Assassinat de notre collègue Samuel Paty

Matteo a écrit:Ca me met très mal à l'aise ces demandes d' "actions", bien sur entièrement pour notre pomme parce que la hiérarchie ne fait rien mais veut communiquer sur ce qu'elle fait. Je suis bien content qu'étant TZR je puisse me cacher dans un recoin parce que pour moi la seule modalité du deuil c'est le deuil justement, et donc le silence et la retenue. Franchement faire des ateliers pensées critiques quand quelqu'un a eu sa tête séparée de son corps, je ne pourrais pas. Au bout d'un moment la disproportion est trop grande. J'aurais l'impression de jouer le concert sur le Titanic.

Dans mon collège c'est rassemblement dans la cours avec discours du chef et moment de recueillement. J'apprécie beaucoup que le principal s'en occupe et ne nous renvoie pas la responsabilité de cet hommage. Il nous demande juste de prévenir les classes, mais nous faisons comme nous l'entendons.

Chez nous c'est à chaque pp de se débrouiller. Ponce Pilate a de beaux jours devant lui.

Clecle78 a écrit:Chez nous c'est à chaque pp de se débrouiller. Ponce Pilate a de beaux jours devant lui.

Un rassemblement de tous les élèves, c'est quand même autre chose ! C'est une vraie commémoration.
Clecle78, ton chef s'en fout de Samuel Paty visiblement.

Je n'ai pas cours au lycée aujourd'hui mais j'ai bien regardé ma boite mail : aucune info sur un quelconque hommage demain ou lundi.

Tout est calé chez vous ?

Je fais un devoir de 2h demain matin j'espère ne pas avoir de changement au dernier moment.

rien ici non plus

Dans notre établissement, une minute de silence est programmée demain (cadencée par la sonnerie pendant une heure de cours), suivie ou non par un échange en classe à l'initiative de chaque enseignant.

Voltigeur a écrit:Dans notre établissement, une minute de silence est programmée demain (cadencée par la sonnerie pendant une heure de cours), suivie ou non par un échange en classe à l'initiative de chaque enseignant.

Je trouve cela particulièrement dégeulasse. L'insittution devrait organiser quelque chose de fort et collectif et non pas laisser cette lourde tâche à l'initiative des enseignants en leur refilant cette responsabilité.

Le lien vers la chronique de France Inter de ce matin évoquée quelques posts plus haut :

Texte lisible sur ce lien : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/en-toute-subjectivite/en-toute-subjectivite-du-jeudi-13-octobre-2022-6240003

Après réunion avec des collègues on a retenu ceci qui a été validé par la chef d'établissement :
- une séance avec chaque classe durant la semaine à venir
- animé par le collègue en charge de l'EMC (HG, philo, SES). En binôme pour certaines classes un peu chaudes.
- avec comme support un diaporama commun
- et en fin de semaine prochaine une minute de silence.
Nous avons trouvé un peu risqué et en tout cas peu pédagogique de faire une minute de silence sans préparation préalable sérieuse.

Chez nous, c'est lundi de 9h à 10h, charge à chaque enseignant de se débrouiller avec sa classe....

Isis39 a écrit:

Clecle78 a écrit:Chez nous c'est à chaque pp de se débrouiller. Ponce Pilate a de beaux jours devant lui.

Un rassemblement de tous les élèves, c'est quand même autre chose ! C'est une vraie commémoration.
Clecle78, ton chef s'en fout de Samuel Paty visiblement.

Elle se fout de tout ce qui n'est pas sa petite carrière en effet. Ça me dégoûte

C'est difficile je trouve de faire un choix entre rassemblement collectif ou chacun dans sa classe pour la minute de silence. J'ai tendance à penser que les risques de débordement et de contestation sont plus importants lorsque tous les élèves sont réunis dans la cour, mais je me trompe peut-être.

pseudo-intello a écrit:Le lien vers la chronique de France Inter de ce matin évoquée quelques posts plus haut :

Merci pour le partage.

LadyOlenna a écrit:C'est difficile je trouve de faire un choix entre rassemblement collectif ou chacun dans sa classe pour la minute de silence. J'ai tendance à penser que les risques de débordement et de contestation sont plus importants lorsque tous les élèves sont réunis dans la cour, mais je me trompe peut-être.

Si la présence adulte est forte et attentive et les élèves pas trop en désordre pas forcément à mon avis. Mais ça fait déjà beaucoup de conditions. Dans une classe si celle-ci a pris un peu le dessus sur un collègue les risques sont forts et celui-ci sera tout seul pour les affronter. D'où le fait que nous ayons retenu dans mon bahut la possibilité de binôme en fonction des classes. Sinon franchement faire juste une minute de silence avec des gamins qui la ferment sous la contrainte et n'en pensent pas moins cela fera peut-être plaisir au ministère mais est-ce satisfaisant?

Vieux_Mongol a écrit:

LadyOlenna a écrit:C'est difficile je trouve de faire un choix entre rassemblement collectif ou chacun dans sa classe pour la minute de silence. J'ai tendance à penser que les risques de débordement et de contestation sont plus importants lorsque tous les élèves sont réunis dans la cour, mais je me trompe peut-être.

Si la présence adulte est forte et attentive et les élèves pas trop en désordre pas forcément à mon avis. Mais ça fait déjà beaucoup de conditions. Dans une classe si celle-ci a pris un peu le dessus sur un collègue les risques sont forts et celui-ci sera tout seul pour les affronter. D'où le fait que nous ayons retenu dans mon bahut la possibilité de binôme en fonction des classes. Sinon franchement faire juste une minute de silence avec des gamins qui la ferment sous la contrainte et n'en pensent pas moins cela fera peut-être plaisir au ministère mais est-ce satisfaisant?

Je partage le questionnement de Vieux Mongol (dont j'adore le pseudo) et trouve cela d'une grande tristesse et révélateur de la couardise et de l'incompétence de notre institution.
J'en pleure.

J'en profite pour souligner le bien fondé de l'attitude de ma chef. La demande de minute de silence c'était normalement pour lundi. Elle a très bien compris que l'esprit devrait primer sur la lettre et a pris sur elle de décaler. C'est comme ça que devrait fonctionner l'administration.

berzeko a écrit:rien ici non plus

Même chose.

pseudo-intello a écrit:Le lien vers la chronique de France Inter de ce matin évoquée quelques posts plus haut :

Merci. Tellement vrai et douloureux à entendre.
Ajout : Dans mon lycée, aucun hommage n'est prévu.

Mail du chef aujourd'hui... Notre CDI va s'appeler Samuel Paty et il va faire un message pour les parents et les élèves. Puis, chaque professeur est libre de faire ce qu'il souhaite.
Bon, notre lycée a le nom d'un Juste de la ville, il aurait été difficile de faire moins.
Notre nouveau chef est vraiment très bien.

Chez nous rien d'annoncé pour le moment.
Annonce officielle tardive chez le chef lui laissant aucun temps pour une concertation préalable avec les professeurs, donc aucune information de sa part. Donc je pense qu'il n'y aura rien dans mon établissement. Et je me demande si ce n'est pas plus mal.

Balthamos a écrit:Chez nous rien d'annoncé pour le moment.
Annonce officielle tardive chez le chef lui laissant aucun temps pour une concertation préalable avec les professeurs, donc aucune information de sa part. Donc je pense qu'il n'y aura rien dans mon établissement. Et je me demande si ce n'est pas plus mal.

Moi je pense que c'est plus mal. Mettre sous le tapis les réactions épidermiques et déplacées d'élèves qui se réjouiraient de ce qui s'est passé, c'est encore vouloir se leurrer et faire preuve de lâcheté, ce qui n'est pas un signal fort envoyé à la défense de la laïcité qu'on on nous renvoie en permanence à la figure; et par ailleurs c'est empêcher dans le même temps les gens qui veulent se recueillir, de le faire.
Je rappelle que récemment un professeur a été menacé d'une "Samuel Paty" par un oncle mécontent du traitement que l'on réservait à sa nièce (à savoir, encore une fois, une mention en classe de caricatures).
Non seulement un patronyme qui devrait être respecté devient une expression pour désigner un assassinat, mais on continue de faire comme si de rien n'était.
Continuons.
(Je parle ici évidemment de la lâcheté institutionnelle).

LadyOlenna a écrit:C'est difficile je trouve de faire un choix entre rassemblement collectif ou chacun dans sa classe pour la minute de silence. J'ai tendance à penser que les risques de débordement et de contestation sont plus importants lorsque tous les élèves sont réunis dans la cour, mais je me trompe peut-être.

Tout est difficile dans ce contexte. Mais précisément je trouve que la difficulté partagée dans l'espace collectif que représente un établissement scolaire, portée par un CdE qui dispenserait une parole d'autorité assortie des voix des autres personnels à l'unisson, est surmontable. Dans l'espace clos de la classe, non.

LadyOlenna a écrit:C'est difficile je trouve de faire un choix entre rassemblement collectif ou chacun dans sa classe pour la minute de silence. J'ai tendance à penser que les risques de débordement et de contestation sont plus importants lorsque tous les élèves sont réunis dans la cour, mais je me trompe peut-être.

Oui, je crois, même si je comprends ton dilemme : chacun dans sa classe, d'une part, ça renvoie le chacun en question à la solitude définitive de Samuel Paty, c'est un peu rude. Et puis, si certains ont un peu ou beaucoup peur, ça va être zappé, ou ça va être compliqué. Les risques de débordement et de contestation, si nous sommes tous ensemble, n'existent pas davantage (pas moins non plus), mais on est, justement, plusieurs pour les circonvenir, avec l'institution en l'appui symbolique. Si des débordements ou contestations se produisent sans violence excessive dans une classe, à la place où tu es (ce n'est évident pas un reproche ou quoi que ce soit de cet ordre !), tu ne les verras pas, tu ne le sauras sans doute pas. La masse des élèves non plus, ce qui doit être ton souci, mais il y a - il me semble- beaucoup de risques pour que, dans ce cas, l'échec soit total pour ce groupe-là, et ravage le collègue qui y aura seul fait face. Tous ensemble dans la cour, en revanche, il faut que le trublion, seul ou à plusieurs, résiste à la masse, à la solennité, à l'émotion collective (à condition qu'elle existe, mais bon, ça devrait) : il me semble (moi aussi je peux me tromper) que l'effet d'entraînement peut aider à la faire sentir.

Dans mon LGT, on vient (cet après-midi !) d'avoir enfin un vague message à ce propos : "démerdez-vous". Il y a un autre fil, où je n'ai pas le courage d'intervenir ce soir, où l'on cause face à des menaces proférées contre une personne, un petit tas de viande humaine qui voudrait bien respirer encore un peu, de formation à la laïcité, etc. : dans certains bahuts, le "démerdez-vous" va résonner comme un nouvel abandon.

LadyOlenna a écrit:C'est difficile je trouve de faire un choix entre rassemblement collectif ou chacun dans sa classe pour la minute de silence. J'ai tendance à penser que les risques de débordement et de contestation sont plus importants lorsque tous les élèves sont réunis dans la cour, mais je me trompe peut-être.

Nous (professeurs) avons demandé que la minute de silence se fasse dans la cour, tous ensemble afin que ce moment soit moins dur à vivre que seul face à une classe.

Spoiler:

Nous croisons juste les doigts pour que la pluie ne s'en mêle pas car si c'est le cas, la minute de silence devra alors se faire dans nos classe.

Fenrir a écrit:Rien de prévu chez nous. Mais bon, rien d'étonnant vu le mode de fonctionnement de mon CDE.

Mise à jour : minute de silence lundi pour tout le monde.

puis "ceux qui le souhaitent " pourront faire une séquence pédagogique , liens éduscol, tout ça.