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Leclochard
Empereur

Est-ce que ça vaut toujours le coup d'être enseignant aujourd'hui ? - Page 5 Empty Re: Est-ce que ça vaut toujours le coup d'être enseignant aujourd'hui ?

par Leclochard Mer 5 Déc 2018 - 0:03
Lefteris a écrit:
fabienne7564 a écrit:
On peut aussi imaginer que certains font semblant et ne travaillent pas réellement 50 heures par semaine. Mais ils ont peut-être peur de passer pour de mauvais enseignants s'ils n'ont pas l'air de beaucoup travailler du coup ils clament haut et fort qu'ils bossent sans fin et c'est la course à l'échalote à celui qui en fait (ou qui dit qu'il en fait) le plus.... Toujours cette idée que nous devons justifier notre place et qu'une masse de travail exponentielle nous légitime aux yeux des autres. Cette idée que l'enseignement, ce n'est pas un métier qu'on  considère avec recul, mais un sacerdoce auquel on se consacre, une vocation dans laquelle on s'engouffre. Une variante du présentéisme qui gangrène les entreprises.
Et, pour ce que j'ai mis en gras, certainos administrations, où partir après tout le monde est bien vu, comme envoyer des mails tardifs.
Pour le temps de travail , qu'est-ce ?  Si l'on travaille  "directement" pour son boulot, disons 19 heures de cours, horaire imposable, plus 8 heures de corrections (réaliste en lettres par exemple) , plus les heures de préparation (ou retouche des cours pour les plus expérimentés), admettons 8 heures(très vraisemblable aussi) , on est à 35 heures, hors réunionite. Mais les lectures, qui in fine se répercutent sur les connaissances de l'enseignant, sa capacité à voir plus large,  les mises à jour, les musées , qui en font autre chose qu'un simple répétiteur, on le compte comment ? Même quelqu'un qui ferait ses cours les mains dans les poches, mais qui ferait le reste, serait déjà un enseignant qui bosse beaucoup. Sans compter que les heures devant les classes, ce ne sont pas des heures de bureau...

C'est vrai. Il n'est pas facile de tracer une limite entre travail et loisirs en lettres. Quand on lit, quand on voit un film ou qu'on visite une exposition, est-ce pour le travail ou pour le plaisir uniquement ? Je n'ai jamais cherché à calculer exactement ce temps de travail total pour cette raison. J'aime lire. Tant mieux si cela profite aux élèves. J'aime bien changer mes cours petit à petit. Etudier éternellement les mêmes fables en 6ème ou les mêmes récits fantastiques, ça me désespérerait. C'est aussi dangereux de "devenir un robot" comme m'a dit un jour une collègue âgée. On ne renouvelle plus ses connaissances. On devient une caricature ou un imposteur. Or, cela fait partie intégrante du métier, même dans des matières où l'image d'Epinal voudrait que rien ne change (histoire, maths..)
Balthazaard
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par Balthazaard Mer 5 Déc 2018 - 0:21
fabienne7564 a écrit:
Elaïna a écrit:
angelxxx a écrit:Il faut donc faire environ 56h par semaine au smic horaire pour gagner le salaire d'une echelon 3. Certains collègues travaillent sans problème 50h par semaine.

Pour le reste, avec 2000€ on peut certes vivre et non vivoter, mais ce n'est pas tres génial non plus. On ne vit pas bien.

Mais c'est LEUR problème. Oui, j'en connais moi aussi, des qui bossent 50 h par semaine du 3 septembre au 10 juin. Ben j'avoue que pour un stagiaire ou un T1, je comprends. Z'ont pas tellement le choix. Mais des gens qui sont en poste fixe à 10 minutes de chez eux depuis 25 ans et qui clament chaque lundi qu'ils ont passé le we à corriger ou préparer des cours (sérieusement, faut tout un we pour préparer un cours de maths au bout de 25 ans d'expérience ?), et pareil pour les vacances ("han moi mon mois d'août je l'ai passé à bosser"), ben ça me fait plus pitié qu'autre chose. On m'a déjà lynchée pour cette expression, mais je maintiens que certains entretiennent un sévère syndrôme de Stockholm à cet égard. 50h par semaine pour un salaire de certifié, c'est de la folie (et mon mari me souffle dans l'oreillette qu'en effet, à ce compte-là, il gagnait plus en faisant des inventaires de nuit à Carrefour).
On peut aussi imaginer que certains font semblant et ne travaillent pas réellement 50 heures par semaine. Mais ils ont peut-être peur de passer pour de mauvais enseignants s'ils n'ont pas l'air de beaucoup travailler du coup ils clament haut et fort qu'ils bossent sans fin et c'est la course à l'échalote à celui qui en fait (ou qui dit qu'il en fait) le plus.... Toujours cette idée que nous devons justifier notre place et qu'une masse de travail exponentielle nous légitime aux yeux des autres. Cette idée que l'enseignement, ce n'est pas un métier qu'on  considère avec recul, mais un sacerdoce auquel on se consacre, une vocation dans laquelle on s'engouffre. Une variante du présentéisme qui gangrène les entreprises.

Tu rejoins exactement toutes mes observations....certains bossent même 169 heures par semaine à les entendre.
Stanislas R
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par Stanislas R Mer 5 Déc 2018 - 8:08
Lefteris a écrit:
fabienne7564 a écrit:
On peut aussi imaginer que certains font semblant et ne travaillent pas réellement 50 heures par semaine. Mais ils ont peut-être peur de passer pour de mauvais enseignants s'ils n'ont pas l'air de beaucoup travailler du coup ils clament haut et fort qu'ils bossent sans fin et c'est la course à l'échalote à celui qui en fait (ou qui dit qu'il en fait) le plus.... Toujours cette idée que nous devons justifier notre place et qu'une masse de travail exponentielle nous légitime aux yeux des autres. Cette idée que l'enseignement, ce n'est pas un métier qu'on  considère avec recul, mais un sacerdoce auquel on se consacre, une vocation dans laquelle on s'engouffre. Une variante du présentéisme qui gangrène les entreprises.
Et, pour ce que j'ai mis en gras, certainos administrations, où partir après tout le monde est bien vu, comme envoyer des mails tardifs.
Pour le temps de travail , qu'est-ce ?  Si l'on travaille  "directement" pour son boulot, disons 19 heures de cours, horaire imposable, plus 8 heures de corrections (réaliste en lettres par exemple) , plus les heures de préparation (ou retouche des cours pour les plus expérimentés), admettons 8 heures(très vraisemblable aussi) , on est à 35 heures, hors réunionite. Mais les lectures, qui in fine se répercutent sur les connaissances de l'enseignant, sa capacité à voir plus large,  les mises à jour, les musées , qui en font autre chose qu'un simple répétiteur, on le compte comment ? Même quelqu'un qui ferait ses cours les mains dans les poches, mais qui ferait le reste, serait déjà un enseignant qui bosse beaucoup. Sans compter que les heures devant les classes, ce ne sont pas des heures de bureau...
Exactement! Les heures de classe n'ont rien à voir avec les heures de bureau: au bureau, on peut ralentir, voire faire une pause mais le malandrin qui a décidé de pourrir la classe parce que s'il n'est pas heureux personne ne doit l'être ne vous laissera pas souffler, ou tout simplement parce que mener un cours n'a rien à voir avec une lecture, on gère une dynamique de groupe et cela demande plus d'énergie que bien d'autres activités.
Remarque: je ne sais pas si c'est l'âge ou la malchance mais je remarque de plus en plus de malandrins avec les années qui passent.
Elaïna
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par Elaïna Mer 5 Déc 2018 - 10:12
Leclochard a écrit:

C'est vrai. Il n'est pas facile de tracer une limite entre travail et loisirs en lettres. Quand on lit, quand on voit un film ou qu'on visite une exposition, est-ce pour le travail ou pour le plaisir uniquement ? Je n'ai jamais cherché à calculer exactement ce temps de travail total pour cette raison. J'aime lire. Tant mieux si cela profite aux élèves. J'aime bien changer mes cours petit à petit. Etudier éternellement les mêmes fables en 6ème ou les mêmes récits fantastiques, ça me désespérerait. C'est aussi dangereux de "devenir un robot" comme m'a dit un jour une collègue âgée. On ne renouvelle plus ses connaissances. On devient une caricature ou un imposteur. Or, cela fait partie intégrante du métier, même dans des matières où l'image d'Epinal voudrait que rien ne change (histoire, maths..)

C'est certain. Là par exemple je suis en train de lire des articles sur Wikipedia concernant ma grande passion, l'exploration de l'Antarctique. Suis-je en train de travailler ? Pour moi non, c'est purement du loisir, ça m'éclate de lire ça. Aller à des expositions, c'est du loisir aussi. Mais en même temps, parfois je me dis "ah tiens, ça c'est une étude de cas géniale pour les premières, ça c'est pour les terminales", etc. J'ai du bol de ce point de vue, mon boulot me permet de parler de ma grande passion, l'histoire, tous les jours.
Je repense aussi régulièrement mes cours, mes contrôles, etc.
Pour autant le collègue qui me dit qu'il a passé tout son mois d'août (comme il passe toutes ses vacances, ses we, etc) à refaire tous ses cours (en maths, en HG ou autre), sincèrement je me dis qu'il a soit un sévère problème de connaissances (du coup, comment a-t-il eu son concours ?) soit un sévère problème de masochisme.

Par ailleurs il faut arrêter de croire que dans le privé, ou dans d'autres métiers de la fonction publique, une fois qu'on a éteint son ordi le soir, on ne pense plus au boulot. Bien des gens continuent de penser au travail hors heures de travail...

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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.

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par Pourquoi 3,14159 Mer 5 Déc 2018 - 10:12
Balthazaard a écrit:
Tu rejoins exactement toutes mes observations....certains bossent même 169 heures par semaine à les entendre.
Une pensée pour eux quand le décalage horaire sera abrogé abi

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par Slinky Mer 5 Déc 2018 - 10:34
Pensez aux employés dans les usines, du BTP ou du secteur hospitalier au lieu de toujours tout comparer aux heures de bureau. Ça ira mieux.


Dernière édition par Slinky le Mer 5 Déc 2018 - 10:39, édité 1 fois

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par User20827 Mer 5 Déc 2018 - 10:38
Slinky a écrit:Pensez aux employées dans les usines, du BTP ou du secteur hospitalier au lieu de toujours tout comparer aux heures de bureau. Ça ira mieux.
À l'hôpital on pointe et on récupère les heures faites en trop. C'est en équipe et on se relaie.
Temps béni...
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par Lefteris Mer 5 Déc 2018 - 10:46
Elaïna a écrit:

Par ailleurs il faut arrêter de croire que dans le privé, ou dans d'autres métiers de la fonction publique, une fois qu'on a éteint son ordi le soir, on ne pense plus au boulot. Bien des gens continuent de penser au travail hors heures de travail...
Ca c'est vrai, j'étais en catégorie A, je bossais plus en en amplitude horaire, disponibilité et responsabilités qu'enseignant. Mais pas toujours de manière aussi éreintante, selon les jours ou les postes occupés. Et surtout, pas au même tarif. Quant aux vacances, pas de dates fixes, mais mises bout à bout, avec les récupérations , l'ARTT,les jours fériés non décomptés, les jours de fractionnement, un total presque équivalent sans travail.

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par Lord Steven Mer 5 Déc 2018 - 11:16
Elaïna a écrit:
Leclochard a écrit:

C'est vrai. Il n'est pas facile de tracer une limite entre travail et loisirs en lettres. Quand on lit, quand on voit un film ou qu'on visite une exposition, est-ce pour le travail ou pour le plaisir uniquement ? Je n'ai jamais cherché à calculer exactement ce temps de travail total pour cette raison. J'aime lire. Tant mieux si cela profite aux élèves. J'aime bien changer mes cours petit à petit. Etudier éternellement les mêmes fables en 6ème ou les mêmes récits fantastiques, ça me désespérerait. C'est aussi dangereux de "devenir un robot" comme m'a dit un jour une collègue âgée. On ne renouvelle plus ses connaissances. On devient une caricature ou un imposteur. Or, cela fait partie intégrante du métier, même dans des matières où l'image d'Epinal voudrait que rien ne change (histoire, maths..)

C'est certain. Là par exemple je suis en train de lire des articles sur Wikipedia concernant ma grande passion, l'exploration de l'Antarctique. Suis-je en train de travailler ? Pour moi non, c'est purement du loisir, ça m'éclate de lire ça. Aller à des expositions, c'est du loisir aussi. Mais en même temps, parfois je me dis "ah tiens, ça c'est une étude de cas géniale pour les premières, ça c'est pour les terminales", etc. J'ai du bol de ce point de vue, mon boulot me permet de parler de ma grande passion, l'histoire, tous les jours.
Je repense aussi régulièrement mes cours, mes contrôles, etc.
Pour autant le collègue qui me dit qu'il a passé tout son mois d'août (comme il passe toutes ses vacances, ses we, etc) à refaire tous ses cours (en maths, en HG ou autre), sincèrement je me dis qu'il a soit un sévère problème de connaissances (du coup, comment a-t-il eu son concours ?) soit un sévère problème de masochisme.

Par ailleurs il faut arrêter de croire que dans le privé, ou dans d'autres métiers de la fonction publique, une fois qu'on a éteint son ordi le soir, on ne pense plus au boulot. Bien des gens continuent de penser au travail hors heures de travail...

Si je puis me permettre de nuancer vos propos, il y a beaucoup de facteurs qui rentrent en compte quant au temps de travail hors établissement. Le nombre de niveau par exemple. Si l'on n'a que 3 niveaux, le temps de préparation est bien moindre que si on en a 6, c'est quasi mon cas, bien qu'agrégé, 6 classes et t niveaux différents avec La LELE. Si j'enseigne la spécialité l'année prochaine oui je passerai une partie de l'été à préparer les 2 oeuvres complètes. Et oui malgré ma bouteille je dois faire partie des masos car je bosse tous les week-ends, ce qui est aussi dû à mon edt particulièrement pourri cette année. Et au fait que refourguer les mêmes docs tous les ans pendant 30 ans ça me saoûle même si j'ai effectivement des collègues non maso spécialistes de la chose. Bosser 7j/7 est aussi un choix perso pour ne pas bosser les vacances et me consacrer entièrement pour partie à celles ci et à mes romans (il est aussi chronophage d'en sortir un par an depuis une douzaine d'années ). Tout cela pour dire que chacun travaille à son rythme: on peut travailler 18h par semaine comme un certain contractuel que je connaissais qui se contentait d'ouvrir le manuel page après page et qui corrigeait ses contrôles pendant que la classe suivante planchait, ou se faire plaisir en passant des heures à concocter de nouvelles séquences. Perso j'estime bien gagner ma vie entre mon traitement d'agrégé et tous les à côté de mon activité de romancier, en couple sans enfants, plusieurs appartements, en croisière en suite plusieurs fois par an, nous en profitons tant que nous le pouvons encore. Donc est c un métier qui vaut le coup ? Oui. Sauf qu'enseigner c'est une infinité de situations différentes. Je suis heureux de la mienne. Je ne le serais pas dans un collège REP du 93.

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par Prezbo Mer 5 Déc 2018 - 11:35
Elaïna a écrit:
Mais c'est LEUR problème. Oui, j'en connais moi aussi, des qui bossent 50 h par semaine du 3 septembre au 10 juin. Ben j'avoue que pour un stagiaire ou un T1, je comprends. Z'ont pas tellement le choix. Mais des gens qui sont en poste fixe à 10 minutes de chez eux depuis 25 ans et qui clament chaque lundi qu'ils ont passé le we à corriger ou préparer des cours (sérieusement, faut tout un we pour préparer un cours de maths au bout de 25 ans d'expérience ?), et pareil pour les vacances ("han moi mon mois d'août je l'ai passé à bosser"), ben ça me fait plus pitié qu'autre chose. On m'a déjà lynchée pour cette expression, mais je maintiens que certains entretiennent un sévère syndrôme de Stockholm à cet égard. 50h par semaine pour un salaire de certifié, c'est de la folie (et mon mari me souffle dans l'oreillette qu'en effet, à ce compte-là, il gagnait plus en faisant des inventaires de nuit à Carrefour).

Je modèrerais un petit peu. Évidemment qu'on a beaucoup moins de travail de préparation après quinze ans que les deux premières années. Cela dit, contrairement à ce qu'on entend souvent, un prof ressort rarement ses mêmes cours à l'identique d'une année sur l'autre. On peut changer de niveau ou de filière (passer du collège au lycée, ou au lycée prendre des filières qu'on n'avait pas jusque là). Le programme peut changer, et pas seulement par des déplacements de blocs (en maths, les introductions des statistiques puis de l'algo ont pas mal déstabilisé certains collègues, le temps qu'elles soient digérées et qu'on en retienne ce qu'il y avait à en enseigner -c'est à dire pas grand chose-).

Last but not least, les élèves changent. Personnellement, en seconde, j'arrive très peu à réutiliser de que je faisais il y a encore 10/12 ans. Quelle est la part d'évolution du public, ou de changement dans ma manière de voir les choses et d'adaptation de ma part ? Je ne sais pas, c'est difficile à cerner. Mais globalement, les collègues qui sortent à l'identique le même cours et les mêmes évaluations année après année parce qu'ils-ne-vont-pas-transiger-et-que-c'est-aux-élèves-de-suivre me semblent rares, et je ne suis pas sûr qu'ils vieillissent bien.

L'un dans l'autre, si on assure 18 heures de cours, même après des années d'expérience, les 8h de préparation au sens large (c'est-à-dire incluant la mise à jour de ses progressions, la préparation des évaluations, éventuellement la rédaction d'une correction) me semblent très vite atteintes, et les 8h de correction encore plus vite si on évalue régulièrement. En fait, honnêtement, je crains ne toujours pas arriver à travailler aussi peu, même si je progresse en la matière.  Razz

Ensuite, il y a les vacances, et même si on ne déconnecte pas totalement, il est évidemment rare qu'on y travaille à temps plein.

Cela dit, le collègue qui passe toute ses vacances à refaire ses cours a un problème d'évaluation des priorités ou un problème d'image de soi, je suis bien d'accord.

Les comparaisons avec ce qui se fait ailleurs me semblent toujours hasardeuses, mais il me semble important de rappeler que globalement, prof est un métier qui demande beaucoup de travail, et d'expliquer pourquoi.


Slinky a écrit:Pensez aux employés dans les usines, du BTP ou du secteur hospitalier au lieu de toujours tout comparer aux heures de bureau. Ça ira mieux.

Je vais vous faire une révélation : les profs sont diplômés de l'enseignement supérieur. Ils ont donc tendance à comparer avec les autres emplois auxquels pourrait les prédestiner leur parcours. Et encore, même sur ce forum, on a vu des gens préférer retourner travailler à l'hôpital ou comme ouvrier agricole après une expérience de contractuel.

A quoi ressemblera une EN dont les enseignants seront massivement des gens qui feront profs parce que c'est toujours moins pire que le chantier ou l'usine ?
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angelxxx
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par angelxxx Mer 5 Déc 2018 - 11:39
Flaure a écrit:
Slinky a écrit:Pensez aux employées dans les usines, du BTP ou du secteur hospitalier au lieu de toujours tout comparer aux heures de bureau. Ça ira mieux.
À l'hôpital on pointe et on récupère les heures faites en trop. C'est en équipe et on se relaie.
Temps béni...

Mais bien sûr abi
Non sérieusement, ma femme est infirmière, les HS ne sont pas payés, ou alors à un taux ridicule (environ 10€/h) et il faut remplir certains critères. Quand à la récupération de ces heures, l'équipe étant en sous effectif permanent, c'est impossible. Et quand on pointe, d'ailleurs, la chef valide ou non les heures. Soit on vient en avant parce qu'il faut faire les transmissions mais ce n'est pas payé parce la chef ne valide pas les heures, soit on vient à l'heure mais alors on ne sait rien des patients à charge.
Malheureusement, quand on a une conscience professionnelle, on choisit la première solution.

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Elaïna
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par Elaïna Mer 5 Déc 2018 - 13:26
Non mais je suis d'accord avec vous, LordSteven et Prezbo.
Je suis personnellement satisfaite de MA situation, et mon témoignage n'avait pour vocation que de dire au collègue qui a lancé le fil, que oui, prof d'HG dans l'académie de Versailles, ça peut être cool. Pour plein de raisons, notamment, parce qu'il est relativement facile d'avoir des postes fixes, pour peu qu'on ne soit pas trop en mode "naaaaan mais moi j'habite dans le 5e à Paris et je veux un poste à moins de 20 minutes de chez moi dans un super bahut et je sors pas de la petite couronne". On peut avoir un truc pépère en banlieue tranquille, pas extraordinaire mais tout à fait potable. Dans mon cas, ça me laisse du temps pour gérer les enfants, faire des colles et des cours en prépa/fac, publier ma thèse (ouais bon là joker, j'ai rien foutu cette année encore).
Encore une fois j'ai des copines TZR en langues qui font les bouche-trous dans certaines académies, passent leur temps sur les routes, enchaînent les étab' pourris sur postes pourris (le collègue parti en dépression à cause de classes atroces avec CDE tout pourri laxite), bah là clairement ça vaut pas le coup. D'ailleurs curieusement elles pensent très fort à la reconversion, pas moi.
Donc voilà, être prof, ça peut valoir le coup suivant les matières, les régions, la personnalité.

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par pseudo-intello Mer 5 Déc 2018 - 14:39
Comme quoi nous pouvons tomber d'accord.

Prezbo a écrit:
Slinky a écrit:Pensez aux employés dans les usines, du BTP ou du secteur hospitalier au lieu de toujours tout comparer aux heures de bureau. Ça ira mieux.

Je vais vous faire une révélation : les profs sont diplômés de l'enseignement supérieur. Ils ont donc tendance à comparer avec les autres emplois auxquels pourrait les prédestiner leur parcours. Et encore, même sur ce forum, on a vu des gens préférer retourner travailler à l'hôpital ou comme ouvrier agricole après une expérience de contractuel.

C'est pourquoi, personnellement, j'estime que mon travail a une valeur. Évidemment, ça dépend des années (nombres de niveaux, changements de programmes, baisse de niveaux des élèves qui oblige à adapter...), mais mon travail vaut au minimum deux smics, taux sous lequel je pense ne pas descendre (quitte à parfois "reporter" d'un an un changement de programme quand on nous change tous les niveaux en même temps Very Happy )

Ce qui n'ôte rien, d'ailleurs, au fait que si tu n'es pas devant élèves le lundi après-midi et que tu en profites pour corriger tes copies chez toi, tu peux très bien t'arrêter de corriger le temps d'aller chercher les marmots à l'école, et reprends après, quand ils ont fini le goûter et jouent dans leur chambre (et t’interrompre sporadiquement le temps de régler les éventuelles querelles).


A quoi ressemblera une EN dont les enseignants seront massivement des gens qui feront profs parce que c'est toujours moins pire que le chantier ou l'usine ?
Exactement. D'où le fait que je ne transige pas sur la valeur de mon travail. Que je bosse moins que les collègues mèrethérésas. Bilan au doigt mouillé : une partie des mèrethérésas ne réussissent ni mieux ni plus mal que moi à faire progresser leur cheptel. L4autre partie voit ses efforts récompensés par davantage de travail, et donc de progrès de la part des élèves, mais tant pis. Si ma hiérarchie me demande davantage, qu'elle me paie davantage. Si elle n'est pas contente, qu'elle me vire ; elle ne trouvera personne pour me remplacer, ou alors, un ou deux gus qui feront ça "parce que c'est toujours moins pire que le chantier ou l'usine", et je ne suis aps sûre qu'elle gagne au change Est-ce que ça vaut toujours le coup d'être enseignant aujourd'hui ? - Page 5 437980826 .

D'ailleurs, y'a que ça qui marche : dans mon collège, personne ne veut être pp. Résultat : les chefs sont déjà bien contents de pouvoir mettre un pp devant chaque classe, et ne nous enquiquinent pas avec trente-douze réunions, ni ne font la chasse à ceux - de plus en plus nombreux - qui ne font pas la vie de classe.


Je suis comme tout un chacun contente de voir progresser des élèves, mais la récompense première et fondamentale de mon travail, c'est le salaire, pointbarre.
Elaïna
Elaïna
Enchanteur

Est-ce que ça vaut toujours le coup d'être enseignant aujourd'hui ? - Page 5 Empty Re: Est-ce que ça vaut toujours le coup d'être enseignant aujourd'hui ?

par Elaïna Mer 5 Déc 2018 - 14:56
Merci Pseudo-intello. C'est exactement ça.

Je m'interroge toujours en effet sur le sens du sacrifice. Passer toutes ses vacances/temps libre parce que c'est l'intérédézenfan ? Bah pardon mais mon intérêt et celui de mes mioches prime sur l'intérêt des mioches des autres. C'est cruel mais c'est comme ça.
Et non, je ne vais pas me rajouter 10h de boulot par semaine dans le vague espoir que ceux qui n'ont pas leur place au lycée entravent 5% de ce que je raconte au lieu des 3% habituels.
Je veux bien tester des trucs (là par exemple depuis deux ans je tente les plans de travail), me former, etc. Mais y passer ma vie, non. Je ferai 50h de boulot quand on me donnera le salaire de mon mari.

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Jacq
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par Jacq Mer 5 Déc 2018 - 15:16
Oui cela vaut le coup d'être enseignant lorsque l'on est payé pour voir réussir ses élèves, les voir revenir ensuite (remise des diplômes) avec leur diplôme et un emploi, lorsque nous sommes payés à lire dans notre discipline (celle que nous aimons) et à la transmettre.
Non cela ne vaut pas le coup lorsque l'on considère que nous ne sommes que des pions destinés à être supprimés pour combler le déficit de la Nation (pas seulement dans l'EN, mais aux finances, ils ont déjà reculé par peur des élections municipales), lorsque les programmes sont sacrifiés totalement car il faut supprimer des heures, parce qu'on nous expliquait qu'il fallait éviter le cours dialogué il y a 15-20 dans l'intérêt des élèves mais que maintenant il faut des "lectures analytiques" (terme nouveau pour éviter "cours dialogués") simplement parce que les heures de cours ont été supprimées pour réduire les postes et que par manque de temps nous revenons au cours dialogué sans le dire, non lorsqu'on nous parle d'évaluer par bloc de compétences pour éliminer le BEP en ponctuel, non lorsqu'on nous annonce que nous sommes passés de 6.5h de français histoire géographie il y a un peu plus de dix ans à 3 à l'avenir (je parle des bac pro), donc non, lorsque nous constatons que notre discipline n'a que deux intérêts : faire de la communication dans les médias (EMC, sans heures réelles) et ensuite supprimer des postes sans tenir compte du contenu réel. Non lorsque les élèves n'ont pas "de droits" mais des "possibilités" "d'options" qui permettent en réalité de supprimer des postes. Non lorsque l'autonomie proposée et vantée n'est en réalité qu'une mascarade pour nous mettre au pas. Non lorsque les suppressions de postes à venir vont encore limiter les mutations inter académiques. Non lorsque notre pouvoir d'achat s'effondre, lorsque des catégories B gagnent en fait plus que nous. Non lorsque les classes populaires sont sacrifiées sur l'autel sanglant de Bercy tout simplement parce que l'on peut détruire leur formation professionnelle tout simplement parce que leurs parents ne votent pas ou peu et que l'on peut taper dessus sans vergogne. Non lorsque notre ministère et notre ministre ne veut pas de vague. Non parce que j'en ai marre de dire non et que des syndicats abrutis disent oui, que des fédérations de parents privilégiés décident de tout et laissent les classes populaires crever dans l'indifférence. Non lorsque des collègues se foutent complètement du destin d'une majorité de classes populaires mais sont prêts à se révolter pour une minorité d'élèves et d'enseignants privilégiés. Oui parce que je préfère ces élèves des classes populaires et que je me trouve bien avec eux. Le seul plaisir qui demeure, c'est celui d'être devant ces élèves.
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par Eleven Mer 5 Déc 2018 - 15:20
Jacq a écrit:Oui cela vaut le coup d'être enseignant lorsque l'on est payé pour voir réussir ses élèves, les voir revenir ensuite (remise des diplômes) avec leur diplôme et un emploi, lorsque nous sommes payés à lire dans notre discipline (celle que nous aimons) et à la transmettre.
Non cela ne vaut pas le coup lorsque l'on considère que nous ne sommes que des pions destinés à être supprimés pour combler le déficit de la Nation (pas seulement dans l'EN, mais aux finances, ils ont déjà reculé par peur des élections municipales), lorsque les programmes sont sacrifiés totalement car il faut supprimer des heures, parce qu'on nous expliquait qu'il fallait éviter le cours dialogué il y a 15-20 dans l'intérêt des élèves mais que maintenant il faut des "lectures analytiques" (terme nouveau pour éviter "cours dialogués") simplement parce que les heures de cours ont été supprimées pour réduire les postes et que par manque de temps nous revenons au cours dialogué sans le dire, non lorsqu'on nous parle d'évaluer par bloc de compétences pour éliminer le BEP en ponctuel, non lorsqu'on nous annonce que nous sommes passés de 6.5h de français  histoire géographie il y a un peu plus de dix ans à 3 à l'avenir (je parle des bac pro), donc non,  lorsque nous constatons que notre discipline n'a que deux intérêts : faire de la communication dans les médias (EMC, sans heures réelles) et ensuite supprimer des postes sans tenir compte du contenu réel. Non lorsque les élèves n'ont pas "de droits" mais des "possibilités" "d'options" qui permettent en réalité de supprimer des postes.  Non lorsque l'autonomie proposée et vantée n'est en réalité qu'une mascarade pour nous mettre au pas.  Non lorsque les suppressions de postes à venir vont encore limiter les mutations inter académiques.  Non lorsque notre pouvoir d'achat s'effondre, lorsque des catégories B gagnent en fait plus que nous. Non lorsque les classes populaires sont sacrifiées sur l'autel  sanglant de Bercy  tout simplement parce que l'on peut détruire  leur formation professionnelle  tout simplement parce que  leurs parents ne votent pas ou peu et que l'on peut taper dessus sans vergogne. Non lorsque notre ministère et notre ministre ne veut pas de vague. Non parce que j'en ai marre de dire non et que des syndicats abrutis disent  oui, que des fédérations  de parents privilégiés décident de tout et laissent les classes populaires crever dans l'indifférence.  Non lorsque des collègues se foutent complètement du destin d'une majorité de classes populaires mais sont prêts à se révolter pour une minorité d'élèves et d'enseignants privilégiés. Oui parce que je préfère ces élèves des classes populaires et que je me trouve bien avec eux.  Le seul plaisir qui demeure, c'est celui d'être devant ces élèves.

Bien d'accord avec toi !

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2015-2016 : Première année contractuelle : sixièmes, cinquièmes.
2016-2017 : Deuxième année contractuelle : troisièmes, quatrièmes et cinquièmes.
2017-2018 : Troisième année contractuelle : sixièmes, cinquièmes.
2018-2019 : Quatrième année contractuelle : troisièmes, quatrièmes et sixièmes.
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Jacq
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par Jacq Mer 5 Déc 2018 - 15:33
Prezbo a écrit:

Je vais vous faire une révélation : les profs sont diplômés de l'enseignement supérieur. Ils ont donc tendance à comparer avec les autres emplois auxquels pourrait les prédestiner leur parcours. Et encore, même sur ce forum, on a vu des gens préférer retourner travailler à l'hôpital ou comme ouvrier agricole après une expérience de contractuel.

A quoi ressemblera une EN dont les enseignants seront massivement des gens qui feront profs parce que c'est toujours moins pire que le chantier ou l'usine ?


A quoi ressemblera une EN où trois des meilleurs d'une équipe de cinq sont actuellement en reconversion (et ils ont bien raison) ? Parce qu'ils sentent la menace, parce qu'ils sentent l'hostilité des petits grimpions qui veulent les évincer (et qui arrivent à le faire). Ils ont bien raison de partir mais c'est bien dommage pour les élèves lorsque nous voyons qui vient les remplacer.
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wilfried12
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par wilfried12 Mer 5 Déc 2018 - 15:46
Sur le temps de travail, ce serait pas mal de ne pas oublier qu'un certifié a 20% d'heures en plus qu'un agrégé, donc forcément qu'il est plus facile pour ces derniers d'avoir plus de temps libre.
Caspar
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par Caspar Mer 5 Déc 2018 - 16:00
wilfried12 a écrit:Sur le temps de travail, ce serait pas mal de ne pas oublier qu'un certifié a 20% d'heures en plus qu'un agrégé, donc forcément qu'il est plus facile pour ces derniers d'avoir plus de temps libre.




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Illiane
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par Illiane Mer 5 Déc 2018 - 16:03
Personne ne l'oublie, mais, là encore, pas de généralisation hâtive. Exemple : mon compagnon est agrégé, prof de lettres en khâgne, 9h par semaine. Si l'on devait s'en tenir à ton propos (le temps de travail devant élèves), le pied ! Mais bizarrement, il bosse bien plus que moi (facilement plus de 50h par semaine), parce que son programme change tous les ans. Entre un certifié qui a toujours les mêmes niveaux d'année en année et un agrégé qui change de niveau régulièrement, on peut se demander qui aura le plus de temps libre. Sur le papier, il y a peut-être moins d'heures, mais dans les faits cela n'est pas forcément le cas, et il me semble encore une fois que ce sont d'autres points (situation de l'établissement, élèves, équipe, niveaux...) qui ont le plus d'influence sur le temps de travail (ex. : mon travail en rep me prend plus de temps que dans un collège lambda : obligée de guider davantage l'apprentissage des élèves et donc d'essayer de trouver des solutions pédagogiques à leurs difficultés, beaucoup plus de problèmes administratifs/heures de colle, etc.).
Rendash
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par Rendash Mer 5 Déc 2018 - 16:04
wilfried12 a écrit:Sur le temps de travail, ce serait pas mal de ne pas oublier qu'un certifié a 20% d'heures en plus qu'un agrégé, donc forcément qu'il est plus facile pour ces derniers d'avoir plus de temps libre.


Les certifiés n'avaient qu'à mieux travailler à l'école plutôt que de se prendre du temps libre, ils en auraient davantage aujourd'hui :diable:

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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
Malaga
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par Malaga Mer 5 Déc 2018 - 16:13
Rendash a écrit:
wilfried12 a écrit:Sur le temps de travail, ce serait pas mal de ne pas oublier qu'un certifié a 20% d'heures en plus qu'un agrégé, donc forcément qu'il est plus facile pour ces derniers d'avoir plus de temps libre.


Les certifiés n'avaient qu'à mieux travailler à l'école plutôt que de se prendre du temps libre, ils en auraient davantage aujourd'hui :diable:

abi

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J'utilise des satellites coûtant plusieurs millions de dollars pour chercher des boîtes Tupperware dans la forêt ; et toi, c'est quoi ton hobby ?
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par Elaïna Mer 5 Déc 2018 - 16:23
Juste pour vous réjouir : encore une connaissance qui m'a sorti hier : "j'ai rencontré Madame Machin, la prof de mon fils... C'est un scandale, on était jeudi matin et elle allait au cinéma ! On voit bien qu'elle n'a rien à foutre de ses journées !"
Inutile de vous dire que j'ai pris ma voix la plus suave pour lui demander si elle était de la police pour se mêler de l'emploi du temps des profs de son gamin, et si elle comptait préparer le capes si le cinéma du jeudi matin la faisait tellement fantasmer...

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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.

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par Barbossa Mer 5 Déc 2018 - 16:26
Eh ben... entre vos longues discussions sur le salaire et le nombre d'heures de travail, la réduction de l'autonomie de l'enseignant et des effectifs comme l'indique @Jacq, et la récente nouvelle d'un professeur mort poignardé à Courbevoie, ce n'est pas du tout motivant... c'est à se demander pourquoi vous avez choisi ce métier et pourquoi vous continuez.
Du coup je pense que je vais sérieusement réfléchir à une autre voie, le problème c'est que je ne peux pas m'éterniser dans de longues années d'études, je suis issu d'un milieu social assez défavorisé économiquement et il me faut assez rapidement prendre mon indépendance économique pour alléger mes parents, donc je ne sais pas trop vers quoi me tourner, peut-être la conservation du patrimoine, même si enseigner m'a toujours attiré et que ça me fend le cœur d'imaginer de faire autre chose, mais bon tant pis...
En tout cas merci pour vos réponses.
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par Elaïna Mer 5 Déc 2018 - 16:32
Barbossa a écrit:Eh ben... entre vos longues discussions sur le salaire et le nombre d'heures de travail, la réduction de l'autonomie de l'enseignant et des effectifs comme l'indique @Jacq, et la récente nouvelle d'un professeur mort poignardé à Courbevoie, ce n'est pas du tout motivant... c'est à se demander pourquoi vous avez choisi ce métier et pourquoi vous continuez.
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Parce que c'est le seul boulot qui me permet de parler d'histoire toute la journée.

La conservation du patrimoine, c'est beaucoup d'administratif et pas forcément youpilavie tous les jours. J'ai suffisamment de confrères dans des situations très dures (harcèlement etc) pour le savoir...


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par Caspar Mer 5 Déc 2018 - 16:35
Barbossa a écrit:Eh ben... entre vos longues discussions sur le salaire et le nombre d'heures de travail, la réduction de l'autonomie de l'enseignant et des effectifs comme l'indique @Jacq, et la récente nouvelle d'un professeur mort poignardé à Courbevoie, ce n'est pas du tout motivant... c'est à se demander pourquoi vous avez choisi ce métier et pourquoi vous continuez.
Du coup je pense que je vais sérieusement réfléchir à une autre voie, le problème c'est que je ne peux pas m'éterniser dans de longues années d'études, je suis issu d'un milieu social assez défavorisé économiquement et il me faut assez rapidement prendre mon indépendance économique pour alléger mes parents, donc je ne sais pas trop vers quoi me tourner, peut-être la conservation du patrimoine, même si enseigner m'a toujours attiré et que ça me fend le cœur d'imaginer de faire autre chose, mais bon tant pis...
En tout cas merci pour vos réponses.

Tu espérais peut-être que nous te disions que c'est le plus beau métier du monde et que les élèves nous offrent des boîtes de chocolat tous les jours. Wink Il me semble qu'au bout de plusieurs pages de discussion tu as eu des avis divers et variés. Personne ne te dira je pense que c'est un métier facile et très bien payé, ça ne veut pas dire qu'il n'a pas d'intérêt.
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