Qui travaille à temps partiel ? Pour quelles raisons ?

Je le disais dans l'autre topic : je suis à 80 %
Pour de nombreuses raisons : j'ai 3 enfants, je mets entre 35 minutes et 1 h 15 pour aller au boulot, idem pour en revenir donc d'un point de vue matériel, c’est pratique : je rentabilise mes déplacements en venant sur 3 jours et en ayant 2 jours à la maison, je suis dispo pour mes enfants tout en organisant mon temps de travail à ma guise.
De plus, à temps plein, on ne va pas se mentir, si sur le papier on est à 18 h, on fait plus généralement 19, voire 20 h.
Ce qui fait que, quand j'étais à temps plein, j'avais l'impression de passer ma vie au boulot, de ne faire que ça et de n'avoir aucune vie personnelle à côté. Je me noyais littéralement dans le boulot.
Alors oui j'ai une perte de salaire mais pas si importante que ça vu que j'économise de l'essence, je limite l'usure de ma voiture et surtout j'ai du temps. et ça, franchement, tant que je pourrai et que j'aurai l'emploi du temps que je veux (à savoir sur 3 jours) je conserverai ce fonctionnement.

Dans mon académie, on accorde très difficilement les temps partiels qui ne sont pas de droit.Et oui! Pas de remplaçant dans mon département! Ainsi, une amie qui voulait un 16/18è pour avoir plus de temps pour s'occuper de sa mère âgée se retrouve avec une HSA...une autre qui a monté un dossier pour des soucis de santé s'est vu le tps partiel refusé aussi. Moi-même cela a été le coup de massue après des années de temps partiel. D'abord pour avoir du temps pour moi puis ensuite, les enfants sont arrivés et ce fut un pur bonheur de les voir grandir, les mener se balader, écouter de la musique...bref, prendre le temps de vivre quotidiennement ensemble.

Depuis 3 ans, je suis donc fatalement revenue à 18 heures, et maintenant que les enfants sont plus grands, je me dis que tant mieux en quelque sorte, car il vient un moment où on ne peut plus se nourrir que de livres et promenades et de pâtes :sourit: alors j'ai adapté mon travail et mon investissement à la hauteur de mon salaire et de mes conditions de travail. Après tout, hors de question d'être moins payée pour surmonter les difficultés de mes conditions de travail! J'ai même pris le luxe cette année de faire une heure semaine de Devoirs Faits! Pas de prépa, petit groupe, mieux payé que PP!

J'ai des ULIS dans mes classes, des SEGPA pré-fléchés, de nombreux dys en tous genres,une SEGPA que je ne veux pas (m'enfin), des classes à 30 en langue dont des 3è qui finiront à je ne sais quel effectif, mais nous avons aussi de nombreux élèves difficiles qui viennent d'un centre où ils sont placés ainsi que diverses problématiques afférentes, comme des UP2A... voilà quoi! j'ai assisté depuis 20 ans à un alourdissement constant de mes tâches quotidiennes. Ben, maintenant, ok, je fais le MINIMUM syndical (attention je crois le faire plutôt correctement) mais faut pas venir me chercher pour adapter, individualiser, réunionner, personnaliser...au contraire, j'attends le jour où je pourrai faire une demande d'AVS pour m'assister afin de gérer 130 cas particuliers! En tout cas, le TP m'est refusé, donc ce sera ma partition et puis c'est tout!

J'ai choisi un poste à temps partiel au moment de postuler et j'ai pris certaines responsabilités qui m'ont permis de diminuer encore mon temps de cours pour aboutir à environ un 70% d'enseignement.
C'est un choix que j'ai fait parce que 1) je n'ai pas besoin de plus pour vivre et mettre de l'argent de côté ; 2) je n'ai jamais eu un tempérament à bosser à plein temps.
Pour cette année, j'ai demandé et obtenu un horaire assez "étalé", ce qui fait des journées courtes qui me conviennent mieux, j'en ressors moins épuisé. Les trajets plus fréquents ne me gênent pas, ils sont assez courts (~35 minutes en transports publics).

Je compte demander à nouveau un temps partiel l'an prochain, pour m'occuper de mes parents âgés et malades. Je dis à nouveau car j'en avais déjà obtenu un il y a deux ans, mais je n'en ai pas profité car, suite à un accident, j'ai été en arrêt presque toute l'année scolaire et il y a eu le covid ensuite . L'an dernier, ça a été car j'étais légèrement en sous service (14h en étant agrégée), j'avais des classes sympa et un emploi du temps correct.
Mais cette année, je sature déjà, avec une semaine d'arrêt pour des problèmes de dos: emploi du temps pourri, au moins deux classes difficiles et dégradation de l'état de santé de mon père (hospitalisation/opération à gérer, ma mère ne pouvant rester seule), et je vais bientôt avoir 60 ans.
Le seul problème, c'est pour la retraite: à temps partiel, je vais encore perdre des trimestres et devoir continuer plus longtemps pour pouvoir vivre pendant cette retraite (j'ai commencé tard dans l'éducation nationale et avant, j'ai travaillé en partie à l'étranger, sans cotisation à la retraite).

Cit6.

J'ai décidé de faire une croix sur les calculs pour la retraite (d'ici là…).
Après 10 ans à temps plein et à ne pas lever la tête du guidon, je me suis mise à 80% il y a 10 ans, et depuis j'ai encore baissé, je suis maintenant à 60%.
Depuis quelque temps le rectorat s'est mis à refuser les temps partiels, donc j'ai eu la joie de devoir ressortir mon bon vieux dossier médical (et, de fait, les consultations et traitements qui vont avec, car la terreur de devoir reprendre à temps plein m'a pas mal dévastée).
Je profite donc de mon temps libéré pour m'épanouir dans d'autres activités, moins fatigantes, moins stressantes, plus gratifiantes (créatives et associatives). Je voudrais ne jamais revenir en arrière.
Le médecin du rectorat m'a conseillé une RQTH, c'est chose faite, je suis donc enfin un peu tranquille (pour cinq ans).

J'ai pris un 80% à la naissance de mon deuxième enfant. J'ai continué au troisième, parce que j'y avais pris goût et parce que réforme du collège passée entre temps oblige, c'était ça ou le complément de service.
A cela s'ajoute que j'ai de plus en plus de mal à voir arriver en quatrième une proportion de plus en plus large d'élèves qui n'ont pas le niveau CE2. Notre incapacité à faire notre métier, à enseigner efficacement faute de moyens, d'hétérogénéité démentielle, d'incapacité (et du manque de motivation) de l'institution faire piger aux élèves et à leur famille que sans un moindre minimum d'effort, de travail et de politesse, ça ne peut pas aller (on préfère supprimer les problèmes. Ils ne font pas les devoirs ? *il ne faut pas en donner, ou les faire faire au collège. Ils n'apprennent plus leur leçons ? Ben c'est parce que ça sert à rien d'apprendre une leçon. Ils sont bavards ? Bof, c'est du bruit pédagogique. Ils ne se concentrent pas ? Mais c'est trop dur de se concentrer pendant une heure ! Ils se comportent mal ? C'est parce que le prof ne sait pas tenir une classe, et puis ça va, ils peuvent se lâcher, quand même, on n'est pas en dictature).

Au fur et à mesure que mes mômes progressent, et arrivent en CP en ayant lu plus de livres par eux-mêmes que mes élèves de 4e, ou lisent pendant leur CP, à la maison, des livres qu'on donne à des collégiens, et que nos collégiens trouvent trop longs ou trop compliqués, je suis de plus en plus écœurée. Je ne veux plus jamais repasser à temps complet.

A cela s'ajoute des problèmes de CDE très très très problématique et perché, et je me rends compte que j'accuse beaucoup mieux le coup que mes collègues à temps plein, parce que je suis moins souvent dans le collège.

Mais quand on est seul ou seule avec un ou des enfants à charge, on n'a guère le choix que de continuer à temps plein... Je ne m'en sortirais jamais financièrement avec ma maison à rembourser et à rénover et ma fille étudiante dans une autre ville.

Bien sûr.
En l'occurrence, mon mari fait sa thèse, qui constitue un bon prétexte pour décharger sur moi les charges domestique et mentale de la famille. Donc c’est vrai que nous avons deux salaires, dans une région peu chère, et que ça joue (et que le TP me permet d'absorber plus facilement mon surcroît de travail domestique et de charge mentale).

Après, si ma région est si peu chère par rapport à d'autres, ce n'est pas sans raison, et le contexte socio-économique de mes élèves participe aussi à mon désarroi d''enseignante...

pseudo-intello a écrit: (et que le TP me permet d'absorber plus facilement mon surcroît de travail domestique et de charge mentale).

Je trouve très juste ce que tu dis, et c'est un des effets les plus pervers du temps partiel.

Elberta a écrit:

pseudo-intello a écrit: (et que le TP me permet d'absorber plus facilement mon surcroît de travail domestique et de charge mentale).

Je trouve très juste ce que tu dis, et c'est un des effets les plus pervers du temps partiel.

Ou pas. Souvent on prend un temps partiel parce qu'on ne s'en sort pas sans, pas l'inverse. Le travail domestique est de toute façon incompressible. Sauf à avoir du personnel, ce qu'un salaire de prof ne permet pas vraiment, on en fait autant qu'on ait 15h sup ou qu'on soit femme au foyer, alors autant s'épargner. Je n'ai pas constaté que mon conjoint adapte sa participation à ma capacité à faire face, ou pas en proportion, en tout cas. C'est moi qui adapte la durée de mes nuits, c'est tout. J'ai été arrêtée plusieurs fois pour épuisement, alors j'essaie de me ménager, tout en étant toujours sur le fil.

Menerve a raison, que ça doit être difficile d'être parent solo avec un salaire de prof !

Effectivement, mon mari, comme le conjoint de Lene, a nettement moins adapté son EDT à l'accroissement de la famille.

Après, à choisir, je préfère largement passer quelques heures de plus à la sortie de l'école, à faire les devoirs avec les enfants, à les aider à ranger les chambres, les surveiller ou donner des bans, que devant des élèves (surtout que depuis la réforme du collège, ça impliquerait un complément de service). Mes enfants sont clairement plus agréable que mes élèves.

Ceci étant mon mari va se retrouver en congé de formation de janvier à juillet, donc là je vais lui laisser pas mal de choses, en étant toujours à temps partiel, parce que je commence à fatiguer !

Personnellement, j'aimerais prendre un temps partiel dans quelques années quand les finances me le permettront car de plus en plus de mal à supporter ce boulot. Mais je ne peux même pas avoir cette perspective rassurante car les maths sont déficitaires et les temps partiels refusés le plus souvent. J'ai 3 collègues à temps partiels en mathématiques : pour obtenir une réponse positive, ils ont dû passer par la MDPH et se faire reconnaître comme travailleur handicapé ...

menerve a écrit:Mais quand on est seul ou seule avec un ou des enfants à charge, on n'a guère le choix que de continuer à temps plein... Je ne m'en sortirais jamais financièrement avec ma maison à rembourser et à rénover et ma fille étudiante dans une autre ville.

Tout à fait, moi je suis bien consciente d'être hyperprivilégiée, plusieurs collègues aimeraient faire pareil et ne peuvent pas. Et je croise les doigts, pour que le nouveau chef ne remette pas en cause mon temps partiel.

Lene mais je m'en sors quand même... J'ai réussi à acheter ma maison. J'arrive à ne pas finir le mois à découvert et finalement je ne suis pas trop mal lotie.

J'ai aussi appris à en faire moins pour le boulot...

J'aimerais peut-être prendre un TP à la rentrée prochaine. Il faut que je fasse vraiment bien les calculs. Car, en effet, c'est pas évident pour les finances... Je n'ai pas envie que ça pèse sur notre budget. Je peux peut-être plutôt prendre dans mes économies à moi. Mais, avec une quotité de 80 ou 90%, et en étant PP, ça peut peut-être passer.

Sinon, comme dit menerve, moins faire pour le boulot...
Pas évident. Préparer mes cours correctement, faire cours, me prend déjà beaucoup de temps et d'énergie. Je fais rarement autre chose. Enfin si, PP et élue au CA. 

En fait, je me prendrais moins la tête si y avait pas ces foutues 2 HSA imposables.

Madame Prof, je pense qu’il faut prendre en compte aussi les habitudes de ton établissement en terme de répartition (ce n’est pas pareil de préparer 4 ou 2 programmes…) et savoir aussi si ton PA a pour habitude de respecter les vœux d’EDT. Si on met à 80 ou 90% et qu’on se retrouve à venir sur 5 jours ou sur des horaires 8h-17h, on n’est pas forcément gagnant.

Une de mes chefs anti mères de famille (oui ça existe et ça fait mal) mettait systématiquement les temps partiels de jeunes mamans sur 5 voire 6 jours pour inciter les collègues à revenir à temps plein. Je dois dire que ça fonctionnait parfaitement (j'avais pour ma part un edt sur 4 jours systématiquement)

Oui voilà c’est exactement le souci.

C'est complètement idiot de faire ça.

Je dois avouer que je m'en sors mieux psychique ment depuis que j'ai passé le capes de doc. Avant j'étais prof de lettres et je passais mes dimanches dans les copies et les préparations. Maintenant je suis de 8h à 17h au collège, 4 jours par semaine mais je souffle le mercredi et je ne corrige quasi plus rien ou alors sur mon temps de travail au collège.
Depuis l'an dernier, je suis toujours élue au CA mais en tant que suppléante. J'étais membre du conseil école collège, cette année j'ai laissé ma place. Je ne veux plus non plus faire partie du cvc, ni m'occuper des écodélégués. Je crois que je vais aussi abandonner le marché de Noël... Je passais un temps fou à faire des gaufres, des confitures, de la couture.. Â préparer et un dimanche complet à tenir le stand pour apporter des fonds au fse.... Et financer des voyages dont le voyage en Allemagne dont mon cher collègue m'a exclue car on s'est engueulé pour un motif personnel... Donc je crois que je vais m'en tenir à mes activités au Cdi...

Maintenant quand on me propose ceci ou cela, je me pose la question suivante:est ce que ce travail supplémentaire va m'apporter quelque chose de positif à moi personnellement?
Est ce que c'est payé ou est ce que c'est quelque chose que je vais prendre plaisir à faire ?

clap a écrit:Madame Prof, je pense qu’il faut prendre en compte aussi les habitudes de ton établissement en terme de répartition (ce n’est pas pareil de préparer 4 ou 2 programmes…) et savoir aussi si ton PA a pour habitude de respecter les vœux d’EDT. Si on met à 80 ou 90% et qu’on se retrouve à venir sur 5 jours ou sur des horaires 8h-17h, on n’est pas forcément gagnant.

Oui, tu as raison !!!
Ça penche dans la balance. Il est possible que je ne prenne pas ce TP, car justement, je vais peut-être pouvoir avoir un niveau de moins. Pour les vœux d'EDT, ça s'est bien passé jusqu'ici. 

Bon, sauf que j'envisage aussi de demander une mut à l'intra 

Clecle78, pffffff !

Quand je lis le fil, je me dis aussi que, une fois qu'on a goûté au TP, le retour à temps plein est pas facile !

Madame_Prof a écrit:Quand je lis le fil, je me dis aussi que, une fois qu'on a goûté au TP, le retour à temps plein est pas facile !

Je peux confirmer ce point. Je travaille en Suisse où le temps plein n'est pas une obligation dans l'enseignement et où le salaire permet d'envisager le temps partiel assez sereinement d'un point de vue matériel. Le résultat est assez simple : plus de la moitié des enseignants ne sont pas à plein-temps. (Je ne trouve guère de chiffres, juste une étude syndicale qui parle de 57% (https://vsg-sspes.ch/fileadmin/user_upload/publikationen/news/2017_06_etude_taux_courte_f.pdf).)
Un sondage au doigt mouillé constitué par mes discussions avec mes collègues me laisse d'ailleurs penser que plus d'entre-eux voudraient diminuer qu'augmenter. Les raisons du maintien à un taux plus élevé que souhaité sont variées mais rentrent principalement dans deux catégories : institution qui pousse à travailler plus pour éviter d'engager et besoin financiers.

J’ai travaillé un an à temps partiel pour éviter de rester sur deux établissements. Au final, j’ai perdu de l’argent (en salaire et sur ma retraite) et je passais mes journées au collège vu que j’avais un EDT pourri. J’ai repris à 20h l’année suivante et un bon EDT, avec un vrai soulagement.
Je ne pense pas repasser à temps partiel un jour.

Qu'en est-il de la retraite en cas d'années à temps partiel ? C'était tellement vital pour moi de passer moins de temps au collège que je n'ai pas réfléchi à cette question. Y a-t-il une différence à ce sujet entre les temps partiels de droit et les temps partiels sur autorisation ? J'ai également entendu parler de surcotisation.

Si tu surcotises, ça ne change rien, mais c’est coûteux.
Sinon, ça ne change pas la durée de cotisation mais ça a un impact sur le montant de la retraite.

Perso j’ai pris un temps partiel pour mes enfants puis j’ai repris à temps plein… et je suis revenue à temps partiel. Marre que le temps plein soit maintenant un temps plein avec hsa, marre de pas avoir de temps pour moi entre le boulot et la famille. Donc tant pis pour les sous. Après ça ne marche que si on a un bon edt et qu’on se force (pour ma part) de ne pas récupérer ses enfants super tôt au principe qu’on est à la maison. Après dans les faits j’ai un quasi temps plein avec 16h30, mais c’est mieux pour moi que 20h. Ça m’enlève une classe, des copies, des réunions.