EAF Métropole, série générale

Kilmeny a écrit:

Iphigénie a écrit:

Kilmeny a écrit:J'envisage de nombreuses erreurs sur le commentaire. Je crains que beaucoup ne comprennent pas le texte. Ils ne connaissant pas le tableau...

En fait ce n’est pas tant le fait de ne pas connaître le tableau que de leur dire que Diderot ici ne décrit pas le tableau mais le critique : il critique le tableau parce qu’il le  trouve trop «  peuplé » de personnages…. cette partie du texte ne décrit pas le tableau, mais Diderot se livre à une poétique personnelle des ruines. Alors ou on ne parle pas du tout de tableau ou on explique…

Les élèves ignorent qu'il ne parle pas du tableau puisqu'ils n'ont aucune idée de ce qu'il représente !

C’est bien le problème: ils ignorent absolument tout de ce dont on parle: allez, commentez !

Mathoune a écrit:Dans mon lycée on a eu un correctif vers 9h15 pour une faute de frappe dans le texte du commentaire (lire LIEU au lieu de LIEN ligne 16).
Comme vous n’en parlez pas, je me demande si le correctif a été fait dans tous les établissements. Est-ce que ça a pu gêner les élèves à votre avis ?

J'en parle sur un autre sujet. Lieu, lien, peu importe. Ils n'ont déjà pas compris le texte...

Il faut avouer que je trouve moi-même certains passages obscurs ! Quelques notes explicatives n'auraient pas été de trop, me semble-t-il. Par exemple, pour "prévenue" dans "mon âme est prévenue d'un sentiment tendre"... je sens arriver les gros contre-sens !
De même, comment faut-il comprendre "et j'envie un faible tissu de fibres et de chair à une loi générale qui s'exécute sur le bronze" ?

Kilmeny a écrit:

Mathoune a écrit:Dans mon lycée on a eu un correctif vers 9h15 pour une faute de frappe dans le texte du commentaire (lire LIEU au lieu de LIEN ligne 16).
Comme vous n’en parlez pas, je me demande si le correctif a été fait dans tous les établissements. Est-ce que ça a pu gêner les élèves à votre avis ?

J'en parle sur un autre sujet. Lieu, lien, peu importe. Ils n'ont déjà pas compris le texte...

C'est ça. Je pensais que tous mes élèves se rueraient sur la dissertation avec un tel sujet. Eh bien non. Les plus faibles ont fait le commentaire. Ce n'est pas comme si je leur avais dit lors des derniers cours de bien lire les sujets avant de choisir.
Cela va être abominable à corriger.

@e-miette : Je suis tout à fait d'accord avec toi.

e-miette a écrit:Il faut avouer que je trouve moi-même certains passages obscurs ! Quelques notes explicatives n'auraient pas été de trop, me semble-t-il. Par exemple, pour "prévenue" dans "mon âme est prévenue d'un sentiment tendre"... je sens arriver les gros contre-sens !
De même, comment faut-il comprendre "et j'envie un faible tissu de fibres et de chair à une loi générale qui s'exécute sur le bronze" ?

J’envie au sens de Racine : pourquoi m’enviez  vous l’air que vous respirez? »: les élèves faisant naturellement le lien (et comprenant donc que cela signifie:  on refuse à la loi générale de la dégradation  notre pauvre corps fait de fibres et de chair ») mettre une note était inutile.
C’est comme le contexte.
Bref tu as tout à fait raison e-miette : il y a tous les ans une grande désinvolture dans la présentation des textes aux élèves, oui!

Iphigénie a écrit: les élèves faisant naturellement le lien (et comprenant donc que cela signifie:  on refuse à la loi générale de la dégradation  notre pauvre corps fait de fibres et de chair ») mettre une note était inutile.

(pardon)

e-miette a écrit:

Iphigénie a écrit: les élèves faisant naturellement le lien (et comprenant donc que cela signifie:  on refuse à la loi générale de la dégradation  notre pauvre corps fait de fibres et de chair ») mettre une note était inutile.

(pardon)

J’étais bien sûr ironique et d’accord avec ta remarque! Hein!

Oui j'en parle sur un autre fil, je trouve que l'absence de note de bas de page pour les termes qui ont changé de sens depuis le 18e est aberrante.  Le passage que tu expliques est complètement incompréhensible sans cela si on n'a pas une culture  classique,  même pour des adultes; j'ai des collègues  d'autres disciplines qui n'ont pas compris ce passage...
Bref on va encore donner des consignes d'une telle bienveillance que ça va écraser les différences entre les bons élèves qui vont quand même avoir eu du mal et les élèves faibles à qui on mettra des notes correctes même si ce n'est pas justifié...

On commence à avoir l'habitude.  Chaque année, il y a un problème avec le commentaire.

Écusette de Noireuil a écrit:Oui j'en parle sur un autre fil, je trouve que l'absence de note de bas de page pour les termes qui ont changé de sens depuis le 18e est aberrante.  Le passage que tu expliques est complètement incompréhensible sans cela si on n'a pas une culture  classique,  même pour des adultes; j'ai des collègues  d'autres disciplines qui n'ont pas compris ce passage...
Bref on va encore donner des consignes d'une telle bienveillance que ça va écraser les différences entre les  bons élèves qui vont quand même avoir eu du mal et les élèves faibles à qui on mettra des notes correctes même si ce n'est pas justifié...

Tu m'ôtes les mots de la bouche.

Vous pensiez vraiment que cette année, d'un seul coup, on se déciderait à faire en sorte d'améliorer la situation ?
Cela fait au moins trente ans que ça dure. Pourquoi voulez-vous que ça change ?

Je ne me résigne pas, c'est tout...

Les élèves que j'ai croisés et qui ont choisi Manon Lescaut sont contents de ce qu'ils ont fait. 
Aucun retour (de mes élèves )  sur le commentaire.

Quant à moi, la plupart des élèves n'ont pas ciblé le thème principal qui est la mort. Beaucoup ont développé la description du tableau, ce qui ne semble pas être un point très présent lors de la lecture du texte. Certains sont complètement à côté de la plaque en développant sur l'amour, et très peu ont remarqué la critique sociale présente dans le texte. Je crains le pire...

Celia60 a écrit:Quant à moi, la plupart des élèves n'ont pas ciblé le thème principal qui est la mort. Beaucoup ont développé la description du tableau, ce qui ne semble pas être un point très présent lors de la lecture du texte. Certains sont complètement à côté de la plaque en développant sur l'amour, et très peu ont remarqué la critique sociale présente dans le texte. Je crains le pire...

Forcément, on leur parle d'un tableau dont ils ignorent tout. Ils sont donc persuadés que le texte décrit principalement le tableau.

Article de Médiapart :

POV : le sujet du bac français était mauvais

Sur le sentiment de ruine du baccalauréat.

Les idées que le sujet du bac français réveillent en moi sont grandes. Tout s’anéantit, tout périt, tout passe. Je paraphrase le début de l’extrait du Salon de 1767 soumis à la lecture de quelques centaines de milliers de bacheliers généraux en cette session 2023. Ils auront remarqué l’énumération, l’anaphore, l’hyperbole, le présent de vérité générale, et quantité de bricoles stylistiques dans l’ensemble du texte, qui, mises bout à bout, n’auront absolument aucun intérêt si elles ne complètent pas une nécessaire enquête sur les intentions de l’auteur, sa vision du monde, et encore ses partis-pris théoriques et esthétiques.[...]

La suite ici https://blogs.mediapart.fr/pierredupontinamecom/blog/150623/pov-le-sujet-du-bac-francais-etait-mauvais-1

Oxford a écrit:Article de Médiapart :

POV : le sujet du bac français était mauvais

Sur le sentiment de ruine du baccalauréat.

Les idées que le sujet du bac français réveillent en moi sont grandes. Tout s’anéantit, tout périt, tout passe. Je paraphrase le début de l’extrait du Salon de 1767 soumis à la lecture de quelques centaines de milliers de bacheliers généraux en cette session 2023. Ils auront remarqué l’énumération, l’anaphore, l’hyperbole, le présent de vérité générale, et quantité de bricoles stylistiques dans l’ensemble du texte, qui, mises bout à bout, n’auront absolument aucun intérêt si elles ne complètent pas une nécessaire enquête sur les intentions de l’auteur, sa vision du monde, et encore ses partis-pris théoriques et esthétiques.[...]

La suite ici https://blogs.mediapart.fr/pierredupontinamecom/blog/150623/pov-le-sujet-du-bac-francais-etait-mauvais-1

Voilà voilà….
Tout est ( bien) dit!

Qui sait quelle est la personne qui décide, à la fin, d’un sujet? Il y a dans l’EN des recoins mystérieux. On a l’impression que les cobayages c’est comme le tri dans mon établissement: on avait plusieurs corbeilles mais quand les agents les vidaient c’étaient toutes dans le même sac….

Alors je ne suis pas professeur de français mais quand j'ai lu le texte proposé, en toute honnêteté il y a des passages que je n'ai pas du tout compris, le texte est quand même d'un certain niveau non? (Ou alors je suis vraiment nulle).. je me dis que les élèves ont vraiment dû galérer à en sortir qqch...

Je vais radoter: le texte est ( était) célèbre et accessible à un élève qui a lu le Lagarde et Michard et il est même très interessant-mais pour un élève d’aujourd’hui sans contexte ni notes c’est incompréhensible: il répond parfaitement  à la «  problématique »: comment rendre la littérature obsolète ….

Ce qui me paraît étrange, c'est que de nombreuses corrections sur le net se basent sur la description du tableau. J'ai lu plusieurs sujets de correction et, pour la plupart, je ne suis pas d'accord... Ils ne traitent pas suffisamment du thème principal. D'ailleurs je vois une grande partie des première ce matin, ce sera donc l'occasion de vérifier plus précisément s'ils s'en sont bien sortis.

Bonjour à tous ,

Je ne suis pas professeur de français mais professeur des écoles et mon fils a passé le bac de français hier sur le texte de Diderot justement.

J’avoue que lorsque j’ai lu le texte j’ai eu des sueurs froides….des passages entiers m’ont échappés. Mon fils et ses amis, qui sont pourtant des élèves travailleurs, ont l’impression d’être passés à côté et même d’avoir été piégé car ils ont tenté de faire rentrer des notions d’argumentation, de philosophie des lumières (car c’était bien la littérature d’idées) en tordant le texte finalement….car les quelques corrigés sur internet évoquent plutôt un texte lyrique et une réflexion personnelle sur le temps !

Celia60 a écrit:Ce qui me paraît étrange, c'est que de nombreuses corrections sur le net se basent sur la description du tableau. J'ai lu plusieurs sujets de correction et, pour la plupart, je ne suis pas d'accord... Ils ne traitent pas suffisamment du thème principal. D'ailleurs je vois une grande partie des première ce matin, ce sera donc l'occasion de vérifier plus précisément s'ils s'en sont bien sortis.

Justement à ce sujet j’ai lu un peu tout et son contraire sur les corrigés : certains effectivement évoquent la description du tableau et d’autres disent que justement le tableau n’est pas décrit et qu’il ne fallait pas faire de description là dessus! Bref beaucoup s’y perde j’ai l’impression…donc imaginez les élèves !

Je partage tout de meme le plan qui me semble etre assez pertinent cela aidera peut etre quelqu'un qui sait (c'est la plan d'un élève que j'ai un peu modifié).
1. Une définition de la mort
a) La mort, une manifestation ultime de l'écoulement du temps.
b) La mort une règle générale à laquelle personne ne déroge
c) Une fatalité
2. Positionnement de l'auteur vis à vis de la mort
a) Un avenir inexorablement lié à la mort.
b) Un destin que Diderot accepte résolument.
c) Une critique sociale

Iphigénie a écrit:Je vais radoter: le texte est ( était) célèbre et accessible à un élève qui a lu le Lagarde et Michard et il est même très interessant-mais pour un élève d’aujourd’hui sans contexte ni notes c’est incompréhensible: il répond parfaitement  à la «  problématique »: comment rendre la littérature obsolète ….

+ 1... J'ai passé le bac français en 1989, professeur absolument remarquable et Lagarde et Michard indispensable (mon 19e était tellement usé que des feuilles en tombaient). J'ai trouvé le texte très beau mais infaisable pour une majorité d'élèves, qui n'ont plus aucune culture littéraire, encore moins artistique

Spoiler:

.
A 15 ans, je savais qui était Hubert Robert, pour avoir dû rédiger 20 lignes de description sur un de ses tableaux, on avait deux feuilles R/V de textes pour l'oral (plus de 100 textes si on comptait bien), une dizaine d'oeuvres intégrales ou en extraits (bon, c'était déjà un peu curieux à l'époque...), un travail format bac tous les 15 jours minimum en DM sans compter les devoirs sur table, etc. Impossible de rivaliser avec cette époque... Mode vieille réac ON Il faut une sacrée curiosité intellectuelle pour aller rechercher tout ça, présent sur Internet ou dans les livres... Certains le font. Pas beaucoup mais ils existent encore.

EdithW a écrit:

Iphigénie a écrit:Je vais radoter: le texte est ( était) célèbre et accessible à un élève qui a lu le Lagarde et Michard et il est même très interessant-mais pour un élève d’aujourd’hui sans contexte ni notes c’est incompréhensible: il répond parfaitement  à la «  problématique »: comment rendre la littérature obsolète ….

+ 1...  J'ai trouvé le texte très beau mais infaisable pour une majorité d'élèves, qui n'ont plus aucune culture littéraire, encore moins artistique .

Bien d'accord avec vous...

Celia60 a écrit:Ce qui me paraît étrange, c'est que de nombreuses corrections sur le net se basent sur la description du tableau. J'ai lu plusieurs sujets de correction et, pour la plupart, je ne suis pas d'accord... Ils ne traitent pas suffisamment du thème principal. D'ailleurs je vois une grande partie des première ce matin, ce sera donc l'occasion de vérifier plus précisément s'ils s'en sont bien sortis.

Alors... les "corrigés" sur internet... comment dire ?
Dire que je m'interroge sur qui les rédige ? (et j'espère ne froisser personne sur ce forum qui arrondirait ainsi ses fins de mois !)
Dire que la plupart sont ineptes ? (j'en ai même trouvé un qui analyse "bien qu'on l'ait averti", dans le paratexte du sujet de techno !)
Allez, dire que j'ai quand même la curiosité de les regarder aussi parce qu'on y pioche quand même des idées intéressantes de ci de là, mais c'est tout !