Assassinat de notre collègue Samuel Paty

Atalante1 a écrit:Oui, bien sûr ! J'ai l'impression que l'institution manque de courage et que certains collègues ne remarquent même pas les atteintes à la laïcité...

Là je suis d'accord avec toi à 100%.

Tant mieux !

Sans doute, mais le nous me paraît mal venu. En tout cas je ne considère pas qu'il me concerne ainsi que pas mal de collègues.

Vieux_Mongol a écrit:Sans doute, mais le nous me paraît mal venu. En tout cas je ne considère pas qu'il me concerne ainsi que pas mal de collègues.

Je réfutais aussi le "nous" utilisé par Atalante. Je maintiens que l'institution est grandement coupable, pas nous, et  je suis d'accord avec le fait que certains collègues ne voient pas les problèmes (car c'est vrai aussi).

Bien sûr. C'est parfois compliqué d'intervenir sur des élèves, en particulier sur ceux qu'on ne connait pas. Et je ne nie pas que quand je fais une séance d'EMC sur la liberté d'expression et que je balance au VP mes caricatures de Mohamed je n'ai pas une petite pression. Mais ne pas le faire à cause de ça me rendrait malade. Donc...

Je comprends bien! Notre quotidien à nous est teinté d'un petit héroïsme. La pression on l'a c'est sûr, même pour des thèmes étudiés en classe qui nous paraissent anodins. Ce sont les réponses officielles qui sont désespérantes, déconnectées de la réalité à cause de déni, d'aveuglement, d'indifférence, je ne sais pas...

Vieux_Mongol a écrit:Sans doute, mais le nous me paraît mal venu. En tout cas je ne considère pas qu'il me concerne ainsi que pas mal de collègues.

+1.
On est aussi beaucoup a batailler régulièrement sur ces questions.

Oui. Déjà tous les collègues d'histoire géographie.

Zigmag, il y a bien des collègues pour qui ça doit relever de l'héroïsme, même petit, mais pour moi je crois que c'est surtout mon caractère déplorablement orgueilleux qui est la cause de ces imprudences

Vieux_Mongol a écrit:Zigmag, il y a bien des collègues pour qui ça doit relever de l'héroïsme, même petit, mais pour moi je crois que c'est surtout mon caractère déplorablement orgueilleux qui est la cause de ces imprudences

Et puis on est des profs, c'est intellectuellement et moralement insupportable que l'ignorance et la bêtise l'emportent sur la raison et le savoir. Sinon ce qu'on fait et ce qu'on est, tout cela n'a plus de sens.

Vieux_Mongol a écrit:Et puis on est des profs, c'est intellectuellement et moralement   insupportable que l'ignorance et la bêtise l'emportent sur la raison et le savoir. Sinon ce qu'on fait et ce qu'on est, tout cela n'a plus de sens.

Oui. Et cela s'opère au prix d'une immense énergie et de courage ( ignorance et bêtise quand elles se conjuguent, devenant les adjuvants idéaux de l'obscurantisme).

Dans le collège où enseigne mon compagnon, le CDE a tout d'abord décrété que c'était aux professeurs d'HG d'organiser des discussions sur la laïcité et la liberté d'expression. Ces derniers ont évidemment rétorqué hier, en conseil péda, que la mort de Samuel Paty concernait tout le monde, et qu'ils ne comptaient pas endosser seuls cette responsabilité. Le chef a donc décidé de tout annuler, "le délai d'organisation étant désormais trop court", et a également refusé d'organiser une minute de silence, par peur des "débordements". Soumission.

La réponse de mes collègues d'HG n'est pas si évidente. Au collège nous sommes les mieux placés pour faire ça. Et au lycée avec les collègues de SES et de philo. C'est donc se défausser un peu facilement.

Vieux_Mongol a écrit:La réponse de mes collègues d'HG n'est pas si évidente.  Au collège nous sommes les mieux placés pour faire ça. Et au lycée avec les collègues de SES et de philo. C'est donc se défausser un peu facilement.

Je ne trouve pas qu'ils se défaussent ; ils considèrent que c'est l'affaire de tous.

Je l’ai déjà fait avec des collègues de philo et avec un collègue de sciences physiques (et le regard croisé avec les sciences était intéressant aussi).

maldoror1 a écrit:Dans le collège où enseigne mon compagnon, le CDE a tout d'abord décrété que c'était aux professeurs d'HG d'organiser des discussions sur la laïcité et la liberté d'expression. Ces derniers ont évidemment rétorqué hier, en conseil péda, que la mort de Samuel Paty concernait tout le monde, et qu'ils ne comptaient pas endosser seuls cette responsabilité. Le chef a donc décidé de tout annuler, "le délai d'organisation étant désormais trop court", et a également refusé d'organiser une minute de silence, par peur des "débordements". Soumission.

C'est drôle hein : les CdE ne voient aucun inconvénient à ce qu'on affronte l'hostilité de certains élèves seuls dans le huis-clos de notre salle de classe, mais qu'ils s'expriment devant les personnels et les élèves et deviennent des rassembleurs munis d'une parole forte et d'un discours ferme, par peur des débordements c'est non. Quel courage, vraiment.
On est vraiment bien protégés.
Je suis fatiguée de tout ça. Car bien sûr en bout de chaîne qui en subit les conséquences?

J'en profite pour rectifier l'un de mes messages précédents : nous avons reçu hier en fin d'après-midi (je ne l'avais pas ouvert) un mail du lycée, pour nous signaler "un moment consacré lundi à la mémoire de Samuel Paty". Où et à quel "moment" précisément on ne sait pas. En plus l'information est noyée dans le "mail des infos de la semaine à venir", et l'hommage est inscrit au même titre que l'exercice intrusion (on notera l'ironie) et les sorties des profs d'EPS.
J'en peux plus.

Dans l'absolu oui. Mais assumer une séance autour de ça avec des élèves non ce n'est pas évident du tout. Ça demande une habitude d'aborder ces questions "socialement vives" comme on dit et ça demande une grande maîtrise des notions avec lesquelles on va jongler. Je n'ai absolument rien contre le fait que d'autres collègues s'en emparent mais cela ne peut pas se faire dans l'instant et demande une solide formation sur les approches et les concepts. Sinon dans pas mal de cas ça risque de faire plus de mal que de bien et mettre ces mêmes collègues en difficulté. Par ailleurs on sait que dans le maison quand on dit que tel sujet est l'affaire de tous c'est le meilleur moyen pour que personne ne s'en empare.

maldoror1 a écrit:

Vieux_Mongol a écrit:La réponse de mes collègues d'HG n'est pas si évidente.  Au collège nous sommes les mieux placés pour faire ça. Et au lycée avec les collègues de SES et de philo. C'est donc se défausser un peu facilement.

Je ne trouve pas qu'ils se défaussent ; ils considèrent que c'est l'affaire de tous.

Du coup ce n'est l'affaire de personne ...  C'est dommage qu'il n'y ait pas eu de compromis

maldoror1 a écrit:

Vieux_Mongol a écrit:La réponse de mes collègues d'HG n'est pas si évidente.  Au collège nous sommes les mieux placés pour faire ça. Et au lycée avec les collègues de SES et de philo. C'est donc se défausser un peu facilement.

Je ne trouve pas qu'ils se défaussent ; ils considèrent que c'est l'affaire de tous.

Dans l'absolu oui. Mais assumer une séance autour de ça avec des élèves non ce n'est pas évident du tout. Ça demande une habitude d'aborder ces questions "socialement vives" comme on dit et ça demande une grande maîtrise des notions avec lesquelles on va jongler. Je n'ai absolument rien contre le fait que d'autres collègues s'en emparent mais cela ne peut pas se faire dans l'instant et demande une solide formation sur les approches et les concepts. Sinon dans pas mal de cas ça risque de faire plus de mal que de bien et mettre ces mêmes collègues en difficulté. Par ailleurs on sait que dans le maison quand on dit que tel sujet est l'affaire de tous c'est le meilleur moyen pour que personne ne s'en empare.

zigmag17 a écrit:

maldoror1 a écrit:Dans le collège où enseigne mon compagnon, le CDE a tout d'abord décrété que c'était aux professeurs d'HG d'organiser des discussions sur la laïcité et la liberté d'expression. Ces derniers ont évidemment rétorqué hier, en conseil péda, que la mort de Samuel Paty concernait tout le monde, et qu'ils ne comptaient pas endosser seuls cette responsabilité. Le chef a donc décidé de tout annuler, "le délai d'organisation étant désormais trop court", et a également refusé d'organiser une minute de silence, par peur des "débordements". Soumission.

C'est drôle hein : les CdE ne voient aucun inconvénient à ce qu'on affronte l'hostilité de certains élèves seuls dans le huis-clos de notre salle de classe, mais qu'ils s'expriment devant les personnels et les élèves et deviennent des rassembleurs munis d'une parole forte et d'un discours ferme, par peur des débordements c'est non. Quel courage, vraiment.
On est vraiment bien protégés.
Je suis fatiguée de tout ça. Car bien sûr en bout de chaîne qui en subit les conséquences?

J'en profite pour rectifier l'un de mes messages précédents : nous avons reçu hier en fin d'après-midi (je ne l'avais pas ouvert) un mail du lycée, pour nous signaler "un moment consacré lundi à la mémoire de Samuel Paty". Où et à quel "moment" précisément on ne sait pas. En plus l'information est noyée dans le "mail des infos de la semaine à venir", et l'hommage est inscrit au même titre que l'exercice intrusion (on notera l'ironie) et les sorties des profs d'EPS.
J'en peux plus.

Bien d'accord. L'attitude du CDE est sidérante : "gérez vous-mêmes l'éventuelle hostilité des classes, moi je reste dans mon bureau".

Clecle78 a écrit:

maldoror1 a écrit:

Vieux_Mongol a écrit:La réponse de mes collègues d'HG n'est pas si évidente.  Au collège nous sommes les mieux placés pour faire ça. Et au lycée avec les collègues de SES et de philo. C'est donc se défausser un peu facilement.

Je ne trouve pas qu'ils se défaussent ; ils considèrent que c'est l'affaire de tous.

Du coup ce n'est l'affaire de personne ...  C'est dommage qu'il n'y ait pas eu de compromis

Je suis aussi d'accord. Je sens surtout du désespoir derrière tout ça.

Vieux_Mongol a écrit:

maldoror1 a écrit:

Vieux_Mongol a écrit:La réponse de mes collègues d'HG n'est pas si évidente.  Au collège nous sommes les mieux placés pour faire ça. Et au lycée avec les collègues de SES et de philo. C'est donc se défausser un peu facilement.

Je ne trouve pas qu'ils se défaussent ; ils considèrent que c'est l'affaire de tous.

Dans l'absolu oui. Mais assumer une séance autour de ça avec des élèves non ce n'est pas évident du tout. Ça demande une habitude d'aborder ces questions "socialement vives" comme on dit et ça demande une grande maîtrise des notions avec lesquelles on va jongler. Je n'ai absolument rien contre le fait que d'autres collègues s'en emparent mais cela ne peut pas se faire dans l'instant et demande une solide formation sur les approches et les concepts. Sinon dans pas mal de cas ça risque de faire plus de mal que de bien et mettre ces mêmes collègues en difficulté. Par ailleurs on sait que dans le maison quand on dit que tel sujet est l'affaire de tous c'est le meilleur moyen pour que personne ne s'en empare.

Là encore, je suis d'accord ! Ce type d'intervention, avec tout les affects qu'elle charrie, ne s'improvise pas. On croirait presque que tout a été fait pour que l'équipe l'ait pas réellement le temps de décider d'un projet commun.

Vieux_Mongol a écrit:

maldoror1 a écrit:

Vieux_Mongol a écrit:La réponse de mes collègues d'HG n'est pas si évidente.  Au collège nous sommes les mieux placés pour faire ça. Et au lycée avec les collègues de SES et de philo. C'est donc se défausser un peu facilement.

Je ne trouve pas qu'ils se défaussent ; ils considèrent que c'est l'affaire de tous.

Dans l'absolu oui. Mais assumer une séance autour de ça avec des élèves non ce n'est pas évident du tout. Ça demande une habitude d'aborder ces questions "socialement vives" comme on dit et ça demande une grande maîtrise des notions avec lesquelles on va jongler. Je n'ai absolument rien contre le fait que d'autres collègues s'en emparent mais cela ne peut pas se faire dans l'instant et demande une solide formation sur les approches et les concepts. Sinon dans pas mal de cas ça risque de faire plus de mal que de bien et mettre ces mêmes collègues en difficulté. Par ailleurs on sait que dans le maison quand on dit que tel sujet est l'affaire de tous c'est le meilleur moyen pour que personne ne s'en empare.

D'accord avec tout VM. Je vois bien que nombre de collègues ne sont pas du tout à l'aise. Or avec les délais du "au dernier moment" coutumier, impossible de caler des doublettes pour les collègues qui le souhaitent.

Mais clairement je pense aussi qu'il vaut mieux que des collègues n'interviennent pas s'ils ne pensent pas être en mesure de le faire.

Par contre dans l'absolu je trouve aussi que ça ne doit pas atterrir dans les bras des seuls collègues d'HG.

Le problème de fond c'est l'improvisation au sommet une fois de plus.

«Bonjour Madame la Principale, comme suite à notre échange, je vous confirme ma présence demain 13h45 à vos côtés pour revoir M. Paty, professeur d'histoire-géographie, en présence de  Mme X, CPE . Cet entretien portera notamment sur les règles de laïcité et de neutralité que ne semble pas maîtriser M. Paty. »
8 octobre 2020. Courriel d’un inspecteur référent laïcité de l’Académie de Versailles

-

« Professeur de la République, il enseignait la liberté d’expression et de pensée en confrontant et respectant la pluralité des idées. »
14 octobre 2022. Courriel de la rectrice à l’ensemble du personnel de l’Académie de Versailles

Czar a écrit:«Bonjour Madame la Principale, comme suite à notre échange, je vous confirme ma présence demain 13h45 à vos côtés pour revoir M. Paty, professeur d'histoire-géographie, en présence de  Mme X, CPE . Cet entretien portera notamment sur les règles de laïcité et de neutralité que ne semble pas maîtriser M. Paty. »
8 octobre 2020. Courriel d’un inspecteur référent laïcité de l’Académie de Versailles

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« Professeur de la République, il enseignait la liberté d’expression et de pensée en confrontant et respectant la pluralité des idées. »
14 octobre 2022. Courriel de la rectrice à l’ensemble du personnel de l’Académie de Versailles

Tu as raison de le rappeler... Quelle tristesse.

Czar a écrit:«Bonjour Madame la Principale, comme suite à notre échange, je vous confirme ma présence demain 13h45 à vos côtés pour revoir M. Paty, professeur d'histoire-géographie, en présence de  Mme X, CPE . Cet entretien portera notamment sur les règles de laïcité et de neutralité que ne semble pas maîtriser M. Paty. »
8 octobre 2020. Courriel d’un inspecteur référent laïcité de l’Académie de Versailles

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« Professeur de la République, il enseignait la liberté d’expression et de pensée en confrontant et respectant la pluralité des idées. »
14 octobre 2022. Courriel de la rectrice à l’ensemble du personnel de l’Académie de Versailles

La juxtaposition des deux citations me fait ressentir une colère sans limite. Je ne sais pas ce me révolte le plus, de l'accusation quasiment explicite dans la première, ou de l'hypocrisie doucereuse de la deuxième, les deux se contredisant l'une l'autre et traduisant à la fois la lâcheté de l'institution et sa cruauté intrinsèque, d'un côté la machine à broyer qui espère pouvoir le faire à bas bruit, de l'autre le discours officiel qui voudrait faire croire que Samuel Paty a été soutenu, ce qui n'est que mensonge.
Écœurée.

mgb35 a écrit:

Czar a écrit:«Bonjour Madame la Principale, comme suite à notre échange, je vous confirme ma présence demain 13h45 à vos côtés pour revoir M. Paty, professeur d'histoire-géographie, en présence de  Mme X, CPE . Cet entretien portera notamment sur les règles de laïcité et de neutralité que ne semble pas maîtriser M. Paty. »
8 octobre 2020. Courriel d’un inspecteur référent laïcité de l’Académie de Versailles

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« Professeur de la République, il enseignait la liberté d’expression et de pensée en confrontant et respectant la pluralité des idées. »
14 octobre 2022. Courriel de la rectrice à l’ensemble du personnel de l’Académie de Versailles

Tu as raison de le rappeler... Quelle tristesse.

C'est ce qui est indécent dans tout cela. La seule belle façon d'honorer un tant soit peu, c'est la retenue, la mesure, un mot du chef d'établissement et un moment de silence recueilli.
Que vient faire un laïus sur la laïcité là dedans ?
Que l'Etat fasse déjà sa part.sur ce plan, il y a assez de quoi faire. Si le pauvre homme avait été protégé et que la laïcité allait de soi comme elle le devrait, il n'y aurait pas à commémorer sa mémoire car il serait encore là.
Pensées à lui et sa famille.