Assassinat de notre collègue Samuel Paty

Merci pour ce partage. Le discours de la soeur de Samuel Paty est extrêmement fort et argumenté et met vraiment le doigt sur les carences et les mensonges d'état. Je note aussi la référence au collègue jaloux, furieux d'avoir été éjecté de la coordination, c'est absolument terrible cette ignominie et cette bassesse qui ont eu des conséquences incalculables. J'avais bien entendu dire que Samuel Pary n'avait pas été soutenu par tous  ses collègues mais on comprend que certains ont involontairement participé à sa mise à mort.

On ne connaît pas, même si on peut les deviner, les raisons du refus de témoigner devant la justice de 3 collègues sollicités mais ça donne un autre éclairage au documentaire d’infrarouge et permet de mesurer l’ampleur du traumatisme dans ce collège. Baptiser un square en l’honneur de Samuel pour ne pas renommer le collège à son nom, comment dire...

J'ai regardé le documentaire hier, j'ai trouvé les paroles des collègues très fortes, très justes. Le silence des élèves lors de certaines séances filmées m'a interrogée.


Bravo aux collègues qui ont accepté d'être filmé, de montrer l'après.

Je regarderai.

Je vais regarder en replay, tranquillement pendant les vacances. J'ai juste zappé 5 minutes et suis tombée sur 4 collégiennes qui parlaient de M.Paty et une a sorti son cahier restè tel quel depuis le dernier cours ajoutant qu'elle n'avait pas voulu le continuer avec le remplaçant parce que c'était le " cahier de M.Paty" comme une relique. Comme l'a dit un intervenant, ça va forger leur vie.

Melyne5 a écrit:On ne connaît  pas, même si on peut les  deviner,  les raisons du refus de témoigner devant la justice de 3  collègues sollicités mais ça donne un autre éclairage au documentaire d’infrarouge et permet de mesurer l’ampleur du traumatisme dans  ce collège.  Baptiser un square en l’honneur de Samuel pour ne pas renommer le collège à son nom, comment dire...

Les squares dépendent de la commune, les collèges du département : ce ne sont pas les mêmes décideurs donc.

Ce n'est pas ce qu'a expliqué Mikaëlle Paty : nommer le square (qui n'existe pas encore) avec le nom de son frère a pour effet de ne plus avoir besoin de se poser la question pour le collège.

Ce matin, 8 h 20, sur France -Inter, je trouve les enseignants invités très bien. Combattifs, analytiques.
Frédéric Worms, directeur de l'École normale supérieure, le philosophe Pierre-Henri Tavoillot et Marie Cuirot, professeure d'histoire-géographie.
"Moi, je ne les redoute pas, il faut savoir s'emparer des questions sensibles en histoire et en EMC".
"Cela suppose d'avoir une vision globale, pas binaire".
"Cela suppose d'être entraîné".
Idée aussi que l'école a des concurrents. Ex Tik-Tok.
"Réponse : la démonstration. L'histoire enseigne des choses vérifiées, croise des sources". "Travail de longue haleine".

J'en avais un peu marre de certains qu'on a entendus ces derniers jours, avec une tendance de certains-certaines à se victimiser ou à s'apeurer.
Hier, une prof de lycée de la "capitale" du département voisin, qui cite une élève qui ne veut pas écrire "christianisme" sur son cahier. (En seconde, je suppose) . Et alors ? Qu'est-ce qu'elle a fait ? Elle a laissé tomber ?
Evidemment, relayé sur France 3-Centre (qui n'a pas peut-être rien eu d'autre à se mettre sous la dent).
Image renvoyée aussi par certains politiques (François Hollande).
J'entends mon voisin, me dire, de bonne foi, parce qu'il entend ces témoignages "Oui mais, c'est leur métier aux profs, de répondre aux gamins! ".

De plus, ce n'est pas comme ça, défaitistes, que je perçois la profession, ou les profs d'HG. Du moins ceux que je connais. Merci aux personnes invitées ce matin. C'était roboratif.

J'ai eu un peu "peur" de regarder et je n'ai pas regardé. Lâcheté ? Peut-être pas envie de me replonger dedans, pourtant je n'ai rien vécu personnellement. Pudeur, peur de me trouver mal à l'aise. Je viens de le télécharger (je précise que je n'encourage pas au téléchargement illégal, celui là est légal) ainsi que deux doc qui semblent avoir suivi sur l'école.
Mais je me dis que si les proches ont eu le courage (et le besoin ?) de témoigner.


Lundi soir il y a eu un hommage à nos deux collègues assassinés, organisé à l'appel d'un syndicat, suivi de la plupart.

Dans mon syndicat nous avons suggéré que les drapeaux syndicaux ne soient pas sortis. Certains n'ont pas compris mais cela a été fait. Du coup les autres syndicats ont replié les drapeaux en arrivant. C'est bien, nous n'étions pas là pour telle ou telle chapelle syndicale. Nous n'étions pas très nombreux mais nous y étions.

J’ai regardé le reportage mais pas en entier (épuisée). Une réflexion d’enseignante m’a vraiment marquée, parce qu’elle a mis les mots sur le sentiment que je n’arrivais pas à comprendre : la cassure qu’il y a eu entre elle et les élèves, sachant le rôle qu’ils ont joué (malgré eux ou pas) dans la rumeur qui est aux sources de tout ça.
Je n’ai jamais enseigné dans ce collège, mais le dégoût que j’ai longtemps ressenti (et que depuis j’ai « géré ») après la mort de S. Paty m’est enfin plus « clair ».

Fires of Pompeii a écrit:J’ai regardé le reportage mais pas en entier (épuisée). Une réflexion d’enseignante m’a vraiment marquée, parce qu’elle a mis les mots sur le sentiment que je n’arrivais pas à comprendre : la cassure qu’il y a eu entre elle et les élèves, sachant le rôle qu’ils ont joué (malgré eux ou pas) dans la rumeur qui est aux sources de tout ça.
Je n’ai jamais enseigné dans ce collège, mais le dégoût que j’ai longtemps ressenti (et que depuis j’ai « géré ») après la mort de S. Paty m’est enfin plus « clair ».

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Je me suis aussi dit en regardant le reportage (l'ensemble... je n'ai pas réussi à arrêter à une heure raisonnable) : "Mais c'est bien sûr, c'est ça qui nous touche autant."

Et l'assassinat de Dominique Bernard a ravivé la même chose. Même si ce n'était pas son élève, qu'un élève de l'établissement se retourne contre les professeurs de cet établissement, ça va au-délà d'un simple acte terroriste. La rupture de confiance rejoint d'autres choses, surtout dans notre métier où nous donnons beaucoup de nous pour eux. Ça explique le lien que nous faisons, que beaucoup de collègues font dans les médias, avec le prof bashing, alors qu'il ne devrait pas y avoir de rapport.

J'hésite à revenir là-dessus avec mes (grands et raisonnables) élèves vendredi. Ça me paraît être un point fondamental et être celui qui les concerne vraiment. Je leur ai dit lundi que le fait qu'il s'agisse d'un ancien élève faisait une grosse différence, sans pouvoir en dire plus. Je tiens là l'explication. Mais peut-être est-ce déplacé de revenir là-dessus avec eux après coup, et je ne veux pas non plus qu'ils croient que je les accuse eux et que je n'ai plus confiance en eux.

J'en ai parlé car ils nous ont demandé ce qu'on avait ressenti lors des deux attentats. Je leur ai dit que j'avais trouvé la participation des élèves extrêmement perturbante et que j'avais été écoeurée que Samuel Paty n'ait pas été protégé malgré les menaces. Comme on discutait des images violentes sur les RS, je leur ai ensuite montré comment on faisait un signalement Pharos. Discussion pas inutile à mon avis, mais elle est venue spontanément.
Je ne pense pas que les élèves l'aient pris pour eux, je crois qu'ils ont compris que ça me paraissait inconcevable de la part d'élèves...

Je vous invite à le regarder, car les enseignants ont eu le plus souvent le mot juste quelle que soit leur situation, entre celui qui est parti, celui qui a décidé de rester, etc. Cela montre aussi que chacun réagit comme il peut. J'ai bien aimé, surtout, celui qui a (remplacé) succédé a Samuel Paty dans ses fonctions, un ( remplacement) succession difficile après le décès d'un collègue qu'il n'a pas connu, un décès de surcroît dans des conditions épouvantables.
C'était sobre et le plus souvent, juste. Éclairant pour ceux de l'intérieur mais aussi de l'extérieur.
Édit : corrigé

Comme @Jacq j'avais peur de regarder cette émission mais je vais finalement la visionner en replay.
J'ai longtemps pensé au collègue qui avait pris le poste de Samuel Paty (sans le connaître du tout) en me demandant comment on faisait pour prendre un poste dans cette situation terrible.

C'est sans doute HS mais je regrette le terme de "remplaçant"  et lui préfère celui de "successeur", j'ai une pensée toute particulière pour la ou le professeur de lettres qui va bientôt être nommé au collège Gambetta.

nicole 86 a écrit:C'est sans doute HS mais je regrette le terme de "remplaçant"  et lui préfère celui de "successeur", j'ai une pensée toute particulière pour la ou le professeur de lettres qui va bientôt être nommé au collège Gambetta.

Tu as raison et je ne trouvais pas le bon mot. Successeur est très bien.
Je corrige.

Les élèves l'appellent "le remplaçant" et lui explique que lors des premiers cours, certains se sont évanouis, probablement parce que justement il projetaient Samuel Paty sur lui. Ce collègue a l'air très solide.

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