De l'avenir des langues anciennes au collège en 2016: sortez vos mouchoirs.

Sérieusement, là, j'ai envie de chialer....

Mona Lisa Klaxon a écrit:ce projet de réforme me déprime, ça me déprime, ça me déprime, ça me déprime... c'est pas une réforme, mais une déform (ation) difforme...ça me déprime...

Mais pourquoi ? Certains trouvent cette réforme très bonne et ont même peur qu'elle n'aille pas assez loin.

Audrey a écrit:Sérieusement, là, j'ai envie de chialer....

Idem. Tout me déprime en ce moment. Je ne supporte plus d'assister au naufrage du navire et de voir suinter, dans ces projets de réforme, le mépris pour les humanités et, indirectement, pour nous, profs de trucs dont personne n'a rien à foutre.

J'ai l'impression d'être une merde qui ne sert à rien, qui a passé sa vie professionnelle à apprendre et enseigner du vide, de la merde...j'ai l'impression d'être un vieux machin inutile bon à jeter au rebut.

Avant tout, aurais-tu une source précise autre que "journalistique" non identifiée?

Je ne peux pas la citer, désolée.

Audrey a écrit:J'ai l'impression d'être une merde qui ne sert à rien, qui a passé sa vie professionnelle à apprendre et enseigner du vide, de la merde...j'ai l'impression d'être un vieux machin inutile bon à jeter au rebut.

Gaffe, on va bientôt te dire "vous"! :lol:
(et tu n'es pas la seule à enseigner ça, et non, ce n'est pas du vide, mais du sens)

On a une infime chance d'empêcher cette nouvelle ineptie en se mobilisant, en lançant des mails, des tweets tous azimuts (collègues, parents, anciens élèves), en secouant le cocotier avant qu'il ne soit définitivement arraché.

La LV2 en 5e j'en ai entendu parler par une famille amie dans une académie-pilote il y a 6 ans (Hautes-Pyrénées, c'est Toulouse ?) : il faudrait savoir s'il y a eu une baisse plus importante des effectifs (LV2 + physique + latin cela a de quoi faire peur...).

A côté de ça, il y a des collèges privés qui imposent le latin en 6e, à tous les élèves ! (et ce n'est pas forcément une bonne idée...)


Oui, la mobilisation, il faudrait taper vite et fort, parce que les inepties bêtifiantes que j'ai entendues ce matin à la radio conditionnent le bon peuple dans l'autre sens, dans lintérêtdézenfants bien sûr

Pour ceux et celles qui ont un compte Twitter : https://twitter.com/loysbonod/status/575057366384775168

RT si vous avez bénéficié de l'enseignement d'une langue ancienne et voulez que les plus jeunes puissent en bénéficier à leur tour.

J'ai eu la chance d'entrer au collège en 2001. Passionnée d'histoire antique depuis mes 6 ans, j'ai eu la chance de pouvoir suivre de la cinquième à la fin de ma prépa scientifique un enseignement de très bonne qualité en latin.

Cet enseignement, je lui dois tant. C'est lui qui m'a maintenu à flot quand je ne savais plus pourquoi je faisais ces études, c'est lui qui m'a donné envie de me forger une culture solide en humanités, c'est grâce à lui que j'ai découvert la plus belle grammaire que je connaisse, mais aussi la plus belle langue ; c'est grâce à lui que j'ai découvert les textes que je trouve les plus beaux. C'est lui qui m'a appris la rigueur, la beauté des textes, la précision et la beauté de la grammaire. C'est grâce à lui que j'ai considéré que l'étude des langues et de la littérature pouvait être un plaisir.

C'est lui qui m'a permis d'assouvir ma curiosité en histoire antique, de me passionner, de me faire rêver, de me faire avancer, de me donner un goût pour la rhétorique.

J'avais 7 ans et je savais une chose : qu'un jour je serais billingue français-latin : que je le lirais, le parlerais, l'écrirais. Un jour...

Je regarde maintenant en arrière et je me demande ce que l'école offrirait à la même petite fille qui rentrerait au collège en 2015. Et je pleure, de voir qu'elle n'aurait que ses yeux pour pleurer.

Alors, je pleure sur cet enseignement pluri-séculaire, assassiné pour rien. Je pleure parce que la chance que j'ai eu il y a 14 ans, aujourd'hui un jeune ne l'aura plus.

Je suis scientifique, j'adore ma discipline, elle me passionne et c'est avec plaisir que je l'étudie. Et pourtant quand je regarde ma scolarité, je n'ai que deux regrets : ne pas avoir pu apprendre le grec en plus du latin et avoir dû arrêter le latin en fin de prépa. Mais je sais une chose : un jour, je reprendrai le latin. Un jour je lirai les Catilinaires dans le texte. Un jour, je lirai ce qu'ont écrit les grands philosophes, les grands scientifiques en latin. Un jour.

Quand je vois les messages d'Audrey et de Provence, je voudrais leur dire, que non vous n'avez pas enseigné du vide, que oui ce que vous avez enseigné c'est important, très important même. Et que oui, votre enseignement il a énormément de valeur, il est important et il a probablement marqué des élèves, même si ces derniers ont choisi des études très éloignées des lettres classiques.
Et je voudrais les remercier : les remercier d'avoir transmis une si belle langue, une si belle littérature, une si belle histoire, d'avoir forger l'esprit de leurs élèves, de leur avoir appris les bienfaits de la rigueur, sa beauté et son intérêt.
Merci et Bravo

"Merci et bravo"...

Ca sonne comme un discours de César d'honneur, vous savez, celui qu'on donne aux vieux qui n'ont jamais eu le César, juste avant qu'ils meurent...

Merci quand même, Sulfolobus...

J'avais 14 ans quand j'ai décidé qu'un jour, je passerai l'agrégation de lettres classiques.
Les épreuves commencent dans une semaine jour pour jour.
Ce soir, j'ai envie de pleurer.

C'est vraiment désespérant. Chaque fois que le rideau se lève un peu plus sur cette réforme du collège, c'est pour dévoiler une nouvelle ineptie. Cette "initiation" c'est la mort des langues anciennes dans l'EN. Bientôt l'initiation aux LV, à l'histoire, au français...

Jusques à quand, Belkacem, abuseras-tu de notre patience? Combien de temps ta fureur nous défiera-t-elle? Jusqu’où s’emportera ton audace effrénée ? ...

Septimus a écrit:Jusques à quand, Belkacem, abuseras-tu de notre patience? Combien de temps ta fureur nous défiera-t-elle?  Jusqu’où s’emportera ton audace effrénée ? ...

J'ai pensé à la même chose. :lol:

Vous voulez-rire ou quoi ? elle est jeune, elle sourit et elle communique, PS quoi.

Quelle ignominie si cela se confirme.

Il faut qu'on fasse quelque chose, on ne peut pas laisser faire des horreurs pareilles...

Ai-je encore des mouchoirs de disponibles?
C'est à cela que les "vieux" se reconnaissent, Audrey : ils ne sortent plus que pour assister aux enterrements des plus vieux qu'eux... Mon prof de fac nous disait déjà "à l'époque", c'est-à-dire il y a vingt ans environ, que nous étions des dinosaures.
Et pourtant, quand je regarde mes quelques latinistes, qui s'appellent Leila, Manel, Shermann, Amel, Lina, etc, je suis fière d'eux, et un peu de moi! Cela ne m'en rend que plus triste.

En gros, l'idée serait d'intégrer les LC au socle commun? Why not.

Mais bon, c'est un peu triste si la seule entrée retenue est donc l'étymologie, si j'ai bien tout suivi. Donc, on évacue le contenu culturel et littéraire (ou alors on le fait en traduction) mais en contrepartie, on désoptionnalise (dsl pour le néologisme)?
Comme on a pas les profs pour maintenir l'option au collège, on géneralise, on inclut dans les programmes de français et on charge le prof de lettres du boulot (sachant que les LM latin oral ne sont pas fléchés par le ministère...)?

Donc, les programmes de 2009 seront abrogés?

Donc ils vont nous muter de force au lycée (là je déconne... y'aura quelques coups de mou, mais globalement, les collègues s'en contrefoutent, voire s'en réjouissent selon leur carte syndicale)?

C'est pas l'idée du siècle, de supprimer là où il y a le plus d'élèves (au collège) et de dire que ça reste proposé là où les rectorats et cde zélés font la chasse, i.e. au lycée...

Mona Lisa Klaxon a écrit:ce projet de réforme me déprime, ça me déprime, ça me déprime, ça me déprime... c'est pas une réforme, mais une déform (ation) difforme...ça me déprime...

La réforme, vue à la SNCF (bon, je l'ai déjà faite, mais le ministère insiste...).

Le problème, c'est que je doute fort qu'on puisse compter sur le soutien de tous les IPR. Dans mon académie, par exemple, l'IPR-LC, je l'avais déjà relaté sur le forum, trouve qu'un LM est largement assez savant en latin pour l’enseigner au collège, alors...
Et à l'IG ?

Jacqueline doit se retourner dans sa tombe...

Oh, Mona Lisa Klaxon et moi connaissons bien une IPR qui défendra bec et ongles les langues anciennes

Spoiler:

Un de mes IPR LC a dit qu'on pouvait tout à fait enseigner ce qu'on ne connaît pas... j'imagine que ça ne lui pose aucun souci de voir des LM nous ôter le pain de la bouche...