ne l'entend pas dans les médias . Trop subversif. Si tous les parents apprenaient ça, il mettraient tous leurs gamins dans le privé.

C'est bien ce qu'ils font de plus en plus.

gauvain31 a écrit:
Oui, c'est une façon de couper court au débat puisque le seul motif de la disparition du redoublement est économique et sans aide supplémentaire l'année suivante. Ca on ne l'entends pas dans les médias . Trop subversif. Si tous les parents apprenaient ça, il mettraient tout leurs gamins dans le privé.

Le motif invoqué pour la suppression des redoublements était je crois leur inefficacité.
Le pire c'est que c'était la plupart du temps vrai, j'ai vu nombre de redoublants réaliser une seconde année pire que la première avec une moyenne générale plus faible.
Seulement cette inefficacité était due comme tu le précises à l'absence totale d'aides supplémentaires mises en place (et c'est donc bien économique au final).

ZeSandman a écrit:

gauvain31 a écrit:
Oui, c'est une façon de couper court au débat puisque le seul motif de la disparition du redoublement est économique et sans aide supplémentaire l'année suivante. Ca on ne l'entends pas dans les médias . Trop subversif. Si tous les parents apprenaient ça, il mettraient tout leurs gamins dans le privé.

Le motif invoqué pour la suppression des redoublements était je crois leur inefficacité.
Le pire c'est que c'était la plupart du temps vrai, j'ai vu nombre de redoublants réaliser une seconde année pire que la première avec une moyenne générale plus faible.
Seulement cette inefficacité était due comme tu le précises à l'absence totale d'aides supplémentaires mises en place (et c'est donc bien économique au final).

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Daphné a écrit:mais franchement imposer à des élèves un enseignement qu'ils ne peuvent pas suivre pour moi ça relève de la torture et surtout cela ne sert à rien !

Cet argument est lisible dans les deux sens. Autant ne pas l'utiliser puisque l'on pourrait te dire que si l'enseignement que TU fournis à tes élèves n'est pas adapté et ne sert à rien, c'est que tu fais mal ton boulot.

trollbuster a écrit:

Daphné a écrit:mais franchement imposer à des élèves un enseignement qu'ils ne peuvent pas suivre pour moi ça relève de la torture et surtout cela ne sert à rien !

Cet argument est lisible dans les deux sens. Autant ne pas l'utiliser puisque l'on pourrait te dire que si l'enseignement que TU fournis à tes élèves n'est pas adapté et ne sert à rien, c'est que tu fais mal ton boulot.

Non, parce qu'il ne s'agit pas de "ses" élèves, mais de certains de ses élèves, trop perdus, parce que pas doués, ou mal formés depuis trop longtemps.

trollbuster a écrit:

Daphné a écrit:mais franchement imposer à des élèves un enseignement qu'ils ne peuvent pas suivre pour moi ça relève de la torture et surtout cela ne sert à rien !

Cet argument est lisible dans les deux sens. Autant ne pas l'utiliser puisque l'on pourrait te dire que si l'enseignement que TU fournis à tes élèves n'est pas adapté et ne sert à rien, c'est que tu fais mal ton boulot.

C'est réconfortant de savoir qu'il y en a sur qui on peut toujours compter pour dire une connerie.