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Hors-série du Nouvel Obs : "Etre enseignant aujourd'hui" - Page 11 Empty Re: Hors-série du Nouvel Obs : "Etre enseignant aujourd'hui"

par barèges Dim 3 Mar 2013 - 17:50
Lefteris a écrit:

http://skhole.fr/qui-veut-encore-devenir-professeur-ou-la-crise-de-la-vocation-enseignante-par-marian-balastre

En tout cas, je sais que je n'ai plus qu'à regarder le naufrage, je n'ai aucune illusion pour la matière que j'enseigne. Il va rester quelques passionnés dans les facs, des adultes qui s'y remettent, des enseignants qui vont tenter de s'esquiver (mais comment ? vers le supérieur) mais des gens qui s'y lancent en masse, il ne faut plus rêver. La traversée du désert a commencé.

L'article donné en lien est précieux pour les chiffres donnés dans les tableaux, et leurs analyses.
La différence inscrits au concours / présents m'étonne, je ne savais pas que c'était à ce point... Ce qui retire le peu de validité qui pouvait rester aux conclusions du ministre sur la "hausse de 46 %" des inscrits au concours 2014.
Je confirme le dépérissement du "vivier".
lene75
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par lene75 Dim 3 Mar 2013 - 18:06
sebiseb a écrit:Je ne comprends pas pourquoi on pourrait obtenir soit une amélioration des conditions de travail, soit une augmentation du point d'indice (c'est à dire un meilleur salaire) ?

Moi non plus je ne comprends pas et pourtant, c'est le leitmotiv de l'EN qu'on retrouve encore sur ce fil alors que depuis le temps que ça dure on ne peut plus en ignorer les conséquences : accepter de sacrifier nos salaires en espérant qu'on obtiendra des compensations sur les conditions de travail. Mais c'est un leurre qui dure depuis des années, on sacrifie de plus en plus les salaires, mais les conditions de travail se dégradent dans le même temps malgré les beaux discours des politiques sur l'intérêt des élèves et patati et patata. Soit on respecte les gens et on les traite à leur juste valeur, soit on les méprise, et quand on les méprise, on les méprise sur tous les plans. Je suis totalement convaincue de ce que dit Lefteris : tant que nous ne réclamerons pas une amélioration globale de nos conditions de travail (conditions de travail + salaires) nous serons et resterons des méprisables qu'on peut rouler dans la farine avec deux ou trois promesses fumeuses aussi bien aux yeux de notre hiérarchie que de l'opinion publique.

D'ailleurs, les bas salaires participent des mauvaises conditions de travail : il faut voir certains profs faire la cour à l'administration et faire croire que ceci ou cela (l'AP notamment) est un miracle qui compense les classes surchargées et résout tous les problèmes juste pour obtenir quelques malheureuses heures sups. Idem pour les postes : s'il n'y avait pas du monde pour s'arracher des services complets d'heures sups, il y aurait moins de suppressions de postes, plus d'adultes dans les établissements.

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sebiseb
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par sebiseb Dim 3 Mar 2013 - 18:23
Lefteris a écrit:De toute manière, la question du salaire est en train de s'imposer d'elle-même et de régler son compte à l'enseignement. Admettons que ceux qui sont en place s'en moquent. De toute manière ils sont piégés dans le métier, passé un certain âge la reconversion est impossible, leurs conditions de travail vont se dégrader et leur salaire aussi. Le mépris, c'est un tout, conditions de travail et salaire : et nos élèves sont les premiers à nous mépriser, parce qu'ils savent ce qu'ils sont et ce qu'ils font vivre aux enseignants, et aussi pour le salaire, puisque faire ça pour être un "charclo" comme le dit un intervenant ici , ça les dépasse. Nous ne pouvons être que des déclassés.
J'ajoute au mépris par les élèves, celui des parents, et de la société en général... Qui lorgne sur nos éternelles vacances mais reconnaît ne pas être capable de supporter les élèves (donc nos conditions de travail) - Et quand on leur annonce notre salaire réel ils sont souvent étonnés de le savoir si bas !

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Lefteris
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par Lefteris Dim 3 Mar 2013 - 18:33
barèges a écrit:
Lefteris a écrit:

http://skhole.fr/qui-veut-encore-devenir-professeur-ou-la-crise-de-la-vocation-enseignante-par-marian-balastre

En tout cas, je sais que je n'ai plus qu'à regarder le naufrage, je n'ai aucune illusion pour la matière que j'enseigne. Il va rester quelques passionnés dans les facs, des adultes qui s'y remettent, des enseignants qui vont tenter de s'esquiver (mais comment ? vers le supérieur) mais des gens qui s'y lancent en masse, il ne faut plus rêver. La traversée du désert a commencé.

L'article donné en lien est précieux pour les chiffres donnés dans les tableaux, et leurs analyses.
La différence inscrits au concours / présents m'étonne, je ne savais pas que c'était à ce point... Ce qui retire le peu de validité qui pouvait rester aux conclusions du ministre sur la "hausse de 46 %" des inscrits au concours 2014.
Je confirme le dépérissement du "vivier".
Et encore en 2004 , la chute était entamée. Mais comme chacun sait, il y a accélération après un certain temps de chute Rolling Eyes .
Pour la différence inscrits/présents elle est accentuée par le fait que sont considérés comme "absents" ceux qui ne terminent pas les épreuves écrites ou rendent feuille blanche (et il y a du monde). On ne compte que les "classables" ...
Pour les 46 %, l'explication est claire avec les doubles inscriptions. En toute logique, tous les reçus au concours 2013 devraient être désinscrits de l'autre concours (celui qui se passe en 2013 et 2014) , ce qui fera baisser le taux d'inscription.
Il faut compter aussi que ceux qui sont inscrits pour ce concours étalé sur deux ans vont aussi s'inscrire pour le concours unique, "normal" 2014 , avant bien entendu d'avoir les résultats, puisqu'ils n'auront pas encore passé les oraux. Quel tripatouillage ! Hors-série du Nouvel Obs : "Etre enseignant aujourd'hui" - Page 11 3795679266

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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)

Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.

Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
dandelion
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par dandelion Dim 3 Mar 2013 - 19:39
Moi ce que je ne comprends vraiment pas c'est qu'avec aussi peu de gens qui veulent devenir enseignants ceux qui restent soient méprisés et maltraités par leur propre hiérarchie.
Mama
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par Mama Dim 3 Mar 2013 - 19:43
Au contraire, ça va ensemble : dans notre société de consommation, ce qui n'attire pas la demande n'a pas de valeur.
Lefteris
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par Lefteris Dim 3 Mar 2013 - 19:44
dandelion a écrit:Moi ce que je ne comprends vraiment pas c'est qu'avec aussi peu de gens qui veulent devenir enseignants ceux qui restent soient méprisés et maltraités par leur propre hiérarchie.
C'est aussi une question que je me suis souvent posée. Pas pour moi, on me laisse tranquille, mais quand je vois ce qu'on fait à certains jeunes, notamment les stagiaires et néotitulaires , comme on pinaille sur des détails insignifiants aux inspections et visites , comment même se comportent des tuteurs, je me dis que certains n'ont pas tout compris. Quand je vois aussi , et ça vaut pour tout le monde jeunes comme anciens, comme tout tourne à la tracasserie administrative (être payé, être reclassé, obtenir le titre de transport...) je me demande si on ne cherche pas à chasser les gens .

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Moonchild
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par Moonchild Dim 3 Mar 2013 - 20:03
lene75 a écrit:
sebiseb a écrit:Je ne comprends pas pourquoi on pourrait obtenir soit une amélioration des conditions de travail, soit une augmentation du point d'indice (c'est à dire un meilleur salaire) ?

Moi non plus je ne comprends pas et pourtant, c'est le leitmotiv de l'EN qu'on retrouve encore sur ce fil alors que depuis le temps que ça dure on ne peut plus en ignorer les conséquences : accepter de sacrifier nos salaires en espérant qu'on obtiendra des compensations sur les conditions de travail. Mais c'est un leurre qui dure depuis des années, on sacrifie de plus en plus les salaires, mais les conditions de travail se dégradent dans le même temps malgré les beaux discours des politiques sur l'intérêt des élèves et patati et patata. Soit on respecte les gens et on les traite à leur juste valeur, soit on les méprise, et quand on les méprise, on les méprise sur tous les plans. Je suis totalement convaincue de ce que dit Lefteris : tant que nous ne réclamerons pas une amélioration globale de nos conditions de travail (conditions de travail + salaires) nous serons et resterons des méprisables qu'on peut rouler dans la farine avec deux ou trois promesses fumeuses aussi bien aux yeux de notre hiérarchie que de l'opinion publique.
J'ai tendance à penser que si les conditions de travail se dégradent autant, c'est justement en grande partie à cause des beaux discours sur l'intérêt des élèves.
On a l'habitude de dire que les syndicats ont accepté d'abandonner les revendications salariales en contrepartie de "moyens" pour améliorer les conditions de travail, mais c'est oublier que ces "moyens" sont avant tout des dispositifs d'accompagnement destinés à rendre applicable la réforme de fond de notre modèle éducatif. En cautionnant les discours sur l'élève au centre du système ainsi que toutes les innovations pédagogiques qui vont avec, la plupart des syndicats ont accepté qu'on sape les fondations même de notre professsion. Entre la majorité des syndicats enseignants et les instigateurs des réformes, il y a une réelle complicité idéologique autour du refus de toute sélection au mérite et d'une totale indulgence envers les perturbateurs ; d'ailleurs cette doctrine reste profondément ancrée sur le terrain chez beaucoup de profs qui, bien que confrontés à des élèves ingérables, continuent souvent à clamer qu'on ne peut pas les exclure du système car "on doit leur donner une seconde chance, il faut bien qu'on fasse quelque chose pour eux" - un très bon exemple est donné par les conversations sur l'apprentissage qui révèlent à quel point nous sommes incapables de nous résoudre à laisser partir des jeunes qui ne sont manifestement pas à leur place dans une salle de classe.
Finalement, la position des syndicats reflète très bien cette espèce de "surmoi" progressiste qui contraint l'ensemble de la profession à faire passer la réalité au second plan derrière ses beaux principes.

Lefteris a écrit:
dandelion a écrit:Moi ce que je ne comprends vraiment pas c'est qu'avec aussi peu de gens qui veulent devenir enseignants ceux qui restent soient méprisés et maltraités par leur propre hiérarchie.
C'est aussi une question que je me suis souvent posée. Pas pour moi, on me laisse tranquille, mais quand je vois ce qu'on fait à certains jeunes, notamment les stagiaires et néotitulaires , comme on pinaille sur des détails insignifiants aux inspections et visites , comment même se comportent des tuteurs, je me dis que certains n'ont pas tout compris. Quand je vois aussi , et ça vaut pour tout le monde jeunes comme anciens, comme tout tourne à la tracasserie administrative (être payé, être reclassé, obtenir le titre de transport...) je me demande si on ne cherche pas à chasser les gens .
Pout toutes les "tracasseries" internes, il y a une explication très simple : dans l'esprit de ceux qui ont conçu la réforme de l'éducation, les enseignants sont avant tout des obstacles car ils sont encore trop marqués par leur formation universitaire qui en fait de purs produits du modèle traditionnel à abattre. Il est donc nécessaire les rééduquer dès qu'ils entrent dans le métier ; après la structure hiérarchique fait son oeuvre, chacun cherchant à son petit échelon à donner une pleine et entière satisfaction à son supérieur direct.
*Lady of Shalott*
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Fidèle du forum

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par *Lady of Shalott* Dim 3 Mar 2013 - 21:03
Lefteris a écrit:
cath5660 a écrit:
lene75 a écrit:
mamamanette a écrit:
Dalva a écrit:

Encore une fois, oui, on devrait gagner plus. Non, ce n'est pas là-dessus que je base mon intérêt ou mon désintérêt pour ce métier et non, ce n'est pas ma revendication prioritaire. Cela ne veut pas dire que je ne veux pas parler d'argent. Cela veut simplement dire que, même si on m'augmente, je ne trouverai pas mes conditions de travail actuelles meilleures.

Quand je lis "être enseignant aujourd'hui", je ne pense pas automatiquement "salaire". Je pense d'abord "fatigue, déception, usure, mépris".

Oui. C'est pourquoi je disais au départ que si on nous donnait le choix entre augmenter nos salaires, et investir l'argent équivalent dans l'amélioration de nos conditions de travail (plus de possibilités pour les élèves qui ne sont pas à leur place dans le circuit traditionnel, moins de vacataires et de contractuels, moins de postes partagés, moins d'élèves par classe en lycée, plus de surveillants, etc.), je choisirais la 2e option.

Encore une fois, c'est l'option qui a été systématiquement proposée et choisie depuis une trentaine d'années. On voit où ça a mené : les conditions de travail sont ce qu'elles sont et les salaires aussi. Tu crois que si le gouvernement actuel réduit par exemple les classes à 30, ce sera maintenu plus de 2 ou 3 ans ? Dans 2 ans ou quand on changera de gouvernement, on nous dira que ce n'est plus possible, ou on fera comme d'habitude : on ne nous dira rien et en augmentera progressivement. Et en attendant, on aura tout perdu, comme d'hab'.

Et puis bon, 30 élèves ingérables, hein... Pour beaucoup de choses qui clochent dans nos établissements, il n'y a pas besoin de sous : c'est essentiellement une question d'idéologie. Faut-il des sous pour que l'administration soutienne les profs, par exemple ? Faut-il des sous pour supprimer les projets bidons (et coûteux), l'idéologie des TICE à tout va, etc. ? Non, au contraire, on ferait des économies à supprimer tout ça. Il n'y a qu'à voir la réforme du primaire : il n'y a pas de sous pour les PE mais il y en a pour dégrader les conditions de travail de tout le monde Rolling Eyes

Absolument.
20 ans que j'enseigne et que j'entends les syndicats dire, au moindre mouvement de grève: "Non, non, pas d'augmentation de salaire, hein! Seulement des moyens pour les élèves dans l'intérêt de l'enfant" en rosissant comme des jeunes filles à l'idée qu'on puisse soupçonner les enseignants pour travailler pour autre chose que la gloire.

Résultat, on a ni l'un ni l'autre.

Encore une chose: croyez-moi, je vivais bien mieux à mes débuts avec le salaire de l'époque. Les classes de 35 n'existaient pas, il était même rare d'avoir 30 élèves. En tant qu'élève, je n'ai jamais connu plus de classe de 25/26 élèves. Les TZR (TA) étaient très rares et les compléments de service encore plus.
Aujourd'hui, dans les lycées voisins, les classes de 2nde sont à 37. Toutes. Le niveau scolaire s'effondre. Les TZR pullulent, les CDS sur 2, 3, 4 établissements se multiplient, l'opinion publique nous traite ouvertement de feignants, les gouvernements aussi, à peine implicitement. Notre pouvoir d'achat a fondu comme neige au soleil.
Je crois que je n'ai rien oublié.


Et il faudrait refuser des augmentations de salaire, la main sur le cœur ?

De toute manière, la question du salaire est en train de s'imposer d'elle-même et de régler son compte à l'enseignement. Admettons que ceux qui sont en place s'en moquent. De toute manière ils sont piégés dans le métier, passé un certain âge la reconversion est impossible, leurs conditions de travail vont se dégrader et leur salaire aussi. Le mépris, c'est un tout, conditions de travail et salaire : et nos élèves sont les premiers à nous mépriser, parce qu'ils savent ce qu'ils sont et ce qu'ils font vivre aux enseignants, et aussi pour le salaire, puisque faire ça pour être un "charclo" comme le dit un intervenant ici , ça les dépasse. Nous ne pouvons être que des déclassés.

Il faut donc se placer maintenant du point de vue des candidats potentiels, et nous arrivons, tout le monde le voit, dans des "classes creuses" dans certaines matières : ça a commencé par les maths, puis certaines langues, parce que les débouchés étaient meilleurs ailleurs. Maintenant, ce sont les lettres, qui agonisent, et pire encore, les facs commencent à se vider , surtout après la licence, précisément pour éviter d'être enseignant. En huit ans , les lettres modernes ont perdu au Capes 65 % de candidats, les lettres classiques 85% , et en ce moment même, le vivier est très faible, l'effet sur les 5 prochaines années va être terrible.

Et là, on ne trouvera pas de contractuels venant du privé . Je crois que c'est terminé, la machine est tellement détruite que c'est une page qui se tourne. Même si une volonté politique miraculeuse voulait y remédier, il faudrait des décennies. La première chose à faire serait le salaire : on ne se lance pas dans 6 ans d'études pour vivre dans les difficultés, et ne même pas enseigner vraiment sa matière. Les étudiants ne sont pas si ignorants des réalités, ils savent parfaitement ce que sont la majorité des collèges et ce qu'on y fait. L'agreg fait encore un peu recette, parce que beaucoup considèrent que c'est le minima acceptable, le message est fort clair.

http://skhole.fr/qui-veut-encore-devenir-professeur-ou-la-crise-de-la-vocation-enseignante-par-marian-balastre

En tout cas, je sais que je n'ai plus qu'à regarder le naufrage, je n'ai aucune illusion pour la matière que j'enseigne. Il va rester quelques passionnés dans les facs, des adultes qui s'y remettent, des enseignants qui vont tenter de s'esquiver (mais comment ? vers le supérieur) mais des gens qui s'y lancent en masse, il ne faut plus rêver. La traversée du désert a commencé.

Tout a été dit, et je viens trop tard :lol: Je suis entièrement d'accord avec les perspectives annoncées ci-dessus : naufrage en vue, vivier très faible et tarissement des vocations. Le métier de prof n'est plus un métier qui attire. Certains étudiants rêvent encore de l'enseignement supérieur, mais les places sont rares et chères...

_________________
"Est-ce que les professeurs vont dans un au-delà spécial quand ils meurent ? fit Cohen. - Je ne crois pas", répondit tristement monsieur Cervelas. Il se demanda un instant s'il existait réellement dans les cieux une grande Heure de Libre. Ça paraissait peu probable. Il y aurait sûrement des corrections à se taper. (T. Pratchett, Les Tribulations d'un mage en Aurient)
Lefteris
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Hors-série du Nouvel Obs : "Etre enseignant aujourd'hui" - Page 11 Empty Re: Hors-série du Nouvel Obs : "Etre enseignant aujourd'hui"

par Lefteris Dim 3 Mar 2013 - 21:07
*Lady of Shalott* a écrit:
Lefteris a écrit:
cath5660 a écrit:
lene75 a écrit:
mamamanette a écrit:

Oui. C'est pourquoi je disais au départ que si on nous donnait le choix entre augmenter nos salaires, et investir l'argent équivalent dans l'amélioration de nos conditions de travail (plus de possibilités pour les élèves qui ne sont pas à leur place dans le circuit traditionnel, moins de vacataires et de contractuels, moins de postes partagés, moins d'élèves par classe en lycée, plus de surveillants, etc.), je choisirais la 2e option.

Encore une fois, c'est l'option qui a été systématiquement proposée et choisie depuis une trentaine d'années. On voit où ça a mené : les conditions de travail sont ce qu'elles sont et les salaires aussi. Tu crois que si le gouvernement actuel réduit par exemple les classes à 30, ce sera maintenu plus de 2 ou 3 ans ? Dans 2 ans ou quand on changera de gouvernement, on nous dira que ce n'est plus possible, ou on fera comme d'habitude : on ne nous dira rien et en augmentera progressivement. Et en attendant, on aura tout perdu, comme d'hab'.

Et puis bon, 30 élèves ingérables, hein... Pour beaucoup de choses qui clochent dans nos établissements, il n'y a pas besoin de sous : c'est essentiellement une question d'idéologie. Faut-il des sous pour que l'administration soutienne les profs, par exemple ? Faut-il des sous pour supprimer les projets bidons (et coûteux), l'idéologie des TICE à tout va, etc. ? Non, au contraire, on ferait des économies à supprimer tout ça. Il n'y a qu'à voir la réforme du primaire : il n'y a pas de sous pour les PE mais il y en a pour dégrader les conditions de travail de tout le monde Rolling Eyes

Absolument.
20 ans que j'enseigne et que j'entends les syndicats dire, au moindre mouvement de grève: "Non, non, pas d'augmentation de salaire, hein! Seulement des moyens pour les élèves dans l'intérêt de l'enfant" en rosissant comme des jeunes filles à l'idée qu'on puisse soupçonner les enseignants pour travailler pour autre chose que la gloire.

Résultat, on a ni l'un ni l'autre.

Encore une chose: croyez-moi, je vivais bien mieux à mes débuts avec le salaire de l'époque. Les classes de 35 n'existaient pas, il était même rare d'avoir 30 élèves. En tant qu'élève, je n'ai jamais connu plus de classe de 25/26 élèves. Les TZR (TA) étaient très rares et les compléments de service encore plus.
Aujourd'hui, dans les lycées voisins, les classes de 2nde sont à 37. Toutes. Le niveau scolaire s'effondre. Les TZR pullulent, les CDS sur 2, 3, 4 établissements se multiplient, l'opinion publique nous traite ouvertement de feignants, les gouvernements aussi, à peine implicitement. Notre pouvoir d'achat a fondu comme neige au soleil.
Je crois que je n'ai rien oublié.


Et il faudrait refuser des augmentations de salaire, la main sur le cœur ?

De toute manière, la question du salaire est en train de s'imposer d'elle-même et de régler son compte à l'enseignement. Admettons que ceux qui sont en place s'en moquent. De toute manière ils sont piégés dans le métier, passé un certain âge la reconversion est impossible, leurs conditions de travail vont se dégrader et leur salaire aussi. Le mépris, c'est un tout, conditions de travail et salaire : et nos élèves sont les premiers à nous mépriser, parce qu'ils savent ce qu'ils sont et ce qu'ils font vivre aux enseignants, et aussi pour le salaire, puisque faire ça pour être un "charclo" comme le dit un intervenant ici , ça les dépasse. Nous ne pouvons être que des déclassés.

Il faut donc se placer maintenant du point de vue des candidats potentiels, et nous arrivons, tout le monde le voit, dans des "classes creuses" dans certaines matières : ça a commencé par les maths, puis certaines langues, parce que les débouchés étaient meilleurs ailleurs. Maintenant, ce sont les lettres, qui agonisent, et pire encore, les facs commencent à se vider , surtout après la licence, précisément pour éviter d'être enseignant. En huit ans , les lettres modernes ont perdu au Capes 65 % de candidats, les lettres classiques 85% , et en ce moment même, le vivier est très faible, l'effet sur les 5 prochaines années va être terrible.

Et là, on ne trouvera pas de contractuels venant du privé . Je crois que c'est terminé, la machine est tellement détruite que c'est une page qui se tourne. Même si une volonté politique miraculeuse voulait y remédier, il faudrait des décennies. La première chose à faire serait le salaire : on ne se lance pas dans 6 ans d'études pour vivre dans les difficultés, et ne même pas enseigner vraiment sa matière. Les étudiants ne sont pas si ignorants des réalités, ils savent parfaitement ce que sont la majorité des collèges et ce qu'on y fait. L'agreg fait encore un peu recette, parce que beaucoup considèrent que c'est le minima acceptable, le message est fort clair.

http://skhole.fr/qui-veut-encore-devenir-professeur-ou-la-crise-de-la-vocation-enseignante-par-marian-balastre

En tout cas, je sais que je n'ai plus qu'à regarder le naufrage, je n'ai aucune illusion pour la matière que j'enseigne. Il va rester quelques passionnés dans les facs, des adultes qui s'y remettent, des enseignants qui vont tenter de s'esquiver (mais comment ? vers le supérieur) mais des gens qui s'y lancent en masse, il ne faut plus rêver. La traversée du désert a commencé.

Tout a été dit, et je viens trop tard :lol: Je suis entièrement d'accord avec les perspectives annoncées ci-dessus : naufrage en vue, vivier très faible et tarissement des vocations. Le métier de prof n'est plus un métier qui attire. Certains étudiants rêvent encore de l'enseignement supérieur, mais les places sont rares et chères...
Le supérieur va s'ouvrir largement quand le cycle unique "seconde-licence" sera mis en place, après le cycle "maternelle supérieure-3ème" . 80 % d'une tranche d'âge à la licence... araignée

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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)

Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.

Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
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Hors-série du Nouvel Obs : "Etre enseignant aujourd'hui" - Page 11 Empty Re: Hors-série du Nouvel Obs : "Etre enseignant aujourd'hui"

par Mama Dim 3 Mar 2013 - 21:49
Moonchild a écrit:
On a l'habitude de dire que les syndicats ont accepté d'abandonner les revendications salariales en contrepartie de "moyens" pour améliorer les conditions de travail, mais c'est oublier que ces "moyens" sont avant tout des dispositifs d'accompagnement destinés à rendre applicable la réforme de fond de notre modèle éducatif. En cautionnant les discours sur l'élève au centre du système ainsi que toutes les innovations pédagogiques qui vont avec, la plupart des syndicats ont accepté qu'on sape les fondations même de notre professsion. Entre la majorité des syndicats enseignants et les instigateurs des réformes, il y a une réelle complicité idéologique autour du refus de toute sélection au mérite et d'une totale indulgence envers les perturbateurs ; d'ailleurs cette doctrine reste profondément ancrée sur le terrain chez beaucoup de profs qui, bien que confrontés à des élèves ingérables, continuent souvent à clamer qu'on ne peut pas les exclure du système car "on doit leur donner une seconde chance, il faut bien qu'on fasse quelque chose pour eux" - un très bon exemple est donné par les conversations sur l'apprentissage qui révèlent à quel point nous sommes incapables de nous résoudre à laisser partir des jeunes qui ne sont manifestement pas à leur place dans une salle de classe.
Finalement, la position des syndicats reflète très bien cette espèce de "surmoi" progressiste qui contraint l'ensemble de la profession à faire passer la réalité au second plan derrière ses beaux principes.

je suis très étonnée, je n'ai certes fréquenté que 5 établissements pour l'instant, mais partout je n'ai entendu et vu que des syndicalistes qui parlent exclusivement salaire et pouvoir d'achat. Et je n'en ai jamais entendu un seul défendre l'idée de mettre plus d'argent dans des dispositifs en accord avec la réforme Hors-série du Nouvel Obs : "Etre enseignant aujourd'hui" - Page 11 3795679266 ...
D'ailleurs, ces hypothétiques moyens, on peut les utiliser d'une autre manière que dans des projets progressistes, qui n'influent pas tellement, d'ailleurs, sur nos conditions de travail, au contraire, toutes les activités inhabituelles étant généralement épuisantes pour ceux qui les encadrent - parfois sans l'avoir choisi...
Moonchild
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Hors-série du Nouvel Obs : "Etre enseignant aujourd'hui" - Page 11 Empty Re: Hors-série du Nouvel Obs : "Etre enseignant aujourd'hui"

par Moonchild Dim 3 Mar 2013 - 22:34
mamamanette a écrit:je suis très étonnée, je n'ai certes fréquenté que 5 établissements pour l'instant, mais partout je n'ai entendu et vu que des syndicalistes qui parlent exclusivement salaire et pouvoir d'achat. Et je n'en ai jamais entendu un seul défendre l'idée de mettre plus d'argent dans des dispositifs en accord avec la réforme Hors-série du Nouvel Obs : "Etre enseignant aujourd'hui" - Page 11 3795679266 ...
D'ailleurs, ces hypothétiques moyens, on peut les utiliser d'une autre manière que dans des projets progressistes, qui n'influent pas tellement, d'ailleurs, sur nos conditions de travail, au contraire, toutes les activités inhabituelles étant généralement épuisantes pour ceux qui les encadrent - parfois sans l'avoir choisi...
Pour les syndicalistes qui "parlent exclusivement salaire et pouvoir d'achat", il y a une évolution récente au niveau de la base (changement de millénaire ? promesses sarkozystes non tenues sur le gagner plus ? crainte de la crise économique et refus de la rigueur budgétaire ?) mais il faut maintenant que cela remonte dans les hautes sphères ; en tous cas, ce n'était pas le discours dominant des syndicats jusqu'aux années 2000, lorsque la pierre d'angle de la réforme - le basculement idéologique vers la pédagogie centrée sur l'enfant - a été posée.
Cela dit, sur le terrain j'entends toujours des syndicalistes (et pas uniquement SGEN ou UNSA) accueillir avec une certaine ambiguïté les réformes pédagogiques, s'opposant sur la forme mais adhérant sur le fond selon les discours "ce serait un dispositif intéressant, mais il faut plus de moyens" ou "il faut bien s'adapter au nouveau public, on ne peut plus continuer à enseigner comme il y a cinquante ans". C'est ainsi que, par exemple, le petit chef local de la section CGT affirme que dans le fond les TPE c'est une plutôt une bonne idée puisque c'est selon lui l'occasion de faire un peu d'épistémologie avec les élèves, mais il faudrait les organiser différemment ou encore qu'il défend la diminution des heures de cours disciplinaires car l'emploi du temps des classes est trop chargé.
En même temps, par chez moi, quand dès qu'un homme politique envisage publiquement de revenir à la méthode syllabique, on assiste à une levée de boucliers et on peut voir ressortir l'épouvantail du retour à une éducation qui ôte tout esprit critique comme avant 68. Rolling Eyes
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par philann Dim 3 Mar 2013 - 22:43
Moonchild a écrit:
En même temps, par chez moi, quand dès qu'un homme politique envisage publiquement de revenir à la méthode syllabique, on assiste à une levée de boucliers et on peut voir ressortir l'épouvantail du retour à une éducation qui ôte tout esprit critique comme avant 68. Rolling Eyes

Et ça c'est vraiment un discours très très bête!!!
Car l'esprit critique on ne le gagne qu'à force d'exposition à la culture et à la formation de la pensée!! Les étudiants soixante-huitards avaient tous tété les mamelles de la culture générale et de la culture classique!!! Et ils étaient beaucoup moins réactionnaires qu'un lycéen ou étudiant actuel!!
Par ailleurs, on nie toujours les grandes qualités pédagogiques des jésuites, qui ont formé tant de brillants...anti-jésuites convaincus!!


« J'ai été élevé pendant sept ans chez des hommes qui se donnent des peines gratuites et infatigables à former l'esprit et les mœurs de la jeunesse. Depuis quand veut-on que l'on soit sans reconnaissance pour ses maîtres ? Quoi ! il sera dans la nature de l'homme de revoir avec plaisir une maison où l'on est né, le village où l'on a été nourri par une femme mercenaire, et il ne serait pas dans notre cœur d'aimer ceux qui ont pris un soin généreux de nos premières années ? Si des Jésuites ont un procès au Malabar avec un capucin, pour des choses dont je n'ai point connaissance, que m'importe ? Est-ce une raison pour moi d'être ingrat envers ceux qui m'ont inspiré le goût des belles-lettres, et des sentiments qui feront jusqu'au tombeau la consolation de ma vie ? Rien n'effacera dans mon cœur la mémoire du père Porée, qui est également cher à tous ceux qui ont étudié sous lui. Jamais homme ne rendit l'étude et la vertu plus aimables. Les heures de ses leçons étaient pour nous des heures délicieuses ; et j'aurais voulu qu'il eût été établi dans Paris, comme dans Athènes, qu'on pût assister à de telles leçons ; je serais revenu souvent les entendre. J'ai eu le bonheur d'être formé par plus d'un Jésuite du caractère du père Porée, et je sais qu'il a des successeurs dignes de lui. Enfin, pendant les sept années que j'ai vécu dans leur maison, qu'ai-je vu chez eux ? La vie la plus laborieuse, la plus frugale, la plus réglée ; toutes leurs heures partagées entre les soins qu'ils nous donnaient et les exercices de leur profession austère. J'en atteste des milliers d'hommes élevés par eux comme moi ; il n'y en aura pas un seul qui puisse me démentir... »
— Voltaire, Lettre au père de Latour ; à Paris, le 7 février 1746.
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par *Lady of Shalott* Lun 4 Mar 2013 - 6:44
Lefteris a écrit:
*Lady of Shalott* a écrit:
Lefteris a écrit:
cath5660 a écrit:
lene75 a écrit:

Encore une fois, c'est l'option qui a été systématiquement proposée et choisie depuis une trentaine d'années. On voit où ça a mené : les conditions de travail sont ce qu'elles sont et les salaires aussi. Tu crois que si le gouvernement actuel réduit par exemple les classes à 30, ce sera maintenu plus de 2 ou 3 ans ? Dans 2 ans ou quand on changera de gouvernement, on nous dira que ce n'est plus possible, ou on fera comme d'habitude : on ne nous dira rien et en augmentera progressivement. Et en attendant, on aura tout perdu, comme d'hab'.

Et puis bon, 30 élèves ingérables, hein... Pour beaucoup de choses qui clochent dans nos établissements, il n'y a pas besoin de sous : c'est essentiellement une question d'idéologie. Faut-il des sous pour que l'administration soutienne les profs, par exemple ? Faut-il des sous pour supprimer les projets bidons (et coûteux), l'idéologie des TICE à tout va, etc. ? Non, au contraire, on ferait des économies à supprimer tout ça. Il n'y a qu'à voir la réforme du primaire : il n'y a pas de sous pour les PE mais il y en a pour dégrader les conditions de travail de tout le monde Rolling Eyes

Absolument.
20 ans que j'enseigne et que j'entends les syndicats dire, au moindre mouvement de grève: "Non, non, pas d'augmentation de salaire, hein! Seulement des moyens pour les élèves dans l'intérêt de l'enfant" en rosissant comme des jeunes filles à l'idée qu'on puisse soupçonner les enseignants pour travailler pour autre chose que la gloire.

Résultat, on a ni l'un ni l'autre.

Encore une chose: croyez-moi, je vivais bien mieux à mes débuts avec le salaire de l'époque. Les classes de 35 n'existaient pas, il était même rare d'avoir 30 élèves. En tant qu'élève, je n'ai jamais connu plus de classe de 25/26 élèves. Les TZR (TA) étaient très rares et les compléments de service encore plus.
Aujourd'hui, dans les lycées voisins, les classes de 2nde sont à 37. Toutes. Le niveau scolaire s'effondre. Les TZR pullulent, les CDS sur 2, 3, 4 établissements se multiplient, l'opinion publique nous traite ouvertement de feignants, les gouvernements aussi, à peine implicitement. Notre pouvoir d'achat a fondu comme neige au soleil.
Je crois que je n'ai rien oublié.


Et il faudrait refuser des augmentations de salaire, la main sur le cœur ?

De toute manière, la question du salaire est en train de s'imposer d'elle-même et de régler son compte à l'enseignement. Admettons que ceux qui sont en place s'en moquent. De toute manière ils sont piégés dans le métier, passé un certain âge la reconversion est impossible, leurs conditions de travail vont se dégrader et leur salaire aussi. Le mépris, c'est un tout, conditions de travail et salaire : et nos élèves sont les premiers à nous mépriser, parce qu'ils savent ce qu'ils sont et ce qu'ils font vivre aux enseignants, et aussi pour le salaire, puisque faire ça pour être un "charclo" comme le dit un intervenant ici , ça les dépasse. Nous ne pouvons être que des déclassés.

Il faut donc se placer maintenant du point de vue des candidats potentiels, et nous arrivons, tout le monde le voit, dans des "classes creuses" dans certaines matières : ça a commencé par les maths, puis certaines langues, parce que les débouchés étaient meilleurs ailleurs. Maintenant, ce sont les lettres, qui agonisent, et pire encore, les facs commencent à se vider , surtout après la licence, précisément pour éviter d'être enseignant. En huit ans , les lettres modernes ont perdu au Capes 65 % de candidats, les lettres classiques 85% , et en ce moment même, le vivier est très faible, l'effet sur les 5 prochaines années va être terrible.

Et là, on ne trouvera pas de contractuels venant du privé . Je crois que c'est terminé, la machine est tellement détruite que c'est une page qui se tourne. Même si une volonté politique miraculeuse voulait y remédier, il faudrait des décennies. La première chose à faire serait le salaire : on ne se lance pas dans 6 ans d'études pour vivre dans les difficultés, et ne même pas enseigner vraiment sa matière. Les étudiants ne sont pas si ignorants des réalités, ils savent parfaitement ce que sont la majorité des collèges et ce qu'on y fait. L'agreg fait encore un peu recette, parce que beaucoup considèrent que c'est le minima acceptable, le message est fort clair.

http://skhole.fr/qui-veut-encore-devenir-professeur-ou-la-crise-de-la-vocation-enseignante-par-marian-balastre

En tout cas, je sais que je n'ai plus qu'à regarder le naufrage, je n'ai aucune illusion pour la matière que j'enseigne. Il va rester quelques passionnés dans les facs, des adultes qui s'y remettent, des enseignants qui vont tenter de s'esquiver (mais comment ? vers le supérieur) mais des gens qui s'y lancent en masse, il ne faut plus rêver. La traversée du désert a commencé.

Tout a été dit, et je viens trop tard :lol: Je suis entièrement d'accord avec les perspectives annoncées ci-dessus : naufrage en vue, vivier très faible et tarissement des vocations. Le métier de prof n'est plus un métier qui attire. Certains étudiants rêvent encore de l'enseignement supérieur, mais les places sont rares et chères...
Le supérieur va s'ouvrir largement quand le cycle unique "seconde-licence" sera mis en place, après le cycle "maternelle supérieure-3ème" . 80 % d'une tranche d'âge à la licence... araignée

On ne suggère pour le moment "que" 50 % d'une classe d'âge à la licence. Tu es en avance sur ton temps araignée araignée

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"Est-ce que les professeurs vont dans un au-delà spécial quand ils meurent ? fit Cohen. - Je ne crois pas", répondit tristement monsieur Cervelas. Il se demanda un instant s'il existait réellement dans les cieux une grande Heure de Libre. Ça paraissait peu probable. Il y aurait sûrement des corrections à se taper. (T. Pratchett, Les Tribulations d'un mage en Aurient)
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par almuixe Lun 4 Mar 2013 - 18:55
Moonchild a écrit:
En même temps, par chez moi, quand dès qu'un homme politique envisage publiquement de revenir à la méthode syllabique, on assiste à une levée de boucliers et on peut voir ressortir l'épouvantail du retour à une éducation qui ôte tout esprit critique comme avant 68. Rolling Eyes

Et si cette épouvantable éducation ôtait tout sens critique, comment alors expliquer que ceux qui l'ont subi aient été par la suite capables de se rebeller ? Suspect
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par retraitée Lun 4 Mar 2013 - 20:16
Vous auriez dû voir ma seconde (et les classes suivantes!) en 61/62!
Pas d'esprit critique mon cul, aurait dit Zazie!
Et les débats dans les facs occupées, en 68, c'était formateur! Des étudiants de 18 ans ratatinaient certains vieux routiers de la politique, qui avaient, je le concède, le courage de venir débattre.
J'ai plus appris en un mois de 68 que durant les années de fac antérieures !
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par lene75 Mar 5 Mar 2013 - 8:37
La représentante syndicale de mon lycée (pourtant SNES) correspond à peu près à ce que décrit Moonchild : pas du tout portée sur les salaires, elle fait d'ailleurs du bénévolat et trouve que tout le monde devrait en faire autant "dans l'intérêt des élèves", elle trouve qu'il faut s'adapter aux jeunes d'aujourd'hui et comme le dit Moonchild, sa critique des réformes est assez ambiguë, elle en critique parfois en l'état mais tend effectivement à dire que ce serait super s'il y avait des sous derrière, mais qu'en l'état actuel des finances, on peut faire un effort de notre côté, elle est à fond pour tout ce qui est interdisciplinaire, travail en groupe, progression commune, elle se mêle de la manière de faire cours et de noter de ses collègues d'autres disciplines, elle trouve qu'il faut "faire venir les collègues au lycée" pour ceci ou cela, sans rémunération, bien sûr. D'après elle, on ne peut pas en demander autant aux élèves d'aujourd'hui qu'à ceux d'hier et même les prépas et grandes écoles "vont bien devoir s'adapter". Mais elle est en fin de carrière, à temps partiel, a les meilleures classes du lycée, et son mari gagne bien sa vie, si bien qu'elle a pu s'arrêter de travailler quand ses enfants étaient petits. L'argent et le temps de travail ne sont donc pas ses préoccupations principales : elle représente donc peut-être l'ancien vivier de l'EN et l'ancien discours des syndicats, n'empêche que ces gens-là pèsent encore dans la balance aujourd'hui.

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par retraitée Mar 5 Mar 2013 - 8:54
Qui l'a élue?
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par Lefteris Mar 5 Mar 2013 - 8:56
lene75 a écrit:La représentante syndicale de mon lycée (pourtant SNES) correspond à peu près à ce que décrit Moonchild : pas du tout portée sur les salaires, elle fait d'ailleurs du bénévolat et trouve que tout le monde devrait en faire autant "dans l'intérêt des élèves", elle trouve qu'il faut s'adapter aux jeunes d'aujourd'hui et comme le dit Moonchild, sa critique des réformes est assez ambiguë, elle en critique parfois en l'état mais tend effectivement à dire que ce serait super s'il y avait des sous derrière, mais qu'en l'état actuel des finances, on peut faire un effort de notre côté, elle est à fond pour tout ce qui est interdisciplinaire, travail en groupe, progression commune, elle se mêle de la manière de faire cours et de noter de ses collègues d'autres disciplines, elle trouve qu'il faut "faire venir les collègues au lycée" pour ceci ou cela, sans rémunération, bien sûr. D'après elle, on ne peut pas en demander autant aux élèves d'aujourd'hui qu'à ceux d'hier et même les prépas et grandes écoles "vont bien devoir s'adapter". Mais elle est en fin de carrière, à temps partiel, a les meilleures classes du lycée, et son mari gagne bien sa vie, si bien qu'elle a pu s'arrêter de travailler quand ses enfants étaient petits. L'argent et le temps de travail ne sont donc pas ses préoccupations principales : elle représente donc peut-être l'ancien vivier de l'EN et l'ancien discours des syndicats, n'empêche que ces gens-là pèsent encore dans la balance aujourd'hui.
affraid affraid C'est un sous marin de l’administration ?
Et dans quelle matière enseigne-t-elle? Elle n'a pas de copies pour raisonner comme ça ?
Quand au fait de ne "pas pouvoir en demander autant aux élèves d'aujourd'hui", il ne lui vient pas une seconde à l'esprit que l'école a peut-être pour mission non pas de faire du suivisme , mais de résister et tenter de remédier à cet état de fait engendré par la société de consommation ?
A moins qu'elle ne croie à une mutation génétique... Rolling Eyes

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par supersoso Mar 5 Mar 2013 - 9:11
Lefteris a écrit:
lene75 a écrit:La représentante syndicale de mon lycée (pourtant SNES) correspond à peu près à ce que décrit Moonchild : pas du tout portée sur les salaires, elle fait d'ailleurs du bénévolat et trouve que tout le monde devrait en faire autant "dans l'intérêt des élèves", elle trouve qu'il faut s'adapter aux jeunes d'aujourd'hui et comme le dit Moonchild, sa critique des réformes est assez ambiguë, elle en critique parfois en l'état mais tend effectivement à dire que ce serait super s'il y avait des sous derrière, mais qu'en l'état actuel des finances, on peut faire un effort de notre côté, elle est à fond pour tout ce qui est interdisciplinaire, travail en groupe, progression commune, elle se mêle de la manière de faire cours et de noter de ses collègues d'autres disciplines, elle trouve qu'il faut "faire venir les collègues au lycée" pour ceci ou cela, sans rémunération, bien sûr. D'après elle, on ne peut pas en demander autant aux élèves d'aujourd'hui qu'à ceux d'hier et même les prépas et grandes écoles "vont bien devoir s'adapter". Mais elle est en fin de carrière, à temps partiel, a les meilleures classes du lycée, et son mari gagne bien sa vie, si bien qu'elle a pu s'arrêter de travailler quand ses enfants étaient petits. L'argent et le temps de travail ne sont donc pas ses préoccupations principales : elle représente donc peut-être l'ancien vivier de l'EN et l'ancien discours des syndicats, n'empêche que ces gens-là pèsent encore dans la balance aujourd'hui.
affraid affraid C'est un sous marin de l’administration ?
Et dans quelle matière enseigne-t-elle? Elle n'a pas de copies pour raisonner comme ça ?
Quand au fait de ne "pas pouvoir en demander autant aux élèves d'aujourd'hui", il ne lui vient pas une seconde à l'esprit que l'école a peut-être pour mission non pas de faire du suivisme , mais de résister et tenter de remédier à cet état de fait engendré par la société de consommation ?
A moins qu'elle ne croie à une mutation génétique... Rolling Eyes

C'est marrant :shock: , dans le 1er degré, on en a plein sur ce modèle-là... Et que je t'en rajoute une couche sur les projets dont une bonne partie doit être fait sur le temps perso. et une autre sur des livrets et évaluations supplémentaires parce que quand même ça fait bien auprès de l'IEN et en plus ça montre qu'on est attentif au suivi de l'enfant... Et une autre couche sur le fait que bon, si on n'y arrive pas, c'est pas du à nos méthodes, non, c'est le milieu qui veut ça... etc.
Bon nous en général, ils cherchent aussi à être MF et directeur histoire d'être déchargé un max, parce qu'avec tout ce qu'ils rajoutent, faudrait quand même pas qu'ils s'épuisent, non ?
Lene, je compatis fleurs
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par Lefteris Mar 5 Mar 2013 - 9:24
supersoso a écrit:
Lefteris a écrit:
lene75 a écrit:La représentante syndicale de mon lycée (pourtant SNES) correspond à peu près à ce que décrit Moonchild : pas du tout portée sur les salaires, elle fait d'ailleurs du bénévolat et trouve que tout le monde devrait en faire autant "dans l'intérêt des élèves", elle trouve qu'il faut s'adapter aux jeunes d'aujourd'hui et comme le dit Moonchild, sa critique des réformes est assez ambiguë, elle en critique parfois en l'état mais tend effectivement à dire que ce serait super s'il y avait des sous derrière, mais qu'en l'état actuel des finances, on peut faire un effort de notre côté, elle est à fond pour tout ce qui est interdisciplinaire, travail en groupe, progression commune, elle se mêle de la manière de faire cours et de noter de ses collègues d'autres disciplines, elle trouve qu'il faut "faire venir les collègues au lycée" pour ceci ou cela, sans rémunération, bien sûr. D'après elle, on ne peut pas en demander autant aux élèves d'aujourd'hui qu'à ceux d'hier et même les prépas et grandes écoles "vont bien devoir s'adapter". Mais elle est en fin de carrière, à temps partiel, a les meilleures classes du lycée, et son mari gagne bien sa vie, si bien qu'elle a pu s'arrêter de travailler quand ses enfants étaient petits. L'argent et le temps de travail ne sont donc pas ses préoccupations principales : elle représente donc peut-être l'ancien vivier de l'EN et l'ancien discours des syndicats, n'empêche que ces gens-là pèsent encore dans la balance aujourd'hui.
affraid affraid C'est un sous marin de l’administration ?
Et dans quelle matière enseigne-t-elle? Elle n'a pas de copies pour raisonner comme ça ?
Quand au fait de ne "pas pouvoir en demander autant aux élèves d'aujourd'hui", il ne lui vient pas une seconde à l'esprit que l'école a peut-être pour mission non pas de faire du suivisme , mais de résister et tenter de remédier à cet état de fait engendré par la société de consommation ?
A moins qu'elle ne croie à une mutation génétique... Rolling Eyes

C'est marrant :shock: , dans le 1er degré, on en a plein sur ce modèle-là... Et que je t'en rajoute une couche sur les projets dont une bonne partie doit être fait sur le temps perso. et une autre sur des livrets et évaluations supplémentaires parce que quand même ça fait bien auprès de l'IEN et en plus ça montre qu'on est attentif au suivi de l'enfant... Et une autre couche sur le fait que bon, si on n'y arrive pas, c'est pas du à nos méthodes, non, c'est le milieu qui veut ça... etc.
Bon nous en général, ils cherchent aussi à être MF et directeur histoire d'être déchargé un max, parce qu'avec tout ce qu'ils rajoutent, faudrait quand même pas qu'ils s'épuisent, non ?
Lene, je compatis fleurs

De la servitude volontaire ...
En même temps, la collègue décrite par Lene n'est que déléguée syndicale, au mieux son opinion touche ses adhérents, et ses adhérents influençables (c'est pas une religion, un syndicat) je ne vois pas comment elle peut imposer quoi que ce soit. Je n'ai jamais eu de conflits avec des collègues, mais là, si une du même format mettait le nez dans mon boulot, je lui dirais de s'occuper de son :censure: .
Je suis complètement à contre-courant, j'estime qu'à chaque coup supplémentaire porté, on doit faire passer par dessus-bord tout l'extra-professionnel (projets, présence indue dans l'établissement, réunionnite ...) qui ne sert à rien -ça se saurait- épuise, empiète sur nos capacités proprement professionnelles, notre vie privée.

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par lene75 Mar 5 Mar 2013 - 9:30
Maths. Elle a chaque année la meilleure TS du lycée (+ cette année 1h30 d'AP avec eux en tant que PP) + la spé maths et cette année elle a une classe techno, mais elle a dit qu'elle ne prendrait plus de classes technos parce qu'ils la fatiguent... Je crois qu'on ne fait pas exactement le même métier... Cela dit elle est très sympa et toujours prête à aider, si bien qu'elle est globalement appréciée. C'est ça le pire : elle y croit vraiment et ne se rend absolument pas compte, à tel point qu'elle prend chaque année un stagiaire et est toujours fourrée dans les concertations avec les IPR Sad

Lefteris : le moyen d'imposer des trucs ? Être la chouchoute de l'administration et donner de "brillantes" idée à la CDE qui en a déjà assez toute seule... On s'est un peu pris la tête avec elle avec ma collègue de philo quand elle est venue fourrer son nez dans notre travail.

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par Cath Mar 5 Mar 2013 - 9:55
lene75 a écrit:
On s'est un peu pris la tête avec elle avec ma collègue de philo quand elle est venue fourrer son nez dans notre travail.

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par Lefteris Mar 5 Mar 2013 - 10:10
lene75 a écrit:Maths. Elle a chaque année la meilleure TS du lycée (+ cette année 1h30 d'AP avec eux en tant que PP) + la spé maths et cette année elle a une classe techno, mais elle a dit qu'elle ne prendrait plus de classes technos parce qu'ils la fatiguent... Je crois qu'on ne fait pas exactement le même métier... Cela dit elle est très sympa et toujours prête à aider, si bien qu'elle est globalement appréciée. C'est ça le pire : elle y croit vraiment et ne se rend absolument pas compte, à tel point qu'elle prend chaque année un stagiaire et est toujours fourrée dans les concertations avec les IPR Sad

Lefteris : le moyen d'imposer des trucs ? Être la chouchoute de l'administration et donner de "brillantes" idée à la CDE qui en a déjà assez toute seule... On s'est un peu pris la tête avec elle avec ma collègue de philo quand elle est venue fourrer son nez dans notre travail.
Ce que j'ai du mal à comprendre, c'est comment elle peut être "globalement appréciée" alors qu'elle est comme ça. Je m'en méfierais comme de la peste.
J'ai une collègue de musique qui entraîne facilement les autres dans des projets (son prédécesseur aussi) , je suis tombé dans le panneau une fois (je débutais pratiquement) : j'ai dû bosser 50 heures en comptant chichement (il m'a fallu refaire des séquences complètes pour "coller" au projet "interdisciplinaire") , plus des sorties qui m'ont pourri des journées, on m'a payé 12 HSE . Je n'ai pas fait de scandale, j'en ai tiré les leçons qui s'imposent. D'ailleurs, j'ai bien remarqué que les moulins à vent sont dans des matières avec peu de corrections/lectures, ou bien ont une vie indigente hors de l'établissement et de leur métier, ou bien aiment les caresses du chef.
Ce qui me rassure quand même, c'est que de plus en plus de collègues tournent le dos en entendant le mot "projet" . J'ai même un collègue qui dit tout haut : "Un projet est un travail , or un travail doit être payé. Pas de salaire , pas de projet".

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par lene75 Mar 5 Mar 2013 - 10:11
cath5660 a écrit:
lene75 a écrit:
On s'est un peu pris la tête avec elle avec ma collègue de philo quand elle est venue fourrer son nez dans notre travail.

affraid

Vous savez que vous me rassurez à être choqués comme ça ? Non parce que dans mon lycée, on a plusieurs spécimens du genre, qui viennent dire aux autres comment ils devraient travailler alors qu'ils ne connaissent rien à leur matière professeur quand ce n'est pas carrément à l'administration qu'ils vont donner leurs précieux conseils sur les matières des autres, et je croyais que c'était comme ça partout No

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par Lefteris Mar 5 Mar 2013 - 10:17
lene75 a écrit:
cath5660 a écrit:
lene75 a écrit:
On s'est un peu pris la tête avec elle avec ma collègue de philo quand elle est venue fourrer son nez dans notre travail.

affraid

Vous savez que vous me rassurez à être choqués comme ça ? Non parce que dans mon lycée, on a plusieurs spécimens du genre, qui viennent dire aux autres comment ils devraient travailler alors qu'ils ne connaissent rien à leur matière professeur quand ce n'est pas carrément à l'administration qu'ils vont donner leurs précieux conseils sur les matières des autres, et je croyais que c'était comme ça partout No
Finalement, hormis un "public" difficile, je ne suis pas si mal que ça ...
Mais se mêler de tout, c'est le propre du pédagogisme, dont un des dogmes essentiel est : "les matières ne sont pas importantes, il faut apprendre à apprendre". Donc celui qui est persuadé qu'il sait apprendre à apprendre possède une grille universelle qui irait de la pêche à la ligne à la philosophie et du jeu de tarots au latin.
Ca me fait furieusement penser à Gorgias, leur lointain ancêtre (s'il fut comme celui de Platon), qui se dit supérieur par le maniement de la rhétorique à tous les corps de métier. Rolling Eyes

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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)

Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.

Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
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