Assassinat de notre collègue Samuel Paty

Je me joins à vous; des pensées pour Samuel Paty et des pensées à sa famille, à ses collègues et à ses proches
Merci Elyas.

Voir la date écrite, 16 octobre, m'a vraiment fait quelque chose.

Pensées à ses proches.

Je pense à lui — et à ses proches, sa famille — souvent. Bizarrement, je n'arrive pas à croire que c'était il y a déjà trois ans, cela paraît bien plus proche.

Pensées à ses proches.

Ce matin nous avons bien sûr évoqué son souvenir. Dans la même salle qu'il y 3 ans avec en bonne partie les mêmes personnes. Une impression irréelle, comme un cauchemar dont on ne sort pas. Pensées pour ses proches

« Le Collège de Monsieur Paty », sur France 2 : deuil à huis clos
Trois ans après l’assassinat de Samuel Paty, le 16 octobre 2020, un documentaire réalisé sur plusieurs mois raconte comment professeurs et élèves du Bois-d’Aulne, dans les Yvelines, où il enseignait, s’efforcent de tourner ensemble cette page tragique.

Enfin, il y a l’acceptation puis la reconstruction. Comment grandir, pour les uns ; enseigner, pour les autres. Une voie se dessine à travers des ateliers organisés par l’Association française des victimes du terrorisme. Les mots des intervenants trouvent un écho particulier, on peut croire qu’un lien se retisse par cette expérience partagée, celle de victime.
Il y a toutefois dans ce documentaire un angle mort. Si des élèves et des professeurs ont le courage de se livrer en toute transparence, durant les 80 minutes du film, la hiérarchie de Samuel Paty est étrangement absente. Elle avait pourtant bien reçu les alertes de l’enseignant, concernant les menaces qui le visaient, plusieurs jours avant son assassinat.

https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2023/10/16/le-college-de-monsieur-paty-sur-france-2-deuil-a-huis-clos_6194826_1655027.html

Moonchild a écrit:

Je ferais preuve d'indulgence envers les collègues qui ne se sentent pas de faire des minutes de silence et de se lancer dans des explications autour de la laïcité quelle que soit leur matière - même en HG - et je serais d'ailleurs le premier à me défiler car je suis trop vieux pour me laisser culpabiliser par l'invocation du devoir de défense des valeurs républicaines alors que nous sommes littéralement abandonnés en rase campagne et qu'il faut avant tout sauver notre peau. Maintenant, je distinguerai cette attitude de retrait prudent - mais j'accepte aussi qu'on le qualifie de "lâche" bien que je sois concerné - de ce qui relève plutôt d'une forme de complaisance envers les signaux faibles de l'islamisme et que tu évoques dans le paragraphe précédent.

epekeina.tes.ousias a écrit:Je ne pense vraiment pas que ce fil soit le lieu pour déclencher des polémiques.

Peut-être serait-il pertinent d'ouvrir un fil spécifique à propos de ce livre.

J'ai aussi un collègue, pour Samuel Paty, qui m'avait demandé le faire à sa place en me disant : "moi je ne peux pas, j'étais à Nice, toi tu n'a pas eu les mains dans le sang".
Poufffff... ça vous fout un coup parce que, oui, c'est plus facile quand on n'y était pas.
Là encore, ce jour, j'ai une jeune collègue contractuelle qui débute juste et qui m'a dit qu'elle ne le sentait pas et qu'elle aurait préféré que ce soit moi qui en parle. Je l'ai fait. C'est une jeune collègue, de matière pro, je comprends. Elle ne le sentait pas. Elle n'a pas la même aisance comme cela, nouvelle dans l'établissement, nouvelle dans le métier.

L'année dernière par contre, pour l'hommage à S. Paty, un collègue plus ancien que moi m'a passé la patate chaude pour se défausser parce qu'il ne se sentait pas. En même temps, ce n'est pas à nous, prof d'histoire, de radoter toute la journée la même chose (selon les discussions que j'improvise, me concernant).

J'avais envie de lui dire, "ok, c'est pas parce que tu n'as pas envie d'en parler que c'est à moi de le faire... ça n'est marrant pour personne, pas plus pour le prof d'histoire que pour les autres". Et en plus il était prof principal, donc avec un rôle important.

Pensées pour sa famille, pour tous ses proches.
Je pense à lui souvent, j'ai l'impression que c'était hier.

Idem. J'ai eu un mal de chien à me sortir du lit ce matin et j'ai eu la sensation de passer la journée avec deux boulets aux pieds... Beaucoup de mal à supporter les bavardages/gamineries des élèves en ce jour si triste, qui aurait dû être un jour de deuil national. Grosse pensée pour les proches de Samuel Paty.
P.S.
De quel livre parlez-vous quelques messages plus haut svp ? J'ai essayé de remonter dans le fil mais en vain.

Jacq a écrit:

Moonchild a écrit:

Je ferais preuve d'indulgence envers les collègues qui ne se sentent pas de faire des minutes de silence et de se lancer dans des explications autour de la laïcité quelle que soit leur matière - même en HG - et je serais d'ailleurs le premier à me défiler car je suis trop vieux pour me laisser culpabiliser par l'invocation du devoir de défense des valeurs républicaines alors que nous sommes littéralement abandonnés en rase campagne et qu'il faut avant tout sauver notre peau. Maintenant, je distinguerai cette attitude de retrait prudent - mais j'accepte aussi qu'on le qualifie de "lâche" bien que je sois concerné - de ce qui relève plutôt d'une forme de complaisance envers les signaux faibles de l'islamisme et que tu évoques dans le paragraphe précédent.

epekeina.tes.ousias a écrit:Je ne pense vraiment pas que ce fil soit le lieu pour déclencher des polémiques.

Peut-être serait-il pertinent d'ouvrir un fil spécifique à propos de ce livre.

J'ai aussi un collègue, pour Samuel Paty, qui m'avait demandé le faire à sa place en me disant : "moi je ne peux pas, j'étais à Nice, toi tu n'a pas eu les mains dans le sang".
Poufffff... ça vous fout un coup parce que, oui, c'est plus facile quand on n'y était pas.
Là encore, ce jour, j'ai une jeune collègue contractuelle qui débute juste et qui m'a dit qu'elle ne le sentait pas et qu'elle aurait préféré que ce soit moi qui en parle. Je l'ai fait. C'est une jeune collègue, de matière pro, je comprends. Elle ne le sentait pas. Elle n'a pas la même aisance comme cela, nouvelle dans l'établissement, nouvelle dans le métier.

L'année dernière par contre, pour l'hommage à S. Paty, un collègue plus ancien que moi m'a passé la patate chaude pour se défausser parce qu'il ne se sentait pas. En même temps, ce n'est pas à nous, prof d'histoire, de radoter toute la journée la même chose (selon les discussions que j'improvise, me concernant).

J'avais envie de lui dire, "ok, c'est pas parce que tu n'as pas envie d'en parler que c'est à moi de le faire... ça n'est marrant pour personne, pas plus pour le prof d'histoire que pour les autres".  Et en plus il était prof principal, donc avec un rôle important.

On m'a laissé la patate chaude deux fois hier. Je trouve que nous (la communauté éducative de mon lycée, donc moi aussi) avons été mauvais hier.

Tivinou a écrit:On m'a laissé la patate chaude deux fois hier. Je trouve que nous (la communauté éducative de mon lycée, donc moi aussi) avons été mauvais hier.

Pardon mais de mon point de vue la communauté éducative fait de son mieux avec les moyens qui sont les siens... Je refuse de me laisser culpabiliser. Perso j'ai dit à mes élèves que je n'avais ni les compétences, ni l'envie de "débattre" de la situation. Que de mon point de vue un jour de deuil national aurait dû être décrété et les écoles fermées. Et que c'était tout ce que j'avais à dire. J'en ai vu quelques uns acquiescer de la tête et ils n'ont posé aucune question.

Aujourd'hui la commission d'enquête du Sénat recevait et interrogeait Mme Mickaelle Paty :

https://www.youtube.com/watch?v=ko9P3UQsTRo

nicole 86 a écrit:Aujourd'hui la commission d'enquête du Sénat recevait et interrogeait Mme Mickaelle Paty :

https://www.youtube.com/watch?v=ko9P3UQsTRo

Merci pour le partage. 


"Perdre l’école ce n’est pas perdre une bataille, c’est perdre la guerre", rappelle Mickaelle Paty (sœur de Samuel Paty)

Je viens de regarder le reportage infra-rouge, wahou, c'est dur ! J'ai eu une boule dans la gorge pendant 1h20. Et aussi une forme de malaise parce que finalement, ils sont assez peu nombreux à parler, à évoquer sa mémoire, que ce soit parmi les élèves, les collègues (et ne parlons pas de la hiérarchie complètement absente). J'ai ressenti comme une forme de solitude alors que j'imagine que ce n'est pas forcément le cas.

Bon, je vais enchaîner avec la vidéo de la soeur de Samuel Paty (je n'ai vu que les premières minutes et ça m'a déjà cueillie).

julilibulle a écrit:Je viens de regarder le reportage infra-rouge, wahou, c'est dur ! J'ai eu une boule dans la gorge pendant 1h20. Et aussi une forme de malaise parce que finalement, ils sont assez peu nombreux à parler, à évoquer sa mémoire, que ce soit parmi les élèves, les collègues (et ne parlons pas de la hiérarchie complètement absente). J'ai ressenti comme une forme de solitude alors que j'imagine que ce n'est pas forcément le cas.

Bon, je vais enchaîner avec la vidéo de la soeur de Samuel Paty (je n'ai vu que les premières minutes et ça m'a déjà cueillie).

Je ne sais pas ce que c'est. Peux-tu m'expliquer(ou quelqu'un d'autre)?

Il y a une soirée spéciale avec un documentaire de la série Infrarouge sur France 2 ce soir, intitulé Le collège de M. Paty, il est sans doute déjà en replay. Ça commence dans quelques minutes.

Hermione0908 a écrit:Il y a une soirée spéciale avec un documentaire de la série Infrarouge sur France 2 ce soir, intitulé Le collège de M. Paty, il est sans doute déjà en replay. Ça commence dans quelques minutes.

oui, c'est ça, il est en replay sur france.tv et je l'ai regardé tout à l'heure (désolée si j'en ai parlé un peu tôt mais j'avais vu un message précédent qui y faisait allusion).

C’est terrible, très émouvant . Quel courage! J’ aurais été incapable de me retrouver en face des élèves qui ont participé à répandre la rumeur.
Très bel hommage qui aide à comprendre les étapes qui ont abouti à ce drame.

Reportage très émouvant. J’ai l’impression que la collègue professeur de lettres est très « seule ». Je ne m’étais pas rendue compte de l’implication des élèves dans ce qui s’est passé.

Hermione0908 a écrit:Il y a une soirée spéciale avec un documentaire de la série Infrarouge sur France 2 ce soir, intitulé Le collège de M. Paty, il est sans doute déjà en replay. Ça commence dans quelques minutes.

Merci. J'essaierai de regarder en différé.

Darxa a écrit:Reportage très émouvant. J’ai l’impression que la collègue professeur de lettres est très « seule ». Je ne m’étais pas rendue compte de l’implication des élèves  dans ce qui s’est passé.

Moi non plus,  je pensais qu'une minorité d'élèves était impliquée,  la petite menteuse et ceux qui ont désigné le professeur, je n'imaginais pas l'ampleur de la cabale.

Documentaire très émouvant, en effet, et montre la nécessité de se reconstruire après un tel drame. Une vraie catharsis à travers l'union des professeurs et des élèves filmés. Très courageux aussi de leur part. Je suis également le débat qui se déroule juste après.

Le documentaire vaut en effet la peine d'être vu.

J'ai écouté dans le détail le témoignage de Mickaëlle Paty face à la commission d'enquête du Sénat. Elle est admirable de courage et d'intelligence — et ce qu'elle explique, ce qu'elle raconte, sur ce qui s'est passé avant le 16 octobre 2020 comme après le 16 octobre 2020, n'est pas du tout rassurant, loin de là, très loin de là. Et à tous les niveaux.

epekeina.tes.ousias a écrit:J'ai écouté dans le détail le témoignage de Mickaëlle Paty face à la commission d'enquête du Sénat. Elle est admirable de courage et d'intelligence — et ce qu'elle explique, ce qu'elle raconte, sur ce qui s'est passé avant le 16 octobre 2020 comme après le 16 octobre 2020, n'est pas du tout rassurant, loin de là, très loin de là. Et à tous les niveaux.

Oui, admirable : la fermeté, la netteté. Pour ceux qui n'ont pas encore le temps de écouter intégralement son témoignage, un résumé (assez détaillé néanmoins) ici :
https://www.marianne.net/societe/laicite-et-religions/mon-frere-a-ete-condamne-a-mort-devant-les-senateurs-mickaelle-paty-accuse-letat-et-les-ministres

Merci pour ce partage. Le discours de la soeur de Samuel Paty est extrêmement fort et argumenté et met vraiment le doigt sur les carences et les mensonges d'état. Je note aussi la référence au collègue jaloux, furieux d'avoir été éjecté de la coordination, c'est absolument terrible cette ignominie et cette bassesse qui ont eu des conséquences incalculables. J'avais bien entendu dire que Samuel Pary n'avait pas été soutenu par tous  ses collègues mais on comprend que certains ont involontairement participé à sa mise à mort.